midnight sky (anastasia)

La nuit était tombé depuis un certain temps. Mais comme d'habitude, tu n'avais pas sommeil. Ou du moins, tu ne voulais pas aller dormir. Depuis plus de 10 ans, ton rythme de sommeil était détraqué et pour cause, si tu dormais, tu faisais de multiples cauchemars. Et ces cauchemars, ils te terrorisaient. Les souvenirs douloureux de cette cave où tu as vécu pendant deux années. Même si ce n'était que deux ans, tu as eu l'impression d'être là dedans pendant une éternité. Il y faisait froid, c'était moite, sale. De quoi tomber malade en cinq minutes. Mais tu avais survécu. Et tu te disais qu'il y avait une bonne raison à cela. Même si tu en doutais. Surement quelqu'un t'attendait, dans le monde, pour te montrer que tu étais quelqu'un de bien qui ne méritait pas tout ce qu'il t'était arrivé. T'étais une victime parmi tant d'autre, en quête d'amour et de vérité. Alors cette nuit, pour éviter de broyer du noir, tu avais enfourché ton vélo, mis tes écouteurs et tu avais dévalé les rues de Bowen. C'était ta façon à toi de décompresser. Un vieil album de the Doors dans les oreilles et tu pédalais à perdre haleine. Tu ne faisais pas attention au monde qui t'entourait et t'aurais peut-être du. Au bout d'une demie heure de sport, tu décidais de rentrer chez toi. Mais ça n'était pas prêt d'arriver. Alors que tu remettais ton écouteur dans l'oreille, tu perdais un peu le contrôle de ton guidon. Quelqu'un était devant toi, tu avais réussi à faire sonner ta sonnette quelques secondes avant de le percuter. Quelle idiote tu fais ! Par terre, un peu mal à la tête, le jeune homme que tu avais percuté était lui aussi par terre avec ses papiers étalés sur le trottoir. Tu te frottais la tête et tu prêtais attention au jeune homme. « Excusez-moi, j'suis vraiment désolé » dis-tu en mimant une grimace. Tu t'étais fais mal à la tête et tu avais un genou un peu éraflé mais tu espérais qu'il n'avait rien. « Vous vous êtes fait mal ? J'suis nulle, désolé » t'excusas-tu encore une fois.

Les dernières années n’avaient pas été douces pour Isaak. Pourtant, personne n’aurait cru le contraire. Ça regardait pourtant plutôt bien pour lui, un métier dont il était passionné, une femme qu’il aimait et un mariage dont il n’a jamais eu la chance de vivre au final. Depuis, sa vie était très différente de ce qu’il aurait imaginé. Isaak, il avait du mal à dormir, alors malgré ses horaires plutôt compliqués en ce moment, c’était sûrement positif d’avoir des problèmes d’insomnie, ça lui permettait d’avoir plus de temps pour ce qu’il avait à faire. Il marchait dans le parc, il aimait bien prendre l’air, mais Isaak, il était bien trop souvent dans sa tête, parce qu’il le veuille ou non, cette femme hantait encore ses pensées malgré le temps qui passait. Il avait entendu une sonnette de vélo, puis il s’était retourné au dernier moment, qu’il se faisait bousculer par cette femme. Rien de grave de son côté, il était tombé et il avait perdu l’équilibre. Il s’était cogné la tête légèrement au sol. Isaak, il ne s’en tirait pas trop mal, seulement une légère blessure à l’arcade sourcilière et une sensation d’étourdissement. Il avait fini par reprendre ses esprits, enfin, c’est ce qu’il croyait quand il finit par poser son regard sur elle. Le regard d’Isaak fut percutant, il croyait que ses maux de tête lui jouaient des tours. Cette femme ressemblait tellement à sa fiancée que ça en devenait troublant. Au premier abord, sous le choc, incapable de sortir un mot alors qu’elle s’excusait. Sauf que les ennuis n’étaient pas près de s’arrêter, Isaak, il posa sa main sur son arcade sourcilière avant de se frotter un peu les yeux, parce qu’il avait du mal à croire ce qu’il voyait. Il ramassa ses feuilles avant de se relever. Lia, c’est toi ? Parce qu’il était doué pour qu’on le prenne pour un fou, Isaak, mais c’était venu spontanément. Ça va aller, ne vous en faites pas pour moi, mais je ne peux pas en dire autant pour votre vélo. Son vélo était tordu et elle risquait de devoir le ramener avec elle. Excusez-moi pour tout à l’heure, je pense que ça m’est monté à la tête. Faisant référence à son moment d’égarement. Il allait mettre ça sur le coup à la tête, ou bien la fatigue, peu importe, mais Isaak se sentait un peu con. J’espère aussi que vous ne vous êtes pas fait trop mal ? Isaak, il la regardait, il la fixait à cause de cette ressemblance, en espérant qu’il ne l’a mette pas mal à l’aise. Je peux peut-être vous aider avec le vélo ? Isaak, il avait l'habitude d'aider les gens, qu'ils soient de parfaits inconnus, ou pas, parce que c'était naturel chez lui, il avait cette bienveillance. Au fait, je m'appelle Isaak. Sans doute qu'il était mieux qu'elle sache son nom après tout.  

Les nuits se ressemblaient toutes, et ça te faisait peur. Ces derniers temps, Noa était venu chez toi et elle t'avait aidé à tuer le temps pendant ces nuits. Mais une fois partie, tu te sentais terriblement seule. Alors quand tu te sentais seule, tu sortais avec ton vélo pour aller te balader. Ca te rappeler durement ton enlèvement, mais comme ton psy te le disait tout le temps : il faut surmonter ses peurs pour avancer. Alors depuis quelques temps, tu enfourchais ton vélo dans la pénombre de Bowen pour te défouler et te décharger. Mais tu avais été distraite, et ça ne t'arrivais pas souvent. Tu avais perdu le contrôle de ton vélo. Alors tu avais enclenché la sonnette comme tu pouvais, parce que quelqu'un se trouvait devant toi et que tu ne voulais pas le percuter. Malheureusement, c'est ce qui arriva. Le jeune homme tombait par terre, et toi aussi. Légèrement touchée à la tête, une petite égratignure sur le genou, tu te frottais le visage pour revenir à tes esprits. Un peu chamboulée, tu portais un regard au jeune homme que tu avais percuté et tu lui demandais si tu lui avais fais mal. Les joues légèrement rosies, tu avais un peu honte de ce qu'il s'était passé. « Lia ? C'est qui Lia ? » demandas-tu encore un peu sonnée alors que le jeune homme t'avait appelé de la sorte. Tu te relevais difficilement et tu voyais que ton vélo était fichu. Enfin, il était bon pour aller en réparation. « Il était tout beau, j'venais de changer la roue avant. Ca m'apprendra » dis-tu en riant légèrement. Il fallait bien dédramatiser la chose, et puis il était tard. Tu allais devoir rentrer à pieds, et porter ton vélo à bout de bras ou essayer de le faire rouler sans tomber. « Y'a pas de soucis, vous en faites pas » répondis-tu lorsqu'il s'excusa pour ses divagations précédentes. Tu relevais le vélo et tu essayais de remettre le guidon droit, pour au moins pouvoir le faire rouler jusqu'à ta maison mais tu n'y arrivais pas, avec ta force de moineau. « Ca va aller ! Quelques égratignures, et un petit mal de tête mais demain ça ira mieux. On peut pas en dire autant de mon vélo. J'veux bien un peu d'aide, oui » dis-tu légèrement honteuse. T'aimais bien t'en sortir seule, et ne pas avoir besoin d'aide. La femme indépendante, quoi. Mais là, il faut dire que tu ne pouvais pas te débrouiller, et que son aide était la bienvenue. « Enchanté Isaak, je m'appelle Anastasia » répondis-tu en souriant.

Quand il n’était pas pris dans son travail, Isaak, il aimerait bien passer son temps dans le café du coin. Il avait vu un de ses amis avant qu’il termine la soirée seul dans ce café à dessiner. Isaak, il faisait du sport ou alors il dessinait pour faire le vide dans sa tête. C’est dans le parc, en direction de son appartement qu’une jeune femme venait de le bousculer avec son vélo, une chose qui était plutôt étonnante vu l’heure. Il s’était relevé de ce choc, une égratignure à l’arcade sourcilière, rien de grave, un petit mal de tête, sauf qu’Isaak, il était un peu maladroit. Cette blonde lui rappelait étrangement sa fiancée. Sa fiancée qui était encore inconsciente sur son lit d’hôpital depuis plus de deux ans maintenant, alors même s’il le voulait, la raison venait de reprendre ses esprits. Il se sentait idiot face à ce moment d’égarement. Et cette inconnue, qui demandait qui était Lia… Sa question lui écorcha un peu le cœur, mais c’était un peu de sa faute à Isaak. C’est lui qui s’était imaginé des choses et s’il en rajoutait, elle allait le prendre pour un fou. Isaak, il n’en disait pas plus, il se contentait de s’excuser de l’avoir pris pour une autre. Il souriait en l’écoutant parler de son vélo. C’est un peu de ma faute, j’étais sur votre chemin, mais je pourrais y jeter un œil à tête reposée. Oui, inutile de dire que ce ne sera pas ce soir, mais Isaak, il était plutôt doué pour réparer des choses, c’était ce qu’on appelle quelqu'un plutôt habile de ses mains. Je vous promets que l’état de votre vélo ne pourra pas être pire entre mes mains. Disait-il d’un air amusé, cette rencontre était imprévue, et il y aurait pu avoir de graves blessures, mais ce n’était pas le cas alors Isaak, il préférait sourire à la situation. Il était soulagé qu’elle n’avait rien de cassé et Isaak se proposait de l’aider pour porter son vélo. La seule chose un peu dérangeante pour lui, c’était la ressemblance qu’elle avait avec la femme qui hantait encore ses pensées. Isaak, il plia ses feuilles de dessin et les mit à l’intérieur de sa veste avant d’aider la blonde pour prendre son vélo. Anastasia, c’était jolie comme prénom, il avait cette impression que ce n'était pas la dernière fois qu'il allait entendre ce nom. Ravi de faire votre connaissance Anastasia, vous faites souvent du vélo en pleine nuit ? Bowen, c’était une petite ville, Isaak, il n’avait pas l’impression de l’avoir déjà vu ici, sa question était venu un peu spontanément, mais cette femme l'intriguait beaucoup, il n'était sans doute pas le seul à trouvé refuge la nuit. 

@Anastasia Callahan

Perdue dans la nuit noire de Bowen, tu aurais pu bien faire plus de dégâts que ça. Heureusement, tu n'avais pas foncé dans tout un groupe de personne qui était entrain de faire la fête dans les bars de la ville. Même si tu aurais préféré éviter de foncer dans quelqu'un, tu étais un peu moins chagrinée que ce soit sur une personne que sur un groupe. Il t'avait aidé à te relever, et il s'était excusé alors que clairement c'était ta faute. « J'aurai pu faire plus attention, et surtout freiner avant de tomber sur vous » dis-tu en grimaçant légèrement. Il te proposa ensuite de jeter un oeil à ton vélo, une fois que la lumière soit meilleure et qu'il se soit reposé. En même temps, tu venais de lui foncer dedans, alors forcément il devait être un peu déboussolé. « Je suis ravie d'être tombé sur un expert en vélo alors » dis-tu en riant légèrement. Tomber c'était bien le bon mot, il faut avouer. C'était rare que tu tombes, enfin que tu fonces dans des gens alors que tu étais sur ton vélo, prête à chasser les insomnies et les cauchemars. Mais il fallait bien une première fois à tout. Et puis, on va pas se mentir, mais même dans la la pénombre, ce jeune homme était assez charmant. Après avoir ramassé ses feuilles éparpillées au sol, il attrapait ton vélo pour le porter. Ensuite, il te demanda si tu faisais souvent des virées nocturnes comme celle-ci. « Ca m'arrive assez souvent oui, pour chasser les insomnies et les cauchemars » avouas-tu en faisant la moue. « Mais d'habitude, je fonce dans personne » ajoutas-tu en riant légèrement. Après avoir regardé l'heure sur ton téléphone, tu tournais ton regard vers Isaak. « Et vous, vous aimez vous balader la nuit ? » demandas-tu à ton tour, un peu curieuse de savoir ce qu'il faisait là lui aussi. Il était peut-être comme toi, à vouloir chercher le sommeil ou à éviter les cauchemars.