Alcohol is aspirin of soul. | ft. Leo

Un énième appel constitué d’engueulades et de reproches. Je me demandais encore comment elle avait pu changer à ce point, d’un jour à l’autre. Je raccrochais dans une rage sans pareille. Que s’était-il passé encore une fois ? Je soupirais avant de finir ma tasse de café. Café désormais froid, l’ayant délaissé pendant l’embrouille téléphonique avec celle qui deviendrais bientôt mon ex-femme. Je me souvenais du temps où tout allait bien pour nous, nous filions le parfait amour. Ce que je n’aurais pas cru possible après le décès d’Haley. Et pourtant, Andy était tombée au bon moment et au bon endroit. C’est elle qui m’avait fait remonter la pente, doucement mais sûrement. Comment durant toutes ces années je n’avais pas pu m’apercevoir que son amour pour moi dégringolait ? Elle me répondrait certainement que je ne pouvais pas le voir parce que j’étais pas là, et nianiani et nianiania… Un autre soupir. Un regard à ma montre. J’étais à la bourre. A cause d’elle, en plus, ce qui me mettait dans une rage encore plus grande. J’attrapais à la hâte ma veste qui était posée nonchalamment sur la tête du fauteuil, mon trousseau de clefs dans le vide poche, puis je filais.

Pour moi, être à l’heure c’était déjà être en retard, j’avais donc speedé sur la route afin d’arriver avec quelques minutes d’avance. Il faut dire que j’avais horreur d’arriver au bar sans pouvoir me poser minimum cinq minutes avant d’entamer le travail. De plus, c’était inventaire aujourd’hui. J’avais donc décidé de fermer le bar, car j’avais horreur de me taper un inventaire à deux heures du matin. Il était clair que ce n’était pas le travail le plus fun à faire, je pouvais le concevoir. Malheureusement, il fallait bien y passer de temps en temps. Pour cela, je réquisitionnais toujours du personnel pour m’aider dans cette dure tâche. Aujourd’hui, c’était Leo, ça ne servait à rien d’être dix non plus. Le faire à plusieurs, c’était tout de même plus sympa et surtout rapide. Enfin, seulement quand tout coordonnait... J’arrivais, faisais un signe de la main pour la saluer, presque étonné qu’elle soit déjà là, puis filais directement me prendre une bière. Rituel. Un travail bien fait est un travail fait avec une bière dans la main, comme je dis toujours. C’était surtout qu’elle était nécessaire après l’appel que j’avais eu juste avant de partir de chez moi. Elle, elle allait filer à la vitesse grand V. Calepin en main, prêt à prendre des notes. J’étais encore l’ancien sur son bloc-notes, plutôt que de directement faire sur logiciel informatique. Ça, c’était l’étape d’après. « Bon, Leo, j’espère que tu vas bien aujourd’hui. Nous sommes partis pour plusieurs heures. » annonçais-je en regardant le mur rempli d’alcool du bar. « On commence par le bar, on fera le stock après. »