We find out what we're made of • Giulia

Les dimanches étaient des jours déprimants pour Jackson, rien n’était ouvert à Bowen, aucun bar digne de ce nom, aucuns des endroits où il aimait se rendre pour se changer les idées, ne restaient que ceux plein de mondes, bourrés de touristes et locaux qui profitaient du temps plus que clément de la côte australienne, mais notre Jack, il détestait la folle alors vous ne le verrez probablement jamais bronzer sur la plage, navré mesdemoiselles ! Alors que faire à Bowen un week-end, peindre, surement, il aurait pu faire ça, mais aujourd’hui il n’était pas inspiré, il aurait très bien pu replonger, embrasser à nouveau ses anciens démons, flirter avec sa précieuse héroïne, même s’il n’en avait pas en sa possession, il avait toujours son réseau qui pouvait lui en fournir quand il le voulait. Mais il n’en voulait pas, non pas que l’envie ne soit pas là, elle l’était, toujours, présente comme au premier jour, lui brûlant les veines, lui vrillant le crâne à chaque instant, mais il résistait, plus que jamais, chaque jour était une nouvelle victoire contre son addiction. Alors il n’allait pas flancher aujourd’hui, il devait se bouger, sortir de son atelier sombre et prendre le jour. Et il savait parfaitement à quelle lumière se réchauffer, Giulia, la belle, la solaire, la partenaire, sa complice de tous les instants, bons comme mauvais, son amie, dangereuse parfois, parce qu’il avait du mal à résister à sa beauté et que dans les moments de faiblesse il se laissait emporter par sa fougue, mais jamais leur relation n’était tombée dans le côté bizarre et gênant, ils étaient en parfait accord et ça lui allait très bien à Jackson, Jax, comme elle aimait l’appeler. Ils pouvaient débarquer chez l’autre à tout moment, sans prévenir, sans avoir l’impression de déranger, ils respectaient une certaine intimité mais, avouons-le, ils adoraient partager celle de l’autre. Et c’est exactement ce que Jackson comptait faire maintenant, se rendre chez Giulia, frapper à sa porte pour rester correct mais entrer de toute façon, parce qu’il avait les clés. Et même si elle n’était pas là, à cause d’une garde à l’hôpital ou autre chose, il laisserait un mot, quelque chose pour lui signifier qu’il voulait la voir, parce qu’il avait besoin de la présence de sa charmante amie.

Il verrouilla sa porte et se mit en marche jusque chez elle. En chemin, celui qui allait toujours à pieds se perdit dans ses songes il pensait à elle, Giulia, celle qu’il aimait tant, leur relation lui était précieuse et il espérait que celle-ci ne change jamais. Aujourd’hui ils étaient jeunes, ils n’avaient pas de vision de l’avenir, pas d’attache, chacun avait un passé, aussi difficile soit-il, tous deux l’acceptaient, s’en accommodaient, il savait que la brunette surveillait chacun de ses actes pour ne pas qu’il replonge, lui espérait que sa famille Italienne ne la retrouve jamais, ou le plus tard possible, et si tel était le cas, il l’en protégerait férocement. Ils ne s’aimaient pas d’amour, c’était autre chose, de peut-être plus profond et chacun devait s’attendre à ce que l’autre lui présente un jour l’élu de son cœur, est-ce que cela rendrait leur relation plus étrange, moins proche, il espérait que non. Bien-sûr il devrait arrêter de s’attarder dans ses draps et de s’enivrer de son parfum, mais ça il le savait bien, c’était évident.
Après quelques minutes de marche il arriva devant la porte de la belle italienne, il frappa pour la forme puis entreprit d’ouvrir la porte, celle-ci n’était pas verrouillée, elle était chez elle. « Giulia, ma belle, tu n’es pas nue j’espère ?! » il s’avança dans le séjour, comme s’il était chez lui, ne sachant pas vraiment comment il allait la trouver, en pyjama devant un film peut-être, ou bien accompagnée, il verrait bien.

La jolie italienne ne mit pas bien longtemps à se montrer, de sa démarche toute en sensualité, elle s'avança vers Jackson, plutôt court vêtue et les cheveux en bataille, soit il la dérangeait au beau milieu d'une bagarre d'oreillers, soit elle dormait déjà. Jackson, un peu gêné de la déranger, ne bougea pas d'un pouce lorsqu'elle vint déposer un baiser des plus agréables dans le creux de son cou, c'était tout de même très appréciable d'avoir ce genre d'amitié dans sa vie. Il hocha nonchalamment la tête lorsqu'elle lui répondit "Tu sais à quel point tu me fais tourner la tête, même les cheveux ébouriffés..." Il n'était qu'à moitié sérieux, elle savait qu'il était capable de se tenir, au delà de l'attirance physique, il y avait ce lien plus fort entre eux.
Le jeune homme vint la rejoindre sur le canapé, réfléchissant un instant à la question de la brune, c'est vrai, qu'aurait-il fait finalement ? Il fini par hausser un sourcil avant de sourire en coin, malicieux. "J'aurais joué le mari jaloux qui rentre plus tôt que prévu et vous surprend, ça m'aurait surement fait rire, tu aurais été furieuse contre moi, durant quelques minutes seulement, après on en aurait ri tous les deux et on se serait assis sur le canapé devant un film qu'on aurait pas regardé parce que tu aurais fini par m'avouer qu'il était un mauvais cou, bien moins bon que moi en tout cas !" Et il était fier de sa tirade. C'était bien plus facile de dire ce genre d’âneries plutôt que de se prendre au sérieux. Et puis peut-être bien qu'il aurait été capable de le faire finalement, parce que dans le fond il avait un petit côté possessif envers elle, jamais il n'avait eu le loisir de la surprendre dans les bras d'un autre, mais si cela se produisait, il pourrait peut-être mal le prendre.
Ce dont il était sur à cet instant c'est qu'il était heureux d'avoir fait le déplacement jusque chez elle, même s'il la réveillait en plein milieu d'une sieste, il avait besoin de voir son amie et elle semblait heureuse de le voir, même si pour l'heure elle semblait s'inquiéter pour lui. "Je ne peux pas juste décider d'avoir envie de te voir, comme ça ?" Il s'offusquait faussement. Mais à voir sa mine sérieuse à elle, il ravala son sourire et baissa doucement la tête. "J'suis en manque, j'ai tellement envie d'un shot si tu savais, ça me brûle les veines et la cervelle. Alors plutôt que de plonger tête la première dans mes conneries, j'ai préféré te rendre visite tu vois... ça m'occupe, ça me change les idées." Il savait qu'elle comprenait.