(tahlia) it's a brand new day

Tu étais revenu à Bowen depuis quelques semaines maintenant, et tu avais enfin ouvert ton restaurant. Enfin restaurant, c'est un bien grand mot, c'est plus un casse-croute, un fast-food, enfin un truc pour dépanner quoi. Mais c'est ça qui marchait du côté des surfeurs, sur la plage. Entre deux vagues, ils venaient souvent manger un morceau, boire un coup, prendre une glace et après repartir dans les vagues. Et puis la plupart des clients étaient tes potes, avec qui tu avais l'habitude de surfer donc tu connaissais plutôt bien ta clientèle et ses besoins. Mais il fallait que tu te trouves quelqu'un pour bosser avec toi, histoire de souffler un peu et d'avoir moins de boulot que d'habitude. C'était dur de travailler tout seul, il te fallait au moins une ou deux personnes pour t'aider. Tu ne te plaignais pas, parce que c'était ton rêve de faire ça, d'ouvrir ton propre business. Tu avais posté une annonce sur internet et tu avais eu quelqu'un qui avait répondu à l'appel. T'avais pas forcément pris le temps de tout regarder, tu avais survolé un peu le CV de la personne mais elle semblait motivé alors tu l'avais invité à venir sur place pour faire un entretien et voir si elle ferait l'affaire ou pas. Tu avais ouvert un peu plus tôt ce matin, exprès pour ce rendez-vous parce que tu savais qu'il n'y aurai pas énormément de passage. Les portes étaient ouvertes et tu étais entrain de débarrasser les chaises qui étaient sur les tables en attendant ta peut-être future employée.

Tahlia ne pouvait plus rester au Chiki Boom, notamment à cause du travail de nuit qui ne correspondait plus au mode de garde de Thaïs. Alors, elle avait posé sa démission en fin de semaine, juste après avoir rendu les clés de son appartement. C'était un bouleversement total, mais Tahlia ne voulait pas laisser le stress la succomber. Elle préférait se dire que tout cela était pour offrir une vie meilleure à son bébé. Mais elle voyait les regards inquiets de ses parents, qui s'empêchaient probablement de dire ce qu'ils pensaient réellement, pour ne pas la blesser. Ils avaient confiance en Tahlia, ils savaient qu'elle allait rebondir, mais il y avait un enfant auprès d'elle, elle ne pouvait plus se permettre de telles folies. Heureusement, Thaïs était avec Carter. Tahlia avait donc pu vider son appartement, sereinement, rassurée à l'idée de savoir que sa fille était avec son père. Puis, elle avait commencé à chercher du boulot, à déposer des CV en main propre et sur internet. Ce fut d'ailleurs par mail qu'elle répondit à l'annonce d'un propriétaire d'un snack en bord de mer, qui la recontacta rapidement pour convenir d'un rendez-vous. Tahlia avait soigné son apparence, elle qui se contentait d'un chignon mal-fait et de vieux jeans, ces derniers jours. Et la voilà en route pour son entretien. Arrivée près de l'établissement, elle constata que l'emplacement était idéal. Il manquait de snacks où les surfeurs pouvaient manger un bout avant de repartir sur leurs planches. Elle s'avança jusqu'à la porte ouverte, où un homme s'affairait déjà. "Bonjour." dit-elle d'une voix joyeuse. Mais quand l'homme se redressa et se tourna vers elle, une exclamation de surprise s'échappa de ses lèvres. "Oh !" Elle avait déjà croisé cet homme au 17. "On se connaît, non ?" dit-elle avec un sourire, même si elle avait déjà sa réponse. C'était Allen, un très bon ami de Freja. Tahlia l'avait déjà vu quand il rendait visite à son ex-colocataire. Même s'ils n'avaient jamais vraiment parlé, il avait une belle gueule qui faisait que l'on se souvenait de lui...

En dépliant toutes les chaises et en plaçant les tables, tu te disais vraiment que tu avais besoin de quelqu'un pour t'aider. Parce que ça te faisait perdre du temps sur l'ouverture et sur les clients à servir qui était déjà là, les surfeurs vachement matinal. Tu les voyais déjà se déchainer sur les vagues qui étaient pas trop mauvaises ce matin. Et puis, tu étais jaloux de pas profiter autant que tu le veux des vagues et de ton entourage. C'est surtout pour ça que tu étais revenu à Bowen. La personne que tu avais contacté était déjà arrivé, tu l'avais entendu te saluer alors que tu positionnais les tables correctement. « Bonjour, un instant, j'arrive » dis-tu un peu fort pour qu'elle t'entende. Tu finis vite fait d'installer la table que tu étais entrain de te préparer avant de te retourner vers la personne. Tu fus aussi surprise qu'elle, parce qu'elle t'avait reconnu et toi aussi tu l'avais reconnu. « Oh oui, on s'est déjà vu » répondis-tu en lui accordant un sourire. Tu avançais vers elle pour la saluer et tu cherchais bien où tu avais pu rencontrer cette jeune femme. Mais oui, au 17, lorsque tu allais voir Freja. « T'es une amie de Freja, non ? » demandas-tu quand même pour éviter de te planter, parce que t'aurais l'air d'un idiot sinon. Même si c'était ta spécialité de passer pour un idiot de compétition. Tu lui fis signe de te suivre pour qu'elle s'installe au comptoir et tu allais te faire couler un café. Il était super tôt quand même, surtout pour un type comme toi qui préfère dormir le matin. « Un café ? » proposas-tu à la jeune femme alors que le premier venait tout juste de finir de couler.

Alors qu'elle était arrivée au snack et qu'elle avisa de sa présence, elle entendit la voix du jeune homme lui demander de patienter, en attendant qu'il termine sa mise en place. Quand cela fut fait et qu'il se tourna vers elle, la surprise se lut sur leurs deux visages. Tout simplement parce qu'ils se connaissaient déjà. Allen était donc le fameux Monsieur Tedeschi avec qui elle avait échangé par mail. Alors qu'il s'avança jusqu'à elle, elle constata qu'il essayait de la remettre dans un contexte. Il l'avait vu en coup de vent à l'appartement. Tahlia, elle, avait prêté davantage d'attention au grand brun italien, parce qu'il avait parfois été le sujet de conversation avec Freja. ALors, forcément elle avait pris davantage de temps pour observer le jeune homme. Toutefois, il ne se trompa pas vraiment, puisqu'il rattacha directement Tahlia à Freja. "C'est exactement ça. Amie et ex-colocataire." répondit-elle avec un sourire. Puis, il l'invita à le rejoindre au niveau du comptoir où elle s'installa. Quand il lui proposa un café, la jeune femme refusa avec un sourire. "ça ira, merci." Elle était déjà à 16 de tension en ce moment, inutile d'empirer la situation avec de la caféine. Ses yeux verts observèrent le petit snack avant de reposer son regard sur Allen. "Alors, c'est à toi tout ça ?" Elle savait qu'il avait été propriétaire d'un food-truck à une époque. C'était bien pour lui qu'il ait pu voir plus grand. "C'est super, ça manquait vraiment de snacks dans le coin. Et puis la vue n'est pas négligeable..." dit-elle en regardant l'océan, un peu plus loin. C'était apaisant, en réalité.

D'un côté, tu étais content de connaitre cette voix, ça veut dire que tu n'aurais pas à traiter avec un total inconnu. Tu n'étais pas un ami de Tahlia mais tu avais pu la rencontrer plusieurs fois lorsque tu venais voir Freja à l'appartement. Alors un visage connu, c'était plus rassurant qu'un étranger. Tu lui demandais quand même, pour être sur et pour ne pas passer pour un idiot qui confond les visages des gens. Mais elle te rassura en affirmant que c'était bien elle. « Oh, ex-colocataire ? Tu as déménagé ? » demandas-tu simplement. Oui, il s'en était passé des choses pendant l'année où tu avais disparu sur le plages australiennes. Et il faudrait surement que tu rattrapes ce temps perdu en parlant avec tes amis, c'est une bonne idée. Surtout si tu engages la jeune australienne, tu auras un peu de temps devant toi pour profiter parce que jusque là tu n'avais pas pu faire grand chose. Trop occupé par l'ouverture de ton snack, tu n'avais pas vu grand monde. Elle refusa le café alors tu prenais le tien et tu commençais à le boire tranquillement. Tu souris lorsqu'elle te demanda si cette salle était à toi. « Eh oui, j'ai troqué mon camion avec lequel j'ai sillonné l'Australie pour un pieds à terre. Et j'en suis assez fier, j'avoue » dis-tu avec une tonne de fierté dans le regard. C'était un accomplissement pour toi, t'étais trop heureux d'avoir fais ça. « C'est ce que je me suis dis avant de revenir. Il n'y a qu'un bar qui surplombe la plage, on pense à boire mais jamais à manger dans cette ville c'est dingue » répondis-tu à la jeune femme en riant légèrement. Mais reprenons un peu de sérieux, il fallait quand même que tu lui fasses passer un entretien d'embauche avant tout. « Bon, soyons sérieux ! T'as déjà travailler en restauration ? » demandas-tu plus sérieusement à la brune.

"Oui, j'ai pris mon envol il y a quelques mois." dit-elle simplement, même si elle regrettait les conditions dans lesquelles son départ du 17 avait eu lieu. Encore plus maintenant, alors qu'elle était clairement à la rue. Mais soit, elle tentait de ne pas se laisser abattre par ces nouvelles difficultés. Elle avait maintenant une petite fille qui comptait sur elle. S'installant à ses côtés et alors qu'il prenait son café sûrement bien mérité, Tahlia observa l'établissement, qui détonnait pleinement du petit food-truck dans lequel il travaillait avant. Tahlia avait dû y aller deux ou trois fois, mais c'était intéressant de savoir qu'il y avait maintenant ce petit snack sur la plage. Elle esquissa un sourire en voyant la fierté dans le regard d'Allen alors qu'il évoquait sa réussite. "Tu peux être fier !" dit-elle en gardant son sourire. Ce n'était pas un moyen de jouer la lèche-bottes. Même si elle ne le connaissait pas vraiment, il était un ami de Freja, ce qui voulait dire que c'était un forcément un homme bien. Et c'était plaisant de voir quelqu'un réussir de la sorte, accomplir son rêve. Elle se mit à rire quand il parla des bars à Bowen. "Il faut croire qu'ici, nous avons des penchants alcooliques." dit-elle, amusée, se rendant compte qu'en effet, il y avait bien plus de bars que de restaurants à Bowen.   "Tu redores notre image avec ton snack, alors." conclut-elle, toujours aussi amusée. Mais il était temps de revenir à nos moutons. Allen se fit plus sérieux, ce qui poussa Tahlia à faire de même. A sa question, elle secoua légèrement la tête : "Ce n'est pas vraiment une grande expérience. J'ai déjà eu quelques emplois saisonniers dans des restaurants, aussi bien en service, qu'au bar et en tant que commis de cuisine, mais c'était le temps des vacances. Après, j'ai souvent apporté un coup de main à mes parents. Ils ont une boulangerie-pâtisserie sur Bowen et je me suis souvent occupée du côté "snacking" pour eux." Elle esquissa un léger sourire avant d'ajouter : "On va dire que je me débrouille. Après, j'apprends vite..." S'il voulait une personne diplômée ou avec des années d'expérience, elle n'était pas la candidate idéale. Mais elle avait l'envie et la motivation, et cela se voyait.

Tu te demandais si Freja était encore dans cet appartement, tu n'avais pas encore eu le temps de passer la voir. Ces derniers jours avaient été vachement éprouvant. « Oh, est-ce que c'est dû au fait que tu as eu une jolie petite fille ? » demandas-tu curieusement à l'australienne. Même si tu étais parti pendant de longs mois, tu avais eu vent sur les réseaux sociaux que ton amie norvégienne était devenu la marraine de la petite fille de Tahlia et son ami. Alors tu étais parti voir cette jolie petite frimousse sur son instagram. Tu ne voulais pas paraître trop intrusif, mais tu voulais savoir si ça allait impacter son travail, même si tu te doutais que l'ancienne policière était quelqu'un d'assidue à son travail. Tu expliquais alors à la jeune femme que ce petit food-truck s'était transformé en beau snack, ta petite fierté. « Merci, j'espère que ça va plaire aux gens » avouas-tu en souriant à la jeune femme. C'était bien beau, et ça t'avait couté un bras il faut avouer. Il y avait peu de concurrence, parce que personne n'avait encore eu cette idée sur Bowen et c'était tant mieux, d'ailleurs. « Mais avouons-le, nous sommes tous des alcooliques dans cette ville. Moi le premier » dis-tu en faisant un clin d'oeil à la brune avant de pouffer de rire. Oui, c'est vrai que vous étiez assez connu pour faire la fête et vous retrouvez tous ensemble avec une bonne pinte ou un bon cocktail au Hendrix ou au Elm. Ils étaient connu dans toute la ville et pour de bonnes raisons : personne ne s'ennuyait là bas ! La conversation principale refit surface lorsque tu demandais à Tahlia si elle avait de l'expérience dans le domaine de la restauration, c'était quand même important. Mais dans son CV que tu avais vaguement lu, tu avais pu voir toutes ses expériences et c'est ça qui t'avais fais l'appeler. « Impressionnant, ça en fait quand même de l'expérience » dis-tu en souriant à la jeune femme. Elle semblait crever de motivation pour trouver un boulot et toi tu avais vraiment besoin de quelqu'un à tes côtés. « Si tu sais faire des pizzas et des sandwich, c'est parfait. On fait pas de la gastronomie ici, on est juste là pour assouvir les besoins de nourriture des surfeurs, et ils en demandent pas beaucoup » avouas-tu à la jeune femme. C'est vrai, la plupart des surfeurs ne demandaient pas à manger un super truc, juste à prendre un truc rapidement avant de retourner sur la plage pour planer sur les vagues.

Tahlia arqua un sourcil, surprise, quand Allen évoqua sa fille. Comment avait-il su qu'elle avait eu une petite fille ? Elle n'avait pas caché avoir un enfant, puisqu'elle l'avait marqué sur le CV, mais elle n'avait pas dit que c'était une fille. Sans doute était-ce Freja qui en avait parlé. "On va dire que ça a un peu précipité mon départ, oui." dit-elle en réponse à sa question, même si honnêtement, c'était le conflit qui avait lié Freja et Tahlia qui avait poussé les deux brunes à partir du 17. Ne voulant pas forcément en rajouter, Tahlia détourna la conversation vers l'établissement créé par Allen. "ça va plaire, j'en suis certaine." répondit-elle avec un sourire. Son truck avait déjà fonctionné, alors il était évident que le snack allait suivre la même voie. Surtout quand on savait que Bowen était plus réputé pour ses bars. Elle se mit à rire quand Allen sous-entendit qu'il était lui-même du genre fêtard, à traîner dans ces fameux bars. "C'est le mode de vie à l'australienne." ajouta-t-elle en riant. Façon bowenienne plutôt. Même si désormais Tahlia, elle, manipulait davantage les biberons que les verres à mojito. La vie de maman ! Mais trêve de plaisanterie, Allen avait besoin de s'appuyer sur des employés motivés et compétents. Et pour cela, il demanda à Tahlia ses expériences, qu'elle minimisa évidemment. Le jeune italien trouva cela plutôt impressionnant, ce qui fit sourire la jeune femme. "Impressionnant, je ne sais pas. Mais ça a été enrichissant." Même si elle n'avait pas fait carrière dans la restauration, elle avait aimé ces expériences professionnelles et avait développé un certain goût pour la cuisine. Elle se débrouillait d'ailleurs pas mal, sur ce domaine-là. Mais Allen lui expliqua qu'il ne voulait pas de la grande gastronomie, mais plutôt des plats à déguster sur le pouce. Tahlia hocha la tête, toujours ce sourire aux lèvres. "Pizzas et sandwichs, je gère ! Et je ne mets même pas d'ananas sur la pizza !" ajouta-t-elle en riant. Mais elle comprenait où il voulait en venir. Il voulait quelque chose de rapide, tout en privilégiant la qualité. Ce qui convenait à la jeune australienne. Toutefois, un dernier point noir subsistait, qu'elle voulait vite mettre de côté : "Par contre, comme tu l'as dit juste avant, j'ai eu une petite fille, il y a quelques mois, dont je partage la garde avec le père. Je n'ai pas envie que tu vois cela comme un frein. Je suis bien entourée. ça ne posera donc aucun souci dans un mon implication professionnelle." Elle avait surtout besoin de ce boulot pour offrir une vie décente à son enfant.

En effet, tu avais touché un bon point lorsque tu avais demandé à Tahlia si elle était parti à cause de sa grossesse précipitée. Elle semblait même étonné que tu sois au courant. Mais tu l'étais seulement grâce à la marraine de cette petite. Alors, elle confirma tes dires, et vous passiez à autre chose. Ton snack était tout à tes yeux maintenant, et tu te voyais mal faire autre chose de toute façon. « J'espère que ça va plaire à tout le monde ! J'ai déjà quelques clients habitués, en si peu de temps, je prends ça pour un début de victoire » répondis-tu en riant légèrement. Les petits restaurants comme le tien tenait rarement le coup, ou quelques mois avant de couler. Mais tu y croyais dur comme fer et tu ferais tout pour que ça marche. On le savait dans cette ville, c'était plutôt les bars qui fonctionnaient et c'était Alfie que tu avais envié pendant un temps, lorsqu'il a monté l'affaire du Hendrix et que ça avait marché directement. Tu avais pensé à monter un bar, mais ce n'était pas la chose à faire. Il y en avait tellement en ville, qu'on ne savait plus où donner de la tête ! « Je suis totalement d'accord » répondis-tu à Tahlia lorsqu'elle te confirma que fair cela fête était le mode de vie du pays où vous habitiez. Tu pris ta case de café pour en boire une gorgée et la jeune femme t'avait déballé son curriculum vitae en quelques secondes et tu avais été impressionné. « Si, t'as quand même pas mal d'expérience, et c'est rare de trouver de gens qui en ont ici » dis-tu en souriant à la brune. Tu posais ta tasse sur le comptoir et tu ris lorsqu'elle te promis de ne pas mettre d'ananas sur les pizzas. « T'aurais du commencer par ça, je t'engage directement alors » dis-tu toujours en riant. Le blasphème des italiens, que de mettre de l'ananas sur une pizza, comme celui de couper ses spaghettis. « Tu sais, quand j'avais encore mon camion, j'avais une employée qui avait un petit garçon. C'est pas ça qui va m'arrêter. Si tu as besoin d'un mi-temps pour t'occuper d'elle, y'a pas de problèmes, on peut s'arranger. Ou même de quelques jours par ci, pas là. J'suis pas tyrannique comme patron » dis-tu pour la rassurer.

"Si tu as déjà quelques habitués, c'est une bonne chose. Le bouche-à-oreille se fait vite par ici." dit-elle avec un sourire. Et elle l'espérait pour lui. Il avait déjà fonctionné avec son food-truck, elle ne doutait pas que son snack allait fonctionner, lui aussi. Même si, ici, c'était davantage les bars qui marchaient. Les Boweniens étaient tous des alcooliques, voilà tout ! Pour autant, ils n'étaient pas ici pour parler du mode de vie à l'australienne. La jeune femme lui parla de son expérience. Petite expérience, certes, puisqu'elle n'avait pas fait une longue carrière dans la restauration, mais elle avait eu quelques jobs qui l'avaient formé. Et puis, elle s'adaptait vite, Tahlia. Un ancien réflexe de flic, évidemment. Toutefois, pour appuyer sa candidature avec une touche d'humour, elle parla de la fameuse pizza à l'ananas qui, pour elle, était un véritable sacrilège. Et Allen sembla être de cet avis. Elle se mit à rire quand elle répondit : "Je savais que ça toucherait ton coeur d'italien !" Mais la plaisanterie fut vite écourtée quand Tahlia revint vers l'un des sujets qui lui tenait à coeur : sa fille. Pour certains, des enfants, c'était un frein envers la motivation et l'implication d'un employé. Et pour ces personnes-là, il était difficile de leur faire entendre raison. Alors, elle préféra directement mettre les choses à plat avec Allen. Allen qui était plutôt ouvert sur le sujet. Elle le regarda avec surprise, quand il lui annonça qu'il était même prêt à lui donner un mi-temps. "Oh !" s'exclama-t-elle avant de secouer la tête. "Non, non, ce n'était pas ce que je voulais dire. Si tu as besoin d'une employée à temps-plein, ça ne me fait pas peur de faire des heures. Au contraire..." Déjà financièrement, elle n'avait pas le choix que de faire des heures pour pouvoir offrir une vie décente à sa fille. Et elle avait besoin de ces heures pour elle, pour qu'elle existe comme femme travailleuse et non pas en tant que mère, uniquement. "Je peux même faire un essai quand tu veux.. enfin... si ma candidature t'intéresse." ajouta-t-elle avec un sourire.

« Oui, je pense que c'est ça qui m'a aidé à avoir pas mal de monde » dis-tu en souriant à la jeune femme. C'est sûr qu'en parlant à deux trois personnes, une petite pub sur les réseaux sociaux et le tour était joué. Tu avais bien évidemment demandé à tes amis et ta petite soeur d'en parler autour d'eux, pour que tu puisses faire de la pub rapidement. Bien évidemment, tu avais fais une soirée d'ouverture pour que tout le monde vienne déguster tes petits plats italiens. Et ça avait bien marché, d'ailleurs. Tes habitués faisaient vivre le restaurant et tu avais de plus en plus de monde. Tahlia t'avoua ensuite qu'elle ne mettait pas d'ananas sur sa pizza, et ton coeur d'italien fut énormément touché. Tu ris légèrement à cette remarque. « Tu aurais même du commencer par ça ! » avouas-tu à la jeune femme, toujours avec un rire très léger. Puis, tu demandais à la jeune femme si elle avait besoin d'un temps partiel pour qu'elle s'occupe de sa petite fille, qui était née il y a peu. Tu lui expliquais alors qu'elle pourrait prendre des jours, des heures par ci et par là pour s'occuper de son petit bout. Mais elle ne semblait pas de cet avis. Tu fus d'ailleurs surpris à ce qu'elle te dit ensuite, qu'elle pouvait faire des heures si besoin était. « J'ai besoin de quelqu'un à plein temps, oui. Mais saches que s'il y a un problème et que tu as besoin d'un jour ou de quelques heures pendant un service, je ne serai pas chiant là dessus. Je peux comprendre » dis-tu en souriant à l'ancienne flic. Tu étais très familial, et tu refusais de priver quelqu'un de son enfant s'il en avait besoin ou s'il y avait un problème. Tu continuais de sourire quand la jeune femme te proposait de faire un essai. « Oui, ton profil m'intéresse totalement ! Tu es disponible samedi ? Histoire qu'on fasse un essai, du coup » répondis-tu tout sourire.

Ah la pizza à l'ananas, c'était décidément toute une histoire ! Une aberration, une erreur, une horreur pour Tahlia. Et elle savait que le petit coeur d'italien d'Allen serait évidemment touché par une telle révélation. "J'aurais dû le marquer sur mon CV, à vrai dire.'" répondit-elle en riant. Bon, en vrai, c'était surtout son expérience qui le contentait le plus. C'était plaisant de voir que, même si elle n'avait pas fait carrière dans ce domaine, Allen était impressionné par les quelques expériences professionnelles qu'elle avait pu avoir. Et puis la jeune femme apprenait vite, très vite. C'était d'ailleurs l'une de ses principales qualités. Elle savait se débrouiller, Tahlia. Tout comme elle allait se débrouiller en alliant sa vie professionnelle et sa vie de maman célibataire. Elle savait juste qu'elle ne voulait plus travailler de nuit, afin de pouvoir garder sa fille et ne pas la laisser à ses parents qui méritaient d'avoir enfin leur vie, sans les soucis de leur unique fille. Elle avait réfléchi à tout, Tahlia. Crèche, nounou, baby-sitter, elle avait tout regardé. Et elle savait qu'elle pourrait assumer un temps plein. Néanmoins, elle était touchée d'entendre qu'Allen était très ouvert sur le sujet, qu'il était prêt à lui laisser du temps libre si elle en avait besoin. Elle rendit son sourire au jeune homme : "C'est agréable d'entendre ça." Il était vrai que bon nombre de patrons n'étaient pas aussi compréhensifs. A croire que les gens étaient des travailleurs, avant d'être des êtres humains avec leurs vies et leurs familles. Mais avant de s'emballer, il fallait savoir si son profil l'intéressait. Visiblement, c'était le cas. Allen était même prêt à lui proposer un essai. "Samedi soir ? Bien sûr que je suis disponible ! Tu veux que je vienne pour quelle heure ?" Elle était enjouée à l'idée de découvrir un nouveau lieu, une nouvelle façon de travailler. Et en plus de cela, il y avait peut-être un poste à la clé, ce qui serait une bien belle délivrance pour Tahlia.