i'd rather meet anybody but an opossum. (Warren)

T’étais prête. Prête à l’affronter, ce foutu opossum. Tu l’avais vu dans ta cour et depuis, t’avais peur que Cali l’attrape et qu’elle se fasse mordre ou tu ne savais pas trop. Et si cette stupide bestiole avait la rage? Tu n’osais pas y penser. Tu arrêtais dans une quincaillerie bien sagement pour prendre une pelle en métal. T’allais l’assommer pour vrai, cette bête. Tu t’arrêtes derrière un homme bien bâtit pour lui poser la question. Tu lui tappes doucement sur le bras pour attirer son attention. « Vous croyez que ça ira pour faire dégager un opossum? » Que tu lui demandes gentiment avec un gentil sourire. Presque pas psychopathe, Kara. Presque pas.

Je ressentais cette folle envie de refaire mes plates-bandes et il me fallait un nouveau taille bordure je décidai donc de me diriger vers la quincaillerie afin de m’y procurer cet incontournable pour tout jardinier improvisé. Arrivé sur place, me promenant dans les allées, je finis par croiser cette demoiselle, fort charmante d’ailleurs, qui me demanda si une pelle pouvait suffire pour tuer un opossum. J’en connaissais un rayon sur le meurtre, au cours de mes années au sein du MI6 j’avais probablement tué plus de 200 personnes mais jamais je n’avais tué le moindre animal alors, à vrai dire, je ne savais pas trop ce que je devais lui répondre. « Je présume qu’un bon coup de pelle va au minimum l’assommer. Une forte dose poison à rat pourrait aussi le tuer mais c’est risqué si vous avez des enfants. Le plus simple serait de l’abattre d’une balle dans la tête. » Évidemment tout ça exigeait un certain niveau de maitrise des armes à feu et je ne saurais dire si la demoiselle savait jouer du flingue.

Un bon coup de pelle allait assommer cet opossum… Assommer seulement. Tu affichais une mine un peu triste à ce sujet. Tu ne voulais pas lui faire mal, le tuer sans trop de souffrances. Le poison à rats était intéressant, mais tu imaginais bien mal Cali gambader dans le jardin en sachant que ce n’était pas trop loin. Tu soupirais. Puis à sa dernière option, tu le regardais surprise. « Mais je n’ai rien pour faire ça… » Ça et puis, tu n’en aurais sans doute pas le courage. « Vous pouvez m’aider? » demandais-tu finalement. « Je vous offre une bouteille de vin en échange. » Suggérais-tu avec un sourire. Tu avais quelques bonnes bouteilles de rouge chez toi qui pourraient en valoir la peine.

Décidemment mes pensées et mes réflexions, fortement influencées par mon passé militaire, n’étaient pas forcément de nature à m’honorer. Le recours au poison à rats pouvait représenter un réel danger si la jeune femme avait des enfants ; au final je me disais que d’abattre la bête représentait la solution susceptible de causer le moins de souffrance si, évidemment, la personne tenant l’arme savait ce qu’elle faisait. Je ne tardai pas à déduire que la charmante inconnue était dépassée par la situation lorsqu’elle me demanda si je pouvais lui venir en aide. « Je serais plus que ravi de pouvoir vous aider à régler ce petit souci. » J’eus un sourire en coin lorsqu’elle me proposa de m’offrir une bouteille de vin en échange de mes services. « C’est trop gentil de vouloir me témoigner votre gratitude mais vous me prenez par les sentiments avec le vin.» J’ai toujours raffolé du rouge alors je ne pouvais qu’accepter.  « Je vais devoir aller chercher mon arme à la maison. On se rejoint ici, devant la quincaillerie dans, disons, 15 minutes ? »

L’homme se proposait pour t’aider à régler ce souci. Tu lui offres un grand sourire en échange et puisqu’il s’agissait de vin et pas de fric, tu te disais que tu allais pouvoir terminer ton mois sans soucis. Puis… t’avais pas vraiment besoin d’une pelle. « Alors ce sera avec plaisir. » Que tu lui dis gentiment. T’avais même une bonne bouteille en tête. Tu hochais la tête, compréhensive. 15 minutes que tu avais à flâner dans la quincaillerie. Il y avait un côté plus décoration à la quincaillerie et t’allais certainement y passer quelques instants. « D’accord, à tout de suite. » Que tu le remerciais avec un grand sourire. Tu flânais pendant un moment puis tu le retrouvais à l’entrée du magasin. T'étais soudainement reconnaissante envers cet opossum pour cette rencontre...

Le geste de la demoiselle se voulait tout aussi charmant qu’adorable, c’est donc en lui faisant grâce d’un sourire que je pris congé de cette dernière afin de me rendre rapidement chez moi pour récupérer mon arme. Elle avait une sacrée histoire, c’est de ce flingue que fut tiré le projectile qui mit fin à la vie de Ben Laden mais évidement je me gardais bien de divulguer ce détail. Ayant pris mon arme, et mis quelques munitions dans le chargeur, je pris de nouveau la route afin de me diriger vers la quincaillerie pour y rejoindre cette fort agréable jeune femme. « Me voici de nouveau. » Dis-je alors que je venais tout juste de la rejoindre à proximité de cet endroit ou nous nous étions quittés il y a tout au plus 15 minutes. « Alors l’attente n’a pas été trop longue ? »

Tu ne le connaissais pas. Il avait l’air d’un homme bien… Qui avait un flingue. Et qui était en mesure de t’aider avec ce foutu opossum dont tu craignais qu’il n’attaque ta chère fille. Tu en profitais pour faire le tour du magasin, surtout du côté déco puis finalement, tu arrives à l’entrée après avoir payé pour deux plantes, dont un bambou. « Pas du tout, vous avez été très rapide! » conclus-tu plus surprise qu’autre chose. Tu lui fais un grand sourire et t’es prête à te rendre chez toi. Tu donnes ton adresse à … À qui tu donnais ton adresse. « Avant que vous veniez comme exterminateur, je me présente : Kara Robbins. » Dis-tu finalement en tendant la main pour la serrer poliment.

C’est donc avec le sourire que j’entendis la jeune femme me confirmer que l’attente n’avait pas été trop longue, cela me rassurait puisque je n’aimais pas trop faire attendre les gens. Alors qu’elle venait de me fournir son adresse elle se présenta ce qui me paraissait normal puisqu’elle m’invitait à venir chez elle . Nous ne sommes jamais trop prudents de nos jours alors je comprenais parfaitement son désir de savoir qui elle invitait chez elle. « Warren Strasmore. » Lui dis-je en serrant doucement cette main toute menue et délicate qu’elle venait de me tendre. Décalant l’avant de ma veste afin de lui montrer mon outil de travail que je portais en bandoulière. « Et je possède un permis pour me trimbaler avec ce jouet. » Évidemment je n’étais pas entré dans les détails à propos de ce que m’autorisait à faire ce permis mais je me disais que d’apprendre que l’on n’enfreignait aucune lois se voulait de nature à la rassurer.

Tu étais plutôt patiente dans la vie, en général. Ça change tout d’avoir un enfant que tu as souvent dit… Et plus souvent qu’autrement, tu les faisais attendre à cause d’une couche à changer, d’un caprice de ta fille, Cali. En attendant, l’homme se présentait à toi sous le nom de Warren Strasmore. Tu hochais la tête avec un sourire. « Enchantée. » lui disais-tu officiellement. « Merci pour votre aide, Warren. » Tu voyais l’arme quelques secondes plus tard. C’était donc vrai, ça existait et pas que dans les films. T’avais eu une vie assez rangée toute ta vie, t’en n’avais pas vu fréquemment. L’homme te rassurait en disant qu’il avait un permis et tu hochais la tête. « Je n’en doutais pas une seule seconde. » Dis-tu avec un sourire pour le rassurer. « Ce n’est pas quelque chose que j’ai chez moi. » T’es maladroite, tu ris doucement et tu passes ta main dans tes cheveux pour les démêler. « On se retrouve chez moi? » Suggères-tu alors que tu prends le volant par la suite. Arrivée chez toi, tu ressortais de la voiture et tu l’attendais quelques instants avant de t’aventurer dans ta cour, prudente. « Cette sale bête doit être quelque part derrière mon jardin… » Tu tentes d’espionner la bête, mais disons que tu ne dois pas être trop subtile avec ta petite robe et tes escarpins.

« Mais de rien, je suis ravi de pouvoir vous venir en aide. » Étant quelqu’un d’altruiste, malgré mon apparente allure de grosse brute, je me doutais que la présence de cet opossum pouvait lui foutre la trouille, d’ailleurs on serait effrayé pour moins que ça. Lui montrant rapidement mon arme, lui ayant signifié que je disposais d’un permis pour me trimbaler avec ce truc, je souris lorsqu’elle me dit qu’elle en était persuadée. J’eus par la suite un large sourire amusé lorsqu’elle me dit que ce n’était pas un truc qu’elle possédait à la maison. « Et avec raison, ce n’est pas un jouet après tout. » La regardant glisser une main dans ses cheveux j’écoutai sa suggestion. « D’accord on se retrouve sur place. »  Arrivé à destination, sortant de mon véhicule je me permis de rejoindre la jeune femme dans son jardin. « Je pense savoir comment faire sortir ce goinfre de sa tanière. » Dis-je alors que je sortis une tablette de chocolat que je brisai en morceaux et je disposai près de ce qui me semblait être son terrier. « Vous devriez reculer de quelques pas, je ne voudrais pas qu’il vous griffe. Ce genre de bête peut être porteur du virus de la rage après tout. »

Tu lui souriais franchement, t’étais contente de voir que dans la vie : il y avait toujours de bonnes personnes. Il allait te rendre un précieux service, surtout que t’étais tracassée pour Cali. Ça pouvait sûrement mordre, ces bêtes-là. Il valait mieux que tu sois zen à ce propos. L’homme te confirme qu’il ne s’agit pas d’un jouet et tu hoches la tête pour confirmer. T’aimerais bien apprendre à tirer un jour, ne serait-ce que pour te sentir bad ass dans un champ de tirs. Il te rejoint chez toi et tu le vois l’appeler le goinfre. T’as l’intuition qu’il va y avoir de la nourriture en jeu. Tu voyais apparaitre la palette de chocolat, tu levais un pouce en l’air. « Et ça en est pas une mauvaise! » Que tu dis en riant, voulant détendre l’atmosphère. À sa recommandation, tu l’écoutes. Tu te recules de plusieurs pas pour lui laisser la place. Ça et puis, tu ne voulais pas attraper la rage dont il te faisait mention quelques secondes plus tard. Tu hoches la tête et tu ne sais pas si t’es prête à voir ce qui va se passer… T’avais jamais vu de meurtre, encore moins ceux impliquant des animaux. T’avais le cœur sensible, Kara. Tu te recules de plus belle et tu ranges quelques jouets pour chasser ce qui allait se passer de ton esprit.

Un sourire amusé, et un brin enfantin, se dessina sur mes lèvres lorsqu’elle me balança que la tablette de chocolat que je venais de brandir s’en voulait une de bonne qualité, en même temps il faut dire que je savais bien choisir mes petits délices. « En même temps il faut se montrer conciliant avec les dernières volontés d’un condamné. » Je ris un bon coup, vu la consonnance de ce que je venais de lui balancer et la laissant reculer je finis par sortir mon arme alors que la bête venait de poindre le bout de son museau. « Ne me complique pas la vie mon ami, ce serait idiot de te faire souffrir inutilement. » Dis-je alors que je braquais le canon de mon arme en direction de sa tête puis rapidement, sans le moindre avertissement, je mis à faire feu. Un seul projectile s’avéra suffisant pour abréger les souffrances de cette bête, en apparence anodine, qui n’était pas sans terroriser Kara. « Et voila. Le travail est fait, il reste tout simplement à enfiler des gants et à ranger la carcasse dans un sac pour ensuite l’enterrer quelque part. » Jetant un regard en direction de la jeune femme je me permis de lui sourire afin de la rassurer. « Alors ça va ? Pas trop secouée ? »

Tu pouffes de rire alors qu’il parle des dernières volontés d’un condamné. Il avait bien raison… À tout le moins, ce goinfre allait s’empiffrer de chocolat de qualité. Tu n’avais pas regardé ce qui se tramait, mais tu avais entendu. Ton cœur avait dû sauter un battement ou deux. Tu te sentais un peu coupable face au décès de la bête, mais d’un autre côté, c’était pour ta sécurité et celle de Calista. Surtout, celle de Calista. Tu pouvais pas t’imaginer que ta fille se fasse mal par une bestiole sauvage. L’homme te retrouvait quelques instants plus tard. Tu hoches la tête, un peu secouée par ce qui vient de se tramer. Doucement, tu déglutis. « Un peu. Je me sens un peu coupable, mais je me dis que c’est pour ma fille. J’veux pas avoir à choisir entre Calista et… cette chose. » Que tu expliques patiemment. « Je vous invite pour un verre? » Toi, t’en avais bien besoin avec cette anxiété récemment découverte.