two can keep a secret, if one of them are dead (zaketh)

Trois fois qu'elle s'était changée de tenue, trois fois qu'Ivy l'avait regardé avec ses grands yeux encore bleus en souriant. Pour elle, sans doute que sa maman était la plus belle qu'elle avait jamais vu, mais en même temps, une maman, elle n'en avait qu'une, cette petite Ivy. Et Beth, sans doute si peu objective, elle, se trouvait moche dans tout ce qu'elle essayait. Elle avait rendez-vous avec Zak. Même si ce mot, c'était un grand mot. C'était difficile d'avoir des rendez-vous galants avec bébé Ivy qui grandissait à vu d'oeil et qui demandait maintenant beaucoup plus d'attention de la part de sa maman. Mais Beth avait tout de même envie de se faire jolie pour le cuisinier, qu'il la trouve séduisante, irrésistible et qu'ils aient tous les deux cette envie pressante de coucher la petite pour se retrouver que tous les deux. Sur cet aspect, Zak était parfait. Jamais il ne faisait sentir à la jeune maman qu'Ivy était un bagage en trop à trainer. Parce qu'Ivy, c'était sa réalité. Rafael était en voyage d'affaires, il était parti quelques jours plus tôt, impossibles donc pour l'Anglaise de déposer leur fille chez son papa. Mais Zak n'y avait vu aucun problème. Au fond, il se réjouissant sans doute de pouvoir voir sa douce, tout simplement, peu importe les circonstances. Elle opta pour une robe cache-coeur de lin blanche, un tissu léger que l'ancienne rockstar pourrait soulever aisément lorsque Ivy serait isolée, si l'envie de retrouver le corps de sa douce se faisait trop pressante. Sous cette tenue, Beth y avait caché une lingerie fine, délicate, d'un rose si pâle qu'il contrastait avec sa peau dorée. Les dentelles des pourtours de ses sous-vêtements étaient si détaillées qu'ils feraient sans doute leur effet sur le barbu. Avec une légèreté qui ne collait pas au temps extérieur, les nuages grisâtres se multipliaient dans le ciel de Bowen, Beth toqua à la porte de son petit-ami, ciel que ça lui donnait le tournis de prononcer ce terme. « Hey », souffla-t-elle, timide, une rougeur déjà sur son visage. « Tu veux bien prendre Ivy le temps que je décharge la voiture ? » Elle ne lui avait pas encore dit, mais elle avait cuisiné ses fameux pancakes. Mais entre le sac qui contenait leurs affaires pour la nuit et bébé Ivy, elle n'avait pas pu tout sortir de son coffre.

@zak addams

Beth et moi, ça roulait. Aussi étrange que cela puisse paraitre, ça collait vraiment. Nous étions radicalement différents pourtant, mais nous devions sans doute répondre à cette règle un peu bateau qui disait quelque chose comme « les opposés s’attirent ». J’étais heureux. Au point que je me surprenais parfois à voir un sourire se dessiner sur mon visage de manière totalement inopiné, au beau milieu de la journée. Il suffisait seulement d’une pensée, son visage lumineux qui s’imprimait sur mes rétines, son sourire qui me faisait craquer, son regard malicieux, sa bouche que j’avais envie de croquer dès que je la voyait. Je l’imaginais nue, parfois, contre moi. Seulement ça.
Un sourire détendu barrait encore mon visage quand je relevais les yeux vers le miroir. C’était dingue cet effet qu’elle avait sur moi. Je me sentais bien avec Beth, bien mieux qu’avec toute les femmes qui avait un jour partagé ma vie auparavant. Encore quelques semaines plus tôt, jamais je n’aurais pu imaginer trouver une pareille osmose avec quelqu’un, encore moins Beth Ellington, qui m’était apparue dès le départ comme un ange inaccessible. Je prélevai un peu de soin capillaire dans le creux de ma main, puis l’appliquai sur ma chevelure en la coiffant de mes doigts. Ils avaient un peu poussé, je devais prendre rendez-vous chez le coiffeur, et le barbier, aussi tant qu’à faire. Ca attendrait.
Ce soir, je voyais Beth et je comptais bien lui dédié tout mon temps et toute mon attention. J’étais heureux de la manière dont les choses se déroulaient entre nous, tout simple limpide et doux. Même si, je devais admettre que quelque chose venait teinter ce tableau d’idylle d’un écran de fumée. Je n’avais toujours pas trouvé le courage de parler de Gisella à Beth. Je savais qu’elle nourrissait quelques complexe vis à vis de mon ex copine, et amie très chère, elle l’avait évoqué en me parlant d’une photo de l’italienne que j’avais posté quelques mois plus tôt sur mes réseaux. Le sujet était délicat à abordé et, par lâcheté, je repoussai le moment depuis quelques temps, redoutant la réaction de la femme que j’aimais. Pour ce moment, je ne pouvais pas le repousser indéfiniment.
Après m’être parfumé légèrement, je passai dans ma chambre pour enfiler des jeans sombre et une chemise, sombre elle aussi. Je fixai un bracelet en cuir à mon poignet quand j’entendis la voiture de Beth se garer dans ma cour. Un mélange d’angoisse et de joie intense me prit soudain. Je décidai de taire la première et d’aller accueillir la belle anglaise. Elle était ravissante dans petite tenue claire, en parfait contraste avec ce que je portais. L’ange et le démon, attirés l’un par l’autre comme deux aimants.
— Salut Amour, soufflai-je au moment où je lui ouvris.
Ses joues se teintèrent d’un rose charmant, j’esquissai un geste pour l’embrasser mais elle déclara avoir besoin de déchargé sa voiture et me demanda si je pouvais prendre sa fille pour lui laisser les mains libre.
— Bien sûr, donne-la moi.
Je tendis les bras et accueillis l’enfant contre moi. Ivy avait presque quatre mois maintenant, et elle me toisa de ses grand yeux curieux. Cette petite crevette avait le charme naturelle de sa mère, c’était indéniable. Ses petites mains se levèrent vers mon visage et je souris.
— Je crois qu’elle est intriguée par ma barbe, m’amusai-je.

Zak ouvrit la porte, il était beau. Tellement beau. Ses cheveux étaient plus longs qu'à son habitude, sa barbe aussi, ils témoignaient qu'il se négligeait peut-être un peu à cause d'elle, parce qu'elle occupait peut-être un peu trop le plus clair de son temps. Mais ciel qu'il était beau. Sa chemise était en accord avec l'encre de ses tatouages, il avait soigneusement roulé les manches de cette dernière pour exposer son art corporel que Beth s'amusait, parfois, à dessiner du bout de ses doigts, tracer les contours de ses dessins humains dans leur moment d'intimité. Son préféré, c'était sans doute les roses qu'il avait non seulement sur ton torse, maintenant caché par le vêtement, mais aussi sur son bras gauche, juste avant son poignet. En le regardant, d'ailleurs, elle eut la vision de son torse nu, un frisson la parcouru, elle qui n'était pas sensuelle de nature, elle qui avait du mal à accepter son corps, à accepter qu'un autre pouvait l'aimer, même, encore plus quand cet autre était un homme comme Zak. Mais avec lui, elle prenait plaisir à revisiter son côté femme et ses envies qu'il lui faisait ressortir. Et là, devant lui, à l'entrée de sa maison, elle en perdait très certainement ses moyens. Il était beau, ciel qu'il était beau. Et si elle n'avait pas eu Ivy dans les bras, sans doute que cette fois, elle n'aurait pas joué les prudentes et qu'elle se serait jetée sur lui pour lui faire l'amour. Ce n'était pas plus mal, le désir s'entretiendrait, grandirait, jusqu'à ce soir où elle pourrait lui montrer à quel point elle avait envie de lui et comment il l'a transformait, elle qui commençait tout juste à prendre confiance en elle et à ne plus être terrifié par l'ombre de ses exs, de son ex, surtout. Beth lui tendit donc Ivy pour se libérer les bras, la petite observait l'homme avec ses grands yeux bleus, hissant ses mains vers la barbe de Zak. Son commentaire fit rire la brune qui, la tête dans le coffre de sa voiture, commenta la remarque de l'homme. « C'est qu'elle ne me voit jamais avec la mienne, je la taille quotidiennement », plaisanta-t-elle. Elle ferma le coffre de la voiture, assiette de pancakes dans les mains et retourna près des deux amours de sa vie. Et cette vision, Zak tenant Ivy, elle la foudroya sur place. Il était beau. Il était tellement beau. Et qu'est-ce qu'elle l'aimait. Elle se surprit à lui sourire plus qu'elle ne l'aurait voulu. « Je pense qu'elle t'aime presque autant que moi », confia-t-elle en s'approchant d'eux. Elle adressant ensuite le plat dans ses mains. « J'ai une surprise pour toi », fit elle en retirant la pellicule d'aluminium qui recouvrait l'assiette, lui dévoilant ses fameux pancakes qu'il n'avait jamais encore goutés. « Et tu sais, j'ai même réussi à les faire sans oeufs et sans lait », s'écria-t-elle, fière d'elle. « Je sais, je sais, tu m'as dit que ce n'était pas nécessaire. Mais... Mais j'avais vraiment envie de trouver une recette que pour toi. »

Un sourire se dessina au coin de ma bouche face à la plaisanterie de Beth. Je la regardai approcher, berçant machinalement sa fille de haut en bas qui était occupée, maintenant, à jouer avec mes solaires que j’avais laissé pendre à mon col.
— Ca tombe bien, j’ai un faible pour les femmes à barbe, répliquai-je avec un petit rire amusé.
Beth nous rejoignis, les bras chargés. Elle semblait avoir cuisiné quelque chose, j’arquai un sourcils, curieux de découvrir ce que la belle anglaise avait préparé. Je pouffai quand ma petite amie déclara que la petit Ivy m’aimait visiblement autant qu’elle.
— Normal, plaisantai-je, personne ne me résiste, tu le sais bien !
Je fanfaronnai mais en réalité, je n’étais pas si sûr de moi qu’il n’y paraissait. Comme tout le monde, j’avais mes failles. Par ailleurs, je savais que la soirée allait probablement s’assombrir avec la conversation qu’il me faudrait engagé avec Beth. La belle brune était importante pour moi, davantage que toutes les femmes qui avaient partagé ma vie jusqu’à présent et je lui devais l’honnêteté, tout comme je devais à Gisella de prendre mes responsabilité. L’italienne était mon ex, oui, mais aussi et surtout, mon amie. Ca n’était pas juste de ma part de la dissimuler au regard de ma petite amie, simplement parce que j’avais peur de la réaction de cette dernière. Bref…je savais que la légèreté qui régissait le moment présent n’allait pas durer, et la plaisanterie m’aidait à surmonter mon stress. La surprise de Beth, par ailleurs, eut exactement le même effet.
— Tes pancakes ? hasardai-je. Woaw ! Je suis trop gâté
Ok…bon. Clairement, je ne méritais pas cette femme. Elle était la perfection incarnée. Un air malicieux couvrant mes traits, je me penchai enfin vers elle pour lui voler un baiser, puis plongeai tendrement mon regard dans le sien.
— Dis-moi que je ne suis pas obligé d’attendre que ta fille soit couché pour gouter à cette sucrerie là !
 

Il y avait une telle douceur dans leur échange, c'est l'effet que Zak avait sur Beth. En quelques mois à peine, il lui avait montré qu'une histoire de cœur n'avait pas à être compliquée, à laisser des marques indélébiles sur le corps. La brune avait cru fermement que les histoires d'amour étaient hors de porté pour elle, parce qu'elle avait assez donner avec les garçons qui lui feraient du mal constamment ou qui étaient trop difficile à atteindre. Zak, cependant, défaisait toutes ses idées préconçues et, surtout, si fausses. Elle rigolait, plaisantait sur la barbe qu'elle n'avait pas alors qu'elle récupérait les items dans le coffre de sa voiture et qu'Ivy, elle, jouait avec les solaires de l'homme en le regardant de ses grands yeux bleus. Ils étaient beaux à voir, une image qui fit craquer à la fois son cœur de maman que d'amoureuse. « Pourquoi j'ai l'impression que je pourrais avoir un troisième œil dans le front et tu me dirais que tu as un faible pour les femmes à trois yeux ? », lâcha Beth en riant. Zak la couvait de compliments, comme pour lui faire comprendre combien elle était attirante à ses yeux et, petit à petit, ses efforts fonctionnaient, elle commençait à accepter cette sensualité qui semblait le charmer. Il lui restait tout de même bien du travail sur sa personne pour dire que la confiance lui était acquise. Quand elle désigna la petite qui semblait l'aimer, le cuisinier répliqua d'une blague que lui seule pouvait faire, la grande confiance que Beth lui connaissait ressortait. « Ça va, ne t'enfles pas trop la tête, tu ne passeras plus dans la porte d'entrée », le charria gentiment la traductrice avant de désigner son plat de pancakes qu'elle tenait dans ses mains. Et pas n'importe quelles pancakes, évidemment, celles qu'elle avait spécialement cuisiner pour son petit ami, sans œufs, sans produits laitiers, expressément parce qu'il n'en consommait que très peu. « Tu mets trop d'espoir dans mes pancakes, tu seras déçu », le mettait-elle en garde. Zak se penchait pourtant déjà vers elle, hâtif d'en découvrir les saveurs, venant voler un baiser à la brune au passage, laissant des mots venir faire frissonner les papillons de son ventre. Beth ferma les yeux en souriant. « Il n'y a pas d'interdiction avec les pancakes.. Mais on peut aussi attendre d'être seuls pour mieux les déguster… », fit-elle remarquer, pleine de sous-entendus. Ivy, comme si elle avait compris l'essence de leur conversation, s'imposa entre sa maman et l'homme, tendant les bras à la brune qui pouffa de rire. « Ivy ne semble pas être d'accord pour me partager avec toi. Tu devrais peut-être manger les pancakes maintenant finalement, on se rattrapera plus tard pour des gâteries », lui fit-elle, un clin d'œil taquin qui accompagnait ses paroles. Elle fit un échange avec l'homme, lui passant le plat et reprennant sa fille puis le suivit dans la maison. Dans le séjour, elle déposa Ivy au sol, lui sortit quelques jouets et son tapis d'exercice avant de reporter son attention sur son amoureux. « Tes colocs sortent beaucoup, dis donc. Ou, alors, tu les fous à la porte à chacun de mes caprices. » Elle riait, jamais elle ne pourrait se douter qu'elle avait visé juste.

Beth avait raison, il n’y avait rien qui puisse me faire déprécier sa compagnie, j’aimais Beth bien plus que pour son simple physique, même si, évidemment, cette partie d’elle avait aussi le don de me faire chavirer. J’aimais sa sensibilité d’abord, son humour qui lui donnait faussement l’air de ne pas y toucher, je la trouvais intelligente, elle me fascinait à bien des égards.
— Je pense qu’un troisième oeil te rendrait plus charmante encore, badinai-je.  
Oui, je poussai le bouchon, insistant exprès, d’autant plus si un troisième oeil pouvait pousser sa clairvoyance et lui permettre de se voir aussi jolie et importante qu’elle était réellement à mes yeux qui eux, pourtant, n’était qu’au nombre de deux. Cela dit, il n’y avait rien à ajouter ou à enlever chez Beth, si ce n’était un brin, une micro-touche de confiance en soi. Confiance qu’elle semblait acquérir petit à petit, à croire qu’il ne m’avait suffit que de mettre le feu aux poudres pour que le feu ne parte et lui permette de rayonner comme elle le devait.  
— J’ai une très grande porte, tu remarqueras, répliquai-je au moment où Beth me fit remarquer que mon égo risquait de me faire enfler la tête.
Je fanfaronnai comme ça, mais je ne savais que trop ce que c’était que de perdre la tête à cause d’un égo mal placé, et je n’étais pas prêt à retomber dans mes vieux travers. J’avais le chef bien vissé à mes épaules, et cela m’avait demandé assez d’efforts pour en arriver à ce point. L’homme que j’étais aujourd’hui avait essuyé des bourrasques, avaient traversé des montagnes russes émotionnelles et avait connu la descente aux Enfers plus d’une fois, aujourd’hui, le tumulte était à peu près derrière moi. Bien sûr, personne ne pouvait savoir à l’avance de quoi le lendemain pouvait être fait, mais j’étais presque certains d’avoir acquis les armes pour affronter de rudes épreuves. Mais à cet instant, seuls Beth, sa jolie petite fille et ses appétissants pancakes n’accrochaient mon intérêt. À la remarque de l’anglais, je plissai les yeux.
— Tu m’as dis ça aussi à propos de certains de tes autres talents, et à l’heure où tu me parles je n’ai jamais encore été déçu.
Je lui adressai un sourire taquin tandis qu’elle récupérait sa fille, visiblement ravie de retrouver les bras de sa mère - comme je la comprenais ! - et me passa le plat à pancakes. Alors que nous avançâmes en direction de ma maison, l’impatience me fit soulever le papier aluminium pour observer discrètement les pancakes. Ils n’avaient pas l’air mal du tout ! J’avais bien encore du sirop d’érable dans mes placards, envoyé par ma mère depuis mon pays natale, pour aller avec.
— J’espère bien qu’on verra ça plus tard, dis-je alors que nous étions arrivé au niveau de ma cuisine, je compte bien m’offrir plusieurs plaisirs ce soir…
Je la couvai d’une oeillade langoureuse, tandis que je déposai le plat sur mon plan de travail, cherchant déjà le fameux sirop. Beth prit le temps de déposer ses affaires et d’installer le tapis d’éveil pour sa fille. J’étais plutôt détendu jusqu’à ce que le mot « coloc » dans la bouche de Beth ne génère une légère tension dans ma nuque. Livio, en effet, était souvent sorti, entre son travail, sa copine, ses recherches d’appart et le reste, quant à Gisella…je n’étais pas sûr d’être encore prêt à aborder le sujet.
— C’est vrai qu’on se croise assez peu, au final, détournai-je.
Oui c’était lâche, j’en avais pleinement conscience, mais égoïstement, j’avais envie de profiter un peu du temps qui m’était offert avec la femme que j’aimais. Nos emplois du temps réceptif nous permettait assez peu, au final, de nous voir et je n’avais pas envie de tout gâcher trop vite.
— Dis-moi, est-ce qu’on est des fous et on commence par le dessert ?
Du menton, je désignai le plat à pancakes.
— Ou bien on débute par le salé, j’ai deux nouvelles créations à te faire tester…

Zak affichait sur ses lèvres un sourire bien trop franc, il donnait raison à sa petite amie, l'air moqueur, le ton léger. Beth lui répondit par un rire enjouée. « Je songerai à m'en faire pousser un, alors », laissa-t-elle entendre avant de commenter l'égo surdimensionné que se donnait l'ex rockstar. Évidemment, quand elle parlait de son égo, Beth rigolait. Elle connaissait bien assez Zak pour savoir qu'il avait, effectivement, une grande confiance en lui, mais elle n'avait rien d'une confiance extrême qui le rendait égocentrique à s'enfler la tête, les chevilles et tout ce qui pouvait grossir. Et elle appréciait, chez Zak, cette confiance qui le rendait beau, séduisant, terriblement irresistible, sans même savoir que jadis elle avait pu être un problème chez lui, un travers qui l'avait rendu peut-être un peu trop arrogant pour le trouver charmant. Cette vie-là, Beth ne la connaissait pas. Et s'il lui avait vaguement parlé de ses anciennes erreurs, il n'était jamais entré bien en détail dans sa vie de chanteur. Peut-être qu'un jour il finirait par lui confier son histoire. Pour le moment, la Britannique respectait son jardin secret, prenant les bribes de confidences quand elles arrivaient. Ivy qui reposait dans les bras de son amant réclamait à nouveau l'attention de sa jeune maman qui la récupérait en échangeant le plat de pancakes surprises qu'elle avait fait spécialement pour lui. « Mes autres talents ? », demanda Beth, perplexe, avant de comprendre ce qu'il entendait par-là. Si Beth avait retrouvé un peu de confiance intime avec lui, elle n'avait changé du tout au tout. Elle resterait toujours un peu Beth Ellington, à rougir parce que son petit ami avait sous-entendu les douceurs intimes qu'elle savait lui donner. « Oh… Ça », dit-elle toute timide, serrant sa petite dans ses bras. « J'imagine que c'est un peu la même chose, au début j'étais moins douée… Peut-être que ces pancakes sans produits animaliers seront meilleures la deuxième fois », se justifia-t-elle alors que Ivy lui caressait doucement le visage. Beth s'avançait dans la maison, lui pointant qu'ils devraient sans doute attendre un peu pour profiter l'un de l'autre puisque la petite semblait jalouse de l'attention que sa maman pouvait donner à d'autres. « J'en ai envie aussi… », laissa entendre la brune. Elle avait, pour lui, une attirance qui ne s'expliquait pas. Et plus ils passaient du temps loin l'un de l'autre, plus elle était en manque de lui. Ses lèvres lui manquaient d'ailleurs déjà, après avoir installé Ivy elle s'avança vers Zak qui avait posé l'assiette en cuisine en initiant une conversation difficile. Elle lui faisait la vie dure, avec ses colocs, parce qu'elle n'était pas à l'aise de fricotter dans une maison où d'autres pouvaient les surprendre. Pauvre Beth, elle ne savait pas encore qu'elle avait raison d'être malaisée, l'une d'entre eux était importante, très importante aux yeux du cuisinier. Il ne sembla pas vouloir pousser plus loin la conversation, Beth hocha la tête puis pointa l'assiette. « Ce dessert, tu veux dire ? », dit-elle taquine. « Tu sais que je veux toujours goûter à ce que tu cuisines. Fais-moi rêver ! »

J’aimais le ton un peu taquin qui s’était instauré entre nous, c’était le signe que notre relation se renforçait, que Beth prenait de l’assurance avec moi, que nous nous faisions confiance et qu’une complicité naturelle naissait. Cela me plaisait. Cela me plaisait aussi de voir que Beth conservait malgré tout un peu de sa pudeur, la voir rougir après mon sous-entendu me fit sourire.
— Oui…ça, précisai-je avec un sourire en coin.
Beth, au début de notre relation, avait de nombreux complexes, notamment vis à vis de son nouveau corps de femme qui était passée par l’accouchement, elle avait un cruel manque de confiance en elle, et je la voyais, chaque jour, enlever un peu de sa carapace et accepter de se voir un peu plus à travers mes yeux. Son corps me plaisait tel qu’il était, il ne ressemblait pas nécessairement au corps des magazines mais je n’étais pas le genre de mec à fantasmer sur des Barbies photoshopées de toute manière. J’aimais les vraies corps, au contraire. Pour rien au monde, je n’aurais souhaité que Beth change quoique ce soit. Je la trouvais belle, simplement. À commencer par la ligne délicate de sa nuque que je vins embrasser avant de passer derrière le comptoir de ma cuisine pour aller récupérer, dans mon four, les deux burgers que je m’étais amusé à créer dans l’après midi. J’avais d’abord façonné les buns, l’un avec d’un jus de betterave à la place de l’eau, ce qui, à la cuisson, avait rendu un rose éclatant, et l’autre avec du charbon actif et un peu d’encre de seiche, pour un rendu noir intense. Pour les garnitures, j’avais laissé libre court à ma créativité. Pavé de patate douce, oignons caramélisés et fromage de chèvre, agrémenté de pickles de radis rose, un peu de salade et une sauce fromagère, dans l’un, et dans l’autre, un steak de légume de ma confection, assaisonné au paprika et autres épices, tête de portobello rôti, oignon rouge confit et une sauce épicée, rehaussée de tabasco.  
— Il est hors de question qu’on se refuse le moindre délice, ce soir, affirmai-je avec malice, tout en préparant le comptoir pour la dégustation.
Je découpai chaque burger en deux à l’aide d’un grand couteau, puis disposait une moitié de chaque dans deux assiettes différent.
— Bon, mademoiselle, il va falloir être critique…tu es la première à qui je fais gouter ce duo de burger. Je ne l’ai même pas goûté moi-même, il se peut que ce soit complètement dégueu.
Cela dit, j’avais vraiment été inspiré cet après-midi, en cuisinant, et j’espérais sincèrement qu’ils étaient au niveau de mes attentes.

Ça, incapable de le dire autrement. Beth ne pouvait mettre des mots sur leurs rapports intimes sans rougir. Encore moins devant Ivy. Zak, pourtant, était si ouvert, si à l'aise avec tout ça. Il n'avait aucun problème à embrasser Beth devant sa fille, à la prendre dans ses bras alors que la petite était dans les parages. Il n'avait même aucun problème à faire l'amour avec elle alors que la petite dormait dans la même chambre qu'eux. Mais Beth, elle, avait des retenues. Au fond, c'était peut-être Zak qui avait la meilleure façon de penser. Si Ivy était exposée à deux personnes qui s'aimaient et qui le montraient, peut-être aurait-elle une vision de l'amour saine. Peut-être serait-elle plus en mesure de reconnaitre les bonnes relations des relations toxiques, en grandissant. Beth, au début de leur relation, avait de nombreux complexes. Et bien que ses complexes n'étaient pas disparus complètement, et que certains resteraient indéfiniment, le chef contribuait à améliorer la vision que l'Anglaise avait non seulement d'elle, mais aussi de l'amour, de l'affection, de son rapport avec l'intimité. Il ne lui avait pas donné le plus beau cadeau du monde, ça avait été le fruit d'une autre relation, belle Ivy qui les regardait de ses grands cils battants, mais il lui offrait le second meilleur cadeau au monde : la confiance. En lui, en elle, mais surtout en lui. Il continuait sur la lancée de la malice, parlant des délices qu'ils s'offriraient par centaine ce soir. « À moins que quelqu'une ne réclame sa maman », gloussa Beth, non pas avec l'envie de briser le moment, mais seulement de redevenir quelque peu réaliste. « À moins que tu ne parlais pas de ce genre de délices... », reprit la brune sur le ton de la taquinerie. Parce qu'elle semblait tout rapporter au sexe, ce soir, mais peut-être que Zak parlait d'autre chose. Elle se permettait d'en douter, par contre, un sourire au visage. Zak avait dressé les assiettes, coupant la moitié d'un et de l'autre de ses créations. Un burger rose, un burger noir. À cette vision, Beth ne peut s'empêcher de sourire. « Dis donc, on dirait que tu as été inspiré de nous pour ces recettes », plaisanta la traductrice. Elle était le burger rose, la fleur fragile et douce, et il était le noir, rockeur au coeur tendre. « Je te promets d'être impartiale », jura-t-elle solennellement en levant une main en guise de promesse. La jeune maman s'accouda sur le comptoir de la cuisine, s'approchant dangereusement du visage de Zak pour lui voler un baiser au passage. « Ça me fait plaisir que tu me fasses autant confiance », confia-t-elle avant de prendre le burger rose dans ses mains. « Santé ! », initia-t-elle en le fracassant contre celui de l'homme avant de le croquer. C'était exquis. Les saveurs explosaient dans la bouche de la brune, assez qu'elle ferma les yeux pour mieux les apprécier. « C'est tellement... », souffla-t-elle, « BON ! »

Beth me faisait rire, à avancer de la sorte sur le chemin de la séduction. À tâtons, comme si elle avait peur de casser des oeufs en y allant trop franchement. C’était adorable. Et en même temps, je la voyais s’épanouir doucement, comme une fleur timide. Je trouvais ça charmant. Un sourire en coin, je coulai sur elle un regard tendre. La belle anglaise avait fait de grand pas vers la confiance en soi depuis que nous nous fréquentions. Elle restait discrète et mesurée, bien sûr, cela faisait parti de son caractère et cela me plaisait, mais je sentais aussi qu’elle parvenait à lâcher prise sur certains aspects, qu’elle laissait tomber les mûrs, qu’elle osait, qu’elle s’ouvrait enfin. Elle était encore un peu timide sur certains points, notamment lorsque cela concernait sa fille. Elle pensait toujours qu’elle allait déranger, que composer avec son enfant était pénible et décourageait les gens, me décourageait moi, en l’occurence. Quand je l’invitais, par exemple, elle s’assurait toujours qu’Ivy n’était pas un problème. La petite fille, bien évidemment, n’en était jamais un, ni à mes yeux ni à ceux de ses amis de ce que j’avais pu en comprendre. La petite, comme sa mère, était un rayon de soleil, et cela me faisait plaisir de les voir, toutes les deux. Je n’étais pas son père, à cette gamine, mais j’avais envie, avec le temps, de créer un lien particulier avec l’enfant. J’espérais de tout mon coeur que les années sauraient nous rapprocher de manière indéfectible.
— Peut-être que tu pourrais me laisser m’en occuper un peu ? Ca te laisserait l’occasion de te détendre ce soir et de te reposer sur moi.
Je n’avais pas vraiment l’habitude de m’occuper de bébé, mais il n’était jamais trop tard pour apprendre. Il était sans doute question, comme dans n’importe quelle relation humain, d’instinct. Simplement. Puis Beth ne serait pas loin de toute manière. Je voulais seulement qu’elle sache que j’étais un soutien, si elle le souhaitait. Ma proposition était on ne pouvait plus sérieux, mais, malgré tout, cela ne m’empêcha pas de retourner au ton, plus léger, que nous avions pris jusqu’à présent.
— Et pour ce qui est des délices,lui glissai-je, tous me font envie, s’ils sont partagés avec toi.
Je m’éclipsai en cuisine, avec sur les lèvres, un sourire emprunt de malice. Il était temps pour moi de montrer mes deux dernières créations à Beth, un duo de burgers que je découpai devant elle. Je servis à ma belle une moitié de chaque, et me gardai les deuxièmes moitiés. À la reflexion de l’anglaise en voyant mes créations, je ne pus m’empêcher de rire, en hochant la tête.
— Oui, c’est vrai. Maintenant que tu le dis…Il va donc falloir que tu manges rapidement le Burger Zak avant qu’il ne refroidisse !
Un burger noir et un burger rose, Beth les avait immédiatement associés à notre couple et si je n’y avais pas nécessairement pensé en les réalisant, l’idée n’était pas si folle. Le noir, pour mon côté rock’n’roll et le rose pour sa tendresse. Ca se tenait. Il ne restait plus désormais à leur trouver des noms. Enfin…s’ils passaient le test ultime. J’arrêtai presque de respiré en attendant le verdict de Beth, et quand elle croqua dedans et exprima avec engouement son opinion, je m’en sentis soulagé. Et heureux même. Il n’y avait rien de plus plaisant pour moi que de ravir les papilles de ceux qui m’était cher.
— C’est vrai ? Tu aimes ?

Beth était surprise de la réponse de Zak. Non pas qu'elle doutait de l'affection qu'il portait pour Ivy, il le lui avait répété souvent qu'il aimait la petite aux yeux d'un bleu perçant, mais elle ne s'était pas imaginé que l'ex-rockstar voudrait avoir un rôle plus important dans la vie de sa fille. Après tout, ce n'était pas ce que la brune lui demandait. Bien au contraire. Elle ne tentait pas d'imposer son mode de vie au cuisinier qui, lui, n'avait pas demandé à ce qu'un enfant vienne le perturber. Respectueuse de son petit ami, elle faisait en sorte que sa réalité de jeune maman ne le contraigne pas ou du moins le moins possible. Elle tentait de faire garder Ivy pour passer du temps avec Zak ou alors de la coucher plus tôt pour leur permettre d'avoir une soirée d'amoureux quand aucun de ses amis était disponible pour s'occuper de sa fille. Mais il était vrai qu'elle n'avait jamais pensé à demander l'aide de Zak. Ce n'était pas naturel, pour elle. Puis, généralement, quand elle cherchait à faire garder Ivy, c'était pour passer du temps avec lui. C'est ce qu'elle tenta de lui faire comprendre. « Et si tu t'en occupes ce soir, dis-moi comment je pourrai profiter de toi? », demanda-t-elle taquine. Elle ne savait pas si Zak avait déjà pris un bébé dans ses bras, autre qu'Ivy ou s'il s'était déjà occupé d'un enfant. Et, à dire vrai, elle avait confiance en lui et en son sérieux. C'était en elle qu'elle n'avait pas confiance. En elle et en sa capacité à lâcher prise quand il était question de sa petite. Zak détournait la conversation, elle lui souriait. « Et quand ils sont partagés avec d'autres? », demandait-elle avec malice. Leur attirance s'était formée rapidement. S'ils avaient mis du temps à se dire les mots cruciaux, les sentiments eux s'étaient installés bien vite. Mais Beth, éternellement en manque de confiance, doutait constamment d'elle. D'elle et de sa capacité à intéresser un homme encore pour longtemps. D'elle et de sa beauté. D'elle et de tout.

Après avoir posé la petite Ivy sur son tapis de jeu portatif, au centre du salon de Zak, tout près de la cuisine, Beth le suivit pour la dégustation de deux recettes de burger qu'il avait créé tout récemment. Et avec toute la confiance qu'il portait à la jeune traductrice, il lui présenta ses oeuvres en avant-première, lui demandant son honnête avis. Alors qu'elle décrétait qu'ils lui faisaient penser à eux, Zak nomma le burger noir par son prénom. Accompagné d'un rire, Beth ne put s'empêcher de répliquer. « Mais pitié, ne le nomment pas après moi. Ça me ferait bizarre d'entendre quelqu'un dire qu'il a envie de manger Beth aujourd'hui... » Et à lui aussi, sans doute. Après y avoir gouté, elle décréta qu'ils passaient le test. « Bon, je mettrais moins d'épices et plus de fromage, mais c'est pas mauvais », répondit-elle alors que son homme questionnait la réaction de la brune. Un large sourire vint tapisser ses lèvres. « Ils sont excellents. Vraiment. J'ai seulement peur que mes lèvres soient maintenant tachées de noir et que j'aie l'air d'un monstre devant toi. Mais oui, je les aime », gloussa-t-elle avec toute sincérité.

Je n’avais pas prévu, c’est vrai, de faire entrer un bébé dans ma vie à ce moment précis. Je n’avais pas prévu non plus la place qu’allait prendre Beth et aussi rapidement surtout. Je savais que je voulais être père, un jour, mais je n’avais jamais pensé être beau-père, et surtout je n’avais jamais pensé m’attacher autant à la petite. Je l’avais vu peu de fois et pourtant, elle avait réussi à me toucher droit au coeur. Cette enfant était un vrai rayon de soleil. Exactement comme sa maman et lorsque je proposais à ma petite amie de l’aider pour s’occuper de sa fille, sa réplique me fit sourire.
— J’aime que tu aies envie de t’occuper de moi, glissai-je en déposant sur ses lèvres un baiser. Quand aux plaisirs partagés avec d’autres, sache que tout ça est relayé à mon passé, désormais. Il n’y a qu’à toi que j’aime en donner.
Sur cette pointe de malice - mais non moi vraie - je passai en cuisine pour faire gouter mon duo de burger à Beth qui se montra critique. J’adorais ça, qu’elle donne son avis tranché, sans chercher à me brosser dans le sens du poil et me dire que c’était bon pour me faire plaisir.
— Moins d’épices, et plus de fromage, c’est noté, cheffe !
Je passai mon torchon sur mon épaule - reflexe de cuisinier - et mangeai le reste des burgers avec Beth. La bouche pleine, j’observai l’anglaise avec une pointe de d’espièglerie dans le regard.
— Et y’a que moi qui ait le droit de te manger…
Je lui adressai un clin d’oeil puis avalai la fin de mon burger, avant de m’atteler à débarrasser mon assiette et à ranger les plats. Je la laissai finir son bruger à son rythme et écoutai ses derniers compliment. Sans me départir de mon sourire et de ma mine réjouie, je passai de l’autre côté du comptoir pour m’approcher de Beth. Je fis pivoter son tabouret, une fois arrivé à sa hauteur, pour qu’elle me fasse face.
— Si t’as un peu de noir, là…
C’était faux.
— Laisse-moi faire.
Mutin, je me penchai doucement vers elle et, posant mes doigts sur son menton pour lui faire lever le visage vers moi, je capturai ses lèvres dans un baiser tendre. Puis, l’envie commençant à naitre, je le rendis plus langoureux, suave et chaud, taquinant sa langue du bout de la mienne.

Tout son corps était en alerte. Et ça lui faisait encore tout drôle. Beth Ellington. Elizabeth Ellington, femme, assumée. Elle faisait des avances à son petit ami comme si Ivy n'avait pas été dans les parages. Et, pourtant, la petite gazouillait sur son tapis d'éveil, bien là, au milieu de séjour, entre eux. Il avait bien fallu un Zak patient et doué pour lui permettre à elle, jeune maman, de se laisser aller de la sorte alors que la petite Ivy était dans la même pièce qu'eux. « Dans ce cas, j'ai encore plus envie de m'occuper de toi », fit-elle en ne se reconnaissant pas, le rouge montait d'ailleurs à ses joues.

Ce fut presqu'un soulagement lorsque Zak proposa de passer en cuisine et de déguster ses nouvelles créations. C'est que cela mettait fin aux avances que la brune avait lancées, celles qui la rendait maintenant si peu confiante en elle, si peu femme fatale. Elle tentait de se donner des airs pour plaire à Zak, elle le savait rebelle et bien plus à l'aise avec ses désirs qu'elle et, une part d'elle cherchait à lui plaire, à lui faire de l'effet, à lui montrer qu'elle n'était pas que cette jeune femme de vingt-six ans complètement tétanisée face à son désir de femme. Ce n'était pas encore tout à fait gagné, elle avait encore bien du boulot.

Ses burgers étaient bons. Mais, en même temps, quand est-ce que l'Anglaise détestait les plats de Zak? Et pas que ses plats... Il lui avait demandé son avis sincère, elle le lui donnait sans réfléchir. Moins d'épices, plus de fromage. Il le notait dans sa tête, presque comme s'il prenait ses conseils aux sérieux, elle qui n'en savait rien aux arrangements d'épices gagnants. Beth lâcha un rire franc, le voyant replacer son torchon sur son épaule, dans son élément. Rire qui pris fin sur un gémissement étouffé à la réplique de l'homme. La manger elle. Elle devenait déjà écarlate, baissant les yeux. « J'aimerais bien que tu me manges.. » Elle ne revenait pas des paroles qui étaient sorties de sa bouche. Mais qui était-elle? Ce n'était pas Beth. Rapidement, elle s'affola à le complimenter de nouveau sur son plat comme pour masquer l'avance non pas cachée qu'elle venait de lui faire. Elle n'avait aucune raison d'être malaisée, pourtant, n'était-ce pas ce que deux amoureux se disaient? Cependant, dans le vocabulaire de Beth, ce genre de chose n'existait pas. Que lui arrivait-il?

Zak avait l'air amusé, comme chaque fois que la brune le surprenait. Il s'avançait près d'elle, contournant le plan de travail et la faisant pivoter sur son assise pour la forcer à le regarder. Son regard criait le mensonge alors qu'il lui disait qu'elle était tachée, là, sur les lèvres. Et qu'il devait s'en charger. Leurs lèvres étaient venues se retrouvées, d'abord avec une douceur infinie, puis, rapidement, ils s'étaient affolés. La fougue les avait reprit, Beth passa ses bras autour du cou de l'homme, faisant danser sa langue avec celle de Zak jusqu'à se rappeler que, non loin d'eux, encore éveillée, gazouillait Ivy. À contre-coeur, Beth rompit le baiser. « Tu... Tu voudrais bien assembler le landau portatif d'Ivy, s'il te plait? », lui demandait-elle avec, dans les yeux, des sous-entendus qu'elle n'arrivait pas à prononcer. « Je vais l'endormir dans la chambre d'amis. » C'était une affirmation et une promesse que tout ça, elle le reprendrait une fois que son rôle de maman serait sur pause, momentanément.

Beth se leva, posant un baiser sur la joue de Zak, puis profita de ce moment d'accalmie pour bercer Ivy, après l'avoir changé dans la pièce voisine. Elle l'endormie dans un temps record, chose qui arrivait rarement et après avoir installé le moniteur de bébé, elle sortie de la pièce, refermant doucement la porte. Elle s'avança à nouveau vers l'ancienne vedette, un air triomphant. « Vingt minutes, c'est mon record », dit-elle fièrement. Ça avait sans doute été long pour lui, mais parfois Ivy prenait quarante minutes à trouver le sommeil. Elle posa le moniteur sur le plan de travail, puis s'avança de Zak, capturant sa main. « T'avais pas envie du dessert? Les pancakes risquent de ne plus être très fraîches si tu n'y goûtes pas très vite... »

La réplique de Beth me fit sourire. J’aimerais que tu me manges. La bouche relevée en coin, les yeux plissés de malice, je me retins de lui dire que j’avais envie, presque littéralement, de la croquer, effectivement. Encore plus lorsqu’elle osait me dire des choses comme ça. Elle me rendait dingue et elle n’imaginait pas à quel point. Son petit air de ne pas y toucher, ses avances dissimulées sous un drap de timidité, cela me plaisait. Cela me mettait complètement sous son charme. Après un baiser plein de fougue, Beth me ramena brusquement à la réalité, me demandant si je pouvais monter le landeau portatif de sa fille. Etirant les lèvres en un sourire, je hochai la tête.
— Bien sûr.
Et je m’attelais à la tache, qui fut plus ardue que je ne le pensait. C’était la première fois de ma vie que je montais un meuble pour bébé puisque lorsque j’avais rencontré ma petite soeur pour la première fois, elle avait six ans passé. Mais je ne me débrouillai pas si mal que ça au final. Ma tache accomplie, je regagnai la cuisine et commençai à ranger les assiettes et à nettoyer le plan de travail. Quand Beth revint, vingt minutes plus tard, une moue victorieuse sur le visage, je lui souris et m’approchai d’elle pour lui laisser prendre ma main.
— T’es une championne, affirmai-je.
C’était une expression, certes, mais je n’en pensais pas moins. Regarder Beth, ce tout petit bout de femme, élever seule sa fille, malgré l’aide de ses collocs, sur un bout de terre à des kilomètres de sa famille et de l’endroit où elle avait grandit, cela m’impressionnait beaucoup. Beth se dénigrait parfois, même si elle perdait de plus en plus l’habitude avec moi, mais elle possédait une force dont elle n’avait clairement pas conscience. La belle anglaise évoqua le dessert, pensant aux pancakes qu’elle avait préparés, et si je devais admettre qu’ils avaient l’air franchement appétissants, j’avais envie d’une autre sucrerie à me mettre sous la dent. Dardant sur elle un regard mutin, je l’attirai à moi et passai ma main dans son dos.
— Je ne suis pas contre un dessert en effet…
Penchant le visage vers elle, je contemplai sa beauté de près, savourant le grain parfait de sa peau, la couleur chaude de ses iris, la beauté tentatrice de ses lèvres. Je passai une main douce sur sa joue, puis derrière sa nuque pour attirer son visage au mien et l’embrasser avec tendresse. Ma langue chercha à nouveau la sienne, dans un baiser qui devint vite des plus passionnés. Mon envie d’elle grimpait dans mon ventre, jusqu’à devenir presque intenable. Passant mes paumes sur ses fesses, j’agrippai ses cuisses pour la hisser sur moi et la déposer au plus vite sur la première surface que je trouvais à ma portée. Le plan de travail. Je quittai ses lèvres un court instant, le regard fièvreux mais malicieux.
— Rassures-moi, il n’y a pas un autre meuble que tu as besoin de me faire monter ?