Et pourquoi pas un strike ? | Eve

J’étais fière de mon coup. Qui a dit qu’Eve Everdeen n’était pas intelligente ? Je sais que desfois on ne dirait pas comme ça mais l’air de rien il y en a sous la caboche ! En fermant les yeux je m’encourageais, allez Eve tu peux le faire. Je pris ma boule, et visualisais la piste pour enfin la lancer. Allez, allez, allez. Six quilles, yeahh. C’est déjà mieux ! Prochain objectif, le spare ! En prenant ma deuxième boule, je ne pus m’empêcher de me retourner toute souriant vers Sebastiàn. Puis je remarque bougent, et donc qu’il me parle. J’ôte alors un écouteur pour pouvoir comprendre ce qu’il dit mais rien à faire je n’entendais toujours rien. C’est pas possible, je n’ai quand même pas mis ma musique tellement forte au point de me boucher les tympans quand même. Je retire le deuxième écouteur de ma main gauche en m’approchant de plus près en me disant que si là j’entends c’est qu’il y a vraiment un problème

- Quoi ?

Tandis que je me demandais comment je devais interpréter son sourire, je sursautais lorsqu’il hurla et par la même occasion je laissais tomber accidentellement ma boule sans pour autant le remarquer de suite.

- C’est toi qui va me rendre sourde, oui. Mais ça ne va pas la tête.

Tout en disant cela, je fus prise d’un fou rire. Ohlala, on est incorrigibles. Après quelques instants, je me rendis compte enfin qu’il manquait quelque chose. Je me sentais plus légère, je regardais alors ma main droite, plus de boule.

- Merde !

Je me retourne et là je la vois déjà dans la rigole et pas loin de la fin de la piste ce qui veut dire qu’elle sera comptabilisée et moi je n’aurais pas l’occasion de faire mon spare. Oh non hein. Il reste qu’une chose à faire courir et vite ! Me voilà donc en train de courir sur la piste, pas sûr que ce soit cautionner mais bon.. Alors que j’étais sur le point de l’attrapée, je glissai et tombais sur les fesses. Et voilà pas de spare et me voilà offrant à beau spectacle à toute l’assemblée. Quelle idée, de huiler les pistes franchement… Heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon je serais déjà morte depuis longtemps. M’en fous je reste assise et même que je rigole toute seule. Je m'étais déjà tournée au ridicule alors autant aller jusqu'au bout. L’autodérision ce n’est pas donné à tout le monde.

- C’est de ta faute ça, alors à toi de venir me relever.

Afin de m’adresser à lui je m’étais retournée mais tout en restant assiste. Je ne bougerais pas tant qu’il ne viendra pas me relever. Et surtout j’espérais qu’il glisse lui aussi.

C’est dans la boîte ? Youtube ? Oh non il a tout filmé ! En plus d’être ridiculisée dans une salle de bowling, je vais être la risée du net. Non mais de toute façon, je suis sure qu’on ne me voit pas de face, juste de dos, hein, n’est-ce pas ? Puis de toute façon y a des personnes qui sont devenue célèbres grâce à des petits buzz comme ça sur le net, et ont été invité sur des plateaux télés. Alors si ça tourne dans ce sens-là pour moi, ce sera un mal pour un bien.

Il prend sa boule ? Mais qu’est ce qu’il fait ? Même pas il vient me chercher. Vive la galanterie ! M’en fous, même si il lance sa boule ce qui m’étonnerait, je ferais le gardien de but en la dirigeant vers la rigole. Ahah ! Je croise les bras et je le regarde l’air de dire, je ne bougerais pas ! Je pourrais rester assise comme ça jusqu’à la fermeture si il le faudrait ! Plus têtue que moi, tu meurs ! « Mademoiselle, ce n’est pas un terrain de pique-nique, ici ! » Je tourne la tête vers la voix, tiens un membre du personnel. Bon là je crois que je n’ai pas le choix. Je suis obligée de me résigner. Soupirant je me lève mais pour être certaine de ne pas glisser une seconde fois en quittant la piste, j’enlève mes chaussures et mes chaussettes. Comme ça pas de dangers. Et tanpis si les gens me prennent encore une fois pour une folle. C’est malheureux pour eux si ils ne connaissant pas la folie américaine. C’est donc l’air de rien et tout sourire que je quitte la piste pieds nus, mes chaussures et chaussettes à la main.

- T’as de la chance. Par contre ne bouge pas.

J’ai un peu de mal avec l’équilibre, même si j’arrive à enfiler mes chaussettes il fallait que je me tienne à Sebouille pour enfiler mes chaussures.

Bien évidemment ça faisait rire Sebastiàn, déjà que je riais de moi-même alors pas étonnant que cela fasse rire d’autres personnes. Il n’y a que moi pour me mettre dans des situations pareilles. Je lui tirais la langue à sa réflexion.

Heureusement qu’aujourd’hui je n’avais pas enfilée de chaussettes dépareillées comme il m’arrive parfois. Mes chaussettes adorent passer de en couple à célibataire en sortant de la machine à laver.

- Héhé, si. Un peu. Mais ça va passer, enfin j’espère.

En effet, je commençais à ressentir une douleur à la jambe droite. Sous le coup de l’euphorie, je ne l’avais pas tout de suite sentie. Nan mais quelle pauvre cloche que je faisais, se faire mal au bowling franchement, bonjour la honte.

- Mais je continuerais à jouer quand même ! Je ne prendrais juste pas d’élan, c’est tout, et je vais être raide comme un piquet, ça va être amusant, tiens..

Déjà que mon score est pas fameux, sans élan qu’est-ce que ça va donner ?

J’hochais la tête. Evidemment qu’on reprenait. Oui je sais, je suis une vraie tête de mule quand je m’y mets. Il m’en faudra beaucoup plus pour que je déclare forfait. Surtout au bowling, c’est trop la honte de déclarer forfait à cause d’une blessure. Tandis qu’il récupérait sa boule, je me reculais doucement pour ne pas faire de mouvements brusques. Pendant qu’il jouait, j’essayais de voir quelle posture je pouvais me permettre d’adopter avec ma jambe. Je ne pouvais pas faire grand-chose en fin de compte. Et voilà qu’il fait un strike ! Là c’est sure, je ne peux plus rivaliser avec ça. Je ne pourrais jamais faire un strike sans prendre d’élan. Ce n’est pas juste.

A mon tour, et je pars déjà défaitiste. Je prends ma boule et me dirige vers la piste presque en boitant. Je devais vraiment être maudit pour m’être fait mal comme ça en chutant après avoir couru après une boule de bowling. Je me suis fait mal pour rien en plus. Me positionnant tant que je pouvais, je m’apprêtais à lancer la boule et comme une conne par reflexe je m’appuie sur la jambe droite et pas qu’un peu. Aïe. Sous la douleur, je lâche la boule qui file direct dans la rigole et surtout je serre les dents pour m’empêcher de dire un nombre incalculable de jurons. J’inspirai un grand coup.

- Je crois qu’en fin de compte, je ne vais pas pouvoir continuer à jouer… Je déclare forfait et par ce fait, félicitation, tu as gagné.

C’était vraiment dur pour moi de m’avouer vaincue. C’était la première et dernière fois, que je déclare forfait.

Aux urgences ? Non, pas question. Je n’irais pas aux urgences. Je déteste les hôpitaux et je n’avais aucune envie d’y aller. La dernière fois que j’étais allé dans un hôpital c’était pour attendre ma mère dans la salle d’attente pendant que celle-ci se faisait opérer et elle n’avait pas survécu. Donc, je n’avais pas vraiment un bon souvenir de l’hôpital. Et même si ce n’était pas le même hôpital et que les conditions n’étaient as les même, je n’avais aucunement envie d’y mettre les pieds.

- Mais non, je suis sure que je vais me réveiller demain matin et je n’aurais plus rien ! C’est juste passager…

Cela faisait presque un an maintenant que ma mère était décédée. Je n’étais pas vraiment prête à y remettre les pieds, cela me rappellerait trop de mauvais souvenirs. J’y pouvais rien c’était psychologiques. Puis j’étais sure que ce n’était rien, une fois j’avais loupé les trois dernières marches d’un escalier et résultat j’avais eu mal à la jambe mais c’était passé quelques heures après. Avec ma légendaire maladresse j’avais de la chance de ne pas encore avoir eu de plâtre ou de béquilles jusqu’ici. Je soutenais son regard, et ce sourire il me ferait presque flancher, il resterait plus que les yeux du chat botté.

- Tout sauf l’hôpital…

J’acceptais son bras, de toute façon je pense que je n’avais pas vraiment le choix et j’avais pas envie de passer pour une fille chiant, je suis pas chiante, j’étais plus têtue qu’autre chose. Pauvre Sebouille n'empêche il devait pas comprendre grand chose à mon entêtement, après tout il ne savais pas que ma mère était décédée et d'autant plus dans un hôpital.