(nevaeh) coming home

La brune roulait les yeux vers le ciel en laissant s'échapper un léger : « Ouais, c'est ça » juste avant de rire aux propos de son ami. Allen représentait, à l'instant même, le parfait dragueur typique dont la réputation le précédait. La faute à qui, avait-elle envie de dire. À voir comment il se comportait avec les femmes, il n'était que le seul fautif d'un tel renom. Si quelques femmes ne voyaient que ça en regardant le bel Italien, pour Nevaeh les choses étaient bien différentes. Quand on perçait la carapace du brun, on rencontrait son coeur, sa gentillesse, sa grande générosité, son dévouement pour les gens qu'il aime et qui entouraient sa vie. Si la journaliste avait fini par craquer pour lui, un soir où tous les deux avaient clairement exagéré et sur l'alcool et sur la limite permise, ce n'était certainement pas seulement pour ses beaux yeux. Parce que Nevaeh, elle n'était pas comme ça. Elle ne s'amourachait pas du premier venu à la belle gueule, bien qu'elle ait eu beaucoup de beau parler dans sa vie, elle s'attachait d'abord et avant tout à la personnalité. C'était aussi le cas de Felix, le meilleur exemple de la vie de la brune. Il avait beau être le pire des enculer quand il était question d'amour, mais avant même de parler de ça, elle était tombée amoureuse de sa personne, leur amitié qui était née bien avant l'amour entre eux. Malheureusement, il s'était avéré être un con, commettant l'adultère sur non seulement sa petite amie, mais surtout sa fiancée. C'est ce dont elle parla avec Allen, Felix, le mariage annulé, les tromperies, son retour à Bowen. Et bien évidemment, son ami ne fit pas heureux d'apprendre que la vie de la belle Rutkowski semblait brisée. Et c'était plutôt ironique de parler de ça avec lui. D'une part, parce qu'Allen avait déjà trompé dans sa vie, mais aussi, et surtout, parce qu'ils avaient eu une aventure tous les deux. Les mots ne servaient plus à grand-chose, elle avait besoin de fort. De fort et de temps. « Je ne sais pas si ça fonctionnera, mais je sais qu'en parler des tonnes ne règlera pas mes problèmes... », souffla-t-elle en s'emparant de son verre. « Mais promis, juré, craché que si j'ai besoin d'en parler, je viendrai te voir », lui lança-t-elle en crachant sur les pieds d'Allen pour sceller sa promesse. « Oups », fit Nevaeh, posant une main sur sa bouche, réalisant qu'elle venait de le viser lui plutôt que le sol, juste avant de rire. « Pour me changer les idées j'ai besoin d'alcool et de danser. T'es partant ? », demanda la brune en souriant, puis en tendant la main devant elle. « Mais avant... » Elle agitait les doigts, la paume tendue vers lui, pour qu'il y dépose ses clés de moto. Impossible qu'il conduise après la soirée qu'elle leur réservait.

Bon, tu regardais quand même autour de toi pour voir qui est-ce qui te regardait. Même si cette fille semblait charmante et très séduisante, ton regard se tournait immédiatement vers celui de ton amie. Nevaeh était une des seules personnes à te connaître réellement, à ne pas t'avoir juger lorsqu'elle t'a rencontré. C'était l'une des rares personnes, enfin l'une des rares filles, à l'avoir fait. Elle savait comment te parler, elle savait qui tu étais réellement. C'était la perle rare, cette femme là. Et même si vous aviez couché ensemble une fois, elle n'était pas partie en courant après cette brève histoire d'une nuit. Heureusement, parce que tu ne savais pas trop ce que tu aurais fais sans elle, après ça. Ca t'avait couté une histoire d'amitié, au départ. Mais ton ami avait apprit à te pardonner, lorsque tu t'étais excusé pendant toute une nuit alors que tu étais totalement sous l'emprise de l'alcool. La belle Rutkowski te raconta alors ses déboires amoureux avec son ancien fiancé. Quelle surprise de l'avoir su fiancé ! De ton côté, tu pensais qu'elle finirait sa vie avec CJ et qu'ils finiraient pas se mettre la bague au doigt. Elle n'avait pas eu de chance, et tu te sentais mal pour elle. Mais il semblait qu'elle avait rencontré quelqu'un d'autre et ça te faisait plaisir à entendre. « Oui, c'est sûr ! » dis-tu en souriant à la jeune australienne. Lorsqu'elle te promit de te parler si elle avait quelque chose sur le coeur, elle cracha littéralement sur tes pieds. « Héééééé ! Ca j'te permet pas » dis-tu surpris, les yeux écarquillés. Tu essuyais ta chaussure avec le rebord du bar. Elle te dit alors que pour oublier, elle avait besoin de boire et de danser. « Mais je suis toujours partant pour ce genre de choses, tu le sais » répondis-tu en lui faisant un clin d'oeil. Mais avant elle tendait la main vers toi. Tu savais très bien ce qu'elle voulait. Les clefs de la moto pour ne pas conduire bourré. Tu soufflais et tu sortais les clefs de ta poche pour lui donner. « C'est bien parce que je t'aime que je fais ça » soufflas-tu en lui tenant le regard. « Du coup... shooter ? » proposas-tu à la brune avec un sourire malicieux.

Elle en avait marre d'en parler, Nevaeh. Parce qu'au fond, qu'est-ce que ça changeait, qu'elle se lamentait ? Tout ce qu'il lui restait à faire, c'était d'accepter qu'elle avait été trahie par des hommes qui avaient miné sa confiance et qu'elle se convainque d'éviter ce genre de situation à l'avenir. Il fallait qu'elle apprenne à lire les signes, à comprendre quand un mec ne tenait pas réellement à elle plutôt que de laisser son coeur s'attacher trop rapidement. C'est ce qu'elle tenterait de faire avec Juliann, pour éviter d'être blessée à nouveau. Elle chassait donc cette discussion, non pas sans promettre à Allen qu'elle viendrait lui parler si elle avait besoin de ventiler, de se confier ou de réconfort. Et là-dedans, il était doué, Allen. Il faisait les meilleurs câlins du monde, de ceux qui faisaient tout oublier. Pour sceller sa promesse, Nevaeh cacha au sol, mais visa plutôt les chaussures de son ami que le sable du bar de la plage. « J'suis désolée, c'était tellement pas ce que je visais », s'excusa-t-elle. Maladroite comme elle l'était, il aurait fallu qu'elle s'y en attendre, à ce qu'elle vise mal. Puis, sans attendre, elle lui proposa, pour oublier cette discussion, mais aussi ces échecs lamentables, de danser et boire toute la nuit, de faire la fête comme ils en avaient l'habitude quand elle était de passage à Bowen. Mais avant ça, il lui fallait ses clés de motos. Sans quoi, elle n'accepterait pas la tournée de shooter qu'il était sur le point de lui proposer, elle le connaissait par coeur. « Tu dormiras chez moi, si vraiment t'es trop saoul pour trouver le trou de ta serrure », gloussa-t-elle en accrochant les clés de l'engin à la bretelle de son soutien-gorge, comme ça, elle était certaine qu'il oserait pas venir les récupérer. « À moins que tu te trouves une conquête pour la nuit. J'ai pas trop envie que tu la ramènes dans mon salon, Allen. » Et, sans attendre, il lui proposa cette fameuse tournée de shooter à laquelle elle s'attendait. « J'ai cru que t'allais jamais le proposer ! Téquila ? »

Tu comprenais totalement que Nevaeh n’est pas envie de s’étaler plus sur sa vie sentimentale. Tu avais fais la même chose, lorsque tu avais croisé Andeana en ville et qu’elle t’avait tiré les vers du nez, quelques années plus tôt. Alors tu respectais son choix et tu lui proposais de tout oublier en passant une bonne soirée avec toi. Lorsqu’elle promettait de te parler si elle se sentait triste ou qu’elle avait besoin de vider son sac, elle cracha. Mais littéralement, et ça t’avait surpris, il faut avouer. Tu étais choqué, mais d’un autre côté, ça te faisait rire. « Qu’est-ce que je vais faire de toi, Rutkowski ? » dis-tu en lâchant un rire. Cette soirée promettait d’être riche en alcool et en débauche. Tant mieux, tu en avais besoin parce que ces derniers jours avaient été un peu morose. La brune tendait sa main et tu y glissais tes clefs de moto à l’intérieur pour ne pas rentrer sous l’effet de l’alcool. En soi, c’était une bonne idée. « Serait-ce une invitation ? » demandas-tu à la jeune femme en lui faisant ton regard charmeur. « La seule conquête que je ramènerai ce soir, c’est toi Nev ! » ajoutas-tu, toujours avec ce regard malicieux. Il était tant de commencer cette soirée comme il se le devait et d’oublier, comme vous vous l’étiez promis. Alors tu proposas à l’australienne de commencer par une série de shooter, et elle semblait être de cet avis. « Quatre shooter de téquila ! » demandas-tu au barman après que la journaliste ait choisi le genre d’alcool pour vos shooters. Il fallait commencer fort, alors deux chacun, c’était une bonne idée. Ils arrivèrent assez vite, devant vous. « A notre belle amitié qui dure depuis tant d’années » dis-tu en venant claquer ton verre contre celui de la brune avant de l’avaler cul sec.

Qu'est-ce que ça pouvait changer de parler en boucle de son mariage raté? Sauf, peut-être, lui construire une opinion des hommes encore plus répugnante que ce qu'elle avait déjà à présent. Mais elle promettait tout de même d'être honnête avec Allen parce qu'au fond, il était l'un de ses meilleurs amis et la brune savait à quel point elle pouvait compter sur lui. Leur relation était restée intacte, malgré cette erreur d'une nuit, ce glissement entre eux qui, pour d'autres, auraient pu être fatal. Alors, pour sceller cette promesse, évidemment, elle cracha. Juré, craché, que l'on disait. Non ? Allen en riait, trouvant la situation cocasse. « J'sais pas moi-même ce qu'on pourrait faire de moi », fit-elle en haussant les épaules et en riant avant de lui promettre aussi une soirée riche en plaisir, et en alcool. Ils en avaient sans doute besoin un peu tous les deux, de se laisser aller. Et si Allen, lui, tenait plutôt bien l'alcool, Nev ne pouvait en dire de même pour elle. Et qui de mieux que son meilleur copain pour l'épauler durant cette soirée où elle ferait sans doute n'importe quoi? « Évidemment », répondit-elle, taquine, alors qu'il se questionnait sur son sérieux à l'inviter à dormir. S'il était charmeur, elle répondait avec le même regard. « Me dis pas ça, ce sont des plans pour qu'on quitte le bar tout de suite », ajouta-t-elle en lui accordant un clin d'oeil taquin. Et quand enfin les shooters firent servis, elle en leva un pour trinquer avec lui. « Et qui durera toujours! »