who does not trust enough will not be trusted (juliann & woody)

« Touche pas ! », lançait Nevaeh en claquant doucement les doigts baladeurs de Juliann qui tentaient de s'enfuir pour voler un morceau de fromage dans la fameuse lasagne végétarienne de la brune. « Arrête, c'est pas pour toi ! », lâcha-t-elle en riant. Si, c'était pour lui, elle n'en aurait pas fait une végétarienne si ce n'était pas de Juliann, mais ce n'était pas pour lui seul. Il manquait encore l'invité de marque, celui pourquoi la belle Rutkowski mettait les petits plats dans les grands aujourd'hui. Impressionner son frère, ça avait toujours été un peu son désir, qu'il la trouve épanouie, heureuse, et qu'il soit fière d'elle. Elle rajoutait à la liste de ses souhaits, à présent, lui faire voir combien Juliann était merveilleux.

Ils s'étaient rencontrés officiellement à Noël. Et comme Woody avait passé le plus clair de sa soirée avec leur père, il n'avait pas pris le temps de connaître celui qui rendait sa soeur aussi heureuse depuis presque un an. Et, Woody étant Woody, il partait d'emblée le compteur des points du nouveau petit ami de sa lunatique de soeur à -1000. À présent qu'elle avait emménagé avec lui, Nevaeh espérait faire changer d'idée son grincheux de frère quant aux présomptions qu'il avait du pompier. C'était pour lui faire visiter sa nouvelle maison qu'elle invitait Woody ce soir, prétexte parfait. Elle lui annoncerait, en même temps, que ce n'était pas que chez elle, mais plutôt chez eux. Juliann fouillait à nouveau dans la lasagne, Nevaeh soupirait en laissant tomber les bras. La sonnette de la porte lui donna une raison d'ignorer le comportement du brun, se précipitant pour accueillir le deuxième homme de sa vie. « T'es en retard ! », lançait-elle en riant, ouvrant la porte à son frère.

Face à la nourriture de Nevaeh - d'autant plus des lasagnes végétariennes - l'appel de ton ventre est trop grand. Elle t'a séduit et te séduit toujours d'ailleurs, de bien des façons, la journaliste. Et en ce qui concerne sa cuisine, elle t'a séduit dés le début de votre relation alors qu'elle t'apportait des petits plats quand tu rentrais trop tard de la caserne ou lorsque tu y passais la nuit. Aujourd'hui cela n'a pas changé si ce n'est que tu as la chance de manger chacun de ses plats, tous les jours. « Oh ça va, il n'en saura rien Woody. » Soupires-tu en retirant tes mains, résigné. Tu ne parviens pas à dire comment tu te sens avec l'arrivée du frère de Nevaeh qui approche. Il risque d'être là d'un moment à l'autre et tu sais qu'il n'apprécie pas particulièrement ta présence. De ton côté, tu es prêt à faire des efforts pour Nevaeh mais s'il n'y met pas un minimum du sien, cela risque d'être compliqué. Vraiment compliqué. Tu n'as pas le temps d'épiloguer davantage que la sonnette de l'entrée retentit dans la maison, faisant aboyer, au passage, Attila. Tu lui fais signe de rester à tes côtés, t'abaissant tout légèrement pour la caresser le temps que la journaliste vous retrouve, en présence de son frère. Tu souris en l'entendant signaler à Woody qu'il est en retard avec son tact légendaire. Tu regardes l'heure, levant légèrement les yeux au ciel, voyant qu'il n'est pas si en retard que ça. N'osant pas toucher aux lasagnes de la brune, tu décides de prendre place sur l'un des tabourets hauts de la cuisine, le temps que les Rutkowski trouvent le chemin jusqu'à toi. Tu n'as pas envie de t'interposer d'entrée de jeu d'autant plus que Woody ignore toujours que tu vis avec sa soeur à présent.

Aussi vite emménagée à deux pas de chez lui, aussi vite repartie dans une autre maison. Woody ne savait pas trop pourquoi sa sœur avait décidé d’acheter dans un autre quartier, il pensait qu’elle était confortablement installée là où elle était, mais il comprenait le besoin de changement. De son côté, déménager n’était pas la meilleure des idées, il avait déjà commencé à adapter sa maison à ses futures limitations physiques. Il ne comptait pas tout refaire ailleurs. Ce soir, Nevaeh avait invité Woody à visiter la maison. Ils auraient pu faire cela toute la famille en même temps mais il n’avait pas posé plus de questions. Nevaeh et lui s’étaient beaucoup rapprochés dans la dernière année, ils avaient mis derrière eux les vieilles histoires de fratrie, alors il n’était pas si rare que ça qu’ils se voient juste tous les deux. Woody était arrêté acheter une bouteille de vin rouge et un dessert, comme convenu avec sa sœur. C’était un dessert de Charlie, qu’elle avait proposé de préparer. Il avait hésité à l’inviter puis, parce qu’il réfléchissait à la fois trop et pas assez, il avait lâché l’idée pour ne pas avoir à justifier quoi que ce soit à qui que ce soit. Avec quelques minutes de retard à peine, Woody se gara devant la nouvelle adresse de sa sœur. La chaleur à l’extérieur était écrasante et cela se faisait lourdement sentir sur ses symptômes. Son neurologue l’avait bien mis en garde, pendant cette canicule, avec une liste longue comme le bras de choses à éviter. Rester à l’air climatisé était d’ailleurs le plus grand conseil, alors il espérait que la maison de sa sœur était assez fraîche. Il s’extirpa de la voiture, prit sa canne d’une main, coinça la bouteille de vin sous son bras, attrapa le dessert de son autre main, et marcha jusqu’à l’entrée. Il sonna et attendit, souriant en découvrant sa sœur. « T’es sérieuse ? Deux-trois minutes et déjà je suis en retard ? Ça commence bien la soirée, avec tes reproches. » Il secoua la tête en entrant, faussement offusqué. « Aah, ça fait du bien ton air clim’, j’en peux plus de cette chaleur … » Il regarda autour de lui. D’où il était, il ne voyait pas la cuisine et donc, ne voyait pas Juliann. Heureusement, d’ailleurs. Un petit moment d’accalmie avant le chaos. « C’est beau, t’as l’air d’être déjà bien installée. La familia t’a donné un coup de main ? » Lui n’aurait pas été d’une grande utilité, dernièrement.

Il ne pouvait pas comprendre, Woody. Parce qu'il n'avait pas encore toutes les pièces du puzzle. Et quand il saurait, deux réactions étaient possibles. Il pourrait repousser sa soeur en quittant les lieux, comme il savait quitter les arguments. Ou bien, il pourrait passer sa colère sur non seulement son sang, mais aussi Juliann. Ça, c'était le worst case scenario. Quant était-il du meilleur ? Il impliquait de l'acceptation. Et quand bien même que les deux Rutkowski s'étaient rapprochés et avaient mis leurs difficultés de côté, il se pourrait que le côté surprotecteur de Woody affecte sa réaction. Ils n'en étaient pas là, pas encore. Parce que son frère n'était pas arrivé. Et parce que Nevaeh devait faire face à un Juliann impatient de manger. « Si, il remarquera », gronda la brune. « Mange du pain, j'sais pas », fit-elle juste avant que la sonnette retentisse.

Nevaeh s'était élancée vers la porte alors que Attila aboyait. Et ça, ça ferait tilter Woody qui savait très bien que sa soeur n'avait pas d'animal de compagnie. Il eut quand même la décence de ne pas le lui faire remarquer toute suite, à moins qu'il n'ait pas entendu la chienne réagir à la présence d'un invité. Ou, c'était parce que Nevaeh l'avait tout de suite accusé de son retard. Elle était nerveuse. Et le temps passait tellement trop lentement. Deux minutes, c'était comme des heures. « T'avais qu'à arriver à l'heure », gloussa Nevaeh alors qu'elle le laissait entrer. « C'est assez fort pour toi ? Je peux toujours la régler encore mieux... » La maison était fraîche pour Attila, surtout. Nevaeh jeta un coup d'oeil aux mains de Woody, le débarrassant du dessert et du vin qu'il avait choisi, le guidant vers la cuisine. « Euh... pas vraiment... », soufflait-elle alors qu'ils tournaient le coin, laissant apparaître Juliann près du plan de travail à qui elle lança de gros yeux. « Lâche. Le. Fromage », articula-t-elle en silence avant de se tourner vers Woody. « Juliann m'a aidé... »

Ça commence bien la soirée, avec tes reproches. Percevant la conversation à distance, ou du moins des bribes, un sourire se dessine en entendant les mots de Woody. Tu perçois la plaisanterie dans sa voix ou du moins tu en as l'impression. Et de toute façon, Nevaeh n'est pas en reste et ne se laisse pas faire. Son répondant, c'est l'une des choses que tu préfères chez elle. A mesure qu'ils se rapprochent, leurs voix deviennent de plus en plus audibles jusqu'à ce que tu découvres la journaliste à quelques mètres de toi. Evidemment, celle-ci te gronde alors que tu mâches encore du fromage. Tu lèves les mains en l'air en signe d'innocence puis te lèves du tabouret haut de la cuisine pour venir à leur rencontre. Juliann m'a aidé. C'est ce moment-là que tu choisis pour t'avancer vers eux, gardant une certaine distance entre l'ainé des Rutkowski et toi malgré tout. Tu sais que Woody ne te porte pas dans son coeur mais, même si tu en as déjà eu un aperçu, tu ne sais pas à quel point il peut se montrer possessif avec sa petite soeur. Autant garder certaines réserves au début afin d'éviter de te ramasser un coup de poing ou un truc dans ce genre-là. Néanmoins, quelque chose te dit que l'homme n'a pas besoin de ses poings pour faire comprendre qu'il n'aime pas quelqu'un. Tu es persuadé que quelques mots de sa part suffisent. « Salut. » Dis-tu à Woody en arrivant à hauteur de Nevaeh, posant une main dans son dos sans même t'en rendre compte. Attila profite de ce moment-là pour vous rejoindre, tournant autour de l'Australien sans pour autant lui sauter dessus. Depuis toute petite, tu lui as appris à ne pas sauter sur les gens quand ils arrivent chez toi ou dans la rue. « J'espère que tu aimes les chiens. Attila est calme et vraiment gentille. » Expliques-tu sans savoir que Woody possédait lui-même un chien, il y a quelques temps encore.

Le chien qui aboyait, bien sûr que cela avait fait froncer les sourcils de Woody. Il ne se lança cependant pas directement dans ce sujet. La mise en adoption d’Allan Poe, son propre chien, était bien trop récente et il avait peur qu’une quelconque remarque sonne comme un reproche. Si Nevaeh avait voulu adopter un chien, il n’avait rien à dire là-dessus, c’est juste que ça lui faisait un petit pincement au cœur à lui, de se rappeler qu’il s’était séparé de son vieux clébard. À la place, il commenta l’air climatisé. Après tout, la canicule était le sujet de la semaine et il était vrai qu’elle affectait particulièrement le trentenaire. « Non, ça devrait aller comme ça. Merci. » Sa sœur le débarrassa du vin et du dessert, ce qui lui permit d’avancer avec plus d’aisance vers la cuisine alors qu’il examinait les lieux, commentant la beauté de la place et la rapidité d’installation. Ce n’était cependant pas les Rutkowski qui l’avaient aidée … c’était Juliann. Juliann en face de qui il se retrouva bien trop rapidement, Juliann qui se leva après avoir essuyé ses mains de fromage, Juliann qui vint à sa rencontre, le salua et lui parla du chien, tout bonnement. Son chien, comprit-il alors. Sans répondre aux salutations de l’homme, Woody tourna la tête vers Nevaeh. « Really ? On a quinze ans ou quoi ? T’es obligée d’organiser une rencontre en secret, de me piéger pour que je vienne ? » Il soupira. So much for honesty. Mais serait-il venu si elle lui avait directement annoncé que c’était pour qu’ils passent la soirée avec Juliann ? Probablement pas. Woody était déjà réticent quand il s’agissait de dîners de famille en sa présence, alors s’ils n’étaient que tous les trois, l’envie de prendre la poudre d’escampette n’en serait que plus grande. « Moi qui croyais qu’tu voulais vraiment juste me montrer ta nouvelle maison. C’était juste un prétexte pour me forcer à faire un truc dont j’ai pas envie. » Ajoua-t-il en regardant Juliann sur ces dernières paroles.  

La maison de Juliann n'était pas si mal. Si Nevaeh avait peur de ne pas s'y sentir chez elle, ça n'avait rien à avoir avec la décoration. C'était plutôt l'histoire des lieux. Seulement, se lancer dans un achat de maison à l'aveuglette, sans même savoir si la vie à deux leur conviendrait, c'était un peu trop précipité, même pour eux. Ils finiraient par acheter quelque chose à deux, un jour. Un jour. Pour l'instant, Nevaeh avait emménagé chez le pompier, tentant que la maison lui ressemble non pas par sa décoration mais par l'odeur de nourriture préparée avec amour qui la représentait bien plus que la couleur des murs ou les matériaux utilisés pour les armoires. Ce qui rendait cette maison chez elle, aussi, c'était de la présenter à son frère. L'opinion de Woody comptait, bien plus que celle des autres Rutkowski pour être honnête. Alors, dès lors, qu'il complimentait les lieux rassurait la brune. Peut-être que l'apparition de Juliann ne serait pas si mal, finalement.

Avait-on déjà dit que Nevaeh était naïve ? Naïve de croire que ce compliment lancé à la va-vite de son frère était synonyme de bataille gagnée. Arrivé à la cuisine, Juliann s'approchait des deux Rutkowski. Sa main chaleureuse et réconfortante se logea contre la chute de rein de la brune, elle lui sourit. Et il salua Woody, mais l'ouragan Rutkowski était bien lancé déjà. Et il voulait emporter tout sur son passage, même le sourire de Nevaeh qui se fana. Il ne serait pas venu, si Nevaeh lui avait dit d'emblée qu'elle avait emménagé chez Juliann. Il ne serait pas venu si elle lui avait dit que Juliann serait-là. Et tous les trois le savaient. « Je voulais te montrer ma nouvelle maison », fit-elle, la voix tremblante, mais ferme. « Je voulais. » Mais ce n'était pas que ça. « Et tu devrais t'y faire, parce que si je t'ai fait venir ici c'est pour te faire visiter notre maison. » Elle n'avait pas besoin de décrire plus la situation, Woody comprendrait. « Et pour une fois, une seule fois, tu pourrais faire au moins semblant d'être heureux pour moi. » Nevaeh se tourna vers Juliann. « Je suis désolée.. », articulait-elle, mal pour lui. Blessée que son frère lui fasse une scène, devant lui.

Tu peux lire sans difficultés, sur le visage de Woody, qu'il est immédiatement agacé de te voir. Il n'y a rien de bienveillant dans ses yeux. Parfois, c'est à se demander comment lui et Nevaeh peuvent être frère et soeur. Ils sont si différents, si opposés. Son ton est assassin et pourtant il doit savoir qu'il va blesser sa soeur. Il la connait, depuis bien plus longtemps que toi, alors forcément, il sait. Cela ne loupe pas. Tu perçois sa peine dans sa voix tremblante bien que Nevaeh essaie de garder une certaine contenance, une certaine force. « C'est moi le truc que tu n'as pas envie de faire ? » Demandes-tu à Woody sur un ton léger, presque amusé. Tu t'en fous complètement qu'il soit dur avec toi et qu'il ne mâche pas ses mots. Cela ne t'atteint pas. Tu sais qui tu es, tu sais ce que tu vaux. Et ce que tu sais avec certitude, c'est que tu aimes Nevaeh plus que tout au monde. Alors s'il ne peut pas comprendre ça, tant pis pour lui. Tu secoues légèrement la tête de gauche à droite lorsque la journaliste s'excuse en articulant discrètement et juste pour toi. Elle n'a pas à le faire et encore moins à s'en cacher. Ce n'est pas à elle de s'excuser de son comportement merdique. « Je reconnais qu'il aurait peut-être fallu te dire qu'on habitait ensemble et que par conséquent tu me verrais. Mais très franchement, est-ce que tu serais venu ? » Demandes-tu à l'Australien en espérant qu'il ne va pas continuer à t'ignorer jusqu'à ce qu'il s'en aille. Sinon cela risque d'être pesant pour tout le monde et cela risque surtout de t'énerver, à la longue. Nan mais quel genre de frères blesse volontairement sa soeur comme ça, sérieux ?

Ses paroles blessaient peut-être sa sœur mais sa sœur le blessait aussi par cette invitation à l’aveugle. Cette discussion à la plage ne les aurait pas fait grandir bien longtemps. Ils étaient de retour dans leurs vieux patterns et les colères qui venaient avec. D’un ton léger et amusé, ce qui eu évidemment pour effet d’agacer encore plus Woody, Juliann demanda si c’était lui, le truc qu’il n’avait pas envie de faire. « Au moins tu comprends vite. » On ne pouvait rien lui cacher, à celui-là, contrairement à cette cachette qu’avait fait Nevaeh en l’invitant ce soir sous un faux prétexte. Dire qu’il avait vraiment hâte de découvrir cette nouvelle maison et de tout comprendre des motifs de son déménagement. Maintenant qu’il les comprenait, Woody ne voulait plus rien savoir de plus. Si sa sœur voulait se jeter encore plus profondément dans la gueule du loup, c’était son choix, mais il ne l’encouragerait pas. Il écouta la brunette jusqu’au bout avant de secouer la tête. « Tu veux que je sois honnête mais après tu veux que je fasse semblant d’être heureux pour toi quand clairement j’ai des doutes sur tes décisions ? Branche-toi, Nev, parce que c’est l’un ou c’est l’autre mais j’peux pas faire les deux. » Répliqua-t-il avant de regarder à nouveau Juliann de son regard dénué de douceur. Il tapait à nouveau dans le mille en te questionnant pour savoir si tu serais venu, avoir su qu’il serait là également. « Probablement pas, non, mais c’aurait été mon choix. » Là, il était juste piégé, Woody. Et il avait juste envie de rentrer chez lui, de se laisser glisser dans cette solitude qui lui allait maintenant comme un gant. Il ne savait même pas pourquoi il se forçait autant quand clairement, à chaque fois qu’il se pointait à un événement social, il finissait par le regretter. Ce n’était plus son monde. Il soupira, ne sachant plus quoi dire. « Mais bon, comme tu dis, j’vais devoir m’y faire. » Il haussa les épaules après avoir jeté un rapide coup d’œil à sa sœur. S’ils vivaient ensemble, c’est que c’était du vrai sérieux, là.

Les couteaux volaient bas entre ceux qu'on ne pouvait définitivement pas appeler les trois mousquetaires. Et pourtant, tissés serrés, Woody et Nevaeh l'étaient. Mais dans cette situation aux allures d'impasses, le sale caractère de l'homme et la maladresse de la journaliste enflammait la discussion. À tout ça, s'ajoutait la répartie de Juliann qui, évidemment, ne se laisserait pas marcher sur les pieds, encore moins si cela concernait son avenir avec Nevaeh. Woody n'avait pas tout à fait raison, s'il insinuait que Nevaeh l'avait piégé. Elle, elle ne voyait définitivement pas la situation ainsi. Elle était sans doute fautive, oui, de ne pas avoir été cent pour cent transparente avec lui sur sa maison, mais tout cela partait sincèrement d'une bonne intention. Comme si Nevaeh était capable de méchanceté... encore plus lorsqu'il était question de son héros. « J'ai jamais su prendre de bonnes décisions selon toi, de toute façon.. », fit-elle remarqué avec émotion. Que ce soit la façon dont elle s'occupait de lui, ses anciennes relations ou même ses expériences professionnelles, Woody n'adhérait jamais à la vision de sa cadette. Il ne lui fallu pas longtemps pour affirmer qu'il ne serait pas venu, s'il avait su dès le départ que Juliann y vivait aussi. « C'est exactement pour ça que je ne voulais pas te le dire avant. C'était important pour moi que tu sois là, ce soir... » Mais visiblement, c'était trop lui demander, à son frère. « Ou sinon quoi? », soupirait la brune. « J'vais pas me séparer de Juliann, j'vais pas déménager non plus... Alors quoi? Tu ne viendras plus me visiter? C'est pas un peu fatiguant tout ça ? » Nevaeh attrapa la main de Juliann, la serrant bien fort, aussi fort que son coeur battait dans sa cage thoracique, de colère et de tristesse à la fois. « Mais ok, si c'est ce que tu veux.. T'es pas obligé de rester. Mais, sérieusement, vous devriez avoir une bonne discussion, tous les deux, une fois pour tout... » Elle lâcha tristement la main de son petit ami, les regardant tour à tour. « Je vais prendre l'air... »

Spoiler:

Au moins tu comprends vite. Un sourire se dessine au coin de tes lèvres et, sur le même ton léger qu'auparavant, tu ajoutes : « C'est une de mes qualités. » Tu sais que t'énerver ne mènera à rien et quelque chose te dit que ton comportement mesuré et calme agace davantage Woody. Sans doute parce qu'il a plus de mal à se tenir que toi. Vous êtes tous les deux sanguins, c'est une certitude, mais lui l'est probablement davantage. Les mots tranchants de l'aîné des Rutkowski continuent d'affluer, davantage à l'encontre de Nevaeh qu'envers toi. C'est ce qui est douloureux, d'ailleurs. Encaisser, tu sais faire. Mais regarder ta petite-amie être blessée, encore et encore, pas l'un des hommes qu'elle aime le plus au monde, ça te tue. Littéralement. Seulement, il y a des choses qu'ils doivent régler tous les deux, tu ne peux pas intervenir à tout bout de champ. Néanmoins, il y a bien une chose dont tu es sûr : s'il avait su que Nevaeh avait emménagé chez toi, Woody ne serait jamais venu. Honnête, l'australien confirme tes dires. Au moins, il dit les choses comme elles sont et ne joue pas un double-jeu. On peut lui reconnaitre cela. La discussion s'envenime quelque peu ou plutôt, les limites de la journaliste semblent presqu'atteintes. A tel point qu'elle vous laisse, Woody et toi, pour discuter. Tu lui lances un regard interrogateur, ne comprenant pas bien pourquoi elle fait cela. Surtout qu'elle a encore beaucoup de choses à régler avec son frère. Vous en avez aussi, tous les deux, mais tu ne pensais pas que cette discussion arriverait si tôt. « Tu veux t'asseoir ? » Demandes-tu d'abord en prenant la direction du salon. Si vous devez discuter, autant le faire en étant confortable. Et tu ne dis pas ça parce qu'il est malade. Bien que ce soit triste, ce qui lui arrive, tu n'éprouves aucune pitié pour l'australien. « Je vais commencer parce que je sais que c'est vraiment important pour Nev, qu'on discute. Je comprends que tu émettes des réserves vis-à-vis de moi, je n'ai clairement pas été irréprochable avec ta soeur. Mais j'aimerais d'abord te poser une question. Quand elle t'a parlé de moi, la toute première fois, avais-tu déjà des aprioris ? Et si oui, pourquoi ? » Tu ne sais pas pourquoi mais tu es persuadé que Woody t'avait déjà jugé avant même de te connaitre. Avant même que Nevaeh ne lui en dise davantage sur toi. « Je ne dis pas ça pour te juger ou pour faire ton procès. J'veux juste qu'on reparte du tout début et qu'on voit ce qui coince. » Ajoutes-tu en prenant place sur le canapé du salon. Si Woody décide de s'asseoir et de répondre à tes questions, c'est qu'il accepte de discuter et fait un pas dans ta direction. Sinon, il n'aura plus qu'à prendre la porte.

Ne se laissant pas du tout troubler par le ton arrogant de Woody, Juliann répliqua que c’était une de ses qualités, cette vivacité d’esprit. Un sourire tout aussi insolent étira les lèvres de Woody qui fixait l’homme sans broncher, son regard vert perçant celui de son supposé beau-frère. « Bon au moins j’sais que t’en as quelques-unes malgré tout ce que j’ai pu entendre. » Woody venait du même coup de révéler que Nevaeh avait parlé de lui, sans dresser un portrait très élogieux de sa personne. En même temps, il ne fallait pas oublier que si le trentenaire avait déjà une telle réticence face à Juliann, c’était bel et bien parce que Nevaeh lui avait raconté des trucs qui ne lui avaient pas plu. Des trucs qui faisaient en sorte qu’il ne le jugeait pas assez bon pour sa sœur. Cette dernière lui reprocha de ne pas être heureux pour elle, de ne même pas faire semblant de l’être pour elle, ce que Woody lui remit en pleine face avec une réponse basée sur leur dernière conversation à la plage. Elle voulait l’honnêteté, elle l’avait. « J’ai surtout jamais souligné les bonnes décisions que tu as pu prendre. Maintenant j’vais le faire, si ça peut avoir plus de poids pour celles qui ne le sont pas. » Lâcha-t-il. Il s’était déjà excusé, à la plage, de ne pas avoir été assez là pour elle, de ne pas avoir souligné ses bons coups. Il pensait que tout ça était derrière eux mais visiblement, non. Leur pacte les pieds dans le sable était juste de la foutaise et ça le blessait. « Si c’était si important que je sois là, lui ne le serait pas. » Lâcha Woody en pointant Juliann. Nevaeh s’emporta, parlant de ne pas vouloir se séparer de Juliann, de ne pas vouloir que Woody ne vienne jamais la visiter pour ça. Son frère fronça les sourcils. « J’t’ai rien demandé de ça. J’ai dit que j’allais devoir m’y faire, c’est tout. » Mais comment allait-il s’y faire ? Sans doute en évitant Juliann le plus possible, oui. La brunette déclara qu’ils devraient avoir une bonne discussion, les deux hommes, une bonne fois pour toute. Sur ce, elle s’éclipsa, allant dehors dans le jardin. Woody soupira et jeta un rapide coup d’œil à Juliann qui prit la parole en premier. « Non c’est bon, j’suis bien comme ça. » C’était juste pour paraître plus fort, pour ne pas avoir l’air de l’homme fatigué qu’il était. La fierté de Woody se traduisait d’innombrables manières. « J’ai des aprioris à propos de tous les mecs que fréquente Nev’ parce que clairement elle apprend pas de ses erreurs. Et ce qu’elle m’a dit sur toi m’a juste confirmé la suite. » Répondit-il en regardant Juliann s’asseoir sur le canapé. Il resta debout, bien droit. « Un mec qui sait pas voir dès le départ qu’il n’a pas besoin d’aller voir ailleurs quand il peut avoir Nev’, c’est un mec qui n’en vaut pas la peine. »

Tu te doutes bien que l'image que Woody a de toi n'est pas apparue de nulle part. L'australien partait sans doute avec quelques réticences mais les paroles de sa soeur n'ont rien dû arranger. Si aujourd'hui elle prend ta défense, tu te doutes bien que ça n'a pas toujours été le cas. Pourtant, de ton côté, peu importe ce qu'il s'est passé entre vous, tu ne l'as jamais décriée à qui que ce soit. Mais tu ne peux pas lui en vouloir de s'être confiée à son frère. Aujourd'hui, c'est à toi de prouver à Woody qu'il se trompe sur toi. Le ton monte davantage encore entre les deux Rutkowski et tu décides, pour cette fois, de ne pas prendre plus part à la conversation. Il y a des choses qui ne les concernent que tous les deux et tu sens que Nevaeh ressent le besoin de se défendre par elle-même. Après quelques minutes, la brune décide de s'éclipser, prétextant que vous avez des choses à vous dire. Tu soupires tout en prenant la direction du salon où vous serez mieux pour discuter. Comme tu t'y attendais, Woody refuse de s'asseoir, ce qui t'arrache un léger sourire. « On fait tous des erreurs mais ça ne veut pas dire qu'on en ressort pas grandi. Si tu penses que Nevaeh est la même, aujourd'hui, qu'il y a quelques années avec ses exs, tu te trompes sur toute la ligne. » Elle a été blessée et plus d'une fois par ses anciennes relations. Aujourd'hui, elle est plus méfiante et plus touchée, aussi, par des choses qui peuvent te paraître parfois insignifiantes mais qui ne le sont pas du tout pour elle. « Ce n'est pas vraiment comme ça que les choses se sont passées. J'ai dit dés le début à Nev que je ne voulais pas l'utiliser, que j'avais envie de faire les choses correctement avec elle. Je ne lui ai jamais caché que j'avais été dans une relation libre auparavant et que je ne connaissais quasiment que ça. Je suis resté quelques années avec mon ex alors je voulais être sûr de moi et ne pas m'engager trop vite pour ne pas la faire souffrir. » Expliques-tu en haussant légèrement les épaules. « Dans toute relation on prend le risque de souffrir et on s'est blessé l'un comme l'autre. Mais tu ne vas pas me faire croire que tu as toujours été irréprochable dans tes relations passées ou actuelles. » Tu ne sais pas si Woody est en couple et dans le fond, tu t'en fous complètement. Tout ce que tu veux c'est qu'il comprenne qu'il est humain de faire des erreurs dans toutes les relations, peu importe leur type.

Nevaeh ayant laissé son frère se débrouiller tout seul contre Juliann, ils passèrent au salon. Woody ne se réjouissait pas vraiment de ce tête-à-tête imposé, d’ailleurs il en voulait davantage à sa sœur maintenant. Non seulement elle l’attirait dans ce piège sans donner un seul indice de la possible présence de Juliann, mais en plus elle le forçait à lui parler, seul à seul. De toutes les réactions possibles, c’était la dernière à pouvoir permettre de rattraper la situation avec Woody. Le trentenaire lui en voudrait encore plus, c’est tout. Il resta debout quand Juliann l’invita à s’asseoir. Non seulement il voulait repousser toute idée que pouvait avoir le pompier sur sa maladie – même s’il voyait juste -, mais il ne voulait pas non plus laisser l’impression que cette conversation pourrait s’éterniser. Il n’était pas venu ici pour prendre le thé avec le copain de sa sœur. « C’est pas elle qui n’est pas la même. Ce sont les mecs qu’elle fréquente qui ne changent pas. » Le même type, les mêmes patterns. Elle tombait amoureuse d’hommes qui ne l’aimaient pas à sa juste valeur. Elle s’amourachait de ceux qui étaient incapables d’aimer correctement. Comme son grand frère. Juliann tenta de rectifier certains éléments de son histoire avec Nevaeh. Le physiothérapeute était bien conscient qu’il y avait toujours deux côtés à une médaille, surtout lorsque le premier côté avait été révélé dans la peine et la douleur. Sa sœur avait pu laisser le voile de sa déception teinter ses paroles. Mais Woody avait quand même tendance à croire davantage celle qui partageait son sang. « C’est drôle, moi j’ai plutôt compris que … attends, comme elle a dit ça déjà ? Ah oui. Que tu lui suffisais, mais que t’avais quand même besoin de l’affection d’autres femmes. » Et des paroles comme celles-là, ça ne faisait pas vraiment écho aux paroles que venaient d’offrir Juliann à Woody. Ce n’était pas de faire les choses correctement. C’était de manquer de respect à sa sœur. Quand le pompier lui fit remarquer qu’il n’avait pas dû, lui-même, être irréprochable dans ses relations, il leva les yeux au ciel en riant. « Non, en effet. Tout le contraire, même. Et c’est justement pourquoi j’veux pas que Nev’ finisse avec un mec dans mon genre. Un mec dans ton genre. » Dit-il en plongeant son dur regard dans le sien.

Même si Nevaeh a sans doute voulu bien faire en vous laissant en tête à tête, Woody et toi, la posture et le ton qu'il emploie prouvent que la conversation ne mènera à rien d'intéressant. Son idée semble déjà toute faite et il n'en déroge pas. Tu ne peux pas en vouloir à la journaliste de s'être confiée à son frère mais tu aurais préféré qu'elle le fasse auprès de quelqu'un d'autres, surtout pour te déparler. Au moins, il aurait été plus facile de rattraper le tir avec Pippa ou tout autre ami(e). Son frère, aussi protecteur qu'il soit, c'est une autre histoire. « Peut-être qu'elle a fréquenté le même genre de mecs auparavant mais j'lui ai jamais menti sur qui j'étais. Sans doute que tu ne le vois pas parce que tu as envie de protéger ta soeur mais Nev est capable de se défendre. De faire ses propres choix et de prendre ses propres décisions. » En gros, elle n'a pas besoin de Woody pour savoir quoi faire ou pour prendre la meilleure décision possible. Surtout que, à tes yeux, la décision prônée par l'australien ne sera pas forcément la meilleure pour sa soeur. L'avis de Woody est biaisé par des idées reçues et il n'essaie même pas d'en changer. Tu savais les Rutkowski bornés mais pas à ce point-là. « D'autres femmes, d'autres hommes. » Précises-tu bien que ça n'apporte rien de plus à la conversation. « Je ne m'en suis jamais caché mais il y a une raison derrière tout ça. Je n'étais simplement pas prêt à me remettre tout de suite en couple après ma dernière relation. J'ai préféré prendre mon temps et regarde où ça nous a menés. » Dans cette maison, tous les deux, plus heureux et amoureux que jamais. Aujourd'hui, tu es persuadé que la vie est faite pour que vous la continuiez tous les deux. Est-ce un tort d'avoir voulu prendre ton temps afin d'être sûr de toi et de tes sentiments ? Absolument pas. « T'aurais préféré que j'lui envoie de la poudre aux yeux en lui promettant monts et merveilles et que je finisse par la tromper derrière ? Je ne suis pas comme ça. » Ajoutes-tu en haussant les épaules. La tromperie, trop peu pour toi. Quand tu t'engages dans quelque chose, tu le fais à fond et aujourd'hui, ça ne pourrait pas être plus sérieux entre Nevaeh et toi. « Wow, tu dois avoir une image bien merdique de toi pour ne pas vouloir que ta soeur soit avec un mec dans ton genre. » Soulèves-tu en ayant un mouvement de recul de la tête. « Tu ne me connais pas Woody et peut-être que tu ne me connaitras jamais, si tu ne le veux pas. Ce serait dommage pour Nev mais ça ne va rien changer à ma vie si tu ne veux pas creuser davantage. Quoi qu'il en soit, je compte bien rester dans sa vie aussi longtemps qu'elle voudra de moi et ça, tu ne peux pas y faire grand chose. » Ce n'est pas de l'arrogance ou de la provocation, c'est un fait. Tu l'aimes et tu n'es pas prêt de la laisser.