who does not trust enough will not be trusted (juliann & woody)

Leur conversation ne menait nulle part. Woody ne se forçait pas à voir le bon dans le discours de Juliann, au contraire, il cherchait à tout prix à déceler les erreurs dans les tournures de ses phrases pour s’y accrocher. Il les lui remettait en pleine face, volontiers. Il était de mauvaise foi, Woody, mais ce n’était pas surprenant. Il avait toujours été comme ça. « Effectivement, elle fait ses propres choix et prend ses propres décisions, mais ça n’veut pas dire que ce sont les bons pour elle. Et elle s’en rend compte trop tard, tout le temps, quand le mal est fait. Et qui qui est là pour la ramasser ? Notre mère, Avery, Sean s’il est là, et moi. » Et pour cette raison, Woody appréhendait à chaque fois les moments où elle leur présentait un nouvel homme dans son cœur. Parce que c’était dans ses histoires amoureuses que Nevaeh souffrait le plus fort. « Crois-moi j’en ai vu d’autres et même que généralement, ça commence déjà bien mieux que votre histoire à tous les deux, alors laisse-moi douter que ça puisse bien se terminer. » Pourtant, c’était tout ce qu’il souhaitait pour Nevaeh. Qu’elle soit heureuse et qu’elle ait ce happy ending qu’elle désirait tant. Woody ne voyait juste pas comment ce pouvait être auprès de Juliann, s’il n’était même pas capable d’affirmer qu’elle était tout ce dont il avait besoin au niveau sentimental. Le pompier le reprit en ajoutant qu’il avait besoin d’autres hommes, aussi, pas que d’autres femmes. Woody eut un rictus. « Encore mieux. » Répliqua-t-il sèchement, pensant pour lui-même que ça ne faisait qu’agrandir l’éventail de choix avec qui faire du mal à Nevaeh. « Non, j’aurais préféré que tu t’abstiennes de lui laisser le temps de tomber amoureuse de toi si t’avais pas l’intention que ça devienne sérieux comme elle, elle le voulait. Aujourd’hui, t’es capable de dire que t’as plus du tout envie d’aller voir ailleurs ? » Demanda Woody. Il voulait avoir la certitude, avant de baisser un peu ses gardes, que Juliann s’engageait pour de vrai avec sa sœur et que cette fois, il n’était plus question de l’avoir elle mais d’avoir tous les autres aussi à la portée de ses mains. « J’ai jamais caché l’opinion que j’ai de moi-même. J’ai pas d’quoi me vanter de mon parcours amoureux. » Il s’en foutait, donc, que Juliann le juge là-dessus. Il se jugeait lui-même. « Ça ne changera rien à ta vie, hein ? » Il secoua la tête en riant, sarcastique. « Tu viens d’me prouver mon point, Juliann. Parce que si cette situation affecte Nevaeh, ça devrait forcément t’affecter toi. C’n’est plus juste ta vie, c’est votre vie, que vous partagerez ici. Commence à penser pour vous deux plutôt que juste pour toi et là, peut-être que j’aurai davantage envie d’apprendre à te connaître. » Lâcha-t-il.