when i come around (giulia)

Depuis que tu étais à Bowen, tu aimais te balader le soir dans la ville. Chose que tu ne faisais jamais lorsque tu étais à Dublin. Seule, avec un bouquin dans les mains, tu te baladais dans les environs de la ville avant de retrouver ta caravane. T’aimais bien faire ça, c’était un moyen de découvrir la ville autrement. En ce début de soirée, tu avais prévu de lire ton bouquin posée sur la fontaine de la ville. Encore une fois, tu ressortais ton bon vieux livre Harry Potter, le premier, et tu t’assis sur le rebord de la fontaine. Le soleil descendait doucement sur la plage, un peu plus loin, tu le voyais commencer à se mêler à la mer. Puis, tu décidais d’aller te chercher à manger pour grignoter sur la plage ou dans ta caravane, si le temps se rafraichit. Tu te levais alors et en commençant à marcher sur la place, tu rangeais ton livre dans ton sac, ne regardant pas devant toi. Et bien évidemment, ce qui devait arriver, arriva. Tu percutais une jeune femme en marchant sans regarder devant toi. « Mais quelle idiote » dis-tu en remettant tes cheveux en place, pour y voir devant toi. Avant de lever les yeux vers la fille que tu venais de percuter, tu t’excusais. « J’suis désolé, j’ai pas regardé » dis-tu en remettant une dernière mèche rousse derrière tes oreilles. Tu levais les yeux vers la fille et c’est là où tu devenais toute rouge. Tu la connaissais cette fille. Enfin, tu savais qui c’était. Tu la regardais, enfin l’émission où elle était, sur ton rétro-projecteur, le soir. « Vous… vous êtes Giulia Ricci ? » demandas-tu un peu interloquée à la jeune femme. Tu étais devenu méga timide d’un seul coup, rencontrant une célébrité que tu voyais souvent à la télé et dont tu adorais suivre les aventures, en plus de ça.

@Giulia Ricci

De retour à Rio, Giulia s'installait doucement mais sûrement à Bowen. Son appartement commençait à ressembler à un petit cocon plus confortable, notamment en suggérant à Owen de y laisser quelques affaires. Quand il n'était pas là elle s'autorisait à dormir avec l'un de ses tee-shirts, juste pour avoir l'impression d'être près de lui. À son grand bonheur ses soirées de solitude étaient peu nombreuses mais si elle voulait que sa relation fonctionne elle savait aussi qu'elle ne devait pas trop l'étouffer. Ce n'est pas pour autant que Gigi s'ennuyait, bien au contraire. Elle avait moults d'engagements à son portefeuille de partenariats. Tous les jours elle postait plusieurs story en faisant la pub pour certains produits, qui selon elle, étaient de qualité autrement elle n'en ferait pas. En dehors des autres business que pouvaient entretenir une influenceuse, Giulia prenait aussi du bon temps profitant de faire du shopping même si, Bowen ne disposait pas des boutiques de luxe de Dubaï.

Un sac avec une nouvelle paire de chaussures, Gigi décida de rentrer à la maison. Alors qu'elle regagnait sa voiture, une jeune femme la bouscula sur son chemin. Attention, t'as fait tomber ton livre. Instinctivement elle se baissa et lui tendit le dit livre. La rouquine se confondait d'excuse. Connaissant son regard hautain qu'elle ne contrôlait pas toujours elle se demandait si elle n'avait pas encore user de sa maladresse. La rouquine devint écarlate quand elle la reconnut. La tête ailleurs, Gigi ne fit pas tout de suite le rapprochement avec sa notoriété. À Bowen, elle avait l'habitude de passer inaperçue. Euh... Oui répondit-elle en fronçant les sourcils pour chercher où elle avait vu ce visage ou si c'était juste une téléspectatrice.  Et tu es...? finit-elle par demander, sans comprendre.

Alors que tu t’apprêtais à aller chercher de quoi manger ce soir, tu percutais quelqu’un dans ton engouement. Sans trop faire attention, t’avais fait tomber ton livre par terre et la personne que tu avais bousculé était entrain de te le tendre quand tu réalisais quand tu voyais enfin son visage. Tu la connaissais, tu l’avais déjà vu. Mais pour elle, tu étais une inconnue. Qu’est-ce qu’une irlandaise, vivant en Australie connaissait à la télé-réalité italienne ? Tout a vrai dire. C’était ce que tu regardais le plus même, avec d’autres émissions bien sur. « Merci » dis-tu lorsqu’elle te rendait ton livre. Tu esquissais un sourire, un peu gênée avant de reprendre. « J’savais pas que vous… enfin tu vivais à Bowen » dis-tu en rangeant ton livre dans ta besace. Tu voyais l’incompréhension sur le regard de ton interlocutrice, tu la connaissais mais elle ne te remettait pas. Normal. Tu avais assisté à un tournage de l’émission à Townsville l’année passée, et tu avais rencontré sa co-star du show, Livio Manzoni, mais pas Gigi. « J’m’appelle Sofia » dis-tu en relevant les yeux vers elle. Oui mais t’es qui, patate, elle aurait très bien pu te répondre ça alors tu reprenais rapidement. « J’te regarde à la télé, enfin j’veux dire, ton émission ! » avouas-tu à la brune pour qu’elle comprenne comment tu la connais. C’était assez cocasse comme situation. Enfin plus pour elle que pour toi.

Gigi qui se faisait bousculer par une inconnue sans broncher, c’était du jamais vu. En réalité, elle n’était pas aussi hautaine que ce qu’elle pouvait montrer à l’écran. Lors des émissions de téléréalité, elle a souvent surjouée son rôle de fille explosive. Mais quand la rousse prononça son nom, Giulia ne fit pas tout de suite le lien avec son statut de candidate de téléréalité. L’air interrogateur, elle cilla des yeux. Sofia ? répéta Gigi qui cherchait dans ses connaissances une fille dénommée Sofia. Ce qui aurait été fort possible, mais n’ayant peu de liens avec les femmes en général, elle avait vite fait le tour. La rouquine apporta ensuite une réponse qui éclairait ses interrogations. Elle l’avait vu à « la télé ». Ah ! Elle en rigolait presque, Gigi, comprenant mieux pourquoi Sofia était si gênée. En Italie les gens, plus particulièrement les adolescent(e)s, la reconnaissaient souvent dans la rue. Ce phénomène lui arrivait beaucoup moins, ici, à Bowen. Même si elle avait l’habitude d’être interpellée, regardée, ce n’est pas pour autant que l’italienne savait comment réagir dans ces moments-là. Je ne pensais pas que je trouverais quelqu’un qui me reconnaitrait à Bowen admit Gigi amusée. T’es italienne ? lui demanda-t-elle en regardant ses mèches rousses qui ne correspondaient pas à la génétiques des italiennes plutôt brunes.

En remettant ton livre dans ta besace, tu essayais de trouver quoi dire à l’italienne. Elle te connaissait pas et toi, t’avais l’impression de la connaître par coeur. Enfin, de l’image qu’elle donnait à la télé. Tu lui avais donné ton prénom mais elle ne le remettait pas, normal. T’étais une inconnue devant une influenceuse. Mais tu lui confiais rapidement que tu ne la connaissais pas personnellement mais plutôt de la télévision. Elle semblait surprise. Mais en même temps, tu comprenais. C’était une émission italienne, majoritairement regardé en Italie. Et toi, l’irlandaise expatriée en Australie, tu regardais ce fameux show télévisé. « C’est parce que les australiens regardent pas des émissions cool comme la tienne » dis-tu avec un rire gêné. Mais tu ne savais pas trop quoi dire d’autre, t’étais impressionnée. Elle te demanda ensuite si tu étais italienne. « Pas du tout, je suis irlandaise » commenças-tu avec un petit sourire en coin. « A vrai dire, j’suis tombé sur cette émission en cherchant quelque chose à regarder. Et j’ai essayé beaucoup de télé-réalité de tous les pays » avouas-tu en haussant les épaules. « Et j’avoue que c’est les italiens qui font ça le mieux » dis-tu en lâchant un léger rire.

Quand elle allait en Italie, Giulia était reconnue partout où elle allait - surtout par les plus jeunes. Les adolescents étaient ceux qui regardaient le plus les émissions de téléréalité. Alors quand une femme sûrement à peine plus jeune qu'elle l'aborda, Giulia ne put s'empêcher de se montrer déconcertée. Il y a bien longtemps que cela ne lui était pas arrivé, surtout depuis qu'elle habite Bowen. Euh ouais répliqua Gigi avant de rire nerveusement. Bien qu'elle était flattée, elle n'a jamais arrivé à comprendre l'intérêt dont tout le monde portait à leur émission. Les producteurs faisaient toujours en sorte de diffuser les clashs et les rapprochements amoureux.

Le commentaire de Sofia fit sourire l'influenceuse. Peut-être que d'un point de vue international, les candidats italiens avaient tendance à exploser davantage et donc suscité plus l'attention des spectacteurs. Les italiens ont le sang chaud. commenta Gigi qu se montrait de plus en plus étonnée de voir une spectactrice irlandaise, ici à Bowen. Tu as quel âge? demanda-t-elle par curiosité à la dénommée Sofia.

La brune semblait perturbée que tu la reconnaisses par rapport à sa notoriété. Les télé-réalités, c’était ton péché mignon, t’en regardais tout le temps mais t’avais surtout honte de le dire. En général, c’était les écervelées qui regardaient ça. Mais toi, ça te faisait passer le temps. Et au final, tu t’étais laissé porté par les histoires et l’engouement de la série. Et tu été même allé à Townsville l’année dernière où tu avais rencontré Livio Manzoni. « C’est bizarre, j’suis désolé » dis-tu dans un rire gêné. T’en faisais peut-être des caisses mais bon, t’aimais bien toi. Tu la sentais gêné, la jeune italienne. Les italiens ont le sang chaud, elle avait raison. « C’est ce qui anime le plus l’émission » dis-tu en riant légèrement. Les autres télé-réalités que tu regardais, elles étaient fades et sans intérêt. « J’ai 24 ans » dis-tu à la jeune femme qui te demandait ton âge. C’était bizarre qu’une irlandaise qui vit en Australie regarde une émission italienne. Heureusement que le streaming existe et surtout heureusement que les sous-titres existent.

Tandis que l'irlandaise semblait gênée, Gigi tentade la rassurer. Non non c'est pas bizarre affirma t-elle sans pouvoir s'empêcher de sourire. Mais au fond elle se demandait vraiment qu'est ce qu'elle trouvait d'aussi cool dans leur émission de téléréalité. Sans surprise, elle comprit que c'était les innombrables embrouilles qui la divertissait. Ah oui on peut dire que c'est animé! approuva-t-elle avant de rire. C'en était presque gênant. On pouvait aisément croire que les candidats se montraient en spectacle et c'est vrai que certains en rajoutaient, un peu trop même. En terme de disputes Gigi atteignait le top de toutes les catégories, ce qui lui valait pas mal de commentaires haineux. Elle était pas mal détestée comme appréciée. La jeune femme devant elle, au moins, paraissait bienveillante et sans once de méchanceté. Gigi se sentit plus à l'aise. D'accord je pensais vraiment pas qu'une irlandaise me reconnaîtrait ici dans ce petit patelin! commenta-t-elle intriguée mais contente de rencontrer une spectactrice qui aimait leur émission. Tu t'appelles comment?

Même si la brune te disait le contraire, c’était bizarre. Mais bon, de toute façon, tu étais bizarre dans tous les cas. Que ce soit avec tes cartes de tarots, avec tes animaux de compagnie hors du commun ou avec le fait que tu vives dans une caravane. Ça en fait des choses. « C’est le cas de le dire » dis-tu avec un rire qui joignait celui de la jeune femme. Tu n’étais pas cette femme qui était vraiment à fond dedans tout le temps. Certes, tu regardais souvent mais des fois tu éteignais ta télé car tu voyais qu’on leur faisait sortir des débilités ou qu’on essayait de les monter les uns contre les autres. Tu n’es pas dupe. Tu faisais ça pour passer le temps, et puis c’était un peu ta passion cachée. « C’est encore plus bizarre » dis-tu en gloussant. « A vrai dire, j’suis allé sur les lieux du tournage de la saison passée, à Townsville » avouas-tu à la brune avec un sourire. T’avais envie de voir si c’était comme à la télé, si tout se passait de la même manière et surtout si les producteurs choisissaient les moments à montrer à la télévision. « Sofia » dis-tu avec un sourire. Tu ne demandais pas le sien car tu le connaissais déjà.

Bien que Giulia prétendait le contraire, c’était vraiment bizarre de rencontrer une spectatrice ici, à Bowen, loin de son pays natal. Du moins le feeling passait plutôt bien, la rouquine montrait beaucoup de bienveillance – ce qui n’était pas toujours le cas avec ses abonnés sur les réseaux. Par ailleurs elle lui informa qu’elle avait été aussi sur les lieux du tournage de la saison passée. D’accord. T’es partie... pour les vacances ? demanda-t-elle par curiosité. Ou était-elle vraiment partie dans l’espoir de rencontrer toute la bande ? songeait Gigi. La question était un peu délicate à poser, c’est pourquoi elle préférait la tourner dans un autre sens. Et bien enchantée, Sofia. Ravie de te rencontrer, même dans de... pareilles circonstances… hésita de préciser Gigi qui affichait un air amusé. Comme toujours, elle acceptait toujours de discuter, parfois même de poser pour prendre une photo / un selfie, mais elle ne savait pas trop comment gérer ce genre de rencontre. Elle ne savait pas bien quoi dire, ni quand prendre congé.