Midnight in Paris + Eileen

TOUT COMMENCE À PARIS

Eileen ∞ Julian

Comme promis, ce vendredi matin, très tôt, Julian s'était présenté à l'appartement d'Eileen afin de venir la chercher. Ils avaient de la route à faire et le voyage était très long. Et c'était bien cela qui s'avéra être le plus difficile. Malgré quelques heures d'un sommeil léger, quelques films passés sur les écrans face à eux, un repas digne de ceux servis dans les avions, l'impatience faisait qu'ils ne tenaient que très peu en place. Quand ils arrivèrent enfin à l'aéroport Roissy-Charles De Gaulle, Julian esquissa un sourire en entendant parler français. Il aimait beaucoup cette langue et c'était bien la raison pour laquelle il avait tenu à l'apprendre. Une fois qu'ils récupérèrent leurs bagages, un chauffeur les attendait à l'entrée de l'aéroport. Son père lui avait envoyé une voiture, comme à son habitude, ce dernier n'étant pas capable de venir chercher lui-même son fils. Mais soit, Julian ne lui en tenait plus rigueur.

Paris, son architecture, ses beaux monuments, voilà ce qu'ils voyaient à travers les fenêtres de la voiture. Julian s'était tu, laissant Eileen profiter de l'instant. C'était son rêve qu'elle était en train de réaliser, et pour Julian, c'était quelque chose d'énorme à voir. Même lui était toujours subjugué par la beauté de cette ville, bien qu'il soit venu à plusieurs reprises dans cette ville. Certes, il n'y vivrait pas 365 jours par an, mais il était indéniable qu'une certaine magie en résultait. C'était Paris, tout simplement ! La voiture se dirigea vers le 7ème arrondissement, là où se trouvait l'appartement des Callaway. Le véhicule s'arrêta devant un bel immeuble et le chauffeur coupa le contact. Julian se tourna vers Eileen, grand sourire sur les lèvres.

On est arrivé !

Il prit sa béquille en main, ouvrit la portière et descendit de la voiture. L'appartement se situait dans un beau quartier qui restait relativement calme. Mais c'était typiquement parisien : quelques cafés ou brasseries s'y trouvaient, quelques petites boutiques aussi. Il s'approcha du coffre de la voiture et aida le chauffeur à sortir les valises. Une fois que cela fut fait, il jeta un oeil à la demoiselle et lança, en français, mais avec son petit accent anglais un :

"Bienvenue à Paris !"

Il prit ensuite sa valise, le chauffeur attrapant celle d'Eileen et tous ensembles, ils se dirigèrent vers l'entrée où Julian tapa le code. Ils prirent ensuite l'ascenseur pour monter au sixième étage. Le jeune homme s'engagea dans le long couloir, s'arrêta devant le dernier appartement et sortit les clés pour ouvrir la porte. Il entra à l'intérieur, un intérieur qui laissait apparaître un appartement spacieux et moderne, joliment bien décoré. Julian remercia le chauffeur, avant de se tourner vers Eileen.

Tu devrais aller sur la terrasse, je pense que la vue va te plaire.

Il ouvrit la baie vitrée, dévoilant une vue directe sur la Tour Eiffel. De tout les monuments, c'était bien celui-là que Julian aimait le plus...

TOUT COMMENCE À PARIS

Eileen ∞ Julian

Julian lui avait bien évidemment souhaité la bienvenue. En français, qui plus est ! Eh oui, il cachait bien le fait qu'il parlait couramment cette langue. Tout comme l'espagnol d'ailleurs. C'était le résultat de longues années de travail, de voyages où il s'était vraiment mêlé à la population. Cela n'avait pas toujours été facile, mais aujourd'hui, il était fier de parler ces langues et ainsi, de pouvoir se débrouiller seul. Il esquissa un sourire à Eileen et haussa les épaules.

Disons qu'à Bowen, parler français ne me sert pas à grand chose. L'avantage, c'est qu'on n'aura pas besoin de guide. On va gérer !

A la suite de ses paroles, Julian lui lança un regard ravi. Il était content de voir que Paris était exactement comme elle se l'imaginait. Il n'y avait pas de déception. Et quand bien même elle aurait été déçue, Julian aurait sorti les grands moyens pour lui montrer à quel point cette ville était magique. Ils entrèrent ensuite dans l'appartement, Julian remerciant le chauffeur et le libérant pour la fin de la journée. Qu'il aille retrouver sa famille. Ils pouvaient très bien se débrouiller seuls. Quand il reposa son regard sur Eileen, il remarqua l'expression qu'elle arborait. Visiblement, l'appartement avait de quoi la bluffer. Julian fit une petite moue et leva les yeux au ciel. Encore une folie de son père. Mais malgré tout, cette folie, Julian l'appréciait énormément. A chaque fois qu'il était venu dans cet appartement, il s'était bien souvent planté sur le balcon, à admirer la vue qui s'en dégageait. Il laissa Eileen passer en première, la suivant de près. Il s'appuya sur la rambarde et observa la réaction de la jeune femme, amusé. On aurait dit une petite fille qui venait de se trouver devant le Père Noël. Julian lui adressa un sourire, avant de reposer son regard sur le monument :

Je comprends ce que tu veux dire. C'est sûr que c'est toujours mieux que sur les photos.

Soudain, il vit qu'Eileen se rapprochait de plus en plus de lui, ce qui incita le jeune homme à poser ses yeux verts sur elle. Ok ! En voyant son expression, il comprit de suite ce qu'elle comptait faire. Elle lui sortait son regard de chat potté. Elle allait lui demander quelque chose, il en mettrait sa main à couper. Et Julian allait céder. C'était aussi simple que cela. Pas manqué ! La jeune femme lui demanda tout d'abord quand est-ce qu'ils iront à la Tour Eiffel. Julian ne répondit rien. Il savait très bien qu'elle allait continuer et proposer d'y aller de suite. Encore une fois, il ne se trompa pas.

En fait, tu te fais des questions-réponses, sans que je n'ai à ouvrir la bouche !

Un rire s'échappa de ses lèvres. Décidément, elle savait y faire. Comment dire non ? Même si Julian était crevé, totalement déphasé par le décalage horaire, il ne pouvait lui refuser cela. Ils étaient jeunes, ils se devaient donc de profiter de chaque instant.

Allez, on y va !

Il se redressa, attrapa les clés et se dirigea vers la porte d'entrée. Autant y aller de suite, avant que la nuit ne finisse par tomber, ou que l'un d'eux s'affale sur le canapé pour ne plus se relever. Julian laissa passer la jeune femme et ferma derrière lui. Ils prirent l'ascenseur, sortirent de l'immeuble et se dirigèrent vers la première station de métro. Oui, même s'ils avaient la vue de la Tour Eiffel depuis l'appartement, il y avait quand même du chemin à faire. Et vue l'allure à laquelle Julian se déplaçait, ils ne seraient pas prêts d'arriver. Une fois parvenus à la première bouche de métro, ils descendirent les escaliers. Julian se planta devant le panneau afin de vérifier la station à laquelle ils devaient s'arrêter. Parfait. Il prit ensuite deux tickets, en tendit un à Eileen et passa par le portique. Bien évidemment, c'était l'heure de pointe et le premier métro qui arriva fut très vite bondé.

Ne t'éloigne surtout pas de moi.

Il prit la main d'Eileen et l'entraîna dans le métro, se faufilant à travers la foule compacte. Quand il trouva un endroit où se poser, il relâcha la main de la jeune femme mais l'attira tout contre lui. Valait mieux ça que d'être collée à de parfaits inconnus. Julian ne dit pas un mot, preuve de sa nervosité. Il détestait la foule, surtout quand tout le monde était les uns sur les autres. Heureusement, ils arrivèrent vite à destination. Il reprit la main d'Eileen et sortit du métro, râlant bien évidemment contre ceux qui ne voulaient pas les laisser descendre. Il secoua la tête et regarda la jeune femme.

Tu vois, c'est aussi ça Paris aux heures de pointe. La folie !

Il éclata de rire, lâchant ensuite un "je déteste les gens !" avant de s'appuyer de nouveau sur sa béquille. Ils sortirent de la station de métro et sans hésitation, Julian prit la direction d'une première rue, puis d'une deuxième.

J'espère que tu as pris ton appareil photo, histoire de jouer ta touriste à fond ! Oui, il la taquinait là. Toujours sur le même ton, il enchaîna : Au fait, tes parents, ils ont dit quoi quand ils ont appris que tu partais à Paris avec moi ?

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Eileen ∞ Julian

Ah ça c'était sûr, c'était plus simple ! Elle parlait pour deux, Julian, lui, en profitait. Enfin, elle savait surtout qu'il ne pouvait pas lui refuser une telle requête. Il était là pour lui faire découvrir Paris, ce serait donc mal venu de lui dire non. Ils étaient donc sortis et avaient pris la direction du métro. Il approuva ses paroles d'un signe de la tête, agrémenté de son petit sourire en coin qu'il savait si bien faire. Bien sûr que c'était classe ! Il savait qu'aller souvent à Paris et parler français était une chance inimaginable. C'était bien pour cela qu'il profitait du mieux qu'il le pouvait, à chaque fois qu'il venait ici. Quand ils furent dans le métro, Julian s'était empressé d'amener Eileen à lui, sous prétexte qu'il y avait trop de monde et qu'il ne fallait pas qu'ils se perdent. Mais bien évidemment, cela relevait également d'une envie intérieure. Cette soirée, où ils avaient fini dans un bien bel état d'ébriété, avait eu un impact considérable : ils étaient moins "coincés", plus proches et même plus tendres l'un envers l'autre. Quand elle était près de lui, il n'avait pas l'envie de la lâcher. C'était comme une nouvelle addiction, mais bien plus douce que toutes les autres...  Quand le métro s'arrêta et qu'ils parvinrent à s'y extirper, Julian sourit à la réplique d'Eileen.

La ville, c'est la jungle. C'est bien loin de la tranquillité de Bowen.

Il en avait l'habitude, après tout, il avait vécu à Sydney pendant quatre ans. Mais y vivre toute sa vie, 24h/24, 7 jours sur 7, ce serait signer son arrêt de mort. Ou alors il deviendrait ermite. Soit... Une fois à l'extérieur, Julian s'engagea dans diverses ruelles, comme s'il connaissait le chemin par coeur. Heureusement qu'il avait une bonne mémoire. Il posa son regard sur Eileen et décida de la taquiner un peu, en la traitant presque de touriste. A sa réponse, Julian prit un faux air outré :

Comment ça ? Tu n'as pas ton plan ? Touriste de pacotille ! Ce n'est pas sérieux ça, Eileen ! Je suis déçu...

Il garda un semblant de sérieux pendant quelques secondes avant d'éclater de rire. Tant pis. Il enchaîna ensuite sur un sujet un peu plus "délicat". La réaction de sa famille. Julian posa ses yeux verts sur elle et l'observa avec une grande attention. Il s'en doutait... Mais ce qu'Eileen lui dit à la suite fit sourire Julian. Elle avait fait un énorme pas en avant. Ce n'était plus la jeune femme qui n'écoutait que sa famille. Non, désormais, elle vivait pour elle. Et rien que pour elle. C'était cela que Julian voulait lui faire comprendre. Avant de répondre quoique ce soit, le jeune homme prit son téléphone portable, s'approcha d'Eileen, passant son bras sur ses épaules, avant de prendre une photo. Il regarda ensuite la jeune fille et haussa des épaules. Il regarda le résultat et le montra à Eileen, en lâchant joyeusement :

Oh mais c'est qu'en plus de cela, on est beaux tous les deux. Tiens, tu n'auras qu'à envoyer ça à ta famille, en disant qu'on leur fait un gros bisou.

Julian, c'était aussi ce côté provocateur. Mais contre toute attente, il reprit son sérieux et lâcha, avec sincérité :

Franchement, s'ils avaient bien réagi, je me serai posé des questions. Je suis un peu la personne non désirée dans ta famille, l'ennemi n°1, et je le conçois parfaitement. J'espère juste qu'ils ne t'en voudront pas pour cela. J'ai déjà assez mis le bazar dans ta famille pour en rajouter. Et je ne veux pas que ça te retombe dessus.

Julian détourna le regard. C'était bien la première fois que l'on voyait du remord dans l'attitude du jeune homme. Il se passa la main dans les cheveux, quelque peu gêné, avant de reprendre toute sa contenance. Il hocha négativement la tête à sa question, répliquant, sur un ton qui en disait long :

Non, il n'en sait rien. De toute façon, il s'en fout. Comme d'hab' quoi. Et puis même dans le cas inverse, que veux-tu qu'il dise ?!

On sentait toute la rancoeur chez Julian, envers ce père qui ne s'intéressait en aucun cas à son fils. Julian esquissa toutefois un léger sourire. Il était habitué maintenant et il tentait d'en faire l'impasse. Il tourna au coin d'une rue, descendit une grande pente avant d'arriver près du pont qui menait à la grande dame de fer. Sans rien dire, il prit la direction du monument. Ce ne fut qu'une fois devant le monument qu'il se tourna vers la jeune femme.

Alors ? Tu ne te sens pas trop petite ?

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Eileen ∞ Julian

Une maison de retraite ! Elle avait tapé en plein dans le mille. Ce n'était pas étonnant que Julian ait quitté Bowen aussi vite que possible. Ok, certaines raisons l'y avaient poussé, mais à vrai dire, la ville ne lui avait pas forcément manqué. Sydney, à côté, c'était l'euphorie. Quant à Paris, n'en parlons même pas. Il y avait toujours quelque chose à faire. Et pourtant, à choisir, il resterait à Bowen. A croire qu'à chaque fois qu'il s'en éloignait, il était destiné à y retourner. Plaisantant ensuite sur son statut de touriste, Julian lui adressa un de ses regards qui sentaient la comédie à plein nez. Un regard de déception, comme si elle avait entaché toute la réputation des touristes. Tout cela avant d'éclater de rire à l'unisson. Comme quoi, ils se ressemblaient bien plus qu'ils ne l'auraient jamais pensé. Ils avaient les mêmes délires, les mêmes blagues pourries, la même façon de voir et d'agir. Ils étaient sur la même longueur d'ondes et cela était peu fréquent chez Julian, chez qui on se bornait à voir le petit Callaway qui était incapable de s'intéresser aux autres. Toute sa relation avec Eileen démontrait que tous ces préjugés étaient faux. Ils s'intéressaient l'un à l'autre, se comprenaient et se complétaient. Un fait que leurs familles respectives allaient devoir accepter. Julian savait que la famille d'Eileen voyait en lui une personne infréquentable, provocateur. Mais c'était justement sa provocation qui avait fait de lui ce qu'il était. Pour ne pas déroger à la règle, il taquina la jeune femme sur sa famille, parlant de photos à envoyer et de "gros bisous". Julian en était capable. Mais voilà, il avait déjà assez dérangé la famille Bennett pour en rajouter encore une couche. Toutefois, quand la demoiselle joua le jeu, Julian lui adressa un sourire en coin, haussant des épaules.

Le grand méchant Julian Callaway ? ça sonne bien ! - il haussa des sourcils avant de regarder la photo qu'il venait de faire - Non mais sérieusement, je crois que même avec une telle preuve, ta famille continuerait de me mettre la faute dessus. Dans le genre je t'ai montée la tête, à toi, pauvre petite innocente.

C'était sur un ton légèrement mélo-dramatique qu'il avait sorti sa dernière phrase. Il était pourtant persuadé que les Bennett le voyait comme tel. Un peu comme le grand méchant loup et le petit Chaperon Rouge. Mais à vrai dire, il s'en fichait. Du moment qu'Eileen l'appréciait, c'était bien le principal. Et les paroles qu'elle lui sortit le confortèrent dans cette idée. Elle n'en avait rien à faire du choix de sa famille. Il en était touché, bien sûr, mais fidèle à ses habitudes, ce fut sur un ton léger qu'il répliqua :

Rebelle en plus de ça...

C'était limite une crise d'adolescence à retardement. Mais Julian savait ce que c'était d'être étouffé par les parents. Lui aussi était passé par des périodes de "rébellion" envers son père, où seuls ses propres choix primaient. Ce qu'il ne dira pas, c'était tout bonnement qu'il s'était cassé la figure à chaque fois : dans ses études de littérature, dans son parcours de basketteur, ou face à la cousine d'Eileen. D'ailleurs, la question du père Callaway fut abordée avec Eileen. Julian se renfrogna légèrement, le regard rivé droit devant lui, mais sa main serrant un peu plus celle de la brunette. Sujet sensible chez le blond. Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il posa son regard sur elle.

Le connaissant, je suis sûr qu'il ne te verrait pas d'un bon oeil. Et pour répondre à ta question, disons que j'ai du mal à avoir les mêmes points de vue que lui. Surtout depuis ce qu'il a fait à ta cousine. - il marqua un temps d'arrêt, avant d'enchaîner - Il a l'impression de voir en moi une réplique du jeune homme brillant, à la carrière toute tracée qu'il était. Sauf que je ne suis pas lui. Je n'ai plus envie d'écraser les gens pour me laisser le champ libre. Du coup, on passe plus de temps à s'affronter plutôt qu'à se rapprocher. Mais il reste mon père, malgré tout.

Même si son père lui sortait par les yeux, Julian l'aimait profondément. Et c'était peut-être pour cela qu'il avait laissé passer de nombreuses choses qui allaient à l'encontre du jeune homme, ou qui étaient contraire à ses avis. Soit, le jeune homme s'était ouvert à elle. Une nouvelle fois. Elle avait le don pour qu'il prenne la peine de montrer que oui, lui aussi, avait des tracas comme tout le monde. Que sa vie n'était pas aussi rose qu'il le laissait penser. Quand elle déposa un baiser sur sa joue, Julian la regarda avec une douceur détonante, le genre d'expression qu'il affichait rarement, pour ne pas dire "jamais".

Ils venaient d'arriver au pied de la Tour Eiffel. Le jeune homme relâcha la main d'Eileen et la laissa découvrir le fameux monument qu'elle rêvait de découvrir. Julian esquissa un sourire aux paroles de la demoiselle, se retenant de la taquiner sur sa petite taille. De toute façon, tout ce qui était petit était mignon, c'est bien connu. Il répliqua simplement :

C'est la magie parisienne. On ne sait jamais sur quoi tomber à chaque coin de rue...

Et c'était cela que Julian aimait plus que tout. En plus d'être la ville du romantisme, de la culture, du charme à la française, c'était aussi la ville de l'inattendu. Et pour deux êtres à la recherche d'aventures, c'était parfait. Il la laissa prendre quelques photos et passa son bras autour d'elle quand elle vint faire une photo d'eux. Il éclata de rire à ses paroles, secouant la tête :

Je t'ai déjà dit que le kidnapping ne fonctionnerait pas. Ils en auraient trop marre de nous. Il suffit que l'on se dispute et l'affaire est réglée, ils nous relâchent de suite ! Faut qu'on trouve autre chose... Une fugue ? On vivra d'amour et d'eau fraîche et on fera tout ce que l'on veut, quand on veut !

Il se mit à rire de nouveau. Non décidément, même pour cela, Julian ne parvenait pas à être sérieux. A cet instant, le téléphone de Julian se mit à sonner. Le blond regarda le message qu'il venait de recevoir. Son visage se renferma un instant avant de regarder de nouveau Eileen.

Avant de dire d'autres bêtises, si on allait se boire un café ? Ou un bon verre de vodka, vu que j'ai rendez-vous avec mon père.

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Eileen ∞ Julian

Une gentille petite fille ? Oui, mais une gentille petite fille qui avait quand même tenu tête à sa famille. Elle était bien loin la gentille lycéenne, sérieuse et docile, qui écoutait tout ce que Papa et Maman disaient. Eileen était devenue une femme adulte, mature, qui n'hésitait plus à affronter les obstacles ou à se laisser dicter sa vie par quiconque. Une bien belle évolution. Comment ne pas craquer ! Julian lui adressa un de ses petits sourires, avant d'aborder un autre sujet, tout aussi sérieux : son père et la relation qu'il entretenait avec. Il n'avait pas l'habitude d'en parler. Tout le monde croyait qu'entre les deux Callaway, tout se passait à merveille. Mais ce n'était pas le cas. Les sourires et les tapes dans le dos, les "fistons" et les mérites vantés n'étaient que des faux-semblants. L'image de "fils à papa" de Julian alimentait ce gros mensonge. Entre le père et le fils, tout n'était que bataille. Et cela allait de pire en pire. Et pourtant, Julian éprouvait une profonde affection envers son père. Malgré ses absences répétées, il avait toujours été là pour assurer ses arrières. Un peu trop même. Alors qu'Eileen lui rappela qu'elle n'était pas sa cousine, Julian haussa des épaules. Lui, il le savait bien. Le père Callaway, non. Depuis cette histoire de grossesse non désirée, les Bennett étaient devenus les bêtes noires pour les Callaway. Et inversement. C'était un cercle sans fin, comme si ces deux familles étaient destinées à ne pas s'entendre, comme si le gouffre qui les éloignait ne pouvait être comblé. Quelle foutaise ! A la suite des paroles de la demoiselle, Julian se mit à rire jaune :

Me comprendre ? ça m'étonnerait grandement. Même s'il ne le dit pas, je sais qu'il est le premier à se réjouir du fait que ma carrière sportive est largement compromise.

C'était le dernier obstacle à la carrière prédestinée de Julian et voilà que tout avait été effacé d'un revers de la main. Il détourna le regard, afin de ne pas montrer ses ressentis. Trop fier, le petit Julian. Près de la Tour Eiffel, il avait laissé la demoiselle prendre ses marques, observer et apprécier le monument. Julian, lui, était déjà venu. Le ressenti n'était donc pas le même, même si oui, c'était toujours un plaisir de venir ici. Et encore mieux en bonne compagnie. Entendre Eileen dire qu'elle aimait définitivement Paris conforta Julian dans l'idée qu'il avait bien fait de l'amener ici. C'était agréable de voir ses beaux yeux ambrés pétiller, son engouement indéniable et sa joie de vivre contagieuse. Eileen apportait énormément à Julian. Il s'en rendait compte petit à petit, et c'était certain, il ne voulait plus s'en passer. Alors qu'ils plaisantèrent sur le kidnapping ou la fugue, Eileen avait tapé juste. Ils seraient libres... Ce qu'ils cherchaient tous les deux.

Je ne peux pas dire mieux !

Il ponctua sa phrase par un nouveau sourire qui très vite, fit place à un visage plus fermé. Quand on parlait du loup. Voilà que son père venait mettre son grain de sel. Il voulait le voir. Alors qu'il en fit part à Eileen, en associant notamment la rencontre avec un bon verre de vodka.

On se prévoit ça pour après. Il secoua ensuite la tête quand elle lui proposa de partir. Non, reste avec moi. Enfin, si ça ne te dérange pas, bien évidemment. Il faut que je le rejoigne à son cabinet, c'est à deux pas d'ici.

Eileen était son invitée, il n'avait en aucun cas envie de la laisser de côté, tout ça pour une "entrevue" avec son cher paternel. S'il le pouvait, il aurait fait faux-bond à ce dernier, mais ce serait signer son arrêt de mort. Alors qu'ils reprenaient la route, Julian lança un regard taquin à la demoiselle.

De toute façon, même si tu connaissais la route, je préférerais jouer mon rôle de guide.

Les femmes et les sens de l'orientation, c'était bien connu ! Il lui fit un clin d'oeil et tourna au détour d'une première rue. On sentait la tension chez Julian. Il avait perdu son air assuré qu'il affichait toujours. Certes, il allait voir son père, mais son instinct lui disait qu'il était en train de lui pondre quelque chose. Quoi ? C'était bien cela qui agaçait le jeune homme. Il ne savait pas ce que son père avait derrière la tête. Sur la route, il tenta tout de même de montrer les divers endroits à Eileen. Les cafés et les restaurants sympas, les petits bars où il y avait une bonne ambiance, ou même les rues commerçantes. Arrivés dans une jolie rue, Julian s'arrêta devant une belle porte en bois. Sur une plaque, on pouvait lire, dans une écriture fine : "Callaway et associés, cabinet d'avocats". Il tapa le code et ouvrit la porte, laissant passer la demoiselle. Ils montèrent ensuite au premier étage, passèrent devant l'accueil et la salle d'attente, vide à cette heure-ci, avant d'arriver devant un grand bureau. Julian salua chaleureusement la secrétaire, une femme d'une cinquantaine d'années bien passées qui s'était toujours pris d'affection pour le jeune homme. Se relevant de son fauteuil, elle prit Julian dans ses bras et lança, dans un anglais irréprochable mais avec une pointe d'accent français :

- Mais quel beau jeune homme tu es devenu ! Tout le portrait de ton père. Oh... bonsoir mademoiselle, je ne vous avais pas vu ! Julian, je ne savais pas que tu avais une petite fiancée ! Venez, ma jolie, vous voulez boire quelque chose ? Du thé ? Du café ? Du chocolat ? Tenez, prenez un petit gâteau.

Julian ne répliqua rien, amusé. Il ne prit même pas la peine de dire que non, Eileen n'était pas sa fiancée, se contentant simplement de secouer la tête pour montrer qu'elle se plantait. Il fit ensuite les présentations. "Eileen, Valérie. Valérie, Eileen". Il lança tout de même un regard à Eileen, l'air de dire "laisse tomber". La porte du bureau derrière eux finit alors par s'ouvrir. Un bel homme blond de 45 ans, élégant et impressionnant, fit son apparition. Toute la tête de Julian. Ce dernier s'approcha du jeune homme et lui donna une légère tape sur le bras pour le saluer, ce même sourire en coin sur les lèvres.

- Bonsoir fiston. Tu as fait bonne route ? A son tour, ce dernier jeta un oeil sur Eileen. Je ne savais pas que tu venais en si bonne compagnie. Alexander Callaway. Enchanté.

Il tendit sa main à Eileen, toujours un sourire aux lèvres. Julian se rapprocha alors de la demoiselle.

Je te présente Eileen. Eileen Bennett.

C'était avec une parfaite innocence, inconscience qu'il avait fait les présentations. Il n'en fallut pas plus à son père pour réagir au quart de tour. Vu l'expression qu'il affichait, Julian savait qu'il était mécontent.

- C'est une plaisanterie, Julian ?
- Une plaisanterie ? Absolument pas.
- Absolument pas ! Absolument pas ! Julian ! Tu ne penses pas que j'ai déjà assez réparé les erreurs que tu as commis dans le passé ? Cela ne t'a donc pas servi de leçon ?!
- Hein... mais arrête, ce n'est pas pareil.
- Mais bien sûr, c'est ce que tu dis toujours. Se tournant vers Eileen, il lança sur un ton dur : Et vous, que voulez-vous à mon fils ? Un nouveau chèque de la part de la famille ?

TOUT COMMENCE À PARIS

Eileen ∞ Julian

Les paroles de Julian concernant sa blessure et les propos de son père étaient étonnantes, mais criantes de vérité. Certes, son père s'était inquiété de la blessure de son fils, il n'était pas un tyran. Mais très vite, il avait retourné la situation et avait tenté de remodeler le jeune Callaway à sa façon. Ce que Julian ne cautionnait pas. Sa blessure lui avait ouvert les yeux et il savait pour quoi il se battait à présent. Quand Eileen lui annonça qu'elle serait là, Julian fut tout d'abord surpris mais touché de ce soutien plutôt inattendu. Le jeune esquissa un léger sourire et murmura un "merci". Il n'était pas convaincu. Pour cause, il se ruinait lui-même en laissant tomber les séances de rééducation. C'était du Julian tout craché, avec lui, c'était soit noir, soit blanc. Il n'y avait jamais de juste milieu. Mais après de nombreuses semaines passées dans les plus profondes ténèbres, Julian avait franchi un cap important : il avait de nouveau envie de croire en l'avenir. De se dire que finalement, s'il mettait un peu du sien, il serait capable de retrouver sa vie antérieure, avant cette fichue blessure.

On verra ça.

Il ne voulait pas s'emballer pour le moment. Il s'occupera de cela dès son retour à Bowen. Pour le moment, c'était Paris et il avait envie de profiter à fond de ce moment-là. Alors qu'il venait de la taquiner sur le sens de l'orientation, elle lui renvoya en pleine face son manque de clarté lors de leur dernière rencontre. Julian soupira de manière exagérée et secoua la tête.

C'était parce que j'étais éméché ! Et puis, je ne connaissais pas la route pour aller chez toi.

Excuses, excuses, excuses, Julian trouvait toujours le mot à dire. Il lui lança son petit sourire malicieux qu'il maniait à merveille. Pour le moment, il le gardait le sourire, mais pour combien de temps encore ? Ils venaient d'arriver devant le cabinet du père Callaway. Plus il s'approchait et plus la gorge du jeune homme se serrait. Qu'il aurait aimé avoir un frère ou une soeur pour ne pas être le seul à subir les pressions de son cher paternel. C'était égoïste de penser à une telle chose, mais c'était pourtant la vérité. Julian n'était pas le genre de gars à se démonter pour si peu, mais face à son père, il devenait vulnérable. Parce que ce dernier savait où appuyer pour faire mal. Pas étonnant qu'il soit un avocat réputé ! En arrivant, la secrétaire parvint à "calmer" un tant soit peu le jeune homme. Sa façon d'accueillir était toujours très... exubérante. Mais il appréciait cela. Vint alors le moment tant redouté. La voix de son père se fit entendre et dès les premières phrases, les hostilités étaient lancées. Julian regarda son père avec de grands yeux ronds. Ok... le père Callaway prenait Eileen pour la catin de service, et Julian pour le garçon mort de faim, incapable de retenir ses pulsions. Non non, il ne comptait pas faire des enfants à tout le monde. Choqué, il n'eut pas le temps de répondre. Eileen s'en chargea à sa place. Et la jolie brunette ne se laissa pas faire face au père Callaway. Le jeune homme ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire. Elle avait du répondant et c'était une qualité qu'il aimait plus que tout chez elle. La jeune femme savait comment manier les Callaway et ce n'était pourtant pas une chose facile. Alexander répliqua, sans ciller et restant impassible :

- Bien sûr, c'est ce que l'on m'a dit la dernière fois.
- Oh arrête de voir le mal de partout ! Je sais ce que vaut Eileen et je sais ce qu'elle m'a apporté ces dernières semaines. Tout ce que je peux dire, c'est qu'elle m'a apporté bien plus que toi ces dernières années.

Le père Callaway regarda son fils fixement. Dans son regard bleu, on pouvait y lire une pointe de déception et d'amertume. Il tourna les talons et prit la direction de son bureau, lâchant un dur et sec "suis-moi". Julian se tourna vers Eileen et lui fit signe qu'il revenait au plus vite. Il referma la porte derrière lui. Pas un bruit ne se laissait entendre de l'extérieur. Du moins, pendant quelques minutes. Des éclats de voix se firent entendre et Julian sortit en trombe du bureau :

Il en est hors de question !

Sans dire un mot à Eileen, il fonça droit vers la sortie. Il était furax et cela se voyait. Le père Callaway était sur le seuil de son bureau et ne trouva qu'à dire :

- Julian, si jamais tu quittes ce bureau, ce n'est plus la peine de m'adresser la parole ou de me demander quoique ce soit ! Tu veux te débrouiller seul, tu vas savoir ce que c'est.

Julian s'arrêta brusquement et regarda son père fixement. Le jeune homme était blessé. Son père voyait uniquement ce qui l'arrangeait et c'était cela qui était rageant. Pour toute réponse, il lâcha un "merde" et reprit sa route, sans prêter attention à la secrétaire qui leur disait de se calmer. Il descendit les escaliers rapidement, se fichant de sa douleur au genou. Il avait bien plus mal que cela, la douleur morale étant toujours plus forte que tout. Il s'acharna sur le bouton pour ouvrir la porte d'entrée en râlant et la poussa violemment. Une fois dehors, il prit son paquet de cigarettes et s'en alluma une, tendant le paquet à Eileen, sans lui jeter un regard. Ses yeux étaient rivés droit devant lui, son regard était dur. Il secoua la tête et lâcha :

Il était en train de me la faire à l'envers ! Il voulait que je vienne vivre définitivement ici... tout ça sans rien me dire ! Non mais... j'hallucine. Il peut rêver ! Il marqua un temps d'arrêt. Il y a quelques mois, j'aurais dit oui, mais maintenant, il en est hors de question. J'ai trouvé tout ce que voulais à Bowen..

Il posa enfin son regard sur elle et l'observa fixement, dans le but de lui faire comprendre que s'il ne venait pas vivre ici, c'était parce qu'elle était la raison qui faisait qu'il restait à Bowen.

TOUT COMMENCE À PARIS

Eileen ∞ Julian

23 ans. Cela faisait 23 ans que Julian se laissait dicter sa vie par son père : "Julian, je ne veux plus que tu voies cette personne", "Julian, lâche donc ton ballon et va étudier", "Julian, n'essaye plus jamais de revoir cette fille et ne tente même pas de chercher cet enfant", "Julian, reviens à Bowen". 23 ans durant lesquels le jeune homme rappliquait, suivant aveuglement (ou par dépit) ce qu'il pensait être la meilleure voie. Mais aujourd'hui, c'était terminé. C'était le coup de trop. Ces dernières semaines, Julian remontait la pente, il recommençait à sourire, à rire, à apprécier la vie comme il se doit. Et voilà que le père Callaway voulait, de nouveau, tout détruire d'un revers de la main. Mais pour la première fois de sa vie, Alexander Callaway venait de se confronter au refus direct de son cher rejeton. Pour sûr, il allait croire qu'Eileen était derrière tout cela. Pour les Callaway, du moins les parents, les Bennett n'étaient que des manipulateurs, des profiteurs. L'avocat en était donc arrivé à une conclusion peu flatteuse : la jolie brune avait monté la tête de son fils, usant de son charme et de son intelligence diabolique pour détourner le beau blond de son droit chemin. Il ne manquait plus que cela ! Mais quand il osa en faire la réflexion, ces paroles eurent un effet étonnant chez Julian, qui explosa de colère. Son père pouvait s'attaquer à lui tant qu'il voulait, mais pas à Eileen ou autre personne qui comptait un tant soit peu chez Julian. Comme quoi, le blond, même s'il ne le montrait pas forcément, était loyal et protecteur envers ceux qu'il aimait... . Le jeune homme remit son père à sa place, lui prouvant qu'Eileen n'avait rien à voir avec cette décision et, qui plus est, qu'il n'était pas le fiston qu'il rêvait tant d'avoir. Julian avait ses travers, ses faiblesses, il les assumait pleinement, c'était donc au tour de son père de les accepter. Telle une furie, il coupa court à la conversation et quitta le bureau avec une rapidité déconcertante. C'était la meilleure des solutions afin d'éviter d'envenimer la situation.

Sur le coup, il n'avait pas pensé à Eileen. Ce fut une fois qu'il fut dehors, après s'être grillé une cigarette, qu'il posa son regard sur la jeune femme. A cet instant, il lâcha tout. Les projets de son père pour lui et son refus catégorique de se plier aux exigences de son père. Son ton et son attitude démontraient à quel point Julian se sentait mal à l'aise, tiraillé entre la colère et la déception. Mais à sa dernière phrase, il sembla se radoucir. Enfin, se radoucir à la façon Julian. Eileen s'approcha alors de lui, posant ses doigts fins sur sa joue. Le jeune homme, tout d'abord surpris car peu habitué à une telle tendresse, resta tendu un instant avant de lâcher totalement prise. Cette fille avait un don pour retourner la situation, pour faire ressortir chez Julian tout ce qui était bon. Il était réputé pour être une boule de nerfs. Et elle, en un simple geste, elle parvenait à le rendre (presque) aussi doux qu'un agneau. En entendant ses paroles, Julian garda son regard ancré sur elle, intensément, affichant une expression qui semblait sur le coup neutre, mais très vite, il lança :

Je te manquerai trop, c'est ça ?

Un léger sourire en coin s'afficha sur ses lèvres, même si l'on sentait qu'il était encore bien tendu. Quand elle lui rappela le verre de vodka, Julian haussa nonchalamment les épaules :

Je ne suis pas contre, c'est certain. Tu vois, quand je te disais qu'on en aura besoin après le rendez-vous, je n'avais pas tord. Heureusement que je ne le vois pas tous les jours, sinon, je finirai alcoolique. Il fit un léger signe de tête. Bon, on y va ?

Mais contre toute attente, Julian n'avança pas d'un mètre. Il resta face à Eileen et subitement, il la ramena contre son torse, l'entourant de ses deux bras pour une étreinte réconfortante. Ce n'était pas habituel chez lui, mais quand il faisait ses gestes-là, c'était toujours empreint de sincérité. Il lui chuchota à l'oreille un "merci" avant de déposer un tendre baiser sur sa joue. Se reculant légèrement, il posa son bras sur les épaules de la demoiselle, prenant ensuite la route en direction du premier café qui les accueillerait.

D'ailleurs, je tenais à m'excuser pour ce qu'il a sous-entendu quand il nous a vu ensemble. Il n'avait pas le droit de te dire une telle chose, c'est un manque de respect. Franchement, je ne comprends pas. Cette... rivalité entre famille, je trouve ça tellement stupide ! Mais bon, je crois que c'est une peine perdue. Du moment que ça ne nous atteigne pas, c'est le plus important

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Eileen ∞ Julian

Il lui manquerait... que c'était bon d'entendre de telles paroles ! Tout au long de sa vie, Julian avait fait énormément de mal aux personnes qui l'avaient entouré, qui l'avaient croisé et il savait que, s'il venait à quitter le pays, rares seraient les personnes à qui il manquerait. Forcément, entendre cela, c'était réconfortant. Au fond, il n'était pas mauvais : certes, il avait un sale caractère, était arrogant, parfois méchant. Mais quand on essayait de le connaître, de gratter la carapace, de contourner son coeur de pierre, c'était un jeune homme différent que l'on avait devant soi. Julian, c'était tout simplement un garçon qui avait besoin d'attention. Son petit sourire en coin sur ses lèvres, il répliqua sur un ton léger :

Attends, tu ne peux plus te passer de moi, je peux bien me la péter, non ?!

Comme à son habitude, il amplifiait les paroles d'Eileen, mais c'était toujours à prendre au second degré. Avant de rependre la route, le jeune homme avait retenu la jolie brune, la ramenant vite contre lui, soulageant cette envie irrépressible de garder le contact avec elle. Quelques gestes tendres, une étreinte réconfortante et Julian retrouvait le sourire. Elle avait un don sur lui qu'il ne pouvait - ou ne savait - nommer. C'était plus fort que tout, plus fort que sa famille, plus fort que ses quelques amis, plus fort que ces filles qui peuplaient les longues nuits solitaires du jeune homme. Elle lui était bénéfique et était sûrement la seule qui parvenait à rendre le jeune homme heureux, surtout dans des moments comme celui-là. Après ce geste inattendu de la part de Julian, le blond tenta de retrouver contenance et prit la direction d'un café, gardant pour autant son bras autour de ses épaules. Cette rencontre avec son père, le fait qu'il essayait de l'éloigner de l'endroit où il se reconstruisait avait été un élément déclencheur. Il devait profiter des personnes qu'il appréciait, s'ouvrir un peu plus, baisser les armes. Dans cette perspective, il prit l'initiative de s'excuser pour ce qu'il s'était passé. N'oublions pas qu'il s'agissait de Julian Callaway, celui qui ne s'excusait presque jamais. Aux paroles de la jeune femme, Julian secoua la tête.

Bien sûr que si, je dois m'excuser. Mon père ne le fera pas, c'est donc à moi de le faire. Surtout que j'ai ma part de culpabilité, Eileen, ne dis pas le contraire. Si je n'avais pas été ce débauché, il ne se serait jamais passé ce qu'il s'est passé et jamais mon père n'aurait pris en grippe ta famille. Il ne t'aurait jamais pris en grippe. J'ai beau accepter beaucoup de choses, me foutre de ce qu'il pense des gens, pour autant, je ne veux pas qu'il parle de toi de cette façon. Surtout pas de toi.

Si cela n'était pas être protecteur ! Mais en contrepartie, Julian se trouva vite mal à l'aise du fait que oui, il sous-entendait qu'Eileen était plus importante que tout. Cela faisait deux fois en quelques minutes, ce à quoi il s'empressa d'ajouter, sur un ton malicieux pour cacher son malaise :

Mais n'en profite pas pour te la pêter, hein ?

Il esquissa un nouveau sourire puis se dirigea vers le petit café qu'elle avait choisi. Il posa sa béquille sur le sol, prit place en face d'elle et tourna la tête vers le serveur qui venait d'arriver. Mais quand il entendit la commande d'Eileen, il se tourna vers elle et arqua un sourcil. La vodka, oui, ils en avaient parlé, mais de là à ce qu'elle en commande... Après, on allait dire que c'était lui qui la faisait boire. Julian détourna le regard, sourire amusé sur le bout des lèvres et commanda la même chose. Alors que le serveur s'éloigna, il s'enfonça correctement dans la chaise, plaqua, dans les poches de sa veste, ses mains rougies par la fraîcheur nocturne qui commençait à tomber et reposa son regard émeraude sur la brunette. En entendant ses paroles, il fut secoué par un petit rire, répondant néanmoins :

Tu es même parfaite. On sentait qu'il était sérieux dans ses paroles. Troisième fois. Julian haussa les épaules et enchaîna : Non, pour être sérieux, même si j'ai la réputation d'un coureur de jupons, ma famille, ou les personnes proches de mon entourage ne m'ont jamais vu officiellement accompagné d'une fille. Eh oui, je suis sage, mademoiselle. Alors, forcément, ils ont de suite pensé que toi et moi, nous étions ensembles.

Pour que la secrétaire croit cela, c'était sûrement parce qu'elle avait ressenti qu'il y avait une alchimie entre Julian et Eileen. Cela avait toujours été le cas d'ailleurs...

A force, il va falloir officialiser cela. Bague, champagne, tout le tintouin ! Las Vegas ou grande cérémonie avec la robe de princesse, tout ce que tu voudras.

Il lui lança son regard charmeur, sourire en coin sur les lèvres. Mais c'était vrai quoi, ce n'était pas la première fois qu'on les pensait en couple... ou qu'on essayait de les mettre en couple. Victoria, par exemple... Et au fond, Julian n'était pas si renfermé sur l'idée.