we'll dance inside the song (waverly)

Niveau malaise sur pattes, je pensais être imbattable, mais Waverly me mettait au défi avec ses affirmations. Au moins, entre nous deux, ça ne risquait jamais d’être trop bizarres. Enfin, aux yeux des autres, d’un point de vue externe, totalement. Mais dans notre petite bulle de n’importe quoi, on serait juste bien. J’aimais les gens comme ça, qui ne se prenaient pas trop la tête avec les choses sérieuses. J’avais besoin qu’on me ramène à ça, aussi. J’étais habituellement aussi insouciant, aussi débile. Mais les années récentes de ma vie m’étaient rentrées dedans comme un bulldozer. « Oh écoute, j’ai vu pire, parfois. En me regardant dans le miroir. » Je ricanai. « Et si t’es comme moi alors j’sais pertinemment qu’t’es pas méchante. Juste maladroite. Enfin j’parle de moi. J’essaie de voir si t’es comme mon reflet dans le miroir. » Il fallait vraiment que je lâche les miroirs. Je me contentai de rire à propos des idées parfois pas cons de Waverly, comme celle pour les enfants-haltères. Le ton léger se dissipa rapidement pour créer une ambiance un peu plus lourde entre nous. Lourde d’émotions, de tristesse. Je m’en foutais que ça plombe l’ambiance, en vérité. Je n’aurais pas voulu que la brunette garde cela pour elle si ça lui traversait l’esprit que ça la pesait. J’étais content, en quelque sorte, qu’elle s’ouvre à moi pour se délivrer un tout petit peu de ces pensées-là. Je lui pris la main, signe de soutien. Une présence plus affirmée. « Ça doit être difficile à l’approche de la date. Enfin, ça doit être difficile tout le temps. » Me repris-je. Waverly ferma les yeux et me serra la main, alors qu’une larme roulait le long de sa joue. « N’importe quand, Wave. Peu importe ce que t’as sur le cœur, j’veux que tu saches que tu peux toujours être à l’aise de m’en parler … » Dis-je doucement. « Et si t’as besoin de compagnie dans trois jours, que ce soit pour célébrer ton fils ou pour t’occuper un peu la tête, hésite pas non plus. » Ajoutais-je avec un mince sourire, en la regardant dans les yeux.

Je n’ajoutai rien lorsque Waverly m’affirma que ça lui faisait du bien de savoir ça, de savoir qu’elle pouvait compter sur moi que ce soit pour se changer les idées ou pour pleurer sur mon épaule. Je savais ce que c’était que de passer à travers des jours difficiles en étant complètement seul, et je ne souhaitais cela à personne. Je me contentai donc de lui sourire faiblement en hochant légèrement la tête, sa main dans la mienne avant qu’elle ne la libère afin d’essuyer ses larmes. Je ramenai la mienne sur mon genou, en silence. Je lui laissais le temps de se remettre les idées en place. Je ne cherchais pas à combler les trous dans la conversation. Waverly ajouta alors qu’il s’appelait Gabriel. « C’est un joli prénom. » Dis-je. Puis, la brunette ajouta qu’il aurait des petits frères et des petites sœurs à surveiller de là-haut et, évidemment, cela me fit sourciller. J’entrouvris la bouche mais, voyant mon air, Waverly s’exclama qu’elle n’était pas enceinte. Elle parlait du futur. « Oh, ok ! Je croyais que tu me faisais toute une annonce, là ! » Je ris légèrement, et quand nos rires s’estompèrent à l’unisson, la jeune femme se leva. Je la suivis dans le mouvement. « Ok. Prends soin de toi. » Je la serrai dans mes bras. « Rentre bien. » Je la raccompagnai jusqu’à la porte du centre, et je lui fis un dernier signe de la main alors qu’elle regagnait le stationnement. Je verrouillai la porte derrière moi, fermai les lumières, et laissai le silence m’envelopper.

FIN