J'aurais préféré t'éviter ll Callie

J'étais un peu à la bourre aujourd'hui, qui dit en retard, dit mauvaise humeur. Le réveil n'avait pas sonné mais par chance, je n'étais pas une lève-tard. Je regardais l'heure puis je filais à la douche. Une fois mon tailleur noire enfilé, je pris le téléphone pour appeler mon adjointe. Il fallait qu'elle s'occupe du magasin pendant une heure, le temps que j'arrive. Après la coiffure et le maquillage, je mis mes escarpins noirs, pris mon sac à main de la même couleur, et fila en direction du travail.

Je m'arrêtais au coffee Shop du coin de la rue pour me prendre un café à emporter car je n'avais pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner. Le taxi que je hélais se faufila rapidement à travers les bouchons avant de me laisser dans le quartier de Northern District où se trouvait mon magasin. Une fois sur place, je marchais rapidement pour rejoindre l'entrée du magasin.

Telle une furie, je me me précipitais à travers l'allée centrale vers mon bureau. Sandy, mon adjointe me suivait tant bien que mal. Il fallait que tout soit prêt ce soir pour les soldes. Et visiblement la bascule des vêtements n'avait pas été faite dans tous les rayons. J'étais furax. Il fallait que j'aille dans chaque rayon pour refaire les shémas de ce que je voulais avoir comme rendu final... Je soupirais en finissant mon café devenu froid puis je souris, je n'étais pas une patronne si horrible, mais aujourd'hui j'avais commencé la journée du mauvais pied... Bref, munie d'une feuille et d'un papier, j'arpentais les rayons des trois étages.
En commençant par le rez de chaussée, j'eue une surprise que malheureusement je ne peux pas qualifiée de bonne. Callie se trouvait à une dizaine de mètres de moi. Je m'avançais alors tout sourire et lui dit alors

Bonjour Callie, tu sais le rayon enfant est au troisième étage pas au rez de chaussée !

Je la taquinais, rien de bien méchant même si j'avais réellement envie de lui dire ses quatre vérités. Je vis Sandy passer par là. Je lui donnais mon papier et le stylo en lui donnant l'ordre d'aller faire l'étage. Que je lui faisais confiance. Si Callie n'avait pas été au milieu, Steeve et moi serions encore ensemble et peut être même mariés... Bref, j'étais de mauvaise humeur et c'est elle qui en paierait les frais très certainement.

Callie n'était pas si jeune par rapport à moi, nous devions avoir que quelques années de différences, mais j'en avais ras le bol de passer toujours au second plan à cause d'elle. Je veux bien que Steeve ait été très proche d'elle pendant notre relation, mais il me délaissait pour elle, et ça ... je lui en ai toujours voulu. Je garde tout pour moi mais cela ne veut pas dire que j'en souffre pas ou que je ne suis pas jalouse bien au contraire malheureusement.

J'avais simplement reconnu Callie dans le magasin, Que faisait-elle ici ? Elle était revenue à Bowen depuis peu alors ça me m'était en rogne de la voir ! Surtout que depuis qu'elle était à des milliers de kilomètres, j'avais eu du répit. Je n'avais cependant pas prêté attention au plâtre qu'elle portait. Et à dire vrai c'était le cadet de mes soucis. En ce moment, j'avais trop de choses à faire alors je me fichais du reste très honnêtement.

Plutôt que de me disputer avec Callie, je lui envoyais des piques pour la faire dégager du plancher. Je n'étais pas de nature très méchante, mais mon caractère fort prenait toujours le dessus c'était comme ça. Certes, Sam m'avait mise en garde sur le fait que je ne devais pas lui faire de mal, mais qui me protégeait moi? J'étais seule dans l'arène à affronter toujours les mêmes personnes depuis cinq ans. Et lorsque le vase est plein... il déborde. Je regrettais le fait qu'elle soit revenue à Bowen. La vie avait repris son cours depuis son départ. J'avais la ferme intention de savoir combien de temps elle allait rester ici. Les nouvelles allaient vite, Nicky et Sam me l'avaient dis, elle sortait avec Steeve.

En toute circonstance Callie voyons !

J'avais envie d'hurler, de l'étrangler, de lui dire ses quatre vérités, peut être que ça allait se produire, mais j'avais pitié d'elle, avec un bras en moins elle allait être moins invinsible. Je restais sur mes gardes en souriant. Si Steeve Sam ou Alexis n'étaient pas loin, autant jouer la femme docile avec Miss Ventura

Hum. Que fais tu là ? Je peux pas être tranquille une seule journée? T'en as pas marre de me pourrir la vie?

Et zut, je venais de créer l'affrontement. Ces mots étaient sortis tout seul de ma bouche et je les regrettais déjà.

Bien que je lui en veuille, Callie ne m'avait pas directement fais quelque chose. Mais je lui en voulais parce que si elle n'avait pas été là, Steeve et moi serions peut être encore ensemble à l'heure qu'il est. Mais peut être aurais-je réagi de la même façon que Callie. Elle n'allait pas se priver de sortir avec l'homme qu'elle aime. Etait-elle au courant que Steeve et moi nous revoyons de temps à autre et sait-elle que je suis au courant pour leur relation? Bref, tellement de question et si peu de réponse, et je n'ai tellement pas envie de faire d'esclandre dans mon propre magasin.

Pourquoi? Tu prenais trop de place dans notre couple, j'ai préféré quitter la partie mais ça tu dois t'en douter ! Si je suis partie c'est à cause de toi mais tu dois bien le savoir va !

Dis-je avant de faire un pas en arrière, regardant de droite à gauche, par chance, le ton n'avait pas encore monté, les clients ne s’apercevaient de rien. Le pire c'est que j'aurais pu être amie avec elle si je n'avais pas été avec Steeve. Cela aurait été moins compliqué, j'aurais pu garder mon amitié intacte avec Sam, sans qu'il soit toujours sur la défensive quand je montais sur mes grand chevaux en parlant de Callie... et puis Steeve... On aurait pu être de très bons amis mais la vie en avait décidé autrement.

Tu fais bien ce que tu veux, tu veux faire des achats, amuse toi sinon je te laisse marcher jusqu'à la sortie ça m'est égal. C'est juste derrière toi.

Je n'étais pas si méchante en fin de compte. Je regrettais qu'elle existe comme j'imagine qu'elle aurait préféré que je ne rentre pas dans la vie de Steeve sans doute. On aimait le même homme, normal que l'on soit jalouse l'une de l'autre. Avec le temps, je pouvais le comprendre.

Je commençais à tourner les talons alors qu'elle fouillait dans les rayons puis je revins vers elle, comme si un élan de bonté c'était emparé de moi.

Ecoute Callie, je ne veux pas que l'on se dispute à chaque fois que l'on se verra. Je sais pas si tu vas retourner en Europe sous peu ou si tu restes à Bowen, mais je ne veux plus de guerre ni de tension, je tiens à Steeve comme à Sam, je ne veux pas les perdre sous peine de te pourrir la vie à chaque fois que je te vois. J'ai passé l'âge...

Je soupirais puis repris

Et puis... Tu sais, je pense que l'on aurait pu être amies si Steeve n'avait pas été dans notre coeur. En tout cas, je voulais te dire que je fais une trève. Certes, je t'en veux d'exister et ça doit être réciproque, mais je tenais à te le dire. J'ai plus 15 ans.. Si tu as besoin d'aide pour trouver des vêtements, fais moi signe.

Dis-je avec un sourire, qui état sincère cette fois ci. et je commençais à partir vers mon bureau.

La situation devenait embarrassante entre nous deux. Je ne sais pas si on s'excusait indirectement, si on essayait de faire la paix, ou tout simplement qu'on essayait de se comprendre et de se connaître rapidement. En tout cas je ne voulais plus me battre, j'allais perdre trop de monde si je continuais mes attitudes puériles à son égard. Quand j'avais enfin fini mon monologue, Callie me rappela pour me parler. Je prie ses paroles pour des excuses, et intérieurement cela me fit du bien.

Oui je sais Callie, mais tu étais déjà implantée dans son coeur, j'aurais du m'en appercevoir avant de m'accrocher à Steeve. J'ai souffert, toi aussi sans doute. C'est comme ça. Et oui je sais Callie pour vous deux, ne t'en fais pas, je te souhaites tout le bonheur du monde. En deux ans j'ai eu le temps de me remettre de cette rupture.

Bien entendu je disais des mensonges mais peu importe. Je voulais rester forte aux yeux des gens, ils n'avaient pas besoin de savoir que même après 24 mois je regrettais toujours de l'avoir quitté.

Hum.. tu veux un café? On a peut être des choses à se dire, et ici c'est pas la meilleure solution, les murs ont des oreilles comme on dit

Dis-je en souriant. On avait peut être des choses à se dire, puisque la conversation était plutôt calme. On avait du temps à rattraper et j'imagine que les quiproquo devaient être nombreux. Mais si elle refusait, je comprendrais très bien.

J'étais bien partie pour lui en mettre pleins les dents, mais est ce que je voulais être la garce qui rendait malheureuse la petite amie de Steeve qui plus est la meilleure amie de Sam? Oh ça non...

J'avais envie de lui proposer un café en guise de "réconciliation". J'avais besoin de lui poser des questions en toute amitié. Peut être que nous pourrions être amies à l'avenir. Je lui fis signe de me suivre dans mon bureau. Par chance, il y avait un canapé et une cafetière, on sera tranquilles pour discuter. Je préparais deux cafés tandis que je commençais la discussion.

Tu es revenue quand à Bowen? Et D'ailleurs pourquoi es tu là tu as démissionné de l'opéra de Paris?

C'était sincère, j'avais envie de savoir.

Certes, la situation actuelle était un peu bizarre je dois le dire, mais j'avais réellement envie que les choses se passent bien, d'autant plus que celle ci était avec Steeve à présent et à mon avis elle resterait à Bowen encore longtemps, de quoi la croiser encore en ville. Non, au lieu de continuer cette guerre puérile autant arrêter là et jouer cartes sur table en essayant d'arranger les choses. Si Callie était du même avis que moi cela ne pourrait que bien se passer. D'autant plus que nous avons Sam comme ami commun il ne serait pas impossible que nous nous retrouvions dans la même pièce lors d'une soirée par exemple.

Après avoir préparé nos deux cafés, je lui en tends un avec un sourire qui se veut sincère. Puis , l'entendant parler, je mets ma main sur ma bouche pour retenir mon étonnement. Je ne pouvais pas souhaiter le pire à Callie, son accident de voiture était vraiment horrible. Surtout pour sa rééducation car elle aimait danser.

C'est affreux. J'espère que tu as une bonne rééducation et que les médecins sont optimistes. Tu pourras redanser à l'opéra de Paris tu penses?

Ma question avait deux sens. L'une, je voulais savoir si elle repartirait à des milliers de kilomètres de Steeve, et l'autre sens était plus sincère, car je voulais réellement savoir si son avenir en tant que ballerine n'était pas foutu. La mode étant ma passion, je serai anéantie si j'étais licenciée ou si le magasin devait déposer le bilan. Je souriais alors en buvant une gorgée de mon café, mais la phrase qui sortit de la bouche de Callie me fit avaler de travers. Mes yeux grands équarquillés, je mis une dizaine de seconde avant de réagir qu'elle affirmait que je l'aimais encore. Elle ne pouvait pas en être aussi certaine, je n'avais jamais laisser à qui que ce soit que j'étais encore amoureuse de lui. Je la regarde alors, gardant tout mon calme.

Mais.. Pourquoi dis tu ça Callie? ça... ça fait deux ans... Je..

je ne trouvais pas les mots, surtout devant Callie. Moi qui était d'habitude forte, je fondais sur place. Je ne savais vraiment pas quoi dire, elle m'avait emprisonné l'esprit avec sa question et pour éviter tout affrontement hostile je préférais sourire et terminer par

Si tu crois que je ferais tout pour le récupérer, n'aie pas crainte !

Que pouvais-je dire de plus? Certes, ce serait mentir si je disais que je ne voulais pas la voir repartir illico à Paris dans sa troupe. Mais qu'en était-il du bonheur de Steeve? La suivrait-il? Bref... Je ne lui souhaitais que de se rétablir rapidement car ce n'était pas de tout repos d'avoir mal à une jambe, surtout quand notre passion première est de danser. Si j'avais été à sa place, j'aurais été anéantie, car ne plus réussir à vivre de sa passion.

En tout cas je te souhaites un prompt rétablissement. En plus, avec la réeducation ça ne pourra qu'aller mieux avec le temps. Puis, si ce n'est pas à Paris, ça sera ici à Bowen. Avec ton niveau en danse, tu trouveras facilement !

Certes, je ne l'avais jamais vu danser, c'est un fait, mais quand on est danseuse étoile à l'opéra de Paris, j'imagine que l'on est pas un danseur qui se trémousse sur la piste de danse le samedi soir, comme moi par exemple. Peut être qu'un jour, nous pourrions devenir amies Callie et moi. Je l'espérais en tout cas, car nous serons amener très certainement à nous rencontrer à nouveau. Callie m'avait pourrie la vie quand j'étais avec Steeve car elle avait trop de place dans le coeur de Steeve. Il ne s'en était pas rendu compte. Je lui avais ouvert les yeux comme ça.

Oui ça c'est certain. La preuve, après avoir redoublé d'efforts tu as réussi à être avec lui.

dis-je en me retournant, souriant en montrant mes dents. J'avais été le premier amour de Steeve, et il avait été le mien, je ne l'oublierai jamais c'est certain. Mais notre histoire était terminée, je pouvais en être sûre. Et comme on dit souvent, un pot cassé, même recollé, il est toujours fissuré. Cela ne servirait à rien de se remettre ensemble. Je regrettes juste que les choses n'ont pas tourné comme je l'espérais.

Mes sentiments pour Steeve sont toujours présents mais je ne tenterai rien qui pourrait avoir l'effet d'une bombe. Elle continuait la discussion, ouvrait-elle le feu. Je la regarde fixement avant de répondre

Callie, je l'ai eu l'homme que j'aimais, pendant 4 ans, et que je sache, c'est moi qui ai décidé de partir. Alors inutile de tenter de marquer ton territoire, je sais que tu es là. Et sois sûre de toi, je ne ferais rien qui puisse te faire souffrir. Ce n'est pas mon rôle, crois moi !

Je hausse les épaules avant de m'asseoir à mon bureau, en face de Callie. Je tenais toujours ma tasse dans les mains.