•• When i remember that day when our eyes first meet •• Wt Samuel

Il se sentait un peu désemparé face à la situation, car elle devait le prendre pour un vrai connard. Un rencard alors qu’il était en couple, c’était assez bâtard de sa part. Mais le pire, c’est qu’il n’avait aucunes arrière-pensées. Il voulait juste revoir ce visage si peu familier mais qui lui rappelait tant de bons souvenirs. C’était dans ces moments là qu’il ne comprenait pas ce qu’il ressentait actuellement, car il était totalement perdu. Il se sentait ridicule. Jamais il ne tromperait Nicky, car il était fol amoureux d’elle. C’était certain. Il ne se voyait pas sans elle, sans ce bout de femme d’à peine dix huit ans. Elle était sa force, il l’aimait tellement. Mais de l’autre côté, il avait retrouvé Sunniva, qui était une femme peu ordinaire. Et juste à son regard, il savait qu’elle pensait certaines choses que lui avait en tête. Il était dans une situation trop délicate. Il avait vécu ce qu’on appelle communément… « Un coup de foudre ». Mais pas ce genre de coup de foudre qui vous scotche à votre chaise, et qui vous empêche de manger, c’était plus un coup de foudre-souvenir qui tendait à être exploité. C’était dur à expliquer mais il avait l’intention de la revoir. Peu importe ce que les autres diraient. Il passait sa langue entre ses lèvres, tic nerveux de quand il se sentait gêné, mais il ne savait pas comment Sunniva allait l’interpréter. Mais quand il apprit qu’elle avait un fils, il resta assez scotché. Il releva les sourcils, mais ne fit pas de remarques. Elle avait l’âge d’être maman, bien entendu, mais c’était une chose à laquelle il allait devoir songer. Mais pour quel(s) projet(s) ? Il se sentait un peu con, mais d’un autre côté, une case de son estomac se remettait en place. Elle était toujours célibataire, apparemment. « Oh.. Bien, désolé, j’avais mal compris. Tu as un petit garçon… C’est un très joli prénom. Daeron… Si j’avais eu un fils, je pense que je l’aurais appelé comme ça ! » Il se mit à rire légèrement, et il but une gorgée de son verre pour se donner contenance. Il réfléchit une minute, et il se dit qu’il était temps de dire quelque chose… Quelque chose d’autres que ce bla bla inhabituel, et inutile qui leur servait de conversation. « Je peux te parler d’un truc… important ? » Ok. Il s’était lancé. Il était ridicule. Il voulait partir rapidement. Il espérait recevoir un appel sur son téléphone mais rien n’y faisait, personne ne l’appelait. Il déglutit.

Il déglutit une nouvelle fois. Il allait passer pour un mec infidèle alors qu’il ne l’était pas du tout. Il voulait absolument lui faire comprendre qu’il ne se jouait pas d’elle, de Sunniva, mais les malentendus et les quiproquos, c’était une trouille bleue, pour lui. Il se rappelait qu’il n’avait jamais parlé à Sunny de son passé, et il se devait d’être sincère sur tous les points avec elle, mais ce qu’il avait à lui dire relevé d’un tout autre niveau. Il glissait le bout de son langue entre ses lèvres, et il releva les yeux vers la jeune femme. « Rien de grave, ne t’en fais pas. » Malaise, malaise, malaise. Il était nerveux, comme un gosse de douze ans avouant à la fille du fond de la classe qu’il était fou amoureux d’elle. Samuel n’était pas amoureux de Sunny, il était bien trop tôt pour ça, mais il avait vraiment envie de la revoir. Peut-être un peu trop. « Ouais non en fait, c’est un peu con, tu vas m’prendre pour un idiot… » A dire ça, oui, il allait passer pour un con, mais tant pis. Autant aller jusqu’au bout des choses. Pour ce qu’il en savait, la sincérité, même si elle était parfois…. Dur à entendre, il fallait toujours dire la vérité. Même si les conséquences sont… violentes. « Ce qui me dérange, c’est que j’suis fou amoureux de Nicky, je suis vraiment fou d’elle, mais… j’ai pensé à toi toute la nuit. Toute la nuit, toute la journée. Tu ne sors pas de ma tête. Et… ça me trouble. » C’était sorti. Un poids en moins.

Les mots qu’il avait du prononcer l’avait vidé de toute son énergie. Il avait l’impression d’avoir couru un marathon et c’était difficile pour lui de ne pas voir ce que la vérité offrait en face des yeux de Sunny et Sam. Elle était aussi gênée que lui, et ça s’entendait dans sa voix, qui tremblait légèrement quand elle parlait. C’était assez horrible de se dire que dans ses yeux, on pouvait lire ce que Samuel était en train de ressentir. Horrible de se dire qu’il allait briser Nicky alors qu’elle venait d’être brisée par la mort de sa sœur. Horrible de se dire qu’il avait, d’un coup, juste en la revoyant, le cœur entre deux. Et quand elle se leva, il ne pouvait pas bouger, tétanisé. Elle voulait partir, et Samuel, comme un con, il n’arrivait pas à la retenir. Mais c’est alors qu’elle vint pour l’embrasser. D’habitude, c’était lui qui se jetait sur la personne, mais là, c’était soudain, impulsif, et ce baiser dégageait énormément de sentiment qu’il n’aurait pas pu décrire sans les mots de Sunniva qui ne venait pas. Il fermait les yeux, et comme un con, il se laissait aller. Il ne la retenait pas, mais il ne la repoussait pas non plus. Il laissa une main vaciller vers sa hanche, mais elle prit cette seconde d’inattention pour s’échapper de l’emprise de Samuel, et elle partit. Samuel, sans attendre, se releva sur ses deux jambes et il s’appuya sur la table. Il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit. Au contraire, elle avait bien fait. Car ça confirmait ses pensées entre la veille et le jour présent. Elle avait eu raison. Leur rencontre il y a huit ans n’était pas anodine, ça avait été le départ de quelque chose qui risquait de se poursuivre dans le présent. Il murmura juste. « Ne pars pas… » et il ne savait pas si elle allait l’entendre. Il laissa juste un mot sur une serviette en papier, en espérant qu’elle repasse par là. Sur le mot était écrit « Ne m’oublie pas, car moi, je ne t’oublierais pas. S. » Et il partit.