(#13 - charlie) and i would have stayed up with you all night, had i known how to save a life

Il était minuit passé, et tu étais seul dans l’appartement. Les crises d’insomnies avaient repris de plus belle depuis quelques jours. Azriel était au boulot, et Beth passait la soirée chez Lys. De ton côté, tu faisais les 100 pas dans l’appartement. Lorsque tu étais rentré de ta cure de désintoxication, tu faisais des insomnies à cause du manque et ça t’avait rongé. C’était si dur, surtout lorsque tu étais seul. Et puis avec tout ce qu’il se passe dans ta vie, c’était pas facile non plus. Effy s’amusait à disparaître, et ça te faisait mal, très mal. Habillé seulement d’un bas de jogging, tu te dirigeais dans la cuisine pour boire quelque chose. Tu ouvrais les placards un par un, pour trouver un truc à manger en même temps et c’est là que tu tombais sur quelque chose qu’il ne fallait pas. Cachée, derrière des paquets de gâteaux que personne ne mange, il y avait une bouteille de whisky. Tu te tétanisais devant cette dernière. Mais tu savais qu’elle était à toi, d’avant. Tu avais pris soin de cacher tes bouteilles et tes substances illicites lorsque tu avais essayé d’arrêter la consommation tout seul, pour pas qu’on te juge. Les yeux injectés de sang à cause du mande de sommeil, tu fixais la bouteille pendant 5 minutes. Instinctivement, tu attrapais la bouteille et tu te posais sur le canapé, la bouteille devant toi. Puis tu pris ton téléphone pour envoyer un message. Tu ne savais pas qui pourrait t’aider sans te juger ? « Je crois que je vais faire une connerie, j’ai besoin d’aide », c’est le message que tu envoyais à ton amie, Charlie. Après tu posais ton téléphone et tu sortais le goulot de la bouteille. Ca fait 1 an et demi que tu n’as pas touché une goutte d’alcool, 1 an et demi que tu étais sobre et que tu allais aux réunions des alcooliques anonymes. Tu te sentais mal en ce moment, t’avais le mal du pays mais aussi le mal d’amour. Sans réfléchir, tu attrapais la bouteille à pleine main et tu buvais plusieurs gorgées de ce nectar interdit. Tu pleurais même en buvant les premières gorgées. Tu posais la bouteille et tu continuais à verser des larmes sans t’arrêter.

Au bout d’une demie heure, tu avais bu la moitié de la bouteille et si tes yeux étaient injectés de sang ce n’était plus à cause de la fatigue mais l’alcool. Tu t’étais posé sur le rebord de la fenêtre, un pieds posé sur l’encadrement, et un autre qui se balançait dans le vide. T’avais fais la connerie de ta vie, et tu savais que ça aurait des répercussions, et ça te tuais encore plus. Une cigarette au bec, tu te tournais vers la porte quand tu entendis frapper. « C’est ouvert » cris-tu dans l’appartement. Heureusement que tu étais seul, parce que tu aurai réveillé tout le monde avec ton cri.

@Charlie Keynes

Charlie ne dormait pas quand Milo lui avait envoyé ce texto alarmant. Depuis toujours elle souffrait d'insomnies, ce qui valait souvent une fournée de cookies entre minuit - une heure du matin. Cette fois elle sortit ses biscuits bien trop crus du four, prit tout juste le temps d'enfiler un short et garda son vieux tee-shirt trop large qu'elle portait en guise de pyjama. Elle se maudit d'avoir garé sa voiture au bout de la rue car dans sa précipitation elle manqua de se casser bien la gueule sur le bord du trottoir. Elle maudit également tous les feux qui se mirent au rouge. Milo lui avait fait comprendre qu'il allait faire une connerie. Elle espérait donc ne pas arriver trop tard, pestant sur ce satané créneau serré lorsqu'elle se stationna. Arrivée devant la porte de son appartement elle frappa et une voix forte l'invita à rentrer. Lentement elle pénétra dans l'appartement qui semblait silencieux. Charlie comprit alors que Milo était seul. Elle se dirigea de là où il était situé, au le bord de la fenêtre. Timidement elle arriva à sa hauteur et posa une main sur son épaule. Hé... Je... Désolé. Je suis arrivée trop tard?   demanda-t-elle avec douceur. En cherchant son regard elle comprit que ses démons avaient refaits surface. Charlie ne jugeait jamais les conneries de ses proches, elle-même en ayant fait beaucoup. À vrai dire, elle préférait secourir que d'être secourue. C'était un de ses défauts les plus pénibles : d'avoir cette fierté mal placée. Mais ainsi était-ce l'essence de sa vie, d'aimer protéger / cajoler les siens.

Qu’est-ce qui avait pu bien te passer par la tête ? C’est une question à laquelle tu allais devoir répondre. Depuis plus d’un an et demi, tu n’avais pas consommé de substances illicites, ça allait bientôt faire 2 ans. 2 ans que tu étais sobre, 2 ans que tu vivais plus sainement. Et en une soirée, tu venais de tout gâcher. Tu avais eu cette pulsion, cette envie d’un coup et tu avais finalement succombé. Malgré tout, tu avais pensé à envoyer un message à quelqu’un pour venir récupérer ton cadavre après cette bouteille. Et elle était arrivée trop tard, Charlie. Tu étais sur le rebord de la fenêtre, ta jambe droite qui se baladait dangereusement dans le vide et l’autre dans l’appartement, une cigarette entre les lèvres et la bouteille de whisky quasiment terminée dans la main gauche. Tu avais fais la connerie. « Tu veux boire un coup, Cha ? J’en ai laissé un peu ! » dis-tu en riant légèrement, ignorant sa question. Oui, elle était arrivé trop tard mais tu n’avais pas tardé à faire ta connerie. Tes yeux étaient encore jonchés de larmes et énormément injectés de sang, comme quelqu’un qui était complètement saoul. Et aussi triste, ça se sentait. Et Charlie était la seule personne qui pourrait t’aider sans te monter le crâne et te prendre la tête. Tu comprendrai que Sacha, Niels ou encore Beth viennent te prendre la tête avec cette rechute, c’est pour ça que tu n’avais pas pris la peine de les contacter eux. C’était pas d’une engueulade dont tu avais besoin mais d’une aide simple et douce. Tu sortais la cigarette de ta bouche, expulsant la fumée en dehors de l’appartement et tu regardais le vide. « Whoa, c’est haut » dis-tu pour toi-même. En même temps, tu te tiens au quatrième étage, c’est pas malin de se tenir comme ça. Mais t’étais plus apte à réfléchir à ce moment là. Tu reprenais une taff de ta cigarette avant de reporter ton attention sur la blonde. « Tu te rends compte, ça faisait depuis le 1er juin 2019 que j’ai pas bu une goutte d’alcool » dis-tu en riant amèrement. Tu comptais rapidement dans ta tête, fronçant les sourcils pour réfléchir avant de reprendre. « 695 jours de sobriété, 1 an 10 mois et 25 jours » ajoutas-tu avec un léger rire. C’était un rire ironique, parce que tu venais de gâcher tout ce temps de sobriété.

A son grand désarroi, Charlie arrivait trop tard. Les yeux injectés de sang, Milo était visiblement bien alcoolisé. Oh honey murmura-t-elle tendrement, sans trop savoir quoi dire.  Pour garder son assurance, elle ferma un très court instant les yeux et se rapprocha davantage du jeune homme. Milo était assis au bord de la fenêtre, trop au bord. Pris d’une peur soudaine, le fut un geste instinctif. Elle ne s’attarda pas pour l’éloigner de la fenêtre en lui prenant le bras et en rabattant sa jambe. Milo habitait au quatrième étage, hors de question qu’il s’entraine dans le vide. Tu sais quoi ? Je préférais qu’on aille sur le canapé, t’as du avoir une grosse journée supposa-t-elle. En réalité elle n’en avait aucune idée, mais si Milo rechutait, c’est qu’il y avait une raison à cela. Charlie pensa alors à Effy, dont le jeune homme aimait passionnément mais leur relation paraissait compliquée / presque toxique. Et elle s’y connaissait, Charlie, en relation toxique. Elle n’aimait pas le voir ainsi, elle aurait préféré le voir heureux bien entendu. Elle aurait préféré le voir avec quelqu’un qui prenne soin de lui, quelqu’un de présent et attentionné. Cela la rendait dingue, parce qu'elle savait que Milo était une belle personne. L’entraînant jusqu’au canapé, elle s’assit près de lui. Ouais, et, je suis fière de toi. Okay, t’as fait un petit écart. Ça arrive. Tu vois le genre, se taper une tablette de chocolat alors que t’es au régime ? Ce n’est pas la fin du monde. Rien n’est irréversible essaya-t-elle de le rassurer avant d’hausser les épaules. La comparaison était nulle, toutefois elle optait pour relativiser. Elle posa une main sur le genou de Milo. Tu sais que tu peux tout me dire ? lui dit-elle avec douceur. Tu m’as appelé lui rappela-t-elle. J’suis là, j’le serais toujours.  

T’allais surement te tuer, si tu restais tout seul là, à moitié dans le vide. Charlie vint vers toi pour t’aider à descendre de la fenêtre et tu te laissais faire. Ses paroles douces, c’est ce dont tu avais le plus besoin ce soir. Du réconfort, de l’amour et de la douceur. Et la jeune Keynes réunissait toutes ces qualités. « J’ai eu une dure vie, c’est surtout ça » dis-tu en répondant à la blonde, haussant les épaules. Tu te laissais toujours faire et t’aider à t’assoir sur le canapé. T’avais toujours bouteille dans la main, comme si tu t’accrocher à cette dernière comme au dernier fil de ta vie. Ça résumait bien ta vie en ce moment, elle était semée d’embuche avec une pointe d’émotion et des imprévus partout. Tu ne savais pas comment allait finir cette soirée, mais tu venais de foutre tes deux ans de sobriété pour rien. T’étais juste triste. Et pourtant t’avais longtemps été comme ça, et tu avais toujours résister. Mais c’était maintenant que tu avais craqué, sans trop savoir pour quoi. Peut-être était-ce la sensation de vouloir tout lâcher et tout perdre. A la réponse de Charlie, tu ris aux éclats. « L’alcool c’est pas la même addiction que le chocolat, Charlie, tu le sais, non ? » dis-tu presque en te moquant d’elle. Tu ne savais pas vraiment ce que tu faisais, tu étais dans un état second, pire que les fois où tu te saoulais tout seul. T’aurai préféré répondre autre chose, parce qu’elle essayait de t’aider à ne pas sombrer dans la folie et le whisky. Heureusement que tu n’avais pas trouvé un sachet de cocaïne dans le placard avec la bouteille, ça aurait été le comble. Lorsque la main de Charlie se posais sur ton genou, tu ne la quittais pas du regard. Les larmes revenaient doucement, alors que tu ne disais mot. Jusqu’à ce que tu éclates en sanglot et que ta tête tombe sur les jambes de l’australienne. « J’suis qu’une merde putin, qu’une grosse merde ! » juras-tu dans votre langue maternelle à tous les deux. Le français revenait rapidement lorsque tu étais dans un état second, parce que tu ne réfléchissais plus et tu pensais en français plutôt qu’en anglais.

Dieu sait jusqu’où Milo aurait été ce soir, peut-être aurait-il commis l’irréparable. Charlie en avait le cœur qui palpitait encore de l’avoir vu si proche du bord de la fenêtre. A son grand soulagement, il se laissa guider sans opposition. Je sais, la vie ne t’a pas fait de cadeau approuva-t-elle, consciente de son lourd passé. La perte de sa mère, ses addiction, ses amours. Il n’y avait aucune parole qui pouvait le rassurer le jeune homme. Mais ça rend aussi malade… Désolée, la pâtissière en moi qui te parle de chocolat… se rendit compte Charlie de son absurdité. Elle posa une main bienveillante sur son genou et profita de ce doux moment pour prendre lentement sa bouteille des mains. Le regard de Milo se faisait plus intense. Il eut les larmes aux yeux et là, la sensibilité de Charlie fut mise à l’épreuve. Il éclata en sanglot, tombant sur ses genoux. Touchée, elle ne put s’empêcher d’avoir les larmes aux yeux, elle aussi. Elle avait envie de l’étreindre, de l’envelopper dans un cocon, qu’il ressente toute l’affection qu’elle portait pour lui. Il jura en français dans ses genoux, furieux contre lui-même.  Aussitôt Charlie répliqua, refusant de l’entendre se parler de lui ainsi. Non, c’est faux. T’es quelqu’un de bien. répondit-elle dans leur langue maternelle en le basculant dans ses bras. Elle l’enlaça, le visage au-dessus de son épaule, elle caressait ses cheveux. Qu’est-ce que je peux faire pour que tu te sentes mieux? reprit-elle en anglais. Je ferais n’importe quoi pour toi, tu le sais  rajouta la blonde qui se sentait désemparée. Elle, qui ne supportait pas de percevoir sa douleur, elle serait capable de tout pour le consoler. Quitte à faire une grosse bêtise, elle aussi, juste pour qu’il comprenne qu’il n’est pas une mauvaise personne.

La pire chose qu’il pouvait arriver venait de se passer, et tu ne pouvais plus réfléchir à rien. Tu ne pensais même pas à si Azriel rentrait du travail à ce moment, te voyant totalement bourré à cause d’une bouteille oubliée dans un placard. Pourtant, tu avais fais le tri lorsque tu étais revenu de ta cure, avec tes amis pour ne pas être tenté. Mais cette bouteille était passé entre les mailles du filet. « J’ai tellement frôlé la mort que j’ai peut-être voulu encore essayer » dis-tu en haussant les épaules, c’était la première chose qui te venait à l’esprit. La première fois tu avais 9 ans, lorsque vous aviez eu un accident de voiture avec ta mère qui est décédée à cause de ce même accident en te sauvant la vie. La deuxième fois lorsque tu avais fais ton overdose, pendant le feu de camp de l’été 2019. Ce n’était que deux fois, mais deux fois intenses. Et tu en avais un terrible souvenir. « C’est pas grave » dis-tu en balayant ta main dans l’air. La main de Charlie sur ton genou, tu passais un moment à la fixer. Tu passais une main sur ton visage, comme pour te reconnecter, revenir à la vie réelle. La blonde arrivait à t’enlever la bouteille de la main sans que tu ne t’en rendes compte. Et puis après quelques secondes à fixer sa main, tu éclatais en sanglot sur les genoux de Charlie. Les émotions s’enchainaient et c’était une horreur à vivre. « Mais si, regardes le déchet que je suis ! » dis-tu en la contredisant. Elle te prenait dans ses bras, alors que tu clairement avachi sur elle, et le contact de sa peau contre ton dos nu faisait du bien, ça te donnait même un léger frisson. Lorsqu’elle te demandait ce que tu pouvais faire pour te faire aller mieux, tu ne voyais rien. A part éliminer cette soirée de ton esprit ou de la vie réelle. Tu te relevais, doucement et tu attrapais ses mains. « Je veux pas qu’ils sachent… » dis-tu en tenant les mains de la blonde. « Niels, Azriel, Elmo, Sacha, Effy, Beth, Leo, personne, je veux pas qu’ils sachent » dis-tu comme si ta vie en dépendait. Elle ne connaissait peut-être pas la moitié des personnes dont tu parlais mais il fallait que ça sorte. Même si tu savais qu’un jour ou l’autre, ils l’apprendraient. « Je… je sais pas quoi faire » dis-tu en te mordillant la lèvre inférieure, pour ne pas pleurer à chaude larme à nouveau. La solution c’était surement l’hôpital, ou un médecin, mais ça te foutait la trouille de retourner là bas.

Il lui confia de cette plaie encore ouverte, ces fois où il avait frôlé la mort. Cette perspective fit frissonner Charlie. J’veux pas que tu m’abandonnes, moi dit-elle inopinément. Elle pensa alors à sa mère, décédée elle aussi par un accident de voiture, fauchée elle aussi par un homme sous alcool. Milo compensait ainsi ce vide, Charlie le comprenait mais ce n’est pas pour autant qu’elle l’encourageait. Bien au contraire, elle faisait en sorte d’accepter ce malheureux geste mais de l’empêcher au pire. Il faisait bien de craquer, il en avait besoin. Même si cela l’attristait, même si son cœur semblait recevoir un coup de poignard, elle pouvait le réconforter. Elle le prit aussitôt dans ses bras quand il éclata en sanglot. Il insistait, furieux, prétendant qu’il n’était qu’un déchet. Non, tu ne l’es pas murmura-t-elle. De sa tendresse habituelle, elle lui caressa les cheveux, se serra doucement contre lui.  Impuissante, elle lui demanda ce qu’elle pouvait faire pour l’aider à se sentir mieux. Il se releva, attrapant ses mains. Le cœur battant, Charlie regarda de ses yeux bleus le visage triste de Milo. Elle ne s’y attendait pas, mais lorsqu’il lui demanda de ne parler de son écart à personne elle acquiesça immédiatement d’un signe de la tête. Personne ne le saura. Juré. Je ne dirais rien,  pas même à Léo promit-elle. Ce qui relevait d’une grande difficulté pour Charlie, surtout sachant qu’il s’agissait de son cousin. Toutefois, par respect pour Milo, elle ne trahira pas sa confiance. D’autant plus c’était ce qu’il avait le plus besoin en ce moment, d’avoir quelqu’un pour le soutenir corps et âme et elle le ferait sans hésiter. Perdu, lui avoua qu’il ne savait pas quoi faire. Tu veux que je reste dormir avec toi cette nuit ? Je pense qu’on devrait rester au calme...   Et puis surtout il était hors de question de le laisser seul ce soir. Elle espérait aussi qu'il lui dise pourquoi avait-il commis cet écart, là comme ça, maintenant, au bout de presque deux années de sobriété.

Les larmes prônaient sur tes joues, les yeux injectés de sang, tu faisais peur à voir. Tu ne comprenais même pas comment Charlie pouvait rester à côté de toi. Ta tête sur les genoux de la blonde, ses mots te serraient le coeur. Tu avais encore l’esprit embué par l’alcool mais tu savais de quoi elle parlait : la mort prématurée de sa mère, il y a quelques mois. « J’t’abandonnerai jamais » dis-tu dans un souffle. T’avais besoin d’elle mais tu te rendais compte qu’elle avait aussi besoin de toi. C’était la peur qui t’envahissait, tu étais terrorisé à l’idée d’être dans cet état ou de te replonger dans tes plus vieux démons. Tu savais que tu étais un déchet, que tu n’avais pas le droit d’être comme ça mais l’alcool coulait dans tes veines et te faisait dire tout ce que tu ressentais. « Mais si regardes-moi ! J’suis pas capable de rester sobre, alors que ça fait presque 2 ans que je le suis ! Putin, j’suis qu’une merde » dis-tu en te levant des genoux de la blonde. Tu te sentais minable et Charlie ne pourrait jamais changer cette idée que tu te faisais de toi. Elle était la délicatesse et la douceur incarnée, et c’est surement pour ça que tu l’avais appelé elle et personne d’autre. Les autres t’auraient jugés, t’auraient détestés et surtout auraient fuis. C’est à ce moment là que tu avais cette idée que tu prenais les mains de la pâtissière pour lui faire promettre de ne rien dire à personne. Elle connaissait très bien ton cousin Léo, et tu lui faisais promettre de ne rien lui dire. Tu avais peur du jugement, peur qu’on te méprise pour cette rechute. « Merci, merci Charlie, merci » remercias-tu la française plusieurs fois. Tu savais qu’à un moment, il faudrait que tu en parles aux gens, que tu allais devoir lâcher le morceau. Parce que tu allais devoir retourner à l’hôpital pour qu’on te suive de très près. Charlie te proposa de rester avec toi ce soir, de dormir avec toi. « Je… oui mais… faut pas que je reste là. Mes colocataires vont rentrer à un moment et… j’veux pas qu’ils me voient comme ça » dis-tu en bégayant, le regard fuyant. Ou sinon il allait falloir que tu décuves vite.

Les mots de Milo réchauffèrent le cœur de Charlie. Elle se sentit soulagée que son idée de mettre fin à ses jours s'éloignent de ses pensées. Moi non plus. T'as bien fait de m'appeler. Qui sait ce qui aurait pu arriver si elle n'aurait pas lu son message? Elle regrettait surtout de ne pas être arrivée plus tôt. Désemparé, Milo éclata en sanglot sur les genoux de la blonde. Charlie déglutit. Touchée, la française éprouva de grande difficulté à retenir ses larmes. Mais sa douceur reprit le dessus, cherchant à tout prix consoler cet être qui lui était cher.  Tu as craqué une fois. Une seule. En deux ans, Milo! Deux ans c'est énorme! lui rappella-t-elle en se levant à son tour. Charlie savait très bien que peu importe ce qu'elle pouvait dire pour le déculpabiliser, Milo continuera de se dévaloriser. Ces deux années de sobriété lui semblaient vides à ses yeux. Toutefois elle ne démordait pas et continuait sa tentative de le rassurer. Il avait prit ses mains, lui priant de ne rien dire à personne. Charlie n'hésita pas à en faire la promesse sur le champ. Léo risquait de lui en vouloir,  Beth aussi, mais Milo avait plus que jamais besoin de sa confiance. Il la remercia à plusieurs reprises mais la pâtissière haussa les épaules en secouant la tête. Mais non, pas de merci entre nous. Tu sais bien que je serais toujours là pour toi, n'importe quand. N'importe où. Elle avait dit cela comme si il s'agissait d'une évidence, ce qui l'était réellement pour elle. Il était quelqu'un d'important dans sa vie. Présentement Milo ne devait pas se retrouver seul, ses démons risquaient de resurgir. Alors elle lui suggéra de dormir avec lui cette nuit. Il avait l'air terrifié que ses colocataires le surprennent dans cet état. Le regard fuyant, les yeux rougis, Milo avait toutes ses raisons. On va aller chez moi. On va te prendre deux trois vêtements, on jettera la bouteille à la maison, personne n'en saura rien, ok? On va gérer ça. assura Charlie d'une voix calme et posée.  Elle passa ses doigts dans ses cheveux bruns et le regarda tendrement. Jamais elle n'aurait cru le voir aussi mal. Un sentiment étrange l'envahit. L'envie d'approcher ses lèvres. L'envie d'enlever ce mal qui l'abritait. Pendant un court instant elle regarda sa bouche, elle eut même un mouvement d'approche. Mais sa conscience la fit revenir à la raison et elle recula, espérant que ses joues ne prennent pas une couleur cramoisie.

Ce sentiment de tout lâcher, de tout perdre, tu ne le ressentais pas vraiment à cause de tout cet alcool ingéré. Tu étais totalement déboussolé et perdu que tu ne savais même pas où regarder. Charlie et toi, c’était à la vie à la mort. Le genre d’ami toujours là l’un pour l’autre et qui vous aide à soigner les peines. « T’es la seule qui ne me jugera pas » dis-tu dans un souffle. Les autres t’avaient bassiné pour que tu arrêtes de faire n’importe quoi. La drogue, l’alcool. Mais ce soir, tu avais repris un de tes vieux démons, une ancienne habitude. Tu te revoyais entrain de jeter un verre à la tête d’Elmo quand il t’avait annoncé qu’il avait une relation avec ton ex, Bella. Tu te voyais entrain de chercher la moindre trace de poudre blanche que Sacha avait emporté avec lui quand il t’avait prit la main dans le sac. Tout ça bien avant que tu ai failli mourir, ce jour là, au feu de camp. « Mais j’aurai pas du craquer, j’étais bien sur ma lancée et… et y’avait cette bouteille sur mon chemin » dis-tu les larmes aux yeux. T’aurai pas du craquer, non, c’était certain. Mais pourtant c’était arrivé. Tu étais vide, comme si ton âme venait de quitter ton corps. Tu remerciais ton amie d’être venu, de t’avoir aidé à ne pas finir cette putin de bouteille de whisky, à ne pas sombrer seul et faire quelque chose que tu regrettes. Seul, t’aurai pu te foutre en l’air à travers la fenêtre du salon. « Même, j’ai envie de te dire merci… » avouas-tu à la blonde, les yeux ailleurs. Quand Charlie te proposa de rester dormir, tu te levais et tu faisais les 100 pas dans l’appartement. Personne pouvait te voir comme ça, surtout pas Beth. Azriel non plus. T’avais fais une promesse que tu venais tout juste de détruire en mille morceaux. Tu expliquais ça à ton amie, avant de te rassoir sur le canapé, les yeux ailleurs et l’esprit perdu, toujours. Elle posai une main délicate dans tes cheveux et tes yeux rencontrèrent les siens. Elle te proposait d’aller chez elle, pour gérer tout ce foutoir. Tu hochais la tête en guise de réponse. « C’est… c’est une bonne idée » dis-tu en bégayant. Charlie se rapprochait de toi, très vite. Avant de reculer son visage du tien. Mais l’alcool aidant, tu posais tes lèvres sur les siennes. Tu ne t’en souviendrai pas le lendemain, et surtout, tu n’avais plus le contrôle de ton corps. Alors ce baiser dura un temps, avant que tu te lèves pour aller dans ta chambre prendre des affaires.

Les démons de Milo avaient refaits surface à un moment inattendu. Charlie ignorait les raisons pour lesquelles il avait craqué ce soir, cependant cela n’avait pas d’importance car elle considérait que tout être humain pouvait commettre des erreurs. Non, je ne te jugerais pas. Jamais. répéta-t-elle comme si il s’agissait d’une évidence. Malgré tous ses efforts à le réconforter, Milo avait l’air inconsolable.  Ce n’est pas grave, tu vas surmonter ça. Alors que les mots ne semblaient plus avoir d’impact, elle l’enlaça et le laissa sangloter sur ses genoux. Au bout d’un moment ils décidèrent de ne parler à personne de ce qu’il venait de se passer et la pâtissière lui proposa de dormir chez elle. Milo accepta et la remercia chaudement. La tension redescendait peu à peu, laissant place à une toute autre ambiance.  

Et alors que le silence s’installait Charlie se rapprocha de lui, les mains entrelacés dans ses cheveux, regardant son air si désemparé. Jamais elle ne l’avait vu aussi mal et cela lui déchirait le cœur. Un sentiment d’impuissance s’empara d’elle et sans pouvoir l’expliquer, sans pouvoir le contrôler, elle approcha son visage de lui. Mais une fraction de seconde lui suffit pour se ressaisir et reculer, déstabilisée. Ses joues devinrent écarlates, elle pria intérieurement pour que Milo n’interprète pas ce geste. Et contre toute attente ce fut lui qui déposa ses lèvres sur les siennes. Au lieu de se retirer, Charlie, le cœur battant, rendit son baiser, la ramenant à des souvenirs lointains. Le goût de l’alcool ne la dérangeait pas, sa bouche était toujours aussi douce, son goût particulièrement familier avait quelque chose de réconfortant. Quand ils relâchèrent tous deux leur étreinte, la jeune femme parut beaucoup plus ébranlée que lui. Elle le regarda s’éloigner dans sa chambre et soudain le poids de la culpabilité la frappa. Prêt à partir Milo revint avec ses affaires, Charlie qui avait perdue toute contenance se leva d’un bond. Rapidement et énergiquement elle prit la bouteille et mit un peu d’ordre dans le salon. Ils quittèrent l’appartement sans un bruit. Cette nuit-là sa mauvaise conscience l’empêcha de s’endormir. Perdue, ses pensées se tournaient vers Woody. Ses sentiments, ses doutes, ses craintes. Tout se chamboulait dans son esprit. Ce ne fut qu'à épuisement que ses paupières se fermèrent.

FIN