I've got a surprise for you ı Maximilian

« Moi ? Avoir honte ? Non, je vais vraiment très bien, je te remercie ! » avais tu lancé, moqueur, avant de lui tirer la langue. Les années avaient beau avoir passé, entre toi et ta mère, rien n’avait changé. Et tu t’étais mis à rire, attendant patiemment le retour de la belle blondinette qui t’avais mise au monde. Yeux clos, des milliers d’idées te viennent en tête. Un nouveau haut ? Un truc pour ton école ? Un jeans, peut-être. Ca, ça ne serait pas improbable : elle se rappelait encore du jour où, il y avait de cela quelques jours, t’avais ruiné le tien, en tombant en skate… et toi aussi, tu te souvenais de l’avoinée que tu t’étais prise. Oh, pas qu’elle ait été violente, les bris de verres et de voix, ca n’avait jamais été votre truc, avec ta mère. Mais se faire engueuler comme un enfant de cinq ans lorsqu’on en avait vingt, avouez qu’il y avait quand même de quoi être vexé. Une fois installé dans ton salon, t’avais ouvert les yeux lorsqu’elle t’en avait donné le feu verre. Et ton coeur avait sauté dans tous les sens. Au départ, t’avais bien cru que t’allais faire une syncope. Pourtant, ça n’était pas le cas. T’étais juste heureux.

Et tout sourire, t’avais embrassé sa joue : « merci maman. » relâchant ton étreinte, tu t’étais rassis. Un peu moins timide, tu avais poussé le couvercle de la boîte, laissant entrevoir l’instrument. Tes yeux, comme aimantés par ce que tu voyais, ne pouvaient s’en décoller, c’était impossible. Tes doigts quant à eux, glissaient doucement sur le bois de l’instrument que tu sortais délicatement de la boite, l’observant sous toutes ses coutures. Mais sorti de tes pensées par les mots de ta mère, t’avais arqué un sourcil amusé, avant de lui répondre : « ça dépend… tu jouerais avec moi ? » et lui adressant un clin d’oeil, t’avais attrapé ta tasse et le Ukulélé, entrainant ta mère par le bras vers le piano « allez, s’teuplé ! Ça fait tellement longtemps qu’on t’entend plus jouer ! »

Sur un petit nuage, on pouvait clairement voir que tu étais réellement heureux. Oh, bien sûr, tu aurais pu faire semblant : après tout, tu n’aurais pas été à ton galop d’essai ! Du pull en laine qui gratte, tricoté par ta tante, au pantalon parsemé de têtes de Mickey offert par ta grand-mère, tu pouvais dire que premièrement, dans ta famille, les goûts étaient tout à fait discutables : il n’y avait que ta mère, qui t’avait toujours respecté, tant vestimentairement parlant qu’en tant que progéniture. Et deuxièmement, tu pouvais affirmer sans trop te tromper que tu étais un bon menteur : tu avais toujours réussi à leur faire croire que leurs cadeaux étaient géniaux. On t’avait dit de toujours dire la vérité. Mais on t’avait également appris que parfois, mentir, c’était pour la bonne cause. Et quand il s’agissait de protéger tes proches, tu n’hésitais pas une seule seconde:il s’agissait de le faire avec parcimonie.
Seulement là, avec ta mère, inutile de dire que tu ne fais aucunement semblant. Dans tes yeux, il y a cette petite lueur, cette petite flamme qui s’était éteinte, lorsque ton ukulélé avait rendu l’âme. A cet instant, ton monde s’était effondré. Et grâce à ta mère, il n’en tenait qu’à toi de le reconstruire. Et elle y participerait. Tu ne lui en laissais d’ailleurs pas vraiment le choix, même si elle n’était pas difficile à convaincre : déjà, elle se dirigeait vers le piano et intérieurement, tu sautillais comme un enfant à Nöel.


Ca faisait tellement longtemps que tu n’avais pas vue ta mère aussi heureuse en caressant les touches de nacre de son piano que tu aurais pu en avoir les larmes aux yeux que tu fermais, profitant de cet instant totalement imprévu et sans aucun pareil. Tu te concentrais sur les notes de ta mère, pinçant les cordes de ton nouveau meilleur ami. Ton coeur se serrait, tu aurais voulu que ce moment ne s’arrête jamais. Alors forcément, lorsque ta mère t’a proposé d’aller manger, tu as légèrement grimacé -avec un peu de chances d’ailleurs, peut-être n’aurait-elle rien vu ?-et tu as posé ton précieux :

- On pourrait même continuer demain si tu veux ? Avais tu tenté l’air faussement innocent, avant d’hocher la tête, et t’as repris : Maintenant que tu en parles… je meurs de faim ! Mais Tayron n’est pas là ce soir ?

Attendant sa réponse, tu as attrapé vos tasses que tu as ramené dans la cuisine, direction le lave-vaisselle. Et tout sourire, tu avais hoché la tête, enthousiaste :
- Bonne idée ! Ça fait tellement longtemps que je ne t’ai pas vue dans un tel endroit… rassure-moi, tu te souviens comment c’est ? Ça ne va pas te faire un choc ? Avais tu lancé, moqueur, et t’avais repris : y’a un film qui te fait envie en particulier ? Avais tu demandé, mettant la table pour deux, avant de t’approcher d’elle et d’embrasser sa joue : merci pour tout maman.

Les moments avec ta mère avaient, ces derniers temps, été rares. Mais tu ne pouvais pas lui en vouloir. Tu savais qu’elle était occupée. Entre Tay’, son travail et le bébé, tu savais qu’elle n’avait pas intérêt à mettre les deux pieds dans le même sabot ! Et puis… pour être tout à fait honnête, toi non plus, tu n’étais pas là très souvent. Les cours, les répétitions et tes sorties entre amis prenaient quand même beaucoup de ton temps, et les soirées à composer enfermé dans ta chambre se multipliaient : la musique était une passion dévorante. C’était loin de te déranger, mais tu étais conscient que le temps passé à jouer, tu ne le passais pas, par exemple avec ta mère. Tout comme tu étais conscient que ces moments que tu pourrais passer seul à seul avec elle se feraient de plus en plus rares, après l’accouchement. Si tu avais peur d’en pâtir ? Non. Premièrement parce que tu connaissais ta mère, pas coutumière des inégalités : Mak et toi, vous aviez toujours été élevés sur un pied d’égalité. Un enfant préféré ? Pas chez vous ! Deuxièmement ? Parce que tu te faisais une joie à l’idée de pouvoir l’aider : toi, tu étais autonome, et ta maman savait qu’elle pouvait compter sur toi quoiqu’il arrive : t’avais toujours fait en sorte d’être responsable, et ça n’allait pas changer maintenant. Et enfin… il aurait fallu que tu sois sacrément bête, pour jalouser un bébé !

Cependant, tu étais conscient qu’il fallait profiter de votre soirée malgré tout. Alors forcément, lorsque vous aviez terminé de jouer, t’avais mis la main à la pâte, aidant ta mère à mettre la table tout en la taquinant comme tu l’avais toujours fait. Et comme tu pouvais t’y attendre, elle répondait à ta taquinerie. Et plus sérieux, tu avais répondu à sa question, secouant la tête « ne t’inquiètes pas ! Ça ne va pas me ruiner ! Et puis … Ca me fait plaisir, de pouvoir te rendre la pareille, pour une fois ! » ta mère avait toujours été là pour toi, et tu aimais l’idée de pouvoir lui témoigner tout ton amour. Parfois par des mots, d’autres fois par des gestes. Là… tu décidais de lui offrir les friandises qu’elle désirerait pour le cinéma. Un petit rien à travers lequel tu lui montrais ton affection, tout simplement. Une fois à table, t’avais souri « je ne m’inquiète pas pour Tay… On se fera un ciné tous les trois une prochaine fois… peut-être même tous les quatre ? Ce serait chouette, que Mak puisse venir un de ces soirs ! » avais tu lancé dans un clin d’oeil tandis que tu vous servais deux verres d’eau. Et t’avais avoué, souriant en te souvenant de ces moments que vous aviez passés ensemble, elle et toi, lorsque tu étais gamin : « d’un côté, je détestais le dimanche. Parce que cela voulait dire école le lendemain. Mais de l’autre… j’adorais voir venir dix-neuf heures ! » avais tu lancé en riant, avant de prendre le plat et de te servir, puis de faire de même avec ta mère « bon app ! Ça a l’air trop bon ! »