Won't have to drive too far + charliam

18h du soir, heure de pointe, je rentre à la maison après une journée à déposer mon CV un peu partout. Je roule dans une rue à sens unique, proche de commerces. Quelque chose cloche, un voyant orange s'allume et la voiture ralentit jusqu'à se mettre à l'arrêt complet. Évidement je suis suivie de près et le conducteur derrière moi se met à klaxonner immédiatement. Oh non, non, non, pas ça!

En ce moment ma Duster me fait des misères. Dès que je passe la quatrième vitesse, elle n'accélère plus et se bloque jusqu'à arrêt complet. J'avoue que je suis censée l'amener au garage depuis longtemps, mais j'ai pris l'habitude de rouler qu'en ville et de rouler doucement.

On me klaxonne à nouveau. Oh tu vas te calmer! Elle démarre pas! Tu veux que je fasse quoi? Fais marche-arrière! Furieuse, je me mets à débiter tout un tas de jurons. J'y connais absolument rien en mécanique mais mon frère m'a toujours dis qu'il fallait contrôler souvent les réservoirs d'huile. Je fais le tour de la voiture et me dirige vers le moteur. Le capot est brûlant. J'ouvre mon coffre et prends des gants. En refaisant le tour je remarque que mon pneu avant a crevé. Mais moi je n'ai jamais changé une roue de ma vie. Horrifiée, stressée, je ne sais pas quoi faire. J'appelle mon frère mais il ne décroche pas. Il a dû mettre son portable sur silencieux. Je me fais de nouveau klaxonné. Agacée, je retourne au coffre pour chercher ce foutu triangle que j'aimerais plutôt déposer dans le... de ce chauffard derrière moi.

Sur les alentours de dix-huit heures, Liam prenait la route vers le centre de la ville où il y avait ouvert son club. C'était plus ou moins à cette heure qu'il se rendait au boulot, faisaient le tour des inventaires et les derniers préparatifs pour l'ouverture en fin de soirée. Marginale, sa journée de travail ne commençait pas au même rythme que les autres. Dans sa bécane usagée, il n'avait pu emmener à Bowen sa vieille mustang qu'il aimait tant, trouvée en vente sur internet, il parcourait les rues de la ville à contresens des embouteillages de ces travailleurs qui retournaient à la maison. Mais, étrangement, des voitures, il y semblait en avoir plus qu'à l'habitude, sur la route principale. Du moins, c'est ce que l'homme semblait remarque à distance, voyant une filée de voitures et entendant un klaxon. Sur le bord de la route, une jeune femme était arrêtée. Et pas n'importe quelle jeune femme. Charlie. Il l'a reconnu tout de suite, de ses longs cheveux bruns qui volaient au vent, un genre de panique dans le visage, l'air dépitée. Liam klaxonnait sa voiture sur le côté de la route et sans attendre, il en sortit envoyant un juron au chauffard merdique qui klaxonnait toujours. « Càllate », beugla-t-il pour lui dire de se fermer la gueule. Il sourit à Charlie. « Les femmes mécanos sont terriblement sexys, si tu veux mon avis », gloussa-t-il, ouvertement en train de se moquer d'elle. « Je peux t'aider ? Tu m'en donnes la permission ? » Il riait toujours, juste pour voir sa réaction.

Le cliché des femmes qui n'y connaissent rien en mécanique, c'est tout moi. À chaque fois que j'ai un souci, j'appelle au secours Ariel. Fort heureusement, cela n'est arrivé que très peu de fois. Là je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Ça fait deux semaines que je laisse trainer ce problème. Je m'en veux, je me maudis moi et les dieux de la mécanique qui n'ont pas voulu m'hériter un don. Et ce connard de conducteur qui ne cesse de me klaxonner. Sérieux il veut que je fasse quoi? Un vol plané pour lui laisser passer sa voiture? Je suis tombée en panne dans une foutue de rue à sens unique.

Je pose le triangle ça va peut-être le décider à faire marche-arrière. Quel abruti, en plus il n'y a personne derrière lui. J'entends une voix sous un accent latin, qui je pense n'a pas dit quelque chose dont on entendrait dans une conversation polie. Cette voix je la reconnaît, je l'associe avec une belle gueule d'ange. Liam, qui arrive avec son sourire charmeur et ses yeux bleus pénétrants. J'avoue que je ne sais pas trop comment réagir. À la fois gênée mais contente, je recule. Si tu veux bien aider une demoiselle en détresse? Ouf, il va peut-être pouvoir me sortir de là. J'ai crevé mon pneu et Ariel me répond pas... Soudain une idée d'horreur me traverse l'esprit. Est-ce que Liam lui a raconté de la nuit qu'on a passé pendant la journée? Est-ce que mon frère ne me répond pas à cause de ça? Je me tourne vers lui paniquée. Tu lui as parlé? Franchement je ne préférerais pas. Pour l'instant je tiens à garder ce secret pour nous. Un secret que je n'oublierai jamais... quelle nuit!

« Une demoiselle en détresse ? », demandait Liam en feintant de chercher autour d'eux. « Où ça ? » Il lâchait un rire franc, captant le regard de la belle Charlie. « Tu es bien trop forte pour être une demoiselle en détresse », finit-il par lui dire, d'un timbre de voix grave et, sans doute, sensuel sans le vouloir. « Les pneus crevés, je connais ça », avoua-t-il en lui offrant un clin d'oeil s'approchant plus de la voiture pour mieux voir les dégâts. Rapidement, la brune semblait inquiète quant à la raison justifiant le néant d'Ariel. Liam haussa les sourcils. « Non ? » Il aurait dû lui parler, oui. Ça lui était même souvent venu à l'esprit, se disant que la boule dans son ventre finirait par partir s'il avouait tout à Keynes. Mais il n'avait pas été en mesure de le faire. Et, en réalité, il ne serait sans doute jamais en mesure de le faire. Il soupira, tentant de trouver les mots pour rassurer la pâtissière. « T'inquiètes, il est sans doute occupé... » Avec une nana, mais ça, il ne le répéta pas. « Ou son portable n'a plus de batteries. Ou, c'est les deux. Tu sais, les mecs, on est pas aussi doué que vous pour tout contrôler à la perfection. » À nouveau, il lui adressa un clin d'oeil avant de se pencher devant le pneu crevé. « Alors, voyons voir ça », décréta-t-il en scrutant la voiture, tentant de trouver s'il y avait un moyen de réparer la crevaison ou si la belle Charlie devrait se racheter de nouveaux pneus quand le chauffard derrière se remit à faire des siennes. « Mais, avant, j'vais lui faire avaler son putain de klaxon ! », s'énerva Liam en se relevant, marchant d'un pas déterminé vers le con de conducteur qui faisait le malin dans sa bagnole. « Tu te prends pour qui ? », beuglait-il en sa direction, s'approchant dangereusement de lui, agrippant le t-shirt de l'homme par la fenêtre ouverte de son véhicule. « La belle dame a un souci avec sa voiture. T'as pas envie d'avoir un souci avec la tienne non plus, dis-moi ? » Il tenait fermement l'homme à quelques centimètres de son visage, prêt à le frapper s'il osait répliquer. Sang chaud, impulsif, il s'en donnerait à pure joie.

Là dis-je affligée, en lui montrant mon pneu en fin de vie. Paix à son âme. Prions pour que ma voiture ne connaisse pas ce même mauvais sort. Je suis une femme forte qui n'y connait rien en mécanique. Qui n'aurait pas non plus besoin de son aide si son frère aurait répondu au téléphone. Le cœur plus léger, je suis rassurée d'apprendre que Liam n'a rien raconté à Ariel concernant notre liaison d'une nuit. Pour ma part, je pense qu'il serait préférable de ne jamais lui dire. 1. Parce qu'il serait furieux contre Liam. 2. Parce qu'il serait déçue de sa sœur. 3. Parce que je tiens à ma vie. Oui, oui, oui. Trois fois oui pour qu'on garde ce doux secret.

Mon frère me répond toujours d'une voix fière et exacerbée, je jette mes cheveux en arrière. Oui d'accord, j'exagère. Il va quand même pas me répondre quand il est intimement avec une autre fille. Beurk! ça m'écoeure rien que d'y penser. Je t'avoue que je suis soulagée. Mon ton est bien plus sérieux. Nous sommes interrompus par le klaxon intempestif du conducteur. Je sursaute alors que Liam explose sous le coup de la colère. Jusqu'à présent je ne connaissais pas cette facette de sa personnalité. J'accoure près de lui mais il est si grand, que ses pas sont plus rapides que les miens. Non, non, non! C'est très chevaleresque de vouloir me défendre, mais je n'ai pas envie qu'il se batte pour ma poire. On dit que les espagnols ont le sang chaud, j'en ai la preuve sous mes yeux. Il tient fermement le tee-shirt du conducteur par sa fenêtre. Il pourrait aisément l'étouffer avec sa poigne. Arrêtes, arrêtes! Tu vas t'attirer des ennuis je le supplie en serrant les dents. Manquerait plus que la police arrive, je m'en voudrais à mort!

Le rire de Liam se fit entendre spontanément alors que la belle Charlie jurait que son frère lui répondait toujours. Sa voix était fière et sûre d'elle, ce qui donna envie à l'Espagnol de se moquer d'elle légèrement. « Ah ouais ? », demandait-il en haussant un sourcil perplexe. « Alors vous avez ce genre de relation, Ariel et toi... Heureusement que j'ai dit qu'on ne coucherait plus ensemble toi et moi, dans le cas contraire on aurait risqué que tu répondes à ton frère pendant l'acte. Et à mon souvenir, t'étais plutôt vocale, impossible de faire croire à Keynes que tu joues aux cartes en criant mon nom comme tu le faisais. » Liam lui adressait un clin d'oeil moqueur. Il avait adoré, d'ailleurs, l'attitude de Charlie alors qu'ils avaient couché ensemble, l'entendre crier son nom de la sorte n'avait que motivé le danseur à augmenter la cadence. Elle le savait, il l'avait rendu fou d'elle. « Que je ne lui ai pas parlé ? », demanda-t-il, le ton maintenant sérieux. « Je tiens à ma vie, quand même... » Et à son engin. C'était sûrement ce que Ariel lui couperait d'abord, avant sa tête. Rapidement, les deux amants interdits furent dérangés par le klaxon de la voiture impatiente cherchant à poursuivre son chemin. Le bruit agressif du klaxon irrita Liam qui s'élança vers le conducteur et qui, avec une poigne assez forte, le tenait par le collet de son haut, prêt à lui faire avaler son klaxon. Charlie accourait derrière lui, il n'entendait pas ses oppositions, tout ce qu'il voyait c'était rouge. Rouge et noir de colère. « Hijo de puta », lâcha-t-il entre ses dents, avec si peu se tact. « Fais demi-tour enfoiré. » Il lui montra le chemin à prendre du doigt, en le relâchant. Le conducteur frappa le dos de son siège devant la force de Liam. « L'enculer. La vie de ma mère, il klaxonne à nouveau et je lui défonce le crâne », jura-t-il en s'avançant vers la voiture de Charlie pour reprendre le changement de pneu. « J'crois pas que ton pneu soit réparable. J'crois que tu devras t'en acheter un nouveau pour le remplacer. En attendant, j'vais t'installer ton pneu de secours, mais tu ne pourras pas rouler bien loin avec. J'pourrais t'accompagner pour acheter un nouveau pneu, si jamais... À moins que tu préfères qu'Ariel t'y accompagne. » Il n'avait pas du tout adressé la situation du conducteur impatient, ni même son caractère explosif. Il avait fait comme si rien de tout ça ne s'était passé. « Tu me passes le cric ? On va devoir surélever ta voiture. »

Mon frère, c'est le service des urgences. Quand j'vais pas bien, je l'appelle il me dit j'arrive. Le jour où j'ai eut mon permis de conduire, mon frère m'a dit j'arrive. Quand je tombe en panne, il me dit j'arrive. Par contre quand je lui dis prends pas le dernier choco noisette il me dit trop tard. Et quand il s'agit de mecs, je ne lui raconte rien, absolument rien. Mettons les choses au clair. Alors petit un. Au tout début, quand on s'est rencontré, TU as dit qu'on ne devrait pas coucher ensemble. Moi, non. Et finalement je me suis retrouvée nue sur le plan de travail, le mur, le canapé, la douche. Je m'abstiens de lui rappeler car j'ai adoré ça.Petit deux. Je ne pense pas avoir été la seule à user mes cordes vocales je murmure, les dents serrés, bien que personne autour de nous puisse nous entendre. Et petit trois! Je le pince l'arrière-bras, qui j'imagine, n'a ressenti aucune douleur.

Ariel n'aimerait pas savoir que son pote Liam, a couché avec sa sœur. Et qu'est-ce-qu'il penserait de moi? Lorsque j'ai débarqué à Bowen, le premier jour où j'ai emménagé chez lui, je me souviendrais toujours de cette discussion. Des larmes ont coulé sur son tee-shirt qui sentait le tabac froid mêlé à son parfum boisé. Je lui ai avoué, d'avoir fuit lâchement mes sentiments pour lui. Qu'est ce qu'il penserait de moi, là, si il apprenait que je me suis précipitée dans les draps d'un autre? D'ailleurs je recommencerais bien, sur ce capot même. Je m'en mords les lèvres rien que d'y penser.

Le klaxon me fait redescendre sur terre. Liam est rentré dans une colère noire, une facette de sa personnalité que je ne connaissais pas. Je prends peur qu'il en vienne aux mains. Il ignore mes supplications. Laisse tomber, c'est qu'un con. je suis soulagée qu'il capitule, enfin. Alors que nous revenons vers ma voiture, je me tourne et voit le conducteur se masser la gorge. Je crois bien que cet avertissement va suffir pour qu'il fasse demi-tour.

Mauvaise nouvelle mon pneu est irréparable, je vais devoir en acheter un autre. Je pose ma main sur la poitrine. Tu es en train de briser mon coeur! Je dois t'avouer que ça fait des semaines que je dois la mettre au garage. Elle me fait des trucs bizarres. Ma voiture, c'est la clé de mon indépendance, de ma liberté! Je me suis tellement habituée à ma Duster que je redoute de m'en séparer. En fin de compte, je dois me résoudre à la mettre au garage. En attendant je peux m'estimer heureuse que Liam puisse installer un pneu de secours. J'ouvre le coffre et cherche dans le set à outils. Outils dont je n'ai jamais touché de ma vie sauf quand Ariel m'a conseillé de l'acheter. Un genre de kit de survie pour voiture. Un cric oui... est-ce que ça ressemble à un truc comme ça? Je lui montre quelque chose qui ressemble à une clé.

Il la regardait s'énerver, sans pouvoir s'empêcher de rire devant ses réactions à la fois hilarantes, mais aussi adorables. Elle vint le pincer derrière l'avant-bras, il fronça légèrement des sourcils en la regardant. « Tu manques d'arguments ? », se moqua-t-il gentiment. Elle avait raison, ils avaient pour le coup était tous les deux plutôt vocaux lors de cette soirée où ils avaient perdu les pieds. Et Liam n'était pas du tout malaisé de l'avouer. Seulement, c'était plutôt marrant de la faire s'enrager et de la charrier à ce sujet, la laissant croire qu'elle avait été la seule à communiquer verbalement de son plaisir. La conversation aurait pu durer encore quelques minutes, elle n'aurait pu en réalité jamais prendre fin, mais le connard de chauffard qui n'avait toujours pas choisi de faire demi-tour klaxonna, ce qui coupa court à la discussion. Liam, dans une colère plus que noire, s'était rué vers lui, prêt à utiliser ses poings si nécessaire. Mais Charlie le suppliait d'arrêter. Et c'est comme s'il revint sur terre, lâchant l'homme et le laissant prendre la poudre d'escampette, faire demi-tour avec sa voiture pour emprunter un nouveau chemin. « Il t'aurait fait quoi si j'avais pas été là ? », demanda Liam en retrouvant son calme. Il aurait klaxonné jusqu'à ce que la dépanneuse arrive ? Est-ce que Charlie aurait été en mesure de s'occuper de lui ? Ouais, sans doute, connaissant son caractère qu'il découvrait encore un peu, même si elle s'était caractérisée de demoiselle en détresse. Liam finit par s'intéresser à la voiture, le sujet le plus important de son arrêt sur le bord de la route. « Les garages vont te charger bien trop pour les réparations.... », lâcha-t-il dans un ton de regret. Il ne voulait pas la décourager davantage, mais il se devait d'être honnête. « Mais t'es chanceuse de connaître un mécano », répliqua-t-il avec un sourire. « J'peux jeter un coup d'oeil à ta bagnole. Et ce gratuitement. » ce n’était peut-être pas le meilleur argument pour qu'elle accepte, mais il lui ferait plaisir de s'occuper de la voiture de Charlie. Il lui demanda ensuite de lui passer un cric pour surélever la voiture, mais la brune ne savait visiblement pas de quoi il parlait et lui tendit une genre de clé à molette, pas du tout pratique pour ce qu'il devait faire. Liam éclata de rire, s'approchant de Charlie, près, trop près, il sentait à nouveau cette pulsion qui cherchait à le faire craquer, mais tentait d'y résister alors qu'il soulevait le tapis du coffre arrière de la voiture pour sortir de dont il avait besoin. « C'est ça, un cric. Ça sert à faire monter la voiture, pour retirer le pneu. »

Il finira par le connaître par cœur, ce sourire énervé, que je feins bien trop souvent en sa présence. Cette nuit torride que nous avons passé ensemble, n'est pas censée se reproduire. Mais comment résister à la tentation, lui qui vit dans le même bâtiment? Quand j'y repense, je me sens déboussolée. Son parfum m'a hanté. Le désir. Ce sentiment ne peut être que ça.

Cette rencontre hasardeuse me fait sentir chanceuse, jusqu'à ce que la situation tourne au vinaigre. Je découvre un Liam impulsif, au sang chaud. Ses traits déformés par la colère le rend encore plus séduisant, si ce n'est possible. Je calme le jeu et nous retournons à la voiture. Le chauffeur qui ne faisait que me klaxonner semble sonné. Que m'aurait-il fait si il n'aurait pas été là? J'émets un rire sans joie. Absolument rien! Je sais me défendre. Je sais appuyer là où ça fait mal. Mon ton est menaçant. Je suis clairement le genre de nana qui s'est déjà fait des scénarios sur une potentielle attaque d'un psychopathe. Rigolez pas : j'ai déjà tout planifié. Pour commencer je lui enfoncerais mes clés dans les yeux. Puis je lui donnerais un coup dans l'entrejambe. Ça devrait suffir pour pouvoir le retenir et pour moi, partir en courant. Finalement je me demande qui sera le plus psychopathe de nous deux.

Les dégâts de ma pauvre Duster risquent de me coûter cher. Liam me propose ses services, je ne cache pas être étonnée concernant ses larges compétences sur le domaine mécanique. Il me les propose pour un rien. Je grimace. Gratuitement? Hum. On va avoir un problème. Non, non, dis-moi ton prix, ça me gêne. Avec toute ma dignité, je proteste. Surtout qu'il est déjà bien gentil de changer la roue de mon pneu crevé. Malheureusement pour lui je fais une mauvaise assistante car je n'ai aucune idée des outils qu'il faut utiliser. Quand je lui tends un truc qui ressemble à une clé à molette, il se met à rire. Il se lève et se rapproche périlleusement de moi pour accaparer le dit cric. Ouais, bon d'accord. Je ne sais pas ce qu'est un cric. Mais est-ce que toi tu sais faire une pièce montée? Je me défends comme je peux. D'un air malicieux je l'observe se mettre à la tâche.

« Alors si appuyer où ça fait mal, c'est derrière le bras, comme tu viens de me faire, une chance que j'étais là pour te sauver », se moquait Liam gentiment. Il ne revenait pas sur son comportement impulsif, il n'aimait pas cette partie de lui et parfois en avait même honte. Ça venait de son père, à force de le voir faire des colères pour un rien, il avait hérité de ce trait de caractère en le reproduisant à son tour. Souvent, il tentait de se canaliser, de respirer, de visualiser d'autres solutions que la violence, mais quand on le poussait à bout, il n'oserait pas riposter - ou même, lancer les premiers coups. Si Charlie n'avait pas été là, le conducteur en aurait subi les conséquences, sans aucun doute. Mais devant elle, il tenait d'être un homme bien, respectable, pour le peu que ça comptait. Tentant de récupérer l'estime qu'elle avait de lui, il se proposa pour jeter un coup d'oeil à sa voiture, lui qui avait les compétences pour le faire. Les voitures, ça le connaissait. Il se souvenait même d'en avoir parlé avec elle quand ils s'échangeaient à peine leurs premiers messages sur l'appli de rencontre. Visiblement, elle avait oublié, défaisant le stéréotype que ce n'était que les hommes qui manquaient d'écoute. « Gratuitement, oui », s'imposa-t-il. « Je n'ai pas de garage ici, je n'ai pas de prix, ce n'est pas mon travail », fit-il en souriant, fier de son argument. « Je te dirai le coût des pièces et tu pourras me faire goûter à une autre pâtisserie. Tes madeleines étaient excellentes, au passage. » Il le faisait sans doute exprès, de remettre les souvenirs de leur première soirée sur le tapis pour la laisser s'imaginer leurs corps se perdre l'un avec l'autre, s'abandonner aux plaisirs charnels qui les animait. Et pendant qu'elle le visualisait, Liam prenait connaissance des dégâts sur la voiture, se concentrant d'abord sur ce pneu à changer, le plus important. Il retira sa veste qu'il envoya balader sur le capot de la Duster, révélant son t-shirt et ses bras musclés au passage alors qu'il demandait l'aide de son assistance pour lui passer les outils. Aide qui ne s'avéra pas réellement utile puisqu'il dû se rendre jusqu'à la belle Charlie pour lui montrer ce qu'était un cric. Déjà, elle s'indignait. Et il riait. « Non », répondit-il amusé quand la brune lui demanda s'il savait faire une pièce montée. Il n'avait jamais entendu ce terme pâtissier, même. « Mais je n'ai jamais prétendu être un expert dans ton domaine non plus. » Il récupéra l'outil, se pencha vers la voiture pour la faire se surélever. Et une fois cette dernière ne touchant plus le sol d'un côté, il se tourna vers Charlie. « Si je te demande de me passer la clé, tu réussiras à la trouver où je dois venir la chercher moi-même ? »

Avouons-le, je suis plus que contente d'être tombée sur Liam - et pas seulement pour qu'il puisse remplacer mon pneu crevé. La nuit que nous avons passé était exceptionnelle. En plus d'un bon amant, Liam fait un très bon chevalier servant. Cependant je ne suis pas une demoiselle en détresse qui ne sait pas se défendre. Tu as juste trop de fierté pour admettre que je t'ai fait mal Une taquinerie pour une autre taquinerie. C'est comme ça depuis le jour où il m'a envoyé un message sur BowenBowTie. On se cherche, on se séduit, on rit. J'aime beaucoup ce je ne sais quoi qui s'est installé entre nous.

Je suis très reconnaissante qu'il me propose de me rendre service, néanmoins je suis gênée qu'il le fasse sans contrepartie. Non pas gratuitement! Je conteste à nouveau, les sourcils froncés. Il ne manque pas d'argument mais moi non plus, je ne manque pas d'argument. Je rajoute tout sourire d'un air innocent Je veux juste payer la main-d'oeuvre Une main-d'oeuvre d'ordre mécanique contre une pâtisserie, c'est peu cher payé. Une minute. Comment peut-il dire que mes madeleines étaient bonnes? Tu te moques de moi? Mes madeleines étaient brûlées! Par ta faute, au passage. En vérité je ne sais plus trop qui a commencé ce jeu de séduction. Quoiqu'il en soit il s'est terminé par l'assemblement de nos deux corps. J'en frissonne rien que d'y penser. Rêveuse, je lui tends une clé - qui me semble à moi être celle qu'il me demande C'est ça? Sans m'en rendre compte, je souris. Tu sais on pourrait recommencer. Je marque une pause. À faire des madeleines. Oui, "à faire des madeleines".

« Au fond, tout ce que tu veux, c'est me faire du mal, hein ? », fit-il en arquant un sourcil en direction de Charlie, non pas sans un sourire. Elle lui avait dit qu'elle pourrait lui briser son coeur, seulement s'il en avait un, et voilà qu'elle cherchait à le blesser physiquement. Évidemment, Liam plaisantait, mais il laissait entendre qu'il l'avait écouté, dans ses non-dits, qu'il avait été attentif à ce que la brune lui racontait, qu'elle n'était pas une fille qu'il avait invitée chez elle sans intérêt autre que la déshabiller. Il retenait tout ce qu'elle lui disait, aux moindres détails, buvant ses paroles comme une dangereuse boisson qui pourraient, sans aucun doute, l'achever. Quand il jeta un coup d'oeil plus sérieusement à la voiture de Charlie, il se rendit bien compte que cette dernière avait des soucis plus gros que le pneu crevé. Et pour la sécurité de sa conductrice, il valait mieux qu'elle la fasse inspecter, réparer les pièces brisées, changer celles qui nécessitaient un remplacement. Il se proposa pour le faire, sachant très bien que les garagistes, peu importe l'endroit, tenteraient d'abuser de sa naïveté dans le domaine. Et lui, bidouiller des voitures, il adorait. Charlie s'obstinait à payer l'Espagnol. N'avait-elle pas compris que cela lui servirait aussi de prétexte pour la revoir ? Il ne cherchait pas à lui dérober son porte-feuille. « Tu payes les pièces, et c'est suffisant », fit-il sur un ton plus ferme, sans pour autant perdre son sourire. « Par ma faute, hein ? », fit-il en arquant un sourcil. « Par ma faute, c'est ça », capitula Liam avant de glousser et de lui demander la clé pour défaire les boulons qui retenaient la roue. Elle lui tendit l'outil, cette fois c'était le bon, surement parce qu'il lui avait dit quand elle s'était trompée la première fois. Ou alors c'était de la chance. Peu importe, Liam attrapa la clé et s'aventura dans le retrait du pneu à changer alors que Charlie, derrière lui, reprenait la discussion. Quand elle lui dit qu'ils pourraient recommencer, il savait bien qu'elle ne parlait pas de madeleines. « Tu veux faire des madeleines sur le capot de ta voiture en plein jour, devant tout le monde ? », se moqua-t-il avant de se retourner vers elle. « J'adorerais faire des madeleines avec toi, mais Devon ? » C'était le noyau de leur problème.

hj:

Si je ne me trompe pas, il fait référence à ce que je lui ai dis l'autre soir. Peut-être que ce sera moi, qui te brisera le cœur. Mais mon intention ne sera pas de lui faire du mal. Non bien sûr que non. dis-je d'un air exagérément désolé, lui embrassant la joue. Je n'imagine pas une seule seconde que je vais lui faire du mal, lui qu'il se disait ne pas être fait pour l'amour. Ce n'est pas une raison pour ne pas passer du bon temps ensemble, sans parler de sexe. En dehors de ça, j'apprécie sa présence, il me fait rire, il est attentionné... J'aime tout simplement être avec lui.

Le deal était correct. Je paie les pièces, lui fait une fournée de madeleines et en échange il m'offre sa main-d'œuvre. Ma voiture le remerciera. Bon d'accord. dois-je finir par admettre. Il me charrie justement sur mes madeleines soit disant bonnes. Des madeleines brûlées que nous avons jamais pû goûter, car nous étions bien trop occupés à entremêler nos corps. Oui par TA faute. Mais je te pardonne. Alors que la réalité était tout autre. Dès que je l'ai vu, je l'ai désiré. Alors qu'il changeait mon pneu, je le titille à en redemander encore. On pourrait recommencer à faire des madeleines. Non pas devant tout le monde! Et inévitablement on retombe sur le même sujet, le même problème. Devon, mon frère. Le mal est déjà fait. Enfin moi je trouve qu'on s'est plutôt fait du bien. J'arque un sourcil d'un air entendu. Je rajoute. Et si je lui parlais? Je vais temporiser. Il n'est pas obligé de connaître tous les détails. Je peux juste lui dire que tu me plais Ce qui est vrai. Il n'a pas besoin de savoir que nous avions passé à l'acte.

C'était sa faute, oui, si les madeleines avaient été brûlées, que de sa faute. Liam arquait un sourcil, joueur, laissant Charlie croire qu'il lui avait sauté dessus sauvagement, qu'il avait été l'investigateur de toute cette luxure, sans qu'elle lui en ait montré l'intérêt, si ça pouvait lui faire plaisir. « Ouf, un chance que tu me pardonnes », ricanait-il alors qu'elle venait poser ses lèvres contre la joue de l'homme. Il en profita pour caresser les cheveux de la brune, retenant sa tête près de lui un instant, pour mieux apprécier la sensation des lèvres de Charlie contre sa peau. Liam se remit ensuite au travail, levant le véhicule pour retirer le pneu crevé, défaisant les boulons qui le retenaient alors que Charlie, elle, abordait à nouveau ce soir où ils s'étaient égarés. Taquin, il avait porté son attention sur elle, supposant qu'elle voulait qu'il la prenne, là, maintenant, tout de suite sur le capot de sa voiture, au beau milieu de la route principale. « Pas devant tout le monde, d'accord », capitula-t-il, toujours taquin. « Et sur le siège arrière, alors ? », continuait-il dans la plaisanterie, sourire qui s'estompa quand il lui avoua qu'il avait envie d'elle, de lui refaire l'amour, mais que l'ombre Devon n'était pas bien loin. « Si tu comptes lui parler, belle Charlie, je te supplie pour qu'on fasse l'amour maintenant.. Parce qu'après, il risque de me couper la queue et ce sera difficile de te satisfaire qu'avec ma bouche », riait-il pour détendre l'atmosphère.

On ne devrait pas ressentir du désir, si on ne peut pas céder à la tentation. Surtout quand on sait que la tentation a un si beau corps que Liam, hein. Et encore, si il n'avait que ça pour lui! Mais Liam, lui, il a tout. Il a des yeux d'un bleu envoûtant, un sourire éblouissant et un parfum enivrant. Alors quand il est là, si près de moi, ses mains effleurant mes cheveux... je n'arrive pas ignorer mon désir pour lui. L'air de rien, pendant qu'il remplace mon pneu crevé, on se fait subtilement du rentre-dedans. Ma banquette arrière est plutôt confortable Totalement faux, mais au moins le message est clair. J'ai envie de lui. J'aurais préféré ne pas parler de mon frère pendant notre jeu de séduction. Même comme ça, il arrive à détourner le sérieux de la situation. T'es bête! dis-je avant d'éclater de rire à mon tour. Il est bien connu que les grands frères sont protecteurs, mais Devon ce n'est pas le type violent. Je ne le vois pas castrer Liam parce qu'il a couché avec sa sœur chérie. Lui, il serait plutôt du genre à déposer une boule puante dans sa boîte aux lettres tous les jours. T'en fais pas pour Devon. finis-je par dire en haussant les épaules. Il s'en remettra. Et puis on ne fait rien se mal. Nous sommes juste, deux adultes consentants qui se veulent se faire du bien mutuellement.