i won't jump into the unknown if you don't catch me up (Emersen)

Il n’y avait rien de mieux que de s’endormir dans les bras de Léo. Chaque soir, Alba profitait de cette étreinte comme si la dernière n’allait pas tarder à arriver. Ils s’épuisaient, consommant le temps que la vie leur offrait. Alba avait peur que tout vole en éclat alors que tout était si parfait. Il lui souriait à chaque fois qu’il la rejoignait dans son lit et l’accueillait avec douceur quand c’était elle qui le rejoignait. Ils s’aimaient en secret, dansant sensuellement presque chaque nuit pour s’endormir l’un contre l’autre. Seul les matins étaient leurs ennemis, leur rappelant le triste réalité. Pourtant, ça ne tenait qu’à eux d’officialiser cette relation, mais ils avaient peur. Enfin Alba avait peur. Connaissant Léo, il l’aimait cette liberté. Et si dévoiler au grand jour leur histoire sonnait la fin de celle-ci. Surtout qu’ils ne se disaient pas leur sentiment, ils ne faisaient que les vivre. Alba avait peur et donc se contentait de cette situation, préférant garder secret ces folles nuits. Léo avait été prêt à s’engager, plusieurs fois mais jamais avec elle. Elle se voilait la face, profitant de chaque instant persuadé qu’il y aurait une fin et qu’elle serait blessée encore. Mais c’était son choix. Par contre, elle protégeait son fils de cette histoire. Lui n’avait pas à subir l’indécision de ses parents. C’était pour cette raison qu’ils attendaient que Jon dorme. Tous les soirs, Alba fermait la porte, obligeant ainsi son fils à toquer pour prévenir de son intrusion et permettre à Léo ou à Alba de sa cacher. Hier soir, elle oubliait. Léo était entré pendant qu’elle prenait sa douche, à pas de loup. Il avait pénétré dans la cabine et ils avaient profité de ce moment pour éteindre le feu qui les animait à chaque fois qu’ils se touchaient. Puis, elle n’avait pas pensé à fermer parce qu’il l’avait entrainé dans son lit, l’embrassant encore et encore jusqu’à l’épuiser. Ils s’endormaient ainsi comme chaque soir. La nuit était déjà bien entamée quand elle sentait un poids sur elle. Fatiguée, elle n’ouvrait pas les yeux préférant repousser l’intrus. « Léo, pousse toi. » Disait-elle en soupirant même si elle souriait. Elle l’entendait grogner à ses côtés et elle entendit un petit rire qu’elle connaissait bien. Sursautant, elle se réveillait croisant le regard rieur de son fils mais aussi perdu. « Pourquoi papa il dort ici ? » Demandait-il innocemment, alors qu’Alba réveillait sans aucune douceur Léo. Ils étaient nus, pris en flagrant délit par leur propre fils. « Pourquoi tu es réveillé ? » Demandait Alba avec douceur, alors que se relevait cachant sa poitrine avec le drap. Léo ne s’était pas encore réveillé. Sans aucune douceur, elle le poussait pour qu’il se réveille sous le rire de Jon. « J’ai fais un cauchemar. » Il disait ses mots au moment où Léo se réveillait et croisait le regard paniqué d’Alba.

La nuit avait été chaude, torride, cette douche où ils avaient dû étouffer leurs soupirs pour ne pas être entendus par l'enfant endormi de l'autre côté. Ces longues heures à s'aimer jusqu'à en oublier la notion du temps, la fatigue de leurs corps et même le sens du lit à force de tourner dans celui-ci. Jusqu'à s'étendre, épuisés l'un contre l'autre. C'était la même chose toutes les nuit, ils n'étaient jamais rassasiés de l'autre, on pouvait se demander quel besoin ils avaient de se retrouver ainsi, inlassablement, sans réussir à passer le cap de se voir en dehors de ces rendez-vous nocturnes. Sans se dire qu'ils s'aimaient, sans officialiser le fait qu'ils se voyaient. C'était la peur, sûrement, qu'une fois le matin arrivé la magie se brise, la peur qu'il n'y ait rien de plus, en dehors de cette attraction, la peur de se faire du mal, eux qui en avaient déjà trop fait par le passé. Pourtant, comme c'était bon de s'endormir avec Alba dans ses bras, toutes les nuits, Léo dormait du sommeil du juste, à sa place. Le soleil était leur ennemi et à chaque fois qu'ils sentaient ses rayons leur chatouiller le visage, ils s'empressaient de se quitter, pour que Jonah ne les voit pas. Ils refusaient de parler de cette relation à leur fils, pour lui épargner les faux espoirs, comme si eux-mêmes ne croyaient pas à la réussite de leur histoire. Emerson, cependant, avait envie d'y croire, ça lui foutait la trouille mais il se sentait bien avec la blonde, il n'avait pas ressenti ça depuis longtemps. Il n'osait pourtant pas le lui dire, c'était tellement plus simple de jouer avec ses fesses que de jouer avec ses sentiments. Au beau milieu de la nuit, des tréfonds de son sommeil, il entendit d'abord la voix d'Alba, puis celle de Jonah, à ce stade il ne savait pas bien si c'était son rêve ou autre chose. Il se retourna en grognant un peu, se cala contre l'oreiller, s'éloignant de sa maîtresse pour rester un peu plus au pays des songes. Il ne se rendait pas encore compte que tout venait de s'écrouler, leur beau secret, leurs rendez-vous clandestins à la barbe de leur fils. Pourtant l'enfant n'avait pas mis bien longtemps, même dans la pénombre pour reconnaître son père et questionner sa mère de la façon la plus innocente qu'il soit. Ils auraient dû être plus prudents, ils auraient dû faire attention, comme ils le faisaient depuis des semaines, mais il avait suffit d'une erreur et voilà que Jon se mettait à glousser au milieu de ses parents. La nuit était chaude et le drap cachait juste ce qu'il fallait de l'intimité du photographe, pour le reste, son torse était découvert sans qu'il ne s'en inquiète. Léo aimait dormir nu, mais quand il avait son garçon à la maison, il couvrait toujours ses fesses d'un boxer, il avait un minimum de décence. Il finit par ouvrir un œil timide et sursauta presque en découvrant le petit bouclé qui le fixait avec un sourire malicieux. Puis le regard dépité d'Alba. Il remonta le drap sur lui en s'étirant. T'es pas dans ton lit Jony Jon ? L'enfant se frotta les yeux en baillant. J'ai fais un cauchemar. Qu'est ce que tu fais là, papa ? Léo se redressa en cachant son sourire. Je dors. Et tu devrais faire pareil mon grand. Tu veux un verre de lait ? Le petit garçon sourit en hochant la tête. Son père attrapa son caleçon échoué, l'enfila en vitesse et attrapa son fils par la main. Il adressa un sourire à Alba avant de quitter la chambre, il lui laissait le temps de s'habiller un minimum. Dans la cuisine Léo servit un verre de lait à Jonah et le regarda boire alors qu'il tombait de sommeil. Tu vis avec nous maintenant ? Le jeune père soupira, il ne lui épargnait rien ! Non mon Jonah. J'ai ma maison tu sais. Le petit garçon fronça les sourcils, il semblait ne pas comprendre. Mais je t'ai entendu, hier aussi tu étais là, tu riais avec maman dans son lit. Et l'autre jour aussi, dans ta maison, papa ! Léo se sentait mal, eux qui pensaient être discrets, ils étaient grillés, carbonisés, depuis des jours en fait ! Il était bien plus malin que ce qu'ils croyaient. Clairement ils ne pouvaient plus lui mentir. Il s'appuya sur le bar face à lui. OK, des fois on dort ensemble avec maman. Est ce que ça te pose un problème, mon grand ? Jonah sembla réfléchir. Léo releva la tête vers Alba qui arrivait derrière eux. Non. Mais j'aimerais bien que tu viennes me lire une histoire quand tu dors ici. Emerson sourit. Finis ton lait et on va lire une histoire. Il est tard. Il tombait de sommeil lui aussi, il rêvait de se rendormir contre la blonde. Mais il savait qu'ils allaient devoir parler.

Toutes ces nuits, ils s’oubliaient. Ils oubliaient presque le petit monstre qui dormait paisiblement à côté. Seuls leur gémissement silencieux venaient tromper leur idylle. Dans cette couche, Alba laissait Léo prendre le contrôle sur elle. Il savait exactement quoi faire pour qu’elle s’abandonne à lui. Et dans ce lit ils s’embrassaient encore et encore jusqu’à épuisement. S’endormir nue dans les bras de son amant était libérateur pour la jeune maman. Elle avait l’impression de retrouver sa fougue et ses rêves. Peut-être qu’elle pouvait se permettre de rêver à une fin heureuse entre eux. Peut-être que cette fois-ci, Léo resterait dans cette chambre pour toujours. Ils ne leur manquaient pas grand-chose. Juste ce courage pour assumer leur amour et ce quotidien effrayant et pourtant libérateur. Il suffisait juste que Léo reste le lendemain matin et qu’Alba accepte de refaire entrer le photographe dans sa vie et dans celle de son fils. C’était étrange, Léo était le père de Jon et pourtant Alba avait peur qu’ils deviennent cette famille dont elle rêvait. Elle avait surtout peur de la chute et elle n’était pas sûr d’y survivre. Mais peut-être qu’inconsciemment elle oubliait de fermer cette porte pour qu’enfin la vérité éclate. Les yeux brillants de malice, Jon les regardait pendant qu’Alba frappait presque Léo pour qu’il se réveille. Si son petit monstre commençait à lui poser des questions, Alba ne serait pas en mesure d’y répondre. Tout son monde venait de s’écrouler et elle s’en voulait de laisser Jon intégrer la complexité de sa relation avec Léo. Ce petit bonhomme ne méritait pas d’être au milieu de cette histoire. Il méritait juste de rêver d’étoile et de dinosaure dans son petit lit d’astronaute. En croisant le regard de Léo, elle fut presque apaisée et lui montrait toute sa peur mais aussi son dépit face à la situation. Nue dans son lit, elle ne pouvait même pas serrer son fils dans ses bras alors qu’il venait de se réveiller avec effroi. C’était Léo qui prit le relai sous l’œil tendre de la mère. Les deux hommes sortaient de la chambre, laissant Alba seule dans ce lit devenu bien vide d’un seul coup. « Merde. » Disait-elle pour elle-même. Jon était jeune mais il n’était pas stupide. Il se souviendrait forcément de cette période dans quelques années et comprendrait alors ce qui se jouait entre ses parents. Peut-être qu’il en voudra à Léo de lui avoir donné un mauvais exemple. Quelques semaines auparavant, il habitait avec une autre femme. Peut-être qu’il en voudra à sa mère d’avoir tant de rancœur envers son père alors qu’elle avait cherché. Ou peut-être qu’il comprendrait et qu’au final il grandirait avec cette idée qu’il était possible d’aimer plusieurs personnes. Sauf qu’Alba et Léo quand ils s’aimaient, ils ne voulaient pas partager. Se rhabillant en vitesse, elle prit le tee-shirt de Léo sans faire gaffe et un sort qui trainait avant de rejoindre dans la cuisine père et fils. Elle arrivait au meilleur moment, attendant sans respirer la réponse de son fils. Elle souriait à Léo, le remerciant d’avoir prit le relais. La réponse du petit monstre était si logique et Alba arrivait derrière lui avant de lui embrasser le front. Il souriait les yeux endormis buvant son lait. « Tu veux boire quelque chose ? » Demandait Alba à Léo. « Tu pourras aussi me réveiller Papa ? » Jon ne voyait pas les choses comme ses parents. Lui il voulait ses deux parents tout le temps parce qu’il était comme eux. Il aimait trop. Evidemment qu’en voyant son père dormir ici, il voulait qu’il le réveille parce que ce n’était pas habituel. Peut-être que si c’était quotidien, il ne demanderait pas. Finissant son verre de lait, Alba et Léo accompagnait leur fils dans son lit. Il fermait déjà à moitié les yeux. « Dors bien mon chaton ! » Alba l’embrassait avant de laisser Léo prendre place aux côtés du petit bouclé pour une histoire. Il ne lui fallait que quelques secondes avant que sa respiration n’indique qu’il dormait profondément. Délicatement ils sortaient de la chambre du petit astronaute. Alba regardait Léo et était sur le point de dire quelque chose. Mais elle se retint à la dernière minute, préférant retourner dans sa chambre. Ils devaient parler. Elle savait qu’il devait parler. La jeune maman ne savait pas trop comment ça allait se dérouler mais elle avait peur que Jon souffre au final de ces nuits torrides et idéalistes.

Quelle image cela donnait-il de Léo ? Quel exemple était-il pour son fils ? Un homme volage qui ne restait jamais longtemps avec la même femme. Il essayait au maximum de protéger Jonah mais il lui était impossible d'aller contre sa nature, il aimait les femmes et il était rare qu'il dorme seul dans son lit. Quand mère et fils vivaient loin c'était plus simple, il ne voyait personne quand il avait son garçon à la maison et vivait sa vie d'homme quand il était seul. A présent c'était plus difficile et en même temps, depuis qu'il était revenu à Bowen, Jon n'avait vu que Blanche dans les bras de son père. Léo n'avait présenté que deux femmes à son enfant, Blanche et Grace, les feux qui avaient vécu avec lui. Celles qui avaient vraiment compté. Et il s'était bien entendu avec chacune d'elles, pour finalement les voir disparaître de son quotidien. Et à présent il venait de réaliser que ses parents se voyaient aussi, c'était un petit garçon de cinq ans, il était difficile de dire ce qu'il comprenait de tout ça, mais il n'était pas stupide et encore moins aveugle. Peut être qu'un jour il reprocherait à son père son comportement, peut-être qu'il lui en voudrait, tout comme Léo en voulait au sien d'avoir trahi sa mère plus d'une fois. Malgré tout, Emerson restait humain avant tout, il n'était pas parfait et ce temps passé avec Alba, peu importe où ça les mènerait, était bien trop bon pour qu'il s'en prive. Ils ne savaient pas de quoi l'avenir serait fait, alors en attendant Léo pris son fils par la main pour s'occuper de la situation de cette lui. Jonah, du haut de son jeune âge et de toute son innocence, posait des questions qui lui semblaient logiques, même si elles étaient gênantes pour son père. Face à lui, Léo était attendri et embêté à la fois, il aurait aimé donné d'autres réponses à son enfant, celles qu'il attendait. Mais Jon n'attendait rien de spécial finalement, il n'avait jamais connu ses parents ensemble, il ne savait pas ce que c'était qu'une famille unie, il n'avait jamais semblé souffrir de cette situation. Il fut distrait par la blonde qui arrivait dans la cuisine, ses cheveux un peu décoiffés et son regard encore ensommeillé, elle avait revêtu le t-shirt de son amant et ça la rendait terriblement sexy. Il lui sourit et resta à la regarder alors qu'elle embrassait sa tête blonde. Peut-être qu'il aurait aimé qu'elle l'embrasse aussi, mais il ne bougea pas, ils avaient déjà fait assez de dégâts pour cette nuit. Non merci, je vais l'accompagner au lit. Léo était exténué, il n'avait pas beaucoup dormi, sa maîtresse l'avait tenu éveillé jusqu'à bien trop tard pour être réveillé en sursaut de cette façon. Je ne sais pas mon grand, je dois travailler tôt demain matin, je serai peut-être parti. C'était un mensonge, mais Léo avait pris l'habitude de filer à l'anglaise et il ne voulait pas que Jonah s'habitue trop à le voir, il ne voulait pas lui donner de faux espoirs. S'il était déçu, le petit blond n'en montra rien, peut-être était-il trop fatigué. Ils laissèrent Jonah finir son verre et tous se dirigèrent dans le couloir. Léo en profita pour caresser la nuque de la blonde à la dérobée. Une fois dans la chambre le petit garçon choisit un livre embrassa sa maman et ce fut au brun de lire. A peine trois pages et il dormait déjà, son père en profita pour le regarder quelques secondes, il était si paisible, avec ce petit sourire qui ourlait ses lèvres. Il ne savait pas à quoi il devrait s'attendre, une fois qu'il aurait quitté cette chambre, alors il profita du calme, juste un peu. Avant de relever la tête vers Alba, ils devaient le laisser dormir. En sortant il lâcha un soupire avant de sourire à la blonde, gêné. Je crois qu'il sait. Depuis un moment, même… ils regagnaient la chambre de Jensen et quand elle eut refermé la porte il posa sur elle un regard qui la déshabillait déjà, avec ce sourire si caractéristique. Ça te va bien, mon t-shirt et mon parfum sur toi. Il était charmeur mais il savait qu'il ne se passerait rien, du moins pas tant que planerait le malaise que leur fils avait fait naître. Je suis désolé, Alba, j'aurais dû être plus vigilant. Et en même temps, il n'arrivait pas totalement à s'en vouloir, il était peut être temps que cesse toute cette histoire secrète et tous ces non-dits.

A la naissance du petit garçon, Alba s’était juré de ne jamais lui faire de mal et elle avait tout fait pour le protéger. Les premières années de sa vie, il l’avait passé avec ses deux parents, mais très vite Alba et Léo s’étaient séparés, obligeant Jon à vivre dans une ville loin de son père. Jamais il n’avait vu un amant ou une amante de sa mère. Jon passait avant tout le monde, quoi qu’il arrive. A Brisbane, elle n’avait jamais fait rencontrer à Jon quelqu’un, tant qu’Alba n’était pas sûr que cette personne ferait partie de sa vie pour longtemps. Il avait rencontré Concho, mais encore une fois, ils avaient plus montré leur relation amicale et Jon était loin d’imaginer qu’avec le danseur ç’avait pu être plus. Alba n’invitait chez elle les personnes que lorsque Jon n’était pas là. Puis il y a eu Freja qui avait pu intégrer cette intimité mais très peu de temps. Jamais Alba n’avait oublié de fermer cette porte, jamais elle n’avait invité une personne chez elle tous les soirs quand Jon était là. Sauf ces derniers temps et évidemment il fallait que Jon surprenne sa mère dans son lit avec un homme. Et ce n’était pas n’importe quel homme, c’était Léo. Alba s’en voulait. Rien n’était simple dans sa relation avec Léo et s’il y avait bien une chose qu’elle refusait c’était d’embrouiller son fils et de lui donner des faux espoirs. Il n’avait jamais connu les joies de vivre en famille puisqu’il ne se souvenait pas quand Léo et Alba étaient ensemble. Il n’avait jamais connu ses parents ensemble, mais il voyait bien celle des autres. Ce soir, Jon venait de briser cette petite bulle qu’Alba et Léo s’étaient crées depuis la fête de l’école. Fini ces nuits endiablées et ces baisers volés, Jon ne voudra plus être à l’écart si son père dormait ici tous les soirs. S’habillant en vitesse, elle rejoignait ses deux hommes qui discutaient. Il était si doué avec le petit garçon Léo, répondant avec une simplicité à toutes ses questions. Jonah n’avait pas l’air plus perturbé que ça, acceptant la situation tant que son père lui lirait des histoires et prendrait le petite déjeuner. Ça ne sera pas pour demain. Ce refus lui fit un peu mal au cœur à Alba, parce qu’elle aimerait bien qu’il reste. La maman ne lui montrai aucun signe permettant de la motiver à rester mais c’est parce qu’elle voulait qu’il reste libre. Puis elle avait peur. Chaque fois que leur relation s’était élevée à une niveau supérieur il avait fui Léo. Ce n’était pas parce qu’il ne voulait pas être dans une vraie relation, il ne le voulait tout simplement pas avec Alba. Il avait emménagé avec deux autres femmes, mais quand il s’agissait de la mère de son fils il continuait à fuir. Autant elle commençait à gérer ses peines, elle ne voulait pas que Jonah doive supporter cette idée de la famille parfait qu’il n’aurait pas. Elle était perdue dans ses pensées et c’était Léo avec cette caresse qui la ramenait à la réalité. Elle lui offrit un sourire timide tandis qu’elle suivait Jonah dans sa chambre. Le bouclé choisissait son livre avant de se poser dans son lit. L’embrassant sur le front, le petit garçon souriait à sa maman qui laissait la place à Léo. Il ne lui fallu que trois secondes pour qu’il s’endorme. Il était épuisé un peu comme Alba qui n’avait dormi que quelques heures. Son corps était encore fatigué des assauts de son amant un peu plus tôt. Dans le silence ils observaient leur fils avant de sortir. Elle souriait à Léo. « Je ne suis même pas étonnée. Il voit beaucoup plus que ce que l’on pense. » Elle se souvenait très bien de cette excursion aux urgences parce que le petit garçon n’avait pas parlé de ses douleurs. Une fois dans la chambre, elle vit le regard de Léo. Le genre de regard qui la faisait rougir. « J’ai pris ce qui me tombait sous la main. » Puis ses vêtements étaient dans la salle de bain, puisque Léo l’y avait rejointe et que par la suite il l’avait transporté nue jusqu’à son lit. « Ce n’est pas de ta faute ! C’est moi qui n’ai pas fermé la porte. » Répondait-elle avec douceur. Elle se remettait dans son lit, gardant le tee-shirt. « Peut-être qu’il aura oublié demain matin. » Espérait-elle. Même si elle savait que ça ne serait pas le cas, elle espérait que son fils ne se souvienne de rien pour faciliter la vie de ses parents.

Léo ne savait jamais ce qu’il voulait, il était toujours coincé entre ses sentiments envies contradictoires, entre son besoin de liberté et l’envie de vivre une relation normale. A la fin, malgré les bonnes résolutions qu’il pouvait prendre, c’était toujours la liberté qui gagnait, comme si être enfermé dans une histoire trop posée finissait par le lasser, par lui donner envie d’autre chose, besoin de tester s’il pouvait résister ou non. Et jusque-là il n’avait pas su résister. Il avait quitté Alba par deux fois déjà, la seconde parce qu’il courait après une autre, mais la première c’était autre chose, c’était plus délicat encore, c’était la culpabilité de vivre une vie de rêve avec elle à l’autre bout du monde alors qu’il avait un deuil à faire, une vie qui l’attendait, ailleurs qu’en Thaïlande. Quelques fois il s’en était voulu, souvent il s’était demandé s’il aurait pu passer sa vie avec elle, à se lever chaque matin pour une nouvelle aventure, à la bouffer de baisers. Là-bas, ils vivaient presque littéralement d’amour et d’eau fraîche, ça avait été bon, si bon ! Ça avait été probablement la meilleure période de sa vie, la plus insouciante, la plus douce et brûlante à la fois. Là-bas il n’avait pensé à rien d’autre, à aucune autre femme, il n’avait aimé qu’elle et cet amour ne s’était jamais fané, même pas quand il avait refermé la porte derrière lui pour prendre son avion et la quitter, ce matin-là ce fut un déchirement de la laisser, même s’il avait estimé que c’était nécessaire. Il avait cru qu’il limitait les dégâts, en la quittant sans lui laisser l’occasion de le retenir, sans heurts, sans bruit, comme si ça pouvait faire moins mal. Sauf qu’il avait tort, il l’avait abandonnée, elle, avec son amour pour lui qu’elle taisait depuis des mois, elle, avec dans son ventre un souvenir qui la changeait à jamais. Il en avait fait, des dégâts, beaucoup plus que ce qu’il pensait en ravalant ses larmes et en verrouillant son cœur pour l’oublier au plus vite. Et aujourd’hui il les payait encore, il voyait tout le gâchis de leur histoire dans les yeux de leur fils, dans cette confiance qu’ils n’arrivaient pas à s’accorder. Ils s’aimaient, oui, mais si mal, ils s’accrochaient à l’autre comme à une bouée et pourtant ils se coulaient tous les deux sans s’en rendre compte. Ils faisaient l’amour toutes les nuits comme si c’était la dernière, parce qu’ils étaient conscients, plus que d’autres, que tout pouvait s’arrêter le lendemain matin, malgré les sentiments, eux ne comptaient pas, à tort. Il leur suffirait de se parler réellement, de mettre des mots sur leur histoire, sur ce qu’ils vivaient actuellement, sur ce qu’ils voulaient et tout pourrait bien aller, mais ils n’y arrivaient pas. Cette nuit pourtant ce fut Jonah qui força un peu le destin. Il avait dérangé l’ordre établi, foutu encore un peu plus le bordel dans leur cahot. Sans comprendre, avec ses questions innocente, il creusait un écart entre ses parents, Léo lui fit comprendre qu’il ne serait plus là demain matin, il ne vit pas la mine déçue d’Alba, elle aurait peut-être espéré qu’il reste, mais jamais il ne s’attardait, tout comme elle ne le faisait pas non plus. Ils étaient comme condamnés à s’aimer la nuit et à se fuir une fois le soleil levé. Pourtant, idiots qu’ils étaient, ils ne se disaient pas qu’ils voulaient plus, tellement plus. Ce fut dans le couloir qu’il réalisa réellement le malaise, dans le sourire crispé de la blonde alors qu’il caressait sa peau. Quelque chose venait de se briser parce que Jon avait fait éclater leur bulle. Une fois l’enfant couché, les deux parents se retrouvèrent à nouveau en tête à tête, mais c’était bien plus emprunté à présent. Alba n’était pas étonnée que Jonah soit au courant, finalement Léo ne l’était pas non plus, à bien y réfléchir, il avait juste espéré qu’il reste innocent le plus longtemps possible. Pourtant il leur avait prouvé, par son séjour à l’hôpital, qu’il n’était pas dupe, qu’il comprenait beaucoup de choses. Et puis finalement, il valait mieux qu’il comprenne que ses parents étaient heureux ensemble, plutôt qu’ils se déchirent comme ils avaient pu le faire par le passé. Il n’est pas idiot, c’est certain. Une fois la porte fermée, bien fermée cette fois, Léo laissa son regard s’attarder sur le corps de sa maîtresse, l’objet de tous ses désirs. Il sourit à sa réponse, tellement désinvolte. Tu es terriblement sexy, peu importe ce que tu portes de toute façon. C’était surtout terrible pour lui, qui était incapable de résister. Il s’appuya contre la commode en passant sa main sur son visage froissé de fatigue avant de laisser échapper un petit rire. Tu y crois vraiment ? Il n’aura rien oublié. Alba faut qu’on arrête de lui mentir. De se mentir tout court. J’ai envie de rester demain matin, j’ai envie de me réveiller avec toi sans avoir à m’enfuir dès qu’il se lève. Mais j’veux pas qu’on lui donne de faux espoirs non plus. Ils devaient apprendre à être raisonnables, maintenant qu’il y avait leur fils, ils ne pouvaient plus être égoïstes, c’était son bien être à lui qui primait avant tout. Quitte à gâcher à nouveau cette nouvelle chance d’être heureux ensemble plutôt que de prendre le risque de se quitter un jour.

Il y avait beaucoup de chose qui empêchait Alba de dire ce qu’elle ressentait à Léo. La confiance était leur point faible. Cette fondation inexistante qui mériterait qu’ils en prennent soin. Tout était doux quand Léo l’aimait. Le sexe était doux et les nuits étaient paisibles. Chaque matin, elle se réveillant dans ses bras profitant de son odeur et de ses baisers avant de le quitter pour la journée. Ils ne s’aiment que quelques heures dans la soirée alors qu’ils pourraient le faire en journée. Cette équilibre précaire leur allait pour l’instant. C’était facile, ils profitaient du mieux et laissait le pire pour plus tard. Les questions et l’engagement n’étaient pas pour maintenant, et Alba essayait de remettre à plus tard ce moment. La peur envahissante lui faisait perdre ses moyens, attendant la sentence. Par deux fois il était parti, peut-être qu’il recommencera. La blonde s’en remettrait comme à chaque fois, mais cette fois-ci pas sûr qu’eux s’en remettent. Il la connaissait bien Alba, la patience elle l’avait mais elle savait baisser les bras, comme avec ses parents biologiques. Si elle devait se faire une raison sur leur relation, elle serait capable de s’en faire une, même si ça lui ferait trop mal. En ce moment, elle croyait en eux, ne brûlant pas les étapes trop vites. Ils reprenaient le temps de se découvrir. Dès leur première nuit, leur corps s’étaient assemblés comme s’ils étaient faits pour être ensemble de cette manière. C’était aussi sauvage que doux, magique que fatiguant. Elle retrouvait le Léo qu’elle aimait, celui qui avait réussi à la faire chavirer à Bangkok. Même si Jonah dormait à côté, dans cette chambre ils étaient redevenus ces adultes insouciants. C’était dans ses bras à lui qu’elle dormait avant que leur petit monstre ne les réveille, sourire aux lèvres amusé par cette grotesque situation. Il venait sans se rendre compte de briser cette bulle parfaite. Il venait les ramener dans cette réalité brutale où il était le centre de leur monde. Sans Jon, il y aurait eu des longues matinées tout nus et des petits déjeunes sensuels. Sans Jonah, ils ne se seraient peut-être jamais revus. Mais il était là, les yeux fatigués mais marqué par le cauchemars. Voir son père l’apaisait intensément comme s’il se sentait plus en sécurité face aux monstres de ses rêves. Dans sa cuisine, elle observait ces deux hommes. L’un prenait l’ascendant sur l’autre, lui posant des questions qui le mettait mal à l’aise. Léo était un père formidable car il trouvait des réponses à chacune des question. Certaines réponses ne plaisaient pas à Alba. Qu’est-ce qu’elle rêvait de ce petit-déjeuner à trois, mais ce serait égoïste d’offrir à Jonah cette photographie parfaite alors que la réalité en était loin. Parfois elle se demandait Alba si le diable n’avait pas mit Léo sur son chemin pour l’empêcher d’être heureuse. Elle voyait qu’elle n’en était pas loin de cette belle vie, mais il y avait toujours un imprévu qui la ramenait dans cette ironique réalité. Il la regardait avec tendresse alors qu’elle était tendue. Ce qu’elle évitait depuis le début arrivait, ils devaient parler maintenant que Jon était au courant. Il serait jaloux si sa mère pouvait profiter de Léo et pas inversement. Il savait déjà tout, toutes les fois où elle s’était faufilée dans les draps du photographe et toutes les fois où il ouvrait la porte de la maison d’Alba pour rejoindre sa belle dans la douche. Il n’était pas sourd Jon, et même s’ils étaient discrets le rire qu’ils avaient quand ils s’embrassaient traversait les murs. Dans cette chambre, il faisait froid, quand même bien Léo essayait d’amener un peu de chaleur avec cette caresse et ces allusions. « Il doit tenir ça de moi. » Disait-elle en riant légèrement, se moquant de son amant. Son regard brûlant de désir donnait presque envie à Alba d’oublier cette soirée et l’entraîner dans son lit pour s’épuiser jusqu’au crépuscule. « Mais j’aime cette chemise, elle sent ton odeur. » Ils étaient à une distance raisonnable, et Alba espérait juste revenir à quelques heures plus tôt. Jon allait oublier se répétait-elle dans la tête. Si elle disait cette prière une centaine de fois peut-être qu’elle s’exaucera. Léo lui n’était pas dupe, son rire n’était plus aussi doux qu’auparavant, presque ironique. Il avait raison et ça lui fit mal à Alba. Mais elle aimait ces paroles parce qu’il voulait plus, mais ce n’était pas raisonnable. Il fallait choisir et cette situation augmentait les angoisses de la maman. « Alors choisis ! » C’était à lui de le faire parce qu’Alba savait ce qu’elle voulait. Elle l’avait toujours su. « Tu t’en vas ou tu restes, mais réfléchis bien. » Son choix pouvait être déterminant pour la suite de cette histoire. Elle sentait son cœur se serrer et sans un regard pour lui, elle s’allongeait dans son lit. « J’aimerais que tu restes … » Disait-elle dans un murmure, avouant ces sentiment même si ce n’était pas spécifiquement dit. Léo la connaissait pour comprendre.

Une nuit à s’aimer, se faire réveiller le lendemain matin par un petit intru qui s’incrusterait dans le lit, puis prendre un petit déjeuner aux odeurs de café et de chocolat chaud mêlées, avec supplément éclats de rires et insouciance. Qui ne voudrait pas de ce tableau idyllique ? Qui pourrait être assez idiot pour fuir au petit jour ce bonheur offert ? Léo plaidait coupable, parce que ce bonheur-là lui faisait peur. Non pas par sa beauté, il en rêvait presque, de ce rêve, tout en sachant qu’il le touchait du doigt toutes les nuits. Mais ce qui lui faisait vraiment peur c’était de ne pas être capable de l’entretenir, ce fameux bonheur, de finir par le gâcher, l’entacher par la tromperie, le mensonge, le manque de confiance, de faire ce qu’il savait faire de mieux, fuir et tout détruire. C’était plus simple que d’entretenir ce jardin, cette vie simple et douce à laquelle il avait droit mais qu’il se refusait. Alors il ne prenait que la partie la plus simple, la nuit torride, à se faire du bien auprès d’Alba et il assumait le manque le reste du temps, il acceptait l’absence, l’envie de plus, l’impossibilité de construire une vraie relation. Il refusait de se jeter à l’eau et de prendre le risque de tout foutre en l’air. Mais celui qui le fit à sa place, en toute innocence, ce fut Jonah. Et cette nuit le petit garçon jetait un pavé dans la marre, un pavé nécessaire, quitte à ce que tout vole en éclat. Dis que je suis idiot aussi ! Quelque part il l’était, lorsqu’il était amoureux, il manquait beaucoup de jugement dans ces moments-là. La séduction n’était jamais loin et la chemise du photographe allait très bien à sa maîtresse, il avait follement envie de faire sauter les quelques boutons qu’elle avait fermé pour dévoiler cette peau qu’elle cachait, il devinait la naissance de sa poitrine et ses longues jambes dorées contrastaient avec le blanc du tissu. Il ne se passerait cependant rien, pas maintenant. Elle sentira un peu de la tienne maintenant. Et cette idée de mélanger leurs deux parfums plaisait beaucoup à Léo. Ils revinrent rapidement à la réalité, celle où un jeune garçon avait fait éclater une vérité qu’ils voulaient ignorer, il était au courant pour eux, depuis un moment, ils ne pouvaient plus se cacher. Pourquoi ce serait à moi de choisir ? Il était tendu, faire des choix importants ce n’était jamais simple pour lui. Alba était pourtant catégorique et ça le mit un peu en colère, qu’elle le mette ainsi au pied du mur. C’est toi qui m’as planqué dans ton placard, merde ! C’est toi qui avais tellement la trouille qu’il nous surprenne, Alba. Alors j’suis pas certain que tu l’assumes plus que moi, cette relation ! Ça semble simple pour toi tout d’un coup ! Il s’emportait, c’était con tout de même, parce que la seule chose qu’il voulait c’était rester, c’était d’arrêter de se cacher, quitte à le crier sur les toits, s’il le fallait, si ça pouvait la rassurer sur sa sincérité. Il la regarda s’allonger et souffler ce qu’elle voulait sans le regarder, comme si elle avait peur de sa réaction. Cet aveux, cette attitude timide qui ne lui ressemblait pas, le rendit tout chose. Evidemment il avait compris. Et toute colère retomba. Il s’approcha d’elle, défit les quelques boutons de la chemise et la lui retira doucement, puis il s’allongea derrière elle, l’entourant de bras qui se voulaient protecteurs. Peau contre peau, dans un moment de pure tendresse, il enfouit sa tête dans la nuque d’Alba en soupirant, elle voulait qu’il saute dans le vide pour elle, pour leur fils. Il faisait ce grand saut, en fermant les yeux de peur de s’écraser. Je reste, évidemment que je reste. Et advienne que pourra…

Dans ce monde, il n’y avait que Léo qui avait réussi à franchir les barrières de la blonde. Alba s’était construit des protections autour d’elle pour éviter de souffrir de ces abandons. Léo connaissait la vulnérabilité de la blonde, il savait à quel point elle était marquée par cette naissance. Alba avait besoin d’être aimée et elle avait besoin d’aimer. Si elle avait pu choisir, elle aurait préféré la facilité. Sauf qu’elle aimait Léo. Avec lui, elle construisait des plus grandes barrières qui détruisaient à chaque fois comme pour lui montrer qu’il était dans vie jusqu’à la fin. Evidemment qu’elle avait peur de ces moments doux, toutes les nuits. Peur que ce petit bonheur n’explose en mille douleurs et qu’une nouvelle fois ils se déchirent jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus supportés être dans la même pièce. Jamais elle ne cesserait de l’aimer parce que Léo faisait partie de sa vie et il était une cause importante de son bonheur et surtout du bonheur de son fils. Jon. Ce petit bouclé qui avait l’esprit bien trop clairvoyant. Il avait deviné que ses parents se voyaient, peut-être même qu’il en parlait à ses copains. Lui qui n’avait connu que les longs trajets entre Brisbane et Bowen, se retrouvait maintenant à presque vivre avec ses deux parents. C’était idiot parce qu’ils se voyaient toutes les nuits. Ils passaient les longues soirées australiennes à trois, comme une famille. Mais le matin, ils redevenaient cette famille séparée et ça devenait incompréhensible. Jon dormait de nouveau alors qu’Alba retournait dans sa chambre. Elle riait légèrement à la mine offusquée de son amant. C’était un moment calme avant la tempête car elle savait qu’ils allaient devoir parler et Alba n’en avait pas envie. Pas ce soir et pourtant il le fallait. « Je n’ai pas dis ça, juste que je le suis moins que toi. » Elle souriait amusée. Ce genre de remarque, habituellement aurait fini par un Léo qui se serait jeter sur Alba pour se venger de la meilleure des manières. Cette chemise qu’elle portait incitait à autre chose qu’à la conversation. Elle n’avait pas cherché ses vêtements après l’intrusion de Jon. Elle lui allait bien, le blanc faisait ressortir le doré de ses jambes et cachait ce qu’il fallait s’arrêtant à mi-cuisse. C’était naïf de la part d’Alba de croire que Jonah ne se souviendra de rien. A un moment, il leur fallait assumer. Ils devaient arrêter de se cacher pour le bien de leur fils mais également pour leur propre bien. « Parce que je sais ce que je veux ! » Lâchait-elle un peu sèchement, alors qu’elle sentait l’énervement chez son amant. Chacun d’un côté de la pièce, ils se regardaient et Alba se sentait si vulnérable à cet instant. Il n’avait pas tort, c’était elle qui l’avait mis dans le placard, qui l’avait caché à son fils. Oui Alba avait peur. Peur de se tromper mais également de faire souffrir Jon. Quand Léo levait la voix, le sang d’Alba ne fit qu’un tour, comme s’il n’avait pas le droit de lui reprocher ce choix. « Je ne t’ai pas caché parce que je n’assume pas la relation. Je t’ai caché parce que je n’ai pas envie de Jon se sente abandonné si jamais tu repars ! » Elle avait lâché ces mots. A présent, elle se sentait mal parce qu’elle lui avait pardonné pour leur passé. Mais cette peur persistait. Elle sentait les larmes montées et il était trop tard pour cette conversation, alors elle abandonnait Alba. Ça ne lui ressemblait pas, mais elle se couchait, tournant le dos à son amant. Elle priait pour qu’il reste. Elle priait pour qu’il la prenne dans ses bras et que demain matin ils prennent à trois ce petit-déjeuner. Elle rêvait de cette famille parfait avec lui et Jon. Elle sentait les mains de son amant déboutonner sa chemise et froisser le drap. Son torse contre son dos l’apaisait. Il restait. Il y avait une larme qui s’était échappée sur sa joue mais Alba ne fit pas attention. Elle se retournait pour se plonger dans le regard du brun et emmêlé ses jambes aux siennes. « Je … » Mais les mots ne pouvaient pas sortir et Alba soupirait. « J’aimerais que tout soit aussi simple que ça. » Disait-elle en l’embrassant. C’était simple de s’aimer ainsi, quand leur corps parlait pour eux.

Léo n’avait pas pensé terminer sa nuit de cette façon là lorsqu’il s’était glissé dans le lit de sa maîtresse la veille au soir. Parce que là, les quatre heures du matin étaient passées et il était bien réveillé, alors qu’il faisait face à Alba, chacun à un bout de la chambre, les yeux grands ouverts, à presque se renvoyer la balle quant à celui qui avait tort ou raison. Ils n’allaient clairement plus dormir avant un moment. Et puis c’était puéril, de se chamailler de la sorte alors que le vrai problème était là, face à eux, ils avaient simplement la trouille folle de se dire qu’ils voulaient plus, tous les deux, qu’ils voulaient une vraie relation, qu’ils voulaient se donner cette chance au lieu de la refuser. Ils avaient envie de la même chose et pourtant ils bloquaient toujours, aussi entêtés qu’ils étaient, l’un comme l’autre. Pourtant la seule vraie barrière à leur potentiel bonheur venait de céder, quand Jonah leur avait fait comprendre qu'il savait qu'ils se voyaient et qu'il était d'accord avec ça. Ne restaient que leurs peurs déraisonnables et le manque de confiance qu'ils avaient l'un envers l'autre ou en eux-mêmes. Les peurs d'Alba étaient toutes justifiées, elle était effrayée par l'abandon, depuis toujours, et après sa mère, Léo avait peut être été celui qui lui avait fait le plus de mal. Pourtant ça n'avait jamais été son intention, pourtant il détestait être son bourreau, même si ça avait été le cas, par plusieurs fois. Néanmoins la blonde revenait inlassablement vers lui, séductrice, féline, douce, oubliant leurs accrocs et l'inconstance de son amant, comme si elle était incapable de lui résister longtemps. Elle détruisait elle-même les barrières qu'elle s'était efforcée d'ériger entre eux, Léo était sa faiblesse. Et lui, était-il vraiment meilleur ? Il était allé chercher le bonheur ailleurs, il l'avait trouvé, même ! Dans des bras chaleureux, des bras qui l'avaient aimé et qu'il avait aimé aussi. Mais depuis qu'il avait partagé une période de sa vie avec Alba, il la gardait dans un coin de sa tête, comme une ritournelle, elle lui revenait sans cesse. Parce que cette femme c'était tout ce qu'il aimait, un caractère de feu, un corps de rêve, elle était entêtée et attachante, elle etait la mère de son enfant, de bien des façons elle était faite pour lui, c'était bien ce qui lui faisait peur. Avec Alba c'était une vie de famille qui se profilait, tellement de belles choses en perspective, tellement qu'il pourrait détruire d'un claquement de doigts et l'idée de tout détruire par sa bêtise le rendait malade rien que de l'imaginer. Et puis Alba c'était aussi le feu d'un désir toujours brûlant entre eux et par conséquent d'une jalousie presque maladive, l'inscription des deux amants sur le BBT l'avait prouvé, il leur était difficile d'être exclusifs, mais ils ne supportaient pas d'imaginer l'autre dans des bras différents, ce qui rendait leur relation d'autant plus chaotique. Mais dans tout ce désordre, dans ce chaos sans nom, dans cette tempête il y avait ces deux amants, ces amoureux, qui s'agrippaient l'un à l'autre, ces corps qui hurlaient le manque, donnant tort à la raison qui voulait les éloigner. Croisant les bras sur son torse, Léo bougonna, il avait horreur d'avoir tort et encore plus qu'Alba ait raison. Il roula des yeux quand elle affirma savoir ce qu'elle voulait, elle le voulait lui, oui, peut-être, mais seulement quand ça l'arrangeait, selon l'avis d'Emerson. Il lista alors les preuves, parce que quelque part ça l'avait blessé aussi, de n'être qu'un amant comme un autre qu'elle virait au petit matin. La réponse ne se fit pas attendre et se termina par une gifle. Elle avait peur qu'il reparte, toujours. Et elle avait raison. Léo baissa la tête, confus, sonné et en même temps coupable. Je n'abandonnerai jamais mon fils. Ni elle, il serra les dents et les poings, il aurait aimé le dire, l'affirmer, parce qu'à ce moment-là il le pensait si fort, ça lui semblait tellement évident qu'il avait besoin de Jensen dans sa vie, mais il se connaissait trop pour savoir que ses amours n'étaient pas toujours éternels. Comme une enfant, la blonde désamorca la bombe et son amant fondait, elle était si vulnérable, avec son cœur offert, il ne servait plus à rien de se battre puisqu'ils voulaient la même chose. Léo déposa les armes et contre elle il sentit toute tension le quitter. Elle se retourna et plongea son regard brillant de larmes dans celui du photographe, il y vit la lassitude mais aussi tellement de soulagement. Pour la première fois il n'avait pas fui devant la douleur ou l'épreuve, pour une fois il restait et il prouvait qu'il se battait pour elle, juste pour elle. Il essuya sa joue humide du revers de la main avec un sourire emprunt de tendresse. Elle allait dire quelque chose mais s'arrêta, elle n'osait pas, à la place elle pressa ses lèvres contre celles de son amant, sa poitrine contre son torse. En effet, ça c'était simple, ça ils savaient faire, par cœur. Mais Léo la repoussa doucement. Arrête. Je ne vais pas repartir Alba. Tu n'as pas besoin de me faire rester de cette façon. J'crois bien qu'il y a plus que ça entre nous. Il sourit, un peu gêné, lui non plus ne le dirait pas, il avait tellement peur d'avouer ses sentiments, de mettre un nom dessus.

Elle avait toujours voulu des enfants Alba. Ça lui paraissait évident qu’un jour lorsqu’elle aurait trouvé la personne elle aurait un enfant. Elle se moquait s’il était biologiquement d’elle ou adopter, tout ce qu’elle voulait c’était donner de l’amour à un petit être. Et cet enfant elle l’avait, mais elle aurait préféré une famille ensemble et aimante. Jonah ne manquait pas d’amour de ces parents. Il était le monde de Léo et Alba. Mais il était au milieu d’une histoire qui les dépassait tous les trois. Il était au milieu d’un amour difficile et pourtant beau de ses parents. Grands enfants indécis, ils s’aimaient mais la peur les paralysait. Léo avait cette peur de l’engagement et de faire mal alors qu’il ne lui voulait que du bien. Alba avait peur de la séparation et être loin de son amant c’était comme respirer qu’à dix pourcents de ces capacités. Elle voulait plus, elle le voulait lui jusqu’à la fin. C’était tellement capricieux de ne vouloir que lui et de faire des scènes pour qu’il lui revienne. Mais parfois elle abandonnait, elle avait abandonné et cette fois-ci elle était surprise de revenir vers lui. L’amour et la tension était toujours présente entre eux. Cette électricité piquante ne cessait de les ramener l’un vers l’autre. Ces dernières semaines étaient parfaites parce qu’elle s’endormait dans ses bras et se réveillait même s’il n’y avait pas le petit déjeuner. Ils se retrouvaient dans l’innocence de la sagesse de Jon. Ils se retrouvaient comme ces fois-ci à Bangkok où ils se regardaient longuement dans les yeux comme pour sonder l’âme de l’autre. Mais Jon venait de gâcher cette parenthèse ramenant ses parents à la réalité. Ils avaient un enfant à protéger et c’était la principale mission d’Alba. Il fallait protéger Jon du mal qu’elle avait pu vivre et Léo en faisait partie. Il ne devait pas ressentir ce qu’elle avait ressenti quand il était parti pas une mais deux fois. Il n’était pas content, se chamaillant comme des enfants pour avoir le dernier mot. Mais ça ne finirait pas par des tu n’es plus mon copain ou je vais le dire à ma maman. Non, c’était plus dur, plus tranchant et plus blessant. C’était des reproches et une culpabilité qui les rendait vulnérable. Et elle savait qu’elle était allée trop loin, reprocher à Léo de faire quelque chose qu’il n’avait jamais fait. Abandonner Jonah. Dès sa naissance il l’a accompagné devenant ce père exemplaire qu’il n’était pas prédestiné à être. « Je sais. » Disait-elle en baissant la tête, les yeux humides de cette conversation. « Je sais que tu ne l’abandonneras jamais. » Il était lié à Alba jusqu’à la fin de sa vie parce qu’ils avaient cet adorable petit garçon en commun. Il pouvait l’abandonner elle, Jon restera son fils. Alba s’arrêtait, elle ne voulait pas se battre. Epaules affaissées elle se retrouve dans son lit suppliant presque son amant de rester. Torse contre dos, il était là pour elle. Il restait pour elle puisque Jon acceptait tout ce que ses parents choisissaient. Elle voulait de la simplicité, comme leur corps quand il s’imbrique ensemble. Pourquoi les mots ne pouvaient pas être aussi limpides que les gestes. Le baiser qu’elle lui offrait était la preuve de son affection, la preuve de ce qu’elle ressentait. Un baiser suppliant. Léo, il veut lui montrer que c’est plus que physique alors il la dégage. « Je veux qu’on essaye. » Disait-elle la gorge sèche. « Je veux qu’on essaye de se réveiller tous les jours ensemble, les petits déjeuners le matin, les repas du soir, les sms quotidiens, les rendez-vous galants et les dimanches ennuyants à trois. » Elle voulait être avec lui, elle voulait partager son quotidien avec lui et l’ennui dans ses bras.

Si on lui demandait, Léo répondait invariablement qu’il ne voulait pas d’enfant, qu’il n’avait pas de place pour ça dans sa vie. Il n’en avait jamais voulu et probablement que si la nature n’avait pas forcé les choses, son discours ne serait pas différent aujourd’hui. Il avait détesté pas mal de choses de son enfance, à commencer par l’éducation de son père. Il avait détesté être catalogué comme gosse de riche à qui tout était dû et qui devait avoir une vie parfaite. C’était faux. Et s’il haïssait son père sur bien des points, il se rendait bien compte que plus le temps passait, plus il lui ressemblait, à son grand désespoir. Ce qui ne faisait qu’accentuer son malaise à l’idée de devenir père à son tour, sa plus grande peur étant alors de reproduire exactement le même schéma avec ses enfants. Pourtant Jon s’était imposé à lui, à la vie et il se découvrait tous les jours bien meilleur homme qu’il ne l’aurait cru, grâce à ce gamin. Et quand, quelques années plus tôt, Grace était tombée enceinte à son tour, il avait accepté la nouvelle avec tellement de gratitude et de bonheur, bien que ça se soit mal terminé finalement, qu’il n’était plus autant fermé qu’avant à l’idée d’avoir des enfants. Ce n’était pourtant pas du tout à l’ordre du jour et ça l’arrangeait bien, il avait bien d’autres soucis que des couches et le manque de sommeil à gérer. D’ailleurs, parmi ces soucis, il y avait ceux que son fils lui causait, des problèmes de conscience alors qu’il s’encanaillait en secret avec sa mère tout en essayant d’être les plus discrets possibles. Il aurait dû savoir, pourtant, que les enfants avaient toujours les oreilles qui traînaient, lui était pareil, lorsqu’il était gosse. Et bien évidemment, Jonah avait compris depuis un moment ce qu’il se passait, du moins à son échelle. Tout venait de voler en éclat, percée, leur bulle de plaisir, leur secret dévoilé, ils se retrouvaient là, comme deux gamins pris en faute, face aux conséquences de leurs actes. Et des conséquences il y en avait bien plus que ce qu’ils auraient pu imaginer. A commencer par cette prise de conscience : ils ne pouvaient pas continuer comme ça. On ne construisait pas une relation solide sur la base de rendez-vous nocturnes, de simples moments de plaisir, sans plus. Alors la question était là, posée silencieusement, elle pendait au-dessus de leurs têtes comme une épée de Damoclès, les choses changeraient, inévitablement, après cette nuit, le tout étant de savoir si ça serait positif, ou non. Avant le calme, la décision finale, ils devaient en passer par la tempête, les reproches, la mise au point. A commencé par l'inconstance du photo de de sa propension à abandonner les gens. Sauf que, s'agissant de son fils, il montrait les crocs, jamais il ne le laisserait, il comptait bien se battre pour le prouver s'il le fallait. Pourtant, malgré cet accroc là, le reste se fit tout en douceur, presque sans heurts, peut-être parce qu’ils étaient épuisés, autant l’un que l’autre, de se disputer. Peut-être parce qu’ils savaient tous les deux, au fond, qu’ils voulaient la même chose, il ne leur manquait que le courage de l’admettre. Et ce fut Alba qui prit ce courage-là, prouvant à son amant que ça valait la peine de se mouiller, de se jeter dans le grand bain, elle n'attendait que lui. Elle restait cependant maladroite, dans ses gestes qui appelaient à la luxure alors que ça n'était pas le moment. Ç'aurait été facile, oui -et si bon !- mais Léo l'arrêta, conscient que quelque chose d'important se jouait à cet instant. Bordel quand il la tenait dans ses bras c'était si bon, c'était elle qu'il voulait, tous les jours, toutes les nuits. Il fallait qu'il se lance, qu'il taise ses peurs, parce qu'elle le rendait vivant, Alba, elle l'avait réveillé, le fameux soir du vernissage à la galerie. Ce soir-là il avait perdu Blanche et même si ça lui faisait encore mal d'y penser, il savait que c'était le plus beau dérapage de sa vie, comme une renaissance. Tu veux qu'on emménage ensemble, avec Jon ? C'était inattendu, précipité, trop soudain. Mais ça pourrait être une possibilité, pour l'avenir. Il dégagea une mèche de cheveux de la blonde. On pourrait essayer de passer des week-end ensemble, déjà. Voir si tu me supportes toujours. Qu'il raillait, moqueur, Bangkok était une époque lointaine et ils avaient perdu l'habitude de vivre l'un avec l'autre, ils avaient changé, depuis. Mais ça lui faisait follement envie, à Léo, de réessayer.

Souvent, on disait d’Alba qu’elle était courageuse. Une femme seule dans sa vingtaine voyageant dans le monde avec son sac à dos et son appareil photo. Quel courage ! Puis il y avait eu ensuite le fait qu’elle était mère célibataire avec un père qui habitait loin. Non mais quel courage de faire ça toute seule. Alba elle était bien seule, elle savait vivre avec elle-même et ses envies. Jamais elle n’avait été attirée par une vie de famille stéréotypée. Jamais elle n’avait eu le besoin vital de trouver la personne avec qui construire une vie de couple parce qu’elle s’était toujours sentie fondamentalement libre de ses mouvements et de ses actions. Puis Léo s’était imposé en elle, l’entraînant dans des déferlantes de sentiment et puis il s’accrochait et moins Alba avait envie de retrouver celle solitude apaisante. Avec Léo, c’était une aventure constante avec une douceur particulière. Avec lui, il suffisait d’un rien pour qu’une journée soit ensoleillée. Mais pour ça, elle n’était pas courageuse. Tout cette qualité disparaissait quand elle devait lui avouer ses sentiments. Pourtant, il pouvait le savoir le photographe puisque tout son corps la trahissait. Ses yeux brillaient dans les siens et sa respiration augmentait de battement parce que son corps entier le réclamait. Elle n’en avait besoin mais elle en avait envie. Mais le courage était loin parce que s’ouvrir c’était prendre le risque de perdre cet bonheur existant. S’ouvrir c’était montrer sa vulnérabilité à un homme qui en avait déjà abusé par le passé. Leur fils était un malin, héritant des belles qualités de chacun. Souvent, on parlait de la stabilité du cocon familiale et ça pesait sur Alba. Se remettre avec Léo c’était prendre le risque de vivre une nouvelle séparation plus triste et plus dur. Jonah était plus âgé et forcément il s’en souviendra. Lui, il vivait convenablement dans cette famille bancale que Léo et Alba lui offrait. Il se moquait qu’ils soient ou pas ensemble, mais sur son visage de bambin, ça se voyait qu’il était heureux. Parfois, il avait demandé à sa mère pourquoi certains avaient des parents ensemble, comme si ce n’était pas normal. Est-ce qu’il y avait vraiment une normalité dans les relations familiales ? Peut-être pas, mais en tout cas elle aimait son fils et le père de ce dernier. Mais il lui fallait du courage pour traverser ses tempêtes avec Léo. Encore des reproches et toujours des reproches qui leur faisaient mal et elle en était las. Fatigués de ces conversations sans fin, Alba abandonnait d’abord les armes avant d’utiliser son meilleur atout pour oublier cette petite tension. Il avait raison Léo, des choses se jouaient ce soir, un pied de plus dans cette relation bancale en construction. « Non ! Pas forcément. » C’était trop précoce, trop jeune mais elle voulait plus que ces nuits cachées. Alors pourquoi pas les week-ends ? C’était une bonne idée et le sourire d’Alba s’illuminait. « Vraiment ? » Se levait-elle pour s’asseoir en tailleur sur le lit. Elle aimerait lui qu’elle l’aimait mais son courage s’enfuyait. « Les week-ends alors, mais ça veut dire qu’on ne fait plus des escapades cachées dans la chambre de l’autre ? » Demanda-t-elle presque triste. C’était des moments si doux et si joyeux, elle ne voulait pas que ça s’arrête.

A force d’enchaîner les histoires courtes, on finissait par croire que Léo pourrait être stable, un jour. Lui-même avait du mal à s’imaginer se poser. Il avait pourtant essayé, ses dernières histoires était bien parties au départ. Et puis s’étaient terminées de la même façon, dans les larmes et la solitude. Peut-être n’inspirait-il pas cette sécurité suffisante à une femme, peut-être n’était-il simplement pas prêt, ou n’était-ce pas la bonne. Il avait voulu y croire, par deux fois il s’était fourvoyé, laissant des plumes sur l’autel de ses amours avortés. Il avait fini par se relever, toujours, serrant les dents, recollant pièce par pièce son cœur brisé par trop d’erreurs et de désillusions, ne montrant rien des failles qui se faisaient toujours un peu plus nombreuses au fond de lui. Il était fort, Léo, solitaire, il n’avait besoin de personne. Et surtout pas d’une femme pour lui passer la corde au cou. Mais bordel qu’il se sentait seul, quand il se couchait dans son grand lit, qu’il regrettait de ne pas être assez fort pour résister à la tentation, ou pour retenir celles qu’il aimait vraiment. Depuis quelques mois il se sentait renaître dans les bras d’Alba, il était heureux, il n’y avait pas d’autres mots. Et pourtant il trouvait toujours le moyen de gâcher les bons moments, quand les choses devenaient sérieuses, quand ils abordaient les sujets sensibles. Il l’aimait, il était incapable de le lui dire, il la voulait, plus que quelques heures volées, il la voulait tous les jours, il s’en rendait cruellement compte. Cruellement parce qu’il avait peur, terriblement peur de se planter une nouvelle fois, de tout foutre en l’air, comme il savait si bien le faire. Cette fois il ne ferait pas les choses à moitié en plus, il briserait Alba et Jonah s’il fautait. Mais cette nuit, au pied du mur, démasqué par son propre fils, il ouvrait enfin les yeux. Et celle qu’il voulait était là, tout aussi effrayée que lui, tout aussi fébrile. Et elle l’aimait, il le savait, depuis Bangkok il le savait, il n’avait qu’à claquer des doigts pour qu’elle soit à lui, elle le lui avait dit, une fois et il s’était moqué de ces sentiments qu’elle avait envers lui, l’invitant plutôt à se méfier de lui. Alba était pourtant assez grande pour prendre ses précautions, si elle se brûlait les ailes avec lui, tant pis, elle aurait au moins volé, c’était ce qu’elle semblait lui dire. Alors que Jonah s’était endormi dans la chambre d’à côté, il ne s’imaginait pas ce qui se jouait entre ses parents, lui qui voulait plus que tout qu’ils soient réunis autour de lui. Il n’avait jamais réclamé une famille normale, parce que Léo et Alba l’avaient éduqué dans le respect de la différence et dans cet amour qu’ils lui portaient, de la même façon, malgré leurs différents ils s’étaient toujours entendus sur ce sujet-là. Mais Jonah restait un enfant et comprendre que ses parents seraient à nouveau réunis allait le rendre fou de joie. Est-ce qu’ils le faisaient pour lui ? Non, au contraire. Ils le faisaient pour eux, parce qu’ils en avaient assez d’étouffer leurs envies les plus profondes. Et si ça pouvait rendre leur fils heureux, alors ce serait du bonus. Je pense que ça serait précipité, pour tous les trois. Et puis où vivraient-ils chez Alba, dans cette maison qu’elle habitait depuis à peine une année ? Chez Léo, alors que ses murs avaient déjà accueilli quelques femmes ? Ce n’était pas une décision à prendre à la légère, ils auraient tout leur temps pour y penser. Et puis il fallait avouer qu’Emerson adorait leurs rendez-vous nocturnes, où ils se rejoignaient à pas feutrés, où ils faisaient tout pour être silencieux. La solution que le brun proposa sembla plaire à sa maîtresse, elle ne pouvait cacher son excitation. Léo rit doucement. Oui, vraiment, c’est un bon début, non ? Mais déjà elle s’inquiétait et il se redressa, la rejoignant, collant son torse contre son dos, embrassant sa nuque. Tu connais la cachette de ma clé maintenant, je ne pourrais pas t’empêcher de me rejoindre ! Il remonta ses lèvres à la naissance de son oreille enlaçant sa taille de ses bras. Ca veut juste dire que les week-end seront plus … officiels disons. Ça veut dire que tu ne seras plus seulement ma maîtresse Alba. Cela faisait bien longtemps qu’il ne la considérait plus comme telle, il ne l’avait jamais vraiment pensé d’ailleurs. Mais dorénavant elle serait sa copine et ça changeait beaucoup de choses.

Ils se battaient à lutter contre ses sentiments inavouables. Les disputes et les énervements étaient bien plus simples que cette douce vérité. Ils s’aimaient, ça se voyait dans leur regard et dans la peine qu’ils éprouvaient lorsque l’un était blessé. Alba voulait le meilleur pour Léo, qu’il se libère de cette pression familiale et qu’il soit heureux. Avec elle, ça serait le mieux, mais sûrement qu’elle accepterait qu’il choisisse d’être heureux avec une autre. Sauf qu’à force de se revoir, l’attraction et le désir étaient toujours présents. Cette flamme brûlante à l’intérieur d’eux ne cessait pas. Plus elle passait des nuits avec lui et plus elle l’aimait, comme si son cœur n’avait pas encore prit toute la place qui était destinée à Emerson. Chaque jour il gagnait des points, devenant ce père parfait avec son fils. Ce soir encore, il avait prouvé la maturité dont il faisait preuve. Alors qu’Alba aurait voulu se cacher sous les couettes, il avait assumer son rôle Léo. Questionnant son fils, Jonah était si facile comme enfant, acceptant ce que ses parents faisaient. Ils n’étaient pas stables et encore moins aujourd’hui. Mais Jon était heureux, surtout qu’il adorait que son papa vienne lui lire des histoires ou lui fasse des bisous dans le lit de la maison de sa maman. Le futur astronaute s’était endormi dans ses songes, rêvant sûrement de cette famille particulière. C’était un enfant aimé qui ne désirait que d’appartenir à ce cocon. Tout se jouait ce soir, et elle voulait plus que ces nuits volées. Alba voulait des petits déjeuners chaque dimanche. Elle voulait sentir les caresses de son amant chaque matin, frissonner sous ses doigts tendres. Elle prit presque peur Alba, déménager ensemble alors qu’ils se retrouvaient tout juste. C’était précipité et ça ne leur ressemblait pas. Alba et Léo, ils vivent au jour le jour, dans une fougue et une aventure continuelle. Il ne pouvait pas imposer à Jon à changement si brutal et pourtant elle voulait plus que des nuits volées. « Oui ! Puis on est pas prêt pour ça. » Elle préférait être honnête Alba. Ils avaient tellement de chose à régler et à discuter avant d’envisager ne serait-ce qu’un déménagement. La blonde se relevait, appréciant l’idée de son amant. « C’est une bonne idée ! » Disait-elle en souriant. Dans son dos, elle se sentait se rapprocher, posant ses lèvres dans sa nuque. « Tu m’accepteras toujours la nuit ? » Demandait-elle avec un sourire malicieux. Il la rendait folle, ces derniers mots achevaient la maman. Cet homme aurait sa fin. Elle se retournait pour l’embrasser. « Et tu ne seras pas seulement mon amant. » Elle l’embrassait sur le coin de la bouche, avant de remonter vers son oreille. « Mais ce soir, on l’est encore un peu. » Ce soir, elle serait l’amante de cet homme jusqu’au bout de la nuit.