even the straight lines start to sway (frida)

Aujourd’hui, Frida devait passer à Head Ahead pour une journée de bénévolat, comme elle le faisait pratiquement à toutes les semaines depuis un moment. Elle n’avait aucune obligation à le faire, pas d’horaire ou quoi que ce soit, mais dès qu’elle avait un vide dans son horaire, je savais qu’elle aimait donner de son temps auprès de mes jeunes. Alors, quand elle ne donnait pas de son temps au centre d’aide aux plus démunis, elle venait à Head Ahead, et ce jour-là était toujours source de grande excitation de la part des ados. Je mettais une partie de cet enthousiasme-là sur le fait que la plupart des gars la trouvait vraiment très, très jolie. Ils me l’avaient dit, et j’avais juste levé les yeux au ciel en secouant la tête et en riant, ne voulant rien commenter là-dessus. Bien sûr qu’elle était jolie, Frida, mais par-dessus tout elle était gentille et généreuse. Je préférais qu’ils mettent l’accent sur ça, sur l’important. Mais bon, ils étaient jeunes et fringants. Incorrigibles, bien souvent. Bref, nous venions de terminer de répéter une de nos chorégraphies quand la clochette d’entrée retentit. « Ok, guys, faites un peu de freestyle ou répétez encore la chorégraphie pendant que je vais régler deux-trois truc avec Frida. » J’allai changer la musique, leur laissant l’accès au système de son pour qu’ils fassent à leur guise, et je me dirigeai vers le hall d’entrée de l’organisme. Je souris à Frida. Même si Head Ahead était surtout axé sur l’expression par la danse, j’essayais de ramener plusieurs formes d’art dans le concept. Comme Frida bossait dans une librairie, je lui avais proposé de faire quelques ateliers en lien avec la lecture ou l’écriture, des trucs du genre, mais en vérité elle avait carte blanche. « Bonsoir Frida ! J’espère que t’as encore de l’énergie parce qu’eux … ils semblent bien prêts à tout prendre de toi. » Dis-je dans un rire. J’étais exténué de ma journée avec eux, même si j’adorais ce que je faisais.

Aujourd'hui, pour toi, c’est jour de repos. Enfin repos c’est bien vite dit. Tu n’as nullement l’intention de réellement te reposer. Comme toutes les semaines, tu utilises ce jour pour aller faire un peu te bénévolat, te rendre utile, et puis, ça t’occupe l’esprit et t’évite de trop penser. Ça te plaît de pouvoir aider ceux qui en ont besoin, ça te fait te sentir vivante de rendre service, d’être utile à quelque chose, à quelqu’un. Tu as commencé par le centre d’aide aux démunis, peu de temps après t’être installée ici, et depuis tu y passes quasiment chaque semaine, hors cas exceptionnels. Depuis quelques semaines, en plus, tu aides aussi au centre Head Ahead, un organisme à but non lucratif qui aide et soutient les jeunes en difficultés. Ça te plaît énormément, ça te change un peu, car ici, tu leur enseigne en quelque sorte ta passion. En vrai tu n’enseignes pas réellement, tu partages ta passion pour la lecture et l’écriture sous forme d’ateliers découvertes. L'avantage de travailler dans une librairie, tu as de la matière à amener avec toi. La dernière fois, tu leur avais demander de rédiger un petit essai sur le thème que vous aviez abordé, ils ne sont obligés en rien, mais tu espères quand même que quelques-uns auront joué le jeu. Tu as bien remarqué que dans le lot de ces jeunes, il y en a qui semble intéressé par ce que tu leur apportes lors des tes visites, car principalement, Head Ahead vise plutôt à les aider via l’expression corporelle, la danse, mais diversifier les horizons, c’est une bonne chose selon-toi.

Après avoir passé une partie de l’après-midi, comme d’habitude au centre d’aide, tu arrives finalement, non sans les bras charger de livres, aux locaux de Head Ahead. Tu sonnes comme tu peux, sans rien faire tomber et voit rapidement Conchobáhr, qui en est le directeur, venir t’ouvrir. “Bonsoir. J’ai toujours de l’énergie pour eux.” Lui réponds-tu en lui offrant un large sourire. Ça t’enthousiasme toujours de venir ici, même si parfois, tenir des ados, intéressés par ce que tu leur dis, surtout en soirée comme ça, c’est loin d’être évident. Parfois même, tu es un peu mal à l’aise par les remarques de certains des garçons, t’essaies de pas trop montrer que ça t’affecte et tu restes la plus professionnelle possible, même quand parfois, tu aurais peut-être envie de prendre tes jambes à ton cou. “J’ai amené quelques livres avec moi qui peuvent rester ici si certains ont envie de les lire. J’ai fait le tri à la librairie et eu l’autorisation du patron pour les donner.” C’est bien beau de les initier à la lecture si on ne leur donne pas le matériel pour s’y mettre. Tu as essayé de prendre des œuvres susceptibles de les intéresser, le tout n’étant pas de les dégoûter d’emblée avec des pavés pompeux comme Germinal, qui pourtant est un livre très intéressant. “Tu sais si certains ont fait l’essai que je leur ai demandé la dernière fois ?” Tu cherches à savoir d’avance si ça vaut la peine que tu en parles ou pas, si aucun ne l’a fait, tu préfères juste ne pas aborder le sujet, préférant partir sur du positif, que de les mettre face à leur défaut. Le but étant de les motiver, pas de les enfoncer.

Quelle ne fut pas ma surprise de constater que Frida avait dans ses bras une boîte avec bon nombre de livres. Sans doute préparait-elle une séance de lecture avec les jeunes, quelque chose de relax. J’étais loin de me douter que sa librairie avait eu la générosité de nous les offrir pour que les jeunes puissent repartir avec, s’ils le voulaient. En premier lieu, je saluai la blonde qui m’affirma avec toujours de l’énergie pour eux. Je souris largement. « T’es meilleure que moi, alors. » Déclarais-je à la blague, même si, évidemment, je ne me présentais jamais face à eux avec un coup de mou. Si je feelais moins bien certains jours, je prenais toujours le temps de me recentrer avant d’accueillir les jeunes. Je me rappelais qu’ils vivaient tous, eux aussi, des situations fort éprouvantes, et que Head Ahead était pour eux un safe space qu’il me fallait entretenir. Le jeune Concho aurait eu besoin de ça, à l’époque. Frida me parla finalement des livres qu’elle tenait entre ses mains, m’affirmant qu’elle avait fait le tri des livres à la librairie et que ceux qu’elle amenait ce soir pouvaient être laissés ici. « Wow, t’es sérieuse ? Merci, Frida, c’est vraiment génial. Tiens donne, je vais t’en débarrasser. » Je marchai jusqu’au comptoir d’accueil où je déposai la petite boîte en carton remplie de livre. Je consultai les pages titres de ceux sur le dessus des piles. « Ça va faire fureur. J’amènerai une petite bibliothèque dans l’entrée, j’pourrai les placer là et les jeunes pourront les lire à temps perdu. » Parce que même si Head Ahead offrait surtout des classes de danse, libres ou chorégraphiées, j’avais aussi créé un espace de socialisation, et même si les jeunes ne venaient pas expressément pour danser, ils étaient les bienvenus. Frida me demanda alors si certains avaient fait l’essai qu’elle leur avait proposé à sa dernière venue. Je posai un bras sur le comptoir et me tournai vers elle. « J’ai vu que Harper, Ava, Mason et Levi avaient des feuilles à leur arrivée. J’imagine que c’est ça. Pour les autres, j’avoue que j’ai oublié de sonder … » Je grimaçai, coupable. J’avais eu pas mal de choses en tête ces derniers temps, et c’est avec regret que je constatais que le travail en prenait peut-être un coup.

Tu es vraiment excitée par ce que tu fais auprès de ces jeunes à Head Ahead, partager ta passion tu adores vraiment ça et voir que certains d’entre eux y semble réceptif, c’est une petite victoire pour toi. Puis tu sais que toi, quand t’étais gamine, tu aurais adoré avoir un centre comme ça, où tu aurais pu t’évader de chez toi l’espace de quelques heures. C’est pour quoi tu t’investis autant auprès de ces jeunes. Tu ignores ce qu’ils traversent mais en un sens, tu les comprends. “C’est surtout que contrairement à toi, je ne les supporte pas depuis le début de la journée, tu as bien plus de mérite que moi.” Tu pouffes de rire. Tu sais très bien que si tu devais gérer tous ces ados une journée complète, tu serais probablement complètement crevée le soir, même si tu t’efforcerais sûrement comme lui le fait, de ne pas le montrer. Tu expliques brièvement à Concho pour les livres que tu as apportés avec toi, parce que bon, c’est le directeur quand même, il a son mot à dire dessus, comme de base, la littérature n’est pas le but premier de l’association qui privilégie l’expression corporel par la danse. Mais tu trouves ça chouette, qu’il permette à ces jeunes de découvrir et s’exprimer également par d’autres formes d’arts. “De rien c’est normal. Après tout, c’est bien beau de leur parler livres sans leur donner la possibilité de lire en dehors du temps où je suis là. Comme les livres là, soit on en a reçu trop et que je sais qu’on ne vendra pas tout, soit, ils sont sortis y’a un moment et pareil, ça se vendra plus trop. Je me suis dit que ce serait une bonne idée qu’ils servent quand même.” Tu y es allée un peu au culot, ça reste de la perte pour la librairie, mais ton patron aime ton enthousiasme et vu que c’est pour une bonne cause, il n’a pas hésité très longtemps avant d’accepter. “J’espère. J’ai essayé de prendre quand même des thèmes qui peuvent les intéresser. Et les laisser à disposition dans une petite bibliothèque comme ça, c’est une super idée. J’ai trop hâte de voir ce qu’ils vont en penser.” Forcément, lorsqu’on on amène une nouvelle idée, on a toujours hâte de voir si ça va plaire et tu ne déroges pas à la règle. En attendant de voir tout ça se mettre en place, tu t’inquiètes auprès du directeur de savoir si certains des adolescents qui participent à ton activité ont fait le petit devoir que tu leur as demandé et tu es rassurée de savoir que c’est le cas. Même s’ils ne l’ont pas tous fait, tu auras de la matière pour ton “cours” “Ahh bonne nouvelle. Harper et Levi je n’en doutais pas trop et Mason c’est une agréable surprise, il était un peu réticent quand on a commencé cette activité, ça me fait plaisir de voir qu’il y met du sien. Comme le but c’est pas de les dégouter de lire mais de le leur faire aimer, je n’avais en rien obligé à faire ce devoir, le faisait que ceux qui en avait envie. J’avoue, j’avais un peu peur de me retrouver avec rien. Laisser ce genre de liberté, de choix, c’est un peu à double tranchant.” Tu ris légèrement, mais t’es contente que tes efforts semblent payer mine de rien. Alors que tu t’apprêtes à rejoindre la salle qu’on t’a octroyée quand tu viens, tu reçois un message de ta jumelle, tu la revue quelques jours plus tôt, et ça t’a fait plaisir. Tu t’excuse auprès de Concho, le temps de lire rapidement ce qu’elle t’écrit, même si tu y répondras un peu plus tard. Sa photo apparaît à l’écran, tu adores ça, toi, cette fonctionnalité sur ton smartphone, où tu peux mettre au profil de tes contacts une image qui leur correspond. Tu l’uses et en abuse. “Désolée, message de ma sœur.” Tu mets ton téléphone sur silencieux et le range dans ton sac. “Voilà, plus de distraction, totalement disponible pour les gamins.” Enfin, ce sont plus vraiment des gamins, mais ils le restent à tes yeux. Ils ne sont pas encore vraiment adultes non plus.

Je secouai la tête en riant quand Frida m’affirma que j’avais plus de mérite qu’elle puisque je passais parfois des journées entières avec eux. Pensif, je tournai la tête vers le local où une fenêtre entre le hall et la salle me permettait de les voir. Ils étaient là à danser, à rire, à vivre, tout simplement. « Il faut bien que quelqu’un les supporte. Personne d’autre ne le fait, dans leur vie … » Déclarais-je tristement. Et je ne parlais même plus de supporter dans le sens d’endurer. Je parlais de les supporter pour les permettre d’ensuite s’envoler. J’étais la béquille pour les aider à marcher le temps qu’ils guérissent de tout le mal que la vie avait pu leur faire. Heureusement, je n’étais pas le seul, au centre, à faire ça. Frida ne réalisait peut-être pas pleinement l’impact qu’elle pouvait avoir sur eux, mais elle aussi les soutenait et croyait en eux bien mieux que l’entourage de ces jeunes-là. Leurs rêves renaissaient entre les murs de Head Ahead, parce qu’ici ils avaient le droit d’y croire. La boîte de trésors littéraires entre les mains, je remerciai Frida de cette générosité. « C’est une très bonne idée, oui ... » Affirmais-je avec un sourire à la suite de ses explications. En regardant les couvertures, je confirmai que ce serait très populaire auprès des ados. « Moi aussi j’ai hâte. J’espère que ça leur donnera envie de lire de plus en plus. » Moi-même je n’avais jamais été un grand fan de la lecture, ce qui avait fait en sorte que j’avais toujours eu du mal à lire et à écrire, d’ailleurs. Tout cela m’avait un peu conduit à décrocher de l’école, le suicide de ma mère ayant été l’élément perturbateur m’ayant poussé à franchir ce cap-là et à ne plus jamais revenir en arrière. Je ne souhaitais pas cela à mes jeunes. Je m’en étais tiré par un joli coup du destin, mais pas tout le monde n’aurait ma chance. On parla finalement du devoir donné par Frida la semaine dernière, et elle sembla ravie de la participation projetée. « Qu’il y en ait quatre sur la bande qui aient participé, c’est déjà très bien, ouais. Ils sont parfois difficiles à motiver alors qu’ils mettent les efforts, c’est la preuve que ce que tu leur fais faire, ça les rejoint. » Je souris, puis hochai la tête quand Frida s’excusa pour prendre un message. Je baissai machinalement les yeux vers l’écran lorsqu’elle ouvrit la conversation et je fus surpris de reconnaître Freja su la photo de contact. Je détournai rapidement le regard, troublé. Je le fus encore plus quand Frida m’annonça que c’était un message de sa sœur. « Freja Ivanova est ta sœur !? … C’est toi sa jumelle !? » Demandais-je avec étonnement. Frida n’avait peut-être plus de distraction mais moi, je n’avais plus aucune attention pour les jeunes. Comment avais-je pu ne pas le voir ?

La réponse du directeur t’attriste énormément et te rappel à quel point ces gamins sont seuls et que ce centre leur est vraiment utile. C’est pour cela que tu donnes de ton temps pour eux, pour les aider comme tu peux et te sentir toi-même utile. “C’est vraiment bien ce que tu fais pour eux. Grâce à toi, ils ont une chance de ne pas mal tourner.” Tu es sincère, tu vois ce que Head Ahead leur apporte, ça les sort de rues, ça leur évite de trainer avec les mauvaises personnes. C’est vraiment un endroit bénéfique pour ces ados. C’est pourquoi tu avais osé négocier le don de ces livres avec ton patron. “J’espère aussi que ça leur donnera encore plus le goût à la lecture. J’ai essayé de faire un mélange entre classiques et œuvres plus récentes, plus susceptible de les intéresser.” Les classiques sont pour toi des incontournables, et ils doivent y avoir accès, sachant très bien que de toute façon, ils n’ont pas les moyens de venir en acheter à la librairie par eux-mêmes. Il faut déjà ne serait-ce que les motiver à la lecture, c’est là qu’interviennent les livres plus récents, collant plus à leur époque, à leurs vies. Ce qui te motive, c’est aussi de voir que tu arrives à en intéresser quelques-uns à ta passion. Tu le sais très bien que tu n’arriveras pas à tous à les embarquer dans ton univers, tout le monde n’est pas fait pour ça. Mais si tu arrives à n’en intéresser réellement qu’un seul, ce sera déjà une immense victoire pour toi, alors de savoir que quatre d’entre eux ont fait ce petit devoir que tu leur avais suggérer, sans les y obliger, c’est une grande fierté. “Je suis vraiment contente oui. Quatre c’est déjà plus que je ne l’aurais imaginé au départ. Ça prouve également que tu as bien fait d’élargir les horizons en permettant à d’autres art de s’ajouter à celle de la danse.” Chacun peut trouver ainsi, ce qui lui correspond le mieux et qui lui donnera envie d’avancer et de s’en sortir. Tu t’excuses en recevant un message. Tu ne veux pas te montrer impoli, mais tu regardes rapidement le contenu, au cas où il y aurait quelque chose d’urgent, d’autant qu’il s’agit d’un message de ta sœur, et vu que vous n’êtes pas des plus proches, sait-on jamais. Alors que tu annonces être enfin disponible après avoir rangé ton téléphone dans ton sac, tu es amusée de constater que Conchobáhr semble troublé et étonné. Tu as très vite l’explication. “Oui.” Lui réponds-tu avec un grand sourire. “J’en conclu que tu la connais ?” Question un peu rhétorique, c’est une évidence, puisqu’il a mentionné son nom sans même que tu ais à le faire. Tu en conclu qu’il a dû voir la photo sur ton écran et la reconnaître. “On est très différentes, c’est pas flagrant qu’on est jumelles, sans compter qu’on n'est pas très proches l’une de l’autre. C’est pour ça qu’en voyant que le message était d’elle, je préférais m’assurer qu’il n’y avait rien de grave.” Tu ne sais pas pourquoi tu as constamment ce besoin de te justifier de tout, tout le temps, même quand cela n’est pas nécessaire.

Je n’avais pas dit cela pour recevoir des fleurs, je n’avais pas bâti Head Ahead pour avoir de la reconnaissance de qui que ce soit, mais ça me faisait quand même plaisir que Frida me dise ça. J’avais gagné pas mal d’argent à la loterie, que j’avais investi dans la mise sur pied de ce centre, devenu un OBNL qui aujourd’hui ne me rapportait pas un très grand salaire, alors ça faisait du bien de savoir que tout cela n’était pas en vain. Mes sacrifices en aidaient d’autres et au fond, c’était ça mon but premier : aider. « Tout le mérite leur revient. » Dis-je toutefois, parce que même si j’aidais certainement à les guider vers de bonnes voies, c’était eux qui mettaient réellement les efforts pour s’en sortir. Tout ce que je faisais, c’était croire en leurs capacités. C’était eux qui les déployaient ensuite. En continuant de regarder les livres apportés par Frida, j’hochai la tête alors qu’elle me parlait du mélange de classiques et de nouveautés. « Bonne idée. » Lui répondis-je seulement. Je me souvenais bien qu’à leur âge, et encore aujourd’hui sans doute, si on m’avait parlé de lire Moby Dick ou un truc du genre, j’aurais rapidement déguerpi. C’était déjà bien que Frida ait réussi à capter l’intérêt de quatre des jeunes du centre. « C’est vrai. Il faudrait que j’élargisse encore plus … J’avais déjà essayé, y’a quelques années, mais les bénévoles vont et viennent alors y’a rien de stable. J’avais déjà eu une prof’ de peinture mais ça n’a duré que quelques séances. Les jeunes avaient bien aimé. » Il faudrait que je place des annonces, peut-être, sur les réseaux sociaux et puis à travers la ville selon les bonnes vieilles méthodes d’affiches, aussi. C’est à ce moment que Frida reçut un message de Freja, que je reconnus en raison de son image de contact. Stupéfait, j’appris que Frida était sa sœur jumelle. Les jumelles Ivanova. Celle dont la norvégienne ne me parlait que trop rarement, à tel point que je n’avais pas été fichu de faire le rapprochement, depuis le temps. « Oui, oui, je la connais très bien … » Elle remarqua sans doute mon air un peu perdu, confus, mal à l’aise même de ne pas avoir fait le lien entre les deux, puisqu’elle m’expliqua qu’elles étaient physiquement différentes et qu’elles n’étaient pas très proches, non plus. J’hochai la tête. « Et … c’est rien de grave ? » M’inquiétais-je en sortant instinctivement mon propre téléphone. Je regardai Frida, elle devait se poser des questions à son tour. « Freja en fait c’est … eh bien, elle est ma copine. On est ensemble depuis un an, enfin … officiellement que cinq mois à peu près. Mais avant ça on a été colocs pendant des années … » Expliquais-je à mon tour, comme si moi aussi je devais justifier quelque chose alors que non. « C’est pour ça que je me trouve un peu con de pas avoir compris que t’étais sa sœur. Tout d’un coup je me rends compte que y’a une grande partie de sa vie que je connais pas même après tout ce temps. » Dis-je.