Catching up → Kara Robbins

Lianna, la fille de Kara était arrivée peu après 8 heure ce matin. Sa mère me l'avait déposé pour aller faire un shoot pas très loin d'ici.
Ma relation avec la brunette avait énormément évolué après son divorce, pas en bien malheureusement... Elle avait tenté de se rapprocher de moi et je l'avais froidement repoussé. Ce n'était pas que mes sentiments envers elle avaient changé, bien au contraire je crevais toujours d'envie d'être son homme, mais je ne voulais pas être celui de passage après sa rupture. Ce fossé qui s'était creusé entre nous me fendait le cœur, c'était la première fois depuis notre rencontre que la communication était aussi laborieuse. Cependant, elle me laissait toujours voir Liana, sa fille, ce qui me faisait du bien. J'aimais cette petite comme si c'était la mienne - à défaut d'en avoir... -, je la choyais à chaque fois que je la voyais. J'avais du mal à comprendre comment son père avait pu lui tourner le dos aussi facilement, alors que j'avais du mal à me passer d'elle plus d'une semaine.
D'ailleurs, depuis qu'elle était arrivée chez moi ce matin, nous ne nous étions pas posés une seule seconde. Elle avait eu le droit à mes fameux pancakes - commandés sur Uber eats -, puis nous nous étions rendu à la plage avant que le soleil ne soit trop fort. Elle avait fait des châteaux de sable et était même monté sur ma planche de surf pour une virée sur les vagues. Sa belle frimousse et ses rires m'avaient complètement charmé et elle avait réussi à me convaincre de manger nos sandwichs les pieds dans l'eau. Fatiguée, elle s'était endormie dans mes bras et je l'avais porté jusqu'à la maison pour ne pas la réveiller. Sa sieste m'avait permis de commencer à dessiner ce que je voulais créer pour mon prochain set de poterie. La vie avec un enfant était plutôt rythmée, et ça ne manqua pas car Liana se réveilla pleine d'énergie. Elle voulait faire de la poterie comme la dernière fois. J'aurais pu refuser, lui dire qu'elle était trop petite et que c'était compliqué de bien faire à son âge, mais non. La réalité était que j'avais adoré l'emmener dans mon atelier la dernière fois et qu'elle m'avait donné pleins d'idées pour un set pour enfant. C'était donc habillée de mon tee shirt qu'elle m'avait suivi jusqu'à mon atelier, d'elle même elle s'était installée sur mon tabouret devant mon tour. « Déjà prête ? » Elle me fit oui du visage, balançant ses petites jambes dans les airs. Je lui mis une boule d'argile devant elle et ses mains entrèrent immédiatement en contact avec la matière. Elle s'amusait et c'était le plus important à mes yeux. Je lui allumais le tour, tout doucement, et avec mes mains je guidais les siennes. Elle rigolait parce que ça salissait les mains, son rire était contagieux. J'embrassais la tête de la petite Liana dans un geste d'affection sincère et à cet instant Kara apparut dans l'embrasure de la porte.

Kara avait une longue journée qui l’attendait. Depuis qu’elle avait sa petite fille, elle avait moins de temps pour elle, mais ce n’était pas quelque chose qui la dérangeait, parce que sa fille était beaucoup trop précieuse à ses yeux. Depuis son divorce, elle avait eu la garde exclusive de sa fille, le père s’était volatilisé abandonnant sa propre fille, ce n’était pas une chose que Kara allait pardonner, surtout que sa fille vivait la séparation de ses parents, mais en plus, il y avait eu une coupure du jour au lendemain avec son père et c’était devenu beaucoup plus difficile à la maison, comme si elle avait besoin d’un souci en plus avec l’opossum qui avait adopté son jardin, cela la rendait furieuse. Kara, elle s’était levée assez tôt, parce qu’avoir un enfant ne permettait pas vraiment les moments de grasse matinée, mais même avant Lià, Kara n’était pas de ses personnes qui dormaient beaucoup. Le sommeil n’avait jamais été quelque chose qu’elle appréciait, les cauchemars arrivaient par vagues, et elle préférait l’insomnie qu’à ses problèmes. Kara, elle préférait tenir son esprit occupé.

Elle s’était mis d’accord avec Asher de lui laisser sa fille pour la journée et elle était contente qu’il accepte malgré le fait qu’il avait mis une distance entre eux, elle ne voulait pas que sa fille perdre une personne de plus. Il était distant avec elle et Kara ne comprenait pas pourquoi elle était un peu troublée par tout ce qui se passait, mais il est vrai qu’émotionnellement elle était instable depuis que son divorce était tombé. Elle ne savait pas ce qu'Asher lui reprochait, mais une chose est sûre, ça n’allait pas trop entre eux et c’était bien la première fois que ça arrivait depuis qu’elle le connaissait, en tout cas, elle avait ce sentiment qu’elle avait gâché les choses bien vite. Elle avait préparé les affaires de Lià ainsi que les siennes avant de la déposer chez Asher. Kara, elle donnait un bisou à sa fille avant de partir. Elle ne s’était pas attardé plus longtemps qu’elle était en route vers son studio. Elle avait quelques heures de shooting photos prévues à son horaire, Kara était tellement à l'aise et heureuse derrière sa caméra qu'elle n'avait pas vu les heures passées. Elle en avait profité pour faire quelques courses avant de retourner chez Asher. Comme ça, on s’amuse sans moi ? Disait-elle d'un air amusé en regardant sa fille en souriant alors qu’elle se précipitait vers sa maman. Kara prit sa fille dans ses bras en regardant Asher. Merci encore pour ton aide. Comment ça s’est passé, ce n’était pas trop compliqué, j’espère ? Compliqué, dans le sens de crises, parce que Liana, elle n'était pas toujours facile en ce moment.

@Asher Mellow

La compagnie de Liana m'avait permis de passer une bonne journée. Elle m'avait fait rire et maintenant que sa mère venait la récupérer, j'avais un petit pincement au cœur. Je ne savais pas trop si c'était du au fait de devoir la laisser partir, ou si cela venait plutôt des tensions qu'il y avait entre Kara et moi... J'aurais aimé pouvoir les garder avec moi pour le reste de ma vie, réussir à parler avec la jolie brune, j'en avais assez de ce fossé qui s'était creusé entre nous. Elle était ma meilleure amie depuis 20 ans ! J'avais besoin d'elle.
« Elle a été très sage. On a été à la plage, elle a fait la sieste et après on a fini ici. » Répondis-je en regardant la fille enlacer sa mère. Quand Lia se détacha d'elle, je vis les traces d'argile laissées par ses petites mains sur le haut de Kara. Je n'avais pas pensé à lui essuyer avant de la laisser s'enfuir. « Lia vient là, tu en mets partout sur ta mère. Tu n'as pas fini en plus. » La petite revint vers moi pour récupérer sa "tasse", ou ce qui y ressemblait, avant de la débarrasser sur une planche que j'utilisais pour le séchage. Elle était fière d'elle, sa démarche était à mourir de rire... Quelle coquine.
Elle aurait pu être de moi si j'avais eu le cran de dire à Kara qu'elle me plaisait dès le début, mais non. Il avait fallut que j'attende et j'avais manqué le bon moment et à présent il était trop tard. Nous n'arrivions même plus à nous regarder dans les yeux plus de quelques secondes, nos conversations étaient basiques. J'étais en train de devenir fou, car si ma carrière professionnelle était en plein essor, ma vie personnelle était au plus bas.
« Vous restez manger ce soir ? Je lui ai promis de faire des s'mores. » Peut être que je lui forçais un peu la main, car j'avais déjà fait la promesse à Liana, mais je voulais passer du temps avec elles.

Kara avait pu passer quelques heures à faire son shooting de photos. Quand elle laissait sa fille avec Asher, elle arrivait à avoir l’esprit tranquille, sans doute parce qu’elle avait une confiance aveugle pour son meilleur ami. Elle avait pu rencontrer son client et elle lui avait donné toute son attention et bien sûr sa vision artistique de ce qu’elle voyait pour son projet. Kara avait toujours été très à l’écoute pour ses clients et on ressentait cette passion l’habiter quand elle faisait son métier, mais une fois les heures passées, il était temps qu’elle retourne chez Asher pour récupérer Lià. Juste à penser mettre les pieds chez lui, elle pouvait ressentir une certaine appréhension, parce que ça n’allait pas si bien que ça entre eux. Kara, elle s’était approchée un peu trop depuis son divorce, sans doute qu’elle avait besoin de soutien, mais petit à petit, elle se rendait compte que la jalousie de son ex-mari n’était pas si innocente, il y avait quand même une part de vérité dans tout ça. Elle s’était rapprochée d’Asher, mais depuis, il était distant avec elle et Kara elle avait l’impression d’avoir gâché pas mal de choses au final. En tout cas, elle se rendait compte qu’elle avait passé beaucoup de temps à ignorer tout ça, du moins ce qu’elle ressentait pour Ash’, mais Kara elle avait surtout l’impression que c’était dans sa tête, puisqu’à voir la distance qui s’était installée, ça ne semblait pas du tout réciproque et elle avait l’impression d’avoir fait une connerie. Elle s’était trompée, mais pour le coup, elle pensait simplement reprendre Lià pour ce soir, parce que même si la situation était devenue étrange entre eux, Kara elle respectait ça quand même.

Elle était arrivée chez Asher, sans prévenir, parce qu’on ne pouvait pas défaire une habitude qui était installée depuis des années. Puis, quand sa fille lui sauta dans ses bras, elle avait les mains pleines d’argile. Ça ne prenait pas grand-chose pour qu’elle lui en mette sur son haut. Kara, elle était habituée, sauf que cette fois-ci, elle venait de lui salir une tenue professionnelle, en plus de lui en avoir mis sur le menton. Elle passait son doigt sur son menton pour enlever le surplus. Tu me montreras le résultat final, je veux voir cette tasse ! Disait-elle amusée par la situation, avant de regarder Asher d’un regard plus neutre. Je peux emprunter ta salle de bain ? Ce n’était pas vraiment une question, elle était déjà partie pour enlever l’argile sur son haut et sur son menton. Une serviette humide et un peu d’eau et ça irait, ce n’était pas si grave, mais Kara, elle fut surprise qu’Asher lui propose de rester pour souper. En même temps, elle n’avait même pas pris le temps de manger aujourd’hui. C’est vraiment ce que tu veux ? Elle ne comprenait plus rien Kara, elle avait beau connaître Asher par cœur, elle n’avait jamais été dans ce genre de situation avec lui avant. ..Enfin, je veux dire, si tu lui as promis, je suppose qu’on peut rester. Kara regardait sa fille finir sa tasse, ça leur ferait du bien à tous les trois, même si c’était devenu un peu compliqué. Kara complimentait sa fille face à ce qu’elle avait fait de ces petites mains. Viens par-là ma chérie, on va aller se laver les mains avant de salir la belle maison d'Asher. Avant qu’elle n’en mette partout, si ce n’était pas déjà fait.

Lorque Kara regardait sa fille, ses yeux pétillaient de bonheur, mais dès qu'elle posait son regard sur moi, celui ci se transformait en un abysse sombre. Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec moi, ou du moins c'était ce que je ressentais. Même ma demande pour qu'elle reste manger avec Lia ce soir semblait la déranger. Je ne voulais pas l'obliger et je n'aurais surement pas du promettre à la petite fille, mais je n'avais pas réaliser que nous étions autant en froid.

J'avais rangé l'atelier pendant que les filles se débarbouillaient, et à présent je les retrouvais dans la cuisine. La petite fille fila très vite pour s'installer dans le mini coin bibliothèque que je lui avais construit, me laissant en tête à tête avec sa mère. « Je suis désolé, je n'aurais pas du lui promettre qu'elle pourrait rester manger. » Dis-je avec les yeux fixés vers le sol. C'était juste tellement naturel pour moi de lui faire ce genre de promesse... Je n'avais pas pensé que Kara n'aurait pas envie de rester chez moi plus de cinq minutes. Sa me tuait de savoir que je ne pouvais plus parler à celle qui était ma confidente depuis des années, je m'en voulais terriblement d'être tombé sous son charme et d'avoir tout ruiné.

Le silence était pesant. Je n'avais pas commencé à préparer le repas et je ne bougeais pas de là où je me trouvais de peur de déclencher une discussion que je n'étais pas prêt à affronter. Je préférais observer Lia, elle au moins n'avait pas changé de comportement avec moi. Elle m'aimait toujours - heureusement -. Mon cœur était serré et je finis par craquer.  

« C'est de ma faute tout ça. » C'était peut être égocentrique, mais je me sentais en parti responsable du divorce de la brunette. J'étais aussi à blâmer pour ce qui concernait notre relation actuelle. Il fallait que je me fasse à l'idée que les sentiments que j'avais pour elle ne serait jamais réciproque. Elle avait bien essayé de venir vers moi quelques semaines après son divorce, mais j'avais eu - et c'était toujours le cas - l'impression que ce n'était pas pour les bonnes raisons. « Alors si tu préfères partir, je lui dirais que je n'ai rien à manger, je suis sur qu'elle comprendra. » J'étais prêt à mentir à Liana pour laisser libre court aux envie de Kara. Je n'avais encore jamais menti à la petite fille, mais cette tension pesante entre la brunette et moi ne pouvait plus durer. J'avais l'impression d'avoir le cœur dans un étaux et je ne le supportais plus. Dans tout ça, je n'avais pas regardé une seule fois la jeune femme dans les yeux, je n'y arrivais pas.

Elle ne s’attendait pas à rester chez Asher pour la soirée, simplement parce qu’il avait décidé de garder ses distances en ce moment et Kara, elle essayait de respecter ça. Elle pouvait comprendre qu'Asher avait besoin de temps, mais elle avait de plus en plus de mal à comprendre son meilleur ami, plus le temps passait. Kara, elle gardait ses distances comme s'il y avait un truc qui s’était brisé entre eux, elle se sentait responsable, et ce sentiment de culpabilité. La brunette, elle avait l’impression d’avoir détruit cette amitié qu’elle tenait plus que tout, mais elle n’arrivait plus à vivre dans le déni comme elle l’avait fait après tant d’années. Certes, c’était un peu trop tôt vu son divorce, elle avait encore le cœur écorché Kara, mais il n’en restait pas moins que ce qu’elle ressentait était réel.

Elle essayait de se comporter au mieux, mais elle n’était pas parfaite, Kara, et voilà qu’elle était froide avec un simple regard. Une chose est sûre, c’est qu’elle ne voulait pas changer les choses pour Lià, sa petite fille de deux ans était encore trop jeune pour se rendre compte de l’abandon de son père, mais Kara avait la chance d’être bien entourée. Un père et un frère toujours là. Et Asher aussi était une présence importante pour elle. Elle alla avec Liana pour se laver les mains et elle la laissa partir jouer dans le coin bibliothèque avant d’entendre Asher s’excuser. Elle arrivait à peine à le regarder, parce qu’elle n’en pouvait plus de se sentir comme ça, si mal. Je suis juste surprise, c’est tout. C’est toi qui voulait prendre tes distances, mais tu nous invites à rester ce soir, je ne sais plus trop ce que tu attends de moi. C’était juste étrange cette sensation et puis depuis quand il promettait des choses à sa fille sur un coup de tête ? Elle l’écoutait lui dire que c’était sa faute, mais elle n’était pas de cet avis, Kara passa sa main dans ses cheveux longs en soupirant, rien de tout ça n’était amusant et elle ne savait plus sur quel pied danser. Je ne pense pas que c’est de ta faute Asher. Décidément, on ne veut pas les mêmes choses ou alors on a du mal à se comprendre, je ne sais pas. Est-ce qu’on peut oublier ce que j’ai dit l’autre soir ? Ce qu’elle avait dit, ou les avances qu’elle lui avait faites sur le coup de l’émotion et peut-être un peu sous l’effet de l’alcool, elle avait simplement fait parler son cœur et maintenant elle en souffrait. Kara, elle savait ce qu’elle ressentait pour lui, elle ne voulait plus vivre dans le déni de ses sentiments, mais elle ne voulait pas non plus le perdre. Ce qu’elle ressentait était très clair, Kara était ce genre de femme qui savait ce qu’elle voulait et qui fonçait tête baissée, mais ça ne semblait pas réciproque pour Asher et elle n’avait pas envie de pousser, d’insister et de perdre son ami le plus cher. Non, tu ne vas pas te débarrasser de nous comme ça ! Tu lui as promis, tu assumes maintenant, tu vas nous avoir dans les pattes toute la soirée. Disait-elle en lui donnant un petit coup à l’épaule pour qu’il arrête de regarder par terre et qu’il pose son regard sur elle. Kara, elle lui adressa un sourire en coin plutôt timide, mais c’était déjà mieux que rien.

Kara avait toutes les raisons de ne pas vouloir rester avec moi ce soir, j'étais distant avec elle depuis des semaines. Elle n'avait pourtant rien fait de mal, elle s'était juste libérée du poids de ses sentiments. J'aurais du faire pareil, mais je n'y arrivais pas. Je me trouvais toutes les excuses du monde pour ignorer l'évidence de ce qu'il y avait entre elle et moi : son récent divorce, mon incapacité à garder une femme très longtemps, ma peur de ne pas être celui dont elle rêvait, de ne pas être à la hauteur pour sa fille... J'appréhendais avant même d'essayer et ça ne me ressemblait pas du tout. Elle me l'avait d'ailleurs fait remarquer plusieurs fois, elle m'avait également dit dans un message que ce n'était pas à moi de m'inquiéter de ce qu'elle ressentait.

« Ne dis pas ça. » Elle était en train de faire machine arrière pour sauver notre amitié, mais ça n'avait aucun sens. Je savais ce qu'elle ressentait, je connaissais également mes sentiments à son égard... « Tu sais que je veux les mêmes choses que toi. » C'était dit. Je ne la regardais toujours pas, mais je faisais à mon tour un pas vers elle pour lui expliquer ce qui me freinait. « C'est juste compliqué. J'ai peur de vous perdre si ça ne fonctionne pas entre nous. » Ce n'était pas la seule raison, elle faisait juste partie du top de celles qui m'inquiétaient le plus.

Kara n'était plus aussi distante et après un petit coup d'épaule je vis un sourire timide sur son visage. Elle m'invitait même à m'activer derrière les fourneaux car elle ne partirait pas sans avoir le ventre plein. Un semblant de normalité était en train de réapparaitre. Elle regardait sa fille, je la regardais, et rien n'avançait pour le repas. « Kara. Qu'est ce qui te ferait plaisir ? » La question était ambiguë. Que voulait elle manger ? Que voulait elle de moi ? Maintenant que nos sentiments l'un pour l'autre étaient - plus ou moins - dévoilés, il y avait un petit peu moins de tension. Pour la première fois depuis longtemps, je me permis de la prendre dans mes bras. Qu'est ce que ça m'avait manqué... Je m'accrochais à elle comme à une bouée. Son odeur, sa chaleur, ses formes, je retrouvais tout ce qui m'avait manqué. Mon nez frôlait sa crinière brune avec l'espoir de ne jamais oublié cette odeur sucrée que laissait son shampoing. Je finis par me retrouver avec mon visage à quelques centimètres du sien, et cette fois c'était un terrain que je ne connaissais pas. Que je n'avais osé approcher, car à présent il n'y avait plus aucun doute sur ce qui me ferait plaisir à moi... Elle. Je la voulais elle !

Elle ne se sentait pas bien Kara, du moins pas dans cette ambiance aussi tendue. Asher était vraiment gentil avec sa fille, mais avec elle depuis quelque temps, il était distant et ça ne lui plaisait pas. Asher était l’une des personnes les plus importantes pour la brunette, elle n’avait pas envie de tout gâcher, mais en même temps elle ne pouvait plus nier ce qu’elle ressentait. Kara, elle avait pris les devants sur l’affaire, parce qu’elle n’en pouvait plus de vivre comme ça. Elle avait eu tellement de déceptions amoureuses, mais avec un peu de recul, il fallait se rendre à l’évidence qu’Asher prenait un peu toute la place. Son ex-mari lui avait dit tellement de choses, que ça avait heurtée Kara. Ça faisait mal, parce qu’elle s’était fait accuser de choses qui étaient fausses. Elle était encore fragile Kara, sûrement un peu trop pour dévoiler ses sentiments à Asher, parce que son histoire avec Caleb était encore dans sa tête. Malgré tout, Kara, elle avait sa bande de copains et pourtant aucun d’entre eux ne prenait autant de place dans sa vie au point d’empiéter sur ses relations amoureuses. Elle était en train de laisser tomber, parce qu’elle n’avait pas envie de se prendre encore la tête et par la même occasion de perdre Asher et puis si ce n’était pas réciproque autant en être fixé non ? Kara, elle écoutait, mais elle ne sait pas si elle y croyait vraiment. Il voulait la même chose, elle ne sait pas pourquoi, mais elle se permettait de douter. Elle doutait alors que ça ne lui était jamais arrivé avant de douter d'Asher, mais la laisser de côté comme il l’avait fait lui donnait une bonne raison de douter de lui, parce qu’au final elle ne savait plus ce qui était vrai. Je ne sais pas Ash’, je fais comment pour différencier le vrai du faux ? Elle l’écoutait lui dire qu’il avait peur de tout perdre, on n’allait pas le cacher, c’était une possibilité. Ça s’était tellement mal passé avec le papa de Lià alors Kara elle savait que tout ne se passait pas toujours comme on le voulait, puisque jamais elle n’aurait cru se retrouver seule avec la garde complète de sa fille. Le mieux ça serait qu’on y réfléchisse un peu et qu’on prenne le temps qu’on a besoin et on verra ? Elle sentait qu’il ne lui disait pas tout, mais elle non plus. Elle n’avait pas tout raconté ce qu’elle avait vécu, ni même les détails de son divorce.

Kara, elle avait pris les devants pour lui faire part de ses sentiments, mais c’était un peu plus compliqué que ça au final, parce qu’elle ne pouvait pas juste penser à elle et ses sentiments, elle avait toujours été plutôt impulsive, mais maintenant, elle était maman avant tout et elle avait besoin de temps parce que sa fille était trop jeune pour comprendre que son père ne reviendrait pas et elle ne voulait pas non plus qu’elle la voit le remplacer trop vite. Elle réfléchissait à la question. Qu’est-ce qu’il lui ferait plaisir ? Une question avec plein d’ambiguïté, elle n’allait pas s’en sortir Kara. Elle profitait des bras d’Asher, qu’elle n’avait pas senti autour d’elle depuis un moment, mais le sentiment était différent cette fois. Le contact de sa peau et son souffle dans son cou, lui donnait des frissons et ce sentiment de bien-être quand il était près d’elle. Son visage était si près du sien, qu’elle avait envie de poser ses lèvres contre les siennes, mais elle n’avait pas osé. Elle s’était détachée un peu en reculant de quelques pas. Elle pouvait voir sa fille qui était toujours concentrée un peu plus loin et elle regarda Asher. J’ai vraiment faim, pour être honnête… Je n’ai pas mangé de la journée. Elle avait pris quelques boissons chaudes, mais voilà, elle avait été occupée avec le travail et dans ces moments-là, Kara elle faisait toujours passé son alimentation en dernier. On pourrait faire un barbecue, il fait beau dehors autant en profiter ? Elle savait que ce n’était pas vraiment ce qu’ils avaient en tête tous les deux, mais elle faisait son possible pour que ce soit agréable quand même.

Kara était une jeune divorcée, deux mois tout au plus, et je ne savais pas comment m'y prendre pour lui faire comprendre qu'elle me plaisait. J'avais ruiné son mariage en étant beaucoup trop proche d'elle et à présent je n'étais pas capable d'assumer mes positions envers elle. Je l'aimais, il n'y avait plus aucun doute là dessus, mais après l'avoir repoussé une première fois, je n'arrivais plus à combler le fossé qui s'était creusé entre nous. Elle continuait à me laisser voir sa fille, que je traitais comme si elle avait été la mienne, et c'était tout. Nous ne retrouvions plus pour boire un verre, il n'y avait plus de complicité ou de rires, seul le silence et le malaise nous accompagnaient.

L'espace d'une seconde, je crus que tout allait redevenir normal entre nous. Avec Kara dans mes bras, j'avais l'impression d'être invincible, d'être le plus chanceux. Cette sensation de légèreté s'envola aussi vite qu'elle était arrivée lorsque la brunette me dit qu'elle avait faim. Elle n'avait pas envie que l'on se rapproche ce soir, elle voulait que je la nourrisse. Je lui avais promis, mais j'aurais aimé que ça puisse attendre encore un peu... Le moment était passé, alors je pris de quoi faire un barbecue et je filais à l'extérieur pour m'y mettre. Je ne faisais pas le fier, j'étais même dépité de la tournure de la situation. C'était surement pour cela que je n'avais pas lâché un mot avant de sortir sur la terrasse. Qu'est ce que j'aurais pu dire en même temps ? Désolé, c'est de toi que j'ai envie. Je n'aurais jamais du te laisser épouser l'autre crétin. Je t'aime depuis le lycée. Toutes ces phrases étaient bloquées en moi depuis un certain temps, mais jamais je ne les avais extériorisé.

« C'est bientôt prêt. » Dis-je en rentrant pour prévenir les filles qu'elles allaient bientôt pouvoir venir manger. La table était mise dehors, il me restait juste à ramener à boire. Lia fila se mettre à sa place tandis que sa mère s'approchait de moi pour m'aider à ramener les boissons. « ... » J'avais envie de lui parler, de profiter de ces quelques minutes sans la présence de sa fille pour tout lui avouer, mais aucun mot ne sortit de ma bouche. J'étais pathétique et mon regard se baissa automatiquement. Si j'avais pu, je me serais secoué, mais ce n'était malheureusement pas possible. « Kara. » Je lui pris la main pour qu'elle ne puisse pas s'enfuir. « Qu'est ce que je dois faire pour que l'on soit de nouveau comme avant ? »Elle n'aurait peut être pas de réponse à me donner, mais j'aurais tenté. Si je pouvais avoir ce semblant de normalité avant de trouver le courage de me lancer avec elle pour une relation plus sérieuse, se serait plus simple. « Je disais la vérité dans mon message. Tu me manques. »

Elle avait l’impression qu’ils n’arrivaient pas à se comprendre. C’est vrai qu’elle traversait une situation un peu difficile, elle était encore en adaptation de tout ça Kara. Avoir la charge de sa fille, était compliqué pour elle avec son boulot, mais sa famille était assez présente pour la supporter dans tout ça. Elle avait malgré tout, beaucoup de chance Kara, parce qu’elle avait ses copines et aussi beaucoup d’hommes dans son entourage. Son père, son frère, Asher et bien d’autres. Et ça la réconfortait en quelques sortes parce que même si le père de Lià s’était volatilisé de Bowen après leur divorce, sa fille ne manquerait pas de présence masculine, même si ça ne remplaçait pas son père. Elle en avait qu’un seul père et ça ne changerait pas, même s’il n’était plus là. Parce que ça ne se remplaçait pas tout simplement, surtout qu’il avait été tellement présent dès la naissance de sa fille. Kara, elle connaissait la perte d’un parent à un jeune âge, assez pour savoir ce qu’on pouvait ressentir, mais il y a avait une différence entre une maman qui aimait trop la drogue et un papa qui avait simplement abandonné sa fille sur le coup de l’orgueil.

Elle était fatiguée Kara, fatiguée qu’Asher la surprotège, cette manie de vouloir tout contrôler. Parce qu’il ne pouvait pas contrôler les sentiments des autres et Kara, ça faisait un moment qu’elle le savait ce qu’elle ressentait pour lui, mais elle se voilait la face. Ce n’était que récemment qu’elle avait eu le courage de voir la réalité en face de sorte à tout avouer, mais elle s’était fait rejetée et depuis, ce n’était vraiment plus évident pour eux, alors que ça semblait si facile auparavant. Son divorce l’avait fragilisée, elle n’allait pas le nier, mais c’était quand même elle qui avait demandé de divorcer. Elle était contente qu’ils aient un moment de rapprochement, le sentir dans ses bras était ce qu’elle avait besoin. Parce que ça lui manquait Kara de le sentir près d’elle, cette distance entre eux, elle n’en pouvait plus. L’avoir dans ses bras lui faisait du bien, comme si tout s’arrangerait au final. Sauf que Kara, elle fut éprise d’une angoisse, malgré le fait qu’elle avait envie de ce rapprochement autant que lui. Quand l’anxiété lui prenait, ça n’allait pas très bien généralement. Il avait mal réagi au fait qu’elle s’était éloignée. Elle ne voulait pas mal faire Kara, mais sa fille n’était pas très loin et elle n’avait pas envie d’avoir ce moment sous les yeux d’une enfant de deux ans. Il était parti faire le barbecue, sans un mot, elle sentait qu’elle l’avait blessé et elle s’en voulait de la façon que ça s’était passée. Les choses pouvaient être si simples et pourtant, Kara ne faisait que les compliquer. Elle le laissa faire, elle s’en alla plutôt prendre un verre d’eau pour essayer de gérer sa crise d’anxiété. Elle tentait de reprendre le contrôle sur sa respiration avant d’aller voir sa fille. C’est le temps de ranger tout ça Lià, on va bientôt manger, tu as faim ? Évidemment sa fille ne pensait qu’à la promesse d’Asher, de faire des s’mores, mais elle n’avait pas eu le temps qu’Asher disait que c’était prêt, qu’elle s’était précipiter à l’extérieur alors qu’il lui attrapa la main pour éviter qu’elle se sauve à nouveau.

Elle regardait sa main dans la sienne et cela faisait du sens pour elle, mais cette fois, elle n’arrivait pas à le regarder en face, parce que la question lui faisait ravaler sa salive. Elle était un peu confuse, peut-être que ce qu’il voulait, c'était de retrouver un peu de légèreté, ou alors il ne voulait pas que les choses changent. « Comme avant ? » Disait-elle confuse face à ses mots qu’elle les répéta sans vraiment s’en rendre compte. Je ne sais pas si ça existe encore Ash. Je ne veux pas que ça soit comme avant, au contraire, j’ai envie d’avancer. Pourquoi regarder en arrière ? Kara, ce n’était pas du genre à regarder en arrière, elle avait toujours eu cet esprit libre qui allait de l’avant malgré les épreuves. Elle avait toujours ce regard qui fuyait le sien jusqu’à ce qu’il lui dise qu’elle lui manquait. Elle relevait le regard Kara. Tu me manques aussi. Je m’excuse… Elle se trouvait nulle Kara, de sorte à penser qu’Asher, il méritait mieux que tout ça. J’ai été prise par la panique tout à l’heure, je suis désolée. Elle n’arrêtait pas de s’excuser, elle commençait à avoir chaud Kara, parce qu’elle était mal avec ce qui venait de se passer, mais c’était un fait, elle n’était pas à l’aise quand sa fille était trop proche. Ce n’est pas évident pour moi, quand Lià est à côté. Elle ne le sait pas… qu’il ne reviendra pas. Disait-elle en chuchotant, en espérant qu’il ne la juge pas pour ça. Elle se rapprocha un peu plus de lui en passant ses bras autour de son cou, elle n’osait pas l’embrasser Kara, même si ce n’était pas l’envie qui manque.

A l'époque du lycée, Kara et moi étions inséparables. Je me souvenais encore des journées à la plage que nous passions ensemble, on rigolait et on s'étreignait. Elle était la personne avec qui j'aimais le plus passer du temps... Et en grandissant ce sentiment n'avait pas changé, même lorsqu'elle s'était mise en couple avec Caleb et qu'elle l'avait épousé. J'avais ravalé ma jalousie en me disant que je ne savais peut être pas ce que c'était d'être amoureux. Puis était venu les accusations de son mari, suivi du divorce et j'avais réalisé qu'elle était faite pour moi. Seulement je n'avais pas la moindre idée de comment faire avec elle et une certaine maladresse était venue s’immiscer entre nous. Kara ne comprenait pas pourquoi j'étais aussi prudent, alors que je souhaitais juste nous protéger, nous permettre de construire quelque chose sur des bases stables. Elle prenait ses distances petit à petit et j'étais incapable de la retenir.

Le barbecue était lancé, Kara m'avait rejoint avec Lia à l'extérieur. La petite était assise à sa place à table et ma main tenait celle de sa mère. Elle ne voulait pas que l'on retrouve ce que l'on avait avant, elle souhaitait avancer et elle avait raison... Je n'arrivais juste pas à verbaliser correctement ce que je souhaitais réellement avec elle. Il y avait comme un blocage qui s'était formé en moi et je ne pouvais l’abattre. « Ne t'excuse pas. C'est moi aussi qui... Je... » Elle s'était rapprochée de moi et mes mots s'étaient peu à peu étouffés. Son corps était tout contre le mien et ses bras autour de mon cou. Je la regardais et je ne pouvais plus la quitter des yeux. Je me souvenais de ces derniers mots à propos de sa fille, elle était là et Kara avait raison, nous devions rester raisonnable devant elle... Mais un baiser n'était pas quelque chose de déraisonnable, surtout quand on tenait à l'autre comme c'était le cas pour nous. Le cœur battant, je me surpris à venir déposer un baiser au coin de ses lèvres. « Je devrais t'inviter à un vrai rendez vous alors. Juste toi et moi.» Lia était occupée à jouer avec ses couverts, elle ne s'intéressait pas à nous alors c'était le moment pour moi de parler avec Kara. Nous étions proches et enfin sur la même longueur d'onde. « J'ai envie d'avancer avec toi Kara.» J'avais peur, mais je ne pouvais plus me voiler la face après aujourd'hui.

Quand la petite fille se retourna vers nous, nous nous étions déjà séparé pour ramener les assiettes à table. L'ambiance était plus détendue et nos regards se croisaient plus régulièrement. Lia continuait de jouer avec ses couverts, mangeant de temps en temps quelques aliments. Elle ne se préoccupait pas du tout de Kara, ni même de moi. « On a regardé Toy Story 4 la dernière fois qu'elle est venue à la maison. Ça doit être pour ça qu'elle joue avec sa fourchette.» Étant un grand gamin moi même, j'apprenais beaucoup de bêtises à la petite fille, peut être trop, mais elle était tellement mignonne que je ne pouvais pas lui résister. « Elle m'a demandé la figurine de Jessie et Pile-poil, du coup je lui ai commandé.»

Elle essayait de se comporter au mieux Kara, mais la réalité, c’est qu’elle n’était pas parfaite. Elle était tombée amoureuse, elle s’était mariée, mais en même temps, s’éloigner d’Asher lui était impossible. Il faisait partie de son quotidien depuis trop longtemps. Elle l’avait vraiment aimé son mari, mais les accusations gratuites trop présentent avait fragilisé ce mariage. Elle voulait protéger sa fille Kara, mais malgré tout, elle se sentait coupable. Ce sentiment de culpabilité face à ce divorce désastreux, coupable que le père de Lià n’assume pas plus que ça et qu’il avait tout abandonné en un claquement de doigts. Elle avait toujours eu le syndrome de l’abandon Kara, mais en ce moment, c’était pire et elle avait peur que sa fille ressente ce sentiment, elle aussi. Elle était fatiguée de se sentir aussi mal, pour des choses qu’elle ne pouvait pas contrôler. Des sentiments pour Asher et dont elle se voilait la face depuis trop longtemps. Kara, elle avait eu le courage de se rapprocher de lui, mais encore là elle avait l’impression de se battre, comme si elle avait besoin de le convaincre qu’elle ne faisait pas tout ça sur un coup de tête.

Elle avait eu le droit à un moment de rapprochement, sa fille qui avait faim s’était précipité vers la table à l’extérieur sans se poser de question, tel une enfant et ça lui permettait de se sentir moins anxieuse face à la discussion et au sentiment qu’elle avait pour Asher. Elle se sentait plus détendue dans ses bras, un peu surprise du baiser qu’il déposait sur le coin de ses lèvres, mais elle n’en restait pas moins heureuse alors qu’elle posait son regard sur lui. Elle ne recherchait pas forcément une invitation, elle avait surtout besoin d’un moment à deux pour pouvoir parler librement, parce que la situation était complexe avec sa fille qui ressentait certes l’absence de son père, mais qui était loin de s’imaginer que la situation était là pour rester. Kara, elle avait simplement envie d’avancer et elle était contente qu’Asher prenne la même direction. Juste un moment à deux, c’est tout ce que je demande. Elle n’était pas compliquée comme femme, Kara, elle voulait juste passer du temps avec lui, seul à seul.

Elle s’était détachée de lui et elle se dirigea vers la table à manger où Lià était déjà bien installée en faisant du bruit avec les ustensiles et les couverts, heureusement pas de couteau accessible. Elle embrassa sa fille sur le front avant de s’installer à ses côtés. Elle soupira, elle ne savait pas si c’était sa fille qui regorgeait d’énergie, ou si c’était sa journée qui l’avait un peu épuisée. Kara, elle tentait de calmer sa fille comme elle le pouvait et prit son assiette pour lui préparer ce qu’elle allait manger. Elle regardait Asher avec un sourire en coin. Je ne sais pas où elle prend toute son énergie avec toutes les activités que tu lui as fait faire aujourd’hui ! Elle était en train de couper sa viande en petit morceau, avant de lui rendre l’assiette. Elle savait qu’il voulait bien faire, en l’écoutant, mais il ne pouvait pas toujours tout donner à sa fille. Tu ne peux pas toujours tout lui donner ce qu’elle veut, ce n’est pas comme ça que je veux élever ma fille, Ash. Elle n’était pas fâchée, c’est juste que ça commençait à faire un peu trop, elle ne voulait pas d'une enfant capricieuse. Je ne t'en veux pas, je sais que tu l'aimes Lià, mais elle doit apprendre aussi. Disait-elle en espérant ne pas causer de malaise. Kara, c’était plutôt une maman aimante, toujours présente pour sa fille, mais elle avait ses limites, elle ne voulait pas que sa fille soit trop gâtée, elle voulait qu’elle accepte aussi qu’on n’avait pas forcément tout ce qu’on voulait dans la vie, c’était un peu la base pour Kara et cela s'apprenait à un jeune âge. Asher, il promettait trop de choses à sa fille sans vraiment lui en parler et Kara elle ne comprenait pas. Il n’avait pourtant pas cette habitude dans le passé et encore moins quand son ex-mari était dans le coin alors pourquoi tout d'un coup ça avait changé ? Les assiettes pleines, elle lui adressa un sourire. En tout cas, ça a l’air délicieux. Disait-elle prenant une bouchée de son repas en les regardant tous les deux.

« C'est juste deux figurines. Je ne la couvre pas non plus de cadeaux. » Kara était une maman poule, elle voulait le meilleur pour sa fille et je la comprenais parfaitement. Lia était une petite vraiment adorable et loin d'être capricieuse, en tout cas lorsqu'elle était avec moi. Ça me peinait toujours un peu lorsque la brunette essayait de mettre de la distance entre sa princesse et moi, et en même temps elle en avait le droit... « J'attendrais son anniversaire pour les sortir. » Chuchotais-je pour que seul l'adulte face à moi puisse entendre. Lia avait de quoi s'amuser à la maison, quelques jouets - la plupart m'appartenait lorsque j'étais gamin -, des livres, des doudous, elle ne s'ennuyait jamais lorsqu'elle venait chez moi. Mais peut être que je m'imposais de trop, que je dépassais certaines limites que Kara souhaitait imposer.

Le repas ne s'était pas éternisé, car après avoir eu un regain d'énergie Lia s'était à moitié endormie sur ses smore's. La brunette avait voulu partir, mais je lui avais proposé autre chose. Rester encore un peu. Lia avait un lit chez moi - pour quand je faisais du baby sitting - et je l'y coucha avant de rejoindre sa mère sur la terrasse. Elle ne comprenait pas très bien ce que je faisais, mais j'avais un plan très clair en tête. Kara voulait un moment entre elle et moi, alors elle allait avoir l'occasion d'en avoir un. Maintenant. J'avais trouvé un peu de courage dans les verres de vins que j'avais descendu pendant le repas et à présent il ne restait plus qu'à. « On l'a notre moment. » Je ne pouvais plus reculer. Mon cœur était en train de battre à un rythme fou dans mon thorax, je le sentais s'exciter sous l'effet de l'adrénaline. « Je suis désolé pour tout à l'heure avec Lia. J'ai parfois du mal à adopter le bon rôle avec elle. » Tout simplement parce que je l'aimais comme si elle avait été la mienne. C'était compliqué... Et pas du tout le sujet que je voulais aborder avec la brunette à cet instant.
« Je ne sais pas pourquoi j'ai ce blocage. » Avouais-je en restant de mon côté de la table. Kara était venue plus d'une fois vers moi depuis son divorce, les idées bien claires sur ce qu'elle attendait de moi et bien que l'envie de la suivre soit présente, je m'y étais toujours refusé. « Tu sais ce que je ressens pour toi. » Toujours à demi mot, je n'avançais pas vraiment dans mon argumentaire. « Se serait peut être plus simple si je te montrais. » Mais je ne bougeais pas. Mon regard finit par se poser par terre, presque désabusé par tant de stupidité de ma part.
« Tu te souviens quand on était au lycée. Tu voyais ce type que je ne pouvais pas voir en photo. Je pense sincèrement qu'il n'avait rien fait de mal, j'étais juste jaloux... » Ça avait été le cas avec tous les hommes qu'elle avait fréquenté. « Je n'ai jamais voulu te mettre des bâtons dans les roues avec Caleb. Si j'avais su ce qu'il se passait, j'aurais pris du recul. Je l'aurais fait pour toi et Lia.» J'avais été aveuglé par mes sentiments pour la brunette et je lui avais bousillé son mariage. « J'ai agis égoïstement. Je te voulais et inconsciemment j'ai tout fait pour que ça arrive. » Je m'en voulais d'avoir privé la petite de son père, j'avais également peur de les faire souffrir, il y avait beaucoup de "et si" possible dans cette équation complexe.
« J'ai envie de plus avec toi Kara. »

Plus elle écoutait parler Asher et plus ça commençait à l’agacer. Elle ne voulait pas jouer le rôle de la méchante Kara, et peut-être qu’elle était un peu trop fatiguée pour recevoir tout ça. Elle aurait peut-être mieux fait de ne rien dire, et pour le moment elle regrettait presque que les choses changent entre eux et qu’elle avait fait en sorte de pousser les choses un peu trop vite. Elle avait eu une journée un peu éprouvante avec son shooting photo, et peut-être que le mieux aurait été de rentrer chez elle avec Lià, que d’avoir ce sentiment de malaise depuis qu’elle avait mis les pieds chez lui. Sa fille pouvait être adorable, mais elle commençait aussi à lui faire des crises, alors Kara se trouvait dans une position délicate pour l’instant. Elle avait un peu de mal avec toutes ses promesses faite à sa fille, elle ne voulait pas avoir le rôle de la maman trop sévère, mais parfois, il fallait aussi avoir des limites. Kara, elle avait beaucoup de mal à gérer comment Asher se comportait avec sa fille depuis que Caleb était parti, elle savait qu’il était bienveillant, que ça ne venait pas d’une mauvaise intention, mais il en faisait beaucoup trop. Elle arqua un sourcil à l’écouter. Lià venait juste d’avoir deux ans, un peu avant son divorce. Ils avaient célébré ce dernier anniversaire en famille, avant que les choses changent. Son anniversaire, c’était il y a plus de deux mois Asher. Elle soupirait, et préféra mettre son attention à sa fille qui était en train de manger et à ce qu’elle mangeait aussi, parce que Kara, même si elle s’était sorti de ses troubles alimentaires, il n’en restait pas moins, c’était toujours dans sa tête et elle avait toujours des rechutes.

Elle ne se sentait pas vraiment bien Kara, ce qui fait qu’elle laissait aller les choses, elle n’avait pas la force de se prendre la tête tout de suite. Asher s’occupa de mettre Lià dans son lit, mais elle avait du mal avec ce qui se passait qu’elle était partie dans la salle de bain pour souffler un peu. Il commençait à contrôler trop de choses et ça venait de couper l’ambiance. Kara, elle aurait préféré rentrer chez elle avec sa fille pour se reposer un peu, mais Asher lui avait proposé de rester encore un peu. Elle était retournée à la table à manger alors qu’il disait avoir leur moment à eux. Elle n’avait pas eu le temps de réagir que son téléphone, c’était mis à sonner. Excuse-moi, je dois le prendre. Disait-elle en se levant et en s’éloignant un peu pour prendre son appel. Pas vraiment un devoir de prendre cet appel, ce n’était pas le travail, juste cette fille avec qui elle avait flirté il y a quelques semaines, rien de très sérieux, mais qui lui avait fait du bien. Elle n’était peut-être pas rendue là, Kara. Elle était amoureuse d’Asher, mais ce qu’elle avait de besoin en ce moment, c’était de légèreté et ce n’est pas ce qu’elle ressentait quand elle était avec lui depuis les dernières semaines.

Elle avait terminé son appel et elle se rapprocha en l’écoutant. Elle savait que ça lui demandait beaucoup d’effort pour lui parler de tout ça et elle n’avait pas envie qu’ils se blessent l’un et l’autre comme avant. C’est un peu ça le problème Asher, je ne veux pas être trop dur avec toi, et je ne veux surtout pas te blesser, mais il n’y pas de rôles à avoir avec Lià. Elle espérait ne pas le blesser, mais c’était la réalité de sa famille. Elle était mère monoparentale Kara, et elle ne cherchait pas un nouveau père pour sa fille. Kara, elle avait vécu sans sa maman et elle ne s’en était pas si mal sortie outre le traumatisme d’enfance lié à son décès. Sa fille, elle avait un père même s’il était absent pour le moment. Kara, elle voulait croire que les choses s’arrangeraient avec Caleb même si ça prenait du temps. Parce qu’Asher n’était pas au courant de tout non plus et puis sa fille, elle avait son grand-papa, son oncle, elle avait tous ces gens autour d’elle qu’Ash, il n’avait pas à jouer un rôle dans tout ça, tout comme ses copines ne jouait aucun rôle pour sa fille même si elles étaient présentes pour elle. Kara, elle préférait ne pas trop parler, elle préférait écouter et puis elle était mieux de lui laisser ce qu’il avait à lui dire, sauf que ce qui la dérangeait, était le fait qu’il ramenait tout sur lui. Il ne connaissait pas toutes les raisons de son divorce et à l’entendre, c’était de sa faute. Peut-être qu’on était trop proche, peut-être que j’aurais dû avoir un peu plus d’écoute pour Caleb quand il m’en parlait, sauf que notre divorce ne relève pas juste de ta présence Ash. Elle l’avait vraiment aimé, Caleb, mais leur couple, c’était brisé en cours de route, les accusations qu’il lui avait fait, elle en avait jamais parlé à Asher et puis il était difficile d’avancer dans un couple quand la confiance s’était brisé et qu’il y avait trop peu d’écoute. On avait d’autres problèmes de couple, tu n’es pas responsable de notre divorce. Autant que ce soit clair, il n’y avait pas de raison pour Asher de se sentir coupable. C’est elle qui s’était jetée dans ses bras, mais là, ça allait un peu trop vite. Je ne veux pas tout gâcher entre-nous. Je sais que c’est moi qui a commencé par te dire comment je me sens et je suis vraiment heureuse que ce soit réciproque, mais je ne sais pas… Je pense qu’on a besoin de redéfinir ce qu’on veut vraiment. Elle avait besoin de légèreté et lui il prenait trop à cœur son rôle avec sa fille et Kara, elle avait du mal à voir comment tout ça mit ensemble allait pouvoir fonctionner. C’est peut-être elle qui était trop protectrice de leur amitié, mais même si elle avait envie de tenter, elle ne pouvait pas prendre le risque en voyant qu’ils avaient des priorités beaucoup trop différentes. Je pense qu’on a encore besoin d’un peu de temps, ou du moins j’ai besoin de temps pour y réfléchir, je réalise que je ne suis pas vraiment prête pour un aussi gros changement. Kara prit une dernière gorgée de son verre de vin avant d’entendre sa fille pleurer qui demandait pour son père, voilà de quoi ses nuits était faites depuis son départ. Elle se leva pour aller prendre sa fille dans ses bras. Je pense qu’on va y aller, elle est mieux dans son lit et dans ses affaires… On se redonne des nouvelles plus tard. Disait-elle en berçant sa fille dans ses bras qui s’était rendormi.

Les paroles de Kara m'amenèrent à me taire. Je ne la comprenais définitivement pas, une seconde elle me demandait de lui parler, la seconde d'après elle me faisait comprendre que je n'étais rien pour elle et sa fille. Je ne pouvais rien y faire et je n'avais plus ce brin de combativité que j'avais retrouvé quelques minutes auparavant. Elle voulait s'en aller avec sa fille... et bien qu'elle le fasse, je n'allais pas la retenir. Mon coeur en avait pris un coup et j'avais aussi besoin de me retrouver seul.
« Bye. » Dis-je en refermant la porte derrière elles. Je fis rapidement le tour de la vaisselle à nettoyer avant de me rendre devant mon ordinateur. J'avais besoin de quitter Bowen quelques temps, peut aller à Sydney ou bien retourner à Byron Bay. Mais même si je voulais m'éloigner de chez moi, Kara restait dans mes pensées. Ça faisait plus de 20 ans que j'avais un crush sur elle, je n'avais jamais imaginé qu'elle me traiterait comme ça un jour... Je n'en revenais pas, car après tout ce que nous avions vécu, je pensais mériter un petit peu mieux que cela. Je ressassais en silence tout en buvant la fin de mon verre de vin, et je finis par en déduire qu'il y avait peu de chance pour que ce qu'il y avait entre nous aboutisse un jour. Et en même temps est ce que j'avais vraiment envie de tenter quelque chose avec elle si au final elle finissait par m'empêcher de vivre pleinement les choses. Ce qui me semblait si clair avant cette journée ne l'était plus du tout. J'étais partagé entre la profonde tendresse que j'avais pour Kara et une colère sourde qui grondait en moi depuis son petit discours. F**k, tout était f**ked up !