I'll always come back to you (Aura)

Ah, ils étaient beaux, ses discours sur la distance, le manque et les nouvelles choses qu'ils allaient expérimenter pendant son voyage à Rio ! Mais il avait été faible, Livio. Il n'avait pas pu supporter l'éloignement avec Aura. Si bien que la moindre dispute, la moindre tension dans la maison l'avait épuisé. Il avait donc rapidement pris ses clics et ses clacs et mis un terme à presque huit ans de téléréalité. Il avait fait les choses bien, il avait évoqué son départ devant les caméras, les projets qu'il avait en tête et la vie heureuse qui l'attendait. Il n'avait pas parlé de sa future paternité et d'Aura, mais ses yeux brillaient quand il évoquait ce nouveau chapitre de sa vie. Son départ avait été émouvant, devant et derrière les caméras, mais tous s'accordaient sur le fait que Livio méritait ce bonheur. C'était donc le coeur bien léger qu'il clôturait ce chapitre-là, prêt à rejoindre celle avec qui il continuerait son chemin.

Evidemment, Livio avait envie de faire les choses bien. Alors, lors de son escale, il avait appelé quelques petits commerçants boweniens afin de préparer des surprises pour Aura. Tout d'abord, en matinée, une masseuse du spa qu'elle fréquentait était venue à domicile pour un massage qui lui permettrait de s'octroyer un peu de temps pour elle. Puis, c'était l'artisan glacier qui était venu apporter un énorme pot de glace Vanille-Macadamia. En milieu d'après-midi, ce fut le fleuriste qui sonna à la porte, avec un énorme bouquet de sublimes roses rouges. Enfin, en fin d'après-midi, la sonnette retentit une nouvelle fois. Mais cette fois, pas de fleuriste, pas de masseuse, pas d'artisan-glacier. C'était Livio qui se trouvait sur le pas de la porte, avec sa grosse valise, prêt à surprendre sa petite amie, qui pensait probablement qu'il était encore dans le fameux avion en retard.

L’absence de Livio avait été bien difficile à supporter, malgré les sms, les coups de fil jusque tard le soir. J’avais eu du mal à me passer de lui et mon lit m’avait semblé si vide. Malgré tout, je tâchais de ne pas trop le lui faire ressentir. Je voulais qu’il vive pleinement son aventure, sans penser de trop à moi, sans regretter son choix. Mais quand il m’avait confié qu’il souhaitait revenir plus tôt, mon coeur s’était emplit de douceur et mon sourire n’avait plus quitté mon visage. Il avait prit le premier avion, mais je savais qu’il nous faudrait encore attendre encore presque deux jours avant de pouvoir nous étreindre l’un et l’autre. Toutefois, j’avais été loin d’imaginer que cette attente serait ponctuée de surprises spécialement concoctées par mon amoureux. Cela commença dès le matin, lorsqu’une masseuse du spa où m’avait emmenée Danie sonna à ma porte pour me dire que mon petit ami m’avait offert un massage à domicile. J’avais reconnu tout de suite l’extravagance de Livio, il n’y avait que lui pour imaginer un tel scenario. Cela continua avec de la glace, puis un magnifique bouquet de roses d’un rouge sublime. Quand la sonnette retentit une quatrième fois, je me demandai ce qu’avait pu imaginer Livio cette fois. Le sourire aux lèvres, je posai ma lecture sur la table basse puis me levai du canapé pour aller ouvrir. La surprise que je découvris fut, sans nulle doute, la meilleure de la journée.
— Amore mio, sei pazzo ! m’exclamai-je en lui sautant au cou, Ti amo, ti amo, ti amo…
Mon ventre fit légèrement barrière, mais j’attirai son visage au mien, le tenant en coupe pour l’embrasser avec toute la passion qui m’animait.
— Tu m’as manqué, soufflai-je contre ses lèvres.

Evidemment, Livio ne pouvait pas arriver devant la maison, ouvrir la porte et dire je suis là. Il fallait qu'il soigne son entrée... et qu'il fasse plaisir à Aura, en la chouchoutant toute la journée. Les diverses livraisons permettaient au moins de berner l'italienne sur l'heure à laquelle il arriverait. Et ce fut un succès. Quand elle ouvrit la porte, Livio remarqua directement la surprise dans ses yeux. Mais ce fut le sourire sur ses lèvres qui lui réchauffa le coeur. Dio mio, qu'elle lui avait manqué ! Il laissa tomber son sac à dos à terre, à côté de la valise, afin d'avoir les mains libres pour réceptionner Aura qui se jetait dans ses bras. "Pazzo di te..." ajouta-t-il en haussant les épaules, sourire malicieux sur les lèvres, trouvant cette phrase de loveur bien trop simple. Si Enzo l'entendait, il lui aurait dit qu'il aurait pu mieux faire. Mais ce baiser qu'elle lui offrit lui fit tout oublier. Ses lèvres contre les siennes, la tenir tout contre lui et sentir son parfum, c'était un bonheur inimaginable, le meilleur des remèdes après une semaine plus que compliquée. Même s'il était à l'autre bout du monde, dans une villa de rêve, avec des gens qu'il aimait, Livio n'avait pas su apprécier le moment présent. Le manque d'Aura avait été plus fort que tout. Elle était indispensable à son bonheur, il en avait la certitude. "Toi aussi, tu m'as manqué." dit-il déposant des baisers sur ses lèvres, déviant sur sa joue, sa mâchoire, jusqu'à enfouir son visage dans son cou, la resserrant contre lui dans une étreinte dont il avait besoin. Il déposa délicatement un baiser dans le creux de son cou, avant de se reculer quelques pas et l'admirer. Ses yeux se posèrent sur son ventre rond, lâchant un rire ému : "Tu as raison, il prend sa place !" Son ventre s'était vraiment arrondi en une semaine, c'était flagrant. Il déposa un genou à terre, se mettant à la hauteur de son ventre et releva le haut d'Aura. Il posa ses mains puis ses lèvres sur ce ventre qui logeait leur fils. "Papa est rentré, mon bébé." Il resta ainsi, à sentir les mouvements de son fils puis fut interrompu par Marlow qui débarqua du jardin, en trombe, pour sauter sur son maître. Livio salua son chien, grand sourire sur les lèvres. Avec la fatigue accumulée, le décalage horaire et les tensions subies pendant une semaine, on sentit toute l'émotion de Livio quand il redressa la tête vers Aura, se confiant : "C'est bon de revenir à la maison." C'était surtout bon de savoir qu'il était attendu, qu'il était tant aimé. Il récupéra sa valise, son sac à dos et entra dans la maison. Minerva, perchée sur son meuble, prit même la peine de descendre de son piedestal pour s'approcher de lui, pestant à coup de miaou déterminés. "Je rêve ou elle me passe un savon ?!" dit-il en riant, se penchant pour caresser la chatte. "Mais oui, moi aussi, je t'aime, Minerva." Il posa sa valise dans le salon et aperçut l'énorme bouquet de fleurs sur la table. "Ah, je vois que tu reçois des bouquets de fleurs en mon absence." dit-il, taquin.

La surprise avait été totale, et je ne parlais pas des petites attentions qui avaient ponctué ma journée. Je ne m’étais pas attendue à voir Livio avant plusieurs heures et nous avions convenu que je devais aller le chercher à la gare de Bowen et voilà qu’il me rejoignait encore plus tôt que prévu ! J’étais heureuse de le voir, tellement que mon coeur manquait d’imploser dans ma poitrine. Je l’embrassai, retrouvant ses lèvres avec bonheur. J’aimais sentir la chaleur de son corps contre le mien. Il embrassa ma joue et migra rapidement dans mon cou, me faisait chavirer au passage. J’aurais pu rester sur notre perron une éternité, à me nourrir de lui jusqu’à en être rassasiée. Livio se détacha doucement pour jeter un oeil à mon ventre.
— Dire qu’il va encore grandir, notai-je en riant doucement, j’ai déjà l’impression d’être au max.
Je regardai mon amoureux se mettre au niveau de mon ventre pour saluer son fils qui lui rendit la pareille, cognant dans mon ventre pour manifester sa présence.
— Bonjour Papa, chuchotai-je avec émotion.
Ce fut au tour de Marlow de venir accueillir son maitre, je ris en voyant le chien se précipiter sur Livio comme s’il ne l’avait pas vu d’un mois complet et quand Livio affirma qu’il était bon pour lui d’être de retour, je sentis mon coeur battre à tout rompre. J’étais heureuse qu’il soit rentrée, moi aussi. Cela faisait tellement de bien de le voir. Nous entrâmes enfin, profitant de la fraicheur de l’intérieur. Minerva salua son maitre à sa façon et je lâchai un rire.
— Méfie-toi, elle pourrait uriner dans tes affaires pour te montrer qu’elle n’a pas apprécié ton départ.
Je regardai Livio évoluer dans notre maison, comme pour se réapproprier les lieux puis souris à l’évocation des fleurs.
— Cadeau de mon masseur personnel, fis-je avec malice.

Il était évident que Livio n'allait pas s'en tenir au plan. Aura devait venir le chercher à la gare. Mais en réalité, il avait prévu tout autre chose, afin que la surprise soit complète. Et cela avait fonctionné. Voir le regard d'Aura, voir ce sourire se dessiner sur ses lèvres, la voir lui sauter dans les bras en lui lâchant des mots doux, ça lui faisait oublier tout le manque, toutes les émotions exacerbées et la fatigue. Que c'était bon d'être à la maison, de retrouver ses repères, de retrouver celle qu'il ne voulait plus jamais quitter. La serrant tout contre lui, du mieux qu'il le pouvait puisque son ventre faisait barrage, il s'imprégna de son parfum, de la douceur de sa peau qui frémissait sous ses baisers. Il ne sut combien de temps il resta là, à l'étreindre, mais il avait besoin de cette énergie. Quand il se détacha, il ne resta pas loin pour autant, se dépêchant d'aller saluer son fils. Il rit quand Aura lui confia qu'elle avait l'impression d'être au max. « Allez, tiens bon, c'est la dernière ligne droite! » Les mains sur son ventre, il sentit son fils s'agiter, le bonheur illuminant son visage, l'émotion se lisant dans ses yeux en entendant le chuchotement de sa petite amie. Puis, ce fut Marlow qui vint l'accueillir, comme s'il ne l'avait pas vu depuis des mois. Tout ça, c'était riche en émotions. C'était un bonheur sans nom, une sensation de familiarité vitale. Il avait besoin de sa chérie, de son fils, de son chien, de Minerva pour être pleinement heureux. D'ailleurs en parlant de Minerva, celle-ci daigna descendre de son meuble quand ils entrèrent dans le salon. Et Madame miaula, comme si elle lui passait un savon. « Ou alors, elle va uriner dans mes affaires parce que l'intrus est revenu. » Il y avait une espèce de taquinerie entre Minerva et Livio, mais le soir, c'était souvent près de lui qu'elle se couchait, en boule. Regardant le bouquet de roses rouges, Livio se tourna vers Aura et plaisanta avec elle. « Ah oui, celui avec des doigts de fées ? » Il s'approcha de sa petite amie et vint l'enlacer. « Attention, je vais finir par être jaloux. Je vais être dans l'obligation de ne plus jamais te quitter. Plus jamais. »

L’amour entre Minerva et Livio était un peu vache et je levai les yeux au ciel quand mon petit ami se qualifia lui-même d’intrus vis à vis de notre chatte capricieuse. Minerva ronronnait régulièrement sur les genoux de mon amoureux, même si, je devais l’admettre, elle se vengeait aussi quelque fois sur lui, parfois à coup de griffes et de crocs, mais évidemment, nous n’étions pas à l’abris d’un peu d’urine dans une valise qu’on aurait laissé trainer sans surveillance. Je laissai Livio arriver et la conversation dévia sur les fleurs magnifiques qu’il m’avait fait livrer. Très vite, nous plaisantâmes, faisant référence à une conversation que nous avions eu à distance alors qu’il était encore à Rio.
— Des doigts de fée incroyables, même, fis-je en souriant à mon amoureux avec tendresse.
Il vint m’enlacer et je me blondis contre lui, du mieux que je le pus avec mon ventre qui commençait à prendre de la place, et fermai les yeux pour savourer l’instant. Un sourire étira encore mes lèvres.
— C’est peut-être un stratagème pour te retenir tout contre moi, avouai-je.
Je restai un moment dans ses bras, avant lever le nez pour me perdre dans son cou et respirer son odeur que j’aimais tant. Je déposai quelques baisers sur cette peau douce et fine, caressant sa mâchoire avec l’arrête de mon nez. J’aurais pu rester là des heures. Au bout d’un moment malgré tout, je rouvris les yeux et soupirai doucement, déposant un dernier baiser dans la nuque de Livio.
— T’as reçu du courrier, dis-je, je t’ai tout regroupé sur le buffet du salon.

Livio jouait la victime concernant Minerva, mais au fond, il l'aimait, cette petite peste. Même s'il allait clairement faire attention à sa valise, où se trouvaient ses merveilles vestimentaires. Et on connaissait l'amour de Livio pour ses vêtements ! Mais pour l'heure, il retrouva ses repères, le bonheur d'être à la maison étant plus fort que tout. En voyant l'énorme bouquet trôner sur la table du salon, il s'amusa à taquiner Aura. Aura qui rentra dans son jeu en parlant de ce masseur aux doigts de fée incroyables. Sans doute que ce masseur allait laisser traîner ses doigts pour détendre bien vite les muscles endoloris de la belle. Livio leva les yeux au ciel, faussement outré, s'empressant de l'enlacer. Il avait tellement besoin de son contact, de la tenir tout contre lui, elle qui lui avait tant manqué. « Ce serait presque mesquin. Presque. Mais comme je compte rester tout contre toi, je dirais simplement que c'est bien pensé. » C'était bien pensé quand c'était de la fausse jalousie. Quand c'était la vraie, en revanche, c'était moins amusant. Ils restèrent ainsi de longues secondes, Livio fermant les yeux, frissonnant face aux baisers qu'elle déposait sur sa peau si demandeuse. Quand elle se sépara de lui, il lui vola un dernier baiser, hochant la tête quand elle l'informa qu'il avait du courrier. « Les affaires reprennent. » dit-il en souriant. En réalité, il était bien loin de savoir ce qui allait se passer. Il regarda les premières lettres, faisant le tri entre celles qu'il estimait plus et moins importantes. Il en ouvrit quelques unes, ses yeux bleus survolant ce qui se disait. Mais en ouvrant la quatrième, venant de la banque, le regard de Livio se fit surpris. Il y avait un souci. La lettre attestait que les comptes d'Effimero étaient à sec. Il secoua la tête et regarda Aura, tentant de ne pas montrer son interrogation. « Je dois passer un coup de fil. » dit-il, un poil déconcerté. « Je n'en ai que pour quelques minutes. Après, je suis tout à toi. » Il n'avait pas menti, Livio. Il en avait eu pour quelques minutes. Par contre, lors de cette soirée, il ne fut complètement tout à elle. Son esprit était loin, bien loin, en Italie, dans les bureaux d'Effimero qui devaient être à feu et à sang. Mais il préféra tout garder pour lui, mettant cela sur le compte du décalage horaire, dans le seul but de ne pas inquiéter. C'était simplement le début. Le début de nombreux rebondissements.

Fin