Le secret de la tarte aux pommes + Léo

Ariel & moi, avons grandi avec des parents instables, qui n'ont jamais caché leur préférence envers ; moi, leur fille cadette. Malgré ça, nous ne sommes jamais considérés comme des rivaux. Certes, on se dispute comme tous frères et sœurs. Je ne peux pas nier que son côté je-m'en-foutiste, me tape parfois sur les nerfs. Cependant je n'oublie pas qu'il m'a accueilli, sans poser de questions, sans me juger.

Je ne sais pas si Léo peut comprendre ce lien inexplicable, lui qui est fils unique. Comme moi, je ne peux comprendre ce que l'on ressent quand on devient parent. J'ai du mal à réaliser qu'il est père - ce qui n'est pourtant pas surprenant à son âge. Ou sinon tu peux juste admettre que tu es vieux! Je le taquine. Bien que je me doute que ses priorités ont changé depuis le temps. Quatre ans! Tu es papa depuis quatre ans! je le regarde, nostalgique. Il a ce même regard profond, ce même sourire, ce même rire. Le temps passe tellement vite.

Alors que moi, je n'ai pas avancé dans ma vie. Je suis toujours aussi sentimentalement perdue. Comme il le fait justement remarqué, là où c'est trop facile, il n'y a pas d'amour. Oh oui... dis-je tristement, sans le moindre sourire. Il ne croit pas si bien dire. J'ai fait bien des erreurs, j'en fais toujours encore. Rien à voir avec le fait de ne pas trouver quelqu'un qui me plaît et réciproquement. Mais avouons-le, un compliment fait toujours plaisir. Surtout venant de lui. Tu vas me faire rougir! je ne rougis pas et si je n'étais pas au courant de sa situation amoureuse, je plongerais sans hésiter.

Je ne crois être faite pour... l'amour? J'en perds mes mots. Je fais du mal à celui que j'aime. J'aime celui qui me fait du mal. Pourquoi faut-il toujours que je complique les choses? Car oui, je ne blâme pas le destin. J'ai bien conscience que c'est de MA faute. Si je ne mettais pas mon cœur en sourdine, peut-être que mes relations fonctionneraient. Sans drama, sans pleurs, sans faire souffrir personne.

Il y a certaines choses que l'on ne comprendra jamais, Léo ne saura probablement pas ce que c'est que d'être un homme marié, tout comme il n'aura jamais eu de parents présents et démonstratifs en marques d'affection, ou de petite sœur qui lui prenait la tête quand il était ado. Il avait une sœur, Max, qu'il avait rencontré seulement quelques années plus tôt, on pouvait dire qu'elle faisait partie de sa vie, mais jamais ils ne pourraient rattraper les années perdues. Ca faisait partie de chacun, de la vie, lui il était devenu père sans le vouloir, une expérience particulière, il avait cette amour du voyage, cette ouverture d'esprit que certains n'avaient pas. Peut-être que je suis vieux. Parait que j'ai des cheveux blancs ! L'âge n'était qu'un nombre, il était bien dans sa peau, jeune dans sa tête, peut-être même un peu trop gamin. Quant aux traces de la vie, les quelques rides, le corps qui n'était plus toujours aussi endurant qu'avant, les cheveux blancs, il n'y pouvait pas grand chose de toute façon. La surprise pour Charlie était complète, Léo ouvrit les mains en signe de résignation, le temps passait vite, on ne le voyait pas filer. Lui il voyait encore la jeune femme à ses dix-sept ans, en bikini sur la plage ... pourtant elle avait bien dix ans de plus à présent. Je ne l'ai pas vu venir pour être honnête. Il n'était pas ... prévu. La vie est joueuse parfois et pleine de surprises ! On pouvait sentir dans sa voix autant de gêne que de bonheur quand il parlait de cet enfant surprise. A priori la situation de Keynes n'était pas la plus simple, Léo ne chercha pas à être trop intrusif, il y allait de sa petite phrase philosophique. Et puis un compliment placé qui sembla lui faire plaisir. Ce n'était pas de la drague, ça faisait partie du personnage Emerson, il était tactile, beau parleur, peut-être trop parfois, mais il ne mentait pas, ses compliments étaient sincères, pas forcément dans le but d'emballer la fille en face, juste parce qu'il le pensait. Ca crevait les yeux que Charlie manquait de confiance en elle, concernant l'amour en tout cas, peut-être à cause des expériences qu'elle avait vécu, il n'en savait fichtrement rien mais ça lui faisait mal au cœur, à l'australien. T'es dure avec toi surtout. On est tous fait pour, c'est les sentiment le plus universel au monde. Mais ça n'empêche pas de se tromper, d'avoir mal, de faire mal ou de douter, de soi ou des autres. J'suis pas l'homme le plus stable ou même le plus fidèle qui soit, j'ai fait du mal et j'ai eu franchement mal une ou deux fois aussi. Mais bordel c'est si bon de sentir son cœur s'emballer, de faire n'importe quoi pour quelqu'un, même si c'est pas la bonne personne. Il lui sourit sincèrement, si Charlie voulait parler d'amour, elle avait la bonne personne face à elle, Léo était un amoureux de l'amour, un vrai romantique sous ses airs d'homme à femmes. J'te souhaite de te planter d'autres fois puis de retomber amoureuse, encore et encore, de plusieurs hommes ou de la même personne. J'te souhaite d'être transportée parce que c'est ça la vie, c'est ça l'amour. Il sourit encore, un peu plus pour lui-même en se disant qu'il aimerait bien enseigner ça à son fils quand il aura son premier chagrin d'amour. Même s'il risquait juste de le prendre pour un vieux con.

C'est fou comme le temps passe vite. Je prends une vraie claque dans la tronche, à apprendre que mon crush d'adolescente est devenu papa. Ne nous méprenons pas, je suis agréablement surprise. Surtout que cette paternité le rend heureux, malgré qu'il n'avait pas prévu d'avoir un enfant à l'époque. Ça devait être une sacrée surprise, non? Je suis curieuse, j'aimerais bien en savoir plus. Est-ce que la fille était un coup d'un soir, une histoire passionnée, une amante? Est-ce qu'on lui a fait un bébé dans le dos? Au moins il ne dit pas que c'est un accident. Qu'est-ce que je peux trouver ça moche comme expression! Comment peut-on dire que la naissance d'un enfant était un accident? C'est plus joliment dire qu'il n'était pas prévu.

L'amour, c'est bien connu, ça nous fait pousser des ailes. Personnellement je ne me trouve pas dure avec moi-même. Quand je fais le bilan de ma vie amoureuse... ? Voilà, elle représente exactement ça. Un grand point d'interrogation Tiens donc, Emerson est devenu un expert en amour? dis-je d'un air gentiment moqueur. Il a indéniablement plus d'expérience que moi, je dois bien le reconnaître. L'amour, c'est pas censé rendre triste le contredis-je, avec un sourire soupirant. C'est facile pour lui de dire ça! Lui, qui est maintenant rangé. Il n'aurait sûrement pas le même discours si il avait le cœur en miette. Je ne vais pas non plus lui jeter la pierre. Les papillons dans le ventre, ça nous rend plus heureux et beaucoup plus optimiste. Pour l'instant, moi, ce que je ressens, me poignarde l'estomac. Imaginons que tu essaies d'oublier ton ex dans les bras de quelqu'un d'autre. Que contre toute attente, tu t'es attaché à lui. Que ce n'est pas réciproque. Alors? Je lui lance un regard furtif et porte bien plus d'intérêt qu'elle ne le mérite, à ma tasse. Je suis presque énervée de m'être confiée. À vrai dire, ce poids sur ma poitrine pèse bien trop lourd. J'ai parfois l'envie imprévible d'envoyer tout valser.

Les souvenirs remontèrent jusqu'à cette année chaude dans la moiteur de Bangkok où Léo en avait oublié la réalité, la notion du temps et les priorités de la vie. Une année de break total, loin de tous, loin de toute obligations, dont il avait eu besoin. Il pensait y rester quelques semaines en solitaire et c'était plus ou moins ce qu'il s'était passé, jusqu'à ce qu'il rencontre Andrea et que tout bascule. Vertiges des sens, folie des corps, mélanges détonants de fête, d'alcool et de drogue. La découverte d'un pays surprenant, à deux, sans jamais rien se promettre. Léo savait qu'il partirait, qu'il quitterait cette fille sans rien lui demander, pour ne surtout pas s'attacher. Sauf que la vie en avait décidé autrement, elle était joueuse, un peu trop aux goûts du photographe, elle avait lié les deux amants de la pire et la meilleure des façons, un enfant, dont Emerson aurait voulu qu'il ne naisse jamais, mais la blonde avait pris sa décision, cet enfant naîtrait qu'il le veuille ou non. Alors pour une sacrée surprise oui, c'en était une et pas une bonne, pour être honnête. Même si aujourd'hui il n'imaginerait pas sa vie sans son fils. Oui on peut le dire, ce n'étaient pas les conditions idéales pour fonder une famille. Enfin l'essentiel c'est qu'il ait une enfance équilibrée et qu'il ne manque de rien, surtout pas d'amour même si ses parents ne sont pas ensemble. Il lui offrit un sourire un peu fané. Léo était définitivement meilleur pour faire parler les autres que pour trop parler de lui. Surtout qu'il n'était pas un expert en amour, loin de là, avec toutes les expériences désastreuses qu'il avait vécu il était plutôt un expert en conneries. Il râla pour la forme quand Charlie en vint à cette conclusion. Et il ne le savait pas mais elle en faisait quelques autres, déductions, sans savoir. Il n'était pas réellement rangé et le cœur en miettes il connaissait mieux que personne, des trois femmes de sa vie l'une avait succombé à la maladie, une autre avait préféré courir le monde  alors qu'il lui courait après et la dernière elle n'avait pas confiance en lui à force d'avoir subit ses frasques. Cela ne faisait que peu de temps que les choses s'apaisaient et qu'ils se donnaient une chance avec Blanche, mais le chemin était encore long et il n'était pas encore sûr de l'issue, entre eux-deux c'était toujours si compliqué. L'amour ça peut rendre triste mais c'est le risque à prendre pour peut-être être heureux à la fin. C'était un sacré risque, il en convenait, parce que ça voulait dire s'impliquer, s'ouvrir, se donner, peut-être pour rien ou pour finir en morceaux. Il l'écouta, réfléchit un peu avant de hausser les épaules. J'en dis que ça fait partie du jeu. Tu t'es servie de cet gars et lui s'est servi de toi. On a sûrement la peau un peu plus dure ... Puis peut-être qu'il n'est pas si détaché que ça, t'as posé la question ? Souvent les hommes, sous leurs airs de ne pas y toucher ou de ne rien vouloir de sérieux, ils étaient impliqués aussi, à leur manière bien à eux.

Devenir père doit être une étape importante dans la vie d'un homme. Devenir père sans ne l'avoir planifié, doit être encore plus effrayante. Léo m'apprend qu'il n'est plus avec la mère de son enfant. Mieux vaut ça que deux parents qui se disputent compatis-je. Mes parents ne représentent pas vraiment la réussite d'un mariage parfait. Ils ne vivent plus ensemble mais ils prétendent l'être. J'ai grandi avec la pression constante d'être toujours la meilleure, la plus ambitieuse, et la plus accomplie de la famille. Petite fille, je n'ai jamais ressenti cet amour parental que tout enfant doit recevoir. Comme quoi, séparés ou non, tant que l'enfant ne manque pas d'affection, tout va bien.

Ah l'amour, l'amour. Je ne veux pas prendre le risque dis-je d'un ton plus désinvolte que je le voulais. Je connais les risques de l'amour et je les fuis comme la peste. Mais parfois, on ne peut pas fuir éternellement. Les sentiments nous rattrapent sans qu'on puisse les contrôler. Pourtant avec Liam on avait un accord. Pas de relation. À quoi bon? Il m'a prévenu qu'il ne voulait rien de sérieux. Ça m'allait très bien, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Et tu sais c'est quoi le pire dans tout ça? C'est que je n'ai même pas envie de m'engager avec lui. Même moi je me trouve dingue, insensée, incohérente. Il me dirait viens, soyons un couple, je flipperais. Tu me trouves folle? je me mets à rire. Bonjour, c'est moi, Charlie, la montagne-russe des émotions.

Léo non plus n'avait pas un modèle familial idéal. Ses parents étaient en couple et mariés depuis des années, en apparence ils représentaient le couple parfait, beaux, bien assortis même en prenant de l'âge, chacun avait réussi sa vie, leur fils également. Pourtant tout ça ce n'était que de la parade, en vrai ils faisaient chambre appart depuis des années et Peter trompait son épouse à tours de bras, c'était un secret de polichinelle. Quand à Charlotte, elle noyait sa solitude dans sa grande maison à grand renfort de shopping et de verres de vin hors de prix. Quand au jeune Emerson il n'avait jamais eu de son père l'affection tant rêvée, pour Peter il n'était qu'une fierté de plus, un trophée à exposer. Bel exemple pour le fils prodigue, Léo n'avait jamais cherché la stabilité d'une relation et ça se ressentait dans ses histoires d'amour. Pourtant il était de ceux qui tombaient amoureux, il ne manquait pas de romantisme ni d'amour à donner, simplement il était maladroit, voir même parfois totalement nul pour prendre les bonnes décisions. Voilà pourquoi il se retrouvait avec un fils qu'il ne voyait qu'une semaine sur deux. Mais Charlie avait raison, mieux valait ça que deux parents qui se disputent, il était totalement d'accord.
Il sourit à son affirmation. Il avait longtemps été comme ça, pour être honnête, il se donnait aux femmes mais il n'offrait jamais d'avenir, de peur de décevoir ou d'être déçu, pire, de souffrir. C'était la peur qui dictait tout et encore aujourd'hui, s'il était sur la voie du bonheur, il n'excluait pas de s'être planté, ce qui ne le rassurait pas mais il prenait le risque. T'as juste la trouille ! Il lui sourit, espiègle, complice. Après ses explications il pouffa de rire en roulant des yeux. Non, j'pense pas que tu sois folle ! Mais t'es sacrément tordue oui. Enfin j'peux pas trop juger, j'le suis peut-être plus que toi. C'est quelqu'un de bien au moins ? En fait, pour Léo c'était tout ce qui comptait, qu'elle ne se fasse pas avoir par un pauvre type.

Bien sûr que j'ai la frousse. Peut-être bien. Je n'allais pas l'avouer! Tout de même, j'ai ma fierté. D'ailleurs c'est un bien vilain défaut dans certaines circonstances. Parfois, j'ai la rancune tenace à en avoir des ulcères. Avouer que j'aime quelqu'un - d'un réel amour, par exemple, représente un effort considérable pour moi. Voilà pourquoi me lancer dans une relation me fait aussi peur qu'un saut en parachute. La peur du vide, de tomber et de se faire mal. De ME faire mal.

La question que me pose Léo me laisse sceptique. Je réfléchis longuement, le regard vague. Est-ce que Liam est quelqu'un de bien? Je ne sais pas. est tout ce que je trouve à dire. Il tient une boîte de strip-tease et il papillonne. Ce n'est pas pour autant que cela fait de lui une mauvaise personne... Enfin, je crois? Et puis quelle différence ça ferait? Je ne suis pas irréprochable, tu sais. Comment tu définis quelqu'un de bien, toi? Tout est relatif. J'attends de voir la vision de Léo avant de me prononcer.

La frousse, Léo connaissait bien. La peur qui cadenassait le cœur, qui faisait faire n’importe quoi, même le pire, qui dictait les mots et les gestes qu’on regretterait plus tard. Elle avait fait pas mal de ravages chez le bel australien, mais ça ne l’empêchait pas de continuer, d’avancer, de s’en prendre encore plein la figure parfois, de se planter totalement ou même de faire du mal. La trouille il la connaissait en amour et pourtant c’était un sentiment qui le galvanisait, il aimait cette électricité dans l’air, cette excitation de se dire que, jusqu’au bout parfois, rien n’était acquis. A travers le peut-être bien de Charlie, Léo devinait un véritable oui, de ceux qu’on n’osait pas avouer par fierté mal placée. Il sourit, la comprenant plus qu’elle ne le pensait, fier, il l’était également. Il n’insista pas pour chercher à lui faire dire la vérité, ça ne servirait à rien, il comprenait déjà bien assez, alors il joua la carte de l’ami, du protecteur, c’était ce qui le définissait le mieux, Léo, il prenait soin de ses proches et de ceux auxquels il tenait, même une amie de longue date, un ancien béguin perdu de vue depuis des années et fraîchement retrouvée. Et la réponse de la jeune femme le fit tiquer, il pinça les lèvres. Pourtant sa question suivante le pris un peu au dépourvu. Elle avait raison, comment définir quelqu’un de bien ? Était-il, lui-même, un homme bien ? Sûrement que tout le monde ne pensait pas que oui. Probablement que ça dépendait de la vision qu’on avait de la personne, il la fixa sans vraiment la regarder durant quelques secondes. Personne n’est irréprochable, le pire c’est sûrement ceux qui pensent l’être d’ailleurs… J’en sais rien, quelqu’un en qui on peut avoir confiance, c’est ça, quelqu’un de bien j’imagine. Mais en vrai il n’en savait fichtrement rien.

Ses yeux, ses mains, son corps tout entier me manque. Il a sa façon particulière de me faire sentir jolie. Je ne suis pas sa petite amie, je ne suis pas son amante, je ne suis pas son plan d'un soir, je suis juste moi. Rien ne nous définit, et contre toute attente, je voudrais qu'il soit mon Liam. C'est bizarre de parler d'amour à une ancienne aventure de jeunesse. J'ai connu Léo alors que j'étais plongée derrière mon livre d'astrophysique, et lui derrière son appareil photo. Il avait des traits moins marqués, un regard toujours profond. Moi, je me laissais emporter par mes flirts comme les feuilles qui tombent d'un arbre. Et là je fais le bilan, je ne me laisse plus m'emporter. J'ai dû mal à faire confiance. Surtout quand j'ai le béguin. Liam est peut-être quelqu'un de bien, car il ne m'a reflété aucune promesse. Bien au contraire, il m'a fait comprendre que nous ne serions jamais un nous. À vrai dire, je ne comprends pas pourquoi je m'accroche tant à lui. Peut-être que c'est ça mon problème, me sentir aimantée par le compliqué. Les hommes ne sont pas aussi torturée par l'amour, je pense. A mon tour d'en savoir plus. Et toi t'es heureux avec... cette fille? Ça se passe bien? Je m'autorise à jeter un œil à sa main pour y apercevoir une alliance ou non.

Il s’en souvenait de la Charlie de dix-sept ans, celle avec ses bouquins, la jeune fille sage alors que toutes les autres bombaient la poitrine pour séduire les garçons sur la plage, elle, elle n’était pas comme ça et évidemment ça l’avait attiré, Léo. Il l’avait cherché tout l’été alors qu’il savait qu’elle n’était pas pour lui et qu’il s’attirerait des problèmes mais c’était encore plus excitent, bien entendu. Alors il avait ignoré le frère, son pote, il avait laissé de côté sa conscience et il l’avait séduite, lentement, avec le plus de tact que son jeune âge et sa fougue lui accordaient. Elle s’était méfiée, jusqu’au bout, persuadée que c’était une mauvaise idée leur flirt, et lui ça l’avait rendu encore plus entreprenant, jusqu’à ce qu’elle cède. Ça n’avait pas duré bien longtemps avant que son jumeau ne comprenne, comme s’il avait un réel radar, mais bon dieu que ça avait été bon de transgresser les règles établies, de faire craquer la jeune fille sage et de se laisser séduire sans s’en rendre compte en se prenant au jeu. Ça je le sais bien. Il lui sourit en repensant encore à leur passé, visiblement elle n’avait pas tellement changé et quelque part ça le rassurait, parce que c’était cette Charlie-là qu’il appréciait, un peu naïve, un peu farouche. Il n’avait pas d’alliance, non, il était bien loin de la bague au doigt, même s’il s’en était approché à une époque, dans une autre vie avec sa muse et leur histoire maudite, cette blonde évanescente qui s’était envolée pour chercher sa propre idée de la liberté en emportant avec elle leurs rêves de bonheur tout en laissant planer des peut-être, des un jour, des attends-moi qu’elle n’avait jamais osé prononcer. Grace l’avait brisé, elle avait été la seule a avoir ce pouvoir là sur lui, jusqu’à Blanche, cette autre blonde qui s’était imposée dans le cœur du photographe tout en douceur jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il ne servait à rien d’attendre un courant d’air alors que la vie l’attendait et que son bonheur était à portée de main. Il ne l’épouserait sûrement pas, Blanche, parce qu’à bien y réfléchir, après une demande en mariage ratée à une autre, il avait compris qu’il n’était pas fait pour le mariage, mais il s’accorderait bien une belle histoire d’amour dans les bras de la tatoueuse. Il se balança sur sa chaise avant de répondre. C’est une histoire compliquée. C’est ma plus vieille histoire même, celle que j’ai gâché tellement de fois que j’ai du mal à comprendre comment elle peut encore vouloir de moi. Quand tu dis que tu as du mal à faire confiance, elle, elle m’a fait confiance bien trop souvent et je l’ai déçue tout autant qu’à présent que je suis sincère elle se méfie. C’est con n’est-ce pas ? Alors j’suis heureux parce que je sais que je l’aime, je le sais enfin, depuis le temps… mais je serais tellement plus heureux quand on aura posé nos valises ensemble. Léo parlait de valises, des nombreux bagages qu’ils trainaient derrière eux, il voulait qu’ils arrêtent de courir, Blanche et lui, et qu’ils commencent vraiment à écrire leur romance.

Alors que je pensais m'alléger d'un poids avec mes confidences, je me sentais, bien au contraire, de plus en plus lourde. Un couteau invisible me rappelait à quel point penser à Liam m'était bien trop douloureux. Cela ira bien mieux lorsque la discussion ne tournera plus autour de moi et de celui qui tourmente mes pensées. Retrouver un Léo tellement changé alimentait ma curiosité. Son regard profond n'avait pas rajeuni mais sa situation, elle, avait évolué. J'étais surprise et contente d'apprendre sa paternité. Même si malheureusement il n'était plus avec la mère de son fils, son cœur était heureusement épris par une autre femme. Une femme avec qui, il a vécut une relation tumultueuse, me faisait-il comprendre. Elle lui avait accordé sa confiance et lui l'avait déçu. Je soupire. Sûrement une histoire de tromperie. On ne devrait pas faire du mal aux personnes qui nous aiment, mais qui suis-je pour le blâmer? Tout le monde fait des erreurs. assurais-je avec compassion et sincérité. Rien le fait de reconnaître ses erreurs, faisait de lui quelqu'un de bien. Il n'a jamais voulu lui faire du mal intentionnellement. Léo, n'a rien et n'a jamais rien eut d'un bad guy. Du moins c'est ce que j'imaginais. Elle doit vraiment t'aimer cette fille. lui fis-je constater avec un sourire. Pour lui avoir accordé sa confiance plus d'une fois, elle ne peut qu'en être dingue amoureuse. Cette femme a dû lui pardonner l'impardonnable, même ainsi, elle l'aime encore. Pour l'aimer à travers vents et marée, il ne peut s'agir que de son âme sœur. Vous allez emménager ensemble avec madame? Qu'est-ce qu'il voulait dire par "posé nos valises ensemble"?

C'était facile de parler avec Charlie, Léo appréciait sa présence, ses mots et son écoute. Ils semblaient tous les deux écorchés par la vie, par l'amour surtout, mais il restait persuadé qu'il y avait encore tellement à vivre, ils n'étaient qu'au début de leurs surprises. C'était sa façon à lui d'appréhender le monde, en éternel optimiste, peut-être même un brin fleur bleue sur les bords. Et pourtant, paradoxalement, en lui parlant de Blanche il lui confiait sans le dire qu'il n'avait pas toujours été correct, évidemment c'était une histoire de tromperie, même si pour ça il aurait fallu qu'ils eut été en couple, ce qui n'était pas le cas à chaque fois, mais en effet, il y avait eu d'autres femmes qui avaient détourné l'attention du photographe et blessé la blonde esseulée. Il lui sourit, avec douceur comme pour la remercier d'être compréhensive, tout le monde faisait des erreurs, certes, mais à son rythme à lui ce n'était plus des erreurs, ou bien c'était carrément la bêtise humaine. Il n'était pas un bad guy, Léo, non, du moins pas au sens propre, il ne faisait pas de mal intentionnellement, ce n'était pas son but de faire souffrir Blanche ou une autre. Mais il était clairement égoïste, ça c'était son défaut et un défaut de taille parfois. Nouveau sourire à la réponse de Charlie, il baissa les yeux sur sa tasse vide. Oh oui qu'elle l'aimait, Blanche, il ignorait où elle puisait toutes ses ressources de patience et de douceur envers lui, ni comment il avait fait pour négliger si longtemps cette chance qu'il avait de l'avoir auprès de lui. Oui sûrement. C'est vrai que la formule était maladroite, il parlait de valises, mais peut-être qu'au fond c'était un lapsus révélateur de son envie de s'engager avec la blonde. J'espère qu'un jour elle acceptera de venir s'installer chez moi. J'ai une grande maison un peu trop vide. Il tourna la tête vers le marché toujours aussi animé, leurs tasses étaient vides. Tu crois que ton frère nous cherche ? J'ai perdu la notion du temps. Parce que sa compagnie était agréable, il devait bien l'admettre.

[i]Wow]/i]. C'était plutôt étrange de revoir Léo après de si longues années. Il me ramenait des souvenirs d'une jeune Charlie innocente et insouciante. Le voilà à présent un homme accompli, qui vit de sa passion avec un fils et une femme qu'il l'aime. Il y a de quoi me remettre en question. À l'approche de la trentaine, j'étais une fois de plus tourmentée par un homme avec l'abscence du désir d'être mère. Encore faudrait-il avoir rencontré le grand amour et celui que je portais à Liam ne semblait pas réciproque. Je dissimule ce lourd poid dans ma poitrine par un sourire. Tu veux un premier conseil avant que tu emménages avec elle? Je prends un air grave. Ne laisse pas trainer tes caleçons, c'est dégoûtant. lui dis-je avant de rire aux éclats. Moi-même j'ai perdu la notion du temps en compagnie du beau Léo. Nous cherchons mon frère du regard mais visiblement il s'est fait la malle. Peut-être qu'il est parti faire la tarte aux pommes. Si c'est le cas, elle finira sans doute brûlée ou mi-crue. Il a un don inné pour ça. Prends ça dans les dents, frérot. Merci pour le café, Léo. On essaie de se faire un dîner prochainement? Ou même un goûter. Tu me présenteras Jonah.

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