The more I drink + Thomas

Tu savais que t’étais pas le meilleur des mari, vu que tu avais trompé ta femme. Et puis Léo en face de toi le savait. Il t’avait détesté pour ce que tu avais fais mais bon, tu ne peux pas le blâmer. Son amie avait souffert à cause de toi, tu avais été un salaud. Mais tu essayais de t’excuser, de faire que les choses aillent mieux. Tu voulais lui montrer à quel point tu avais été désolé de cet acte de tromperie, à Romy. Et tu voulais montrer à Léo que t’étais pas tant un connard que ça. Il avait l’air de comprendre, il ne te jugeait plus. « T’as raison » soufflas-tu à la phrase du photographe. Il avait vraiment raison, on est vraiment des juges très durs envers soi-même. « Si tu le dis » dis-tu en haussant les épaules. « Je voyais ça comme la moindres des choses, au moins pour Arthur. Même si c’est aussi pour elle que je l’ai fais » ajoutas-tu simplement. Plaquer ta carrière d’acteur avait été clairement une chose difficile à faire. Mais tu l’avais voulu, pour Arthur. Tu ne voulais pas qu’il vive sans son père, comme toi tu l’avais eu fais plus jeune. Et même si vous en aviez parler longuement avec Romy, ta décision avait été prise une fois qu’ils avaient posé le pieds en Australie. Quand il te parlait d’espoir, tu souriais. T’avais vraiment envie d’y croire, parce qu’elle était la femme de ta vie, tu le savais. Et t’avais envie de reformer une famille, pour toi, pour ton fils. « J’espère » dis-tu avec sourire léger. Tu portais ton verre à tes lèvres avant de reprendre. « Oh tu sais, à 15 ans maintenant, aucun de nous deux n’a d’autorité sur lui. Au grand dam de sa mère ! » dis-tu en riant. C’est vrai qu’Arthur n’en faisait qu’à sa tête maintenant, il ne pensait pas qu’à lui mais vous n’aviez plus d’autorité, c’était certain. « Il écoutera plus facilement tonton Léo plutôt que son père ou sa mère, tu sais » dis-tu avec un sourire en coin.

Léo n'avait jamais trop su quoi en penser, de cet acteur qui avait tout plaqué de sa carrière prometteuse, de l'argent qui coulait sûrement à flot, du succès grisant, pour venir se terrer ici, à Bowen, dans cette ville qui n'était pas la sienne, pour suivre son ex. Alors certes, il y avait leur fils, Arthur était une raison largement suffisante. Mais lui, aurait-il fait la même chose ? Aurait-il sacrifié su facilement sa carrière de photographe, renoncé aux voyages, au terrain, aux paysages de rêve, pour une famille disloquée ? Il n'avait jamais réussi, il voyageait beaucoup moins qu'avant, il refusait quasiment tous les reportages en zone de conflits, mais il avait continué. Parce que cette vie c'était la sienne, c'était sa façon de se définir, Léo le voyageur, l'homme libre. Il aurait l'impression d'être mis en cage si on lui imposait de n'importe quelle façon de rester à Bowen. Oui j'le dis, et je le pense, même ! Thomas était modeste. Il rit, franchement, à la réponse de Rankin, Léo ne voyait pas les choses comme ça, à cinq ans ou à quinze ans, peu important pour Romy, elle était capable de faire la morale à son fils et elle était suffisamment convaincante pour qu'Arthur ne moufte pas ! Il lui avait raconté quelques engueulades auxquelles il avait eu droit, il fallait que ça file droit. Mais c'était un bon gamin et la blonde voulait simplement protéger son enfant. Seulement parfois il essayait de braver l'autorité parentale, qui ne l'avait pas fait ? Il termina son verre et sourit en le reposant. Vous n'avez pas à vous plaindre de lui, j'en ai vu des plus durs. Et puis... je serais toi je n'aurais aucune confiance en les conseils que je lui donne. Il fallait bien l'admettre, de tous, Léo avait le rôle le plus cool, Arthur venait le voir pour jouer à la console ou il l'appelait pour que Léo vienne le chercher à une soirée sans en parler à ses parents. Il lui demandait parfois son avis sur les filles, tout ce qu'Emerson adorait et il s'en donnait à cœur joie ! L'heure est grave mon ami, mon verre est vide et le tien prend le même chemin. On se refait une tournée ? Ca n'avait rien de raisonnable, à ce rythme, Léo rentrerait en titubant chez lui, mais au moins il oubliait un peu sa peine ce soir.

Sacrifier ta notoriété pour Romy et Arthur, tu le ferai de nouveau si c’était à refaire. Ils étaient tout pour toi et les perdre du jour en lendemain, ça t’avait mis un grand vide dans ton coeur. Cette maison de Los Angeles était bien vide sans eux, alors tu n’avais pas hésité à les rejoindre. Même si tu avais une carrière qui décollait et que tu gagnais à être célèbre, la famille passait avant tout pour toi. Tu ris légèrement quand il te disait qu’il pensait vraiment ses mots. Tu ne voulais pas le contredire là dessus, il était convaincu. Tu expliquais ensuite à Léo que tu n’avais plus trop d’autorité sur ton fils, ni même sa mère d’ailleurs. C’est qu’il avait bien grandi le garçon, et qu’il était plus enclin à écouter ses tontons et ses tatas plutôt que ses parents. Jamie et Léo étaient des exemple pour Arthur. « Me dis pas ça, j’vais avoir peur après » dis-tu dans un rire. Mais tu étais persuadé que Léo était quelqu’un de bien pour ton fils, qu’il savait le guider dans les moments de doutes. C’est toujours plus facile de se confier à un autre adultes qu’à ses propres parents. Toi, tu te confiais à tes amis à l’époque ou à ta tante Charlène. Alors qu’il le fasse avec l’un des meilleurs amis de sa mère, tu comprenais amplement. Le français changeait de sujet en constatant l’état de vos verres qui étaient vides ou quasi-vides. Tu riais à sa réflexion et tu finissais les quelques gorgées qui restait dans ton verre. « Je pense qu’il est temps pour nous de reprendre une tournée » dis-tu avec un rire assez roque. Tu interloquais le serveur en lui faisant un signe et tu commandais les mêmes verres que vous aviez devant vous, tous les deux. Rapidement, les deux verres venaient vers vous et tu glissais un billet au serveur. Tu levais ton verre, et avant de prendre une gorgée de ce dernier, tu trinquais avec celui de ton acolyte de la soirée. « A cette nouvelle rencontre » dis-tu en lui faisant un clin d’oeil. C’était pour symboliser le fait que vous vous retrouviez, que vous appreniez à vous connaître sans à priori.