what have you done ? (amaranth)

Vous êtes en état d'arrestation. C'était la dernière chose qu'on lui avait dit, avant de la faire entrer dans la voiture de police et de la guider jusqu'au poste. Beth, Beth Elligton, en état d'arrestation, c'était impossible. Elle qui était droite, toujours dans les règles, à jamais prendre de risque, même pour des conneries, la voilà arrêtée par deux inspecteurs de police qui ne lui avait pas trop expliqué qu'est-ce qu'elle avait fait de mal. « J'ai un enfant à la maison », avait-elle tenté de se justifier, en vain. « Est-ce que je pourrais faire un appel, au moins ? » Zak, Azriel, Milo, peu importe, quelqu'un pour aviser qu'elle serait prise... on ne sait combien de temps avec eux ! On l'installa dans la salle d'attente du commissariat, à côté d'une personne qu'elle n'osa même pas regarder tant elle avait honte d'être ici.

Elle portait sur son visage les traits longs, les yeux qui visaient le sol alors qu'elle ne savait pas du tout ce qu'elle avait à se reprocher. Elle n'avait pas enfreint de règle, elle ne s'était pas mis les pieds dans les plats. De toute façon, tout ça, ce n'était pas Beth. L'ombre à ses côtés se tourna vers elle, adressant d'une toute petite voix presque angélique la situation. Beth se retourna vers la blonde qui la regardait de ses grands yeux d'un vert hypnotisant. Elle semblait habituée, non pas par son apparence, elle avait plutôt l'air d'une poupée de porcelaine que d'une criminelle, mais par son attitude et l'assurance avec laquelle elle donnait ses conseils. Beth avait hoché la tête à la première question de l'étrangère et au second dialogue, elle l'avait secoué. « Non, ce n'est pas ce que vous croyez. J'ai vraiment un enfant, ce n'est pas une excuse », précisa-t-elle, droite comme un livre de lois. « Vous vous retrouvez souvent au poste ? », demanda la brune sans cacher sa surprise. Elle avait l'air si douce, si calme, la blonde, qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir fait pour se retrouver dans la salle d'attente du commissariat ?

Encore une fois, Beth secouait la tête. Sauf que cette fois, on voyait la honte à nouveau sur son visage. Évidemment, quand on apprenait que la jeune femme était maman, on pensait qu'elle était toujours avec le père de cette dernière. Seulement, dans le cas de Beth, sa vie de famille ne ressemblait pas à la traditionnelle vie que l'on offrait à des enfants. Rafael l'avait quitté, elle vivait dans un appartement avec ses deux colocs qu'elle considérait comme ses frères et les oncles d'Ivy, dans une toute petite chambre pour eux deux. « Je.. Je ne suis pas avec le père », expliqua la brune alors que l'autre ne devait rien en avoir à faire de sa vie. Beth soupira, fermant les yeux. Idiote, qu'elle s'auto-infligeait. « Ses oncles s'occuperont d'elle, mais ils finiront par se demander où je suis passée... » Et son petit-ami aussi. Ce n'était pas tellement son genre de disparaitre sans aviser, ni même de disparaitre point. Elle avait du mal à quitter Ivy plus d'une journée, de la faire garder pour une nuit, alors imaginez de la faire garder le temps d'un arrêt au poste de police. La brune tourna l'attention vers la blonde, exprimant avec peu de discrétion sa surprise de voir une si angélique jeune femme habituée des commissariats. Elle expliqua qu'elle n'avait pas les papiers de sa voiture sur elle quand elle s'était fait arrêter en souriant, Beth fronçait les sourcils. Elle était à peu près certaine que ce n'était pas suffisant pour se retrouver ici. « Et bien, je ne suis clairement pas la plus informée sur les raisons pouvant vous amener dans un poste, mais j'aurais plutôt juré que oublier ses papiers attirait plus une contravention qu'un arrêt... », laissa-t-elle planer dans l'univers. Quand la blonde lui demanda pourquoi elle, elle se trouvait ici, Beth soupira. « J'en sais trop rien... On a rien voulu me dire. » Au fond, elle ne le savait pas, mais elle s'était fait prendre pour une autre, elle collait parfaitement à la description d'une maman en cavale qui avait kidnapper un enfant.

Beth lançait des détails de sa vie dont la blonde n’en avait strictement et visiblement rien à faire. D'ailleurs, à son ton cynique quand la traductrice lui explique qu'elle n'est plus avec le père de sa fille, Beth avait fini par comprendre que, maladroite comme elle l'était, elle en disait trop. Et sans doute qu'elle énervait la blonde. Beth hocha la tête, un sourire pincé sur ses lèvres, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre. J'espère pour toi qu'elle avait dit. Beth finit par soupirer avant de parler des oncles de coeur d'Ivy, nouvelle information qui n'intéressait pas sa partenaire d'attente. « Pardon », fit-elle en regardant ses mains, s'excusant d'en dire trop, s'excusant de ne savoir comment se comporter dans la salle d'attente d'un commissariat. Elle, elle n'en avait vu qu'à la télévision et imaginé dans les romans qu'elle dévorait, elle n'avait pas cette habitude, cet abonnement, ne savait pas comment il fallait se comporter ou ce qui était convenable de dire ou de confier à la personne qui attentait avec elle. Et visiblement, elle n'avait pas compris ce qui était bon ou non à dire, à s'en fier à la réaction de la blonde. Beth finit par questionner la jeune femme sur les raisons qui l'avaient amené ici. Cette dernière parle de cannabis, ce qui fit s'apposer sur le visage de l'Anglaise une expression surprise. La drogue, ce n'était pas trop son truc. Encore moins depuis qu'elle connaissait Milo et qu'elle s'était juré de le garder loin de ces merdes. « Oh... » qu'elle prononçait avec précaution pour éviter de froisser l'inconnue. « C'était pas la première fois ? », demanda Beth, curieuse. La blonde semblait se donner cet air fort et sûr d'elle, inébranlable, habituée au poste et aux arrestations, mais Beth était convaincue qu'au fond elle cachait une sensibilité qu'il fallait percer. C'était sans doute à force de lire trop de romans et d'histoires qui finissent bien dont la psychologie des personnages ressemblait à une carapace servant à cacher leur vulnérabilité. Peut-être qu'elle avait tort, mais la brune tentait de ne pas se fier aux apparences quant à cette rencontre. « J'aimerais qu'on me dise ce que j'ai bien pu faire de mal... Mais j'imagine que dans cette situation, ce n'est pas moi qui décide. » Triste, mais vrai. Et peut-être qu'ils la feraient poireauter des heures avant de lui faire part des raisons entourant son arrestation. La blonde reprit la parole, cette fois elle semblait moins crispée. « Tu vas te faire prendre à cause de moi, c'est trop risqué », s'opposa la brune en souriant en guise de remerciements.

Beth, elle était sans jugement. Mais aussi sans expérience. Et parfois, son manque flagrant d'expérience donnait l'impression que ses questions ressortaient d'une condamnation alors qu'en réalité, elle tentait seulement de comprendre ce qu'elle ne connaissait pas. Elle ne voulait pas dire que la blonde qui se trouvait face à elle était une habituée et qu'elle était pour autant une criminelle, seulement, elle semblait bien plus à l'aise ici et semblait vouloir cacher les réelles raisons qui entouraient son arrestation. Après, qu'elle veuille les partager avec la brune ou pas, ça ne regardait qu'elle. Et Beth n'en ferait aucun drame. Seulement, la blonde décida de percer le mystère derrière son arrêt en voiture qui sonnait faux, parlant de cannabis et sonnant comme si elle en avait l'habitude. « Moi », répondit Beth quand la blonde demanda de façon très sarcastique qui n'avait jamais acheté de cannabis dans cette ville. La drogue, pour elle, ce n’était tellement pas un truc qui l'attirait. Encore plus quand elle connaissait les ravages que ça pouvait faire, comme ceux chez son meilleur ami, Milo. « Ça fait beaucoup », souffla Beth à la longue liste de crimes commis. « Ils ne te donnent jamais de sanction ? », demanda-t-elle, curieuse, sans aucun jugement dans la voix. Tout ce monde, la justice et tout ce qui l'entourait, elle n'y connaissait rien. Puis, cette jeune femme, elle semblait baigner dans ce monde depuis bien trop longtemps, peut-être même avant la majorité. Elle s'imaginait Ivy devoir vivre ce genre de vie, le coeur bien trop serré, l'envie d'aider la blonde, même si, soyons honnête, on ne pouvait aider qu'une personne qui le voulait réellement. La blonde en avait-elle marre de cette vie ? Ça, Beth n'en avait aucune idée. La blonde proposa à la traductrice d'envoyer un message, mais au vu de son passé houleux, Beth ne voulait pas la voir se mettre encore plus dans le pétrin qu'elle ne pouvait déjà l'être et refusa. De toute façon, ils finiraient bien par la libérer, comme elle 'avait techniquement rien fait. « Pourquoi tu parles de ta bagnole ? », demanda Beth, espérant que l'inconnu ne lui dise pas qu'elle y vivait. « Une petite fille », répondit-elle quand son interlocutrice changea de sujet. Beth lui sourit. « Elle s'appelle Ivy, elle a presque cinq mois. »

Qu'est-ce que Beth avait pu faire pour mériter qu'on la trainer jusqu'au poste de police ? Quel délit avait-elle commis ? Au début, elle pensait qu'elle avait grillé un stop ou une lumière rouge, mais à force de se repasser son trajet dans sa tête, elle ne voyait aucune faute. Et si seulement elle avait fait quelque chose de grave sans même s'en être rendu compte ? Elle n'espérait que sa cause soit retenue comme une contraventionnalisation. Dans un tel cas, elle se verrait juger devant le tribunal de police, plutôt que devant celui de la justice. Dans ce cas, elle passerait sans doute moins de temps ici et retrouverait sa liberté plus rapidement. Et pour Ivy, c'était tout ce qu'elle espérait. Mais alors qu'elle était prise dans le poste de police, elle s'intéressait à sa voisine et son aisance dans de tels lieux. Qu'est-ce qui justifiait qu'elle s'était souvent retrouvé dans cette situation, quel était son passé ? Elle n'arrivait pas à comprendre ce pas quoi la blonde était passée. « Ton père ne peut pas t'aider cette fois ? », demanda la brune pleine d'empathie. Elle tentait de se mettre dans la peau du père de la blonde, si Ivy avait des problèmes avec la justice. Bien évidemment, en tant que parent, elle serait la première à défendre sa fille, même si elle commettait des petits délits. « Il ont tout à faire plutôt que s'occuper de nous je dirais même », confia la brune en souriant faiblement. Depuis qu'ils l'avaient emmenée ici, ils ne lui avaient pas adressé un mot. « Tu... Tu n'as pas de maison ? » Elle posait trop de questions, sans doute, trop de questions indiscrètes. Beth lui afficha une moue emphatique, lui montrant qu'elle s'inquiétait, en même temps, pour elle, bien qu'elles ne se connaissaient pas vraiment. « T'inquiètes, avant d'avoir un enfant je n'étais pas attendri par les bébés », gloussa Beth. « Oh, pas certaine que tu dirais la même chose si tu étais Ivy. » Évidemment qu'elle était bonne maman, mais Beth se voyait bien pire que ce qu'elle était réellement.