La fête appelle le mal loin du succès abyssal ı Elliott

Rien de prévu pour la soirée. T’en étais presque déçu, mais bon. C’était le jeu, non ? On ne pouvait pas toujours trouver quelqu’un pour nous accompagner boire un coup, sans passer pour un alcoolique. Et pourtant, ce soir, t’avais une sacrée envie de sortir. Frustré, tu faisais les cents pas dans ton appartement, pas franchement d’accord avec l’idée de passer la soirée seul, en tête à tête avec ton chat à comater devant un feuilleton débile tandis que la télé vous regarderait vous faire des mamours de ses yeux narquois. Tu n’étais pas contre un peu de calme de temps en temps, mais clairement, là, tu avais de l’énergie à revendre, et priver le monde de celle-ci serait une grossière erreur que tu ne pouvais pas te résoudre à commettre. Tu continuais tes cents pas, t’arrêtant de temps à autre à la baie vitrée, tel un Pablo Escobar en dépression dans Narcos, et… reprenais ta course, stoppée par un bruit. Que dis-je ! Un hurlement dans la nuit, déchirant. Celui de Shaky, qui d’un miaulement doux et timide venait te signaler que ‘dix-huit heures était le moment idéal pour bouffer, fais ce que je t’ordonne, humain’. BON. OK. Tu n’avais clairement pas la preuve de ce que tu avançais, mais tu pouvais clairement lire dans son regard tendre qu’il attendait de toi toute la dévotion du monde. T’étais sa chose, son esclave, et le pire dans tout ça, c’était que t’étais carrément ok avec l’état de fait présenté. Finalement, c’est ton téléphone, qui t’a sorti de ta condition d’esclave félin. Amara te proposait de sortir et… Tu ne pouvais pas une seule seconde t’imaginer refuser. Ni une ni deux, tu t’étais préparé, cinq minutes montre en main, avant de descendre quatre à quatre les escaliers. Là, tu hélais un taxi. Parcours du combattant en heure de pointe, tu n’avais rien lâché, ta détermination était grande, et ça payait. Enfin, tu avais réussi par trouver chauffeur, et te faire mener rapidement à votre QG. Tu ne voyais pas encore ton amie, mais qu’à cela ne tienne : tu vous dégotais une table à la hâte et commandais une bière que tu sirotais tranquillement en attendant l’arrivée de la belle. Et quand on parlait du loup… on l’entendait souvent nous qualifier de beau gosse, c’était connu ! Tu levais la tête de ton verre, lui adressant un énorme sourire : « salut ma beauté ! » tu la laissais s’installer : [b]« je vais bien, et toi ? » avais tu demandé avant de hausser les épaules : « ça en est… nulle part. C’est incroyable. j’comprends pas où il est passé. Mes recherches s’arrêtent à… y’a à peu près un an. Après, silence radio. Le gars a complètement disparu de la surface de la Terre ! j’comprends rien. » un peu amer face à cette situation qui te laissait à deux doigts d’exploser, tu haussais les épaules, lui adressant un grand sourire : ne jamais se laisser abattre « mais je n’ai pas dit mon dernier mot. J’mise tout sur l’ex-femme. C’est ma seule chance de le retrouver. » avais-tu confié à ton amie avant de réfléchir quelques secondes : « hm… pour moi, ça sera un rhum coca. Et toi ? Tu prends quoi? »

Tu aimais avoir tes temps de calme, comme tout le monde. Que tu sois posé devant un film ou seulement tranquille à bouquiner, gratouillant le dos de Shaky qui se frottait à toi. Tout comme tu préférais ces soirées, bien plus animées, en compagnie de celle que tu considérais, depuis le temps, comme ta sœur. Depuis quelques semaines, celles-ci s’étaient fait de plus en plus rares : ton agent en avait marre de tes frasques et il comptait bien te donner une leçon. Ou plutôt… il espérait que tu finisse par entendre raison, et te calmer par toi même. Mais c’était mal te connaître… Aussi, tu avais aussitôt accepté la proposition d’Amara. Echappant à la surveillance de ton agent, et bien vite, retrouvais ton amie pour une soirée de folie. Tu l’attendais patiemment, et lui fis de grands gestes lorsque la demoiselle pointa le bout de son nez. Bien vite, la discussion tourna au sérieux. Pas que ça te déplaise, cependant, tu n’aimais pas particulièrement parler de tes recherches : ça te rappelait le mal que tu avais à trouver la moindre trace. Pour être honnête, tu avais d’ailleurs pensé à abandonner. Après tout, tu étais bien avec ta famille. Le même sang ne coulait peut-être pas dans vos veines, mais l’amour que tu leur portait était indefectible. Le genre à être plus fort que tout. Tu aurais tout donné pour Hunter, et pour votre autre frère, ton modèle. Et tu ne parlais même pas de tes parents dont tu espérais qu’ils pourraient, un jour, être fier de toi. Et surtout, qu’un de ces jours, tu aurais la force d’arrêter de mentir à ton père. Tu n’aimais pas parler de ces recherches infructueuses et pourtant : avec Amara, cela ne te faisait rien. Mieux encore, tu te disais qu’elle pourrait peut-être te conseiller. Tu avais confiance en elle et tu savais que quoiqu’il arrive, elle ne serait jamais très loin. Mordillant ta lèvre inférieure, tu haussais les épaules : « j’en sais rien… peut-être qu’il a quitté le pays aussi… Ou peut-être que c’est un signe ? Si le karma ne veut pas que je le retrouve alors… peut-être qu’il ne vaut pas la peine d’être retrouvé ? j’suis complètement paumé. D’un coté… j’suis bien avec ma famille. Mais de l’autre, j’ai besoin de savoir… et j’me sens tellement horrible par rapport à eux, à courir derrière un truc qui n’existe pas ! » tu grimaçais, avant de lui expliquer que tu comptais chercher du côté de son ex-femme, et lui adressais un sourire, en écoutant sa remarque : « ne t’inquiètes pas… tu me connais. Je ne vais certainement pas foncer dans le tas sans réfléchir ! » lui avais tu lancé en souriant. D’une part, parce que tu ne connaissais pas cette femme. Et d’autre part, parce que tu ne voulais de mal à personne, surtout pas à elle. Après tout, s’ils s’étaient séparé, c’était qu’elle avait probablement déjà assez souffert ainsi : un divorce, ce n’était pas une partie de plaisir. Et puis, qui serais-tu pour empirer les choses ? Hors de question. Tout ce que tu voulais, c’était des informations, rien de plus. Mais Amara n’avait pas tort. Tu haussais les épaules, jouant avec le papier d’alu que tu venais d’arracher de ton paquet de cigarettes neuf. Et tu soupirais : « je sais… Mais cette femme est ma dernière chance avant de devoir laisser tomber. J’veux juste ne pas passer à côté… au cas où... » tu grimaçais légèrement, avant de hausser les épaules, puis lui adressais un vague sourire, changeant de sujet que tu reportais sur vos boissons. Et quelques minutes après avoir passé votre commande, tu finissais par récupérer vos verres : « à ta santé Amara ! » lançais tu de bon coeur, faisant tinter ton verre contre le sien. Puis tu pris une gorgée de ton verre : il avait un goût de liberté. Et surtout, un goût de « pas de Roman à l’horizon... »

Amara avait tout compris. Et pour être tout à fait honnête, ça te réconfortait, te soulageait même. Car si tu te sentais mal, à force de regarder cette situation par le prisme de tes oeillères fermées avec soin, Amara n’avait pas tort non plus : après tout, vouloir savoir d’où tu venais ne signifiait pas abandonner ton père, ou Hunter. Il en était hors de question : tu étais trop bien avec eux.
Un peu plus détendu par rapport à tout ça, tu lui adressais un sourire en hochant la tête. « t’as raison… j’me suis un peu trop mis la pression par rapport à eux. Mais j’les aime tellement… c’est eux ma famille. J’m’en voudrais à mort de les blesser. » tu soupirais. Il allait falloir que tu aies une discussion sérieuse avec Hunter, et avec ton père, sans doute. Tu observais Amara, réfléchissant à tout cela. Bon dieu, il n’y avait pas à dire, tu adorais vraiment parler avec ton amie.. D’une part, parce que tu n’étais pas jugé. En réalité, tu ne te sentais jamais jugé avec ton amie. Et tu espérais que de son côté, elle ressentait la même chose : lorsque vous étiez ensemble, vous pouviez parler de tout et de rien pendant des heures. Sujets légers comme graves, vous pouviez parler d’absolument tout. Sans doute pour cette raison d’ailleurs que c’était avec elle et personne d’autre que tu te permettais d’aborder ce sujet qui te rongeait. Oh, bien évidemment, tu aurais pu en parler avec Flore. Tu étais certain qu’elle t’écouterait avec plaisir. Mais tu avais disparu de sa vie pendant six, peut-être sept ans. Avant d’entrer dans ta vie intime… peut-être devais tu commencer par les raisons de ton départ avec elle ? Tu savais, bien-sûr, que ce serait la meilleure chose à faire, et pourtant : on avait beau savoir quelle chose était la meilleure, passer à l’acte était tout autre : cette idée te faisait mal. Tu ne te sentais pas prêt, mais nul, de ne pas savoir assumer. Conflit interne qui te faisait buguer tout autant que de ne pas retrouver ton père, il était temps de lâcher prise, quitte à faire une entorse aux règles posées par Roman, ton agent. Ne pas sortir ? Ouais. Ouais. Tu verrais ça demain ! Pour l’heure, t’étais bien trop occupé à attendre patiemment votre première tournée, expliquant tes dernières trouvailles à Amara. Minces, d’accord, mais trouvailles quand même.Tu écoutais avec attention les conseils d’Amara, cette sœur d’une autre mère avec qui tu adorais sortir, et opinais du chef : « promis, j’ferai attention. Mais je n’ai clairement pas envie de la blesser. Dans tous les cas… j’te tiendrai au courant de la suite de la série qui tient les habitants de Bowen en haleine depuis maintenant presque deux ans, aka « papaoutai by elliott collins ! » j’devrais envoyer le scénar à netflix t’en dis quoi ? » tu lui adressais un clin d’oeil amusé, puis trinquais avec elle, avalant une gorgée d’alcool qui te réchauffait le coeur. Bordel, t’avais oublié le bien que ça faisait. Tu hochais la tête en souriant : « Comme à chaque fois quand on est ensemble, ma belle ! Au fait, t’as prévu quoi pour ce soir ? » demandais tu, curieux des folies qu’elle aurait bien pu imaginer pour l’occasion...