Début des ennuis [Maximilien]

Maximilien ouvre difficilement un œil sur la lumière diffuse caressant son visage blafard. Ses paupières sont lourdes, collantes, encroutés d’un sommeil pas si réparateur.
Il a la bouche pâteuse d’avoir trop fumer et, au fond de son gosier, il sent ses excès de la veille venir chatouiller ses molaires.
Il ferme les yeux, tentant de faire passer sa nausée et ce goût de bille à l’arrière de sa gorge.
Peine perdu.
Plus il ravale sa salive, et plus il sent ce liquide brûlant, presque corrosif, remonter le long de sa trachée.
A bout de force, il abandonne tout espoir de parvenir à temps jusqu’aux toilettes. Il prie néanmoins pour réussir à quitter son lit avant de rendre le contenu de son estomac noyé d’alcool. Les draps trempé de vomit, c’est vraiment pas le fun à nettoyer.
Dieu, ou quel que soit le nom de cette puissance supérieure dirigeant sa vie, semble avoir été attentif à sa prière, le guidant jusqu’au lavabo de la cuisine qu’il prit le temps de retapisser de ses sucs gastrique sous le regard abattu de sa génitrice.
Que pouvait-elle bien faire de lui ? Elle n’en avait pas la moindre idée.
Plus le temps passait, plus cette femme s’inquiétait du devenir de son fils ainé.
Si seulement elle avait su le canaliser.
Si seulement elle avait su trouver les mots.
Si seulement son père avait été là…

Prisonnier d’une boucle temporelle, Maximilien n’attendit même pas de digérer pleinement sa précédente gueule de bois que, déjà, il se retrouvait planter au beau milieu d’une soirée, organiser par il ne savait trop qui, en il ne savait trop quel honneur, avec il ne savait trop quels invités et un verre d’il ne savait trop quel alcool à la main. Son troisième.
Il n’irait peut-être pas jusqu’à dire qu’il avait vu de la lumière et qu’il était rentré, mais presque.
Comme souvent, ce genre de soirée se créait par le bouche à oreille. Un type en invitait un autre, qui en invitait deux autres, qui en invitaient dix autres… Tant et si bien que, dans cette marée humaine, personne ne retrouvait plus personne. Tous se croisaient, se mélangeaient, sans jamais vraiment prendre le temps de s’observer véritablement. Au mieux partageaient-ils quelques fluides corporels. Quelques jeux de jambes auxquels Max s’abandonnerait sans doute avant le petit jour.
Ici, tous les hommes semblaient égaux face à la musique, à l’alcool et aux stups.
Les stups qui, dans ce type de soirée, semblaient suinter par tous les pores de toutes les peaux. Substances coloré en suspension dans l’air, serpentant dans nombre d’organismes. Explosant dans le sien.
Bonheur artificiel faisait fleurir un sourire sur ses lèvres humide d’un alcool bon marché.
Le paradis des tox, mais aussi et surtout de leurs bourreaux. Combien de dealers se cachaient parmi les invités ? Combien de revendeur d’herbe ? De pilules ? De poudre ? A chacun sa spécialité, à chacun son public.
Les paupières closes, Max se laissait aller par la musique, par le son, la chaleur des corps se mouvant à ses côtés. Il se délectait de ses femmes collant leurs anatomies à la sienne, légère ou plus insistante ; s’enorgueillait des sourires, des coups d’oeils à la dérobé.
Qu’il était plaisant de se sentir à sa place. Loin, si loin de la réalité de son quotidien.
Une réalité qui finit néanmoins par le rattraper à l’instant où les sirènes d’une voiture de police prirent le pas sur la musique ambiante, faisant exploser d’un seul coup la bulle de quiétude dans laquelle ils se trouvaient tous.
« Et merde » S’entendit jurer le blond alors qu’il dessoûlait d’un seul coup.
Bouffée d’adrénaline bien connue faisant palpiter son cœur, accélérant sa respiration et dilatant ses pupilles déjà malmenée par la dope.
C’était à prévoir.
Une soirée sur dix, en moyenne, finissait de cette façon.
Soit par une descente de flic muent par l’espoir de perquisitionner des stocks de cames, soit suite à une bagarre.
Aujourd’hui, c’était la réponse A.
Et des stocks de cames, ici, il y en avait.
En témoigne ses poches ou se mélangeaient sachets d’herbe et bonbons colorés.

Manquant de peu de se faire engloutir par la foule, le blond se dirigea d’un pas empressé jusqu’à ce qu’il avait pris pour une sortie, mais qui se révélait être un putain de cul de sac menant sur rien d’autre qu’un putain de mur avec une putain de minuscule fenêtre à bascule donnant sur la rue.
Grandiose.
Et pour compléter ce tableau, un autre homme le rejoignit dans sa galère. Un homme qu’il n’avait plus revu depuis plusieurs semaines, sinon plusieurs mois.
Un homme qui, la dernière fois que leurs chemins s’étaient croisé, était reparti avec la traces de ses phalanges en pleine poire.
Une sacrée soirée que Max avait fini au poste, à attendre que sa mère ne vienne le chercher.

Fronçant les sourcils en réponse à la provocation du brun, Max serra les poings, se retenant avec peine de les enfoncer, une fois de plus, dans la gueule suffisante de ce dernier.
En plus d’être tombé sur un mec au caractère exécrable, il fallait qu’il tomber sur un espace d’anorexique qui ne lui serait d’aucune aide pour désaxer la vitre et tenter de se tirer par ce minuscule interstice.
Super.
Pour un peu, le blond aurait bien prit la tête de l’autre homme afin de s’en servir comme bélier, mais au souvenir des craquements sonores de celle-ci sous ses coups, pas sûr qu’elle soit suffisamment solide pour parvenir à ses fins.
« Et si j’prenais ta tête de cul pour ouvrir la f’n’être, tu f’rais toujours autant l’malin ? »