#31 (ALLEN) can you stop making me uncomfortable?

Lundi 19h00. Que c'est bon d'être chez soi. A peine je franchis la porte d'entrée que je soupire de bien être. La journée à l'hôpital a été éreintante. Je me déchausse dans l'entrée, comme je fais à chaque fois. Je déboutonne tranquillement mon trench que j'accroche consciencieusement au porte-manteau.  Tous mes geste sont toujours calculés et précis. Pas de place au bazar. J'entre dans la cuisine. Je remarque que l'appartement est bizarrement calme. Normalement, Allen est toujours dans le coin. Pourtant la porte était ouverte. Je hausse les épaules devant le silence de la grande pièce à vivre. Je décide de me faire un petit en-cas. Du fromage blanc, quelques amandes et des myrtilles. Même si je m'efforce de faire des efforts, je me retrouve toujours à manger des trucs sains. Je n'ai pas le réflexe de manger un gâteau ou quelque chose dans le genre. Ce n'est pas mauvais en soi, mais j'aimerais bien pourtant me laisser plus vivre. J'suis toujours très calme, j'm'installe sur le canapé avec mon petit bol. Il y a de la lumière sous la porte de la chambre d'Allen. J'arque un sourcil. "ALLEN ? T'es là?" Même si on est très différents, Allen, je l'aime bien. Et surtout, j'aime bien savoir qu'il est là, à l'appartement. J'me sens moins seule et protégée aussi. Si quelqu'un veut nous cambrioler, Allen il a tellement de muscles qu'il enverrait valser le voleur avec beaucoup d'aisance.
Non, vraiment, j'suis bien ici.

Cela faisait quelques jours que tu étais revenu de ton tour dans l'Australie et de ta virée en Italie. Mais tu revenais toujours à Bowen finalement. Cette ville t'avait adopté et tu ne pouvais pas vivre autre part. D'autant plus qu'Alix avait décidé de poser ses bagages ici, elle aussi. Alors pourquoi partir ? Tu te demandes si un jour, la deuxième jumelle viendra à son tour définitivement sur le sol australien. Tu étais encore entrain de ranger tes affaires, alors que ta colocataire n'était pas revenue du travail. Mais tu l'entendais rentrer. Tu continuais à ranger tes fringues dans ton ancienne chambre et à finir ta décoration avec tes souvenirs ou même tes photos que tu avais prises pendant ton trip. Elle t'appelait alors pour te demander si tu étais là et tu sortais alors de ta chambre. En caleçon, bien évidemment. Oui, il fait chaud à Bowen, ça va. « Je suis là, beauté » dis-tu en arrivant dans le salon pour voir ton amie. Tu te posais non-challamant sur le canapé près d'elle. Elle était toujours gêné, toujours un peu coincée, mais tu comptais bien changer ça maintenant que tu étais revenu. « T'as passé une bonne journée ? » demandas-tu à la jeune femme avec un grand sourire. Tu te levais pour aller te servir un verre de coca, parce que après tout ce déménagement et à ranger toutes tes affaires, bah ça t'avais donné un peu soif quand même.

Je n'avais pas trop aimé ces longues semaines toute seule dans cet appartement et quand Allen avait refait son apparition, j'avais été très contente. Autant, j'aimais beaucoup la solitude et j'en avais besoin, autant vivre seule au quotidien m'avait pesé.
Quand je rentrais, je cherchais directement la présence d'Allen. Le temps de me faire un petit goûter et de m'installer dans le canapé, j'avais fini par appelé Allen. Il ne s'était pas fait désirer trop longtemps. Il était simplement dans sa chambre. La scène se déroula ainsi : je porte la cuillère de myrtilles à ma bouche, la porte s'ouvre, je lève le tête et mon regard se pose sur un homme presque nu. Je manque de m'étouffer avec les myrtilles et je détourne aussitôt les yeux d'Allen. Mes joues s'empourpre en quelques secondes.  Lui, il est là, avec son caleçon, ses muscles et son air charmeur, à m'appeler beauté et à s'installer à quelques centimètres de moi. Je détourne le regard, et je me mets à balbutier : "Allen .. oui ma.. ma journée s'est bien passée.. Allen, tu peux, enfin tu vois quoi, tu peux mettre des vêtements? Avoir une tenue décente tu vois?" Il sait que je suis prude et que la vue d'un homme presque nu me fait perdre tous mes moyens. Je sais qu'il le fait exprès mais j'ai été élevé comme ça, et j'ai beau savoir qu'Allen fera ce genre de choses pour me déstabiliser, à chaque fois .. je ne suis pas prête. Mais j'dois dire, qu'il a vraiment beaucoup de muscles. Peut-être qu'un jour j'arriverais à le regarder avec intérêt ? Ca doit pas être si compliqué que ça non?

Tu étais sorti de ta chambre, portant un caleçon comme seul vêtement. Tu savais très bien que ça gênerait ta colocataire mais toi tu t'en fichais et puis ça te faisais bien rire. Ton objectif, c'était de la faire sortir et de la faire aimer la fête et les hommes. Elle n'a peut-être pas envie de ça, mais toi t'as bien envie de lui faire découvrir ton monde. Les joues rouges de la jeune femme t'avait fais rire et peu de temps après tu t'étais dirigé vers la cuisine pour entamer une bouteille de Coca. « Rooooooh, ça vaaaaa » dis-tu avant de porter ton verre à tes lèvres. Tu bus une gorgée et tu reposais ton verre sur le comptoir de la cuisine. « J'te propose d'admirer un peu de corps masculin et toi, tu te plains » dis-tu en balayant ta main dans l'air comme pour montrer ton mécontentement. Non, tu n'étais pas narcissique, c'était une manière de t'amuser un peu et de la charrier. « Bon ok, j'vais mettre un pantalon mademoiselle Parks-Rhodes » dis-tu avant de te diriger dans ta chambre pour enfiler un pantalon. Mais juste un pantalon, ça suffit, hein. Il fait chaud, ne l'oublions pas. Alors tu retournais vers la cuisine pour attraper ton verre et te rediriger vers le salon pour retrouver la blonde. « Hé, ça te dit qu'on aille boire un verre ce soir ? » demandas-tu avec des yeux de chiens battus à ta colocataire.

Allen, il voulait absolument me faire changer. Et il avait raison en soi, il fallait que j'arrive à me lâcher un peu plus et à me dévergonder. Mais c'était un énorme travail sur moi, il fallait que je me soigne de vingt ans d'éducation puritaine. Et les agissements de Allen étaient un peu brutaux. Dès que j'apercevais son corps quasiment nu, je détournais le regard et mes joues s’empourprèrent. Il le savait et ça me faisait rigoler. Je ne perdais pas le sourire non plus, mais il savait que cela me rendait très embarrassée. Le jeune homme était parti à la cuisine, il était donc dos à moi, je relevais alors le visage, me retournais vers lui et cachais mes yeux avec ma main. "Pardon, oh monsieur Allen de ne pas me délecter de votre corps d’athlète!" Je ne le voyais pas, mais je pouvais l'entendre boire son jus d'orange. C'était bien aussi comme ça, les yeux cachés, j'me sentais plus détendu. Enfin, je ne me sentais absolument pas en danger avec Allen, au contraire.  Il fila alors vers sa chambre m'assurant qu'il allait mettre un pantalon. "Merci! Un t-shirt aussi non?" Les derniers mots je les avais plutôt murmurés. Je savais qu'Allen allait pas non plus s’emmitoufler pour mon bon plaisir. Il revint avec un pantalon, il exposait encore son torse mais j'allais m'y faire. J'allais le regarder droit dans les yeux et tenter de faire disparaître le rosé de mes joues. Il me proposa alors de sortir boire un verre. J'le regardais un peu surprise "bah pourquoi faire?!" C'était ma réaction naturelle. J'avais encore du mal à comprendre qu'aller boire un verre le soir dans un bar faisait parti des choses normales d'une vie de jeune adulte. "Est-ce que tu vas mettre un t-shirt pour sortir ?". J'étais très sérieuse. Allen allait probablement finir par me prendre littéralement pour une folle, ma spontanéité mêlée de mon incapacité à comprendre ce monde donnait un mélange très particulier.

Tu n'avais qu'une envie c'était de décoincer Joan, et tu y arriverais. Enfin, c'est l'objectif que tu t'étais fixé pour l'année. Ouais, c'est pas ouf comme objectif mais bon, tu pouvais bien faire ça. Et comme ça, tu pourrais la trimballer partout avec toi en soirée. Tu lui tiras la langue en faisant la grimace lorsqu'elle se moqua de toi et de ton corps. « Des fois, j'me demande si t'es pas lesbienne, toi » dis-tu en riant légèrement. Non, c'était pas du tout méchant ou homophobe, mais tu te demandais quelle était son orientation sexuelle. Tu n'avais jamais vu un gars ou même une nana franchir cette porte avec elle, autre qu'un ami ou un collègue. Tu étais parti enfilé un pantalon dans ta chambre et tu entendais sa petite remarque qu'elle lâcha silencieusement. « J't'ai entendu et non, j'ai trop chaud pour mettre un t-shirt » cris-tu depuis ta chambre. Après avoir enfilé ton jean, tu repartais dans le salon pour te poser à côté d'elle sur le canapé. Et c'est alors que tu lui proposais d'aller boire un verre ce soir. Lorsqu'elle te demanda pourquoi, tu tapais ton front avec ta main, le plus gros facepalm de l'univers. « Pour sortir de cet endroit, pour rencontrer de gens, pour boire un coup. Je sais pas, pour faire un truc sympa avec ma charmante et adorable colocataire » proposas-tu en haussant les épaules. « Et oui, j'te promet de mettre un t-shirt » dis-tu en lui faisant les yeux doux. Cette technique était infaillible, enfin tu espérais qu'elle le soit aussi avec Joan. Alors tu te levais une seconde fois, tout excité et tu repartais dans ta chambre pour enfiler un haut et tu en ressortais deux minutes après, avec tes chaussures aux pieds. « Allez Jo, ça peut être cool ! On peut aller manger un morceau dehors, c'est moi qui offre ! » dis-tu pour essayer de l'encourager à foutre un pieds en dehors de cette baraque.

Allen rêvait de me décoincer, il voulait que je sois comme ses autres amies, à sortir, draguer et me sentir libre. Très sincèrement, j'aurais bien voulu être comme ça, mais il me fallait vraiment de l'aide. Et à en croire Allen, il s'était auto-proclamer sauveteur officielle de Joan Parks ! Il me provoquait avec ses mots. Je fis une tête réellement offusquée. L'homosexualité était quelque chose que je connaissais mal. "Mais non pas du tout! J'aime les hommes. Enfin, pas tous les hommes non plus, mais tu m'as comprise!" Quand je devais parler d'hommes ou de relations amoureuses, je devenais très confuse. "Je n'ai jamais eu d'amoureux ou quoi que ce soit, mais quand j'étais petite je rêvais du prince charmant ça veut bien dire que j'aime les hommes non?" Voilà, il avait réussi une nouvelle fois à me faire rougir. Il fallait vraiment que je fasse un gros travail sur moi.

Il avait finalement daigné mettre un pantalon. Je me sentais déjà un peu mieux et puis peut-être que j'allais finir par m'y faire à cette gênante vision qui s'avérait quand même plutôt agréable. Les muscles saillants d'Allen allait peut-être, à la longue, finir par m'émoustiller. Il m'avait proposé d'aller boire un verre et face à ma réaction il s'était frappé le front. Cela me dit rire. "Mmmh, d'accord, tu m'as convaincue grâce à tes compliments!" En plus, il m'avait promis de mettre un t-shirt. Il se leva avec entrain et disparu à nouveau dans sa chambre. Il revint habillé, je le toisa de haut en bas. "Voilà ! là tu ressembles à un homme normal qui gère sa pudeur avec brio!" C'était pas normal de se trimbaler presque nu, je le maintenais! Il me proposa d'aller manger dehors et proposa même de m'inviter. Je souriais; "C'est d'accord, mais laisse moi me changer avant quand même." Je portais mes vêtements confortables pour aller travailler à l'hôpital et je ne comptais pas sortir comme une pouilleuse. Je disparu dans ma chambre, enleva mon legging et mon sweat et me retrouva en sous-vêtements devant mon placard. Je n'avais aucune idée de la tenue que je devais mettre. J'ouvrais un peu la porte et y passa seulement ma tête. "Allen, je dois mettre quoi ce soir? Plutît casual ou gindée? " En vrai, j'avais quelques restes de vêtements de créateurs mais j'avais aussi des choses plus simples, je ne voulais surtout pas me démarquer des autres, me fondre, me faire discrète, voilà mon objectif.

Des fois, tu te demandais si t'abusais pas un peu. Mais tu espérais que Joan se doute que tu faisais souvent ce genre de réflexion pour l'embêter. « Quand t'es petit, tu peux pas savoir si c'est le prince charmant ou l'amour que tu veux, mais bon, j'te crois » dis-tu en riant légèrement. C'est vrai, on est jamais sur de sa sexualité quand on est enfant, et elle se développe à partir du moment où on grandit soi-même. Pour toi, tu avais toujours été un coureur de jupon et ça ne changerait pas de si-tôt. Tu étais convaincu et tu avais fais tes preuves pour ça. « T'auras un amoureux un jour, Parks, promis » dis-tu avant d'embrasser son front avant d'aller enfiler ton pantalon.

Tu avais essayé pendant quelques minutes de négocier avec ta colocataire pour la faire sortir et que vous alliez faire un tour en ville. Après tout, on était vendredi et il y avait toujours plein de gens dehors le vendredi. C'était un bon moment pour la faire côtoyer du monde autre que toi et ses collègues de l'hôpital. « Trooooooooop bien ! » dis-tu en tapant dans tes mains. Tu t'étais empressé d'aller chercher un t-shirt dans ta chambre et de l'enfiler avant de la rejoindre dans le salon. Tu tirais la langue à sa réflexion, et tu ris légèrement. « J'suis pas pudique, déjà. Et je porte un caleçon devant toi, estimes-toi heureuse » avouas-tu en lui faisant un clin d'oeil. C'est vrai que la pudeur c'était pas vraiment ton truc, tu t'en fichais totalement qu'on te voit ou pas. La jeune femme te demanda d'abord d'aller se changer avant de sortir et de faire quoi que ce soit. Tu acquiesçais d'un signe de tête et tu attendais dans le salon alors que tu étais sur ton téléphone à jouer à quelques jeux et répondre à quelques messages. « Comme tu veux, ma belle. Mais on va pas au met bal alors t'habilles pas trop non plus » dis-tu en riant légèrement. Si elle sortait avec une belle robe de soirée, tu ne saurais pas trop où l'emmener, et tu te sentirais peut-être un peu nul à côté d'elle.

J'suis si peu à l'aise sur les sujets sentimentaux qu'automatiquement je m'embrouille, je bafouille et j'me perds. Je sais parfaitement qu'Allen connait ce point faible et qu'il éprouve un malin plaisir à me mettre dans l'embarras (c'est si facile en même temps). Et je dois bien avouer que ça m'amuse quand même. J'suis vraiment gênée quand il débarque en boxer devant moi mais au fond, j'trouve ça divertissant. Peut-être qu'un jour j'arriverais à le regarder droit dans le caleçon sans vriller. Etait-ce ça mon but ultime ? La réaction d'Allen me fit tendrement sourire. Au moment où ses lèvres touchèrent mon front, je fermais les yeux et appréciais vraiment ce baiser. Je ré-ouvrais les yeux. "T'as intérêt à remplir ta promesse." J'lui souris et il disparaît dans sa chambre.

Il réussit à me convaincre ensuite d'aller boire un verre dans un bar. Il revient habillé, normalement. Et il me souligne que je devrais m'estimer heureuse qu'il porte un caleçon. Et rebelote, mes joues s’empourpre à la simple idée qu'Allen pourrait se balader totalement nu devant moi. "Ca serait le meilleur moyen pour me faire faire une crise cardiaque!" C'est vrai quoi, je n'ai jamais vu la nudité d'un homme et je ne sais pas comment je réagirais face à ça. Et honnêtement, je préfère ne même pas y penser.

Une fois dans ma chambre, j'avais demandé conseil à Allen qui m'avait assuré de faire simple. Il connaissait mon dressing et il connaissait les pièces très chics que j'étais capable de porter. J'optais pour un haut blanc en dentelle, un jean foncé très slim et une paire d'escarpins rouges. Je sortais de la chambre et regardait Allen en lui souriant. J'en avais profiter pour coiffer un peu mes cheveux, il tombait en cascade sur mes épaules et j'avais aussi mis un peu de parfum. J'étais civilisé quand même. "Je suis prête." Je m'approchais d'Allen, empoignais mon téléphone que je fourrais au fond de mon sac et me posta devant lui. Bizarrement, le simple fait de porter une paire de talon me donnait plus d'aplomb. "Où est ce que tu m’emmènes?!"

Vous étiez tellement différent, mais c'est grâce à ça que votre amitié fonctionne si bien. Heureusement, tu ne supporterais pas vivre avec quelqu'un avec qui tu ne t'entends pas. Alors ça t'amusais de la charrier un peu. Tu lui promettais qu'un jour elle trouverait son prince charmant et sa réponse te fit sourire. Oui, tu tiendrais ta promesse, enfin du moins t'essayerais de le faire. Toi-même tu étais mauvais pour te trouver quelqu'un avec qui rester plus d'une semaine mais peut-être qu'avec les autres, tu y arriverais plus facilement, qui sait ? Tu retournais dans ta chambre pour t'habiller un peu. « Arrête, j'suis sur que t'adorerais ça » dis-tu en lui faisant un clin d'oeil dans l'entrebâillement de la porte de ta chambre. Tu ressortais bien habillé, un coup de parfum et t'étais paré à l'emmener traverser la ville.

Tu étais posé dans le canapé alors que tu attendais que la jeune femme s'habille un peu pour sortir et que fut ta surprise de la découvrir ainsi, c'était rare ce genre de moment. « Whoa, j'vais pas rester longtemps seul avec toi ce soir si on sort » dis-tu en souriant. C'était ton genre de compliment, ça. Mais elle était très belle, et toi-même t'aurais pu lui sauter dessus si tu ne la connaissais pas aussi bien. Mais non Allen, il faut retenir ses ardeurs. Et puis c'est ton amie. « On va aller faire un tour, j't'emmène boire un verre et après on va mangeur morceau, ça te dit ? » proposas-tu à la jeune femme en empoignant tes clefs qui étaient sur la table du salon. Tu te levais et tu lui ouvrais la porte pour que vous puissiez sortir. « Le Hendrix et une pizza, est-ce que ce plan te va ? » demandas-tu ensuite pour savoir si la soirée que t'avait prévu convenait à ta colocataire.

Les opposés s'attirent. C'est une sorte de dicton qui n'est finalement pas si faux. Il faut dire que Allen et moi sommes différents en tout point. Mais il n'y a pas dire, on s'entend vraiment bien, notre relation est assez saine, on s'amuse, on connait nos défauts et nos failles, et on aime simplement en jouer. Enfin, je dois dire que c'est surtout mes failles qui sont mises en avant, Allen ne perd jamais une occasion pour me faire rougir et il se débrouille plutôt très bien. Alors qu'on est en train de parler d'une éventuelle apparition d'Allen complètement nu devant moi, il m'assure que j'adorerais ça. J'arque un sourcil, amusée. Je secoue la tête "J'te trouve bien sûr de toi!" Mais bon, je dois avouer au plus profond de moi que je m'y fais de plus en plus à la vision du torse d'Allen et que cela peut parfois me donner un peu chaud. Mais attention, cela ne reste que des lointaines pensées que je m'emploie à renvoyer bien loin dans mon esprit.

Je sortais de la chambre après une dizaine de minute et Allen sembla me trouver belle. Son compliment me toucha mais je tenais à rajouter une précision pour être sûre que je ne me retrouvais pas seule de la soirée "ah mais de toute façon, je ne te quitte pas une seconde, je serais perdue dans toi!" Je souris, c'est un peu exagéré mais en même temps, l'idée de me retrouver seule au milieu d'un bar, ça me fait un peu peur. Il faut vraiment que j'me lâche et que j'me détende. J'ai fais un effort sur la tenue et j'dois pas relâcher mes actions. Le programme qu'Allen m'annonçait était parfait. Je hochais la tête. "Ca me semble très bien." Je mettais la lanière de mon sac sur mon épaule et ouvrit la porte de l'appartement. On dévalait les escaliers en discutant de tout et de rien et on se retrouvait alors dans la rue prenant la direction du centre ville, lieu d'animation le soir. Dans la rue, l'air était frais. Je décidais de passer mon bras sous celui d'Allen, pour me rapprocher un peu. Histoire d'être sûre de ne pas le perdre. "Jamais j'aurais imaginer faire ça un jour." Je pensais un peu tout haut mais c'était la pure vérité. J'étais heureuse, mon sourire en témoignait.

Après toutes ces plaisanteries, tu rajoutais un peu de légèreté pour lui faire comprendre que tu ne voulais que son bonheur et que tu ferais tout pour l'aider. Après tout, Joan est comme une petite soeur pour toi et tu ne ferais tous les efforts du monde pour qu'elle soit heureuse. « Je suis très sur de moi » ajoutas-tu en lui faisant un clin d'oeil. Fallait arrêter avec la modestie de l'homme qui avait énormément confiance en lui tout ça tout ça. Parce que bon, c'était pas forcément vrai. Au fond, t'étais comme les autres et t'avais souvent des moments de faiblesse mais tu évitais de les montrer.

« Mais quel honneur vous me faites mademoiselle » dis-tu en tirant ta révérence à ta colocataire. Vous attrapiez vos dernières affaires pour sortir et vous voilà dans les rues de Bowen à les arpenter pour trouver le Hendrix histoire de boire un verre avant d'aller manger. C'est dommage qu'Alfie ne soit plus là bas, tu aurais pu lui présenter Joan. Et tu étais sur qu'il l'aurait adoré. Alors que vous marchiez dans la rue, la jeune femme passait son bras autour du tien et c'est ainsi que vous marchiez. « Pourquoi ? » demandas-tu naïvement. Ouais, c'était pas son genre mais ça faisait du bien de temps en temps. Et tu lui ferai passer une bonne soirée pour qu'elle puisse sortir plus souvent sans se soucier de rien. « Après vous, mademoiselle » dis-tu en tenant la porte du bar à la blonde. Vous vous installiez sur une table non loin du bar. « Me dis pas que t'étais jamais venue ici avant » demandas-tu en souriant.

Allen débordait littéralement de confiance en lui. Il était en quelque sort mon antithèse. Si je manquais bien de quelque chose, c'était de confiance. Je ne croyais pas vraiment en moi et je gardais encré dans ma mémoire les innombrables réflexions négatives que ma mère avait pu m'adresser au cours de ma jeunesse. Jamais je n'envisagerais d'être aussi à l'aise avec mon corps et de me balader presque nue comme pouvait le faire Allen. Mais il allait peut-être être justement mon émancipateur. Je faisais beaucoup d'efforts et il avait une belle tendance à me pousser dans mes retranchements.

Je me retrouvais donc, toute maquillée et habillée, marchant à ses côtés dans la rue en direction d'un bar. J'avais bien évidemment déjà été dans des bars, mais cela restait très très rares et je n'étais pas vraiment à l'aise. Je ne buvais quasiment jamais d'alcool et le brouhaha ambiant des salles de bar me faisaient souvent tourner la tête. J'avais enroulé mon bras autours du sien et mes escarpins claquaient contre le bitume. Je me sentais légère et j'avais parlé tout haut en assurant que je ne me serais jamais imaginé faire ça un jour. Allen s'en étonna. Je souriais. "Aller dans un bar, avec un garçon, sans me sentir coupable de le faire, ça ne m'est jamais arrivée." Je me rendais compte que ce que je pouvais dire était vraiment décalé parfois. Allen allait sûrement me prendre pour une folle. Mais c'était la vérité. Côtoyer des garçons et sortir à leurs côtés sans me sentir dans l'interdit, ce n'était pas quelque chose à laquelle j'était habituée. J'me rendais compte que j'avais vraiment beaucoup de chemin à parcourir.

Finalement, on arrivait devant la porte du bar et Allen me fit entrer la première. Je souris et passais l'entrée. Aussitôt, l'ambiance du bar m'enveloppait. Cette sensation d'étourdissement me saisit aux tempes mais je gardais le sourire. Je n'allais pas me ridiculiser encore un peu plus auprès d'Allen. Je secouais la tête à sa question tandis qu'on s'installait à une table. "Première fois, j'ignorais même qu'il existait." J'plantais mon regard dans celui de mon colocataire. "Tu me prends pour une folle n'est ce pas?" Aussitôt, un sourire s'étira sur mon visage comme pour m'excuser. Allen allait regretter de m'avoir sortie. D'autant plus qu'à l'instant où je souriais, je sentais ma tête tourner beaucoup trop violemment. Ma gorge se serra en un instant, tout devint sourd autour de moi et je sentais mon corps basculer sur le côté, ma tête emmenant lourdement mes épaules puis mon buste sur le côté. Je venais tout simplement de perdre connaissance et mon corps n'était plus qu'un pantin qui venait de heurter le sol. Trop d'émotions, trop de changements. Joan Parks-Rhodes où comment se taper la honte de sa vie.

Vous filiez directement dehors pour arpenter les rues de Bowen. Elles étaient quand même vachement animées et il y avait beaucoup de soirées ce soir. En même temps, il y en avait toujours et c'est ça que tu aimais à Bowen. Ta colocataire semblait émerveillée par ce qu'elle voyait. Un peu comme une enfant qu'on emmenait à Disneyland pour la première fois. Et toi, ça te faisait sourire. « Ce que je comprends pas, c'est pourquoi tu te sentirais coupable » répondis-tu en riant légèrement. Vous aviez doucement, en admirant toutes les lumières de la ville qui étaient allumées et tous les passants qui allaient de bar en bar. « Et puis ça va, c'est moi, c'est pas comme si t'avais un rancard » finis-tu par dire en lui faisant un clin d'oeil. Non, c'était loin d'être un rancard, c'était une sortie pour éloigner ton amie de son quotidien un peu morose. Vous arriviez alors devant le Hendrix, tu ouvrais donc la porte à la jeune femme pour qu'elle passe devant toi et tu cherchais une table du regard. Après avoir trouvé ton bonheur, vous alliez vous assoir là où la place était libre. Tu riais lorsqu'elle te demanda si tu la prenais pour une folle. « Mais non, Joan » répondis-tu toujours en riant. « On dirait que tu découvres les joies de sortir pour la première fois de ta vie, comme si t'étais à peine majeur pour aller boire un verre » ajoutas-tu sur le ton de la plaisanterie. Non, tu voulais pas qu'elle le prenne mal, parce que c'était pas une remarque négative. Mais tu préférais qu'elle fasse ce genre de truc avec toi plutôt qu'avec un inconnu qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Son visage changea en l'espace d'un instant. Elle était joyeuse, il y a quelques secondes et là, elle semblait divaguer. Euh, qu'est-ce qu'il se passe ? Tu le comprenais lorsque sa tête tapait contre la tête. « Madre mia » juras-tu dans ta langue natale. Tu allais t'asseoir près d'elle et tu lui donnais des petites tapes sur la joue pour qu'elle se réveille. « Joan, bon sang ! REVEILLES-TOI ! » hurlas-tu dans ses oreilles alors que tu essayais de la réveiller. Un serveur vint te demander si tu avais besoin de quelque chose et tu lui demandas un verre d'eau. Quitte à lui donner ou lui jeter dessus pour qu'elle se réveille, qu'importe.