I'll be there as soon as I can |ft Rose

I'll be there as soon as I can

Je t'aime, Judas. Est-ce qu'il avait inventé tout ça ? Est-ce que c'était le fruit de son imagination ? Plus il y réfléchissait, plus l'écran de son téléphone devenait floues. Les phrases dansaient sous ses yeux. Rose. Elle ne lui rendait pas la vie si facile que ça. C'est vrai qu'après dix ans, il n'avait jamais imaginé qu'il puisse se passer quoi que ce soit entre eux. Jamais, en fait. De peur sûrement de briser cette histoire qui dure depuis si longtemps. Elle était, restait et resterait sa meilleure amie. Est-ce que c'est raisonnable d'avoir envie de plus ? Il vient juste de rompre. Quelques semaines à peine, et il pense encore à Noa. Dans son cœur, mais dans son être, c'est Rose qui domine, qui a toujours dominé. Maintenant qu'elle a avoué ses sentiments, ils ne peuvent plus revenir en arrière. Et il s'en veut de leur conversation, parce que dès qu'il s'est réveillé le lendemain, il a quitté la maison, et il n'est pas revenu, n'a pas donné de nouvelles. Il a été squatter le studio de son pote et il a rappé autant qu'il pouvait. Et ce soir, il avait déconné. Une soirée à laquelle il avait été, et il avait trop bu. Même s'il était encore conscient, il était sacrément éméché, et il ne pouvait même pas rentrer seul. Il attendit alors que les effets se dissipent, et laissa quelques amis le raccompagner chez lui. Il est tard, il fait froid, il a oublié son sweat. Poussant la porte du domicile en essayant d'être discret, mais en la faisant claquer involontairement derrière lui, il sursaute. Il avance à pas de loup dans la pièce, se débarrasse de ses chaussures, se rend jusqu'à la salle de bain. Il renverse presque tout sur son passage, parce qu'il a du mal à garder l'équilibre, et il arrive quand même à se laver les dents. Il plonge sous la douche, froide, boit autant d'eau qu'il peut, se rafraîchit pour que les effets passent plus vite, pour essayer de cacher cette odeur d'alcool qui le hante et qui lui fait honte. Il soupire. Il a pris sa douche avec son pantalon. Il se relève, tente de l'enlever mais il y arrive pas. Il est trempé, il en fout partout. « Rose ! » Il crie, avant de se rappeler que Laël dort. Il quitte la salle d'eau, la rejoint dans la chambre plongée dans l'obscurité. Il arrive à retirer son tee-shirt, mais la fermeture de son pantalon refuse. « Rose... J'ai besoin d'aide, j'suis coincé. » Et un peu saoul. « J'arrive pas à enlever mon froc. Et ça tourne. » Il vient s'asseoir au bord du lit, tire sur les pattes du pantalon, mais rien à faire, c'est coincé. « J'suis coincé dedans... » Il se met à glousser, c'est plus fort que lui. Condamné à vivre dans ce même pantalon.

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Oui, il se doutait bien que tout le monde dormait dans cette maison, mais il n'avait plus aucune notion de la réalité. Dans cette pièce, c'est comme si tout ce qui était autour avait soudainement disparu. Un grognement, et il lui demande de l'aide. A elle, alors qu'il n'avait pas donné signe de vie depuis deux jours, qu'il avait préféré fuir comme un adolescent et prendre sa première cuite depuis de longues années. Il était pitoyable, parce qu'il n'arrivait pas à accepter la vérité aujourd'hui sous ses yeux. Debout au milieu de l'obscurité, éclairé par les faibles rayons de lune traversant les rideaux de la fenêtre. Et sa silhouette qui se lève, et qui accepte de s'approcher de lui. Il la regarder, et là, il ne dit plus rien. Il l'avait déjà vue presque nue, mais ce soir, cette tenue la mettait encore plus à son avantage. Silencieux, bouche bée, il laissait son esprit s'imaginer qu'il avait le droit de la prendre dans ses bras sans oser le faire. Il grimace quand la lumière l'éblouit mais garde les yeux ouverts alors que Rose s'accroupit pour venir l'aider à baisser sa braguette. Il tressaute un peu, doit invoquer tous les dieux de ce monde pour ne pas réagir à cette proximité. Et quand elle a réussi à le décoincer, il ne peut pas la laisser retourner au lit comme ça. Elle ne pourra pas se rendormir avec la lumière allumée. « Attends. » Il tend le bras pour attraper le sien, tend l'autre pour éteindre la lumière, et quand il revient vers elle, il finit par s'emmêler les pieds dans les siens. Comme un imbécile. Y'a plus rien qui fonctionne là-haut, il n'arrive même plus à faire de vrais pas, et il trébuche, entraînant Rose dans sa chute sur le lit. Retombant sur elle, il grommelle à nouveau, mais ça lui fait comme un électrochoc. Il est en train de la tremper et de mouiller le lit à cause de son pantalon mouillé et plein de savon, mais il ne bouge pas, campé là à la regarder. « Pardon... J't'ai pas fait mal ? » Même saoul, il a un chouïa de bon sens. Il vient plonger sa main dans la chevelure rousse, tente de remettre ses idées en place, mais c'est dur. Il voit à peine son visage dans le noir, il le devine juste. « Tu dormais pas en pyjama avant ? Pourquoi t'es en culotte ? » Question stupide, mais il se demande quand même pourquoi ce soudain changement. Sûrement parce qu'elle n'avait pas prévu qu'il revienne dormir là cette nuit, c'est ce qu'il se dit.

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Il n'apprécie pas forcément ce geste qui le repousse. Forcé à roulé sur le côté, sur le lit froid de leur absence, il la regarde se lever, mais reste le dos contre le matelas, le temps de décuver. S'il fermait les yeux, il s'endormirait sur le champ. Ou pas. Il tournerait en rond avant de ne demander à Rose si elle dort. Il finirait par se lever, s'enfiler un litre d'eau et ferait un puzzle en étant bourré. Mais dormir ? Pas dans cet état. Il fait pitié, et il se rend compte qu'il avait franchement déconné. « Quoi ? Pourquoi tu mets ça ? » Il fronce les sourcils, ne comprend pas. C'est de sa faute, il aurait dû se taire. Mais ce soir, il n'avait pas de filtres. Et s'il pensait que les gestes le sauveraient, c'était raté. Adieu, le raisonnable papa du jour, et bonjour, l'adolescent de dix-huit ans qu'il n'a jamais été. « Pourquoi tu pensais pas me revoir ? » Il a la bouche pâteuse, et quand il se redresse pour s'asseoir, il sent que sa tête tourne encore un peu, mais beaucoup moins. Comme si la colère de Rose était en train de le réveiller, et de retirer tout le poison de son corps. Soupirant, il finit par tirer sur les deux jambes de son jean pour le retirer. Mine de rien, il lui colle aux cuisses et ça commence à lui donner froid, il n'a pas envie de choper un rhume. Il n'a pas non plus envie de discuter sérieusement, alors qu'il est si tard. Judas, faut toujours lui arracher les discussions sérieuses, surtout quand ça concerne des relations importantes de sa vie. « J'avais besoin de... temps, pour digérer, tu vois ? » C'est bidon, il le sait, il fait la moue en la regardant. Et là, il est frappé par toute l'inquiétude qu'il lui a fait ressentir. Il est aussi frappé par sa colère, et par toutes ces émotions négatives qu'il lui a poussé à ressentir. Il n'avait pas répondu à ses sms en retour, avait esquivé le sujet, pour une bonne raison. « J'aurais quand même fini par rentrer. J'suis allé voir personne, hein. Juste des potes. J'ai bu, mais ça va, j'vois pas si flou. » Il rigole, mais ça ne dure pas longtemps. Il se gratte la jambe, fixe ses tatouages comme si cétait plus facile d'éviter le regard de sa meilleure amie. « C'est juste que... tes sms... » Il relève le menton vers elle, l'air presque triste. C'est fou comme il lui a fallu peu de temps pour dessoûler. « J'comprends pas. J'imagine ce que ça aurait été si tu m'avais dit ça avant. J'cois que j'aurais aimé le savoir avant. J'crois que c'est pareil, pour moi. Tu le sens mon cœur qui bat, quand je dors contre toi ? » Il porte alors sa main à son propre torse nu, comme si ça pouvait démontrer ce qu'il ressent au fond. C'est dur, mais il fait des efforts.

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Il grogne quand la lumière se rallume et l'éblouit. Il aurait préféré rester dans le noir, au moins, il aurait pu éviter la migraine, cacher son état et ne pas avoir à croiser le regard de Rose, prêt à le pulvériser à chaque seconde pour tout ce qu'il avait fait ces deux derniers jours. « Pas de malentendus entre nous ? » Il dit ça pour lui-même. Après tout, des sous-entendus et des malentendus, il y en avait déjà, alors ce n'était pas une culotte qui allait changer quoi que ce soit entre eux. Ils s'étaient dit des choses que des meilleurs amis ne se disent pas, des choses qui avaient poussé le duo à se scinder en trop peu de temps pour qu'il ait pu les en empêcher. En fait, si, il aurait pu, en avouant à Rose après ses sms qu'elle n'avait plus à douter, qu'il pouvait être l'homme de sa vie, mais ça ne lui ressemblait pas. Les sentiments de Rose pour lui étaient tombés dans son oreille du jour au lendemain, sans qu'il ne s'en rende compte, et il avait utilisé Noa comme excuse pour ne pas avouer son propre ressenti.  « Que j'étais parti faire les courses ? Au cimetière voir mon frère ? Au studio pour rapper ? » Il fait pas trop le malin. Lui qui ne cherche d'habitude pas les conflits et qui ne s'énerve pas est en train de remettre en question sa véritable nature. Parce que même s'il était parti faire tout ça, il aurait écrit un mot et aurait répondu au téléphone. Non, là, il avait fait l'autruche comme un gamin de quinze ans. Et il se tait. D'un coup, il sait que ça sert à rien de hurler, il redevient celui qu'il est. Parce qu'en face, Rose est en furie, et il ne pourra pas l'arrêter. La seule chose qu'il pourrait faire c'est de l'énerver un peu plus, et ça, c'est hors de question. Il a mal de voir Rose dans un état pareil à cause de lui. De l'entendre dire tout ça, de parler de mariage ou autre. Ils auraient pu, c'est vrai, pour donner encore plus de crédibilité à leur histoire. Leurs parents, ils leur ont souvent posé la question, pour essayer de comprendre pourquoi ils ne voulaient pas passer à l'étape supérieure dans leur couple. En fait, peut-être que ça aurait tout changé. Même s'ils avaient été libres de voir qui ils voulaient, ils auraient encore en tête ce jour de mariage. Chaque relation aurait été un échec. Lui, il avait voulu laisser la chance à Rose de guérir de ce viol, avait espéré la voir un jour amoureuse, les yeux brillants de joie à l'évocation de son petit-ami.  « Mon cœur il aurait pas dû battre. » Il grommelle, et dans son état, il se remet à regretter d'être là et pas son frère. L'alcool, ça fait mal, plus jamais il y touchera. Non, en fait, il ne regrette pas d'être là, c'est ça le problème.  « Tu sais combien de fois j'aurais préféré que ce soit moi qui ait sauvé Jonas. » Il soupire, enfile le short qu'elle lui a lancé et qu'il n'avait même pas relâché, comme si tordre le tissu l'aidait à évacuer sa propre colère. « Maintenant, j'ai juste envie de lui dire merci de m'avoir donné cette chance. Parce que j't'aurais pas rencontré. Quand tu m'as rencontré, j'étais Judas aux yeux de tous, mais auprès de toi, j'ai toujours été qui je suis vraiment. J'ai toujours été Bartosz. » Il pince les lèvres, il ne se serait jamais cru capable de tenir de tels propos. Se relevant doucement pour éviter de s'écrouler, il fait un pas vers la rousse, tendant la main vers elle. Bartosz Kirke, de son vrai nom. Celui qui figure sur ses papiers d'identité, alors qu'il fait croire au monde entier qu'il s'appelle véritablement Judas. « Noa, elle est tombée amoureuse de Judas. Et lui d'elle. Mais c'est pas ce que je suis réellement. J'suis Bart, et j'suis personne d'autre. Et Bart, il... j'ai besoin de toi tous les jours de ma vie. » Il s'approche encore, et avec une délicatesse qui lui est propre, pose ses mains contre celles de Rose, qui sont encore en train de tenir ce cadre si précieux pour elle.  « Mon cœur il bat pour toi. » lance-t-il sur le ton de la confidence, dans un instant bien plus lucide que les autres. Une confession sincère, calme, posée, l'acceptation de ses sentiments pour elle.

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Il ne peut pas mentir. Elle le connait mieux que n'importe qui, elle sait comment il fonctionne et oui, il aurait toujours trouvé le moyen de la prévenir. S'il ne répondait pas, c'est qu'il était soit arrivé quelque chose, soit il faisait la gueule, ce qui ne lui arrivait que rarement. Si c'était arrivé maintenant, c'était uniquement parce qu'il y avait eu ces révélations et qu'il n'avait pas été assez fort pour avouer les choses à son tour. Et aujourd'hui, le fait d'avoir menti et d'avoir inquiété Rose lui ronge l'estomac. Il culpabilise, comme la fois où ils s'étaient vus dans ce café alors que Rose se retrouvait à élever seul leur fils, parce qu'il avait choisi l'amour plutôt que la parentalité. Il regrettait presque que tout ce soit passé de la sorte. Et bizarrement, il a envie de pleurer, de laisser échapper la colère qui lui envahissait le corps, la colère qu'il porte envers lui-même et que Rose a toujours su apaiser. A ses côtés, il a appris à apprécier la vie et à se pardonner ses erreurs de jeunesse. Elle l'a sauvé aussi en retour, et peut-être que c'était la raison pour laquelle le destin les avait mis sur le chemin l'un de l'autre. « J'dis pas regretter d'être avec vous, Rose. J'peux pas regretter ça. Sans vous, j'serais rien. » Il ne sait même pas où il serait aujourd'hui. Est-ce qu'il aurait une raison de continuer à Bowen, avec sa famille ? Il l'ignore, et ne veut pas le savoir, car le seul bonheur qui compte est celui du présent. S'il avait décidé de quitter Noa cette première fois alors qu'il était à la rue, pour s'intégrer dans la vie de Rose et la sauver de toute réputation, lui redonner courage et lui donner envie de continuer à vivre pour son fils, c'était parce qu'il s'était senti l'âme d'un aventurier, et que dans son esprit, il ne se voyait pas autrement dans une vie sans famille. Elle était devenue la sienne à l'instant même où il lui avait proposé ce rôle, et bien qu'elle aurait pu refuser, le connaissant à peine, elle avait accepté de se lancer dans cette aventure avec lui. Alors il avoue, malgré l'alcool dans le sang, malgré la tristesse d'avoir disparu deux jours, malgré l'engueulade qu'il vient d'avoir lieu et qui, par miracle, n'a pas réveillé Laël. Il finit par avouer qu'il l'aime beaucoup plus qu'il ne le prétendait alors. Et même si ça lui fait peur, parce que les prochains jours de leur vie seront différents de ce qu'ils ont vécu là, il est heureux d'avoir pu prononcer ces mots trop longtemps refoulés. Et il relève la tête vers elle face à son silence, ne comprenant pas trop pourquoi elle ne répondait pas. Ne la croyait-il pas ? Il s'apprêtait à dire quelque chose, pousser un soupir et aller se coucher, mais elle s'approcha quand même de lui pour le serrer dans ses bras. Encore au bord du lit, il lui fallu quelques secondes de réaction pour passer ses bras autour d'elle et à la serrer à son tour contre lui. La tête sur son épaule, il est rassuré par sa présence, et aussi terriblement gêné. Il a envie de la tirer sur le lit, de coller son corps contre le sien et bien plus encore. « Rose... » il souffle, ses mains s'accrochant désespéramment à son dos alors qu'il murmure à son oreille. « J'suis désolé... D'être complètement saoul. » Il est sincère, c'est la seule phrase censée qu'il s'entend dire.   « Est-ce que tu me fais confiance ? » demande-t-il à nouveau, craintif de faire quelconque mouvement qui révélerait les intentions de son corps sur lequel il n'avait plus du tout le contrôle.

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Il souvenait de cette fois où elle lui avait confié qu'elle avait espéré que ce soit lui, l'homme de sa vie, et pas un autre. Il avait retenu ce détail parce que ça l'avait marqué, plus qu'il ne le laissait croire. Déjà ce jour-là, peut-être avaient-ils des sentiments. Et même s'il en ressentait encore pour Noa à ce jour, il en avait également pour Rose. Deux types de sentiments différents pour deux relations différentes. On dit souvent qu'on aime pas deux personnes de la même manière, et c'est vrai. Il les aime, l'une et l'autre, à sa façon. Et aujourd'hui, l'amour qu'il a décidé de passer en premier est celui qu'il porte pour Rose. L'idée de passer le reste de ses jours sans elle lui semble insupportable tant ils ont tout partagé. Et tout ce qu'elle peut lui dire à cet instant, il espère ne pas être trop saoul pour s'en souvenir demain et tous les autres jours. Poussant un soupir, il tira ses jambes pour venir contre la tête de lui alors que Rose se blottit contre lui. Passant un bras autour de ses épaules, il posa sa joue contre le crâne de la jeune femme, rassuré de la sentir près de lui. « J'sais pas. » Dans cette position, il sent que ses yeux le piquent et qu'il va bientôt s'endormir. « Tu te rends compte qu'on a tout fait à l'envers ? On se connaissait pas, on a élevé un enfant ensemble, on a vécu dix ans ensemble, et maintenant, ça ? » Il rigole. C'est plus fort que lui tellement ça lui parait absurde. Attendre dix ans pour que des sentiments se développent, et pour les accepter. Quand il y réfléchit bien, elle est la seule à qui il n'a jamais menti. Il lui a parfois mené la vie dure, à se faire voir avec d'autres femmes, à aller séduire d'autres mères de famille, mais aujourd'hui, il avait envie de se rattraper et de la séduire, elle. Il ferma les yeux, incapable de tenir plus longtemps. « On verra demain, hm ? » demande-t-il, baillant désormais comme une carpe alors qu'il rouvre les yeux, presque en sursaut. Il relève la tête vers l'interrupteur, qu'il n'a pas la foi d'aller éteindre. Au lieu de ça, il tire les draps et s'allonge en soupirant. « Viens, on dort. » lance-t-il, un peu bougon à cause de la fatigue. Il a un mal de crâne qui commence à se pointer, alors qu'est-ce que ce sera au réveil. Plus agréable, il l'espère.

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Oui, ils avaient dû apprendre à se reconstruire avant, à se faire confiance, à vivre. Maintenant qu'ils étaient parvenus à se pardonner pour leurs erreurs de jeunesse et qu'ils avaient accepté qui ils étaient réellement, ils pouvaient faire le point sur leurs sentiments et s'accepter l'un l'autre. Même s'il ne le dit pas tout haut, même s'li est incapable de prononcer ces trois syllabes parce que son esprit est trop engourdi et perdu, il sait qu'il finira par le faire. Alors pour l'instant qu'ils sont réconciliés, et qu'il est à la maison, il n'a plus besoin de s'inquiéter. Détendu, la fatigue finit par le gagner et il est rassuré que Rose accepte qu'ils aillent directement se coucher. Même si c'était loin d'être ce qu'il avait imaginé en rentrant, il était plus serein qu'en début de soirée. Lui aussi, il s'était torturé à ne pas rentrer pendant plus de quarante huit heures. Jamais il n'avait passé autant de temps sans nouvelles de Rose, même par sms. Si ce n'était pas le signe que leur relation était plus forte qu'ils le laissaient croire... « Bonne nuit, Rose. » Il se laisse glisser sous les draps, en proie à la fraîcheur du soir, et ferme les yeux, souriant aux propos de Rose. Mais la seconde d'après, il s'est déjà endormi, et a oublié ce qu'il s'est passé de la soirée.
Au petit matin, il était étonné de se rendre compte qu'il avait de terribles crampes dans les mollets. Son crâne lui faisait moins mal que ce à quoi il s'était attendu, et il lui fallut de longues minutes à émerger pour réaliser ce qu'il se passait autour. Puis il se souvint de la veille, et un sourire éclaira son visage alors qu'il ressentait la chaleur du corps de Rose dans ses bras. Il ouvrit les yeux pour l'observer silencieusement. Elle était belle, et elle semblait apaisée. Bien plus que quand il était arrivé. La pauvre, plus jamais il ne lui ferait vivre une telle frayeur. Poussant un soupir, il se mit à lui caresser les cheveux en admirant la beauté de son visage. Il ignorait l'heure qu'il était, mais assez tôt puisque Laël ne semblait pas s'être encore levé. Tant mieux, il avait encore un peu de temps avant d'affronter la tornade de la journée, et du temps pour profiter de la présence de Rose. Passant ses doigts sur sa joue, il la repoussa délicatement pour se lever. Sa tête lui tournait, et il ne pouvait pas non plus échapper à la trique matinale. Alors, il prit le temps d'aller aux toilettes avant de revenir se glisser sous les draps du lit, encerclant de ses grands bras le corps de sa meilleure amie. « Rose, tu dors ? » demande-t-il, impatient de lui faire face ce matin, car il savait que Laël allait vite les détourner de leurs occupations de jeune couple.

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Il s'était douté qu'il allait la réveiller, mais ça avait été plus fort que lui. Parce qu'il sait que dans moins d'une heure, "papa" et "maman" seront les seuls mots qu'il entendra hurlés dans la maison. Même si Laël était un bon dormeur, il avait forcément des limites, et il finirait lui aussi par se réveiller et les déranger. Commencerait alors une jour à courir dans tous les sens. Ce serait une autre façon de vivre, qu'il appréciait également, mais pour le moment, il voulait consacrer son temps à Rose. Maintenant qu'il était sobre et lucide, il allait pouvoir être davantage bavard, plus doux, moins dur avec elle. « Tu peux continuer à dormir si tu veux. » lance-t-il en l'observant, lui laissant le temps d'ouvrir les yeux et de se réveiller.  ose était vraiment belle, et ce, même au réveil. C'était une chose qu'il savait, mais il n'en avait jamais pris vraiment conscience. En fait, il ne s'était jamais autorisé à le penser. Parce qu'elle était sa meilleure amie à l'époque, mais aujourd'hui, ils semblaient avoir franchi cette étape. Frissonnant au contact des doigts de la jeune femme dans son dos, il ne bougea pas, les bras autour autour de sa taille. Contre toute attente, c'est elle qui franchit cette distance qui les séparait, venant plaquer ses lèvres contre les siennes pour l'embrasser.  C'était ce qu'il avait souhaité si ardemment ces deux derniers jours, et pourtant, il n'avait pas osé franchir le cap. Et aujourd'hui, c'était fait. Il lui rendit son baiser, découvrant pour la première fois la sensation que cela faisait de se sentir aussi proche d'elle que ça. Une sensation qui l'emplissait d'une joie certaine, et qui remplissait aussi son cœur d'une chaleur nouvelle. Glissant ses doigts le long de sa taille, il se redressa à son tour sur son coude, se penchant légèrement au dessus d'elle, avide de l'embrasser à nouveau. Quand il s'arrêta pour reprendre son souffle, il plongea son regard dans le sien, et glissa ses mains sur la peau sous son tee-shirt avec délicatesse et presque avec pudeur. « Quelle agréable façon de se réveiller. » commenta-t-il en souriant, surpris de l'initiative de sa meilleure amie.

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