easy as a kiss we’ll find an answer, put all your fears back in the shade ⤅ milo

Tu n'attendais rien de cette soirée, tu avais juste besoin d'elle près de toi. Finalement, les choses avaient tournées autrement mais la proximité que tu avais dorénavant avec l'anglaise te plaisait plus. Tu étais heureux, comme si tu pouvais respirer à plein poumons, comme si tu dépendais d'elle tout simplement. Elle t'apportait cette dose de bonheur dont tu avais besoin. Son corps contre le tien, tes mains parcourant son dos, tu t'agrippais à sa peau comme si c'était la dernière chose que tu attrapais. Ce besoin de sentir sa peau, sa chair contre la tienne. La chaleur de vos corps faisait monter la température dans la pièce, et il commençait à faire de plus en plus chaud. La seule chose que tu voulais, c'était te donner à mille pour cent à Effy, comme si c'était la dernière fois que ça arrivait. Alors que tes lèvres dansaient avec les siennes, tes mains commencèrent à dégrafer son soutien-gorge, avant de lui ôter totalement. Tu parcourais son cou, intensément et amoureusement avant de laisser tomber tes lèvres sur sa poitrine. Vous n'aviez pas eu de rapport ensemble depuis quelques mois, et tu sentais que cette fois allait être différente que d'habitude. Il n'y avait pas de drogue, vous étiez lucides, sobres et en symbiose. C'est tout ce dont tu avais besoin pour ce moment. Pas d'artifice, seulement vous deux, vos corps en mouvement au rythme de la musique qui passait en fond. C'était peut-être la première fois que vous passiez à l'acte sans avoir rien consommé précédemment. Cette fois-ci, les sensations seraient vraies et réelles. Tu voulais lui jeter tout l'amour que tu avais pour elle, lui prouver que même si tu avais changé, tu étais toujours le même avec elle. Tes lèvres sur sa poitrine, tu jouais avec ta langue en parcourant son sein, tout en l'agrippant dans le dos. Tu voulais que ce moment ne s'arrête pas, qu'il se fige dans le temps et que tu t'en souviennes pour toujours.

Pourquoi fallait-il toujours qu’elle réagisse autrement que la norme, comme un animal apeuré, un électron libre qui ne savait pas à quoi s’accrocher ? C’était pourtant un moment d’abandon total à l’autre, qui cherchait la plénitude et la chaleur d’un être particulier, sans plus se perdre dans les détails sombres des angoisses. Eff’ pouvait ressentir chaque caresse comme si elles s’imprimaient dans sa peau, avec une intensité qui la grisait, et qui à la fois… Faisait renaître un vent de panique. Sorti de nulle part, mais bien là. Une sorte d’impatience fébrile avait pris le contrôle de ses muscles, guidant ses mains sur le corps du musicien avec quelques fausses notes. Elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi et persistait à continuer cette danse qui se réchauffait à chaque seconde, alors que les mains de Milo venaient faire glisser le tissu pudique de son dos et qu’elle se retrouvait presque nue devant lui. À nouveau, ce n’était pas la première fois. Mais c’était la première fois qu’elle se sentait si vulnérable devant lui. Une part d’elle croyait dur comme fer qu’elle était à sa place. Un autre commençait à opprimer ses poumons, et l’Anglaise ne parvenait plus à savoir si son souffle saccadé s’attribuait à la tension qui montait entre eux ou à une vieille peur-panique qui sommeillait au fond d’elle et se débattait pour se montrer. Effy choisit de faire la sourde devant ces signaux d’alarme. Elle savait ce qu’elle voulait, non ? Elle voulait ce moment, avec Milo. Et pas que celui-là. Elle le voulait lui, dans son entièreté, elle les voulait eux, avec leurs défauts et leurs craquelures, leurs incertitudes et leurs vieilles blessures. Elle voulait recevoir en pleine figure tout l’amour aveugle qu’il semblait vouloir lui jeter. La langue du garçon redécouvrant sa peau la confortait dans cette idée, dans cette certitude qu’elle voulait aller jusqu’au bout de cette nuit avec lui. Elle frissonnait à chaque plaisir humide sur sa chair, s’agrippait à sa nuque, son dos et ses bras, se collait à lui comme une bulle d’air remontant à la surface et explosant en silence. « Milo, je… » Non, elle n’était pas capable de formuler ce que tout son être criait. Elle l’avait déjà fait, pourtant quelque chose bloquait, serrant sa gorge. Eff’ décida de l’ignorer, comme pour taire la panique qui menaçait de surgir du fond de ses entrailles, mettant l’accent sur leur conversation physique. Elle déposait des baisers papillon dans son cou et le long de sa clavicule, laissant son désir brûler comme un incendie, croisant un instant le regard noisette du garçon, avant de se dégager rapidement pour ôter le peu de vêtements qu’il lui restait, et revenir à l’assaut des lèvres de son partenaire, ses mains descendants le long de son ventre parfaitement tracé.

Cet instant était hors du temps. Tu n’avais qu’une envie c’est que le temps ne reprenne pas, qu’il reste figé à jamais à cet instant où tu pouvais être heureux. La peau d’Effy sous tes doigts te faisait te sentir vivant, plus que d’habitude. Tu avais envie de partager avec elle ce moment intime depuis des semaines. A l’hôpital, tu lui avais fais comprendre que tu étais là pour elle quoi qu’il arrive mais surtout que tu avais besoin d’elle. Tu avais eu besoin de ce genre de moment. Et tu en avais toujours besoin. Sentir sa peau, son parfum, c’était comme si tu respirais à nouveau. T’avais besoin de ça. Malgré toutes vos engueulades, toutes vos embrouilles, il y avait toujours cette alchimie entre vous. Elle était à moitié nue devant toi, tu sentais son corps contre le tien qui te faisait du bien. Ta bouche descendait dans son cou, sur sa poitrine, comme si tu découvrais chaque parcelle de sa peau à nouveau. Ce n’était pas la première fois que tu touchais sa peau, que vous étiez aussi intime, mais t’avais l’impression que c’était nouveau. Puis c’était son tour de parcourir ta peau, ton corps. Ses lèvres se posaient dans ta clavicule, sur ta nuque, et tu frissonnais à l’idée de sentir sa bouche. C’était un incendie de bonheur pour toi. Vous enleviez les derniers vêtements qui vous rester, pour vous retrouver nu l’un en face de l’autre. Ce n’était pas la première fois, comme dit précédemment, mais c’était comme si c’était nouveau. Cette sensation de bien-être avec Effy dans tes bras t’avait manqué, la proximité entre vous t’avait manqué. Tes lèvres contre les siennes, une main parcourait son dos pendant que l’autre était perdue dans ses cheveux. Tu te sentais bien, tu étais heureux, t’avais pas besoin de plus à ce moment là.

Elle ignorait, ignorait, ignorait, persuadée qu'elle pouvait passer de gouffre béant à étreinte sécurisante en un claquement de doigts, juste parce qu'elle le voulait. Que le bonheur était à portée de main juste parce qu'elle l'effleurait du bout des doigts. Elle s'en persuadait, et c'était dire à quel point elle le voulait, ce bonheur avec Milo. Sa chair électrisée l'appelait, leurs corps semblaient s'attirer comme des aimants, de façon tellement plus simple que leurs âmes chaotiques. Se retrouver peau contre peau avec le garçon lui donnait l'impression de retrouver la chaleur rassurante et indispensable d'un chauffage tournant à plein régime lors d'une froide nuit d'hiver. Elle utilisait ces sensations de plénitude pour se convaincre que tout allait bien, comme si les drames et les complications étaient derrière eux pour toujours. Comme si tout ce qu'elle était de malsain avait subitement disparu, sans efforts. Au milieu de leur danse enflammée et regards pétillants de se retrouver, de se redécouvrir, Effy descendit ses doigts délicats un peu plus bas le long du ventre du jeune homme, ses iris iceberg pénétrant dans les siens. Elle avait envie de lui, d'être avec lui, elle avait envie d'ignorer tout ce qui leur montrait que ce n'était pas une bonne idée, peut-être pas maintenant, peut-être pas comme ça. La fragilité, la peur, la fuite, l'instabilité. Tous ces doutes, l'Anglaise les balançait par la fenêtre en même temps qu'elle trouvait la partie la plus sensible du corps de son compagnon, caressant ce bout de chair avec autant de douceur que de détermination. Elle était impatiente, pressante même, comme s'il devenait urgent qu'ils ne fassent qu'un, comme pour sceller un pacte avant qu'il ne soit trop tard. Cet empressement n'avait pas de sens, mais un sentiment puissant la poussait vers l'avant, la hâtait, comme si tout pouvait disparaître s'ils ne se liaient pas maintenant. Cette petite bulle de bonheur pouvait éclater à tout instant. Effy se cambrait, se déhanchait, faisait en sorte que leurs parties délicates se rencontrent timidement, puis de plus en plus franchement, s'effleurant, se frottant, alors qu'elle brûlait de plus, de toujours plus, ce besoin se traduisant dans ses yeux perçants qui ne quittaient pas ceux du musicien.

Cette proximité avec Effy t’avait manqué. C’est comme si tu vous voyais, il y a quelques années sous toutes les drogues possible et inimaginable, dans ce même lit à partager ce même moment intime. C’est ça qui t’avait manqué avec elle, partager un moment de tendresse. Tes lèvres qui agrippent les siennes, tes doigts contre sa peau et son souffle mélangée au tien. Il n’y avait pas vraiment de romantisme mais vous étiez heureux tous les eux d’échanger ce moment. C’était un moment passionné, ça se sentait, ça se voyait. La musique en fond rendait ça légèrement plus romantique. Pendant l’acte, tu te sentais heureux, bien, dans ta bulle. Comme si tu étais entrain de planer après avoir fumer un pétard ou pris un carton de LSD. Tu avais eu ce sentiment qui t’avait tant manqué. A la fin de l’acte, elle était encore lové contre toi, tu l’avais pris dans tes bras et vous étiez nu dans son lit à reprendre votre souffle. « Je t’aime » dis-tu dans un souffle, dans ta langue maternelle. A vrai dire, tu savais même pas si elle t’avait entendu. Mais tu avais eu ce besoin de lui dire. C’était le meilleur moment pour le faire, même si tu avais été légèrement choqué que ça sorte tout seul, sans que tu réfléchisse. Vous ne vous étiez jamais dis ces mots là. Peut-être qu’elle ne comprendrait pas, qu’elle n’entendrait pas. Mais tu te sentais soulagé. Et tu avais eu besoin de lui dire. Ton bras entourait son corps pendant que ton autre main était posé dans ses cheveux à jouer avec ses ondulations noires. Tu ne pouvais pas t’empêcher de poser une dernière fois tes lèvres sur les siennes, pour sceller un baiser sincère et amoureux. Tu n’avais besoin de rien d’autre pour être heureux à ce moment là. Effy Shepperfield, et rien d’autre.

hj:

C'était si simple de succomber à ces frissons de bonheur. Se laisser porter, se laisser flotter, entre la chaleur des draps et des caresses. Effy parvenait à se perdre entièrement dans ce moment, leur moment. Pourtant, quelque chose la retenait en arrière, même si elle s'esquintait à l'ignorer. Ce ne fut qu'après l'amour que ce sentiment revint, et en force. Après cette intense libération d'endorphines, blottie contre la peau encore brûlante de celui qui représentait tout pour elle, la jeune fille ne pouvait s'empêcher de ressentir un immense vide, au creux de ses reins. Quelque part dans son corps, on lui envoyait le signal que quelque chose n'allait pas, qu'elle avait mal fait, que comme toujours, elle n'était pas capable de combler totalement quelqu'un. Et les mots qui franchirent les lèvres de Milo, exprimant totalement l'inverse, eurent un effet presque destructeur. Je t'aime. Ce n'était pas dans sa langue à elle, mais elle avait suffisamment entendu de français pour savoir exactement ce que ça signifiait. La joue contre le torse du musicien, alors qu'il ne pouvait voir que le haut de sa tête et sa chevelure ébène, Eff' sentait les larmes pointer au coin de ses yeux. Oh, comme elle aurait voulu pouvoir lui répondre, comme elle tentait désespérément de convaincre ces mots de sortir de sa bouche. Mais ses mâchoires étaient trop crispées pour articuler un son. Elle ne pouvait pas bouger non plus, si ce n'étaient ses muscles qui s'étaient tendus, alors qu'elle restait blottie contre le garçon comme un animal apeuré, désormais. Elle se détestait de ne pas parvenir à lui retourner cette phrase. Elle se détestait d'avoir laissé ce moment la transporter, lui faire tomber sa garde, parce qu'elle se sentait coupable maintenant. Comme si elle avait empoisonné l'âme brillante qui veillait à côté d'elle. Comme si elle l'avait entraînée dans sa chute. Elle se sentait sale, pour l'une des premières fois de sa vie, et avait l'impression d'avoir sali Milo au passage, sans qu'il ne se doute de rien. Doucement, des sanglots se bloquaient dans sa gorge, alors qu'elle subissait le sentiment d'avoir imposé un acte trompeur à la personne qu'elle voulait le plus protéger sur cette terre.

Tous les deux, vous vous étiez laissé aller. Dans la tendresse et l’amour que vous vous portiez l’un à l’autre sans jamais ne se le dire. Tu avais apprécié ce moment, doux et heureux. Enfin heureux, pour toi. Tu avais profité de chaque parcelle de la peau d’Effy, chaque moment avec elle était sacré pour toi. Surtout depuis que tu avais failli mourir il y a deux ans, et qu’elle t’avait laissé seul pendant ta cure de désintoxication. Tu l’avais dis, tu lui avais dis que tu l’aimais. Maintenant, tout de suite, de façon sincère comme jamais tu ne l’avais été avec quelqu’un. Elle était posée contre toi, ta respiration effleurée ses cheveux et tu posais tes mains délicates sur elle. Alors que tu venais de lui dire ça, tu sentais que quelque chose n’allait pas. Il y avait quelque chose qui semblait être anormal par rapport à la situation. Les muscles de l’anglaise s’étaient tous tendu, tu l’avais senti sous tes doigts qui parcouraient sa peau. « Effy ? » demandas-tu sur un ton assez inquiet. Est-ce que tu avais quelque chose de mal ? Tu ne savais pas vraiment. C’était toi ? Elle n’avait finalement pas envie de coucher avec toi ? Ou même simplement de passer du temps avec toi ? Milles et unes questions te tourmentaient. « Je… on… j’ai fais un truc qui va pas ? » demandas-tu une seconde fois. Tu essayais de plonger tes yeux dans les siens, lui relevant la tête légèrement vers toi. Et tu voyais bien que quelque chose n’était pas comme d’habitude, il y avait bien un truc qui n’allait pas. Mais tel était la question, qu’est-ce qui n’allait pas ? De ton côté, tu étais heureux de ce moment, tu avais passé un bon moment avec elle. Mais si elle n’avait pas pensé la même chose, tu t’étais peut-être trompé.

Comment parvenait-elle toujours à flinguer le bonheur dès qu'il tentait une timide apparition ? À croire qu'elle le faisait exprès, vraiment. C'était peut-être ça qui se passait inconsciemment, derrière les portes closes de sa vulnérabilité. Même quand elle était heureuse, quelque chose dans son organisme faisait comprendre que ça n'allait pas. Que ça ne pouvait pas se passer comme ça. Milo avait bien senti que quelque chose n'allait pas, il n'était pas dupe et surtout, il la connaissait par cœur. Elle avait l'impression de lui infliger un nouveau coup, alors qu'elle voulait tout le contraire, le protéger. « Non, non... » commença-t-elle alors que déjà, sa voix se brisait, l'empêchant de continuer alors qu'un nœud émotionnel bloquait sa gorge. « T'as rien fait de mal, rien... » parvint-elle à articuler difficilement dans un souffle alors que toute son âme criait. Elle pouvait sentir ce vide intersidéral, cette culpabilité écrasante qui ne voulait que l'accabler encore et encore chaque fois qu'elle s'approchait du bonheur. Cette peur de perdre Milo. De causer sa perte, pire encore. Effy restait recroquevillée, persuadée de son tort, alors que le musicien la forçait à croiser son regard. On pouvait lire le poids de toute ses peurs dans ses iris iceberg. D'habitude si perçants, si consumants, ils étaient à présent soulignés par de fines larmes, rendus plus pathétiques encore par les cernes qui les entouraient. « J'peux pas t'imposer ça. Je peux pas t'infliger qui je suis. » La détresse de ses paroles reflétaient le brouhaha incohérent et paradoxal qui entourait son esprit. Ses démons bien à l'affût n'avaient pas perdu une seconde pour ressurgir. C'était toujours la même conversation qui revenait, la même malformation émotionnelle qui ressurgissait pour lui pourrir la vie et surtout celle de tous ceux autour d'elle. L'Anglaise prit une inspiration, tentant de se calmer, se suppliant elle-même de reprendre le dessus, parce qu'elle ne pouvait définitivement pas laisser croire Milo que quoi que ce soit était de sa faute.

Tu te sentais bien et heureux, toi. Mais seulement toi. Pourtant, il n’y avait pas de raison d’être triste. Vous veniez de faire l’amour, tu n’avais pas forcé l’anglaise dans tes gestes. Enfin, tu l’espérais. Parce que tu la respectais trop pour faire ça, et même tu respectais trop les femmes en général pour les forcer. Alors tu lui demandais, si c’est toi qui avait fait quelque chose qui n’allait pas. Mais apparemment pas, d’après ce que disait l’anglaise. « Qu’est-ce qu’il y a, Eff ? » demandas-tu à l’anglaise, cherchant son regard. Elle faisait mine d’aller bien mais tu entendais dans sa voix que quelque chose clochait. Tu ne la connaissais que trop bien pour savoir quand elle était bien ou pas. Alors que tu cherchais ses yeux bleus, tu posais une mains sur sa joue, délicatement. Tu sentais un frisson parcourir toute ton échine. T’avais réussi à établir le contact visuel entre vous, et tu voyais que des larmes venaient border se syeux. « Mais arrête de dire ça ! M’infliger quoi enfin ? » demandas-tu en commençant à t’emporter. T’en avais marre de voir que cette relation n’avançait pas, et c’est ça qui te faisait le plus mal. Tu te levais et tu enfilais tes fringues en quatrième vitesse. Tu levais les yeux vers Effy en remettant ton pantalon. « Tu sais quoi ? Quand t’aura décidé si j’te rend heureux ou pas, tu me fera signe, d’accord ? » dis-tu sur un ton un peu plus haut que d’habitude. Tu enfilais ton t-shirt et ton pull avant de reprendre. « J’en ai marre d’attendre, Effy. J’en ai marre que tu penses toujours me faire du mal. C’est pas vrai » commenças-tu en soufflant. « Je viens de te dire que j’t’aime, ça compte pour rien c’est ça ? » demandas-tu à la jeune femme, toujours en colère, les sourcils froncés.

Elle empirait tout, de minute en minute, et ça n'avait rien de surprenant. En tout cas, elle ne s'étonnait pas elle-même. S'il y avait bien une chose qu'Effy savait faire correctement, c'était se boycotter elle-même. Briser tout ce qu'il pouvait lui arriver de bien, et les gens autour au passage. Quand bien même Milo la connaissait comme personne, elle ne pouvait se résoudre à lui imposer ça, le fait de faire l'amour avec lui ce soir, venait réveiller le doute dans chacune de ses cellules. Il n'était pas le seul avec qui elle couchait et ils le savaient tous les deux. Ça ne les avait jamais empêché de se retrouver charnellement auparavant, toujours de façon protégée évidemment, avec lui comme avec ses clients. Mais ce soir, un goût d'amertume suivait ce moment de plaisir, et la belle brune ne pouvait s'en défaire. Il aurait été plus simple de garder ce sentiment pour elle, elle le savait, mais il était toujours plus compliqué de prétendre devant le musicien. « C'est moi, c'est juste moi... J'suis désolée. » Les pensées se bousculaient dans la tête de l'Anglaise et plus elle essayait, moins elle parvenait à se justifier. Elle qui voulait protéger Milo, sa réaction ne faisait que pire, semant le doute chez lui aussi, lui donnant l'impression d'avoir fauté. Alors que c'était tout l'inverse. Lui, il débarquait toujours avec des doses de bonheur à lui administrer par intraveineuse, et c'était à croire qu'Effy y ajoutait systématiquement du poison. Alors que la main de Milo, chaude et rassurante, effleurait sa joue, une larme salée venait s'y glisser, provenant d'un regard qui refusait de croiser celui du brun. Et quand finalement elle parvenait tout juste à sortir ce qu'elle avait sur le cœur, ce fut l'incompréhension, la panique, le chaos. La gorge nouée, Eff' relevait des yeux humides et surtout effrayés vers son ami de toujours, et bien plus que ça encore. Elle voulait tout pouvoir lui expliquer, tout ce qui se déroulait dans sa tête, mais c'était trop, trop rapide, trop décousu, trop compliqué. « Non, Milo attends ! S'il te plaît, s'il te plaît... » Elle était partie, la Effy fière et distante, qui ne laissait jamais rien transparaître. Face à lui, elle était vulnérable, entièrement exposée, et il ne savait sans doute pas à quel point. « Milo, je... Je... » Impossible pour ces mots, pourtant si courts et si facile pour tant de personnes, de franchir ses lèvres. C'était à s'en taper la tête contre le mur, mais elle n'y parvenait tout simplement pas. Le temps qu'elle parvienne à réagir et enfin faire fonctionner ses muscles correctement, le photographe était déjà debout, entièrement habillé. « ARRÊTE ! » L'Anglaise criait rarement, ses mots étaient généralement suffisamment coupants pour faire leur chemin impactant. Mais là, elle était à court de solutions. Il fallait qu'il attende, il fallait qu'elle parvienne à lui dire, et elle manquait de temps. « Tu comptes plus que n'importe quoi d'autre. Plus que tout, tu comprends, ça ? Mais je veux être entièrement à toi, et juste à toi. Et là... Là ça va pas, c'est pas ok. » La panique tremblait dans sa voix, alors qu'elle plantait enfin son regard, si pénétrant et déterminé, dans celui de Milo. Elle avait attrapé son bras sans même s'en rendre compte, dans un réflexe de survie. Il ne pouvait pas partir maintenant. Pas comme ça. Elle devait parvenir à lui faire comprendre.

Tu ne cherchais pas trop ce qu’il se passait vu que rapidement, tu te levais dulito tu étais allongé. C’était elle, qu’elle te disait, qui avait un problème. Pourtant vous veniez d’échanger un moment à deux alors tu t’en voulais. « T’es désolé de quoi ? Parles-moi, putin ! » dis-tu alors que tu étais debout, devant elle, encore nu. Tu comprenais pas trop où elle voulait en venir mais ce que tu savais c’était que tu la sentais ailleurs, pas avec toi. Alors tu commençait à prendre tes affaires, légèrement énervé, pour t’habiller. Toi aussi t’étais perdu sur le coup, parce que tu ne savais pas si le fait que vous veniez de faire l’amour lui avait fait du mal ou non. Pleins de pensées négatives venaient dans ton cerveau, se nicher pour ne pas en partir. Cette relation était tellement dangereuse, sur une pente glissante, et elle continuait à glisser tout droit vers la fin. Même s’il n’y avait pas mot à mettre sur cette relation. Tu ne savais même pas à quoi t’attendre par la suite. Tu l’entendais protester à ton départ, au fait que tu te rhabilles en quatrième vitesse pour partir. Elle t’implorais mais tu ne voulais rien entendre et c’est au moment où tu posais ta casquette sur la tête, main sur la poignée de la porte de la chambre, qu’elle se mit à hurler et ça te faisait sursauter. Tu te retournais vers elle, l’écoutant parler et dire ce qu’elle avait sur le coeur. Tu enlevais ta main de la poignée avant de reprendre à ton tour. « Mais pourquoi c’est pas ok ? Pourquoi ça va pas ? » demandas-tu en haussant la voix à ton tour. Même si elle avait avouer qu’elle tenait à toi plus que tout, tu voulais savoir ce qu’il se passait dans sa tête. Elle avait attrapé ton bras, pour te retenir de partir, et sa main sur son bras t’avait fais frissonner. Tu levais les yeux au ciel en lâchant un rire nerveux. « Dis-moi ce qui va pas, j’vais pas rester planté là à attendre toute ma vie pour toi, Effy. Je t’aime, j’suis là pour toi alors expliques-moi ce qu’il va pas ! » demandas-tu à l’anglaise.

Le plus simple aurait été de faire entrer Milo directement dans sa tête. Au moins, il aurait pu comprendre plus facilement, voir les tsunamis de noirceur devant lesquels l’altruisme de la brunette s’érigeaient en boucliers, cherchant à protéger le frenchie de tout ce qu’il y avait de toxique en elle. Mais ce n’était malheureusement pas possible et tout ce que Milo pouvait voir, c’était ce qu’elle parvenait à lui dire et à lui montrer. Et ça, ça ne faisait que le blesser. Tout ce que la jeune Anglaise souhaitait, c’était faire les choses bien, c’était le rendre heureux, c’était être digne de lui, d’eux. C’était oser le bonheur. Mais elle n’était pas programmée pour ça. Elle ne l’avait jamais été. C’était comme se battre avec son propre code génétique. La bataille semblait perdue d’avance. « Parce que… Parce que, parce que ! » s’écria-t-elle, toute aussi véhémente dans son ton. Elle se sentait acculée, comme un animal. Sauf que c’était elle qui creusait sa propre tombe, qui tissait les filets qui l’emprisonnaient. Comme toujours. La répartie du musicien laissa une entaille dans son cœur, quand il souffla dans un rire nerveux qu’il n’allait pas l’attendre toute sa vie. Il avait raison. Elle ne voulait pas qu’il le fasse, qu’il se perde là-dedans. Et à la fois, ça lui faisait mal. À la fois, égoïstement, elle aurait voulu qu’il l’attende toujours. Mais elle n’avait aucun droit d’exiger ça de lui, pas même de le souhaiter en silence. Whatever I’ll say, it’s gonna upset you again so what’s the point ?, avait-elle envie de lui répondre. Au lieu de ça, elle prit une seconde pour inspirer. Ça n’avancerait à rien, il fallait qu’elle lui donne une réponse concrète, il le méritait amplement. Même si elle-même galérait à trouver des raisons à ses crises de panique. Elles étaient pourtant là, quelque part. « Je réagis par peur. Toujours. Surtout avec toi. J’ai peur qu’on se fracasse dans un mur d’ici un mois. J’ai peur de te faire replonger. J’ai peur que tout ce que je suis nous fasse tellement de mal. J’ai peur de m’obliger à m’assagir pour toi, et je sais que je le ferai pas. Alors j’ai peur de te mentir dans ces cas-là. J’ai peur de te décevoir. J’ai peur d’avoir désespérément besoin de toi, et de finir par agir égoïstement. J’ai peur de te supplier de rester avec moi. J’ai peur de te perdre. Et j’ai peur de t’aimer. » Sa voix était redescendue de trois octaves, elle s’était exprimée avec un calme surprenant au vu des derniers échanges. Elle avait baissé les yeux, puisant au plus profond d’elle-même pour lui dire tout ce qu’elle pouvait, tout ce dont elle était capable. Ce n’était pas tout, ce n’était pas l’entièreté de ses pensées, mais c’était déjà énorme, plus que ce qu’elle ne croyait possible.

Tu ne savais pas ce qu’il se passait dans la tête d’Effy, t’en avais pas la moindre idée. Mais tu essayais de comprendre. Tu faisais en sorte de réfléchir comme elle même si tu savais pertinemment que c’était impossible. La brune était à part, c’est bien pour ça que tu étais tombé amoureux d’elle. Il n’y avait pas vraiment d’autre raison. Mis à part qu’elle te connaissait par coeur, que tu la connaissais par coeur aussi. Mais c’était difficile de te mettre dans sa peau. « Parce que quoi putain ? » demandas-tu en t’écriant tout comme elle. Heureusement que la brune vivait seule. Parce que sinon, y’a bien de gens qui auraient peur lors de vos disputes. Comme celle qui était entrain de se passer entre vous. Tu soufflais, remettant ta casquette à l’envers sur ta tête, debout devant elle en essayant de comprendre. Mais ces faits et gestes étaient tellement minimes que tu ne voyais pas où elle venait en venir. Tu te sentais coupable, parce que tu avais l’impression que c’était ta faute si elle était dans cet état là. C’était ta faute si elle se sentait mal. Alors tu prenais cette part de culpabilité, qui n’avait peut-être pas lieu d’être mais tu l’enfonçais au plus profond de toi. Malgré tout, elle refaisait surface de temps en temps. Tu l’écoutais parler, lorsqu’elle réussit enfin à trouver les mots qu’il fallait. Tu étais statique, tu ne disais rien. « Mais on est comme ça, Eff ! On se jette toujours sur les murs, on arrive pas à parler sans crier et on se fait du mal ! » dis-tu d’une traite à la jeune femme. Tu pensais ce que tu disais mais ça te faisait mal de le dire à haute voix. « Tu crois que moi j’ai pas peur ? J’ai pas peur de replonger ou même de te faire du mal et de te forcer à te sevrer ? » demandas-tu à la brune en sentant ta voix se casser. La tristesse se montrait, elle voyait ton vrai visage maintenant. Enervé mais triste, tu ne savais plus comment gérer tes émotions. Et la seule chose dont tu avais envie c’était un shooter de vodka mais c’était impossible. « Moi aussi j’ai peur de te perdre » dis-tu dans un souffle, une larme roulant sur ta joue. Tu savais que c’était plus probable. Elle pouvait te lâcher parce qu’elle avait peur de votre relation, peur de toi. Mais toi aussi, tu étais terrorisé. A cause de la drogue, tu pouvais la perdre, à jamais. Et c’était inconcevable de t’imaginer faire ta vie sans elle.

Il avait raison, sur toute la ligne. Pourtant, chacun de ses mots fût comme une lame à vif lancée dans les poumons d’Effy. Il l’affirmait avec une force justifiée, criait à quel point ils allaient se manger un train à pleine vitesse dans la gueule, tôt ou tard. Il ressentait la même chose qu’elle. Alors pourquoi n’était-il pas terrorisé ? Pourquoi était-il seulement d’accord pour se lancer dans cette folie ? L’Anglaise n’y voyait plus clair, elle n’y voyait plus rien, tout se mélangeait et la rendait dingue. Sa culpabilité, celle de Milo, le lien qui les unissait depuis si longtemps, et puis tout ce qui les séparait, les risques, la peur, la dépression, la drogue, la rechute, la souffrance, le fatalisme. Être comme elle était et à la fois être ce qu’il fallait pour lui. Les deux lui semblaient incompatibles. Elle vendait son corps pour se payer une vie d’illusions qui lui servaient juste à tenir jusqu’au bout de la journée, ou de la nuit. Et si parfois ça allait mieux, le revers n’était jamais loin. Eff’ ne voulait pas être cette personne pour Milo. Tout était devenu si compliqué comparé à comment ils étaient avant. Tous deux illimités, intenses, toxiques, dangereux. Survivants. Mais le musicien était un bien meilleur survivant qu’elle. Et elle se refusait à lui offrir en toute conscience ce corps criblé de poison et du parfum des autres. Elle ne pouvait s’autoriser à faire ça, ça n’allait pas. Elle voulait être la meilleure version d’elle-même pour Milo. Le problème, c’était qu’elle n’arrivait pas à mettre la main dessus, cette version. Et qu’elle était de plus en plus convaincue qu’elle n’existait tout simplement pas. Peut-être que ce qu’elle était, là maintenant, était le mieux qu’elle puisse lui offrir. Et ça, c’était hors de question. Elle ne lui imposerait pas ça. Les mots brisés de Milo étaient justes et ils brûlaient ses cellules après avoir traversé l’air, mais ils n’en étaient pas moins percutants. Et importants. Effy hocha lentement la tête, toujours assise sur le lit, les genoux ramenés contre sa poitrine et les bras croisés. Un silence suivi la dernière déclaration du brun, alors qu’une larme roulait sur la joue de l’Anglaise. Il fallait qu’elle se calme, qu’elle se reprenne, qu’elle arrête de pleurer sur son sort – leur sort ? – et prenne le temps de décider ce qu’elle voulait vraiment mettre comme énergie et comme mental là-dedans. Il fallait qu’elle décide si elle était capable de faire ça pour Milo. Elle voulait en être capable, de tout son être, mais elle n’y croyait tout simplement pas. « Merci, pour tout ce que tu as fait ces dernières semaines. Pour moi. » Sa voix était un peu rauque, mais stable, et presque murmure. Calme. Triste, mais résignée. Décidée. « We need to figure out what we wanna be. » souffla-t-elle ensuite en relevant la tête vers le garçon. « Peu importe le résultat. » Nouveau silence, mais son regard d’un bleu transperçant était plein d’aplomb. « Thanks for loving me. » Sa voix s’était éraillée cette fois, mais le besoin, la peur, la gratitude et l’amour vibraient à travers son ton.

T’avais besoin d’air, besoin de t’aérer l’esprit. Vous passiez votre temps à vous déchirez ensemble. Mais tu l’aimais, c’était plus fort que toi. Les gens avaient beau te dire que c’était malsain et toxique entre vous, t’en avais rien à faire. Tu ne voulais qu’elle, la courbure de son corps, ses expressions et sa façon d’être. Mais des fois, c’était ce que tu détestais le plus chez elle, sa façon d’être. Tu ne savais plus quoi ajouter, tu savais que tu avais été violent dans tes propos mais c’était la vérité. Vous étiez mauvais ensemble, c’était mal ce que vous faisiez. Tu te sentais mal de vouloir la forcer à se sevrer. Tu avais une multitude de sentiment dans la tête, ton crâne embué par tes sentiments et les tourments. Une larme avait roulé sur ta joue et tu la balayais d’un coup de main rapide et furtif. Elle te remercia de l’avoir aidé, de l’avoir soutenue pendant ses moments de doutes. « T’as pas besoin de me remercier pour ça » dis-tu simplement dans un souffle. C’était naturel pour toi, t’avais vraiment envie de l’aider et de la sortir de son tourment. Tu voulais juste qu’elle aille bien mais c’était mission impossible. Quand elle te dit qu’il fallait que vous trouviez quoi faire, tu posais ta main sur la poignée de la porte, tournant le dos à Effy avant de répondre. « Je sais ce que je veux de toi, c’est à toi de te poser cette question » dis-tu en soufflant. Elle te remercia de l’aimer, ton coeur se serrait de nouveau et les larmes revenaient sous tes yeux alors que tu avais toujours le dos tourné à l’anglaise. « Thanks for letting me » dis-tu avec la gorge serré et le coeur lourd. Tu tournais la poignée de la porte avant de la regarder une dernière fois. « Lemme know when you know what you want from me » ajoutas-tu la vois enrayée. Tu passais le pas de la porte pour partir dans la nuit noire de Bowen, pleurant silencieusement les larmes que tu ne voulais pas montrer à l’anglaise.

FIN DU SUJET.