YOUR MOTHER WAS A HAMSTER ! [ft. Reece]

De toute façon, presque tout était foutu. C'est ce que je pourrais continuer à croire s'il ne m'avait pas retenu. Oui je ne lui laisse jamais le temps de répondre peut-être car l'attente en elle-même est juste bien trop pesante à chaque que j'suis là à espérer qu'il réplique. Un hochement de tête. Right my dear, j'ai compris. "Reece, s'il devait parvenir à s'échapper, tu sais très bien que je recommencerai. Je veux juste croire que c'est fini même si le savoir derrière les barreaux ne sera jamais aussi satisfaisant que d'avoir sa peau." Je l'ai tout de même écouté sur ce point. Ne rien faire de stupide. J'l'ai pas achevé je trouve que c'est déjà bien. Je pose mes mains sur les siennes lorsqu'il caresse mon visage, fermant durant quelques secondes les yeux avant de replonger mon regard dans le sien. "Faut bien que je me fasse une raison à un moment donné." Histoire que je ne reste pas dans le déni indéfiniment. Ces mots sont sortis d'une manière réfléchie en soi, je savais très bien ce que je faisais et ce que je lui disais. Je ne regrette rien. Un baiser de réconciliation certes mais je ne parviens pas à être totalement détendue, l'homme récupérant par la même occasion ma petite boîte. "On va dire que c'était une semi-demande en mariage. J'ferais mieux la prochaine fois. J'y mettrais et le budget et surtout l'intention et tout ce qui va avec. Feu d'artifices, soirée de gala, une virée en bateau. Ne t'en fais pas." J'ai intérêt de pas mal économiser alors si j'espère lui offrir tout ça. Il me récupère rapidement, je lui tapote les épaules pour qu'il me repose, me tenant à lui tout en baissant la tête. "Et... Et c'est tout?" J'redresse mon minois en sa direction. "Comment peux-tu être réconcilié avec moi en si peu de temps? Je sais bien que tu m'aimes mais j'ai tout de même enfreint notre pacte. Je t'ai menti à ce sujet sans avoir aucun remord, je t'ai désobéi sans broncher et en y prenant plaisir. Tu m'as grondé oui, rapidement mais c'est tout? C'est fini? Tu ne m'en voulais pas plus que ça au final?" J'm'écarte légèrement de lui avant de soupirer. "C'était que du cinéma, c'est ça?" Peut-être que je suis un peu dure avec mes mots mais je m'attendais vraiment à ce que ça éclate. "Tu... Je ne saurais vraiment jamais m'y faire à tes réactions je crois. Je ne sais jamais à quoi m'attendre." ajoutais-je finalement. Une personne normale m'aurait pris la tête pendant plusieurs minutes je crois ou alors il veut juste rapidement passer à autre chose. Il garde bien trop de choses pour lui il me semble malgré la sincérité de ses propos. "Pourquoi cherches-tu à autant canaliser ce que tu pourrais -ou non- ressentir?" Ça avait le mérite d'être clair. J'vais pas me plaindre qu'il me pardonne mais si rapidement?

Il parlait donc sans même que je n'ai à le pousser plus. J'l'écoute patiemment. J'suis pas énervée en soi, j'suis pas non plus déçue. J'suis juste en mode "ça ne te tenait pas autant à coeur alors" même s'il semble dire le contraire. J'peux comprendre qu'il ne veut pas qu'on se prenne la tête, pas de pression, c'est les vacances, ce genre de choses, un classique. Je soupire cependant en entendant ses mots, hochant simplement la tête. "Tu sais très bien que j'ai pris les billets et ai prévu ça avant même que je ne sache que Nino était en liberté. Certes ça m'avait motivé encore plus de savoir que peut-être je pourrais le recroiser mais ce n'était pas non plus mon but principal." Mon ton est d'un calme olympien. Tenterais-je à mon tour de me contenir alors que je lui demande à lui d'exploser un minimum? "Oublions ce pacte alors. C'est la pire des idées que j'ai pu avoir. Je me connais que trop bien et j'ai voulu aller à l'encontre de mes principes. Je verrais bien en temps et en heure de toute façon même si je ne pense pas qu'il s'échappera de nouveau." Du moins, je l'espère. On ne sait jamais vraiment ce qu'il peut faire mais au pire quelqu'un d'autre saura peut-être en faire autant. Ce sont les seuls points sur lesquels je réagis. Mon regard est juste posé sur lui, je ne dis rien de plus mais secoue légèrement la tête avant de reprendre mes activités, récupérant quelques affaires pour les ranger dans ma valise. "L'avion part dans 4h. Commence à faire tes bagages." Un silence aussi puissant qu'un cimetière. Là où Nino devrait réellement finir plutôt que dans une simple cage. Ou alors dans une sorte de salle où je l'aurais cloué à une sorte de croix. J'aurais été son Ramsay Bolton, il aurait été mon Theon Greyjoy, m'amusant avec sa bite dans les mains, fraîchement découpée de son corps maintenant frêle. C'est tout ce qu'il mériterait en soi, que je retire son arme la plus fatale pour que jamais il ne puisse s'en resservir. Le temps passe, j'prends les devants avec ma valise en main et prends le premier métro en direction de l'aéroport. Je ne lui fais pas la gueule en soi à Reece. J'ai juste pas envie de discuter, ça m'arrive plus ou moins souvent lorsque j'ai besoin de me concentrer sur moi-même. Ce genre de solitude où tu repenses à tout ce que tu aurais pu dire ou faire. L'embarquement commence, j'pars en avant puis m'installe du côté hublot une fois de plus, restant dans ce foutu silence que je ne parviens même pas à briser. Même si lui venait à le faire, je ne sais même pas si je répondrais en toute honnêteté. Aurais-je simplement gâché les vacances en cherchant à le comprendre et en savoir plus de ses ressenties? Suis-je même à deux doigts de repartir en Australie? Non. Ne gâchons pas encore la semaine qui nous reste. C'est une opportunité qui ne se représentera pas deux fois.

Je secoue négativement la tête à sa question dans l'avion. "Ni à toi, ni à personne, navrée." Ca avait au moins le mérite d'être clair. Nous débarquons en France de bonne heure, l'avion ayant fait une escale avant d'atterrir à Paris, n'ayant pas pris le vol direct pour je ne sais quelle raison, peut-être niveau finance, ce qui était le mieux. Reece nous dégote un hôtel pas loin de la dame de fer. J'en connais un qui veut au moins se mettre bien, ça fait plaisir. Une autre question, j'hoche simplement la tête, l'homme décidant donc de quitter les lieux. Je suppose que c'est plus facile à vivre que de rester enfermer avec une personne qui ne veut prononcer un seul mot. J'peux comprendre en soi. J'profite de ce moment de solitude pour aller à la douche et me préparer, une robe à fermeture éclaire typique des années 60 avec les bottines blanches en sky qui vont avec. Mes cheveux bouclés sont relevés et maintenus par une sorte de foulard, des créoles en guise d'accessoire. Je sors finalement de la chambre d'hôtel en récupérant les clefs avec moi que j'enfouie dans mon sac à dos et me balade en direction de la dame de fer, passant par la même occasion pour une boulangerie. La dernière fois qu'on a passé du bon temps à Paris, on a surtout été dans ce coin-là. Ça ne m'étonnerait pas que Reece s'y trouve en soi. "J'sais bien qu'il y a eu une blague sur le fait que la Tour Eiffel a été déplacée mais ce n'est pas en la fixant qu'elle va bouger tu sais?" J'tente une approche comme je peux en le voyant à quelques centimètres de moi. Je me rapproche un peu plus et viens m'asseoir à côté de lui, jambes bien trop dénudées que je place sur le côté pour empêcher quelconque pervers de regarder sous la robe par faute d'une mauvaise position. J'fais tout comme lui et fixe simple le monument face à nous. J'passe mon sac en avant pour récupérer les viennoiseries et lui tends simplement un pain au chocolat chocolatine. "C'est pour toi." J'reste en silence en bouffant mon truc, m'essuyant les lèvres avec le revers de la main puis enlève les miettes tombées sur ma robe. C'est assez reposant en soi, ne ressentant pour le moment aucune gêne du fait qu'on ne cause guère. Je viens poser ma tête sur son épaule durant quelques secondes avant de finalement me redresser et aller derrière lui pour passer mes bras autour de son cou. Je l'embrasse au creux de ce dernier puis pose mon menton sur mon bras, collant ma tête contre la sienne. "Je t'aime chéri, désolée." lui murmurais-je en français. C'est la moindre des choses que de lui demander d'accepter mes excuses.

Fermant simplement les yeux, je profite de ce moment de répit, pouvant rester ainsi durant de bonnes heures je crois histoire de savourer ces caresses qui se veulent peut-être rassurantes. Du moins, c'est comme ça que j'ai envie de l'interpréter. L'anglais brise une fois de plus la glace. "On pourra oui mais faut qu'on y aille maintenant alors." lui répondis-je d'un ton doux avant qu'il ne prenne les devants en se redressant. J'reste accrochée à lui pour qu'il me remette sur pieds en même temps que lui mais le quitte rapidement pour prendre mon sac puis m'approche de nouveau vers lui. "Merci." Je baisse légèrement la tête, remettant une mèche qui s'était enfuie derrière l'oreille. Main dans la main, nous nous dirigeons vers la dame de fer, l'attente n'étant pas dure à supporter, on se retrouve rapidement en haut, l'homme m'attrapant par la taille. Je secoue la tête négativement. "Je préfère qu'on découvre des endroits que nous n'avons pas encore vu. On pourra voir une bonne partie du Louvre si on y va direct après." lui dis-je, pivotant vers lui pour me coller contre son torse. Ma main passe sous son haut et le caresse. Je me resserre un peu plus comme si je ne voulais plus le lâcher puis embrasse son pectoral qui est simplement à ma hauteur. J'me dresse sur la pointe des pieds pour l'embrasser passionnément, mes gestes en diront plus long que mes paroles, continuant ainsi à le titiller avec douceur. Bien entendu, je ne referais plus l'erreur de le faire en extérieur mais l'envie d'avoir son corps d'une manière plus intime me parcourt bien évidemment l'esprit mais on se réservera ce genre de réconciliation pour plus tard. Je  me sépare de lui pour faire le tour de la hauteur, sortant mon portable pour y faire un diaporama. Une bonne demi-heure après, on se dirige simplement vers le Louvre. Une queue est déjà bien présente mais je reste à ma place, l'homme n'allant toujours pas me suivre dans une démarche dont je suis pourtant maître. Billets achetés, nous passons. "Bon, je veux au moins voir la Joconde avant de partir." On suit les panneaux, arrivant dans les grandes galeries où les tableaux les plus connus y sont accrochés. Me pointant devant un, je souris simplement. "C'est exactement ici-même que dans les film Bande à Part The Dreamers, ils se mettent à courir." lui dis-je, un simple fait comme ça, dévorant chaque peinture des yeux au fur et à mesure que j'avance jusqu'à la petite pièce où le fameux tableau de De Vinci est accroché, l'endroit étant déjà de monde. "Bon, on ne le verra de loin, c'est déjà ça." J'hausse les épaules, la foule étant bien trop compacte pour pouvoir se frayer un chemin. "Tu savais que de base elle avait des sourcils et des cils mais qu'avec le temps ben ils se sont effacés? C'est comme pour certains tableaux qui blanchissent, souvent on entend parler de Van Gogh ou d'autres qui noircissent comme Le Radeau de la Méduse de Géricault qu'on verra probablement. Il y a trop de pigments noir à base de bitume qui s'éparpillent partout vu que ça n'a pas eu le temps de sécher, que d'ici quelques années on ne pourra plus le contempler." J'aurais dû animer des documentaires sur des chaînes spécialisées finalement, encore une branche dans ma vocation il faut croire. "D'ailleurs pour revenir sur la Joconde, tu as Picasso qui a été accusé d'avoir été complice de son vol avec le secrétaire d'Apollinaire en 1911. Le secrétaire a nié et à demandé une rançon de 150000 balles et le tableau a été retrouvé deux ans après. C'était un vitrier italien qui travaillait au Louvre qui l'avait pris." J'relève mon regard sur l'anglais en lui souriant. C'est une des anecdotes qui me fascine le plus je crois. Je quitte rapidement la salle, ne prenant même pas une photo de l'oeuvre. A part y voir des têtes dépassées, on n'y verrait pas grand chose de toute façon. Je récupère la main de mon aimé pour qu'il me suive. "Y'a le musée d'Orsay aussi qui est assez réputé ici. On pourra y aller demain ou après demain si tu te sens chaud de voir encore des peintures et d'entendre des anecdotes à tout va. Je me mords la lèvre inférieure en posant de nouveau mon regard sur lui, baissant doucement la tête avec un petit sourire gênée. J'veux pas qu'il pense que j'étale ma science, au contraire, c'est plus un don de connaissance que je veux juste lui transmettre.

Une main pour caresser ma nuque, je reporte mon regard sur l'anglais, toujours ce petit air gêné sur ma trogne. "Bon ça me rassure." que je lui dis simplement avant que nous poursuivons dans la galerie d'art. J'ai toujours une petite phrase à placer, il est vrai, lui donnant l'histoire ou même d'autres petites anecdotes rigolotes à leur sujet. "J'aurais pu oui mais à Bowen, il n'y a pas autant de choses qu'ici puis je préfère garder ces références pour mes travaux personnels." lui répondis-je en haussant les épaules. Ca donnerait matière à réfléchir et les spectateurs pourraient simplement s'amuser à retrouver les références, comme un jeu avec eux. Nous continuons un grand tour, passant aussi par la case de l'Egypte Antique avant que nous nous retournions dehors. Il nous reste encore plus de la moitié à voir, le Louvre ne se faisant pas en un jour mais nous changeons finalement de cap vers le musée d'histoire naturelle. Un regard en l'air, Reece me sort les mots de la bouche en voyant ces squelettes bondir devant moi. Je le relâche, m'aventurant toute seule en lisant chaque panneau pour mieux savoir de quoi il s'agit sur le moment, me retournant une fois de temps en temps pour voir si l'homme est dans les parages. Une ou deux heures après, on se perd finalement dans un jardin assez connu de la ville avant qu'il ne m'invite à un restaurant. On attend quelques minutes le temps que des personnes s'en aillent pour pouvoir y rentrer à notre tour sans bonder la salle. "Comme tu le sens mais les visites, ce n'est plus vraiment l'heure-là darling." J'regarde mon portable, il est à peine 19h. Une bonne heure et demi pour la tour Eiffel, arrivant finalement au Louvre vers 11h45, la file d'attente n'étant pas énorme mais assez conséquence en plus du temps qu'on a passé à l'intérieur, on peut au moins compter trois ou quatre heures puis les transports, le dernier musée et le jardin, c'est à peu près l'équivalent. Oui, comme on dit, on a vraiment enchaîné. Une bonne bouteille de vin histoire de se la jouer bien français, je commande un carpaccio en entrée et du magret au miel en suivant. Le dessert, on verra après. "Je vais chercher les endroits à faire de nuit. De ce que j'ai lu, en France ils ne vont pas reprendre les concerts de sitôt donc ce sera toujours assez restreint." Un sourire pincé, je déverrouille mon portable après avoir trinqué avec l'anglais. Ils viennent à peine de sortir de déconfinement et encore, Paris étant encore à risque à cette période bien qu'ils ont relâché un peu. "Bon ok, c'est surtout ce qu'on a déjà vu mais le soir. On aurait pu aller au Moulin Rouge mais pareil, j'crois pas que c'est autorisé encore." J'hausse les épaules. "Donc comme si tu le sens, si tu veux rentrer on rentre. Si tu veux te perdre dans les ruelles, ça me va aussi." J'lui adresse un sourire. Je récupère mon verre pour en boire une gorgée, posant ma tête au creux de ma main, accoudée à la table puis laisse glisser ma jambe pour venir caresser la sienne. Mon regard se maintient, je repose finalement le verre pour tenir sa main et la caresser du bout des doigts. "Du coup, Musée d'Orsay, j'aimerais bien qu'on aille au Père Lachaise, apparemment il est beau ce cimetière et il y a pas mal de personnalités. Et pourquoi pas les catacombes qui sait?" Je penche doucement la tête. Ce ne sont que des propositions et dans tous les cas, s'il refuse, il y aura des choses bien plus joyeuses à voir je pense.