Save a life & get a job ! - Louve

N'importe quoi. On pouvait sans mal résumer la vie d'Isaac par ces trois mots. Sa vie était un grand bordel qu'il ne prenait même pas la peine d'essayer d'organiser. Lutter lui semblait trop compliqué, il se laissait simplement ballotter par les flots, vivotant comme il le pouvait. & c'est avec cette nonchalance qui le caractérisait qu'il arrivait toujours à surmonter les crises qu'il traversait sans vraiment se soucier du lendemain, sachant qu'il saurait d'une manière ou d'une autre retomber sur ses pieds.

ISAAC : " ATTENTION ! "

Une nouvelle fois, il revoyait la scène la plus marquante depuis son arrivée à Bowen, peut-être même lui des plus marquantes de sa vie. Il avait eu l'impression que quelqu'un d'autre avait pris possession de son corps, qu'il n'était qu'un pantin & que son esprit l'observait de loin, bien en sécurité. Lui d'habitude si j'm'enfoutiste avait sûrement fait sa plus incroyable bonne action.

ISAAC : " Euh salut... J'suis nouveau, j'crois que j'dois distribuer le courrier ou un truc du genre tu vois. "

Accoudé au comptoir à l'accueil du journal de la ville, l'hôtesse leva les yeux, surprise par une entrée en matière aussi peu commune. Aimablement quoi qu'un peu gênée, elle lui indiqua la route à suivre & lui expliqua brièvement le protocole ayant pris soin de vérifier avec sa supérieure qu'Isaac avait bel & bien été embauché.
Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, le jeune Marbrooke avait été directement embauché par la directrice des ressources humaines & ce, sans entretien ! Une sorte de coup de foudre professionnel, enfin...

ISAAC : " Mais t'es complètement inconscient toi là le marmot ! On t'a jamais dit de regarder avant de traverser ? "

Un peu à sa manière, l'australien était devenu un héros aux yeux de Louve en sauvant la vie de son fils, un peu trop pressé de traverser.

Depuis que j’étais devenue mère, je n’avais plus les mêmes priorités, je faisais à présent systématiquement passé le bonheur de mon fils avant le mien. Parfois, je m’en voulais, je me disais que je ne devais pas m’empêcher de vivre. Tous les jours avant d’aller travailler, j’emmenais Swan à l’école, je le laissais à contre cœur pour la journée avec ses petits camarades et les institutrices. Le soir, même chose, je m’arrangeais pour finir mon boulot de bonne heure afin de pouvoir aller le chercher à l’école. Un souvenir hante mes pensées. Ce jour-là, j’étais pressée de rentrer, j’avais eu une dure journée, et alors que j’étais un peu en retard pour aller chercher Swan, celui-ci m’attendait dehors, impatient de me raconter sa journée. Malheureusement, il avait été beaucoup trop pressé ce jour-là. Je n’étais même pas sortie de voiture qu’il se mit à courir dans ma direction, sans même regarder la route. « SWAAAANNNNNNNNN ! ». Mon cœur s’était emballé, je crois que je ne m’étais jamais sentie aussi vivante, c’était comme si on m’arrachait violement le cœur. « ATENTION ! » disait une voix d’homme. En quelques secondes, il tenait dans sa main celle de Swan, et moi j’avais déjà les yeux remplis de larmes. Je me souviens avoir bondit de l’autre côté de la route pour le prendre dans mes bras. « Ne me fais plus jamais ça ! J’ai eu la peur de ma vie, heureusement tu n’as rien. » Mon regard se tournait vers l’homme en question. J’avais envie de le prendre dans mes bras, je ne savais pas comment le remercier. Puis l’opportunité s’est présentée, il était sans travail, et à mon tour je pouvais l’aider.

« Mme Cobaïn, Monsieur Marbrooke est ici, il vous attend. ». Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire, je lui étais tellement reconnaissante d’avoir sauvé mon fils. Avec un dossier sous le bras, je m’empressais de rejoindre l’accueil. Pour ne rien gâcher, Isaac était un jeune homme plutôt pas mal, je devais l’avouer. Je pouvais l’apercevoir de loin, avec une certaine nonchalance. Je m’approchais de lui, sans trop savoir si je devais lui faire la bise ou simplement lui serrer la main. J’optais pour la deuxième option, plus professionnel, surtout devant la réceptionniste. « Comment allez-vous ? J’espère que vous êtes en forme. » Dans le genre phrase stupide, je ne pouvais pas faire mieux, mais bon j’espérais me rattraper en lui faisant visiter les locaux. « Suivez-moi, je vais vous faire visiter. » Au fur et à mesure qu’on s’éloignait, un sourire se dessinait sur mes lèvres. « Donc tu peux me tutoyer, je n’aime pas trop qu’on me dise vous, mais cette réceptionniste est un peu commère… Alors je préfère éviter de m’étaler devant elle. »