Walking the tightrope with you (beth)

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walking the tightrope with you
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@beth ellington & @zak addams

Aujourd’hui, je me sentais le plus heureux des hommes. La dernière fois que j’avais ressenti quelque chose de si fort, et encore, cela n’avait franchement rien de comparable, c’était le jour où j’avais ouvert mon premier restaurant. Ce moment où j’avais eu les clefs et où j’avais posé le premier coup de peinture, ce moment qui sentait le neuf, le point de départ d’une aventure nouvelle. Comme j’aimais ces points de départ, chargé d’inconnu et d’excitation. Mais cette journée là, celle que je vivais dans le moment présent, était teinté d’une émotion toute particulière, une émotion que je ne pouvais décoller de mon visage. La petite Ivy gazouillant dans mes bras, j’entrais dans ma maison, Beth à ma suite.
— Alors, crapule ! Tu vois ? Je t’avais bien dis qu’on réussirait à convaincre ta maman…
Le petit monstre battit des pieds contre mon ventre et lâcha une exclamation joyeuse, comme si elle se faisait le témoin du bonheur qui entrait soudain dans ma maison. Coulant une regard tendre sur la belle anglaise, je pris un moment pour l’observer, pour imprimer dans mes rétines cette image. Beth Ellington qui emménageait avec moi. Je tendis mon bras libre vers elle pour qu’elle l’attrape.
— Viens-là, lui dis-je avec un clin d’oeil avant de saisir sa main et de tirer la jolie brune vers moi, pour venir déposer sur ses lèvres un baiser plein de fougue.
J’aurais aimé donner de l’ardeur au baiser, mais la petite Ivy sembla me rappeler à l’ordre, chouinant doucement pour réclamer un peu d’attention. Je souris contre les lèvres de Beth puis rompit le baiser avec douceur.
— Tu peux pas savoir comme je suis heureux…

Treize voyage entre l'appartement et la maison de Zak. Treize, ironiquement, comme l'appartement que la brune laissait derrière. Accepter d'emménager avec Zak n'avait pas été simple. D'une part, elle en avait envie. Sa relation avec Zak durait depuis maintenant plusieurs mois et il s'impliquait réellement dans la vie d'Ivy, au même titre qu'un beau-père le ferait. Il s'était fait un place dans le quotidien des deux filles, une place qui n'était pas indétrônable. Cependant, i y avait cette part de Beth qui sentait qu'elle laissait derrière tout ce qu'elle était. Azriel, Milo, le 13, les souvenirs, les nuits à cajoler Ivy avec les garçons à ses côtés, les pancakes pour petit déjeuner. Elle avait peur, elle était effrayée, complètement terrorisée à l'idée qu'elle soit vite oubliée ou remplacée. Néanmoins, elle voulait avancer. Et ce désir se transcrivait par une nouvelle étape dans leur vie. Donc, treize voyage plus tard, tout était là, un peu pêle-mêle dans la maison du cuisinier, tout restait encore à être placé, mais tout y était. Leur petite vie, à toutes les deux, faisait rencontre à la vie de célibataire de Zak. Ce dernier voyage avait été ponctué d'Ivy sur le siège arrière, dans son banc de bébé, et de longs sourire jusqu'à en arriver enfin à la maison. Zak s'occupait de la petite, alors que Beth restait en retrait, admirant la scène au loin. Elle étouffa un rire alors que sa rockstar au coeur tendre parlait au bambin comme si Ivy pouvait le comprendre. Au delà de ses presque neufs mois, Ivy ne pouvait pas encore tout comprendre, mais Zak était tendre à regarder, lui qui s'amusait à gazouiller pour faire apparaître un sourire sur le visage de sa fille.

Quand il se retourna, Beth le regardait avec de l'amour dans les yeux. Et le clin d'oeil qu'il coula sur sa douce ne fit que faire augmenter cette passion. Beth attrapa la main de Zak, se laissant attirer dans ses bras avec une douceur infinie. Et sur ses lèvres, il vint déposer un baiser avec une fougue qu'elle lui connaissait bien. Beth poussa un gémissement, son ventre qui s'électrisait, encerclant le visage  de l'homme de ses petites mains pour mieux répondre à se baiser qui fut interrompu par les gazouillements de la petite Ivy. « Je suis heureuse moi aussi », murmurait-elle contre les lèvres de Zak, désirant faire perdurer le moment, jusqu'à ce que Ivy s'impatiente et demande les bras de sa maman. « Viens ici, mon coeur », fit-elle en la récupérant, embrassant la tête de la petite. Elle la posa au sol, Ivy fit deux pas. « C'est ta nouvelle maison.. » Et la petite s'élança. Rapidement, Beth eut un regard vers Zak. « Zak, dis-moi que tu as posé toutes les sécurités pour enfant!? » Elle lui avait demandé de s'en charger avant leur arrivée. Les barrières pour les escaliers, les serrures pour les portes d'armoires et les loquets pour les portes des pièces. Pitié, faites qu'il y avait pensé.

Faire emménager Beth chez moi n’avait pas été une mince affaire. La jeune femme avait eu besoin de temps pour se faire à l’idée, ce que j’avais évidemment compris tout de suite. Je n’avais pas cherché à lui mettre la pression, mais quand j’avais formulé mon envie de la voir déposer ses valises chez moi, j’avais bien décelé ses doutes et ses appréhensions. Je la savais, notamment, extrêmement liée à ses colocataires, qu’elle considérait comme sa famille, et je comprenais qu’il était difficile pour elle de les quitter. Quant bien même elle restait dans la même ville, à quelques minutes en voiture de chez eux. Azriel, Milo, ou même son amie Lys (la meilleure, on le sait tous :p) étaient les bienvenus chez nous de toute façon, la jeune femme n’avait pas à subir une séparation en venant vivre avec moi, cela n’était absolument pas mon souhait, et j’avais passé de nombreuses heures à la rassurer sur le sujet, jusqu’à la convaincre enfin. J’étais heureux, tellement heureux. La belle anglaise, en entrant dans ma vie, avait fait de moi un homme différent, prêt pour l’engagement. Si j’avais toujours su que j’aurais un jour ma propre famille, je n’avais jamais pensé que cela arriverait de si tôt. Pourtant, Beth et Ivy s’étaient fait une place, dans mon coeur, dans ma vie et a présent, je leur offrais un espace dans ma maison, dans notre maison. J’étais heureux.
— Bien sûr que j’ai mis toutes les sécurités, rassurai-je Beth quand elle me posa la question, je suis le meilleur beau-père du Monde, Ivy te l’a déjà dis, non ?
J’avais passé une après-midi entière à poser ces fameuses sécurités, et pas uniquement parce que Beth me l’avait demandé. Il était hors de question que ma fille adoptive ne se fasse mal en voulant explorer sa nouvelle maison. La petite marchait depuis peu, elle était encore maladroite dans ses gestes et tombait parfois, mais elle était volontaire et finissait toujours par se relever pour persevérer dans son apprentissage. Avec tendresse, je la regardai faire ses premiers pas dans son nouveau chez elle, un sourire heureux sur le visage.
— C’est dingue, elle grandit tellement vite, fis-je remarquer à Beth.
Je passai une main sur la taille de l’anglaise et caressai sa joue avec délicatesse.
— Alors, tu te sens comment ? Je sais que c’est un grand changement…

Non, ça n'avait pas été une mince affaire. Elle avait d'abord refusé, Beth, d'emménager avec lui non pas par manque d'envie, mais parce que cela impliquait de quitter sa vie, quitter les garçons et sa sécurité pour le lancer dans quelque chose qu'elle n'avait jamais vécu avant : vivre avec un homme qu'elle aimait. Se lasserait-il d'elle? Trouverait-il tout ses défauts fatigants? Tout ça restait à voir. Mais Beth se sentait désormais prête à avancer avec Zak, à trouver où était la place de leur couple dans un quotidien qui les ferait s'aimer tous les jours, ensemble jusqu'à la fin.

Consigner vie amoureuse et relation amicale serait sans doute difficile, à présent. Parce qu'il ne fallait pas être dupe, Beth allait voir de moins en moins les garçons et Lys. Azriel et Milo avaient une vie. Et vivre sous le même toit les forçait d'un heureux hasard à se voir souvent, à prendre le temps de discuter autour d'un thé ou à manger ensemble. Chose qui serait moins fréquente alors que ses derniers cartons étaient chez Zak à présent. Il faudrait trouver une nouvelle façon de fonctionner, de nouvelles routines. Mais une chose demeurait certaine : Beth n'imposerait pas la présence de ses amis à Zak. Ça, c'était hors de question. Déjà qu'elle lui imposait Ivy.

Parlant d'Ivy, alors que la petite avait été posé au sol, elle se mettait à se pavaner en titubant de droite à gauche, tombant par moment sur les fesses pour se relever avec persévérance. Voilà quelques semaines qu'elle se déplaçait à deux pattes, créant des frayeurs chez la jeune maman. Surtout dans la maison d'un cuisto qui avait, cela dit, plus d'un appareil de cuisine rangés dans les tiroirs ainsi que des escaliers à créer de l'anxiété chez Beth. Heureusement, il avait apposé toutes les sécurités nécessaires. « Je crois qu'elle en a vaguement parlé, oui », gloussait Beth, s'adoucissant. « Entre les mots caca et pipi, oui », fit-elle en lui tirant la langue. Il l'était, le meilleur beau papa. Il l'était. Alors, évidemment qu'il avait pensé à tout. « À qui le dis-tu... », lâcha d'ailleurs Beth lorsque Zak parlait d'Ivy qui ne cessait de grandir. « Il y a presque un an, elle était dans mon ventre... Ça me donne presque envie de retourner à cette période-là. » Ce n'était pas un message subtil pour lui faire comprendre qu'elle voulait d'un second enfant. Mais, en vérité, Beth n'avait pas réellement profité de sa grossesse comme il se devait... Et elle le regrettait. La douce main du Canadien vint caresser son visage. Tendrement, Beth lui sourit. « Déchirée entre la tristesse d'avoir abandonné Milo et Azriel et le bonheur de commencer une nouvelle étape avec toi », avouait-elle avec timidité. « Mais ne penses pas que je ne suis pas heureuse... Tu me rends heureuse... »

Rien de tout ça n’était planifié dans ma vie. Si on m’avait dit, ne serait-ce qu’un an en arrière, que j’allais trouver avec Beth Ellington, cette petite anglaise enceinte qui m’avait tapé dans l’oeil le premier jour où elle était entrée dans mon restaurant, une harmonie que je n’avais jamais connue avec aucune autre, si on m’avait dit que j’allais me mettre en couple rangé, et accueillir dans ma vie, une petite fille dont je serais l’heureux beau-père, je n’y aurais jamais cru. Non pas parce que cela me paraissait si fou que ça, en soi, mais parce que tout c’était passé si vite. Et d’un autre côté, ces changements dans ma vie me remplissait de joie, de même que je me sentais porté par une euphorie douce depuis que l’anglaise avait accepté de venir vivre avec moi. Beth et moi regardâmes la petite Ivy évoluer doucement dans sa nouvelle maison, explorant timidement les lieux de sa démarche hésitante d’enfant qui venait juste d’apprendre à mettre un pied devant l’autre. Beth eut un élan de nostalgie, je coulai sur elle un regard tendre, souriant chaleureusement.
— Ca passe tellement vite…
Et je ne parlais pas uniquement de cette rapidité avec laquelle la fille de Beth grandissait. Ivy était seulement un repère du temps qui s’était écoulé dans nos vies depuis que nous avions commencé à nous fréquenter sérieusement. Je me souvenais encore, comme si c’était hier, du temps où j’observais avec fascination le ventre rond de Beth Ellington. Aujourd’hui, nous avions un bébé qui galopait devant nous. C’était fou quand on y pensait ! Ce chamboulement, malgré tout, était plus facile à vivre pour moi que pour Beth, j’en avais bien conscience, aussi lui demandais-je comment elle appréhendait tout ça, histoire d’être certain qu’elle ne regrettait rien.
— Tu ne les abandonne pas, la rassurai-je, je sais que c’est un grand chambardement dans ta vie, dans vos vies de colloc, mais ils sont les bienvenu ici, autant qu’ils le souhaitent. Je ne pourrais pas te priver d’eux, ni Ivy de ses oncles et puis…je les aime bien, moi aussi. Je suis certain qu’ils ne seraient pas contre de venir prendre un apéritif de temps en temps ou de profiter de la piscine et du jacuzzi.
Je souris tendrement à la jeune femme, avant de replacer une mèche derrière son oreille.
— Je suis heureux qu’on passe cette étape tous les deux, c’est nouveau pour moi aussi, tu sais…j’ai jamais vécu avec une femme, ou enfin…c’était un contexte très différent.

« Oui... », soufflait Beth avec émotion alors que lui cuisinier lui exposait leur réalité qui défilait à une vitesse monstre. Iy grandissait à vu d'oeil, chaque jour elle était capable de bien plus que le précédent. Et on ne parlait effectivement pas que d'Ivy lorsque l'on utilisait l'expression choisie, mais tout autour. Leur couple s'était fait vite, l'emménagement, tout ça. Et même si elle s'y était d'abord opposée, Beth n'avait pas tardé pour finalement accepter la proposition de son petit-ami.

Ça avait pourtant été difficile pour elle de faire ce choix, partagée entre sa presque famille de toujours et sa nouvelle vie. Partagée entre l'amour fraternel et amoureux. Le choix avait été difficile. Et un comme l'autre aurait fini par blesser l'un des deux partis. Et finalement, elle s'était posée la question sous différents angles. Un jour, les garçons auraient voulu leur intimité. Ivy était bien adorable, mais pour le moment elle était encore gérable. Qu'en aurait-il était de ses deux ans de terreurs? C'est quatre ans de malheurs? Des questions gênantes qu'elle aurait pu leur poser alors qu'ils étaient avec leur petites-amies? Zak semblait vouloir s'investir auprès de cette petite famille, représenter la figure paternelle qui manquait à Ivy, Rafael qui avait finalement lâchement quitté leur vie. Alors, Beth avait fait le choix de former son cocon. Elle était bien avec Zak. Et elle se voyait bien évoluer à ses côtés. Elle s'était donc lancé. « Ce n'est pas une question de me priver d'eux », reprit-elle en soupirant. « Ici, c'est bien plus chez toi. Je ne les verrai donc plus autant qu'avant. Et il nous faudra nous adapter. Il y a moi, mais il y a Ivy aussi... Elle aussi, elle vit u changement. » La petite gazouillait dans la cuisine. « Même si, à priori, elle adore ta maison », gloussait-elle avec timidité.

Zak brisait à nouveau la distance entre eux, replaçant une mèche rebelle de la chevelure de la jeune Anglaise. Elle baissa les yeux. Et elle ne les remontant que lorsqu'il termina sa phrase, la faisant froncer des sourcils. « Comment ça, pas le même contexte? », demandait-elle, intriguée. « Tu me compares avec lorsque tu vivais avec ta mère? », demandait Beth en laissant un fin sourire venir se poser sur son visage. Il ne lui avait jamais parlé d'une femme dans sa vie, autre que sa mère.

Deux personnes amoureuses qui emménageaient ensemble, c’était une étape. Une sacrée étape. C’était une épreuve, même, parfois. Un moment de vérité. Après l’envie et la décision, il y avait la phase de test, savoir si nous étions réellement fait pour être ensemble allait se jouer là. Et si je n’avais jamais vécu cette étape cruciale avec une autre femme, ou du moins pas aussi sérieusement qu’avec Beth, j’étais plutôt confiant. Quelque chose, quand je posais les yeux sur Beth, me raccrochait à un sentiment de sureté, à une vérité que je sentais dans mes tripes, que j’avais ressenti dès le début : Beth était la femme de ma vie. J’en étais convaincu. Bien avant que je ne réalise que je l’aimais, que les choses se dessinent entre nous, qu’on devienne un couple, j’avais su que Beth était une femme à part, une femme pour moi. Ca paraissait dingue dit comme ça, mais j’étais persuadé que la destinée avait eu son rôle à jouer là-dedans. Qu’elle avait poussé Beth à entrer dans mon restaurant la toute première fois, et qu’elle m’avait poussé, moi, à venir lui parler, à lui insuffler un sentiment de confiance pour lui permettre de se confier. Un sourire tendre au lèvre, je regardai le petite Ivy déambuler dans sa nouvelle maison, puis reportai mon attention sur sa mère. Ce que nous vivions était dingue, mais cela m’emplissait de joie. J’avais le sentiment que ce moment était hors du temps. Il était si précieux en tout cas.
— On fera tous les changements qu’il faut pour que tu te sentes chez nous.
Je me penchai vers elle et avec toute la douceur dont j’étais capable, je capturai ses lèvres. Oui, c’était nouveau, c’était du changement, mais nous nous aimions forts, tous les trois pour que tout se déroule au mieux. Je lâchai un petit rire, quand Beth évoqua ma mère.
— Non, pas ma mère. Ca fait bien longtemps que j’ai quitté sa maison. Je n’avais même pas dix-huit ans quand j’ai commencé à faire de la musique, et donc à bouger. Non. Mais j’ai eu des colocataires. Mais ce qu’on vit là, ça n’a rien à voir avec ce que j’ai vécu avec Gisella. Le contexte était très différent.

Ce midi-là, quand elle avait fait irruption dans le restaurant de Zak, jamais elle ne se serait douté que quelques mois plus tard, un an tout au moins, elle serait à décharger sa voiture d'un treizième voyage de cartons et qu'elle poserait ses valises chez lui. Avec lui. Comme un couple. À son entrée au restaurant de Zak, elle avait perdu foi en l'amour et aux hommes, blessée par celui avec qui elle avait fait un enfant, celui qu'elle était venue retrouver en Australie. Petit à petit, Zak lui avait montré que c'était possible de regagner confiance. En elle, d'abord, mais aussi envers un homme. Leur petit manège n'avait duré que quelques mois avant de devenir de réels rencards. Il avait fallu cette rencontre à l'improviste sur la plage, cet échange de sms, cette soirée au bowling et, finalement, la soirée d'anniversaire du cuisto pour que naissent, entre eux, des sentiments bien plus forts que l'amitié qu'ils se disaient avoir. À ce jour, le regarder prendre son de sa fille comme si c'était la sienne, confirmait à la brune qu'elle avait pris la bonne décision en acceptant ce premier rencard avec lui. Il n'y avait plus aucun doute, à ce jour, elle en était convaincu : Zak était l'homme de sa vie.

« Je trouverai ma place. Le plus important, c'est que l'on soit ensemble. Tous les trois », le rassurait-elle en lui souriant, répondant à son baiser avec douceur. Zak se réjouissait de l'étape qu'ils franchissaient en tant que couple. Et mis à part Azriel et Milo, Beth n'avait jamais emménagé avec un garçon. Encore moins un garçon qu'elle aimait. Il n'avait jamais été question de cela avec Rafael, leur relation n'avait rien de telle. Ivy continuait son exploration, testant les sécurités installées aux armoires de cuisine. Elle adorait les casseroles, le bruit qui faisait le métal lorsqu'il s'interloquait. Et, instinctivement, la petite savait où les adultes avaient tendance à les ranger. Beth la regardait faire, amusée, Ivy qui tentait par tous les moyens d'ouvrir l'armoire de cuisine en vain. Reposant son attention sur Zak, Beth fronçait les sourcils. Que cherchait-il à lui dire? Il ne la comparait pas à la cohabitation avec sa mère, cela aurait dû être rassurant. Et pourtant... Pourtant, la suite n'avait rien de rassurant. « Pardon? », demandait-elle comme si elle n'avait pas compris. Cependant, Beth avait très bien compris, tous les mots étaient venus à ses oreilles. Elle recula d'un pas, incomprise. « Gisella? » Bien évidemment, elle savait qui était Gisella. La belle brune des photos, celle avec qui il avait sorti juste avant que Beth n'entre officiellement dans sa vie, celle que l'Anglaise avait comme comparaison. « Est-ce que t'es en train de me dire que ta colocataire, c'était ton ex? » Beth sentait l'émotion monter. Et la panique. Comment pouvait-il lui annoncer une telle nouvelle, le jour de son emménagement. N'avait-il pas eu tout le temps du monde pour lui avouer? Elle se sentait trahi, jouée. « Et tu as choisi aujourd'hui pour me l'apprendre? » Elle manquait d'air. Et dans sa tête, tout tournait. Ils avaient vécu ensemble combien de temps? Elle s'était pavanée combien de temps devant lui, tous les matins? « Ne me touches pas », faisait-elle, se reculant un peu plus. S'il avait prévu faire en sorte qu'elle se sente comme chez elle un jour, il avait eu faux. Tout faux, même.

Il n’y avait rien au monde dont j’avais le plus envie, que Beth trouve sa place avec moi. J’avais la sensation, de mon côté, d’avoir déjà trouvé la mienne dans la petite famille que formait Beth et Ivy, je me sentais membre du clan. Beth avait toujours peur de devoir m’imposer sa fille, elle en parlait toujours comme si ça me dérangeait, mais en vérité, je l’aimais elle, avec tout le package. Et j’aimais sa fille, comme la mienne, un peu plus chaque jour. J’avais envie de construire quelque chose de fort, quelque chose de beau, quelque chose de durable avec Beth. J’étais persuadée, aujourd’hui, que Beth était faite pour moi, que j’étais fait pour être le beau père d’Ivy, pour être celui qui lui apprendrait à faire ses lacets, à répondre à ceux qui l’embêteraient, j’étais fait pour être membre de ce clan, cette famille, ma famille. Hélas, la joie qui m’anima me fit flotter dans une bulle qui m’euphorisa de trop, et qui me fit commettre une maladresse, une maladresse qui allait me coûter cher.
L’expression sur le visage de Beth changea, et mon sang se glaça d’un seul coup dans ma colonne vertébrale. Merde.
— Ma douce, c’est…
Est-ce que t’es en train de me dire que ta colocataire, c’était ton ex ? La réponse était oui, mais j’étais incapable de la formuler à voix haute. C’était compliqué, bien plus compliqué qu’il n’y paraissait et je m’en voulais de ne jamais l’avoir mentionné, je m’en voulais de lâcher ça maintenant, sans m’en rendre compte, comme une incontinence verbale. Putain ce que j’étais con.
— Amour, s’il te plait, ne te mets pas en colère, c’est pas du tout ce que tu crois.
Putain, la phrase de gros con. C’était cadeau…Bien sûr que si, c’était exactement ce qu’elle croyait, j’avais vécu avec une femme avec qui j’avais été intime, une femme que j’estimais, une femme qui était mon amie avant tout, certes, mais que j’avais un jour désiré. Et si je n’avais jamais plus désiré aucune femme depuis que Beth était sérieusement entrée dans ma vie, cela ne changeait pas grand chose au fond. Il avait fallu que ça sorte, aujourd’hui. Aujourd’hui. Mais quel con j’étais.
— Ma chérie…
Quand je tentais d’approcher d’elle, Beth recula en me sommant de ne pas l’approcher. Cela brisa mon coeur en mille morceaux. Je me stoppai net et la fixai avec de la douleur dans le regard.
— Beth…s’il te plait.
C’était une supplique, un cri du coeur, un cri de douleur. Je me sentais démunis, comme si de la fumée me glissait entre les doigts sans que je ne puisse rien faire pour la retenir.

Tout son monde venait de s'écrouler. Il venait de se chambouler à cause d'une information, un détail. Elle. Celle avec qui la brune se comparait depuis le début de sa relation. La belle italienne, sulfureuse et bien trop sensuelle, elle qui avait tout de plus que la jeune maman. Elle n'avait pas qu'été la petite amie de Zak avec qui la traductrice se comparait. Elle avait aussi été sa colocataire, des mois durant. Et, la jeune Anglaise ne l'apprenait qu'aujourd'hui. Treize voyage plus tard, toutes ses boites empilées dans les différentes pièces de la grande maison du cuisinier. Et Zak, il n'avait rien à dire pour se défendre. Parce que la justification était claire : Gisella avait été sa colocataire. Et il aurait dû le lui dire. Maintenant, Beth détestait davantage cette maison. Elle l'avait eu en mépris, les premiers mois de sa relation, s'imaginant tous les endroits où la belle Italienne avait pu se retrouver nue sous l'emprise du corps de l'ancienne rockstar. Maintenant, Beth la détestait parce qu'elle représentait sa vie commune avec une autre femme. Et jamais elle ne s'y sentirait chez elle.

Ivy, quant à elle, adorait la maison. On l'entendait gazouiller derrière, déblatérer des mots incompréhensibles, babillant des ooooooh comme si elle s'extasiait de (re)découvrir cet habitat. Beth, elle, ne s'extasiait point. « Ce n'est pas ce que je crois? », répétait-elle. Elle ne s'énervait jamais, Beth. Elle ne levait jamais le ton. Et bien qu'elle ne l'avait pas fait à cet instant, on comprenait dans le ton de sa voix qu'elle était insultée. « Tu n'as pas cohabité avec ton ex, donc? », demandait-elle devant un Zak qui affichait, sur son visage, la culpabilité. Ça lui était suffisant comme réponse. Et quand il s'avança près d'elle, Beth recula, l'avertissant de lui laisser son air. « Comment veux-tu que je me sente chez moi, ici? Comment veux-tu que je me sente spéciale à tes yeux? Tout ça, tu l'as vécu avec une autre. » Ivy sentait sans doute l'émotion dans la voix de sa maman, elle vint jusqu'à elle pour s'agripper à sa longue jupe fleuri dans laquelle un t-shirt gris décontracté venait brisé le look classy de son ensemble. Beth se penchait pour accueillir Ivy contre elle. La petite caressait ses joues de sa maman, elle venait parsemer le visage de l'enfant d'un million de baiser. Ivy, en regardant Zak, lui tendit les bras. Beth se recula davantage, ne souhaitant pas que la petite s'y loge. « Je ne peux pas. On ne peut pas », soufflait-elle. « On ne peut pas avoir cette place dans ta vie, alors que tu l'as déjà fait occuper par une autre. »

J’avais hésité. Comme un con, j’avais hésité. J’avais longtemps hésité à dire à Beth que Gisella, mon ex, mais surtout mon amie, avait été ma colocataire. Gisella, elle-même, m’avait conseillé de ne pas trop trainer. Et je savais qu’attendre ne faisait qu’empirer les choses. J’avais bien failli lui en parler, cette fois où Beth avait débarqué chez moi, avec sa fille, son sourire radieux et ces pancakes. Je n’avais pas eu le coeur de casser l’ambiance, je m’étais dégonflé. Aujourd’hui, je payais le prix fort et je n’avais aucune excuse à avancer pour me disculper. Oui, j’aurais du évoqué Gisella, depuis le début, mais quelque chose m’avait retenu, comme si j’avais su que jamais Beth n’accepterais de venir vivre dans un endroit que mon ex avait auparavant habité.
— < b>Ce n’était pas du tout la même chose, rétorquai-je, < b>Gisella et moi, ce n’était pas du tout comme ça. Elle n’a pas habitée là comme ma copine, mais comme ma colloc et amie. Beth…
J’essayai d’avancer vers l’anglaise, non pas pour la prendre dans mes bras, puis que je savais qu’elle me le refuserait, mais pour tenter d’avoir une conversation plus sereine avec elle. Je mettais d’ailleurs un point d’honneur à baisser le ton de ma voix, pour avoir l’air le plus calme et le plus doux possible.
— Beth, je n’ai jamais vécu ce qu’on vit avec personne. Ma reine, écoute-moi…
Mais elle n’écoutait pas, je la regardai rassembler ses affaires, complètement impuissant. Cela me brisait le coeur de la voir s’activé de la sorte, à regrouper tout ce qui lui appartenait comme si elle ne supportait pas de les voir une minute de plus dans ma maison. Beth s’arrêta un moment, prenant sa fille dans ses bras. Quand Ivy me tendit les bras, je sentis mon coeur se fissurer davantage. La petite voulait venir contre moi, mais Beth l’écarta,  disant qu’elles ne pouvaient pas avoir la place que je leur offrais dans ma vie.
— Tu fais une erreur, Beth…je t’assures que personne n’a eu ta place, personne ne l’aura jamais.
Je n’arrivais pas à être en colère, pourtant, ma gorge me brûlait. J’avais envie de casser des meubles, de tout écraser sous mes poings. Cette colère était dirigée contre moi-même, j’avais tout fait foiré, et je regardai, impuissant, les conséquences de ma lâcheté.
— Tu me quittes, alors ? Pour une connerie ?