(-18) tell them all i hoped would be impossible (charlie)

Je déglutis. Ma déesse intérieure ne répond plus d'elle-même tellement qu'elle est sous emprise de ses mots érotiques. Je n'arrive pas à croire qu'il s'est imaginé tant de choses à mon égard. Il avait mis une distance entre nous. Pourtant j'avais la sensation qu'il a mis un pas sur une ligne invisible. Celle de mon désir intime. Je reprends mon souffle, tente de calmer mon cœur qui semble vouloir bondir de ma poitrine. Alors quoi? On va rester amis? Un air incrédule s'affiche sur mon visage. Je ne veux pas être son amie. Nous avons installé une ambiguïté entre nous, je ne la vois pas disparaître du jour au lendemain.

D'un autre côté, Liam a raison. Je dois bien admettre que si Ariel découvre notre relation secrète, il risque de mal le prendre. Est-ce que j'étais prête à mettre en péril notre lien fraternel pour un mec que j'ai à peine rencontré? Non.

Cela peut paraître étrange mais en inversant les rôles, je ne crois pas que je me mettrais en rogne contre lui. Je pense immédiatement à ma meilleure amie Billie. Je m'en ficherais. C'est sa vie. Je serais content pour eux, ils finiront p'tet même à se mettre ensemble. Mes yeux s'écarquillent. Je vais le faire fuir avec un pareil sous-entendu. Je retire ce que j'ai dis. Enfin non, pas pour nous. Voilà, je rectifie le tir. Avec un haussement de sourcil, ça passe.

Cette situation m'exaspère. Je croise mes bras et mes jambes, l'air boudeur. Ce serait le comble... Lui qui a le droit de se taper le festival des morues... Parce que oui, mon frère n'est pas irréprochable non plus. Il a foutu en l'air sa relation avec Rosalie en la trompant.

Sa respiration semblait coupée, belle Charlie dont les yeux brillaient malgré la contenance qu'elle tentait de maintenir. Ça le faisait sourire, moqueur, et satisfait, à la fois, de la voir réagir ainsi. Mais elle prononçait des mots qui, eux, étaient lourds de sens. On va rester amis, qu'elle demandait, incrédule. Liam pinçait les lèvres. Que voulait-elle de plus que ça ? Oui, il y avait une sorte d'ambigüité qui s'était installée entre eux, oui il y avait un jeu dangereux, mais elle le savait, pour l'instant, il ne pouvait offrir rien d'autre que ça. Il haussa donc les épaules en guise de réponse, caressant cette joue de porcelaine furtivement avant de laisser retomber sa propre main. Les prochains mots de Charlie confirmaient ce qu'il pensait. Tôt ou tard, il finirait par lui faire mal. Et à ce moment, bonjour le connard qu'il serait aux yeux de son pote, d'avoir fait pleurer sa soeur. Il ne lui en voulait pas, c'était à s'y attendre, la majorité des gens n'avaient pas la même vision des relations que lui et finissaient par s'attacher, à la longue. Il ne lui en voulait pas, pas le moins du monde, non. Mais il afficha tout de même un visage surpris, les sourcils haussés, quand elle lui lança qu'à l'inverse, elle serait contente et que p't'être même qu'ils finiraient par se mettre ensemble, son frère et cette hypothétique amie. Elle se reprenait assez rapidement, lui demandant d'oublier. Il fit mine de le faire, oublier, mais une partie de lui avait enregistré qu'inconsciemment elle finirait par vouloir plus que cette ambigüité. Elle croisa ses bras sur sa poitrine, visiblement contrariée. Liam lâcha un rire taquin. « Tu fais l'enfant maintenant ? », demandait-il, moqueur, la poussant légèrement pour la faire rire et revoir ce sourire qui lui faisait mieux que cette mine boudeuse. « Alors, finalement, tu as accepté de me voir seulement pour ça, pour coucher avec moi ? », demandait-il à nouveau avec le sourire, renversant les étiquettes.

Il ne va pas me faire croire qu'il voulait qu'on se voit pour enfiler des perles. J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que, d'entrée de jeu, on couche ensemble. Toutefois je m'attendais à ce qu'il m'offre ses lèvres. Nos yeux bleus rieurs se rencontrent. Peut-être bien que je ne voulais que ça. Mon regard se pose sur ses jolies faussettes que je ne toucherais pas ce soir.

J'ajoute avec évidence C'est ce que tu attendais de moi, de toute façon. Mon sourire s'élargit avec malice. Je soupire et hausse les épaules. Cela ne servait à rien de continuer ce jeu de séduction. Tant que Liam ne se décidera pas à parler à mon frère, il ne se passera rien.

Bon on ne va pas s'étaler sur le sujet. Tu sais ce que je fais quand je suis contrariée? J'attends une réponse mais ne le laisse pas languir plus longtemps. Des gâteaux. Ça te dit? Je ne sais pas si il a tout ce qu'il faut dans ses placards mais je n'aurais qu'à traverser le couloir pour chercher récipients et ingrédients. Encore faut-il qu'il soit d'accord. Dans le genre premier rendez-vous, on peut trouver mieux à faire. Mais fichu pour fichu, autant finir cette soirée sur une note sucrée.

Il avait envie d'elle. Et s'il ne la respectait pas plus que ça, il aurait repoussé les barrières qu'il s'était lui-même mises pour découvrir le goût de sa peau. Là, maintenant, sur le canapé. Ou dans la cage d'escalier de l'immeuble, quelques minutes plus tôt. Il aurait pu succomber à l'envie dans les toilettes du bar dans lequel ils avaient rendez-vous, où elle aurait voulu, tant qu'elle soit sienne pour une nuit. Deux, même plus si tel était son désir. Mais il avait beaucoup plus de respect pour elle que ça. Et elle n'était pas le genre de fille vulgaire que l'on ne courtisait pas. Alors, oui, évidemment que ses envies étaient de partager un moment charnel avec elle, mais tout le reste, la séduction, les envies qui se décuplent, l'attente cruelle mais douce, il les aurait chéris. Elle ajouta d'un air que Liam ne comprenait pas bien, entre la plaisanterie et la déception, quelque part aux alentours, un peu perdus dans tout ça, qu'il attendait fort probablement que ça d'elle. Sourire mutin, il entra dans son jeu. « Évidemment, un mec comme moi ne veut que ça des femmes. » Ça sonnait faut entre ses lèvres, c'est que ce l'était. Ne lui avait-il pas fait comprendre qu'il ne forçait pas le destin, qu'il ne poussait pas plus loin si le désir n'était pas partagé ? Jeu dangereux, il continuait à tenter de la séduire, mais elle sembla se refermer. Déçu, Liam le montra, le bleu de ses yeux qui tournèrent à la pénombre. Et à sa question, pour combattre la contrariété, il fut tenté de répondre l'amour, mais se contenta de couler un regard curieux sur elle. Des gâteaux, évidemment. Sourire taquin aux lèvres, il lui semblait lui avoir confié qu'il aimerait goûter à ses délices, dans leur toute première conversation, ce soir serait peut-être sa chance. « Attention, le sucre, ça m'excite », lançait-il avant de rire à gorge déployée. Il tendit sa main à Charlie, la guidant ainsi dans sa piètre cuisine dont les armoires étaient presque vides. « Je te mets au défi de créer l'impossible avec ce que j'ai dans les placards. » Il lui sourit à nouveau, incapable de faire autrement, et vint loger un baiser sur sa joue. « impressionne-moi, belle Charlie. » C'était sans doute dangereux, trop intime pour ce qu'il lui avait confié vouloir d'eux, mais il en était mort d'envie. « Alors, qu'est-ce qu'on cuisine ? »

Il m'a embrassé, là, sur ma joue. Laissant une empreinte brûlante de désir. Je me risque à faire mine de redresser le col de sa chemise. Mes mains caressent ses épaules, puis sa nuque. Tu savais que le sucre est l'une des drogues les plus inoffensives? C'est plus fort que nous, ce jeu ne terminera que lorsqu'on aura rassembler nos corps. Sur cette pensée torride, je me détache de lui et me dirige vers la cuisine. Je chasse cette image de moi, sur ce plan de travail, enlacée férocement par ses bras.

Je sais déjà ce que j'ai envie de faire. J'ai entendu dire que mes madeleines étaient à tomber. J'ouvre ses placards qui sont, comme je le craignais, quasi tous vides. Vraiment? Son défi relevait de l'impossible. Je reviens je vais chercher ce qu'il faut. Même si il y a Ariel, je prétexterais que je vais pâtisser chez une copine. Nous n'avons pas encore consommé notre semblant de relation, que j'étais déjà en train de mentir à mon frère. Je me rassure en me disant qu'il ne s'agit que d'un petit mensonge.

Charlie effleure la peau de l'homme, laissant sa chaleur l'envelopper. Il l'observait, curieux de savoir jusqu'où elle ira, mais elle restait chaste, raisonnable. Et il ne s'en déplait pas. C'est de ses mots qu'elle ne l'était pas, raisonnable, laissant planer le doute que le sucre n'était qu'en réalité qu'une douce et inoffensive drogue, laissant sous-entendre qu'il fallait qu'ils y succombent. « Tu veux me rendre accro à toi ? », demandait-il, sourcil arqué, la laissant ensuite lui fuir pour retrouver les placards à demi-vides. Il ne manqua pas, au passage, de jeter un coup d'oeil presque regretté sur ses jambes et la courbure de ses fesses. Regretté amèrement, devrait-il plutôt dire, car maintenant cette vision ne peut plus lui quitter l'esprit, obsédé par l'envie de découvrir la couleur de ses dessous. Elle lui en avait parlé, oui, de ces madeleines. Et elle pouvait bien cuisiner tout ce qu'elle souhaitait, tant qu'elle restait avec lui encore un peu, tant que l'odeur de sa fragrance enveloppait la pièce, tant qu'il pouvait fantasmer sur elle et sur la place qu'elle aurait dans ses rêves. Mais elle annonçait déjà son départ, quelques minutes à la porte voisine pour ramener des ingrédients dignes de ce nom. « Tu triches ! », lâchait-il dans un rire enfantin. Et si elle voulait jouer à ce jeu-là, lui aussi pouvait très bien le faire. Il profita donc de son absence pour retirer sa chemise et sortir ses articles de cuisine dont il croyait que Charlie aurait besoin. Des bols, un fouet, un plat de cuisson, il avait sorti tout ce qui lui tomba sous la main. Et il l'attendait dans la cuisine, torse à découvert. Risqué ? Sans doute. Mais le danger avait ce goût qu'il aimait tant et qu'il n'avait, peut-être, pas envie de laisser se dissiper.

J'aurais aimé le rendre accro à moi, oui. Je reste silencieuse à ses avances mais mes gestes et mon regard ne trompent pas. Je fuis la tentation pour me diriger vers la cuisine. J'étais contrainte à aller chercher les ingrédients de ma recette. L'esprit ailleurs je rentre à la maison. Il n'y a personne. Peut-être que Konstantin est dans sa chambre car la porte n'était pas verrouillée à double tour. Il me faut des oeufs, du beurre, du sucre, de la farine, de la levure... Je ne vais pas pouvoir porter tout ça dans les bras. Il y a ce grand panier qui m'accompagne à tous mes achats au marché. Parfait. Je mets tout en place et repars, ni vue ni connue.

Je reviens chez Liam, sans m'attendre à le retrouver torse nue. Je voudrais le sauter dessus et envoyer valser tout ce qu'il se trouvait sur son plan de travail. Ah oui, tu veux jouer à ça? Je dépose mon panier sur et me tient debout devant lui. Il est si grand que même si je voulais l'embrasser, je serais obligée de me mettre sur la pointe des pieds. J'observe son torse, les lèvres pincées. À croire que les Dieux ont sculpté son corps. Je m'éloigne, frustrée. Tu me mets mon tablier? Je déplie le dit tablier, noir, fin, qui était plié avec soin dans le panier. Je me mets dos à lui et relève mes cheveux sur le côté.

« J'avais chaud. » Charlie entrait à nouveau dans l'appartement, panier à la main, découvrant Liam dénudé, sourire accroché au visage. Il l'attendait, sa réaction, voulait la guetter de près, voir s'il arriverait à faire rougir ses joues de poupée. Elle ne rougissait pas, or elle regardait son corps, fixant abdominaux après abdominaux, ça lui donnait presque l'impression qu'elle aurait voulu les toucher du bout des doigts. Satisfait, triomphant, il la regarde s'éloigner avec obligation plutôt qu'envie pour lui demander de l'aider à enfiler son tablier. Évidemment qu'elle pouvait le faire seule, elle ne demanderait sans doute pas à ses collègues de le faire à la pâtisserie pour elle, mais le jeu lui plaisait, cela permettait à Liam de s'approcher d'elle, de laisser son souffle couler contre le dos de la nuque de la brune. Et c'est ce qu'il fit, en nouant le bout de tissu à sa taille. Il s'approcha ensuite de son oreille pour lui murmurer deux ou trois mots. « Sublime », lança-t-il simplement, attrapant sa taille pour la faire tournoyer devant lui. D'un geste vif, il repoussa les items du plan de travail, faisant mine de leur faire de la place pour la préparation des pâtisseries. Mais au moment de lui laisser le champ de guerre, il l'attrapa par la taille, la soulevant au bout de ses bras pour venir l'asseoir sur le comptoir. « Tu cuisines souvent à tes premiers rendez-vous ? », demanda-t-il, curieux, histoire de savoir s'il était unique ou si elle charmait réellement par l'estomac. Il remarqua le sac de farine ouvert dans le panier de Charlie, y faufila rapidement son doigt pour ensuite l'apposer contre le nez de la belle, laissant derrière ce geste une trace blanche sur sa peau parfaite. « Si c'était du chocolat, j'en aurais mis aux coins de tes lèvres pour t'aider à t'en débarrasser. » Il jouait à nouveau avec le feu. « Alors, dame la cheffe pâtissière, qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? »

Mon corps tout entier le réclame. Nous faisons tout ce que l'art de la séduction le permet avant d'enfreindre un premier baiser. Je sais que c'est sa limite à ne pas franchir. Mais j'ai l'impression que nous avons déjà dépassé plusieurs limites pour un premier rendez-vous.

Je le sens me toucher délicatement. Je l'entends me murmurer des compliments. Quand il m'attrape par la taille pour me mettre sur le comptoir, j'ai envie d'attirer ses jolies faussettes sur mon visage et lui déposer un baiser fougueux. Je n'en fis rien.

Il me demande je suis cuisine souvent à mes premiers rendez-vous. Indifférente je réponds Si je te dis oui, est-ce que monsieur ressentirait-il une pointe de jalousie? Je le défie. En réalité j'ai appris à pâtisser pour séduire un homme, j'y ai pris bien plus goût que je ne l'imaginais. Toutefois c'est une histoire que je ne veux pas raconter. Hors de question de gâcher ce moment avec lui. En aucun cas j'essaie de l'appâter avec mes talents culinaires. Je suis juste moi. Moi mes qualités et mes faiblesses. Il est ma faiblesse. Je ne me lasse pas de son sourire, lorsqu'il pose son doigt de farine sur mon nez. Qu'est-ce que j'aurais aimé qu'il effleure ma peau avec sa bouche... Reprenons nos esprits.

D'abord il faut fondre le beurre. Tu vas m'aider à mélanger les oeufs avec le sucre. Tu as deux cuillères en bois? C'est juste un prétexte pour sentir la présence de son corps derrière le mien. Qu'est-ce qu'il se passerait si c'est moi qui t'embrasse? Depuis que je l'ai rencontré dans le couloir de notre immeuble, je me pose sans cesse cette question. Je ne pouvais plus garder ça pour moi plus longtemps.

La jalousie ne faisait pas partie de ses défauts. Et il ne l'avait ressentie que très peu de fois. Une fois, avec une fille qu'il appréciait plus que les autres qui, elle, avait voulu lui faire du mal parce qu'elle n'acceptait pas qu'on doive le partager. Une seule fois, quand il était entré, un soir, dans son propre appartement et où elle avait décidé de s'y immiscer par surprise, avec un autre homme, dans le lit de son amant. Ça ne lui avait pas plu, mais il l'avait envoyé baladé, avait sorti l'autre mec par le caleçon et, déjà, il avait oublié cette histoire le lendemain venu. Quand les choses étaient claires, il n'éprouvait pas de jalousie. Ce serait cependant mentir de dire qu'un pincement ne lui arrachait pas le coeur à l'image d'une Charlie mielleuse pour d'autres. « Est-ce que tu voudrais que je le sois ? » La réponse était évidente, il sourit de plus belle, se moquant visiblement d'elle. « Je ne suis pas du type jaloux », finit-il par confier avec ouverture. « À moins que tu veuilles me faire du mal délibérément. Et dans ce cas, pouvons-nous réellement dire qu'il s'agisse de jalousie ? » Il lançait la question dans l'univers, un peu pour elle, un peu pour lui. Et dans son cas, jamais il ne le ferait pour aire du mal à Charlie. Qu'elle le sache, au cas où elle ressentirait ce sentiment. Elle demandait deux cuillères en bois, il se penche contre elle, ses abdominaux se logent contre le bras de la brune alors qu'il s'étire pour attraper les outils qu'il brandit fièrement une fois qu'il les a récupérés, sans manquer d'embrasser l'épaule dénudée de la belle au passage. « Mélanger, ça je peux le faire », lançait-il avec assurance. Si elle faisait toutes les mesures, il pouvait mélanger sans problème. « Tu veux peut-être redescendre pour mieux travailler ? », demandait-il, taquin, se moquant de sa petite taille indirectement. Mais la belle Charlie lui répondit avec une question à laquelle il ne s'attendait pas, Liam fit mine de réfléchir. « Habituellement, j'aime les femmes qui prennent les devants », commençait-il par expliquer. « Mais dans notre situation, le plaisir de faire monter le désir n'est-il pas plus agréable ? »

Est-ce que j'aimerais qu'il soit jaloux? Je ne sais pas. Si il l'est, je serais un peu effrayée. Je me sentirais piégée. Je ne veux être à personne. Car personne ne doit me briser le cœur. D'un autre coté, j'aurais le sentiment d'être un peu plus qu'un plan sexuel. À travers ses mots, j'ai l'impression de mieux le connaitre. Il a forcément un passé pour repousser l'amour. Une fille a dû le blesser. Je ne veux pas te faire du mal. En tout cas je ne le ferais pas délibérément. Malgré moi, je peux être autodescrutrice. Je n'arrive pas à concevoir que quelqu'un puisse m'aimer toute une vie. Alors je fuis, c'est ma seule façon de me protéger.

Je préfère chasser cette discussion qui devient trop sérieuse à mon goût. Perchée sur le comptoir, je lui donne les instructions. Je serais quand même plus à mon aise sur le sol, pour que je me serre contre lui. Je descend, maniant les récipients et ingrédients, machinalement. J'ai dû faire cette recette un million de fois. Un classique.

Ma main prend la sienne pour m'aider à mélanger. Il aime que les femmes prennent les devants. Je suis plutôt de ce tempérament. Il veut faire monter le désir? Très bien. Sachez, cher monsieur, que je ne suis pas comme les autres femmes. Je mélange vivement la mixture avant de rajouter une pointe de fleur d'oranger. Parfois je m'aventure à m'appuyer un peu plus contre lui et à caresser ses doigts. La texture devient lisse, je suis plutôt satisfaite. Je vais chercher le moule à madeleines et pour cela je dois m'éloigner un peu de lui. Contre son gré, très soudainement, je trempe le bout de sa main dans le bol. Avant d'attraper son index et de le lécher sensuellement, j'ai ce regard transperçant qui ne fait que scruter ses beaux yeux bleus. Je termine avec un sourire plein d'audace.

Elle ne savait pas. Il la regardait, incrédule. Normalement, on savait ce genre de choses. Peut-être que Charlie n'avait simplement pas envie de le lui partager. Liam ouvrait donc un peu de son passé, lui livrant sans le dire directement qu'il avait peut-être déjà été blessé. Il n'avait cependant jamais été amoureux. Ça, c'était hors de ses capacités. « Ça tombe bien, moi non plus je ne veux pas t'en faire. » Mais il finira pas le faire, il le savait. Et ce jour-là, il le redoutait. Il pouvait arriver à n'importe quel moment, sans crier gare. Bien malgré lui. Il lui accorda un clin d'oeil rempli de sous-entendu, caressant alors les cuisses de la pâtissière, remontant dangereusement sa robe, mais s'arrêtant à la limite de l'acceptable. Limite, limite, il se maudissait d'en avoir mises, des limites. Il doutait de ses choix, doutait de ce qui était finalement la bonne chose à faire. Penser à lui ou à son pote... Ça tournait en boucle dans sa tête alors que Charlie descendait du plan de travail pour mélanger les ingrédients, sucre et oeuf qu'elle battait dans le saladier, venant se loger contre lui, le sortant de ses pensées. Liam en profitait pour loger sa mâchoire sur la nuque de la jeune femme, mine qu'il avait besoin d'être près d'elle pour mieux voir ce qu'elle lui dictait de faire. Mais ce n'était qu'un prétexte. Comme ce doigt qu'elle lui avait fait tacher, exprès pour attiser le feu. Ça grondait dans son bas vendre, l'excitation montait, elle le titillait, l'aguichait, par sans langue habile et sa bouche dont il imaginait la sensation autour de son sexe.... Merde, elle le faisait flancher, craquer, succomber. Il ferma les yeux, d'abord pour se concentrer, ensuite pour profiter encore de ces caresses interdites. Fuck le plaisir de faire monter le désir. Ça y avait, il avait envie d'elle, trop pour s'arrêter. Et ce soupir qu'elle lui avait accordé venait le convaincre de fondre sur elle. Il l'attrapait avec fermeté et fougue, ses mains qui enveloppaient le visage d'ange de Charlie pour venir l'embrasser. C'était bien loin d'être un baiser tendre et empreint de romantisme. Il était sauvage et violent, comment l'envie qui grandissait en lui. Il plaquait son corps contre la brune avec insistance, juste avant de se séparer d'elle, le souffle coupé. Ça allait mieux, tout à coup. « Prochaine étape ? », demanda-t-il sourire narquois sur les lèvres.

Ni lui ni moi ne se doutons qu'on ne voulait pas se faire de mal mutuellement. Je le soupçonne de vouloir me protéger de lui. Mais qui le protègera de moi? Je ne suis pas, bien de loin, la petite amie parfaite. C'est pour cette raison que je ne cherchais plus à entreprendre une quelconque relation. Il ne sera mien que pendant une nuit ou deux. J'en aurais aimé davantage car chacun de ses gestes me mettait dans tous mes états.

Nous jouons à un jeu très dangereux. Personne n'en sortira perdant car nous voulons tous deux la même chose. Seul lui avait posé ses limites que je m'amusais à frôler. Comme lorsque je lui ai sucé sensuellement son index. Je ne m'attendais pas à ce que ce geste puisse lui faire autant d'effet. Je croyais naïvement qu'il n'allait pas céder à la tentation ce soir.

Mais non. Ma déesse intérieure pousse un gémissement quand je sens ses mains fermes m'attraper le visage. Et là il m'embrasse. Un baiser fougueux, qui disait qu'il a été désiré depuis bien trop longtemps. Il se détache de moi, et j'ai le sentiment d'être assommée. Ce fut bien trop court, me laissant un goût d'inachevé. Que voulait-il dire par prochaine étape? Il parle de nous ou de ces foutues madeleines?

Prochaine étape pour? Bordel on n'en parle pas alors de ce putain de baiser orgasmique? Aussi loin que je m'en souvienne, on ne m'avait jamais aussi sauvagement embrassé. J'en perds mes moyens, ma poitrine se soulevant à chacun de mes souffles. Comme j'aurais aimé reprendre contenance comme si de rien était. Mais je ne faisais que regarder ses yeux. Ils étaient magnétiques. Je suis sûre qu'il est de loin le plus beau des hommes que j'ai accaparé ne serait-ce que pour un baiser.

Embrasse-moi, encore une fois. Juste une. je l'implore, tout en relevant délicatement ma robe plus haut, encore plus haut. Jusqu'à ce qu'il aperçoive le rouge de ma petite culotte.

C'était trop fort, toutes ces émotions que la pâtissière refoulait en lui. L'envie, le désir, la tentation, elle appelait à ce qu'il cède. Et il avait été faible, lâche, de ne pas lui tenir tête plus longtemps. C'était à lui qu'il s'en voulait. Ce genre de choses, ce genre d'approche, ce n'était pas la première fois qu'il en était témoin et, pourtant, jamais il n'avait craqué aussi rapidement. Mais il avait eu cette pulsion trop forte qui l'avait transporté et, rapidement, il avait perdu le nord, baiser foudroyant qui avait pris toute son attention. Et quand il se sépara d'elle, il remarque que Charlie avait également été foudroyé. Il venait de franchir une limite de l'impardonnable, mais bordel que ça avait été bon. Et tout son corps en redemandait. Mais plutôt que de succomber à nouveau, sans savoir s'il pourrait s'arrêter, il demanda d'enchaîner leur activité initiale. Charlie semblait perdu, ce qui déclencha un rire attendrit chez l'Espagnol. « De la recette. La prochaine étape de la recette », précisa-t-il, ce rire toujours présent. Mais Charlie ne semblait plus attentive à ce qu'ils faisaient, elle jouait avec le bas de sa robe, suppliant de goûter une dernière fois à ses lèvres. Mais ils savaient bien tous les deux que ça ne serait pas qu'une seule et dernière fois. Elle remontait l'ourlet de sa robe contre son corps, Liam la suivait des yeux, lèvre mordillée la vue de sa petite culotte dont il avait rêvé. Elle le rendait fou, complètement fou. Il attrapa fermement la main de Charlie, sourit faiblement en rabaissant sa robe. « Non », lui lâcha-t-il à contre-coeur. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas, mais plutôt qu'il s'en empêchait. Ils avaient été d'ailleurs trop loin tous les deux, dans ce jeu dangereux. Et il avait été trop faible. Il se pencha tout de même à l'oreille de la brune. « C'est sans doute la chose la plus clichée que tu auras entendue de toute ta vie, mais le rouge est définitivement ma couleur favorite. Encore plus que tu la porte. » Il caressa à nouveau cette joue qu'il avait sans doute contrariée en refusant un baiser. « J'ai envie de t'embrasser, belle Charlie. Je t'assure que j'en ai envie. »

Il est bien plus humiliant pour une femme qu'on refuse ses avances. Ma fierté vient de me jeter une gifle. En deux minutes je suis passée par plusieurs émotions. Excitation. Désir. Envie. Déception. Colère. Je ne négocierai pas pour un autre baiser, pas une deuxième fois, même si j'en mourrais d'envie. Après un baiser pareil, j'ai dû mal à croire que nous en restons là. Tu me fais perdre la tête, Liam. Il avait déjà franchi la ligne impardonnable, alors pourquoi diable ne continue t-il pas?

Je ne réponds pas à son rapprochement. Je lui tourne volontairement le dos et reprends mes occupations. La recette était bientôt terminée. Bien. dis-je impassible. Continuons. Aussitôt dit aussitôt fait, je prends le moule à madeleine, préalablement beurrée et y verse le contenu du bol. Voilà. Tu mets au four à 240. Dans 15 minutes, c'est prêt. Je retire mon tablier, humiliée. Portant plus d'attention sur le rangement de mon panier qu'il ne le méritait.