Not a long time ago, not in a galaxy far far away

Depuis quelques minutes maintenant ils parlaient comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Il ne savait pas pourquoi Esras s’était d’un seul coup motivé à faire son petit show, mais au final il s’était éclaté. Puis le mec en face de lui avait l’air fun et gentil. Par contre, ils n’étaient pas forcément d’accord sur le traitement des méchants à l’écran. Rien de bien grave. Heureuse que tout le monde ne réfléchissait comme McCoy, sinon il y aurait un monde de petit arrogant. « Mouai si tu le dis. » Esras lui n’aimait pas perdre de temps et si un film ne méritait pas son attention, il l’arrêterait ou partirait du cinéma. Il avait toujours quelque chose à faire. Puisqu’ils se retrouvaient tous les deux-là, déguisés, autant allez boire une verre. Il y avait cet événement à la maison hantée. Forcément l’irlandais fit une petite remarque sur l’incompatibilité de leur tenue. Il trouvait ça drôle que des ennemis de fiction se retrouvent au même endroit. Sauf qu’ils étaient partis sur une conversation assez surprenante. Ils parlaient de déguisement et Jeff comme Esras étaient un peu blasés de cette nouvelle mode en matière de déguisement. « Mais c’est clair, soit c’est too musch soit c’est fou. Mais il n’y a plus de juste milieu. » Il se souvenait de ses déguisement quand il était enfant. Sauf qu’en Irlande, à la différence de l’Australie, il y avait une vision d’horreur dans leur déguisement. L’irlandais adorait se déguiser en farfadet démoniaque. S’il le faisait à Bowen personne ne comprendrait la référence, alors il s’abstenait. Sur le chemin, ils parlaient un peu de leur vie. Il était donc pompier. Un métier beaucoup trop dangereux pour la trouillard qu’était Esras. Puis il fallait une sacrée dose d’empathie et surtout avoir le syndrome du super-héros. Mais il voulait connaître la meilleure anecdote. Ce que lui racontait Jeff enlevait l’image du pompier en sueur bravant les flammes. Il riait Esras imaginant parfaitement la scène. « Oh ils font bien ce qu’ils veulent, même si ce n’est pas très malin. » Au fond Esras se moquait vraiment d’eux. Au moins cette anecdote avait le mérite de confirmer ce qu’Esras pensait. Parfois la nature humaine était aberrante. L’irlandais était ce genre d’homme qui jugeait les autres sans se cacher. « J’image. Franchement je ne sais comment tu fais pour rester calme. J’crois que je me foutrais d’eux ouvertement. » C’était peut-être pour ça qu’il n’était pas pompier. Il était professeur et il arrivait à se contrôler. Il pouvait être dur avec ses élèves, il n’en prenait jamais comme cible pour l’humilier. C’était soit tous soit aucun. Malheureusement pour eux, c’était souvent qu’ils subissent tous les foudre du professeur. Ils arrivaient enfin devant la maison hantée et Esras suivait son compagnon de la soirée. Comme il le lui disait, il y avait des activités et un bar. « On peut déjà aller se prendre un verre. On verra pour les activités plus tard. » Il mourrait d’envie de boire une bière. Arrivé au comptoir, il commandait sa boisson, laissait Jeff faire de même. Il sortait sa carte pour payer la tournée. « Je paye la 1ère, après tout j’ai perdu le combat. » Disait-il en riant en tendant la carte au barman déguisé.

Esras critiquait les personnes sans vraiment le vouloir, c’était sa nature. Mais il n’aimait pas les déguisements extravagants. Il y avait de moins en moins d’originalité et ça ennuyait le professeur. Après, son déguisement n’était pas des plus orignaux, ni celui de son partenaire de duel. Mais au moins, ils avaient amusé la galerie. C’était quelque chose de spontané qu’Esras n’avait pas l’habitude de faire. Il aurait été le 1er à juger s’il avait vu des gens faire ça dans la rue. Il devait moins se prendre la tête l’irlandais, parce que pour une fois il s’était amusé. Pour une fois il était sorti de sa zone de confort et il avait ri. Il riait encore quand le Jedi lui expliquait une drôle anecdote de son travail. Il fallait de toute pour faire un monde, et si des gens aimaient le bondage, ça ne gênait pas l’irlandais. Mais il imaginait la scène et lui à la place de Jeff il aurait explosé de rire. Parfois il riait en cours parce qu’il voyait un de ses étudiants s’endormir. Ils pensaient que le professeur ne les voyait pas, mais il adorait les regarder. Certains s’ennuyaient. Certains étaient trop absorbés par leur ordinateur pour ne serait-ce qu’écouter le cours. Il savait qu’il jouait sur leur ordinateur. D’autres l’écoutaient attentivement. « Tu m’étonnes ! Il doit y avoir plus de drame que de moments drôles. » Pompier, c’était bien un métier qui n’était pas fait pour Esras. Non pas parce qu’il n’avait pas la condition physique, mais il était sujet aux dépressions. Puis, il manquait cruellement d’empathie, qualité pourtant essentielle dans cette profession. Ils rejoignaient la maison hantée et surtout le bar. Après Cette petite activité, ils allaient continuer leur rencontre autour d’une bonne bière. Généreux, il offrit la première tourné, après tout il avait perdu. « Pardon ! » Répondait Esras outré. « Je t’ai laissé gagner parce que tu étais le gentil, mais sans les enfants je t’aurai mis une raclée. » Il riait évidement, même s’il l’avait quand même laissé gagner. Après tout ce n’était pas un vrai duel. Il n’avait en rien montré ses talents d’escrime. « A la force ! » Répondait-il avec enthousiasme. Il profitait d’Halloween pour prendre une bière à la citrouille. Il adorait ça mais à petite dose, ça le dégoûtait vite. Alors il n’en prenait que pendant cette période. Il haussait un sourcil à la question de Jeff. « Je ne crois pas ! A vrai dire je ne suis jamais allée à un endroit où il y avait des trains fantômes. » Mais c’était une tête dure Esras quand il était petit. « Après j’ai grandi dans un grand manoir sombre avec des araignées et tout, je crois que ça ne m’aurait pas fait peur. » Ce n’était pas le manoir de Dracula non plus, il était même assez éclairé. Mais parfois la nuit, les murs grinçaient.

Esras n’était pas qu’un égocentrique. Alors quand Jeff lui parlait de son métier il avait forcément eu envie d’en savoir plus, surtout les anecdotes drôles et croustillantes. L’irlandais faisait partie de ces personnes qui riait du malheur des autres tant qu’il n’était pas trop grave. Forcément, la conversation devenait un peu plus sérieuse et il le savait bien Esras que ce n’était pas un métier fun. « Il le faut ! En tout cas c’est courageux. » Il aurait pu le remercier mais il devait en avoir marre Jeff qu’on le remercie à chaque fois qu’il parlait de son métier. Puis après tout il l’avait choisi. Lui aussi on pouvait le remercier l’irlandais de passer six heures par jour à enseigner les maths à des ignorants, ça demandait un courage certain. Ils décidèrent de changer de sujet et Esras ne pouvait pas s’empêcher de faire une petite remarque sur le duel. Evidemment ni lui ni Jeff n’avait joué le jeu à fond de peur de blesser l’autre. En tout cas Esras avait retenu ses coups. A aucun moment il ne s’était mis sur ses appuis ou avait paré correctement les coups de son adversaire. Pour une fois il avait juste lâché prise. Il riait quand il piquait avec ses mots Jeff. « Moi non plus ! » Il n’était pas un violent Esras et puis clairement il était assez conscient du peu de chance qu’il avait pour battre Jeff. C’était Halloween. Il connaissait un peu l’engouement des australiens pour cette fête. Les irlandais avaient presque la même sauf que lui il avait passé la plupart dans le manoir familiale pas du tout hanté. Il ne cachait pas ses origines l’irlandais, de toute façon il ne pouvait cacher son côté présomptueux et aristocratique. « Non ! Puis y’avait pas beaucoup d’habitant autour de chez moi. » La ville la plus proche était à une trentaine de kilomètre et puis les forains ne se déplaçaient pas souvent préférant rester à proximité des grandes agglomérations. Alors non il n’avait jamais fait de train fantôme mais il en avait vu des araignées. « Non ! Mais j’aurai trouvé ça drôle ! » C’est vrai que le manoir McCoy n’était pas du tout effrayant. Puis plus tard, il savait se faire peur avec ses copains de l’internat. Il se confiait à ce nouvel ami et fini sa bière d’une traite avant de le suivre. « Ok je te suis ! » Il savait qu’il n’aurait pas peur, peut-être qu’il sursauterait si un acteur déguisé venait les effrayer par surprise. Il riait. « Je vais essayer ! Mais il est rangé ne t’en fais pas. » Il aurait rigolé si les deux hommes avaient décidé de sortir leur sabre laser pour attaquer les créatures de la nuit. « Tu ne m’as pas dit mais t’as peur des trains fantômes ? » Si c’était le cas il ne le jugerait pas évidemment.

Esras n’était pas assez altruiste pour être pompier. Il en connaissait mais lui était bien trop égoïste. Peut-être que s’il l’avait été il serait moins con, mais ce n’était pas sûr. Après tout, il était comme ça depuis qu’il était petit. Il préférait passer avant les autres. C’était son éducation qui avait fait ça malheureusement. Quand depuis son enfance il entendait que les McCoy était les meilleurs à un moment on finissait par le croire. Cela ne l’empêchait de reconnaître le courage qu’il fallait à Jeff pour exercer un tel métier. Tout le monde n’était pas prêt à se jeter dans le feu. « Ah bon ? Tu connais beaucoup de personne hormis tes collègues qui courent droit vers le danger ? » Disait-il en riant. Il ne faisait pas beaucoup de compliment, mais là s’en était un même si ce n’était pas évident à voir. A côté son métier à lui était bien moins intéressant. Esras passait sa journée sur sa chaise de bureau à parler. Il n’interrogeait même pas forcément ses élèves puisque la plupart du temps il était en cours magistral. Il leur expliquait les formules et c’était à eux de comprendre. Parfois il acceptait qu’on vienne lui demander des précision à la fin du cours s’il n’était pas parti avant ses élèves, ce qui était rarement le cas. Jeff et lui préféraient parler d’halloween et Esras se confiait sur son manoir. Bien que fait de pierre, il pouvait paraître vieux de l’extérieur, à l’intérieur il était très moderne. Sa famille avait gardé quelques traces du passé. Parfois, les murs grinçaient mais pas de quoi effrayer le petit Esras. « En vrai j’ai toujours vécu ainsi donc ça ne me parait pas si horrible. » Disait-il en riant. Ne pas avoir de voisin n’avait pas gêné le petit McCoy. Il y avait toujours du monde chez lui et puis il savait s’occuper. Lors des longues journées de pluie, soit il s’amusait dans le manoir, soit il lisait dans sa chambre ou la bibliothèque. Il aurait préféré avoir un peu peur dans ce manoir pour animer ses journées. « Oh un petit grincements de temps en temps aurait animé le manoir. » Disait-il en riant. Il devait le prendre pour un fou, mais il s’en moquait. Une fois leur boisson terminée ils se dirigeaient vers l’entrée du manoir. Ce n’était pas un train fantôme puisqu’il marchait, ça devait être encore pire pour les gens vraiment effrayé. Là, il ne rangeait que son faux sabre pour ne pas blesser des personnes. Jeff non plus n’avait pas peur. « En même temps être surpris ce n’est pas avoir peur. » Répondait-il avec logique. Evidemment que si une personne surgirait devant lui, il allait sursauter, mais surement rire après. Il passait devant comme lui avait proposé Jeff. « Ok ! Mais tu ranges ton sabre laser aussi. » Disait-il avec un rire. Il était plutôt de bonne humeur et la première salle était drôle. Il y avait de faux cerveaux dans des bocaux avec un rire un peu effrayant qu’on pouvait entendre dans les films d’épouvantes.

On lui avait toujours dit que les pompiers étaient une profession pour les gens courageux. Il avait le niveau pour être pompier Esras, mais il lui manquait de l’altruisme. Courageux peut-être, il n’allait pas risquer sa vie pour les autres. Et même s’il changeait en devenant un peu plus généreux, il était loin d’atteindre le niveau d’abnégation des pompiers. Mais il savait reconnaître les qualités. Il fallait être aussi un peu timbré pour décider de courir vers le danger. Esras se retournait vers Jeff en riant. « C’est une lionne ta femme ? » Disait-il en riant. Il ne la connaissait pas et ne se permettrait pas de la juger. Jeff avait l’air de se moquer d’elle mais gentiment. Ça lui rappelait quand lui se moquait des humeurs d’April. Elle lui manquait. Il aimait la croiser par hasard dans la rue, dans ces moments-là, toute la colère ressortait et Esras avait l’impression d’exister à ses yeux. Mais bref, ce n’était pas le moment pour penser à la belle April au risque de déprimer pour le reste de la soirée. Ils changeaient de sujet et comme ils allaient visiter un manoir hanté, cela rappelait le sien à Esras. Sauf qu’il n’était pas hanté. Enfin, Esras aimait se dire que ce manoir était hanté à cause de ses parents, incapable de chaleur. C’était cette raison qui rendait la demeure McCoy si froide aux yeux de tous. Comment rendre un lieu chaleureux si les maîtres des lieux sont aussi froids que la glace ? Il se souvenait des longues après-midi de découverte et des caches-caches interminables. Ces grincements la nuit effrayaient tout ceux qui n’en avaient pas l’habitude, mais en soit il n’y avait rien d’anormal. « C’est vrai. Après ce n’est quand même pas le manoir de Dracula. » Disait-il en riant. C’était froid mais loin d’être moche. Le jardin apportait sa touche de gaieté et la chambre de l’irlandais était toujours éclairé par le soleil ce qui donnait une atmosphère presque hors du temps. Les deux hommes finissaient leur verre d’une traite avant d’aller rejoindre l’entrée de l’attraction. C’était plutôt intelligent de penser à ranger les sabres. Ni Jeff ni Esras souhaitait se prendre un coup de laser en pleine tête. « Tu ne m’en voudras pas et tu ne te moqueras pas si je saute de surprise comme un idiot. » Disait-il en plaisantant. Enfin pas trop quand même. Esras n’aimait pas ne pas être impeccable à l’extérieur, mais parfois il ne pouvait pas contrôler se émotions. C’était dit sur le ton de la plaisanterie mais il y avait un peu de vrai. Jeff était peut-être courageux mais pas téméraire en laissant Esras passer le premier. Ou peut-être voulait-il simplement qu’il profite de cette première expérience convenablement. « C’est aimable ! » Il ouvrait la porte, tout était sombre à l’intérieur, on y voyait presque rien. Jeff rentrait après lui et un fois la porte refermée, il n’y avait presque plus de lumière.