pour oublier que je n'ai pas de quoi te plaire -r.

Des semaines, des mois avaient passés depuis la petite fête de Freja. Fête qui aurait pu tourner à la catastrophe mais par chance, les pompiers étaient vite arrivés sur place. Freja ne s'en sortait pas indemne, tu ne l'avais pas vu mais quelques personnes avaient mentionné des brûlures sur le bras. Tu avais été raccompagnée par Lux ce soir là, sans même avoir l'occasion de parler à Aaron. En même temps tu avais peu cherché à le mettre mal à l'aise en te trémoussant avec Lux mais ce n'était pas volontaire. Tu ne savais pas s'il serait présent, tu savais que les fêtes ce n'était pas son truc. Pourtant tu n'arrivais toujours pas à avancer dans ta vie. Il te manquait quelque chose. Et tu avais essayé de changer la donne. Tu avais rendu visite à certains de ses amis pour avoir des infos, pour essayer de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête mais aussi dans sa vie. Tu avais finalement eu un coup de pouce pour le prendre au piège. Il n'allait sûrement pas aimer cette idée mais vous n'aviez pas six ans, il fallait prendre votre courage à deux mains et discuter. Tu entendais la porte s'ouvrir, cachée, tu attendais qu'elle se referme pour sortir de ta cachette. Tu avançais à pas de souris pour te faufiler jusqu'à la porte d'entrée que tu fermais à clé avant de te retourner. Il avait avancé jusqu'à la cuisine, ou peut-être le salon. Tu fis quelques pas, l'avantage de ne presque plus avoir le fauteuil c'est que tu pouvais vraiment faire en sorte d'être discrète maintenant. « Tu ne vas pouvoir prendre la poudre d'escampette cette fois ! Aaron, il faut qu'on parle, ça ne peut plus durer tout ça. » Devant l'entrée, les bras croisés, tu espérais vraiment que Mali avait pensé à tout et qu'il n'y avait pas de fenêtre ou de porte secrète par lesquelles il pourrait s'enfuir.

Tu n'avais aucune idée de la tournure de cette situation, tu espérais simplement tout mettre à plat, retrouver Aaron, comme avant ton départ. Même si tu avais l'impression que rien ne pourrait être comme avant ton départ. Tu ne savais pas ce qu'il c'était passé dans sa vie pour qu'il ait autant besoin de te fuir. Tu le connaissais assez bien maintenant et tu te doutais qu'il devait essayer de se protéger, les femmes ça avait toujours était un problème pour lui mais tu pensais être une exception, comme Freja. Visiblement, ce n'était pas le cas. Tu l'avais entendu prononcer le prénom de son ami à deux rerpises, puis quand ce fut bon, tu mis ton plan en marche. Derrière lui, tu avais le coeur battant à tout rompre, ta main serrait ta canne. Tu aurais peut-être dû prendre ton fauteuil mais tu avais voulu éliminer le risque de te faire griller avant de pouvoir lui barrer la route. Tu sentais que tes jambes commençaient à flageoler. Pourtant, tu essayais de ne pas le laisser paraître, il fallait tenir bon. En entendant le son de ta voix, tu le vois se figer sur place. Comprenant ce qu'il lui arrivait, et pourtant, il restait dos à toi, comme s'il essayait de faire le mort. « Tu ne crois quand même pas que tu vas disparaître si tu ne bouges pas ? Tu n'es pas un caméleon. » Tu ne le quittais pas du regard, te demandant s'il allait oser te regarder ou s'il allait continuer à faire le mort. Quoiqu'il en soit, tu étais là pour lui parler, alors autant aller droit au but. Tu avais un assez mauvais pressentiment alors tu n'avais pas envie que cette situation traine plus que nécessaire. Cela faisait déjà des mois que tu subissais son silence. « Je n'ai pas l'intention de te coincer longtemps, mais si tu ne veux plus qu'on soit amis, dis-le moi, je n'aurais pas à courir après tout tes amis pour te tendre un piège. » Il ne le saurait sans doute pas mais tu détestais autant cette situation que lui. Tu aurais aimé ne pas en arriver là, tu ne trouvais pas que c'était une bonne façon de faire. Mais tu lui avait laissé du temps, beaucoup de temps, tellement de temps que ta réeducation avançait vraiment bien et qu'il ne le savait probablement pas. A moins que Jeff lui ait donné des nouvelles mais tu en doutais.

Il avait essayé de se rendre invisible et si tu n'étais pas agacée par son silence, son attittude t'aurait sûrement fait rire. Tu te sentais perdue dans cette relation et visiblement tu n'étais pas la seule mais tu ne le savais pas encore. Tu lui avouais la vérité parce que ça ne servait à rien de lui mentir et il semblait surpris. Mali avait vraiment bien joué son rôle et tu lui devrais une faveur pour ce coup de main. « J'ai rencontré Morgan, Mali et si ces deux là ne m'aidaient pas, j'allais demander de l'aide à Jeff ! Mais Mali a accepté, comme tu peux le deviner. Mais ne lui en veux pas, d'accord. » Tu n'osais pas lui avouer mais tu étais un peu despérée pour en arriver là. Ce n'était vraiment pas ton genre d'agir ainsi. Tu t'étais très peu battue dans ta vie, encore moins pour des relations amoureuses, mais pour Aaron, pour comprendre ce qui se passait, tu étais prête à tout, la preuve. « Visiblement tu ne comprends pas grand chose aux femmes, ce n'était pas une nouveauté pour moi mais je pensais pas que ça irait aussi loin ! » Tu savais que Aaron se tenait aussi loin que possible des personnes ayant un sexe opposé au sien et tu te demandais parfois comment tu avais fait pour réussir à devenir son ami quand on connaissait ce qu'il pensait de la gente féminine. Mais tu été passé outre sa mauvaise expérience pour découvrir la personne qu'il était et tu devais avouer qu'il était un ami fantastique. Tu n'avais jamais trouvé ça chez les autres. Par contre, tu n'avais jamais vécu un tel épisode avec lui, tu ne pensais pas qu'il interprêterait ton départ ainsi. « Aaron, j'avais un fauteuil roulant, je ne voulais pas être un fardeau pour toi, ta proposition était vraiment adorable et je suis touchée que tu me l'aies proposé mais je ne voyais pas venir chez toi et chambouler toute ta vie. L'opération approchait aussi à grand pas, tu as été dans le coma, et j'ai compris que c'était maintenant qu'il fallait vivre, pas six mois après alors oui, j'ai acheté un billet d'avion et je suis partie vister l'Inde parce que j'aime ce pays et leur culture. Je suis partie sans rien dire parce que je ne savais pas comment le dire, c'est ridicule je sais. C'était un coup de tête et même si je n'ai pas donné de nouvelles, ça ne voulait pas dire que je tirais un trait sur toi, sur ma vie et sur mes relations. » Tu ne le quittais pas du regard, tu sentais que tes jambes commençaient vraiment à faiblir. C'était idiot pour toi de ne pas avoir ton fauteuil. Le medecin t'avait pourtant bien prevenu de ne pas trop forcer et tu faisais l'exact opposé. Tout ça parce que tu voulais parler à Aaron, tout ça parce que tu voulais comprendre ce qui se passait entre vous. Tu attrapais une chaise pas très loin pour t'asseoir un peu. Cela t'avait permis de marquer une pause dans ta réponse. Il voulait savoir alors tu lui répondais mais sans être convaincue que cela lui convienne vraiment. Qui part sur un coup de tête sans rien dire ? Personne ne fait ça dans la vraie vie. Peut-être parce que tu te voilais vraiment la face sur pourquoi tu avais choisi de prendre une certaine distance. Ce voyage t'avait au moins permis de voir que tu aimais Bowen plus que tu ne le pensais, mais pas que. Pourquoi etait-ce si dur de réaliser à quel point tu l'aimais ? « Je ne pensais pas que mon départ aurait pu remettre en cause notre amitié. Je t'apprécie vraiment Aaron, et je ne voulais pas te faire mal. C'est un peu tard maintenant, mais je suis désolée. » Et s'il y a bien une chose que tu n'allais pas lui dire, mais que tu avais sur le coeur, c'est que tu aurais dû lui proposer de partir avec toi, de te suivre au bout du monde pour partager ton rêve avec lui. C'est ce que tu avais compris au cours de ton voyage. Mais tu n'avais pas voulu bousculer sa vie en allant vivre chez lui, alors tu aurais été incapable de lui demander de mettre son garage en pause pendant plus de six mois.

Tu esquissais un sourire en l'entendant dire que ce n'était pas nouveau. Dans un sens, ça l'était pour toi. Tu avais l'impression de franchir un nouveau cap dans ta relation avec Aaron, tu ne saurais pas dire lequel mais cette histoire te donnait un aperçu d'une facette de sa personne que tu n'avais jamais réalisé. Peut-être parce qu'à aucun moment tu ne t'étais posé la question. « Je dois admettre que tu vas loin quand même ! » Et tu n'étais que son amie, tu n'imaginais pas ce que ça pouvait donner quand il était engagé dans une relation plus sérieuse. Mais vu ce qu'il avait pu dire des relations amoureuses, tu doutais qu'il ait vraiment été autant engagé. Après tout tu ne savais pas vraiment comment ça s'était passé avec la mère de Cosima. Tu avais déballé ton sac et il semblait perdu, confus. Il ne tardait pas à te le dire d'ailleurs. Mais tu n'ajoutais rien, lui laissant le temps d'assimiler toutes les infos. Puis il prit à nouveau la parole pour te raconter ce qu'il avait fait pendant ton absence. Enfin, pendant trois mois. Tu dessinais un nouveau sourire sur ton visage, tu imaginais très bien la tête de Freja et elle n'avait pas dû être ravie de le revoir après autant de temps sans signe de vie. Tu te demandais même pourquoi il avait voulu l'éviter, elle était gentille Freja, elle aussi, avait su gagner son coeur. Pas de la même façon que toi, pour autant. « Dans l'fond on est pareils tous les deux. Ce voyage t'a fait du bien ? » finissais-tu par ajouter. Il s'était mis dans ta situation, partir sans rien dire. Tu te demandais s'il l'avait fait à cause de toi ou s'il avait eu besoin de prendre du recul sur sa vie, s'il avait eu besoin de s'éloigner un peu de la ville pour réfléchir. Tu en avais profité pour faire un point sur la tienne, lors de ton voyage et la seule chose que tu avais constaté, c'était le manque que tu ressentais envers Aaron. Tu n'avais pourtant pas cherché à creuser ce sentiment, de peur de comprendre de quoi il en retournait réellement. Ou alors, tu te protégeais simplement, sachant pertinamment qu'il n'y avait aucune chance pour que les choses puissent être différentes. « Est-ce que tu as toujours de la rancune contre moi ? Est-ce que tu as toujours envie d'être mon ami ? Est-ce que tu crois que je manigance quelque chose ? » demandais-tu, posant ton regard dans le sien. Tu savais très bien que pour lui, les femmes avaient toujours une idée en tête et la seule que tu avais à présent, c'était de retrouver ton ami. Tu n'avais même pas eu l'occasion de revoir avec lui ce qu'il s'était passé sur le bateau et tu ne comptais pas aborder ce sujet, il n'était pas si important. « Parce que je sais bien que tes relations avec les femmes sont compliquées, mais loin de moi l'idée de te pièger, je t'aime bien Aaron, et je dois admettre que ne pas te voir, ne pas boire une bière avec toi, ou encore faire un tour en moto, ça me manque. Les choses sont dites maintenant, si tu veux partir, tu peux. »  Tu n'avais rien de plus à ajouter, tu avais promis de ne pas le retenir trop longtemps et tu comptais bien tenir ta parole. Mais au moins maintenant, il savait et tu verrais bien comment aller évoluer les choses.

Aaron se décidait à te regarder, pour la première fois depuis qu'il avait conscience qu'il avait été piégé et le voir enfin lever son regard vers toi, te fit sourire. Il te suffisait de pas grand chose pour oublier, un regard, un sourire ou même une petite blague autour de la bière - qui n'en était pas vraiment une parce que quand on connait bien le personnage, on comprend bien vite qu'une bière c'est primordial. Et pourtant tu n'en avais pas apporté pour passer ce moment, mais tu savais que si vous sortiez de là bras dessus, bras dessous, ce serait pour aller boire un coup après. « J'suis bien d'accord, surtout si c'est pour inventer n'importe quoi !  »  Tu le disais avec un grand sourire, loin de lui en vouloir, après tout, tu étais bien partie sans rien dire, dans un timing assez compliqué où il s'était proposé de t'héberger alors tu pouvais bien le laisser un peu tranquille avec cette histoire, surtout mainteant que tu avais enfin compris le malentendu et que tu pouvais changer la donne. Si tu avais su plus tôt qu'il était parti dans cette idée, tu aurais été le trouvé plus rapidement, mais tu pourrais le savoir si la situation se reproduisait à l'avenir. « Peut-être parce que ta vision des femmes se résument qu'à la mère de Cosima qui n'a pas vraiment assurée, mais je confirme qu'on est pas mal différentes, je suis pas le même genre que Freja et tu t'entends aussi bien avec qu'avec moi. Mais je comprends que tu veuilles te protéger. » Après tout, tu le ne savais pas, mais tu avais réussi à briser le coeur d'Aaron, sans le vouloir, tu ne te rendais pas compte qu'il y avait plus qu'une simple amitié entre vous deux. Enfin, tu avais fini par réalisé ce qu'il y avait de ton côté, sans comprendre que ça puisse être réciproque. Tout simplement parce qu'il t'a tellement mis des freins dès le départ que tu dis qu'il n'y a aucune chance pour que vous puissiez être plus que ça. Tu te contenterais d'être son amie si c'est ce dont il avait besoin. Tu accourrerais toujours pour lui et tu savais qu'il en ferait de même pour toi. Tu esquissais un nouveau sourire quand il t'annonçait qu'il n'avait qu'une envie, c'est d'aller prendre une bière avec toi pour fêter ta guérison. Qui était encore loin d'être vraiment établie, tu avais encore pas mal de séances de kiné avant de pouvoir dire que c'était bon et tu ne savais pas si tu n'aurais pas besoin de ta cane pendant quelques mois après la rééducation.  « Mon fauteuil est caché dans la cave si jamais, mais je suis bien partante pour laisser tout ça derrière nous et aller prendre une bonne bière dans le premier bar qui s'offre à nous. » S'il y avait bien un bon moyen pour lui faire oublier tous ses complots qui n'existent que dans sa tête, c'était bien celui-ci. Tu te lèves à nouveau pour t'approcher de lui, le sourire sur tes lèvres ne diminuait pas, et à mesure que tu avançais vers lui, tu sentais ton coeur se serrer doucement. « Et puis il faudra que tu me racontes ton voyage, jusqu'où t'es allé, ce que t'as vu et surtout si y a des spots simpas pour se remettre en selle et faire une petite course ! » ajoutais-tu, avec la volonté de vraiment laisser toute cette histoire derrière vous et de reprendre le cours de votre vie, comme si ça ne s'était jamais produit. « Mais avant je crois que j'vais encore avoir besoin de tes talents pour m'aider à m'offrir une nouvelle moto, j'ai envie de nouveauté, envie de prendre un nouveau départ. » Tu aimais la tienne, c'était la première que tu avais acheté quand tu avais enfin eu assez d'économies pour te l'offrir, mais elle commençait à avoir pas mal d'années sous le capot et maintenant que tu avais quelqu'un qui s'y connaissait bien en mécanique, c'était une bonne occasion pour te faire un nouveau cadeau.  

Tu avais demandé de l'aide à Aaron pour choisir ta nouvelle moto, maintenant que tu avais commencé la rééducation, que tu étais capable de marcher à nouveau, tu avais besoin de ça pour te relancer dans la vie. Tu ne pouvais pas en faire tout de suite encore, mais au moins tu pouvais te l'offrir, d'ici quelques semaines, ça devrait faire l'affaire pour toi. Par contre, ce que tu n'avais pas prévu, c'était qu'il te propose d'y aller maintenant. Tu savais comment il était dès qu'on parlait mécanique, mais tu n'étais pas prête pour ça. Surtout quand tu l'écoutes te dire tout ce qu'il attendait de toi comme infos. « J'pensais pas qu'on y serait allés aussi vite, j'ai pas vraiment pris le temps d'y réflechir pour tout te dire.. » Ni même pris le temps de faire les comptes et voir combien tu pouvais apporter, voir si tu aurais besoin d'un prêt ou non. Tu aurais aussi besoin de vendre l'ancienne pour t'apporter un peu de cash supplémentaire. Tu avais eu un coup de tête passager et tu lui avais soufflé ton enive, sans arrière pensée particulière « Du coup je te propose d'aller boire une bière maintenant et je te dis dans la semaine pour la moto, est-ce que ça te va ? » proposais-tu, avec une petite moue sur le visage. Tu sais qu'il était comme un enfant, prêt à aller faire du lèche-vitrine, et tu te sentais un peu triste de lui faire faux-bond, même si toi ce que tu voulais, c'était simplement en parler pas être dans l'achat immédiat. « Si t'en trouves un, ça peut être sympa oui, sinon on devra y aller à pied ! » Tu n'osais pas trop fouiller dans l'appartement de son ami, tu n'étais pas là pour ça, tu étais là pour parler à Aaron et cette partie avait plutôt bien fonctionnée. Maintenant, tu avais l'impression de pouvoir partir comme si de rien n'était. Mais tu n'allais pas pouvoir monter derrière lui sans un casque, c'était bien trop dangereux si vous aviez un accident. Tu pourrais croire à la bonne étoile et penser que tu ne risques rien mais vu vos aventures à tous les deux, vallait mieux ne pas prendre le moindre risque. « Et pour les jambes, ça devrait le faire, j'dois éviter le sport juste, mais c'est bon si c'est toi qui conduit. » ajoutais-tu avec un léger sourire, tandis qu'il s'activait à chercher un casque dans l'appartement de son ami. Pour le moment, ça semblait assez mal engagé pour vous deux.  

Aaron avait fini par mettre la main sur un casque et votre projet d'aller boire une bière, pouvait voir le jour. Tu allais pouvoir monter derrière lui et profiter quelques instants de faire la route derrière lui. Tu n'étais pas montée sur une moto depuis ton départ, et tu n'avais pas pris le temps d'essayer la tienne qu'Aaron t'avait bricolé. Tu l'avais attendu pour faire une balade avec lui mais l'occasion ne s'était jamais présenté puisqu'il avait décidé de faire le mort, pensant que tu ne voulais plus être son amie. Maintenant que la situation était clarifiée et que tu avais retrouvé l'usage de tes jambes, tu pourrais en profiter quelques temps, avant de faire un grand changement. Tu avais envie de nouveauté et tu pouvais compter sur lui pour t'aiguiller. Mais pas maintenant. « J'suis prête ! » Tu sortais de l'appart de Mali, refermant la porte derrière lui, et cachant la clé comme il te l'avait indiqué lors de vos échanges. Il faudrait que tu penses à le remercier pour son coup de main, sans lui, tu n'en serais pas là aujourd'hui. Et Aaron non plus, au moins, vous aviez enfin pu clarifier la situation. Tu laissais Aaron s'installer avant de se caler derrière lui, de t'accrocher au niveau de se taille, posant ta tête contre son dos, profitant de ses quelques minutes de trajet. Ce n'était pas très loin et tu aurais aimé que ça dure bien plus longtemps mais une fois arrivés, tu te détachais rapidement de lui, retrouvant une certaine distance, tu avais un sentiment de malaise si tu t'approchais trop près, de peur de lui envoyer les mauvais signaux. Il ne devait pas savoir ce que tu ressentais sinon, il ne te parlerait sûrement plus jamais. « J'dois avouer que ça m'avait pas mal manqué tout ça. » ajoutais-tu avec un mince sourire, retirant le casque avant de rentrer dans le bar. « Tant que je peux payer la mienne juste après, ça me convient. » Tu n'allais pas te battre avec Aaron, vous aviez déjà eu cette conversation la première fois et maintenant, c'était donnant-donnant. Les bières servies, vous trinquiez en silence avant d'en prendre une bonne gorgée. Ce fut ton tour de te lancer dans ton récit de voyage. « J'pensais que j'aurais été plus heureuse que ça. J'ai toujours eu une fascination pour la culture indienne, pour le cinéma Bollywood, pour ce qu'on peut s'imaginer de la vie en Inde et pour le bouddhisme mais le vivre seule, c'était quand même assez triste. J'ai quand même fini à Paris et quand on y pense, c'est la ville des amoureux, je suis allée sur le pont aux cadenas mais je n'ai pas ressenti grand chose. » Menteuse. Tu avais ressenti de la peine d'être là toute seule, de ne pas partager ce moment là avec lui. Tu aurais aimé louer une moto et faire le tour de la campagne parisienne, de prendre la route dans les petites routes d'Amsterdam ou des autres villes européennes que tu avais visité sur ton passage. « Je crois que j'étais plus heureuse une fois que j'étais intallée dans l'avion qui allait me ramener à la maison. » Parce que tu ne pensais qu'à le revoir une fois que tu serais à Bowen. Tu pensais à toutes les balades que vous alliez vous faire pour rattraper le temps, à toutes les bières que vous alliez déguster. Ta déception avait été grande lorsqu'il t'avait vite envoyé boulé, y a des semaines de ça, mais maintenant que tu savais pourquoi, tu pouvais le comprendre. Même si tu avais trouvé ça dommage qu'il ne cherche pas à t'en parler plutôt que de faire le mort. « Et toi alors, t'es allé jusqu'où ? » demandais-tu, curieuse. Lui aussi était parti en voyage, peut-être avait-il quitté l'Australie lors de son road-trip.

Tu lui avais avoué ne pas avoir touché à ta bécane depuis ton retour, tu l'avais laissé chez tes parents, dans leur garage, où elle prenait la poussière depuis plusieurs mois maintenant mais à chaque fois que tu la voyais, tu pensais à Aaron et tu ne te sentais pas d'en faire sans lui. « Disons qu'à mon retour, j'avais une opération à préparer, j'ai eu la tête pas mal ailleurs mais maintenant j'ai qu'une envie, c'est de reprendre ! » Parce que maintenant, Aaron était à nouveau ton ami, parce que vous aviez réussi à mettre à plat la situation, vous pourriez à nouveau faire des ballades à deux. Et puis physiquement, tu avais retrouvé une partie de ta fougue d'avant. « C'est assez différent, j'avoue, et je suis bien contente d'être rentrée. » avouais-tu avec un léger sourire sur le visage. Après toi, ce fut son tour de te raconter son périple. « Je pense que c'est plus sympathique quand ça dure moins longtemps, comme ça tu prends le temps touts les ans ou tous les deux de faire une grosse virée, d'aller toujours plus loin, d'autant que les paysages sur la côté sont tous aussi beaux les uns que les autres ! » Tu avais déjà eu l'occasion d'y partir plusieurs fois, de prendre le large le temps d'un long week-end, ou lors de tes vacances. Tu avais aussi souvent l'habitude de te rendre à Perth par le passé, pour le boulot, et rentrer dans les terres australienne, c'était toujours un paysage agréable à découvrir. Tu n'y étais pas allée depuis tellement longtemps que tu avais dû mal à t'en souvenir. « C'est vrai que c'est toujours plus agréable de faire ça en bonne compagnie, peut-être qu'un jour tu pourrais partager ça avec Cosima ! » Ou encore avec Jeff, avec Mali et peut-être avec toi. Secrètement, tu espérais qu'un jour ce soit avec toi, tu avais une vision de vous deux, marchant main dans la main sur une plage, les motos derrière vous, une bière dans l'autre main. Un cliché romantique qui te donnait un frisson d'effroi. Depuis quand avais-tu ce genre d'envie toi ? Tu terminais ta bière cul sec, commandant une nouvelle tournée comme promis. Histoire de finir votre journée tranquillment. Après quoi, il te racompagna chez Mali, pour que tu puisses récupérer ton fauteuil, avant de regagner ta maison, qui n'était pas qu'à quelques maisons de là.