Une invitée à la maison

Asl avait fait une certaine proposition à Ayl pendant la journée de yoga mais le jeune homme avait attendu que cet événement touche à sa fin parce que ce qu’il avait dit à l’australienne pouvait déstabiliser sa "zénitude" et ça n’avait pas loupé. Ce n’était néanmoins que la première proposition. La deuxième survenait quand le néo-zélandais parvenait à visiter l’endroit où la jeune femme parvenait à dormir, ce qui devait relever de l’exploit vu qu’on entendait une cuillère tomber chez le voisin. Ce n’était pas le moindre des maux, ce "studio" que Ayl était tellement insalubre que le jeune homme lui demandait de commencer à faire ses valises pendant qu’il cherchait une solution. D’un coup de moto, il allait voir Ais et lui parlait de la situation difficile de la jeune femme. Même si elle devait être surprise, sa sœur acceptait son idée, ce dont Asl lui était infiniment reconnaissant. Dans le contraire, il aurait trouvé une autre solution. Il allait donc retrouver Ayl et mettait fin à son bail, ce qui avait l’air de faire plaisir à son propriétaire peu scrupuleux. Il devait avoir trouvé un autre locataire à un tarif plus cher pour les mêmes "prestations".

"Je vais installer tes affaires dans ma chambre pour l’instant."

On ne pouvait pas dire qu’elles prendraient beaucoup place. Asl était étonné que la jeune femme ait si peu de valises au final, guère plus que quand il était arrivé de Nouvelle-Zélande mais Ayl était visiblement encore plus étonnée que lui de se retrouver ici.

"Je t’assure que ça ne nous dérange pas de t’héberger. Le canapé est plus confortable qu’il n’en a l’air. Je le trouve trop mou mais je suis assez spécial."

Il aimait les matelas bien durs, à se demander s’il n’avait pas "un dos de chinois" par moments, sans doute parce qu'il avait dormi pas mal de fois dans ce qui avait été pendant des années "sa deuxième famille" mais Lin n'avait pas été l'amie qu'il pensait avoir. Une chose était sure aujourd'hui, il n'y aurait pas ce type de "malentendu" avec Ayl vue la façon dont elle le regardait, elle ne se ferait pas passer pour son amie.

"On va stocker ailleurs mes habits qui ne sont plus de saison, ça te fera encore plus de place."

Que manquait-il ? Ah oui.

"Voila voila, je te souhaite la bienvenue."

Concluait le néo-zélandais en évitant de justesse de lui ébouriffer la chevelure comme il le ferait pour Ais.

Ayl avait apprécié la journée de yoga même si en suivre "les préceptes" avait été un défi avec Asl auprès d’elle et la jeune femme aime relever ce type de défis. Il faut dire qu’il ne la laisse pas indifférente, c’est même le contraire. Elle a été largement surprise par la proposition d’Asl. Une bonne surprise qui l’aidera non seulement financièrement mais en plus lui donnera une occasion de fréquenter assidûment le jeune homme et de chasser les fantomes de ses ex. Vade retro ! Le soir, elle se retrouve dans son taudis minable, seule dans son lit. On respire et on va de l’avant. Elle a déjà eu une surprise de taille aujourd’hui et ça l’étonnerait qu’une autre suive cette semaine. Mais en fait si.

- Ok.

Répond-elle quand Asl lui dit qu’il installe ses affaires. Elle a le regard d’une personne qui se demande si elle ne va pas se réveiller d’un moment à l’autre. Que s’est-il passé depuis son réveil ? Elle l’a invitée à entrer là ce qu’elle loue. Il est entré, il a regardé, il a senti. En latin, ça pourrait se traduire par "veni vidi vici" ? Il a demandé où étaient les toilettes, la salle de bain ? Dans le couloir, si c’est libre, après avoir fait fuir les cafards. Il est alors parti en te demandant de commencer à faire tes valises et elle a du mal à saisir le sens de ses dernières paroles. Séparément, les mots sont compréhensibles mais bouts à bouts …

Quand il est revenu, tout est allé très vite. Le bail résilié, les affaires d’Ayl rangées dans la voiture et Asl l’a invitée à manger à un petit restaurant sympas au bord de la mer. Et la blonde a toujours l’air déboussolée en rentrant chez son hôte ? Pardon, ses hôtes. La maison a l’air d’avoir été aérée avant qu’il revienne la chercher, tout est propre, rangé mais ça ne change guère de sa première venue ici sauf que c’est tellement différent de la première fois.

Elle est invitée à dormir ici, "quelques semaines, le temps qu’il faudra". Ayl foule lentement le sol de la demeure en rejoignant Asl. Les rayons du soleil filtrent par les fenêtres et inondent la maison. Elle respire un grand coup et observe la chambre d’Asl.

- Tu es sur que c’est nécessaire ? Parce qu’il y a déjà amplement la place.

La chambre du jeune homme est étonnamment vide. Sa sœur a visiblement vu grand pour l’accueillir à son arrivée de Nouvelle-Zélande. Un poster ferait peut-être "ado" mais pas de tableau, pas de décoration superflue. Ha si, sur une étagère, une photo d'Asl et Ais et d'eux cette fois avec leurs parents.

- C’est spartiate mais ça te va bien, puis je n’ai pas grand-chose non plus.

Si son fardeau se matérialisait, il occuperait cent maisons comme celle-ci. En tout cas, les deux tiers des étagères sont vides et à priori au moins une armoire.

- Ca ne sera pas dur de ranger mes affaires. Merci. C’est vrai que tu es spécial mais ça n’est pas un défaut.

Elle lui dit quand il lui souhaite la bienvenue. Asl est grand mais elle aussi alors elle n’a pas trop à se pencher pour déposer un baiser sur sa joue. Techniquement c’est un geste amical mais de la façon dont elle le fait, ça n’a rien d’amical. Les plus pervers de ses anciens coups l’auraient déjà culbutée sur le lit rien qu’après ce baiser mais elle n’aurait pas accepté si c’étaient eux qui l’avaient invité. Puis elle commet une erreur. Elle s’assoit sur le bord du lit et de suite, c’est le pied alors elle laisse la gravité l’emporter et se retrouver allongée en partie sur le dos. C’est sur, elle ne va pas aimer le canapé.

- Ca sera plus pratique aussi pour ce qu’on va faire.

C’est la surprise de la veille, la première surprise. Un sourire en coin à Asl et elle commence à déballer ses valises. Ca va vraiment être rapide.

- La deuxième, d’accès rapide.

Précise-t-elle quand il propose spontanément son aide. Il y a quelques lingeries dans la première qu’il vaut mieux qu’il ne les voit pas tout de suite même si ça pourrait être amusant de le voir rougir comme une pivoine. Ayl est vilaine ...

Ayl avait raison, il y avait assez de place mais la jeune femme pourrait rajouter des affaires par la suite, ce qui impliquerait qu’elle reste un peu que quelques semaines. Asl ne savait pas "sur quel pied danser" avec elle. L’australienne lui plaisait et ça semblait réciproque mais il avait besoin de la connaître un peu plus et puis il sortait toujours de sa rupture avec Mei qui avait réussi à lui briser le coeur deux fois. Sans oublier les méfaits de Lin qui l’avaient amené à ne pas être cavalier avec une certaine blonde et une certaine latine. Pour gagner du temps, il avait proposé à Ayl de la former pour qu’elle devienne une coach sportive, aidant leurs clients à une remise en forme ou un renfort musculaire. Ca lui permettrait de gagner sa vie tout en continuant à prospecter des clients, voire même de gagner de l’expérience en aidant bénévolement des associations avec ses compétences de web designer.

"Je ne suis pas très "decorum" mais tu peux décorer à ton goût."

Le jeune homme éludait quand la blonde lui disait qu’il était spécial même si ce n’était clairement pas un reproche. Il avait l’impression de le faire exprès s’il le commentait. Elle l’embrassait alors sur la joue et ça n’était clairement pas un geste amical. Il souriait en entendant ses paroles suivantes.

"Exact."

Asl préférait ne pas parler du caractère d’Ais à Ayl, il avait intimidé la surfeuse avec ça et l’actrice en avait trop fait pour être "dans les petits papiers" de sa sœur.

"A l’attaque."

Le néo-zélandais l’aidait à ranger le contenu d’une valise mais il se demandait rapidement si les étagères étaient la place idéale pour ranger les sous-vêtements et …

"Tu ne dois pas avoir très chaud là-dedans. Oh."

Il devait être aussi rouge que la nuisette qu’il examinait.

"Il fait brusquement chaud ou c’est moi ?"

En tout cas, il ne devait surtout pas penser de quoi elle aurait l'air dans cette tenue minimaliste parce qu'il savait déjà de quoi elle aurait l'air et surtout ce que ça lui inspirerait. Le jeune homme poursuivait pour chasser "les vilaines pensées" qui s'insinuaient dans son esprit :

"Tu as porté ces tenues en Italie ?"

Ayl s’est trompée de valise, c’est l’autre qui contient ce que le jeune homme découvre et elle rit même si ce n’est pas méchamment en le voyant rougir comme ça, ayant l’impression que les rôles sont inversés avec le jour ou ils s’étaient retrouvés à la journée de yoga.

- Je dirais que c’est toi sans trop m’avancer. Oh je crois que ça chauffe le partenaire ...

Elle sourit quand il lui pose cette question.

- Oui, entre autres choses et c’est un cadeau.

En les bradant, elle aurait pu se payer son loyer en retard même si ça lui aurait fait de la peine. L’australienne réalise alors qu’elle ne lui a pas beaucoup parlé d’elle jusqu’ici. S’il essayait juste de coucher avec elle, Ayl n’en ferait rien, elle coucherait avec lui puis elle passerait à un autre "coup" mais il a l’air différent des autres alors elle peut s’ouvrir davantage.

- Je pratique aussi l’équitation mais depuis que je suis toute petite moi. Ca me détend et ça fait un moment que je ne suis pas remontée sur un cheval, ça me manque.

Inutile de préciser que si elle est montée sur un étalon, ça n’était pas le même genre d’équitation. Ca n’est pas pour rien si le sexe est une des passions dans la vie d’Ayl, passion est approprié parce que c’en est même une des raisons qui la fait continuer de vivre. Asl la regardait alors bizarrement et elle finissait pas se souvenir et à comprendre pourquoi.

- Oh, je t’en ai déjà parlé pendant que tu m’as raccompagné chez moi pour me changer, avant qu’on aille faire du sport. Je suis trop jeune pour radoter.

Ou elle est juste "tête en l’air", distraite par Asl.

- Tu vois, c’était rapide.

Ils viennent de finir de ranger, l’australienne s’étant chargée des sous-vêtements en souriant. Halala, ces hommes. Quelles petites natures par moments mais lui au moins se souvient qu’elle lui avait déjà parlé d’équitation.

- Je t’ai dit que je pratiquais le surf aussi ?

A sa tête, elle lui avait déjà dit.

- Ah, et quand ?

Elle ne s’en souvenait plus du tout là par contre.

- C’est grave docteur ?

Autant le prendre avec humour puis on disait quelque chose comme "femme qui rit, à moitié dans le lit", ça devait marcher aussi avec les hommes, ça devait dépendre du caractère de chacun, chacune.

Asl se souvenait que Ayl travaillait en Italie pour rembourser ses dettes pendant les incendies et qu’elle aurait préféré aider, ce qui ne l’étonnait pas.

"C’est sur que c’est le genre qu’il vaut mieux porter uniquement dans l’intimité, un malentendu est si vite arrivé."

Le néo-zélandais la prévenait avec tact qu’il vaudrait mieux ne pas porter ça dans la maison comme par exemple devant Isa parce que sa frangine le prendrait mal et le lui ferait comprendre d’une façon plus directe. L’australienne semblait être néanmoins assez réfléchie pour ne pas faire une chose pareille. En tout cas, elle avait l’air d’apprécier son lit et le jeune homme se disait qu’il devrait dormir dans le canapé dès ce soir. Il était au demeurant satisfait que la blonde apprécie son matelas mais il ne pouvait décemment pas profiter de la situation précaire d’Ayl.

"Bien vu."

Confirmait-il quand la jeune femme se reprenait pour s’être souvenu après coup qu’elle lui avait déjà parler de cette pratique qu’ils avaient en commun puis il comprenait quand elle ne se souvenait plus du tout lui avoir parlé de surf. Du moins, il était à peu près sur d’en comprendre la raison qui n’avait rien de compliquée selon lui.

"Tu nous en as parlé quand l’initiation au yoga sur paddle a été abordée."

Il réprimait un sourire en entendant son trait d’humour avant de prendre un air faussement grave.

"C’est ce n’est pas encore trop grave alors comme il vaut mieux prévenir que guérir, le docteur préconise ce traitement."

Ce disant, il se penchait et déposait un baiser sur la joue d’Ayl, de la même façon dont elle l’avait embrassé un peu plus tôt avant de lui sourire.

"Les choses sont allées tellement vite depuis hier que tu dois être un peu troublée. Tu pourrais te reposer, ça te remettrait les idées en place puis tu pourrais travailler l’infographie si tu veux. On commencera l’entraînement demain matin."

Asl poursuivait après quelques instants de réflexion :

"A présent que tu as testé le lit, tu peux faire de même avec le canapé et tu choisiras celui que tu prefères, je dormirai sur l’autre."

Cinq minutes plus tard, elle dormait "à poings fermés" sur son lit. C’est là que l’expression "tendre le bâton pour se faire battre" semblait être plutôt adéquate. Personne n’était rentré à la maison entre-temps et Perry gardait Sio. Isa avait laissé un peu de travail avant de devoir s’absenter et Asl lui rendait service en le terminant. Une heure après, Ayl dormait toujours, elle en avait visiblement besoin aussi le jeune homme allait-il s’entraîner dans le garage. Il garait la voiture dehors, s’échauffait et déroulait les mannequins de bois avant de refaire les gestes techniques de défense et de riposte entre ses différents adversaires qui bougeaient autour de lui en tournoyant d’une façon chaotique. Autant dire qu’un instant d’inattention risquait d’entraîner une douleur cuisante. Le néo-zélandais ne s’en servait que quand Sio n’était pas à la maison parce qu’elle aurait pu se blesser en l’approchant.

Ayl sourit avec un zeste assumé de malice quand son hôte évoque le risque de malentendu si elle portait une de ses nuisettes à la maison, comprendre chez Aisling, Isaiah et Asl. Ca serait effectivement plus que problématique si l’australienne "allumait" Isaiah par mégarde, comprendre en embrasant ses sens parce que d’une part il n’est clairement pas sa cible et d’autre part elle ne compte pas séduire Asl d’une façon aussi directe. A proie exceptionnelle, tactique de séduction sur mesure.

- Ne t’en fais pas, je ne porte ce type de tenue que dans l'intimité. On va échanger les valises du coup.

Le jeune homme lui confirme alors qu’ils ont déjà parlé d’équitation avant de lui rappeler quand le sujet du surf a été abordé et la blonde se sent légèrement rosir quand il l’embrasse sur la joue. A-t-il conscience de l’allumer ? Peut-être que oui, peut-être que non mais le jeu en deviendra intéressant dès que Ayl aura retrouvé ses esprits.

- Un bon traitement, je me sens déjà mieux. Tu as raison, un peu de repos ne me fera pas de mal.

Il lui propose alors de tester le canapé avant de choisir ce qu’elle préfère et sans surprise, Ayl dort sur le lit quelques minutes plus tard. La jeune femme dort environ une heure avant de travailler sur le logo d’une boite de nuit. Plusieurs essais pu concluants plus tard, elle retrouve Asl en train de s’entraîner dans le garage qu’il a visiblement adapté avec brio. Isaiah ne doit pas y être étranger. Essayant de ne pas focaliser sur son corps bien foutu, Ayl l’observe se défendre contre "les attaques" des pantins de bois et se surprend à avoir la même pensée que Han Solo quand il assiste au premier entraînement de Luke au sabrolaser, l’apprenti jedi ayant alors repoussé des tirs de drone avec les yeux bandés. Contre un manieur de couteau aussi perfide que l’australienne, ce serait tout autre chose.

- Ta défense est impressionnante.

C’est le type de phrase qui donne l’impression qu’il y a un "mais" non formulé et c’est d’ailleurs le cas.

Asl s’entrainait toujours lorsqu’il se rendait compte que Ayl le regardait et le jeune homme arrêtait tout le système avant de se tourner vers elle, c’était plus sur !

"Bien dormi ?"

Commençait-il par lui demander. Elle lui disait alors que sa défense était impressionnante mais il notait une certaine subtilité dans le ton de sa voix et il souriait.

"Merci. Ma défense est impressionnante, mais ? J’ai l’impression qu’il y a "mais" qui va suivre ou qui aurait pu suivre."

Il l’observait en disant ça. La blonde avait un corps assez fin et élancé mais ses muscles étaient fermes et ça n’était pas du seulement à son coté sportif. L’australienne avait une façon de se mouvoir digne d’une féline, d’une panthère. Il était à peu près certain qu’elle savait se battre. Si elle avait vu une faille dans sa défense, il lui saurait gré de lui en parler ou mieux, de la lui montrer "en l’attaquant" même s’il doutait qu’elle puisse vraiment avoir vu une ouverture après avoir passé si peu de temps à l’observer. La jeune femme pouvait-elle avoir un coup d’œil aussi acéré ? Il s’épongeait le visage avec sa serviette et buvait une gorgée d’eau en attendant la réponse de la jeune femme, ou plus logiquement en l’écoutant.

La scène que Ayl regarde lui faisait penser à une certaine lecture qu’elle a eue pendant ses études. Dans la saga de Dune, la sainte Alia s’entraîne sans relâche avec des sortes d’automates armés de lames effilées pour leur part mais son ballet mortel faisait penser à ce qu’elle avait sous les yeux. C’est dire si elle trouve ce spectacle fascinant. Puis Asl comprend le "mais" dissimulé dans ses paroles, peut-être pas assez bien finalement.  Au temps pour elle mais elle se doit de ruser en la circonstance, dont acte.

- Ta défense est impressionnante mais c’est trop tôt pour te parler de mon ressenti. Ca sera pour une autre fois. Continue ton entraînement, j’ai encore du travail. Je ne sais pas si Aisling et Isaiah rentreront bientôt mais si vous avez besoin d’aide pour aller faire les courses ou faire la cuisine, je pourrai aider.

L’australienne connaissait à peine le néo-zélandais et il serait très prétentieux de le mettre en défaut dans son art martial. En plus il manquait un couteau en caoutchouc induit d’un marqueur noir ou rouge pour montrer par des traces significatives le point faible dans la défense du jeune homme puis Ayl se demandait si elle devait lui montrer cet aspect de sa personnalité à savoir son talent morbide pour le maniement des armes blanches. Ca ne doit vraiment pas être rassurant de vivre auprès d’une personne douée avec un couteau et pas  seulement en cuisine mais pour mutiler et tuer, deux choses qu’elle a faites par vengeance.

- A toute.

Un grand sourire pour Asl et elle retourne travailler sur des clients potentiels à Bowen. La jeune femme aime bien travailler assise en tailleur sur ce lit avec l’ordinateur portable sur les cuisses. C’est juste qu’elle aimerait faire rentrer davantage les rayons du soleil mais son outil de travail ne les aime pas, lui.

Ayl semblait avoir vu quelque chose qui échappait à la perception d’Asl mais elle préférait ne pas lui dire son ressenti aujourd’hui, ce qui était tout à son honneur. Elle lui disait ensuite de continuer son entrainement, ayant encore du travail sur son ordinateur portable.

"J’ai presque terminé mais on fait comme ça."

Le jeune homme ressentait une sorte de dilemme après le départ de la jeune femme. S’il la laissait livrée ainsi à elle-même, il serait un mauvais hôte mais s’il la collait, il serait … Collant. En fait il doutait que sa présence importune l’australienne, ce serait même plutôt le contraire. Même un jeune homme pas spécialement doté d’une perception humaine très sensible comme lui se rendait compte qu’il plaisait et c’était réciproque. Il désirait néanmoins qu’ils se connaîssent davantage et ça confirmait qu’il était indéniablement demi-sexuel, ayant besoin de tisser des liens avec une jeune femme avant d’être intime avec elle. C’était pour ça qu’il n’aurait pas pu coucher avec Lin et qu’il n’y avait rien eu avec Ana, il ne le ressentait pas. Asl rangeait son matériel, garait la voiture familiale dans le garage et allait prendre des habits propres dans la chambre.

"Je vais prendre une douche. Ca te dirait d’aller manger un morceau dehors ?"

Disait-il en la voyant installée sur le lit avec une satisfaction évidente. Très peu d’occidentales auraient pu dormir sur son matelas beaucoup trop dur. Ayl lui répondait d’une façon positive et spontanée qui lui faisait se demander si elle n’était pas embarrassée de prendre une part du repas familial. Si c’était le cas, il espérait que ça lui passerait parce que sa présence ne dérangeait pas. Si c’était le cas, Ais lui dirait.

"Très bien, tu pourras prendre une douche aussi avant qu’on sorte si tu veux. Après moi. Prendre une douche après moi."

Il n’avait pas besoin de le préciser mais c’était mieux d’éviter tout malentendu. Il prenait donc une douche rapide avant d’enfiler un jean et un t-shirt un peu plus "habillé", une paire de converse all-star plus une veste légère en cuir s’ils rentraient tard avant de laisser un mot pour prévenir la famille qu’ils mangeaient dehors. Sa grande sœur l’aurait prévenu si elle avait prévu quelque chose pour le premier jour d’Ayl à la maison.

Ayl est en train de travailler sur son pc portable qui rame plus encore qu’un galérien mais ça lui permet de réfléchir à sa prochaine action, on se console comme on peut et la jeune essaie de voir le coté positif à toute situation. Il faut dire qu’elle apprécie la tournure que prennent les événements, surtout quand Asl passe prendre des habits propres et lui demande si ça lui dit d’aller manger un morceau dehors.

- Bonne idée.

Dit-elle aussitôt et peut-être un peu trop spontanément. C’est que Ayl préfère jouer les invitées discrètes. Ca ferait désordre si la famille du jeune homme la trouvait envahissante dès le premier jour et même envahissante dès la première semaine et même envahissante tout court. Puis la façon dont Asl précise qu’elle prendrait une douche après lui, après lui hein, ça la fait sourire et elle passe une langue gourmande. Elle sent qu’elle va bientôt le croquer.

- Je pourrais te savonner le dos.

Trop tard, il est déjà dans la salle de bain mais en fait c’est mieux qu’il n’ait pas entendu finalement.  Elle ne veut pas le braquer, les hommes peuvent être tellement sensibles sous des airs de durs à cuire. Ca serait bien qu’elle regarde un film émouvant avec Asl et sa famille, un de ces films ou les hommes se retiennent tellement de pleurer que ça fait rire les femmes. Ca serait juste une taquinerie …

Ayl se douche après son hôte et enfile une petite robe histoire d’embraser les sens du mâle puis ils vont diner en moto. C’est une grosse cylindrée et ça étonne la blonde qu’il aime l’équitation et les motos parce qu’en général ça n’est pas le cas, on aime soit l’un, soit l’autre. Ceci dit, elle monte à cheval depuis bien plus longtemps que lui et n’a jamais détesté monter sur une moto, même si elle n’a jamais appris à en conduire une. Puis les généralités sont un peu trop générales. En plus elle peut se lover à lui parce que sinon "elle risquerait de s’envoler" et ça n’est pas crédible à ses propres oreilles mais ça fait partie de leur jeu.

- Je ne connaissais pas ce coin.

La jeune femme dit ça avec un ravissement visible les trois fois où il lui montre un coin qu’elle ne connaissait pas jusqu’à ce soir. Il reste un paquet de coins qu’elle ne connaît pas encore dans la région de Bowen et Asl lui en montrera sans doute parce que s’il n’est pas en Australie depuis longtemps, environ deux ans si elle a bien compris, il est installé à Bowen depuis bien plus longtemps qu’elle.

Asl et Ayl étaient donc sortis manger un morceau. C’est sur qu’à la façon dont la jeune femme s’accrochait à lui en moto, elle ne risquait pas de s’envoler. Le néo-zélandais se sentait bien en sa compagnie alors qu’il la connaissait depuis si peu de temps. Ca n’avait peut-être rien à voir. C’était peut-être dans sa tête. Il se sentait bien avec l’australienne tout en comprenant aisément qu’ils ne seraient pas amis. Il y avait des moments où la tension sexuelle entre eux semblait "à couper au couteau". Pourtant, il hésitait à franchir le pas, préférant la connaître davantage. Il lui montrait des coins qu’elle ne connaissait pas encore à Bowen, ce qui n’était pas dur dans le sens où elle était arrivée depuis peu. Ils mangeaient dans un petit restaurant familial, ils discutaient de tout et de rien et parfois ne disaient rien, sans que ça les mette mal à l’aise. En même temps, c’était aussi dans ces moments-là que la tensions sexuelle était la plus forte entre eux. Elle l’était tellement que même de parfaits étrangers la ressentaient et s’échangeaient des sourires entendus. Si son hétérosexualité n’avait pas été innée pour lui, il aurait pu éventuellement commencer à nourrir un doute. Ce soir-là, il avait l’impression qu’il y avait quelque chose dont Ayl ne lui parlerait pas. Il avait la sensation qu’elle avait fui Sydney et qu’elle ne lui dirait jamais pour quelle raison. On aurait pu arguer que ça ne le regardait pas mais s’ils devaient devenir intimes comme la jeune femme le désirait de toute évidence, Asl avait aussi besoin de connaître cette partie de sa vie. Peut-être qu’elle se confierait quand elle se sentirait en confiance, peut-être qu’elle se lasserait et passerait à autre chose ou peut-être qu’elle le plaquerait dès qu’ils auraient couché ensemble. Après sa rupture, Asl ne se sentait pas près non plus à subir une autre déconvenue sentimentale.

Malgré ses doutes qu’il chassait régulièrement de ses pensées, le néo-zélandais passait une bonne soirée avec la blonde et ils ne voyaient visiblement pas le temps passer vu qu’il était presque minuit quand ils rentraient à la maison. Asl poussait la moto sur les vingt derniers mètres pour ne pas risquer de réveiller sa famille. Il garait le bolide dans le garage puis la jeune femme et lui rentraient toujours sans un bruit dans la maisonnée endormie. Il se rendait ainsi compte que Ayl était encore plus furtive que lui, ce qui n’était pas peu dire. Ils se souhaitaient bonne nuit à voix basse et Asl allait dormir comme prévu sur le canapé.

Vers deux heures du matin, il ressentait un petit creux et c’est à moitié endormi qu’il allait boire un verre de lait. En fait il dormait presque debout et retournait se coucher avant de s’écrouler sur le plancher, ce qui ferait quelque peu désordre. Avant de sombrer dans un sommeil profond quelques instants après avoir ressenti avec plaisir le contact de son matelas, le jeune homme se disait qu’il y avait quelque chose dont il aurait du se souvenir mais il était déjà endormi.

Les rayons de soleil dardaient par la fenêtre au petit jour, Asl dormait à poings fermés dans sa chambre, dans son lit et il n’était pas seul parce qu’il avait oublié que c’était Ayl qui était censée y dormir et d'ailleurs elle y avait également dormi.

Ayl se sent bien auprès d’Asl et ça ne lui est plus arrivé depuis … Longtemps. Oh, elle a ses joies dans la vie, à savoir surtout le sexe, à savoir les aventures sans lendemain mais ça n’est pas la même chose. Le seul problème avec ce jeune homme, c’est qu’elle n’arrive pas à lui parler de Sydney. Non, c’est plus que ça. Elle ne peut pas lui parler de sa zone d’ombre, de son coté obscur. Il la regarderait comme un monstre. Sans doute parce qu’elle se considère comme tel. Elle a du sang sur les mains et assouvir sa vengeance ne lui a même pas apporté la paix. Le néo-zélandais lui apporte en grande partie cette paix même si elle aimerait se confier. Il y a aussi cette tension sexuelle entre eux. Une chose est sure, il ne la voit pas comme une amie et ça n’est pas dommage.

Les deux jeunes gens rentrent tard et l’australienne se fait aussi silencieuse que son hôte pour ne pas réveiller ses autres hôtes. Il dort sur le canapé comme prévu et Ayl renonce de justesse à lui proposer de partager le lit "en tout bien tout honneur" parce qu’elle ne le pensa absolument pas. La jeune femme s’installe donc dans ce lit confortable mais trop grand pour elle et puis son oreiller ne lui semble plus si confortable que ça. Il ne le semble pas jusqu’à un moment dans la nuit où il devient très confortable ! En fait, il le devient à un point que ça amène la blonde à quitter le monde des rêves. C’est là qu’elle réalise qu’elle a niché sa tête au creux de l’épaule d’Asl profondément endormi. Sur le coup, elle se dit que ça devait être encore un rêve et heureusement elle comprend que ce n’est pas le cas sinon elle aurait un geste pour le moins déplacé. Comme elle ne rêve pas, la jeune femme comprend que son hôte avait du se lever pour une raison x ou y mais dans un état proche du sommeil, qu’il a oublié certaines choses et s’est couché naturellement dans son lit. Ce raisonnement "intuitu personæ" aboutit à un état d’esprit de la jeune femme.

Elle est ravie.

Se lovant un peu plus à Asl, l’australienne s’endort à nouveau mais cette fois avec un sourire "d’une oreille à l’autre", bercée par les battements de cœur ralentis du jeune homme. L’aurore la retrouve dans la même position, l’enlaçant cette fois et avec ce même air enjoué sur le visage.

Asl se réveillait au petit matin. Il ouvrait lentement les yeux et faisait mine de s’étirer avant de se rendre que quelque chose pesait sur son épaule. C’est là qu’il découvrait avec étonnement la présence d’Ayl à ses cotés et qu’il se rendait qu’il dormait dans le lit qu’il avait laissé à la jeune femme la veille. Avait-il fait une crise de somnambulisme ? Ca serait bien la première fois mais il se souvenait alors s’être levé dans un état de demi-sommeil pour boire un verre de l’eau avant d’aller dormir auprès de l’australienne qui avait de toute évidence pas pris cette erreur pour une tentative d’agression sexuelle et partagé volontiers le lit avec lui, au point de se coller contre lui et de faire de l’épaule d’Asl son oreiller. Etrangement, il n’avait pas autant les muscles lourds que lorsque Mei faisait ça. La jeune femme avait du mieux répartir le poids de son corps, un peu comme quand un homme et une femme faisaient l’amour dans la position dite du missionnaire. Il y avait ceux qui pesaient de tout leur poids sur leur partenaire, ce qui était moins agréable pour elle qu’un amant qui faisait davantage peser le poids de son corps sur ses cuisses, ce que le néo-zélandais estimait être la moindre des choses mais il valait sans doute mieux qu’il évite ce genre de pensées avec la blonde dans ses bras pour ainsi dire. Etant donné que personne n’a une haleine fraîche au réveil et au demeurant Asl n’y faisait pas exception, il quittait le lit en faisant bien attention à ne pas réveiller l’australienne avant d’aller se brosser les dents, de se raser et de prendre une douche discrètement histoire de ne pas réveiller la famille et leur invitée.

Il faudrait qu’il pense à placer des bonbons pour l’haleine à coté du lit.

Asl se demandait pourquoi il pensait une telle chose, dans le sens où il allait présenter ses excuses à son invitée, qu’il lui laissait évidemment toujours le lit et ne recommencerait pas un geste aussi déplacé liée à un oubli embarrassant. Ca l’était pour lui en tout cas.

Tout le monde dormait encore lorsque le sportif allait préparer le petit déjeuner pour tout le monde. C’est là qu’il entendait le léger bruit de la douche. C’était trop tôt pour Ais et Isa aussi en concluait-il que Ayl avait du se réveiller à son tour, à raison puisqu’elle le rejoignait quelques minutes plus tard, toute fraîche, toute propre et en survet’ tout comme lui.

"Bonjour ..."

Demandait-il sur un ton assez bas pour n’être entendue que par elle.

"Je suis désolé pour … L’oubli. C’est gênant."

C’était gênant pour Asl mais le sourire de l’australienne et ses propos lui confirmaient qu’elle ne le prenait pas mal et même qu’elle le prenait bien.

"Ca me rassure mais je ne le referai pas. Bien dormi ?"

Ayl se réveille petit à petit sous les doux rayons du soleil, elle s’étire avec langueur telle une féline, ouvre les yeux et s’aperçoit qu’elle est seule, ce qui lui fait pousser un léger soupir de dépit. Asl a du être embarassé en se réveillant dans cette situation et il est allé se réfugier dans la salle de bain. La jeune femme se lève, s’étire encore, prend des affaires propres et risque un œil hors de la chambre. La salle de bain a l’air inoccupée, personne à droite, personne à gauche. Elle fonce et se prépare vite et bien, ce qui est le contraire de lentement et mal. Elle n’oublie pas de se brosser les dents, c’est pour l’haleine. Il faudrait prévoir des trucs pour l’haleine, comme un mini spray ou des trucs à sucer. Des genres de bonbons. La jeune femme enfile son survet’ une fois propre, n’oubliant évidemment pas que l’entrainement commence aujourd’hui puis elle rejoint Asl en cuisine. Ils sont les plus matinaux visiblement.

- Salut.

La blonde lui répond aussi tout bas pour ne pas réveiller l’autre … Pour ne pas réveiller le couple de la maison parce que le jeune homme et elle ne sont pas un couple. Pas encore. Asl dit alors qu’il est désolant pour l’oubli, que c’en est gênant, ce qui la fait sourire.

- Non ça va, il n’y a aucun problème.

Ce qu’il ajoutait transformait le sourire d’Ayl en légère grimace.

- J’ai super bien dormi mais tu ne le referas pas dans le sens où on va partager le lit ce soir et ça n’est pas négociable.

Quinze minutes et un petit déjeuner avalé plus tard, le néo-zélandais était persuadé de la bonne volonté de la jeune femme, "de son sens sacrifice" et ils entamaient une journée d’entraînement même si Asl testait surtout l’endurance d’Ayl. Le premier jour, elle n’était pas à fond mais lui encore moins à priori. Le deuxième jour, elle était à fond mais lui non. Le troisième jour, il la ramenait à la maison sur son dos. Elle titubait vers la salle de bain, à bout de force.

- Tu … Tu ne serais pas … Steve Rogers ?

Elle a tout mis dans une course d’endurance qui l’avait mise en nage alors que lui a à peine un peu de sueur sur le front et semble à peine échauffé ! Il est increvable, se dit-elle sous la douche avant de penser à ce que doit donner une telle endurance pour un sport beaucoup plus … De chambre. Ca fait naître un sourire coquin mais ils n’ont pas encore … Franchi le pas. Alors Ayl se doute que le jeune homme aimerait la connaître mieux, lui qui ne lui cache rien hormis qu’il ne parle pas de ses ex, ce qui est mieux comme ça, ça signifie raconter pour elle sa vie à Sydney ...