(charliam) I think our love can do anything we want it to

Tête renversée, j'ai le regard fixé au plafond. Je peux dire qu'il m'a fait grimper au septième ciel. Encore. Mon rythme cardiaque retrouve son calme et je frissonne. Il fait un peu froid tout d'un coup. Je me blottis contre la couverture, observant autour de moi l'appartement vide de Liam. Il va déménager, on y est, à cette page qui se tourne. Je suis déjà nostalgique de nos escapades et de tous nos moments où il a été si facile de glisser sous ses draps étant donné que nous avions juste à traverser le couloir. Avec tendresse mes mains glissent sur son cou puis son épaule, je me perds dans ses yeux de ce bleu incroyable. Il est beau, doux, fort. Comme l'amour que j'ai pour lui. Un amour de feu ou de glace, un mélange des deux, je crois. Je l'aime passionnément et je l'aime tendrement. Il m'est difficile d'ignorer toutes mes interrogations et j'en ai le ventre noué rien que d'y penser.  Bien sûr que je vais en souffrir de cette relation non exclusive, j'en suis pleinement consciente. Mais je souffrirais encore plus de ne plus l'avoir dans ma vie. Il m'a dit qu'il n'aimait pas Pippa autant que moi. Ces paroles-là me trottent sans cesse dans la tête. Comme je ne cesse de me demander pourquoi elle et pas moi. Dis... Et si on partait un week-end? Tous les deux. Peu importe où. On prendrait un hôtel, pas loin de la plage. lui dis-je un peu timidement. Oui, on peut croire que je veux déjà l'accaparer rien que pour moi. L'intention est bien là. Parce que faire l'amour dans SON lit conjugal me refroidit. L'imaginer en train de faire l'amour à Pippa me donne la nausée. Je crois que je sous-estime à quel point cette situation va être compliquée.

Elle était belle, Charlie, les seins nus qui pointaient vers le ciel, son grain de beauté dans sa chute de reins et son sourire satisfont au visage. Elle avait le goût de la vanille et du chocolat dans une explosion de cannelle. Et elle s'offrait, aujourd'hui, à lui avec une nouvelle vision. Liam gardait ses réserves, ne se montrant pas aussi heureux qu'elle l'aurait voulu, sans doute qu'il se doutait que ce n'était qu'une question de temps avant que les problèmes ne reviennent les hanter. Charlie finirait par ne plus se satisfaire de cette relation non exclusive, et ce même s'il avait promis qu'elle était la seule qu'il aimait ainsi. Mais pour l'instant, il en appréciait les minutes, les secondes, les instants qui finiraient par devenir des jours, des semaines voire des mois. C'est la seule façon de garder Charlie dans sa vie, sans renoncer à cette histoire qui prendrait fin un jour ou l'autre, quand elle se serait épuisée de le partager.

Corps toujours haletant, Liam lovait Charlie contre lui. Charlie qui continuait ses caresses. Il l'imita, passant une main dans les cheveux de la brune. Et après quelques secondes à se regarder, elle brisa le silence, faisant rebondir sa voix sur les murs vides de l'appartement, écho qui avait dû se faire entendre par les voisins lorsqu'il l'avait fait gémir de plaisir, eux qui n'avaient su se rendre subtils. « Un weekend? », demandait-il, intrigué. Ça lui semblait difficile de lui promettre une escapade romantique. « Je ne peux pas laisser ma boîte trop longtemps, encore moins le weekend. » C'était les soirées qui rapportaient le plus. Et les journées où il devait souvent bosser pour rattraper les comptes de la veille. Et puis, surtout, ça semblait tellement hors des limites qu'ils avaient convenues. Je retournerai toujours vers Pippa, avait-il écrit en sms. Pour lui, ça avait été clair. Mais l'envie de s'échapper avec la pâtissière germait en lui. Ça aurait été parfait pour eux, s'il n'avait pas été le patron d'une boîte de strip-tease et accessoirement danseur. « Je peux t'offrir une nuit. Où tu veux, quand tu veux », lui sourit-il. C'était mieux que rien du tout, non? Mais sans doute que ça ne serait pas suffisant aux yeux de Charlie. Ce qu'il fallait qu'elle comprenne, c'est que ce n'était pas son mariage avec Pippa qui lui était restrictif, c'était à son travail qu'il pensait.

Ne nous le cachons pas. Je savais que je m'embarquais dans une histoire qui ne durerait pas, malgré tous les efforts que je devrais fournir. Accepter Pippa dans la vie de Liam ne faisait qu'une partie du panel de conditions. Non seulement marié, je me dois aussi d'accepter toute autre femme qui pourrait rentrer dans son lit. Ça, puis aussi l'investissement de son travail dans une boite de strip-tease. Il est gérant ET danseur. Autant au début de notre rencontre je trouvais ça sexy voir excitant, j'ai commencé par en éprouver de la jalousie. Mais depuis Pippa, cette partie de lui ne me touche plus désormais. C'était elle, et seulement elle qui me faisait souffrir. Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est à cause d'elle qu'il n'accepte pas cette escapade le temps d'un week-end. Trop long selon lui pour laisser sa boite de côté. D'accord finis-je par capituler, trop rapidement ce qui n'avait en rien de charlien. J'aurais très bien pu négocier, quémander, trouver une solution, peu importe si elle serait irréalisable. Toutefois je m'y résous. Si il y a bien une chose dont je ne veux pas, c'est qu'il se sente piégé. Je me laisse emportée par son doux regard, plongée d'innombrables questions. Pendant un court instant, j'hésite. Tant pis, incapable de résister à mes pensées, je me lance. Rien à voir avec Pippa? lui dis-je avec précaution, sans être sur l'offensive. Je veux dire, elle est au courant? Pour... J'ai envie de dire nous, cependant je ne m'autorise pas à le dire. Pour moi, il existe un nous. Ses sentiments que nous avons l'un pour l'autre, ce n'est pas rien. Encore une fois, je n'ai pas envie qu'il se sente piégé. J'aimerais juste qu'il comprenne que j'ai encore besoin qu'il m'éclaircisse sur certains points. Cette discussion bien que désagréable, est inévitable si on veut que notre relation fonctionne.

Elle ne s'opposait pas. Ça lui aurait presque fait froncer des sourcils. Charlie, sa belle Charlie, tête forte et idées folles. Ça ne lui ressemblait pas du tout. Mais Liam ne le notait pas. Au fond, c'était à son avantage qu'elle de s'y oppose pas, qu'elle accepte aussi facilement. Seulement, la peur qu'elle ne soit toujours pas bien dans cette histoire lui reprit. Acceptait-elle pour elle, parce qu'elle en avait réellement envie? Ou le faisait-elle parce qu'elle ne pouvait se résoudre à le laisser papillonner avec d'autres? Le faisait-elle pour les bonnes raisons, avec une intention valable? Ça, il ne le savait toujours pas. Et il se maintenait sur une réserve de peur de la blesser. D'accord, avait-elle dit. Liam caressait à présent la peau de son dos, dessinant au passage de petits ronds lents et doux sur sa chair qu'il sentait se hérisser à nouveau. Et comme s'il ne pouvait supporter qu'elle soit mal dans ses bras, il tira la couverture pour la couvrir, réchauffer cette peau si douce qu'il voyait réagir.

Elle laissa quelques secondes passées avant de reprendre la question d'un nouvel oeil. Pippa, toujours Pippa. Elle n'avait que ce nom à la bouche. Liam soupira. « Rien à voir avec Pippa. » Mais c'était à demi-faux. Laisser sa boite tout un weekend, ça ne se faisait pas. Ça en était la raison principale de son refus. Mais, oui, peut-être qu'il y avait Pippa dans l'équation. Seulement, ça, il ne pouvait le dire. Parce que les raisons, ce n'était pas celles que Charlie s'imaginait. Son mariage récent devait paraître réel pour éviter d'éveiller les soupçons, de quoi aurait-il l'air si on l'apercevait, tout un weekend, main dans la main d'une autre? Liam avait peur, à présent. Peur qu'on l'évince de Bowen. « Pour? », demandait-il un sourire moqueur aux lèvres. « Pippa est au courant que nous ne sommes pas exclusifs », répondit Liam avec honnêteté. « Elle aussi, elle ne l'est pas, exclusive », avouait-il ensuite pour lui faire comprendre quelle était la réalité de cette union particulière. L'idée n'était pas de parler de Pippa pour faire du mal à Charlie, mais c'était elle qui l'avait abordé. « Quant à nous deux... Non, elle ne sait pas que je te vois toujours. Tout simplement parce qu'on ne parle pas de nos fréquentations. Si elle me posait la question, je ne lui mentirais pas. » Mais ils n'avaient pas besoin de se poser ce genre de questions, elle et lui.

Il y a aura toujours elle, ou même une autre. Mais Pippa a bien quelque chose en plus pour l'avoir choisi comme épouse. Le contact de sa peau contre la mienne apaise mes inquiétudes. Pour un temps. Malgré mes efforts pour ne pas montrer ma jalousie, j'en reviens à parler d'elle. Je prends des gants, des pincettes, tout pour ne pas le brusquer. Je sais à quel point Liam tient à sa liberté. C'est son sourire moqueur qui m'aide à prononcer ce mot si doux à mes yeux. Nous admet-je en cachant mon visage contre son torse, ainsi que mes joues rosies. Il n'y a bien que lui qui arrive à me faire rougir de la sorte. Sans surprise, il m'explique plus clairement qu'il entretient une relation non exclusive avec Pippa. En d'autres termes, il va voir ailleurs et elle aussi. Ils ne parlent pas de leurs fréquentations mais si jamais elle lui posait la question, il ne mentirait pas. Sa voix, son expression, son attitude me laisse croire qu'il est honnête. D'accord. est la seule chose que je trouve à dire sur le moment. Sa réponse devrait me satisfaire. Alors pourquoi ai-je toujours cette boule au ventre? Je me pose plein de questions. Tu sais, c'est nouveau pour moi. Ça va être dur. Je fronce aussitôt les sourcils et lui met un doigt devant la bouche pour qu'il ne réplique pas. Je veux quand même essayer. Je veux aller jusqu'au bout. Sûre de moi, je dépose un baiser sur ses lèvres et me blottis contre son épaule. Et moi? Si je continue de voir Woody? Ça ne te fait vraiment rien? que je demande innocemment. En toute sincérité je ne sais pas si je suis très à l'aise à l'idée de fréquenter d'autres hommes.

Pippa avait bien quelque chose de plus, oui. C'est la seule qui connaît les problèmes d'immigration de Liam, la seule qui l'a vu se morfondre à l'idée de devoir tout abandonner - et, accessoirement, abandonner Charlie. Et elle est la première à s'être proposé pour l'aider. Non pas que Charlie ne l'aurait pas fait, Liam est bien conscient que sa douce pâtissière aurait été la première à lever la main pour faire quoi qu'elle aurait pu pour le sortir des beaux draps. Seulement, il n'aurait pu épouser Charlie. Avec elle, ça aurait été trop vrai, trop réel, trop sérieux. Et il ne voulait absolument pas jouer avec les sentiments de la brune. Or, Pippa et lui n'avaient pas cette relation. Ils s'aimaient, évidemment qu'ils s'aimaient pour qu'elle ait eu l'envie de l'aider, mais non pas comme des amoureux. Comme des amants, comme des amis. Et, surtout, entre eux, il y avait surtout une grande affection.

Charlie se cachait contre le torse nu de Liam, comme une gamine honteuse devant son premier béguin. Il souriait toujours avant de soupirer et de se laisser porter dans une explication claire de son mariage, chose qui manquait à la liste des discussions avec la belle brune. Dans un monde idéal, il n'en aurait pas parlé. Ni aujourd'hui, ni jamais. Ça ne lui plaisait pas de parler sans cesse de Pippa avec Charlie. Mais si la brune demandait, il répondrait. Sauf qu'à son avis, ça n'aidait pas la jeune Keynes. En fait, ça faisait même tout le contraire. « Tu n’es pas d'accord avec moi », répondit-il en confirmant ce qu'il pensait : ça lui faisait bien plus de tort que de bien. Mzais Charlie se lança dans des explications plus poussées, laissant comprendre qu'elle avait besoin de temps d'adaptation et que tout cela allait être dur pour elle. Liam ouvrait déjà bouche pour remédier à la situation qui semblait l'attrister alors qu'elle lui empêchait de le faire. Il hocha la tête.

« Pourquoi on parle des autres? », demandait-il visiblement irrité. Parler de Woody, ça le frustrait. Liam soupira. « Tu vois qui tu veux, Charlie. C'est le but de notre relation », fit-il en mettant l'accent sur le mot relation qui était défini par la liberté. « Seulement, si tu es pour continuer de voir un mec envers qui tu as des sentiments, envers qui ça pourrait devenir sérieux... Ça ne fonctionnera pas pour moi », cracha-t-il en se redressant dans le lit - qui n'était en fait plus qu'un matelas posé au sol. Son dos se collait au mur froid de la chambre. Il ne le dirait pas à haute voix, mais ça lui faisait jalouser d'imaginer Charlie et Woody ensemble. C'était lui ou l'autre, mais pas les deux.

Touché. Si Pippa est mon sujet sensible. Woody est visiblement celui de Liam. Parce qu'on n'a pas le droit d'en parler, des "autres"? je m'interroge, sans comprendre. Par contre là, je dois me féliciter. Si ne pas parler de Woody devait être une nouvelle règle, je la découvre. Il établit une distance entre nous et se redresse. À mon tour je me redresse et m'adosse au mur froid. Je frisonne. Ma parole, Liam! Tu es jaloux! lui dis-je en affichant un air offusqué, sans pour autant parvenir à cacher mon sourire. Il ne l'avouera pas parce que mon bel espagnol a une immense fierté. Même si notre relation engage une totale liberté, je ressens l'envie de le rassurer. D'un air attendri, je penche mon visage sur le côté et effleure ses doigts avec les miens. D'abord, je vais te dire quelque chose que tu sais déjà au fond de toi... Je veux vivre une histoire rien qu'à nous. Tu le sais, si demain tu décides d'être avec moi, je te dirais oui sans hésiter. Bien que j'ai réalisé que cela n'arrivera pas, l'espoir est toujours là, enfermé quelque part. Il faut croire aussi que malgré toutes les craintes dont je pourrais avoir, je me lancerais dans cette relation avec lui. Parce que je n'aime que lui et ça depuis que je suis arrivée ici comme une paumée à Bowen. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé de l'oublier à me jeter dans d'autres bras. Pour Woody... Il faut que tu comprennnes qu'il a été là au moment où j'allais le plus mal. Je venais d'apprendre que tu allais te marier, j'étais détruite. Il m'a aidé à sortir la tête en dehors de l'eau, parce que vraiment, sans toi... Je déglutis. Mon ventre se contracte à l'image de douloureux souvenirs. J'apprécie beaucoup la présence de Woody, mais je ne suis pas amoureuse de lui. Par contre si tu ne veux plus que je le vois, dis-le moi, je ne le ferais plus. Bowen est une petite ville, on risque de se recroiser et je n'ai pas envie de te faire du mal. Car je sais ce que ça fait, même pire. Il m'arrive encore de le voir sous l'arche fleurie, embrassant Pippa dans sa robe rouge de mariée. J'en ai le cœur pétrifié. Comme on doit ne fais pas ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse.

Ne comprenait-elle pas? La barrière entre ce que lui connaissait des relations ouvertes et ce que elle pensait connaître venait à la croisée de leur relation. Et déjà, ils s'y froissait. Liam soupirait, sachant bien que ce n'était as la faute de Charlie. Elle voulait faire des efforts, elle ne connaissait pas ce mode de vie avant lui. « Si je voulais te blesser, Charlie, je te parlais des mes coups d'un soir, des filles qui me draguent au travail, de celles que moi je drague à l'épicerie ou sur l'appli de rencontre. Mais je te respecte, j'ai des sentiments pour toi et je ne veux pas te faire plus de mal. Voilà pourquoi je ne veux pas parler des autres. Après, si toi tu veux en parler, vas-y, je ne te retiendrai pas... » Mais cela sera à ses risques et périls. Poser des questions, ça veut aussi dire vouloir entendre les réponses. De son côté, Woody, c'était un non catégorique. Il ne voulait pas en entendre parler. « Je ne suis pas jaloux », se défendit-il. « Seulement, moi je t'ai promis que tu serais la seule que j'aimerais ainsi. » Il le disait d'un ton détaché, ce n'était pas une grande déclaration d'amour. Et, à vrai dire, ça l'irritait de devoir le rappeler à Charlie. Dire je t'aime, ce n'était pas sa tasse de thé. Charlie, elle, semblait vouloir rassurer le danseur. Elle se lançait dans des explications qui lui firent froncer des sourcils. « Pas encore amoureuse », fit-il remarquer avant de secouer vivement la tête. « Non », fit-il avec fermeté. « Le but de tout ça, ce n'est pas de te dicter qui tu peux ou tu ne peux pas voir. » Non, au contraire, c'était la liberté qu'il prônait. « Mais j'peux pas accepter que tu tombes amoureuse d'un autre. » Jaloux, oui, il l'était. Surtout lorsqu'il se disait que si elle tombait amoureuse d'un autre, il risquerait de la perdre complètement.

Ça, ça fait mal. Qu'il me sorte qu'il est encore inscrit sur BBT ou qu'il cherche à séduire une autre femme, c'est un coup bas. Je crois que j'ai la même tête que si il m'aurait giflé. La sensation est la même. J'encaisse sur le moment mais la coupe va vite être pleine. Je ne sais pas ce qui m'énerve le plus. Que tu crois que je puisse aimer un autre homme ou que tu ne reconnaisse pas que tu es jaloux! D'un geste brusque, je m'éloigne du matelas et cherche mes sous-vêtements. Je suis en colère. Contre lui. Contre moi. Car avec lui, je cède toujours. Il a dû bien le comprendre avec le temps. Charlie, elle est aquise. Quand je repense à nos derniers sms, je me dis qu'il en a vraiment rien à foutre. Il suffit pour lui de m'envoyer un message et je rapplique aussitôt. Est-ce l'avenir de notre relation? Se voir de temps en temps pour coucher ensemble et ne pas parler de sentiments? Jusqu'à présent j'ai pris sur moi beaucoup de choses, tu sais. lui dis-je en retombant sur le matelas pour m'asseoir et enfiler mon débardeur. Je suis partagée entre l'envie de rester pour vider mon sac, et entre l'envie de partir pour cacher ma peine.

Elle ne disait rien, mais Charlie ne semblait pas bien. Liam commençait à la connaître, à reconnaître les signaux de ses déceptions. Des déceptions, elle ne cessait d'en avoir avec Liam, bien malheureusement. Mais à quoi s'attendait-elle en acceptant une relation comme la leur? Il lui avait dit que ça ne serait pas facile, il lui avait demandé de bien réfléchir. Et elle avait accepté. Elle n'avait pas le droit de lui en vouloir. Charlie était consciente du risque qu'elle courrait. Si Liam avait parlé de ces autres, ce n'était pas pour lui faire du mal. C'était justement pour mettre en relief qu'ils ne devaient pas aborder le sujet au risque de créer des accros. Et la blesser, c'était bien la dernière chose que l'Espagnol voulait. « Si tu veux le voir, Charlie, c'est ton choix », capitulait-il. « Comme n'importe quel autre homme, d'ailleurs », continuait le brun. « Tu m'as fait comprendre que tu pourrais tomber amoureuse de Woody, Charlie. Sans doute que c'était pour me blesser, mais peu importe... Alors comment je dois me sentir? » Et elle, comment se sentait-elle face à Pippa? Il soupirait. Elle se levait, retrouvait ses vêtements laissés au sol pour les enfiler et mieux le quitter. Liam l'attrapait par le bras lorsque les fesses de Charlie se reposèrent sur le matelas. « Tut tut, où tu vas comme ça? », fit-il en posant un regard plus doux sur elle. « Tu t'en vas à la première embûche? » Il sondait le regard de la pâtissière. « Reste », la suppliait-il. « Je sais que tu as pris beaucoup sur toi. J'ai pas envie de parler des autres quand je suis avec toi... Encore moins des autres mecs. Encore moins de Woody. »

La conversation s'envenime. Il m'est insoutenable de l'imaginer dans les bras d'une autre. N'est-ce pas naturel d'être jaloux lorsqu'on est épris d'amour pour quelqu'un? Cependant Liam, lui, se braque et n'admet pas qu'il est jaloux de Woody. Maintenant sa limite je la connais, je pouvais fréquenter qui je veux, tant que mes sentiments ne s'y mêlent pas. Avec Woody, je n'avais pas fermé la porte à une éventuelle relation sérieuse. Mais ça c'était avant le mariage, c'était avant de me lancer dans cette histoire délurée avec Liam. Tu te trompes! Je vais être plus claire : je ne peux pas tomber amoureuse d'un autre. Quand j'aime, j'aime entièrement une personne et une seule. Je pense que je te l'ai assez prouvé depuis le temps. Parce que je suis toujours là, à t'aimer, toi, malgré nos hauts et nos bas. La colère monte. Je trouve ça injuste d'être si vulnérable en sa présence. Au moindre conflit, je veux prendre la fuite. Partagée entre l'envie de partir et de déverser mon indignation, je me redresse pour me rhabiller. La question n'est pas de parler des autres. La question c'est nous. J'essaie de trouver ma place dans cette relation. C'est peut-être facile pour toi mais pour moi, non. Je voulais juste connaître tes limites. Au fond ce n'est pas entièrement vrai. Une partie de moi cherchait aussi à ce qu'il me rassure. Inévitablement j'aurais toujours la sensation d'être celle de trop. En le lui montrant, je prends le risque de le perdre. Ce n'était pas le but, bien au contraire. Comme il me le fait si bien remarqué, je n'ai pas à partir à la première embûche. Je suis déchirée. Il me retient et rien que pour ça, je me radoucis. Mon regard s'attendrit, baissé vers sa main qui tenait mon bras. Bref. J'ai compris. On ne parlera plus des autres. dis-je d'un ton plus calme. Malgré moi je sentais le poids d'une menace. Cela ne fonctionnera pas, je ne faisais que gagner un peu temps avant que nos chemins ne se séparent.

La jalousie, Liam ne connaissait pas réellement pas. C'était un sentiment qui lui faisait peur et dont il tentait de se détacher le plus. Lorsque les filles se montraient jalouse à son égare, il avait tendance à prendre la fuite. C'est que cette jalousie, à défaut d'être toujours inoffensive et de prouver à l'autre que l'on tient à lui faisait bien trop souvent des ravages. Elle était laide, malicieuse, mauvaise. Et elle lui faisait peur. Alors, non. Il ne se considérait pas jaloux. Et alors qu'il commençait à ressentir cette émotion détestable s'installer en lui quand Charlie lui parlait de Woody, Liam perdait patience, bien plus qu'il ne l'aurait voulu, avant de capituler. « Alors, ce que tu dis, c'est que moi je ne t'aime pas vraiment parce que je ne peux me contenter d'une seule personne? », soupirait-il. En étaient-ils encore là? « Tu as accepté cette relation, Charlie. Je ne t'ai aps forcé... Je t'ai laissé la chance de refuser... » Mais elle avait voulu le faire.. Alors, pourquoi diable s'entêtait-elle à douter de ce qu'il lui disait? « Mes limites, elles sont là : je veux être avec toi, sans me sentir oppressé. Je veux t'aimer à ma façon sans sentir que je te fais du mal constamment. Je veux passer du temps avec toi. Mais je veux aussi vivre ma vie et que tu vives la tienne aussi de ton côté, sans te priver. J'veux juste pas qu'un autre prenne ma place. C'est tout », expliquait-il sur un ton plus calme. « Tu comprends au moins pourquoi parler des autres ne fonctionne pas? », demandait Liam alors que Charlie se résignait trop facilement. « J'ai pas envie de te blesser chaque fois qu'on se voit. Et si on parlait de nous? Et si on profitait du moment présent? Embrasse-moi », fit-il en s'approchant d'elle, sourire charmeur aux lèvres. « Souris, belle Charlie. »

Silencieuse, j'écoutais ce discours qui me mettait très mal à l'aise. Je me voilais temporairement la face, parce qu'au fond de moi je savais que cette relation ne fonctionnera pas. La vision de vie de Liam était et restera si différente de la mienne que je me demandais encore comment j'arrivais à rester là, à endurer cette souffrance. Non je ne parvenais pas à comprendre qu'il puisse m'aimer moi, aimer Pippa et coucher avec d'autres filles. L'amour, est censé appartenir qu'à une seule et même personne. Mais une fois de plus, je capitulais. J'étais épuisée et je voulais éviter une énième dispute. Oui je comprends. murmurais-je d'une voix blanche. Je comprenais surtout l'incompatibilité de nos envies. Liam cherchait à rester un homme libre sous tous les plans. Je pouvais en faire autant mais sans franchir la limite des sentiments. L'aimer que lui. Vraiment? Alors que lui en aimer aussi une autre! Toutes mes sombres pensées restèrent ancrées en moi. Il ne le faisait pas exprès, mais ces derniers temps il me blessait à chaque fois qu'on se voyait. Toutefois il m'arracha enfin un sourire, un vrai, un sincère. Parler de nous? Vous avez dit "nous", cher monsieur! C'est effrayant. Je fis mine de frisonner, sans répondre à son appel de ses lèvres. Pourtant j'en avais envie, oh oui. Ce Liam-là, je l'avais dans la peau. Le Liam doux, qui me montrait qu'il me désirait près de lui.

La soirée n'avait pas la tournure qu'il avait imaginé. C'était sa dernière nuit à l'appartement avant d'emménager chez Pippa. C'était sa dernière nuit où la proximité avec la porte de Charlie était possible. C'était aussi la première nuit où elle lui disait accepter cette relation complexe dans laquelle elle voulait s'engager. Il ne la forçait à rien. C'était elle qui avait changé d'avis. Et, pourtant, il lui semblait qu'il était le grand méchant loup, encore.

Il cherchait à l'apaiser, à lui faire comprendre que les limites étaient importantes à respecter pour trouver une harmonie à deux. Mais elle s'obstinait à vouloir parler d'eux, des autres. Et, par le fait même, de se faire inévitablement du mal.

Elle voulait fuir. Il la retenait d'abord par le bras, puis de ses mots qui se voulaient rassurant. Et elle tiqua sur trois mots. Parler de nous. « J'ai pas envie de penser aux autres », lui dit-il en guise d'explications. « Raconte-moi ta journée. »

Je n'avais d'yeux que pour lui, moi. Cela faisait six mois que j'étais accro à cet homme. Six mois de montagne-russe. À l'aimer, à le détester mais toujours l'aimer. Personne ne pouvait l'égaler, j'avais beau avoir essayé mais tout me ramenait à lui. Ce fut la raison pour laquelle j'avais pris la décision de me lancer dans cette relation libre, quitte à me brûler les ailes. Même si cela ne fonctionnera pas, je donnerais tout pour l'avoir qu'un peu près de moi. Je ne prenais donc pas à la légère cette nouvelle règle : ne pas parler des autres. J'ai compris. Là, tout ce qui comptait... c'était juste lui, juste moi, juste nous. Ses yeux bleus me clouait au sol et je ne pouvais me résoudre à partir. Attendrie, je me mis à califourchon sur lui. Mes mains glissèrent sur son cou et j'avais enfin retrouvé le sourire. Oui, je ne lui résistais jamais longtemps. Laisse-moi réfléchir... J'ai fait des gâteaux. J'ai pensé à toi. Le parsemant de baisers un peu partout sur son visage je continuais de me répéter. J'ai fait des gâteaux. J'ai pensé à toi. J'ai fait des gâteaux et... j'ai pensé à toi. Mon coeur entier s'adoucissait. La chaleur de sa peau me faisait tant du bien.