Space Cowboy [ft. Charlie]

Après une dure journée, quoi de mieux que d'aller se pavaner au Yoga Space? Je crois que c'est l'un des endroits que je chéris le plus dans cette ville, me permettant ainsi de suer sans faire de sport et de profiter sans avoir ce putain de sel qui me pique les yeux. Jambes croisées en tailleur, coudes sur les genoux, je ferme les yeux dans ce sauna en profitant du silence et surtout de cette petite solitude qui se retrouve cependant vite contrariée par l'arrivée d'un inconnu. Je ne prends même pas le temps de le regardant, préférant garder mes yeux fermés. "Je savais que vous viendrez ici aujourd'hui." lui lançais-je bien trop sereinement. "Le conseil peut maintenant commencer." Je prends une grande inspiration, tentant de faire gaffe à chacun de ses pas. "Il est important de rester ici pour le transit intestinal." Non, ouais j'sais pas. "Patrick se demande ce que vous avez mangé ce midi. Hum hum. Oui. Du chili con carne n'est-ce pas?"

Le sauna, c'est bon pour la peau, bon pour le moral. Paraît-il que le corps y secrète des endorphines qui aident à la relaxation. Certaines personnes ne supportent pas la chaleur. Personnellement j'adore. J'ai la sensation de repousser les limites de mon corps. Serviette serrée contre ma poitrine, je rentre dans le sauna. Même si c'est un sauna mixte, je préfère porter un maillot de bain. Quand je franchis le pas de porte, je reconnais un visage, enfin non, surtout une voix. Louis? je m'exclame très étonnée, avant de m'assoir près de lui. Je suis à peine installée que ma peau se met à transpirer. Je peux savoir qui est Patrick? Cette séance de sauna va être bien plus drôle que je ne l'imaginais. Durant notre soirée entre pom'potes, j'ai dit et fait certaines choses qui m'embarrassent un peu aujourd'hui. Parfois l'alcool révèle plus de choses que l'on ne l'aurait souhaité. Ce soir-là, je me suis trop enflammée. Pourvu qu'il n'en parle pas, pourvu qu'il n'en parle pas...

La voix de l'étranger se fait finalement entendre mais je ne réagis pas plus que ça en la reconnaissant. "Patrick c'est le Dieu des Dieux de la religion Wicca. Pourquoi? Il a vu juste n'est-ce pas?" Je bouge lentement ma main sur le rebord en tapotant dessus pour que la jeune femme vienne me rejoindre. "Il voit aussi que tu as bu un peu trop d'alcool récemment et il me dit de te dire que je suis chaud pour une nuit de folie." Aucun sourire, aucun regard. Absolument rien. Moi et ma connerie. Je m'ennuie pour être honnête. Il fait chaud, je transpire, je vais puer et ça, c'est clairement pas cool. En plus ça me fera pas enlever la petite brioche qui commence à se former. "Sylvie, déesse Wicca des femmes se demande comment ça va dans ta vie." continuais-je.

Être amie avec Louis, c'est ça. Des plaisanteries sans cesse. Non stop. Je me demande où il puise une telle énergie. Ma volonté de ne pas rire est mise à l'épreuve. Je m'installe près de lui, serrant ma serviette contre moi. Ah oui, à cette soirée je suis devenue un peu trop bavarde. Chose qui arrive souvent quand je suis éméchée. Il se peut bien que j'ai un peu dépassé les bornes. Il se peut bien que j'ai été généreuse en compliments, fait du rentre-desans... Peut-être qu'il s'est passé bien plus, sauf que je n'ai que des souvenirs hachés. Bien. Les mots pour justifier mon comportement restent coincés dans ma gorge. Il se peut que... Voilà... Je t'ai un peu... Tu sais, quoi... Crois-moi, je me suis amusée... Je voulais pas te comparer à Léo... Je t'ai toujours trouvé... Enfin, passons! Ok, ce n'est pas super clair. Mais dans ma tête non plus. Parfois quand on a beaucoup d'alcool dans le sang, notre subconscient n'a aucun filtre. Je suis bien contente qu'il ait fermé les yeux. Est-ce que la Déesse Sylvie et le Dieu Patrick ne pourraient pas me dire plutôt comment toi tu vas? J'aime bien répondre une question par une autre question.

Un sourire vient se dessiner sur mes lèvres. "Ha mais chérie, nous t'écoutons attentivement. On a encore du temps devant nous avant que la séance ne prenne fin donc exprime tes pensées." rétorquais-je aussitôt. "Mais si ça peut te rassurer, je ne me sens pas vexé que tu m'aies comparé à lui. De toute façon Léo, ça a beau être un type sympa, il est un peu coincé du cul quand même. Je te jure que ce fut un grand travail qu'on a entretenu avec mon frère pour qu'il se lâche un peu puis il n'est pas aussi bel homme que moi. En fait, on peut pas vraiment nous comparer en soi. J'suis un Roy et lui n'est qu'un bouffon à côté de moi donc bon." Je souris d'avantage. Bien entendu que je le pense mais il ne faut pas qu'il le prenne personnellement de toute façon. Je sais que j'ai tendance à me sentir supérieur à tout le monde et lui, malgré le lien qui nous uni, ne fait pas l'exception. "Mais sinon oui, Sylvie et Patrick me disent que j'ai besoin de repos, qu'en plus j'ai perdu un bon pote car j'ai osé être franc sur le mariage et la merde que c'est mais bon, bon débarras je suppose. J'te jure ces anglais, des vrais coincés du cul aussi qui croient qu'aux contes de fées. Des putains de tocard. Genre y'a un gars il a cru qu'on était ensemble, il nous a insulté, nous les membres LGBT et compagnie là, tu sais que j'ai pas ma langue dans ma poche. Je lui ai dit que je faisais parti de Daesh, j'ai paniqué mais il a pas kiffé mon collègue là. Je crois qu'il avait plus de haine envers moi que vers l'autre gars. Sérieux quoi, les amis c'est comme ça que ça réagit? C'est pas censé te suivre dans tes conneries d'habitude?" Je souffle, je râle, ça me purifie. "Mais je laisse tomber maintenant. Je sais même pas comment j'ai fait pour avoir un crush sur ce loser. Même sa gow, là ta pote, j'sais même pas comment elle fait pour le supporter tellement il peut être chiant." On m'arrête plus là, j'vous le dis.

On ne peut pas dire que je me suis montrée sous mon meilleur jour à la soirée de pom'potes. Je suis passée de la case éméchée à la case croulée par terre. Alors que je pensais oublier et me reposer des festivités, Louis me rafraîchit la mémoire. Louis! dis-je sur un ton de reproche, les gouttes ruisselantes sur mon front. J'ai été la première à vanner Léo, d'accord, mais je l'ai aussitôt regretté. T'es un peu dur avec Léo. Louis et Léo sont très différents : le jour et la nuit. C'était vraiment nul de les comparer car ils sont incomparables. J'ai voulu le provoquer. J'trouvais pas ça cool qu'il n'admette pas ouvertement que quelque chose s'est passée entre nous. Mais rassure-toi, je te trouve très mignon aussi mon roi soleil. Tous les compliments que j'ai dis à ton sujet étaient sincères. quand on est ami avec Louis, il faut s'attendre à tout. Il n'a aucun filtre et est prêt à faire n'importe quoi. Je n'ai pas tout compris. Mais ma devise en amitié, comme je dis toujours, celui qui n'est plus ton ami, ne l'a jamais été. Ce très cher et bon Aristote le disait déjà en 380 avant JC. Mais tu parles de qui? Sur qui t'as un crush? Mode potin, activé.

Un petit sourire en coin, je m'ose à ouvrir finalement les yeux pour les poser sur Charlie. "Ha ça va! C'est pas méchant! Je ne l'ai pas insulté de connard non plus." râlais-je un peu. Elle tente de se justifier pour je ne sais quelle raison. "Ha mais je n'en doute pas pour ça! Par contre, je ne vois pas pourquoi tu veux lui faire admettre ce genre de choses. C'est quoi l'utilité? De la fierté?" J'arque un sourcil. Il s'est passé un truc. Oui, ok, j'ai compris mais au pire c'est du passé. C'est histoire de montrer la relation comme un trophée? Elle me pose une question. Je réponds en suivant, sur le même ton employé, enfin, un poil plus hargneux tout de même. Autant être énervé sur le monde entier non? Quand ce n'est pas mon cousin, c'est sur mon collègue de travail. "Ben j'en conclus alors qu'il n'est rien pour moi. Voilà. J'vais dégager de la bibliothèque alors. Juste pour ne plus le voir." Des réactions d'enfants mais je peux me le permettre. J'ai la thune qu'il faut et je fais ce que je veux. Si je veux me mettre au pouvoir de cette ville aussi, ça peut se faire en un claquement de doigts. "Mais de Reece là! J'ai tenté de le draguer et compagnie, rien à faire! Puis il est parti là comme un lâche en m'abandonnant." Je souffle, secoue la tête. J'ai juste un peu de mal à digérer encore mais ça me passera, ce n'est que de passage de toute façon. "J'ai besoin d'amour en ce moment. Ca me tue. Vraiment." lui confiais-je en soupirant. "Ca te dit on oublie tout derrière nous, les coups foireux, les plans sans fin et on s'envoie en l'air ici-même?" Je tourne ma tête en sa direction. Juste une envie de me vider et du passer du bon temps, autant qu'on puisse se faire du bien mutuellement non?

Léo, tu dois avoir les oreilles qui sifflent. Non tu as dit que c'était un bouffon. lui rappelle-je sur un ton de reproche. Bien éméchée, je ne m'étais pas non plus montrée sous mon plus beau jour à cette soirée avec la team pom'potes. Léo était la cible de gentilles vannes et Louis et moi-même étions de bons tireurs. Bon enfant, je précise. Pour moi c'était qu'une question de fierté, dans le mille. Oui juste de la fierté très mal placée j'avoue en haussant les épaules. Il y a prescription. Ces moments qui me ramènent à mon adolescence me rendent mélancolique mais d'une bonne façon. Ce sont juste des souvenirs d'un passé révolu. Ce sont des souvenirs précieux dont je ne veux pas qu'ils soient souillés, rien de plus.

Le gros potin est lâché. Je jubile. Quoi t'avais un crush pour Reece? Je m'écris, choquée puis j'éclate de rire. C'est mon ex. Je n'en reviens pas. Des explications s'imposent. Ça ne s'est pas super bien terminé, je sais qu'il me déteste... Et maintenant je sais qu'on est désormais 3 à n'être pas en bon terme avec lui. Ils ne sont plus ensemble avec Billie. À croire que Reece n'a pas plus de chance en amour que nous. D'ailleurs je suis plutôt étonnée de la confidence de Louis, mais je le suis encore plus lorsqu'il me propose une partie de jambes en l'air ici, là, maintenant tout de suite. Je le regarde d'un air très surpris. Quoi tu parles sérieusement là? Je cligne frénétiquement des yeux. Il doit plaisanter. Je suis dégoulinante de sueur.T'as envie de t'envoyer en l'air, avec moi, dans un sauna? Je ne sais pas qu'est-ce qui m'étonne le plus. Qu'il veuille coucher avec moi, ou qu'il veuille le faire dans un sauna? De toute façon, il doit plaisanter. Du Louis tout craché.

Un hochement de tête. "Ben ouais carrément! Les anglais sont chaud bouillants c'était une occasion en or! J'ai même frapper notre collègue pour lui! - Bon aussi car il employait des mots un peu dur au sujet d'une femme, et ça... Tu sais que ça passe pas avec moi, je les aime toutes autant qu'elles sont donc nein, pas possible." lui répondis-je avant de tourner ma trogne dans sa direction. Mais il s'est tapé tout le monde sauf moi en fait? C'est ça que je dois comprendre? "Ha? Bon ben je pourrais tenter de repartir à la chasse alors mais bon, vu qu'on n'est plus en bons termes là..." J'parle surtout à voix haute. "C'était un bon coup?" Juste par curiosité même s'il n'a jamais essayé le sexe opposé comme il me l'a déjà confié. Mais je pense surtout à toutes les possibilités que je peux avoir pour me sentir aimer, autant physiquement que je ne sais pas... personnellement qu'on dit? "Ben ouais? Il est où le mal?" J'sais bien que son frère ne verrait pas ça d'un bon oeil aussi mais au pire on s'en bat les couilles non? "Tu sais, c'est toi qui vois. Si tu as besoin d'amour aussi, si tu veux de la tendresse ou que je te traîne comme un objet, tu me dis, tu me donnes les conditions et je jouerais mon rôle à merveille mais je reconnais que j'ai besoin d'affection de mon côté, de tendresse, de mouvements délicats et attentionnés mais bon, je peux changer du tout au tout." m'expliquais-je. "Je ne te forcerais jamais tu sais?" Un non et c'est fini mais je trouvais que l'environnement était plutôt adapté, la chaleur ambiante et celles de nos possibles deux corps, rien de mieux que vous arrivez à une certaine sensation et tout en douceur qui plus est.

Alors ça. J'étais loin de m'attendre à ce que Louis ait un crush pour mon ex. Ce n'est pas mon genre de cracher dans la soupe, mais comme il s'est comporté comme un gros nul avec Louis, autant lui dire la vérité. J'ai connu mieux. Je suis polie, hein, je ne vais pas lui dire qu'au lit c'était un gros naz. Et puis moi pour l'instant, il n'y a que Liam dans ma tête. D'ailleurs lui, sexuellement, il a mis la barre bien haute. Penser à lui est toujours si douloureux. Depuis qu'on ne se parle plus, il me manque, c'est atroce. Je n'ai encore rencontré personne, je ne sais pas encore que mon cœur va être brisée une nouvelle fois. Alors quand Louis fait tomber son masque, je suis touchée. J'ai l'impression de m'entendre parler. Moi aussi, je me sens seule. Moi aussi, j'ai besoin d'affection. Je comprends tellement sa peine que, ce que je m'apprête à faire est prévisible. Oh Louis. Je me rapproche de lui, tenant fermement ma serviette contre ma poitrine. Et si on essayait déjà de s'embrasser? Ça me fait bizarre, je le connais depuis si longtemps! Je suis nerveuse tout d'un coup.