Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Tourbillon d'idées noires [Isling] Sam 7 Nov 2020 - 21:09
Aisling avait besoin de prendre l'air. Après ces mois de confinement, l'application des gestes barrières, toute la folie liée à la pandémie... Mais aussi l'arrivé d'une personne en plus à la maison, qui n'était finalement pas resté bien longtemps, les allers-retours de Perry, la certitude qu'il la comprendrait jamais, et bien d'autres états d'âme, la jeune femme avait ni plus ni moins l'impression d'étouffer. Elle savait bien qu'on lui dirait qu'elle avait à peu prés tout pour être heureuse, qu'elle n'avait pas à se plaindre. Mais en vérité, en plus de toutes ces choses, quelque chose d'autre lui pesait.
Elle n'était toujours pas enceinte. Elle qui essayait pourtant depuis des mois. Elle qui était tombée enceinte sous contraception auparavant. Elle qui était tombé enceinte sans le vouloir, avant de faire une fausse couche. Là, elle n'arrivait pas à tomber enceinte. Était-ce psychologique ? Était-ce qu'elle avait un blocage parce que, quelque part au fond d'elle, elle n'était pas certaine de le vouloir vraiment ? Qu'est-ce qui pouvait bien clocher à ce point ? Est-ce qu'un jour elle serait... normale ? Est-ce qu'elle pourrait vivre comme elle l'avait décidé ?
La situation lui pesait, et pourtant, elle n'arrivait pas à en parler à Isaiah. Sans doute qu'elle savait déjà ce qu'il lui dirait : qu'ils avaient le temps, que c'était normal que ça prenne du temps, qu'il ne fallait pas s'alarmer, qu'il l'aimait. Et peut-être que ce n'était pas ce qu'elle voulait entendre. Mais, qu'est-ce qu'elle voulait entendre ? Elle était agacée, de la situation, et d'elle-même.
A force de garder toutes ses craintes pour elle, elle avait peur d'exploser. Alors après y avoir réfléchit pendant des semaines, elle avait décidé de faire une petite balade avec Isaiah dans la forêt, juste pour se retrouve tous les deux, juste pour être seuls. C'était agréable, parfois, d'être seuls. -Ca fait longtemps que je ne m'étais baladé ici, ça me rappelle des souvenirs... J'avais oublié que c'était aussi agréable.
STATUT : with golden string, our universe was brought to life, that we may fall in love every time we open up our eyes (isling)
Sujet: Re: Tourbillon d'idées noires [Isling] Sam 14 Nov 2020 - 23:56
C’était certainement l’année la plus difficile jamais vécue par Isaiah. Lui qui avait besoin de traverser des frontières, de s’envoler vers de nouvelles aventures, de repousser les limites de l’inconnu, voilà que depuis le début de l’année il était soit confiné à la maison, soit confiné à la ville ou la région, puisqu’il avait fallu réduire les déplacements entre états et territoires pour réduire la propagation du virus. Il avait tenu tête aux mois d’automne australien avec force, mais plus la situation avançait sans s’améliorer, plus ses épaules s’étaient affaissées. Et si Aisling et lui avaient pris le temps d’en parler et de chercher des solutions, force était d’admettre que ce n’était pas assez. Isaiah, afin de garder contact avec des personnes qu’il ne pouvait plus voir depuis des mois, avait exceptionnellement fait une entrée – plus que temporaire – sur les réseaux sociaux, avec des comptes des plus vides et anonymes, créés que pour conserver un lien social qu’il avait finalement jugé insuffisant. Quand même, il avait continué, découvrant au passage un tout autre monde qui l’avait choqué, irrité, reviré à l’envers. Il avait vu la méchanceté dont les gens pouvaient faire preuve lorsqu’ils pouvaient se cacher derrière un écran et ça l’avait écœuré. Ça lui avait aussi confirmé qu’il n’avait pas sa place sur ce médium de communication. Il avait aussi vu la bêtise humaine dans la désinformation et les théories du complot ridicules. Bref, les derniers mois lui avaient donné froid dans le dos par rapport à ce monde dans lequel ils évoluaient. Sa volonté de faire bouger les choses avait été renforcée et d’ailleurs, dès que les manifestations ou actions avaient été autorisées, il avait repris part de plus belle à toutes les manières possibles de faire passer les messages sociopolitiques, même lorsque c’était plus radical. Aujourd’hui cependant, pour souffler, Aisling lui avait proposé une balade dans la forêt et cette proposition avait été plus que bienvenue. L’air plus naturel, l’odeur des arbres et de la terre, le chant des oiseaux et le bruissement des animaux dans les feuilles, ça le réconfortait. « Yeah, comme quoi on n’a pas besoin d’aller trop loin pour voir de beaux endroits. Y’a de beaux coins à Bowen. » Il esquissa un sourire. C’était aussi pour se convaincre qu’il pouvait se contenter de rester en place un peu plus longtemps encore. Même s’il ne voyait pas le bout de cette impasse.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Sujet: Re: Tourbillon d'idées noires [Isling] Dim 22 Nov 2020 - 23:20
Aisling acquiesça d'un signe de tête. Si elle avait choisi l'Australie, et Bowen, dans un premier temps pour fuir ses parents, et dans un second pour choisir le cursus qui lui plaisait le plus, elle ne pouvait nier que la beauté de l'endroit l'avait aussi séduit. Bowen était agréable à vivre, même pour une citadine de la capitale néo-zélandaise comme elle, qui aurait pu se retrouver perdue dans une ville de "campagne". Mais Bowen était tout de même assez grand pour la satisfaire niveau bar et soirées étudiantes. Endroits qu'elle fréquentait à présent assez peu. Elle tourna le visage vers Isaiah. -C'est vrai. Mais tu n'es pas obligé de te forcer je sais que... Tu as besoin d'aller loin, en quelque sorte.
Isaiah n'avait pas besoin d'essayer de la convaincre que tout allait bien et qu'il était heureux. Elle le connaissait depuis de nombreuses années. Elle savait que la situation lui pesait. -Moi je suis contente que tu ne m'ais pas abandonné pour aller visiter le fin fond de l'Afrique mais... Je sais que tu ne le vis pas très bien.
Elle prit doucement sa main pour le tirer avec elle prés d'une souche où ils pouvaient s'asseoir. -Moi aussi il y a des choses que je ne vis pas très bien...
Elle ne savait pas comment aborder le sujet. Elle était hésitante, et c'était certainement perceptible par le triturage de ses cheveux.
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Sujet: Re: Tourbillon d'idées noires [Isling] Dim 29 Nov 2020 - 1:58
S’il y avait bien quelqu’un qu’Isaiah ne pourrait jamais duper en prétendant être parfaitement comblé à un seul et même endroit, c’était Aisling. Elle le connaissait trop bien, depuis le temps. Ça faisait quand même cinq ans qu’ils étaient entrés dans la vie de l’un et de l’autre, et les secrets entre eux se faisaient de plus en plus rares. Le jeune homme haussa les épaules, laissant son regard se perdre sur la beauté autour d’eux. « C’est sûr … mais on est tous dans le même bateau cette année. Partout. » Ce n’était pas le moment de partir à la découverte d’autres frontières, celles-ci étant restreintes pour la plupart. Rien de plus joyeux ne l’attendait ailleurs, au contraire pour certaines destinations. La blonde ajouta qu’elle était cependant contente qu’il ne l’ait pas abandonné pour aller visiter le fin fond de l’Afrique. Un léger rire s’échappa d’entre ses lèvres. « J’te cacherai pas que dès que la situation se rétablira, dès que les voyages seront sécuritaires, j’tiendrai plus en place. Mais pour le moment j’y peux rien, et faut lâcher-prise face à ce qu’on ne contrôle pas. » C’était comme ça qu’il avait toujours fonctionné, Isaiah, mais depuis quelques mois il avait l’impression de ne pas avoir le contrôle sur grand-chose de ce qui ne lui plaisait pas de ce monde, et ça l’effrayait. Aisling le tira de ses pensées en l’emmenant vers une souche faisant office de banc, pour eux. Il s’y installa à côté d’elle et fronça légèrement les sourcils à son affirmation. La blonde se triturait les cheveux et fuyait son regard. D’un coup, l’inquiétude le gagna. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » Mis à part tout. Elle semblait avoir une pensée précise, et le jeune homme voulait évidemment savoir, et aider, s’il le pouvait.
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Elle hocha doucement la tête. -C'est vrai, mais est-ce que ça te console vraiment de te dire ça ?
Ce n'était pas parce que tout le monde était dans le même bateau que ça allait aider Isaiah à se sentir mieux d'être coincé ici. Ils n'y pouvaient rien, c'était certain. Et se torturer pour une chose sur laquelle ils n'avaient pas le contrôle... Ca n'avait pas de sens, mais n'était-ce pas le propre de l'être humain ? Elle détourna légèrement le regard, elle ne voulait pas montrer de déception. Elle ne voulait pas le retenir dans un endroit et le rendre malheureux. Mais elle n'arrivait pas à s'empêcher d'appréhender le moment où il pourrait repartir de nouveau. -Oui, je sais. Au moins, tu as le temps de réfléchir à ta prochaine destination.
Aisling n'avait pas vraiment emmené Isaiah dans la forêt pour discuter voyage. Enfin, évidemment, elle était à l'écoute de ses ressentis. Mais elle avait quelque chose d'autre en tête, et elle finit par se lancer. Ca la travaillait, et en ce moment, même, ça torturait presque. -Tu sais bien ce qui ne va pas... Je...
Elle soupira, tournant son regard vers le ciel. -Je ne tombe pas enceinte.
Elle tourna le regard vers Isaiah, comme désespérée. -Ca fait des mois... Tu ne vas pas me dire que c'est normal... Alors que je suis tombée enceinte deux fois par accident parce que mon stérilet s'est déplacé. Là je... Rien.
À la question d’Aisling, Isaiah haussa les épaules. Elle mieux que quiconque savait le confronter à lui-même. Parce que parfois, derrière ses airs optimistes et sa légèreté, il était possible de creuser. Et elle seule allait au-delà des apparences avec lui. « Oui et non. Je sais juste que j’ai pas à me plaindre plus que d’autres. Encore moins que d’autres, en fait. » Ceux qui étaient tombés malades, ceux qui avaient perdu des gens, ceux qui devaient jour après jour se mettre à risque pour le bien commun. Isaiah n’avait le contrôle sur aucun aspect de cette situation, excepté sa manière de réagir. Il essayait donc de garder le cap sur le positif et de ne pas trop penser à tout ce qui le mettait mal. Mais ces choses-là s’accumulaient et il était de plus en plus difficile de les laisser de côté, c’est vrai. « Ouais, même si j’ai jamais trop aimé prévoir. » Il était plutôt du genre à arriver à l’aéroport et choisir une destination au hasard, ayant pris soin de mettre dans ses bagages ce qui pourrait convenir à plusieurs climats. Toujours dans le strict minimum malgré tout. Ils allèrent finalement s’asseoir en bordure du sentier, sur une souche parfaite pour le rôle. Isaiah, soucieux, écouta les confidences de la blonde en sentant son cœur se serrer. Il baissa les yeux vers leurs mains qu’il enlaça ensemble. « Je n'avais pas vu que ça t’affectait autant … » Réalisa-t-il d’abord. « Je me suis aussi demandé pourquoi ça prenait autant de temps, mais je sais aussi que beaucoup de couples mettent des mois à y arriver … Je n’ai pas voulu réfléchir plus loin que ça, je pense. » Admit-il. Il se rapprocha d’Aisling, cette pourtant mince distance l’écrasant. « Rien ne presse, Ais’. Ça prendra le temps que ça prendra. Se mettre de la pression n’est pas sain … » Mais se voiler la face non plus.
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Aisling esquissa un léger sourire avant de passer la main dans les cheveux d'Isaiah.
-Sans doute. Mais tu ne peux pas te forcer à être heureux pour autant non plus.
Il y avait toujours plus à plaindre que soit dans ce bas monde. Mais répondre ça à ceux qui se plaignaient, ça ne faisait que les frustrer davantage. La tristesse et le désarroi de tout être était légitime et avait le droit d'être entendu. En quoi pouvait-elle bien être utile à Isaiah si elle ne pouvait même pas écouter ses plaintes ? Aisling hocha doucement la tête. Est-ce que ça l'étonnait vraiment ? Non, c'était du grand Isaiah de se pointer à l'aéroport et de prendre une destination au hasard. Elle n'avait jamais été comme ça, Aisling. Et pourtant, Dieu sait à quel point elle avait été libre. -On voyagera ensemble, un jour.
La blonde finit par craquer, lui avouant son mal être face à sa grossesse qui se faisait tardive. Elle se mordait la lèvre, essayant de contenir ses émotions. Elle baissa les yeux. -J'ai essayé de faire comme si tout allait bien...
Elle ne voulait pas inquiéter Isaiah, ou qui que ce soit d'autre d'ailleurs. Elle vint se blottir dans ses bras alors que des larmes coulaient silencieusement sur ses joues. Elle avait tellement besoin de lui. -Je... J'ai peur d'avoir un problème Isaiah... A cause de la fausse couche peut-être, je...
Le visage dans son cou, elle l'enlaça encore un peu plus fort contre elle. -J'ai pas le droit d'être heureuse...
Un léger sourire se dessina sur les lèvres d’Isaiah à son tour. « C’est difficile d’avoir à me forcer à être heureux quand j’suis avec toi, aussi. Ça se fait naturellement. » Dit-il, mielleux, avant de pousser tout légèrement Aisling de son épaule dans un rire, sachant fort bien qu’une remarque du genre risquait de la faire vomir. C’était quand même la vérité. Il avait beau ne pas pouvoir voyager, Isaiah, ça ne le rendait pas malheureux pour autant. C’était une ombre, c’était un nuage au-dessus de sa tête. Une faille dans son monde rose bonbon. Mais il n’était pas malheureux, juste un peu moins vivant qu’il pouvait l’être à son habitude. « J’ai déjà hâte. » Dit-il en serrant la main d’Aisling dans la sienne à propos des voyages. Siobhan serait bientôt assez vieille pour les accompagner et pouvoir en profiter, enregistrer des souvenirs. Peut-être que d’ici-là à ce qu’ils puissent s’envoler à nouveau, Aisling aurait un ventre arrondi ou carrément un nouveau-né à trimballer en porte-bébé, aussi. Mais ce n’était pas gagné d’avance et, surtout, Isaiah avait désormais cette boule au ventre quand il songeait à l’avenir qu’il léguait à Siobhan, et à cet enfant-idée. La blonde aussi, avait une boule au ventre, mais pour une raison toute autre que l’ébéniste. Elle le voulait tant, ce bébé, qui tardait bien trop à venir. Isaiah la regarda avec tristesse et douceur tout à la fois. Ça le brisait de savoir qu’elle avait essayé de garder la tête haute, pour lui sans doute. Le jeune homme l’accueillit contre lui, dans ses bras. « Tu voudrais qu’on aille passer des tests chez le médecin ? Autant toi que moi … voir si tout est ok … nous rassurer. » Parce que dans sa tête, Aisling n’avait pas de problème, mais qui était-il pour avoir ce genre de certitude ? Il ignorait ce qu’une fausse couche pouvait causer comme difficultés pour d’éventuelles grossesses. « Mais si, t’as le droit, Ais. T’as le droit. » Chuchota-t-il en la consolant. « Qu’est-ce que je peux faire, en attendant, pour apaiser un peu ta souffrance ? » Demanda-t-il, ne supportant pas de la voir ainsi. Elle avait le droit au chagrin, le droit de pleurer toutes les larmes de son corps. La tristesse était une émotion tout autant légitime qu’une autre. Mais elle faisait plus mal à regarder chez l’être aimé.
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Aisling leva les yeux au ciel avec un petit sourire amusé avant de mettre une petite pichenette sur le nez d'Isaiah. -A d'autres va.
Il la poussa doucement de l'épaule et ils rirent en cœur.
Elle appuya doucement la tête sur son épaule. D'un côté, elle avait un peu peur de se lancer dans un périple avec Isaian, mais d'un autre, elle savait que ça ne pouvait être qu'une belle expérience.
Plus belle que les mois d'attente dans la conception d'un enfant en tout cas. Parce que Aisling n'en pouvait plus, persuadée d'avoir un réel problème. Il faut dire que sa fausse couche avait été un épisode traumatisant. Elle n'avait, certes, pas perdu un bébé qu'elle désirait depuis des années contrairement à certaines femmes. Mais elle avait tout de même senti la vie échapper de son corps. Ces saignement et les opérations gynécologiques pour s'assurer que tout était bien "parti" avait été physiquement traumatisant. Elle ne pouvait s'empêcher de haïr encore plus tous ceux qui arguaient que les femmes recourant à l'avortement ne faisaient qu'utiliser la solution de facilité.
Elle était persuadée, Aisling, que toutes ces violences avaient cassé quelque chose à l'intérieur d'elle. Ca ne s'appuyait pourtant sur rien, les médecins ne lui avaient pas dit qu'elle était à présent stérile et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'en être intimement persuadée face à cet échec. -Des tests...
Aisling enfouit son visage dans le cou d'Isaiah. Son cœur battait. Avec des tests elle en aurait le cœur net. Mais est-ce que c'était ce qu'elle voulait ? Elle avait trop peur de la réponse. Elle voulait garder un petit espoir. -Peut-être que... Il faudrait le faire, à un moment...
Elle restait blottie dans ses bras. Elle se sentait trembler sous l'émotion et la tristesse. Elle avait besoin de lui, tellement besoin de lui. Elle le savait, elle n'avait jamais aimé personne comme elle aimait Isaiah. Personne n'avait autant essayé de la comprendre, de prendre soin d'elle. Jamais, auparavant, elle avait autant voulu rendre quelqu'un heureux. -Rester prés de moi...
Il ne pouvait prétendre comprendre la douleur, la souffrance, le traumatisme qu’Aisling avait vécu en traversant ce triste passage qu’avait été sa fausse couche. Si Isaiah avait lui aussi subit ce deuil, en apprenant qu’elle avait été enceinte mais que ça leur avait tout aussi vite été enlevé, il n’avait pas passé à travers toutes les étapes médicales qui suivaient l’annonce. Comme si les saignements n’étaient pas assez. Comme si la constatation qu’on avait un tout petit début d’être en soi, et qu’on se retrouvait tout d’un coup vide et seul, n’était pas assez. Isaiah n’avait peut-être pas assez pris le temps d’écouter Aisling là-dessus. Il n’était pas parfait, il ne savait pas toujours s’il fallait continuer à avancer ou prendre le temps de s’arrêter, longuement, pour vivre la tristesse. Personne n’était construit de la même manière. Mais il apprenait aujourd’hui que la fausse couche était une ombre, un nuage sombre, qui suivait la blonde depuis tout ce temps. Et maintenant qu’ils essayaient d’avoir des enfants mais que le projet ne se concrétisait pas, ce nuage-là déversait sa pluie de doutes sur Aisling. Isaiah aussi avait ce genre de nuage depuis un moment, mais la pluie ne trouvait pas sa source à la même place. L’ébéniste proposa d’aller passer des tests, après tout c’était une manière directe d’obtenir quelques réponses. Repousser le moment ne ferait qu’allonger le mal, à son avis. « Ça nous permettrait d’être fixés, et de songer à des alternatives, s’il le faut. » Dit doucement Isaiah en serrant la jeune femme contre lui, murmurant à travers sa chevelure. Elle continuait à grelotter de chagrin, et ses caresses dans son dos ne semblaient pas l’apaiser. Dans son impuissance, il demanda alors ce qu’il pouvait faire. Aisling était la mieux placée pour savoir ce dont elle avait besoin. À sa demande, Isaiah répondit : « Toujours. » Même s’il n’était pas du genre à faire des plans pour le long terme, Aisling lui avait appris avec le temps, sans même avoir à le lui enseigner, que parfois c’était bien de se permettre de rêver un peu à un futur en commun. Qu’il n’y avait pas de mal à laisser son imagination désirer vieillir auprès d’elle.
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Isaiah avait raison, elle avait fréquemment raison d'ailleurs. Il était bien plus sage qu'elle, bien plus adulte. Qu'est-ce qu'il lui trouvait ? Qu'est-ce qu'il aimait chez elle ? Comment est-ce qu'elle pouvait être capable de le rendre heureux ? Le problème, momentanément, dans l'esprit d'Aisling, n'étaient pas tant qu'ils étaient différents, parce que ce n'était pas une surprise, mais plutôt qu'ils semblaient être à des stades différents de leur vie. Ils n'avaient pas le même âge. Ca non plus, ce n'était pas une surprise mais... Pourquoi se posait-elle toutes ces questions maintenant ? Pourquoi se mettait-elle à douter de tout, absolument de tout, sauf de lui, de sa constance et de son amour ? Est-ce qu'elle avait déjà été si inconfortable un jour dans sa vie ? Est-ce qu'elle avait déjà autant eu peur de foutre quelque chose en l'air ? Elle acquiesça silencieusement, d'un signe de tête, en se blottissant davantage contre lui. -D'accord, on... On essaiera.
Elle avait peur des tests, qu'on puisse, encore, retoucher médicalement à son intimité comme lors de sa fausse couche, elle avait peur des résultats des tests, aussi. Si elle s'avérait stérile, est-ce qu'Isaiah resterait prés d'elle ? Il lui promettait aujourd'hui, de rester à ses côtés, mais est-ce que ce serait vrai demain aussi, peu importe ce qui leur arriverait ? Et si ça ne l'était pas, qu'est-ce qu'elle deviendrait ? S'il s'en allait ? Elle avait si peur que si ces idées avaient tourné dans sa tête alors qu'elle était seule, elle aurait probablement fait une crise de panique. Mais il était là, et sa présence permettait au moins de calmer un peu les battements de son cœur. Elle continua de l'enlacer, enfouissant son visage larmoyant contre son cou. -Je suis désolée de te causer autant de problèmes... Je n'ai jamais apporté que ça, des problèmes...
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Sujet: Re: Tourbillon d'idées noires [Isling] Ven 1 Jan 2021 - 0:14
À son tour, Isaiah acquiesça. Ils allaient passer les tests, tous les deux, et voir si quelque chose clochait ou s’il fallait juste montrer un peu plus de patience. Au moins, ils en auraient le cœur net et cesseraient de constamment douter. S’ils apprenaient qu’ils ne pouvaient pas avoir d’enfants, pour une raison X ou Y, ils pourraient également cesser de vivre la déception à tous les mois, quand Aisling avait ses menstruations. Ça aussi, ça les tuait à petit feu dans leur espoir. Plutôt que d’attendre chaque cycle qui passe, ils pourraient au moins se tourner vers des alternatives. Il y en avait, maintenant, des solutions. Si l’assistance médicale à la procréation n’était pas non plus possible selon les orientations du médecin, alors il y avait la possibilité d’adopter, ou même de devenir famille d’accueil. Isaiah avait toujours pensé que c’était un magnifique geste, d’accueillir des enfants qui n’avaient pas de chance. Freja avait d’ailleurs récemment sauté le pas et il trouvait cela très beau. « Ok. On prendra rendez-vous bientôt. » Parce qu’ils n’auraient peut-être pas un rendez-vous en un claquement de doigts. Isaiah appellerait la clinique, si c’était plus facile pour Aisling. Lui qui se tenait généralement loin des téléphones et des listes d’attente sur lesquelles on fait jouer de la musique irritante et de piètre qualité, il était prêt à se mettre en ligne pendant trois heures si c’était pour qu’ils aient un rendez-vous tous les deux, ensemble. De petits gestes qui, peut-être, chasseraient les doutes qu’avait Aisling sans les prononcer. Isaiah n’avait aucune idée que derrière son toujours, la blonde remettait quand même tout en doute. Pour lui c’était une évidence qu’il resterait auprès d’elle, pour elle c’était une crainte qu’un jour ça ne suffise plus. Pouvait-on la blâmer ? Isaiah avait toujours choisi de vivre sa vie comme bon lui semblait. Son bonheur, il le créait, en suivant ses envies. Et si ses envies le portaient éventuellement ailleurs ? « Are you kidding ? » Demanda Isaiah d’une voix toute douce. « Tu ne m’as jamais apporté que de la douceur, Lingling. » Ah, ce surnom, ce vieux surnom qu’il utilisait un peu moins ces années-ci, mais qui marquait à jamais le balbutiement de leur relation. De leur amitié, de leur amour, de ce lien puissant qui les unissait. Les minutes passèrent, puis, regardant le soleil au-dessus de leur tête, l’ébéniste dit : « On peut continuer notre marche ou rentrer quand tu veux. Ou on peut rester assis ici pendant des heures. Tu le sais. » Elle savait que rien de mieux n’attendait Isaiah, peu importe ce qu’ils faisaient. Il était dans le ici et maintenant, avec elle. C’était tout ce qui lui importait.
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Aisling leva les yeux vers Isaiah à l'évocation de son vieux surnom. Ses yeux étaient plein de larmes, mais c'est un petit rire qui s'échappa de ses lèvres. -De la douceur...
Elle secoua la tête de gauche à droite. -Je suis sûre que même toi tu ne me qualifierais pas de douce.
Pourtant, elle continua de l'enlacer, sa joue posée contre son épaule, les yeux levés vers lui. Parce qu'elle aimait le regarder. Parce qu'il était beau. Parce que son visage était toujours si apaisant. Elle caressa tendrement ses doigts du bout des siens avant de déposer un baiser sur sa joue. -Il y a plein de femmes bien plus douces que moi. Tu le sais très bien. Si c'était vraiment ce dont tu avais besoin, tu ne serais pas avec moi.
Elle appuya son index contre son menton, pensive.
-Non je pense que je t'apporte beaucoup d'embêtements, des fous rires... Et une grande satisfaction sexuelle, parce que je suis très douée !
Elle finit par essuyer les larmes qui avaient coulé sur ses joues d'un revers de la main. Il fallait qu'elle se ressaisisse. S'apitoyer sur son sort n'allait pas améliorer la situation, elle le savait très bien. Et puis Isaiah était là pour lui remonter le moral. Elle acquiesça finalement d'un signe de tête, se levant du tronc en prenant la main de mon amoureux pour l'emmener à sa suite. -Marchons encore un peu, je pense que ça me fera du bien.
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Sujet: Re: Tourbillon d'idées noires [Isling] Dim 24 Jan 2021 - 20:35
Évidemment que de qualifier Aisling de douce, ça semblait assez douteux. Ça le fit d’ailleurs rire. Après que la blonde eut déposé un baiser sur sa joue, il s’expliqua : « J’ai dit que tu m’amenais de la douceur, pas que toi, t’étais douce. » Lâcha-t-il d’une voix légère et amusée. Il la regarda du coin de l’œil, puisque sa tête était toujours appuyée contre lui, il n’était pas aisé de guetter parfaitement ses réactions. Il continua de sourire avant d’ajouter : « Même à travers les arguments, les désapprobations, les matins plus bougons … ça a toujours été fait avec amour quand même, non ? C’est ça pour moi la douceur. » Leur relation n’avait rien de toxique, elle était simple et belle. Il était normal d’avoir certaines querelles et des malentendus, c’était d’ailleurs sain auprès d’une personne qu’on côtoie aussi intimement. Entre eux, c’était fait dans le respect et l’amour et c’était ce qu’Isaiah tentait de lui dire. Il n’avait pas besoin d’une femme trop gentille, trop conciliante, trop aimable. Aisling ajouta qu’elle pensait surtout lui amener des embêtements, des fous rires, et une grande satisfaction sexuelle. Isaiah éclata de rire. « On a ici la preuve pour les fous rires, ouais … » Il reprit son sérieux, enfin … pas vraiment. « Pour la satisfaction sexuelle … il faudrait que tu me rafraîchisses la mémoire un peu … » Évidemment, tout cela n’était que stratagème, et peu subtile d’ailleurs. Il ne cherchait de toute façon pas à cacher ses intentions. Quand même, Isaiah n’oubliait pas leur conversation d’un peu plus tôt et il savait fort bien qu’Aisling n’aurait probablement pas la tête à ça. Ce n’était qu’une blague pour rajouter à la sienne. D’ailleurs, revenant un peu dans son état d’esprit d’un peu plus tôt, c’est-à-dire à l’écoute des besoins de sa petite amie, il lui laissa le choix sur la suite. Rester ici, rentrer, continuer à marcher, peu lui importait si ce n’était que son bien-être. La jeune femme se leva, invitant Isaiah à la suivre de sa main. Il se leva à son tour du tronc et suivit la blonde, s’enfonçant un peu plus encore dans les sentiers de la forêt, comme si cette dernière pouvait engloutir leurs doutes du même coup.
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Sujet: Re: Tourbillon d'idées noires [Isling] Dim 31 Jan 2021 - 14:27
La douceur était donc l'amour pour Isaiah ? La jeune femme ne pouvait pas vraiment contester. Sa vie était effectivement plus douce depuis qu'elle était auprès de lui. Elle était moins autodestructrice, elle essayait de construire quelque chose, et son amoureux lui amenait toujours le calme qu'elle n'avait pas. -J'imagine que oui.
Elle leva les yeux vers lui, esquissant un léger sourire.
Aisling fit la moue alors qu'il remettait en doute ces capacités en terme de sexualité. Bien sûr, si elle avait été un peu mature, la jeune femme n'aurait pas répondu à une telle provocation. Mais elle ne l'était pas toujours, et surtout, malgré le fait qu'elle sache qu'il n'était pas sérieux, il piquait son ego et la mettait au défi. -Tu vas voir, tu vas regretter tes paroles !
Elle eut un sourire en coin, visiblement taquin avant de se lever pour l'entraîner avec elle. Si marcher et s'aérer l'esprit lui ferait du bien, il y avait finalement autre chose qui lui ferait du bien. Une fois qu'ils furent un peu plus enfoncés dans la forêt, la blonde tira sur le bras de son amant pour le faire sortir du sentier, l'entrainant derrière un arbre pour l'embrasser. Peut-être, oui, qu'elle avait besoin de ces moments de folie pour aller mieux, pour se retrouver eux, et surtout, pour se retrouver elle.