Emilia's phone

Le téléphone vibrant, il regarda le nom qui s'afficha. Emilia. Il leva les yeux au ciel, soupira et décrocha : Tu m'expliques ?

L'énervement s'entendait de plus en plus dans sa voix. Bah non ! Elle ne savait pas ! Je n'arrivais pas à le lui dire ! Ce n'était pas un manque de confiance en Aura, c'était juste qu'il n'avait jamais vraiment eu l'occasion - et la force - de le faire. Il lâcha un long soupir en entendant ses derniers mots : Ce n'était pas une raison pour en parler, c'est tout. C'est du passé, Emi. Tu crois vraiment que je serai capable de refaire ça ? Il ne savait pas quels signaux il avait envoyé, mais il commençait à se demander s'il n'avait pas minimisé l'image qu'il renvoyait.

Il en voulait à Emi, évidemment, par le fait qu'elle en ait parlé à un moment où il ne pensait jamais qu'un tel sujet viendrait sur la table. Mais peut-être lui avait-elle enlevé une épine du pied. Peut-être lui donnait-elle la possibilité d'en parler sereinement avec Aura. Sans doute s'en rendrait-il compte quand la colère sera passée. Néanmoins, il ne put rester de marbre en comprenant à quel point Emi avait peur pour lui. Emi... souffla-t-il, plus calme. Il n'était pas le seul à avoir souffert dans cette histoire et l'angoisse de sa petite soeur le lui rappelait. Je ne le referai pas. J'ai un enfant, une femme qui m'aime, une famille ultra soudée. Je vous ai, ça change tout...

Elle mit le doigt sur un point important. À l'époque, il avait aussi sa famille, mais il avait fait le mauvais geste malgré tout. Je sais, Emi... mais ce n'était pas pareil. J'avais 15 ans, j'étais un bébé. Il était plus vulnérable. Et surtout à l'époque, il vivait l'enfer au quotidien, cherchant à se faire aimer de camarades dont il était le simple jouet. C'était totalement différent. En entendant sa dernière question, il sentit son coeur se serrer. Il s'en voulait qu'elle s'inquiète autant pour lui, qu'elle souffre de cette bêtise faite il y a plus de 13 ans maintenant. Et il voulait la rassurer. Je te promets que ça ne m'a pas traversé l'esprit. Il marqua un temps d'arrêt. C'est dur de perdre Effimero, c'est vrai. Je me sens coupable de mettre tant de personnes au chômage. Et j'ai peur de l'avenir. Mais Emi, je vais rebondir, ne serait-ce que pour Leandro. Mon bébé,  c'est mon moteur. Sa voix se fit plus douce en évoquant son fils. Tu es rassurée ?

Il la connaissait tellement bien. Et à cet instant, il sentait qu'elle avait mal, qu'elle avait peur. Ils n'en parlaient jamais, mais Livio se sentait coupable du fait que ce soit elle qui l'avait découvert inconscient. Et il s'en voulait qu'elle souffre encore de cela. Aussi sortit il tous les arguments pour la rassurer. Il n'avait aucune raison de refaire ce geste. Aucune. Je suis heureux, Emi. Comme jamais je ne l'ai été... ajouta-t-il pour confirmer ses mots d'avant. Mais son cœur se serra de nouveau en entendant les derniers mots de sa soeur. Tu ne me perdras pas. Jamais. Je te rappelle que je dois te faire la misère jusqu'à la fin... et puis je dois faire peur à tes mecs. Il essaya de radoucir l'atmosphère. Aie confiance en moi, je ne ferai aucune connerie.

L'entendre rire le rassura. Il avait réussi à alléger l'atmosphère. Il en rajouta d'ailleurs une couche. Donc, il s'appelle Caleb ?! Dès demain, je cherche les Caleb rugbyman sur Insta. Histoire de voir si je dois prendre peur ou non. Il rit légèrement. Bon, je te laisse, je vais rentrer à la maison. Je dois me faire pardonner auprès de ma chérie. Il avait été exécrable avec tout le monde aujourd'hui. Passe à la maison quand tu as un repos, d'accord ?

Caleb Hart ? C'est noté ! C'est vraiment trop facile avec toi ! dit-il en riant. C'était vrai qu'elle lui filait tous ses secrets sans qu'il n'ait besoin d'insister de trop. Ça sera fait. T'auras sûrement droit au gros bisous baveux de Leandro. repondit-il, le sourire dans la voix. Mais avant de raccrocher, il entendit les mots d'Emi, répondant avec douceur : Je t'aime aussi, Emi. Il la salua et finit par raccrocher, espérant avoir apaisé ses craintes.