Let's take a lunch break [Daniella]

Je suis dans mes pensées quand il remarque ma « légère » fatigue. En même temps, je devais tirer une de ces têtes ! J’avais toujours aimé vivre à du 100 à l’heure mais là.. j’avais besoin de vacances. Entre mes services au bar et mon boulot de décoratrice, j’étais HS. Et oui, ca n’avait pas l’air comme ça, mais décorer la maison des gens, avoir des idées, acheter les meubles, … c’était crevant. J’acquiesce donc légèrement de la tête puis m’enfonce dans ma chaise « Un peu, je dois l’avouer. J’hésite à poser quelques jours mais j’ai peu de m’ennuyer. Je n’aime pas trop rester chez moi sans rien faire » Je souris puis essaye d’imaginer à quoi ses journées devaient ressembler quand il était pro « Oui enfin, je pense que ça devait être plus intense pour toi que ça l’est pour moi » Je lâche un petit rire puis reprends « D’ailleurs, tu ne fais plus rien de tout ça ? C’est fini les interviews et tout le reste ? Ou ça t’arrive encore de temps en temps » Et voilà, j’avais réussi à tenir 5minutes, même pas ! Moi qui voulais arrêter de poser des questions trop perso, c’était rater…

Il me fait ensuite une proposition de soirée « colis » et j’avoue qu’elle me plait bien. Enfin jusqu’au moment où il me parle de rouler sous la table. La gêne ! Je souris puis cache mon visage dans mes mains « Je parle d’une bière et voilà l’image que tu as de moi ? Je te promets de bien me tenir ! Puis je n’irais pas risquer un avis négatif… Surtout de Caleb Hart. T’imagines ? Je ferme boutique si ça arrive » Je n’avais bien évidemment pas mal pris sa remarque, loin de là. Puis je savais que Caleb n’avait aucune arrière-pensée méchante ou autre, il me taquinait juste et j’aimais ça. « Mais sinon l’idée me plait bien. T’as mon numéro donc quand t’es prêt, appel moi et je passerais »

Au moment où la jeune femme prononçait les mots concernant son numéro et de passer chez lui, l'autre serveuse arriva près de leur table pour débarrasser l'assiette de Caleb. Elle avait évidemment entendu ce que Daniella avait dit, car elle jeta à cette dernière un regard mauvais puis s'en alla sans daigner regarder le sportif. Avec un léger soupir de soulagement, le brun se redressa légèrement sur son siège pour observer la blonde.

 « La vérité ? Ils ont essayé. Mais j'ai de la chance : dans le milieu de sportif, si tu disparais de la circulation, on te laisse tranquille car il n'y a rien à tirer de toi. Donc on a voulu m'envoyer quelques paparazzis, mais ils sont peu à essayer de venir jusqu'ici. Dans une ville aussi petite, ils sont vite remarqués. »

Il aimait, ce gain de calme.

 « Puis, imagine que tu entames une vie tranquille ici, et direct, on te harcèle pour des photos et des interviews. Ensuite, dès que tu commences à avoir une vie de famille, leurs vies sont aussi maltraitées. Je te cache pas que, n'étant pas un homme politique, je suis bien heureux de pouvoir souffler. Et faire ma vie loin des caméras. »

Avec un nouveau sourire pour la jolie blonde.

 « Mais en tout cas, okay, c'est décidé. Il faut donc que j'aille me forcer à faire un peu de ménage. On invite pas une femme chez soi si c'est le bazar complet ! »

Il se mit à rire doucement, avant de se demander si sa façon de le dire ne suggérait pas qu'il pensait à un date. Il espérait ne pas mettre la jeune femme dans l'embarras, car ce n'était pas son intention. Il l'appréciait, elle était très belle, mais il ne la connaissait pas.

Kat revient près de nous pour débarrasser la table et heureusement pour moi, elle ne fit rien de débile. Je m’attendais à une assiette ou à un verre sur la tête, mais non. Elle me jeta juste un regard noir. Je la regarde repartir noir de colère puis repose mes yeux sur Caleb « Sérieux ? Ils ont essayé d’envoyer des paparazzis jusqu’ici ? Ils cherchaient quoi ? Une photo de toi avec un kangourou ? » L'image me vient en tête et je ne peux m'empêcher de rire « C’est pour ça que tu es là ? Pour t’éloigner de tout ça et pouvoir vivre ta vie tranquillement sans paparazzis ? » Je ne savais pas du tout ce que c’était de vivre comme ça mais clairement ça ne m’attirait pas. Être observé 24h/24, se faire juger au moindres faux pas… je ne savais clairement pas comment il avait fait tout ce temps « Tu m’étonnes. Bon après, je suppose qu’il y a aussi de bons côtés, non ? Si tu fais abstraction des paparazzis.. Vivre de ta passion, les rencontres, les différentes expériences,… Je suis loin de m’y connaitre, mais d’un point de vue extérieur ça a l’air sympa »

Il me dit ensuite qu’il doit nettoyer un peu avant de me faire venir et je trouve ça plutôt mignon. A première vue, il avait peut-être l’air du sportif un peu superficiel mais au fond, pas du tout. Ou du moins, c'est l'impression qu'il me donnait jusqu'à maintenant « A ce point-là ? Et quoi, tu es plutôt assiettes qui trainent dans le lavabo ou chaussettes sales au sol ? Je suis curieuse »

Eclatant brièvement de rire, Caleb reprit d'ailleurs son téléphone et le rangea dans sa poche. Il était ravi de voir que la décoratrice était aussi quelqu'un possédant beaucoup d'humour, capable de réagir elle aussi avec de la taquinerie à ses propres paroles. Il aimait bien ce genre de personnes, car elles étaient malheureusement plutôt rares dans le milieu qu'il avait fréquenté toutes ces années. Rencontrer et échanger avec quelqu'un comme ça était plaisant, et il se surprenait à se dire que cette idée de soirée entre eux était plus que bienvenue.

 « Disons plutôt que moi et réussir à m'occuper de moi, c'est une histoire compliquée. Je sais me faire à manger pour survivre, mais pas vraiment de quoi nourrir deux personnes convenablement. Je sais organiser une petite soirée sympathique, mais de là à sortir le grand jeu, non plus. Non pas que ce soit une invitation à sortir le grand jeu pour toi... enfin si, mais non, bref... »

Il se tut, gêné, avant de se racler la gorge et de reprendre comme si de rien n'était.

 « Mais j'ai des affaires qui traînent souvent. Mes chaussettes, ouais, mes vêtements, le lit n'est que rarement fait, et encore très sommairement, le canapé a perdu ses coussins je crois, et la vaisselle... la vaisselle est propre. Mais elle doit encore être en train de sécher, je pense, car j'ai eu la flemme de m'en occuper. Il y a probablement encore une bonne couche de poussière à plein d'endroits, et je suis presque certain que j'ai été capable de laisser la musique allumée. »

Il se gratta derrière la tête, d'un air faussement peiné.

 « Ouais, je suis nul. En plus d'être décoratrice d'intérieur, tu connais pas des techniques pour que le ménage se fasse tout seul, sans que j'ai besoin de faire quoi que ce soit ? »

Il avait dit ça en plaisantant bien sur. Il se savait aussi parfaitement capable d'arriver chez lui, le soir, et de se dire « ok je dois faire le ménage, une femme va venir » et du coup, il préférait que ce soit propre. Il nota, pensivement, qu'il avait encore réfléchi à tout ça avec une optique pas tout à fait professionnel, et il s'en voulut. On aurait dit un collégien invitant une jolie fille chez lui quand les parents ne sont pas là.

Mais il n'était pas facile d'ignorer le beau visage de la blonde, malheureusement.

Sortir le grand jeu ? Je dois avouer que je m’y attendais pas, mais avant que je me fasse des idées, il se rattrape directement en disant que ce n’est pas une invitation. Apparemment, l’idée d’un rencard avec moi ne lui plaisait pas du tout. J’aurais pu me braquer et faire la "gueule" mais ce n’était pas vraiment mon style. Je préférais surenchérir sur le ton de la rigolade. Ca passait toujours mieux puis c’était « mon truc » pour sauver la face « Ah ben sympa ! Moi qui pensais être la décoratrice de tes rêves et que tu allais sortir tes plus belles assiettes et bougies pour moi ! Assiettes et bougies magnifiques d’ailleurs. Et je ne dis pas ça parce que je les ai choisis.. »  

Il répond ensuite à mes questions et pour le coup, je ne m’attendais pas autant de détail. Je me pince les lèvres pour m’empêcher de rire puis penche légèrement la tête sur le côté en le regardant « Ca n’a pas l’air si catastrophique que ça. Bon il y a quelques trucs à faire mais c’est fait rapidement. T’as peut-être même déjà la musique pour te motiver ! Sinon je ne connais pas de techniques particulières par contre je connais quelqu’un. Une femme de ménage, Anne. Elle cherche justement quelqu’un chez qui bosser 1 ou 2x par semaine. Elle est super chouette. Si tu veux un petit coup de main, je peux te donner son numéro » Je ne savais pas s'il allait accepter mais c'était une solution comme une autre. Après j'étais quasi sûr qu'il s'avait se débrouiller tout seul mais ça pouvait être le petit coup de main dont il avait besoin.

Caleb resta un instant silencieux sans rien dire. Il avait peut-être mal interprété ce que Daniella disait ? Ou alors il se sentait gêné qu'elle n'ait pas réagi davantage ? Compliqué de l'affirmer, mais ce dont il était certain, c'est qu'il avait l'impression d'avoir trop parlé. Il ne souhaitait pas embaucher de femme de ménage, et il s'était dit que la jeune femme n'avait soudainement plus trop envie de le voir en dehors de cet instant. Ou alors il se faisait des films idiots ?

Il essaya de répondre en choisissant ses mots avec soin :

 « Non, non, ne t'en fais pas. Je saurais me débrouiller tout seul, pas besoin de femme de ménage. Je ne veux pas faire comme tous ces grands footeux avec des villas et des domestiques. »

Il adressa un nouveau sourire à la jeune femme. Décidément, lui sourire était presque automatique, si facile !

 « Et je m'en voudrais de ne pas te réserver un accueil digne de ce nom alors que tu m'as bien aidé. Car non seulement tu as fait ton travail, mais en plus, je trouve que tu l'as fait superbement ! Et tu es quelqu'un d'agréable conversation, donc je me dois de faire des efforts. Puis, comme tu l'as dit, avec la musique adéquate, je vais littéralement danser dans le salon tout en faisant le ménage. »

Léger rire.

 « Après, si tu y tiens, je sors les plus belles assiettes et les bougies. Mais dans ce cas, il faut que tu me conseilles en matière de vin, car je n'ai aucune connaissance dans ce domaine, et avec un tel luxe pour la plus parfaite des décoratrices, une bière serait mal placée. De plus, je peux pas me contenter de cuisiner un petit truc pourri, va falloir que je fasse aussi un truc incroyable ! On dirait que je suis condamné à sortir le grand jeu finalement. »

Même si condamné n'était pas le mot auquel il pensait. Plus il y réfléchissait, plus, effectivement, il appréciait l'idée de passer une soirée en compagnie de Daniella. La jolie blonde avait un sourire contagieux et plutôt beau, et il aimait l'idée de la revoir un peu plus.

Etait-ce donc si simple de bien s'entendre avec quelqu'un ? Cela faisait si longtemps que Caleb n'avait pas profité aussi simplement d'une conversation avec une autre personne – et encore plus une femme – qu'il ne savait plus vraiment s'il s'y prenait bien.

Voilà que son discours change du tout au tout et ça me fait plaisir. Pour être honnête, ça me fait même quelque chose de savoir qu’il avait envie de passer une soirée avec moi, autre que devant des colis à faire le tri. Il est vrai qu’on ne se connaissait pas depuis longtemps mais le courant passait bien et j’avais ce truc qui se passait dans le creux de mon ventre quand il posait ses yeux sur moi avec son petit sourire. Qu’on soit clair, je n’étais pas en train de me faire un film ou d’espérer quoi que ce soit, mais j’avais juste envie de profiter et de passer une bonne soirée avec lui. Jusqu’à maintenant, les moments passés ensemble étaient agréables et j’avais envie que ça continue. « Condamné carrément ? » Je me mets à rire puis réfléchis quelques secondes avant de reprendre « Si tu veux, on peut cuisiner ensemble. Un petit plat simple et sympa. Déjà qu'à cause de moi tu dois ranger ta maison, je peux bien te donner un coup de main avec le repas. Pour ce qui est de la bouteille, je ne suis pas une grande sommelière mais je dois pouvoir nous trouver quelque chose de bon. »

Je m’apprête à continuer mon discours quand je vois au loin Kat me rappeler à l’ordre en me montrant l’horloge. Ma pause était finie et je devais retourner travailler. L’envie n’était pas là mais je n’avais pas trop le choix. « Je vais devoir y aller. Le boulot m’attend. Mais donc on se tient au courant, d’accord ? Encore merci d’être passé » Je me relève en souriant puis m’approche de lui pour lui faire la bise. Ca pouvait surprendre quelques personnes mais ce n’était pas inhabituel avec moi. J’aimais faire la bise aux gens. Ca devait très certainement venir de mon côté espagnol. On était très tactile comme peuple. Je lui souris une dernière fois puis retourne au bar plus motivée que jamais pour finir cette journée.