Hello, savior! + Callie

Les coïncidences, c’était tout ce en quoi je croyais. La tribu des Kuku Yalanji était des gens un peu fous et c’était tout. Personne ne pouvait prévoir l’avenir ou le futur, c’était complètement fou. Les gens célébraient sur l’île et c’était tout. De mon côté, j’étais resté sagement à la maison devant une console de jeux. C’était tout. Enfin presque, j’étais allé et j’avais vu Aisling se faire embrasser par un autre type. Pas question que je m’acharne davantage dans cette histoire. L’amour ce n’était que d’une seule couleur : Brun. De retour à la maison devant mes jeux, j’avais reçu un appel de mon patron qui appelait à l’aide concernant un séïsme pour aider des blessés... Des gens des hôpitaux allaient venir en renfort. Ni une, ni deux, j’avais accepté d’aller rejoindre les gens victimes de tout ce qui se tramait. Un uniforme et je me dirigeais vers la place publique où nous allions être réparti. Je trouvais une jeune fille sous les décombres avec un ourson en peluche. Elle n’était pas bien forte, mais je me doutais que ses parents allaient être morts d’inquiétude. Après avoir soulevé de nombreux débris, je l’apportais dans mes bras à l’infirmerie où je croisais une mine familière. « Callie. » avais-je dis avec un sourire aux lèvres. Même dans son uniforme d’infirmière, je la trouvais belle. Je lui adressais un clin d’œil rapidement en présentant ma petite victime d’un jour avec un air plus sérieux. « Poul faible, battements irréguliers. Inconsciente. Et j’ai une peluche dans ma voiture pour elle... » confiais-je à l’infirmière qui allait surement prendre le relais et j’allais m’assurer de l’inviter à boire un café lors de notre prochaine pause commune... Et peut-être m’attarder un peu sur cette pauvre petite victime.

Une journée de repos bien méritée. Une séance de sport , tout semblait avoir bien commencé. Puis la terre avait tremblé? doucement ici mais plus fort ailleurs, des cris, un coup de téléphone. Réquisitionnée. La place de la ville. D'accord. Elle avait à peine eu le temps de rentrer prendre son uniforme qu'elle avait rejoint l'infirmerie de fortune que l'hopital avait mis en place. Sans avoir le temps de chercher à comprendre ce qui c'était passée, elle était déjà assaillie de blessés plus ou moins léger. Ils arrivaient d'eux mêmes, ou des gens qui aidaient à dégager les décombres. Pas le temps de paniquer, de penser aux gens auquel elle tient. Simplement agir. Etre efficace. Alors qu'elle était en train d'aller chercher des compresses à la réserve, une voix la fit sursauter. « Oh Chase, c'est toi. » Ce n'était que lui. Mais portant une jeune fille qui était mal en point. Rapidement, lle regarde autour d'elle à la recherche d'un lit de camp ou d'une chaise disponible pour placer la petite. « Viens on va la poser là-bas. » Elle désigne un lit d'un signe de tête pour qu'il vienne la déposer doucement pendant qu'elle revient avec de quoi la ventiler et commandant une perfusion à un de ces collègues. Elle retourne rapidement vers Chase et la blessée. « Toi aussi ils t'ont appelé en renfort ? Ou tu bossais déjà ? »

« Oh Chase, c’est toi. » J’étais agréablement surpris qu’elle se souvienne de moi, un peu flatté même. Je lui faisais un sourire, d’un côté j’étais heureux de voir une réaction si simple de sa part. Elle me guidait rapidement vers un lit et je hochais la tête alors que j’allais déposer l’enfant sagement. Je reprends le poul de la blessée inconsciente en regardant Callie. À sa question, j’ai eu un petit sourire. Je hochais la tête. « Renfort, effectivement. » J’en déduisais qu’elle avait été sur appel. « Ce genre de catastrophe ne devrait pas arriver. » Malgré le non-contrôle que nous en avions. Je regardais la brune pendant un instant, hypnotisé par sa beauté. « Poul anormalement bas. » Je craignais qu’elle entre dans un coma bientôt, mais je savais que Callie saurait quoi faire. « As-tu besoin d’aide pour quelque chose? » Elle m’aurait demandé d’arroser des plantes, que je l’aurais fait. J’entendais soudainement mon patron dans l’oreillette ordonner de rester au campement pour aider les infirmières. « 10-4. » avais-je répondu en regardant Callie. « Je te suis. » lui dis-je, prêt à tout pour l’aider. Et à observer ses fesses, quand même.

Bien sûr qu'elle se rappelait de lui. Cette rencontre l'avait plutôt marquée et elle ne revenait toujours pas de la coincidence. Mais là n'étais pas la question. Il fallait qu'ils agissent efficacement, sans penser à leurs considérations sur le boulot. Ou alors plus tard peut être. Parce le seisme avait été là. Et c'était dans ces moments là que leur travail prenait tout leur sens. Elle n'avait pas du tout remarqué le regard que pouvait lui porter Chase. Elle était bien trop occupée par la petite fils et son pouls en grande descente comme le lui avait indiqué le pompier. Effectivement, la situation urgeait. « Viens m'aider, vite je crois qu'on va devoir l'intuber. » Elle courru à l'autre bout de la salle récupérer de quoi inciser et un tuyau puis revient tout aussi vite auprès de Chase. « J'espère que tu vas pas tomber dans les pommes. » Elle tente de garder le sourire et de plaisanter mais c'est pour relacher la pression. Elle n'aurait vraiment pas aimé faire la même chose seule. Heureusement tout se passe bien et vite. Ce n'était pas quelque chose que les infirmière étaient habituées à faire. Elle soupire, soulagée. « Bon, il va falloir l'emmener à l'hopital. » Elle s'approcha d'un médecin un peu plus loin et lui confia la prise en charge de la jeune fille et donc son acheminement jusqu'à l'hopital. Attendant malheureusement un prochain patient, elle en profita pour parler un peu avec Chase. « Tu crois vraiment que c'est lié à la prémonition de la tribu Kuku machin chose ? »

« Viens m’aider, vite, je crois qu’on va devoir l’intuber. » Je me souviens de quand ils ont intubé Josh... Je me souviens du moment où il a tout arraché le lendemain en disant que c’était pour les faibles. Je m’approchais de Callie pour l’aider. « Tomber dans les pommes, sérieusement? » répliquais-je avec un sourire amusé. Un pompier tomber dans les pommes... Après qu’elle se soit exécutée, elle me disait qu’il va falloir l’emmener à l’hôpital et je hoche la tête. « Ambulance nécessaire? » demandais-je en approchant mes lèvres de mon micro pour communiquer avec mes collègues le verdict. Elle me questionnait par la suite quand à la prémonition et je hausse les épaules. « Y’a plus grand chose en quoi je crois. » lui avouais-je platement. « Je crois en moi et c’est plus que suffisant. T’en penses quoi toi? » lui demandais-je en penchant la tête. « Et pour ton information, ce sont les Kuku Yalanji. » Et voilà en quoi avoir un problème de mémoire était un truc trop particulier pour le reste.

Il était vrai qu'elle avait parlé à un pompier et qu'un pompier était plus ou moins familiarisé avec ce genre de situation. Elle hocha les épaules, avouant son erreur à demi-mot. « Oui, c'est bon j'ai compris t'es le pompier le plus fort du monde c'est ça ? » Reportant son attention sur la petite fille et hoche la tête à la proposition de Chase. « Oh c'est vrai, j'avais oublié que tu pouvais directement communiquer avec ta veste magique. Oui une ambulance. » C'était vraiment pratique. Les infirmières devraient avoir ça aussi, ça serait vaiment utile lors de catastrophes comme celle-ci. « T'as raison, j'ai l'impression qu'il n'y a plus qu'en nous même qu'on peut faire confiance. » Et encore. Parce que depuis quelque temps elle n'était même plus sure de tous les choix qu'elle faisait. Mais ce qui était sûr, c'était que la prémonition et le séisme ne pouvaient être que coincidence. « De toute manière je retiendrais pas. Mais pour moi ce ne sont que foutaises. » Et puis elle avait des choses bien plus importantes à retenir. Comme les concentrations en tel ou tel médicament qu'elle avait le droit d'administrer selon le cas du patient par exemple. Alors qu'elle s'apprêtait à préparer un nouveau lit pour un potentiel patient, la terre se mit de nouveau à trembler, moins violemment que la première fois mais assez pour faire tomber tout le maigre stock qu'ils avaient et la tente de l'infirmerie par dessus. Non, non, non ! Elle entendait des cris autour d'elle. Probablement d'autres victimes. Mais c'était elle qui avait mal, coincés sous cette tente, sans aucune visibilité. « Chase au secours ! Ma jambe... » Elle ne le voyait pas à travers la poussière. Mais sa jambe était bien coincée sous quelque chose. Et elle ne pouvait plus bouger

« Oui, c’est bon j’ai compris t’es le pompier le plus fort du monde, c’est ça? » « Non, je suis surtout le pompier qui a envisagé des études de médecine. » lui rappelais-je avec un sourire aux lèvres et un clin d’œil. Je reportais mon attention sur la fillette alors que Callie me confirmait avoir besoin d’une ambulance que je commandais à l’instant. Puis, on parlait de nos valeurs respectives. Je l’écoutais et je hochais la tête alors qu’elle m’approuvait. Elle m’avouait également ne pas retenir. Moi non plus je n’aurais pas retenu sans ce défaut de fabrication. Je n’étais pas si curieux dans ce domaine. « Avec raison. La mémoire est une faculté qui oublie, n’est-ce pas? » risquais-je avec un sourire en coin. Il semblerait que ce soit l’expression qui court... En attendant, le sol se remettait à trembler et je tentais de prendre prise sur quelque chose, sans succès. Je tombais sur le sol sans trop de douleur. Les gens recommençaient à s’agiter, je regardais autour de moi. J’étais bien penaud sans mesures de sécurité. Callie était maintenant disparue sous divers décombres... Comme tous les autres aidants autour de nous. « Chase au secours! Ma jambe... » Je relevais la tête alors que j’étais tombé. Je me relevais en titubant légèrement, la faute de la chute, assumais-je donc. « Callie! Attends, je vais te trouver... » dis-je alors que j’avançais en regardant autour. La poussière rendait la chose plus complexe et après quelques minutes de recherches, je la trouvais. Un débris semblait avoir tombé sur sa jambe. « Attends un peu, ne bouge surtout pas. » lui dis-je en m’approchant davantage. Je relevais le débris avec difficulté en attendant relativement patiemment que Callie retire sa jambe. « Je tiendrai pas longtemps. » lui dis-je alors que je forçais pour relever le débris. Une fois sa jambe tirée d’affaires, je la retrouvais rapidement. « Tu sens toujours ta jambe, Callie? » lui demandais-je. Je regardais autour de nous, un peu désespéré. Tout recommençait. Encore.

« Je suis là, ici ! » Elle sent des présences autour d'elle mais elle ne savait pas s'il s'agissait d'autres personnes du personnel infirmier, d'autres victimes ou tout simplement de Chase, ne voyant pas encore clairement autour d'elle. Elle n'avait pas l'habitude d'un environnement comme celui-ci, de cette sensation de panique qu'on pouvait ressentir. Elle entend la voix de Chase se rapprocher sans toujours réussir à le voir. « Chase... » La douleur lui sciait la gorge et elle n'arrivait plus à avaler autre chose que de la poussière. Heureusement, Chase la retrouve et rien que cela suffit à la rassurer. Il s'agenouille rapidement et soulève la poutre en métal qui s'était abattue sur elle. Appuyant ses mains sur le sol, elle se débrouille pour pivoter ça jambe et s'en défaire. « C'est.. c'est bon. » La poutrelle retombe avec un bruit sourd à faire froid dans le dos. D'autres gens criaient, probablement avec des problèmes plus graves qu'elle. « Oui, je crois que ça va, je peux bouger mes orteils. » Ce qui était un bon point et signifiait qu'aucun nerf n'avait été touché. Pourtant, son tibia lui faisait attrocement mal. « C'est probablement cassé ou alors c'est un forte contusion je ne sais pas. » En temps normal il aurait suffit d'aller faire une radio. Mais plus rien n'était normal quand un séisme s'abattait sur la ville. Pauvre ville. Bowen était pourtant un endroit si paisible. « Laisse moi là, je vais me débrouiller, il doit y avoir d'autres personnes à aider. » Elle culpabilisait. Elle monopolisait un pompier alors que des dizaines d'autres personnes étaient aussi touchées. Elle fixa Chase d'un regard suppliant et son regard se portait sur sa main. Elle était rouge. « Attends, regarde, ta main saigne beaucoup, montre moi voir. Tu arrives à la plier, aucun tendon n'a été touché ? » Elle était doublement inquiète.

« Je suis là, ici! » Sa voix m’avait guidée jusqu’à elle. Elle m’avait appelé et je la recherchais aussi rapidement que possible, malgré les débris. Suite à la rescousse de sa jambe, elle me dit que tout est bon et j’ai l’impression d’être toujours sous l’influence de l’adrénaline. « Oui, je crois que ça va, je peux bouger mes orteils. » « Bien, tu me laisses examiner? » lui demandais-je alors que mon regard descendait le long de sa jambe pour trouver son pied. « Viens, je t’emmène plus loin pour s'épargner d’autres dégâts. » lui avais-je dit en la prenant dans mes bras pour nous éloigner respectivement d’autres chutes. Je la déposais sur le sol en la regardant. « Tu veux qu’on serre le tout avec un bandage ou tu préfères, faire aérer? » risquais-je en me doutant que sa chaussure empêchait probablement le tout d’enfler. « Oui, il y en a sans doute d’autres, mais toi. Toi t’es essentielle pour d’autres vies. » lui dis-je les yeux brillants alors que je venais tout juste de la déposer près de nous. « J’pourrai pas tout faire, Callie. Et encore moins sans toi. » Je repensais à la pauvre gamine qui avait dû y laisser sa vie maintenant. Puis, je regardais derrière moi et mon regard rejoignait celui de Callie. « Attends, regarde, ta main saigne beaucoup, montre moi voir. Tu arrives à la plier, aucun tendon n’a été touché? » Je lui faisais un petit sourire et je secouais la tête négativement. « T’inquiètes pas pour ça. » Je bougeais mes mains et mes doigts malgré le sang et je ne tardais pas à me les essuyer sur mon uniforme. « C’est qu’une coupure. » lui dis-je sans dramatiser, après tout ça n’était pas bien grave. Je regardais la brunette en attente de ses directives. « Tu veux que je t’amène à l’hôpital? On fait quoi pour les autres? » Je n’étais que plus ou moins dans mon élément, ce n’était pas un feu, c’était une catastrophe dans une relève d’hôpital. « Avez-vous des procédures pour ce genre de situation? » demandais-je avant de créer un plan mentalement.

Elle se laissa porter tant bien que mal en préservant son mollet et son pied. La douleur était importante mais pour s'être déjà cassé le bras et le poignet, elle savait que ce n'était pas le même type de douleur. « En fait je pense que le tendon est touché, ça m'a pas l'air cassé. » Elle grimaça de douleur mais tentait de garder contenance. Il ne manquerait plus qu'elle s'évanouisse au milieu de cette zone de carnage. « Je pense qu'il faut qu'on le bande pour pouvoir l'immobiliser. Enfin j'espère que c'est la bonne idée. » Les paroles de Chase se faisaient rassurantes, mais elle était vraiment reconnaissante qu'il reste auprès d'elle. Seule, elle n'aurait surement pas réussi à rester aussi calme. « Heureusement que t'es là. » Elle réussit à lui sourire et le regarda tenter de nettoyer sa main comme si pouvait. « Fais gaffe quand même faudra désinfecter plus tard. » Plus tard, comme si la situation allait s'améliorer. En tout cas il le fallait. Voir son monde s'effondrer autour d'elle, elle ne l'accepterait pas longtemps. Cependant elle avait espoir. Espoir que l'hopital ne soit pas en ruine et que tous ces gens allaient pouvoir être sauvés. « J'ai aucune idée de ce qu'on peut faire. Et même si l'hopital tient encore debout. » Elle l'espérait vraiment. Elle regarda autour d'elle à la recherche d'indications mais tout le monde autour d'elle était aussi affairé et apeuré. Elle jeta un regard plein d'espoir à Chase. « Essaye d'appeler avec ton talkie peut être qu'ils ont plus d'infos. » A vrai dire c'était sa première situation de crise à l'hopital. Elle avait vécu des situations d'adrénalines à Londres comme des accidents de voiture géants, mais jamais aussi impressionnant que celui-ci, et elle avait vraiment besoin d'aide pour surmonter cela.

Elle m’expliquait sa douleur et je hochais la tête. « Parfait, c’est l’idéal si ce n’est pas cassé. » lui confiais-je. « T’en es certaine? » lui demandais-je en la voyant grimacer quelques secondes plus tard. Callie suggérait de la bander et espérait que ce soit la bonne idée. Elle voulait le tout, elle l’aurait. Je la déposais sur le sol doucement. « Attends. » lui dis-je alors que je retirais mon manteau, ma veste, les bretelles de mon pantalon pour lui donner mon t-shirt. Je serrais sa plaie le temps d’un instant puis je me rhabillais alors qu’elle adaptait mes premiers soins sur sa jambe. « T’as plus le droit de bouger maintenant, Callie. » lui dis-je en la reprenant dans mes bras en marchant de nouveau en nous éloignant. Elle me disait que j’allais devoir désinfecter, oui j’ignorais sa reconnaissance d’un revers de main. « Rien ne presse pour ma main. » commentais-je. J’écoutais ses suggestions et je me disais que l’hôpital devait être encore sur pied. « Évidemment que l’hôpital est sur pied, ils n’ont pas le choix de la construire plus solide. » dis-je. Il n’y avait plus que ça, ce sur quoi nous relier. Callie ne tardait pas à m’ordonner d’y aller avec mon talkie. Je hochais la tête. « B.O. Agent 24. Infirmière blessée. Hôpital fonctionnel? Mises à jour requises. 10-4. » risquais-je en me disant que bientôt ma plaie devrait être pansée. Je regarde Callie toujours dans l’attente d’une réponse.

Elle n'est pas frocément d'accord avec lui. Certes si l'os n'était pas cassé nettement ça pouvait engendré des problèmes de resolidification mais un ligament touché au mauvais endroit pouvait entrainer un handicap au niveau de la jambe durable. « J'en sais rien mais j'ai mal et ça c'est tout ce dont je suis sûre. » En lui demandant de la bander, elle ne s'attendait pas à le voir se déshabiller devant elle pour lui donner son haut. Et il faut dire que ce n'était pas désagréable à voir. Elle ne pu s'empêcher de sourire. Après tout un peu de soleil dans ce monde plutôt triste, on ne pouvait pas le refuser. Elle l'écoute en hochant simplement la tête, ne voulant pas ouvrir la bouche de peur de lâcher un gémissement de douleur. Elle n'espérait plus que par son appel au talkie pour avoir un espoir de sortir de là. Et puis elle n'était pas la seule à avoir besoin de soins. Pourtant, la réponse du talkie se faisait attendre, les ondes étant probablement surchargées par l'ensemble des unités actives. « T'aurais du garder un bout de ton t-shirt pour ta main ! » Elle essayait de se focaliser sur autre chose que sur sa jambe, mais c'était difficile. « Raconte moi une blague, ou alors parle moi d'autre chose. S'il te plait. » Elle avait besoin de penser à autre chose. De ne se concentrer que sur quelque chose de joyeux, pour ne pas commencer à sombrer.

Elle avait mal et ça me faisait mal de la voir souffrir. J’aurais voulu être plus utile pour elle, savoir quoi faire de plus que les premiers soins pour ne plus qu’elle souffre, savoir quoi faire pour l’aider plutôt que de lui nuire. Quelque part au fond de moi, je savais que j’avais besoin de cette formation de médecin, que ces études ne seraient pas vaines. Je remarquais son sourire alors que je retirais mes vêtements. « Ça panse mal un manteau de pompier. » lui dis-je avec un demi sourire légèrement moqueur. Après tout, joke was on me. Je voyais le regard désemparé vers mon talkie. « Fawkes vers B.O. » répétais-je donc un peu plus agressivement pour avoir les nouvelles indications, celles qui ne venaient pas. Je craignais que la réception n’ait été que plus mauvaise, qu’elle ait été coupée. À son commentaire sur ma main, je secouais la tête. « Ta jambe, tu en as besoin. Elle est probablement en plus piteux état que ma main. » lui rappelais-je. « Fawkes vers B.O. » répétais-je littéralement impuissant. « Raconte moi une blague, ou alors parle moi d’autre chose. S’il te plaît. » Je n’étais pas un grand bavard, je n’étais pas non plus un humoriste, mais je devais trouver un truc. N’importe quoi, mais un truc. « Depuis que je t’ai rencontré, j’arrête pas vraiment de penser à toi. J’me demande si tu vas bien, si tes choix sont les bons. Si les miens sont les bons aussi. Mais ça c’est pas très joyeux, attends… » Je réfléchissais de plus belle. J’aurais pu lui parler de la fille psycho, mais j’aurais été moi-même psycho. J’aurais pu lui dire que j’ai un Prince Albert, mais j’aurais l’air pervers. Puis, soudainement cette caractéristique de moi-même me revenait en tête et me semblait être la bonne chose à lui dire. « J’ai une mémoire eidétique. La mémoire absolue… J’me souviens de tout. Dans les moindres détails. Je me souviens te ton chemisier, de tes yeux, de toutes les choses impertinentes que j’entends dans une journée. » Je déglutissais difficilement. Voilà un truc que je n’admettais pas de moi-même. « Et tes cheveux sentent bon, je m’en souviens ça aussi. Une odeur de fleurs mélangé avec une odeur de pêche ou d’agrumes, je ne saurais trop dire. » Voilà qui devrait la faire sourire ne serait-ce qu’un peu.

Elle capitule, elle n'arriverait pas à lui faire entendre raison de toute manière, il avait l'air d'être une vrai tête de mule. « Ok d'accord je te laisse faire. » Elle l'écoute appeler des renforts, en vain. « A croire qu'ils veulent pas te répondre et ne veulent pas de moi à l'hopital ! » En même temps ils devaient être surchargés. Ou alors les ondes ne passaient plus. Ce qui revenait au même finalement. Pas de réponse. Ils allaient devoir rester ainsi encore un peu. Mais les paroles de Chase suffisent désormais à l'occuper. Et à même lui couper la voix. « Oh... » Elle ne savait pas quoi dire. A vrai dire, elle avait aussi ressassé pendant plusieurs jours leurs rencontres. Elle avait tout de suite senti qu'il deviendrait important pour elle. Parce qu'après avoir tant discuté, c'était une conversation qui invitait à la réflexion. Et puis, il fallait dire que Chase était difficile à oublier. Elle le voit réfléchir, elle voit qu'il fait un effort, pour elle. Et rien que ça, ça lui fait plaisir. Et là vient sa révélation. Un sacré don en effet. Elle en reste même quelques instants les sourcils levés, plutôt étonnée. Et puis la suite de ces mots  ne font que la surprendre encore plus. Mais ont l'effet escomptés et la font sourire. « Waouh, c'est un sacré don en effet. » Mais pas toujours un don quand on y réfléchissait un peu plus. Sans ça, elle revivait déjà bien assez souvent l'accident de son frère mais si elle devait le revoir encore et encore dans tous ces détails, elle n'aurait pas fini de souffrir. A vrai dire, elle même ne se souvenait même pas de sa tenue de la veille. Alors se rappeler de tout, ça devait être sacrément étrange. « Je ne savais pas que je portais cette odeur là. Pour moi un parfum sens bon mais je serais incapable de te dire ce qu'il y a dedans ! » Elle était vraiment curieuse en fait. « Mais t'as ça depuis tout petit ? »

J’avais esquissé un sourire lorsqu’elle avait dit me laisser faire. Elle ajoutait même qu’ils ne voulaient pas me répondre ou qu’ils ne voulaient pas d’elle à l’hôpital, je grimaçais. « Ça doit être le réseau. » Je refusais d’admettre qu’ils ne voulaient pas d’elle à l’hôpital. Alors, je lui racontais des fais divers... J’aurais donc aimé avoir eu un journal dans les derniers jours pour relater toutes sortes de trucs différents. Au dévoilement de mon secret, elle me dit que c’est un don et je ris doucement. « C’est pas forcément un don... J’dirais pas non plus une malédiction, mais c’est pas ce que j’aime le plus. » confiais-je simplement en haussant les épaules vaguement. « C’est ce qui me fait hésiter pour les études de médecine... » ajoutais-je donc comme si c’était l’explication logique des médecins. Enfin... Ça et l’insomnie ça en faisait partie. Callie de son côté revenait sur son shampooing en me disant qu’elle ne savait pas ce qu’il y avait dedans et je riais doucement. « Ça, c’est plutôt à cause de ma mère qui nous trimballait dans ses virées shopping quand on était gamins. » Et elle poursuivait sur ce sujet. Celui que j’évitais soigneusement depuis quelques années. À sa question, je hochais la tête. « C’était moins présent parce que j’avais moins de souvenirs à l’époque, mais oui. » Je me frottais le derrière de la tête maladroitement. « C’est moins amusant quand ta mère te demande de faire le jury dans les disputes enfantines. » « B.O., Fawcett à l’écoute. » Joie dans mon cœur soudainement. « Effondrement sur une infirmière et sur moi. Besoin de renforts. 10-4. » Je savais que bientôt, il me demanderait l’urgence de notre cas et que ce ne serait sans doute pas prioritaire, quoi qu’un pompier et une infirmière n’étaient pas un luxe dans ce genre d’évenements.