(-18) tell them all i hoped would be impossible (charlie)

Ma déesse intérieure triomphe.. Je le regarde de haut, un sourire audacieux, jouant de lui. Il appelle mon nom, qui sonne délicieusement dans sa bouche. Il ne semble pas supporter très longtemps que je prenne les devants car il s'agrippe à ma taille pour me pénétrer. Je dépose avec douceur une main sur sa joue et la glisse jusqu'à son torse puis à mon intimité. Nous nous mélangeons, têtes en arrière. Oh oui je murmure à bout de souffle. Oui, c'est bon. Je suis la cadence, il me secoue plus fort, plus vite. Il se permet un compliment salace qui m'arrache un sourire contracté par nos mouvements. Parler serait un effort surhumain à cet instant. Je ne sais si il l'a ressenti en moi mais il trouve le bon moment de contrebalancer son corps. Il est sur moi et la vue est spectaculaire. Lui, ses faussettes et ses yeux d'un bleu océan. Je lèche le creux de sa nuque, l'aspire, remontant à son menton puis ses lèvres exquises. Il s'enfonce, encore, encore, encore et encore. Comme ça! Oui, oui! Liam... dis-je d'une voix hachée. Je peine à parler, je jouis totalement désorientée. Mon orgasme implose, explose, mes jambes en tremblent. J'enfonce mes ongles sur son dos et les relâche car j'ai perdu le total contrôle de moi-même.

Les gémissements de Charlie résonnaient dans le séjour, se heurtaient contre les murs vides, rebondissaient jusqu'à Liam qui s'en délectait, sourire aux lèvres grandissant quand il voyait à quel point elle perdait pied avec lui. Elle ne parlait pas, autre que les geignements de plaisir, et c'était aussi bien ainsi. Il l'avait pour elle, dans son plus simple attrait, ses mains qui guidaient les gestes jusqu'à la chavirer et la surplomber et sentir tout son corps frémir contre lui. La langue de Charlie venait titiller la peau de Liam, alors qu'il s'y donnait de plus belle dans ses coups de bassin plus secs, plus rapides, plus sauvages. Et elle vint enfoncer ses doigts dans le dos de l'homme, ses ongles qui perçaient sa chair. Il agrippa les fesses de Charlie, embrassant ses lèvres, la sentant jouir contre lui. Et quand il s'assura qu'elle était satisfaite, il se laissa lui-même aller, déversant son plaisir pour ensuite se laisse retomber sur la poitrine de la brune et y déposer un baiser entre ses seins. Il ne regrettait pas, pas encore, d'avoir cédé. Il ne s'en voudrait jamais pour cette nuit, jamais pour Charlie. Mais peut-être qu'un jour, il finirait par s'en mordre les doigts d'avoir risqué son amitié. Liam, tête reposée, yeux fermés, caressa la peau de la belle. « Et maintenant, c'est quoi la prochaine étape ? »

Liam, Liam, Liam, je n'ai que ce nom à la bouche. J'aime sentir son membre grandir au fond de moi, plus vite, plus fort. Ces claquements de nos corps qui se frottent l'un à l'autre, ce parfum de sa peau, ses yeux d'un bleu profond... Sans le prédire, sans aucune retenue, j'atteins l'orgasme et me met à gémir de plus belle. Quelle délicieuse torture! Je suis encore haletante, déroutée, tremblante. Ma voix ne s'autorise plus à parler. Je savoure cette sensation de plénitude. Et tout d'un coup, je sens qu'il s'immobilise sur moi. Un sourire de soulagement vient d'apparaître sur mon visage. Je me sens accomplie d'avoir cédé à la tentation. Peu à peu je reprends mes esprits. Tout autour de moi est flou. Il n'y a que lui qui compte, et il est encore sur moi. C'était bon, sensoriel, orgasmique.

Il y a une prochaine étape? je m'étonne, curieuse. Tout d'abord j'ai cru qu'il voulait remettre le couvert, mais je me souviens maintenant que nous étions, juste avant cette passion charnelle, en train de pâtisser des madeleines. Au diable les madeleines! Pour l'instant, je veux encore profiter de ce court moment où la douceur de sa peau caresse la mienne. J'ose un geste doux, un baiser sur sa joue. Je sais qu'il va falloir prendre conscience de cette limite que nous avons dépassé ensemble. Cependant je minimise cet acte, jusqu'à même penser qu'on puisse recommencer. Après tout, comme il me l'avait signifié plus tôt, je n'aurais qu'à traverser le couloir pour me filer dans ses draps.

Il y avait un moment de silence. Aucun d'eux deux n'osait parler. Liam, de ses pensées troublées, restait immobile, tête contre la poitrine de Charlie. Parfois un baiser venait s'y loger jusqu'à ce qu'il ne décide de briser le silence. La prochaine étape, c'était effectivement en référence aux pâtisseries, activité initiale qu'ils étaient supposés faire avant que tout ne dérape rapidement. Il en revoyait d'ailleurs toutes les étapes, du premier baiser brûlant à la finale charnelle contre le canapé. Liam levait sa tête pour regarder sa compagne, plongeait son regard bleu dans le sien. « Il y en a plusieurs », lança-t-il, taquin. « D'abord, je te vole un baiser. » Et il s'avança vers elle pour l'embrasser, cette fois avec moins de fougue, mais pas de douceur non plus. « Ensuite, tu vas prendre une douche. » Il pointait la salle de bain du menton avant d'adresser la cuisine d'un sourire moqueur. « Pendant que je range ton bordel en cuisine. » Et qu'il arrête le four, en priorité, madeleines qui devaient brûler sur la plaque de cuisson. Il se redressa davantage, vint s'asseoir pour faire face à Charlie, le corps toujours nu, lui offrant une vue plongeante sur tout son être. Et, tout à coup, son sourire disparut. « Charlie... », prononça-t-il avec précaution. « Je ne sais pas ce que tu attends réellement de moi. Et, je te l'ai dit, je n'ai vraiment pas l'intention de te faire du mal. Je crois que je dois mettre les choses au clair... », souffla-t-il. « Ce qu'on a fait, autant que c'était délicieux, c'était mal. Et, ça ne peut plus se reproduire. Et même si ça arrivait de nouveau... » Il prit une pause, baissa les yeux parce qu'il avait réellement cette impression qu'elle finirait par en vouloir plus, toujours plus, alors que lui, il ne savait lui donner plus. « J'fais pas dans le genre amour et couple. J'fais pas dans le genre traditionnel. Je ne tombe pas amoureux, je ne cherche pas d'exclusivité. Et ça ne veut pas dire que je ne développe pas de l'affection, mais... Mais pas comme toi tu connais. J'suis pas comme les mecs que t'as eus dans ta vie. » Son métier, d'une part, ne lui permettait pas ce genre de chose. Quand on voyait son copain se faire reluquer et toucher par d'autres filles... Comment était-il possible d'accepter tout ça en fermant les yeux ?

Ce moment, embarassant, après le sexe. Je ne l'ai jamais aimé, même avec une personne dont j'étais follement amoureuse. Tout d'abord, je sens que Liam est doux, puis rapidement je vois qu'il prend ses distances. Waw je trouve ça tellement nul de réagir comme ça, même pas cinq minutes après avoir couché ensemble! Mais je ne le montre pas, bien au contraire je veux le rassurer. Avec moi : pas d'attache, surtout après le fiasco à Sidney. Écoute. Je pense que j'ai fais énormément d'erreurs dans ma vie sentimentale. La dernière en date, c'est moi qui suis partie. Je marque une pause, les yeux levés au ciel, réfléchissant à des paroles que je choisirais avec délicatesse. C'est tellement gênant cette discussion finis-je par dire avec un rire nerveux. Enfin... ouais. T'inquiètes pas. Mon ton est doux, posé, rassurant. Je me lève alors d'un pas décidé en direction de la douche. Avant de pouvoir y rentrer, je me retourne vers lui mais me résigne. Je trouvais ça déplacé mais j'aimerais lui avouer que, tout ce discours, j'aurais préféré l'entendre avant.

Il avait été con. Plutôt con, oui. Mais c'était surtout un mécanisme de défense. Pour la protéger elle, pour se protéger lui, parce qu'il savait trop bien quels genres de problèmes pouvaient naitre à la suite de promesses faussement construites. Il l'avait vécu, plusieurs fois, trop souvent, pour ne pas savoir que les filles finissaient par tomber amoureuses, espérer le changer et l'envoyer valser quand elles constataient qu'on ne pouvait pas lui faire voir l'amour et les relations sentimentales différemment. Il n'était pas un homme comme les autres. Et peut-être qu'au fond il se cachait derrière son travail pour le justifier, mais la vérité c'est qu'aucune femme à ce jour lui avait donné envie de changer. Et dans le discours de Charlie, Liam semblait voir le même genre de pattern se répéter. C'était sans doute lui, le problème, au fond. C'était sans doute de sa faute, si les filles étaient blessées. Elle se levait, prenait la direction vers la salle de bain. Liam guettait ses pas, regardant sa silhouette s'éloigner, son corps nu traverser l'appartement et quand la porte de la pièce d'eau fut fermée, il soupira. Un long soupire qui demandait à ce que son visage vienne se poser entre ses mains. Puis, il se leva, éteignit le four, et osa se diriger vers cette porte fermée. Il regarda longuement la pognée, hésitant. Puis, fonça, l'ouvrant pour laisser la vapeur de l'eau envelopper son corps, lui aussi, toujours nu. Charlie s'était sans doute rendu compte de son entrée dans la pièce, il n'en avait que faire. Il entra sous la douche, se glisse contre elle, dans son dos. « Engueule-moi », lui demanda-t-il en l'étreignant. « Déteste-moi. » Pourquoi ne le faisait-elle pas ?

Sous la douche, je suis pensive. Cette réaction de Liam, me laisse sceptique. Si à chaque fois qu'il couche avec une femme, il lui annonce à la fin qu'il ne veut pas de relation exclusive, elles doivent toutes prendre leurs jambes à leur cou.

L'eau coule lentement, me laissant couvrir mon visage avec délicatesse. La porte s'ouvre, à ma grande surprise, Liam vient me rejoindre. J'imagine qu'il veut un deuxième round, avant qu'on se quitte.  Cependant quand il vient se blottir contre moi, je me rends compte que je me suis trompée. Je crois bien que je n'ai pas été assez convaincante car il veut que je l'engueule. Difficile de ne pas cacher mon étonnement. Pourquoi? dis-je en caressant ses avant-bras qui m'enlacent. Il exige même que je le déteste. Je m'efforce de me détacher de son étreinte, bien que j'aurais préféré y rester. Face à lui, mes mains viennent caresser son torse mouillé. Tu essaies de me protéger moi? je le serre contre moi de ma toute petite force, puis lève mon menton pour affronter son regard. Ses yeux d'un bleu ciel m'envoutent encore. Il a un visage pour être aimé. Ou tu veux te protéger toi? Les hommes et leur fierté... Je ne m'attends pas à ce qu'il ouvre son cœur, mais je l'espère. Que cache le passé amoureux de Liam? Une femme lui aurait-elle brisé le coeur? Est-ce pour cela qu'il ne veut désormais plus s'attacher? Moi aussi, j'ai mon passé sombre, je suis de très loin irréprochable. On pourrait très bien se mettre ensemble lui et moi, mais je suis quasiment sûre qu'il ne s'agira pas d'une relation saine. Toutefois j'ose imaginer un semblant de cette relation. Il ne me sera jamais fidèle et moi non plus d'ailleurs. On serait juste deux amoureux fous qui ne se l'avoueraient pour rien au monde.

Charlie dans ses bras, il était bien. Il n'avait besoin de plus que ça, d'elle dans ses bras. Sans promesses, sans attaches, sans rien de plus que ça. Est-ce que c'était trop demandé ? Pour certaines, oui. Et il n'avait pas envie de perdre Charlie parce qu'elle pensait comme ces autres avec qui ce genre de pacte n'avait pas fonctionné. Il n'était pas du genre à se lancer dans les grandes promesses, il ne voudrait sans doute jamais d'une relation plus sérieuse avec elle, ou du moins plus exclusive, il vivait bien dans sa liberté sans limites. Il ne voulait pas d'une seule fille pour la vie, ne croyant pas que le grand amour était unique. Ce n'était pas qu'il voulait les enchaîner tous les soirs, coucher avec un maximum de filles, d'ailleurs depuis son arrivée à Bowen il ne s'était pas lancé dans de grandes conquêtes alors que, visiblement, il aurait très bien pu le faire. C'était difficile à expliquer, on ne comprenait que rarement son point de vue sur l'amour. Et ça ne se discutait visiblement pas après les ébats qu'ils venaient d'avoir, Liam l'avait bien compris. Il voulait que la belle brune lui en veuilles, le déteste, ça serait sans doute plus simple que de la voir se renfermer sur elle-même, signe qu'il l'avait sans aucun doute blessé au passage. Elle se détacha de lui pour mieux le regarder, pour mieux lui infliger ses questions qui demandent de parler de son passé à lui. Elle n'a pas tort, Charlie, mais il faudra bien plus à Liam pour le lui confier. « Te protéger de moi », décréta-t-il avant de soupirer. « J'ai pas envie que tu crois que j'te veux que pour du sexe, Charlie... Je dois te protéger de moi. Et si pour toi, ce genre de relation ne te convient pas, on peut n'être que des collègues, des amis, des voisins. J'ai pas envie de te voir disparaitre parce que je ne suis pas le genre d'homme qui te convient. » Il caressa sa joue avant d'attraper la barre de savon derrière elle et de la forcer à se retourner pour lui laver le dos. « C'était pas le genre de premier rendez-vous auquel tu avais espéré, hein ? »

J'ai cet air, incrédule. J'en lève les yeux au ciel. Comme je l'ai prédit, monsieur Liam pense qu'il doit me protéger de lui. Je soupire, faussement agacée. Je crois que tu m'as mal comprise. Je ne veux pas qu'on se mette ensemble. Moi aussi, je te protège de moi. dis-je avec un sourire moqueur. Qu'il n'ait pas peur que je tombe amoureuse de lui. Je fuirais, comme je fais toujours. J'irais voir ailleurs, trouver un autre homme qui me fera tout oublier. Imprévisiblement, je pense à lui, pour qui j'ai quitté Bowen. Dans les bras de Liam, je l'oublie. Lui, je ne pourrais pas lui faire de mal et ça a quelque chose de réconfortant. Je voudrais rester là dans ses bras à me sentir heureuse.

Alors, qu'est-ce que tu attends de moi? "Je ne sais pas" n'est pas une réponse je le préviens au cas où il sort cette carte joker. Finalement je ne crois pas avoir cerné ses intentions. Veut-il qu'on soit juste amis? Veut-il qu'on entretienne une relation exclusivement sexuelle et passagère? Ou veut-il que l'on coupe les ponts? Parce que personnellement, je me donnerais bien à lui de temps en temps. Je n'aurais qu'à traverser le couloir, en toute discrétion, me glisser sous ses draps, et repartir aussitôt comme si de rien était.

En tout sincérité, dès que je l'ai vu, j'ai voulu céder à la tentation. Je ne fais pas partie des filles qui proclament qu'il ne faut pas coucher au premier rendez-vous. Volontairement, je ne réponds pas à sa question Et toi? Avec moi, il va falloir s'ouvrir un peu plus monsieur Liam.

Il se mit à rire devant le soupir agacé de la brune. Ce n'était pas un rire de moquerie, ce n'était pas pour lui faire du mal. C'était que bien trop souvent, il avait entendu cette excuse. Je ne veux pas qu'on se mette ensemble, je ne veux que profiter du bon temps avec ça, les filles le lui confirmaient souvent. Et elles finissaient par tomber amoureuses avec le temps, petit à petit. Tant mieux si Charlie n'était pas de ces filles à tomber pour lui, ça lui éviterait de lui briser le coeur. Mais il en doutait fortement. Elle semblait amoureuse de l'amour, mais trop blessée pour l'avouer. « Me protéger de toi ? », demanda-t-il en haussant un sourcil. « Me protéger de quoi ? Tu penses que j'ai un coeur à tomber amoureux ? » Là, il était moqueur. Parce que c'était bien meilleur de rire que de s'énerver. Il souriait, plaquant son corps nu à celui de la belle brune, venant dangereusement approcher son visage du sien. « Tu me supplieras de remettre ça, je serais prêt à parier. » Encore là, il était moqueur. Et s'en jouait bien jusqu'à ce que Charlie lui demande à nouveau ce qu'il attendait d'elle. Liam soupira, se détachant de la pâtissière. « Pourquoi toujours répondre à cette question ? » Et pourquoi toujours décréter que je ne sais pas n'était pas une réponse acceptable ? « Je ne sais pas, Charlie. Se faire du bien mutuellement, c'est pas suffisant ? Faut catégoriser ? Faut décrire encore plus ? Tu veux que je te dise que tu seras la fille du mardi ? Ou tu préfères être celle du vendredi ? Le dimanche, c'est mon jour de repos, c'est le seul que tu ne peux pas avoir. » À nouveau, il soupirait. « Pourquoi faut que ce soit compliqué ? Pourquoi faut mettre des mots sur ce que j'attends de toi ? C'est exactement pour ça que je dis que je ne suis pas le genre d'hommes qui te convient. » Parce qu'elle s'attendait déjà ce qu'il décrive leur relation alors que tout ce qu'il avait envie, c'était de cette liberté. De la voir quand il en avait envie, pour ce qu'il avait envie, sans catégorie. De l'appeler autant pour la faire grimper dans ses nouveaux rideaux que pour faire du vélo en plein centre de Bowen. « Est-ce qu'on peut réellement appeler ça un premier rendez-vous ? », répliqua Liam par une question, comme elle avait évité la sienne.

Sur la pointe des pieds, je lui dépose un baiser sur son menton. Si tu savais! Je soupire. Parfois vaut mieux garder des choses pour soit. Je ne veux pas le blesser avec mes intentions, à moi. Si il savait que j'essaie de chasser l'image de son visage. Si il savait que je veux juste sentir un autre parfum contre ma peau. Si il savait que j'ai souillé bien trop de promesses. Et dans ses bras, l'oublier semble si facile. J'en demanderais encore, c'est une évidence. Oui, c'est vrai. Liam peut bien me taquiner, je ne nierais pas que je ne toquerais pas de nouveau à sa porte.

Mince, je crois bien avoir tiré sur la corde sensible, ce qui n'était pas du tout mon intention. Personnellement, je préférerais le jeudi. dis-je d'un ton moqueur. Je temporise, car à l'évidence il y a un malentendu. Une explication calme s'impose. Je lui parle calmement. Arrête de te sentir piégé. Si je t'ai demandé ça, c'est parce que tu m'as dit qu'il ne fallait pas que ça se reproduise. Et là il y a deux minutes tu m'as dit que tu n'as pas envie de me voir disparaître parce que tu n'es pas le genre d'homme qui me convient. Avoue que ça porte à confusion, non? J'attends une réponse, qu'il m'accorde au moins que j'ai raison sur ce point.

Avouons que notre rendez-vous n'était pas un rendez-vous très traditionnel. En général les filles ne couchent pas le premier soir. Répondre une question par une autre question, c'est mon truc ça! Je ne réponds pas. D'un air audacieux, je proteste silencieusement.

Il ne connaissait pas le passé relationnel de Charlie. Il l'imaginait pourtant bien être le genre de fille à tomber amoureuse, à avoir des relations stables, passionnelles, fusionnelles. Elle ne semblait pas être comme lui, incapable de se satisfaire d'une seule personne pour le reste de ses jours. Liam ne savait pas trop pourquoi, mais elle lui donnait l'impression, même si elle en disait le contraire, de vouloir trouver l'amour, fonder une famille, et tout ce tralala que lui avait du mal à visualiser. Après, il se trompait peut-être sur toute la ligne, mais c'était l'impression qu'elle lui renvoyait. Peut-être qu'un jour, elle finirait par lui parler de celui qu'elle tentait d'oublier et les véritables raisons qui l'avaient poussé à venir à Bowen. Un jour. Mais ce jour, ça ne serait pas aujourd'hui, à l'aube d'un premier rendez-vous anormal où ils n'avaient pas cherché à se courtiser vraiment, où ils s'étaient plutôt laissé abandonner à leurs envies charnelles. « Je t'ai dit que coucher ensemble ne se reproduirait plus », le corrigea-t-elle. Mais il n’avait effectivement aucune envie de la voir disparaitre de sa vie. « Ce ne serait pas juste envers ton frère », continua-t-il, bien qu'ils en avaient déjà discuté. « Mais si toi, tu ne penses qu'à ça avec moi, belle Charlie, je peux comprendre. » Parce qu'on le voyait souvent comme le mec avec qui on couchait, mais rarement un ami de ces dames. Et il ne pourrait pas lui en vouloir. Liam ferma l'eau chaude et sortit de la douche pour récupérer deux serviettes. Il enroula le corps de Charlie dans l'une d'entre elles. « J'espère sincèrement que tu voudras me revoir, après ce soir. » Même si coucher ensemble ne serait plus une option... À moins qu'ils ne puissent retenir leurs pulsions.

hj:

L'amour est un sentiment que j'aimerais contrôler, que j'aimerais garder sagement et précieusement dans un coffre-fort. Je voudrais aimer sans penser qu'il pourrait y avoir une fin. Je voudrais a n'avoir jamais connu un chagrin d'amour. Je voudrais effacer mes souvenirs avec mon ex de Sidney, comme on efface les traces de craie sur un tableau. Oublier notre premier baiser sous un gui, la veille de Noël. Oublier qu'il m'accompagnait faire les magasins, juste pour me faire plaisir. Oublier qu'il était prêt à braquer une banque ou à faire de la contrebande, si ma vie en dépendait. Ainsi que je voudrais oublier que j'étais prête à tout pour l'impressionner.

Et pendant l'ombre de ce torride moment, je l'ai oublié dans les bras du bel espagnol. Il n'y avait plus rien hormis nos corps mélangés. Ses gestes avaient lui aussi cette façon brutale de m'accaparer. Liam avait lui aussi, ce regard profond qui me transportait dans un autre monde. Sa peau était tout aussi douce. Il me touchait de ce même désir ardent. Liam avait tout pour me faire rappeler le fantôme de mon ex. Cependant ce n'est pas ce qui est arrivé. Il avait ce pouvoir bien plus grand de me faire tourner la page, de me faire tourner la tête. Je ne répondais plus de moi-même, et ça faisait un bien fou d'avoir enfin l'esprit vide. Pourtant je devrais m'alerter car cette relation doit rester secrète, parce qu'il est l'ami de mon frère. Il ne veut pas qu'on couche de nouveau ensemble et il semble bien catégorique.

C'est reparti. Moi et les relations secrètes, impossibles, toxiques & instables. À croire que j'aime ça, souffrir et faire souffrir des gens. Je devrais arrêter de me lancer dans ce genre d'histoires. Pourquoi je ne peux pas parvenir à avoir une relation saine, comme tout le monde? Il n'y a pourtant rien de mal à aimer et être aimé en retour. Surtout que beaucoup de personnes de mon entourage a des enfants, certains vivent en couple malgré des hauts et des bas. Moi, je ne peux pas l'envisager. Je sais bien que c'est la continuité logique de la vie. Je sais que la bonne personne existe. Je sais que l'on peut vivre heureux en amour. Seulement est-ce que cela m'arrivera un jour et est-ce que je le mérite vraiment? Quand je vois mes parents qui se considèrent séparés mais mariés en même temps, j'ai une vision encore plus effrayante du mariage. Est-ce que l'on doit finir notre existence auprès de quelqu'un tout en faisant semblant de l'aimer? Je ne souhaite pas subir ça. Voilà le mot exact. Je ne veux pas subir l'amour. L'amour, on ne le voit pas. On ne le sent pas comme le parfum d'une rose. On ne l'entend que par des mots.

Alors oui, je ne pense qu'à être dans ses draps pour l'instant. Si succomber à ses bras peut m'aider à oublier celui que j'ai quitté, je le referais sans hésiter. Voir Liam en dehors de cette liaison exclusivement intime, me fait peur. J'en ai très envie, certes. Néanmoins devenir ami(e) avec lui est prendre un risque de m'y attacher. Je sais que je l'ai déjà dis, mais il a un visage pour être aimé. Quand je le vois, là, l'eau ruisselant sur ses faussettes, avec ses yeux d'un bleu azur, je suis sous le charme. Soudain je me sens chanceuse et privilégiée d'avoir cédé à notre plaisir charnel. Mon corps s'enveloppe dans une de ses serviettes. Je te laisserais une boîte de madeleines sur le pallier de ta porte, pour rattraper notre catastrophe de ce soir. Sans lui laisser le choix, j'attrape son menton pour lui déposer un baiser sur ses lèvres.  C'était une catastrophe très agréable dis-je avec douceur. Notre rendez-vous s'achève. Je repars le cœur plus léger, avec en tête une symphonie à l'instrumentale pastorale. Je me sens bien. Il y a bien longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi libre.

Ça y est, la tornade Liam est rentrée dans ma vie.

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Terminé ♡