Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Fantôme du passé [Manny] Jeu 17 Sep 2020 - 20:55
Fantôme du passé
Qu’elle était douce, cette brise de fin d’été caressant sa peau recouverte d’une fine couche de sueur. Sourire et joint aux lèvres, Maximilien savourait cette sensation grisante de liberté. Accompagné d’Adel et de Liam, il déambulait dans les rues de Bowen, sans réel but ni aucune destination. Personne ne l’attendait. Ni lui, ni ses comparses. Ni ici, ni ailleurs. Ils étaient simplement là, fiers paons fanfaronnant d’une confiance qu’aucun d’eux ne possédait vraiment. Trois adulescents, comme aimaient à les qualifier certains médias. Des adultes qui n’en avaient réellement que le nom. Des éternels adolescents dont les visages marqués par l’alcool et les stups ne laissaient planer aucun doute quant à leurs choix de vie plus que discutable.
La nuit était tombée depuis déjà deux bonnes heures lorsqu’enfin l’un d’entre eux, Liam, se décida à proposer d’aller « choper d’la meuf » dans un bar situé non loin du banc sur lequel ils s’étaient posé pour fumer, parlant de tout, mais surtout de rien. Il n’en fallu pas plus aux trois jeunes-hommes pour décoller leurs fesses du bois tagué sur lequel elles semblaient s’être vissée et arpenter la nuit de leurs pas faussement assurés. Comme un seul homme, ils franchirent les derniers mètres les séparant d’une boite de nuit que Max n’avait que peu fréquenté, n’étant pas un grand fan de ses choix musicaux. Mais peu lui importait, au final. Ce n’était pas comme si c’était pour la qualité de sa musique qu’ils avaient choisi de s’y rendre.
Malgré la dose de THC serpentant dans leur sang, les trois garçons passèrent sans encombre la porte de la boite de nuit. Sans doute que, le milieu de semaine aidant, le videur laissait rentrer quiconque ne semblait sur le point de dégueuler son alcool à ses pieds. Se dirigeant d’un pas conquérant jusqu’au bar, leurs regard de prédateurs arpentant la pièce à la recherche de proies potentielles, Max s’arrêta à hauteur de l’un des mixologue occupé à nettoyer son checkeur. « Hey. On pourrait avoir trois bières steuplait ? » Juste le stricte minimum en matière de politesse. Ni plus, ni moins. Le barman eut tout juste le temps de relever la tête vers eux que le blond fronça ses sourcils, ancrant ses prunelle océan dans les celles noisette de son vis-à-vis. Cette tête ne lui était pas inconnue. Il était presque sûr d’avoir déjà croisé cet homme, tout en étant bien incapable de le replacer dans un contexte bien précis. L’avait-il connu à travers la boxe ? Non. En soirée ? Possible, mais pourquoi celui-ci l’aurait-il marqué plus qu’un autre ? « Parce qu’il est mignon ? » susurra une petite voix dans sa tête qu’il fit taire aussitôt. Il avait l’air jeune, à peu près son âge. Peut-être l’avait-il connu à l’école ? Soudain, la lumière se fit dans son esprit à mesure qu’un sourire carnassier retroussait ses lèvres charnues. Oui, c’était ça. Ils s’étaient connus à l’école. « NON MAIS DITES MOI QU’JE REVE ! C’EST MANNY LA TANTOUSE ! » S’écria-t-il soudain, juste assez fort pour que ses potes et quelques clients ne l’entendent. « Hey les gars ! J’vous présente Manny la tante, on était à l’école ensemble ! » Manny la tante, la tapette, le pédé. Manny le fif, comme disait parfois sa mère pour parler des homosexuels. « C’est fou c’qu’le monde est ptit ! » Ne put-il s’empêcher de commenter, son sourire mauvais toujours aux coins des lèvres. Combien d’années cela faisait-il qu’ils ne s’étaient plus croisés ? Maximilien ayant arrêté le lycée à 16 ans, cela devait faire à peu près six ans. Pas étonnant qu’il ne l’ait pas reconnu malgré leur passif commun. « Hey, j’te surveille hein ! T’as pas intérêt à foutre quoi qu’ce soit dans nos verres. J’vous connais vous les pédés… »