I enjoy long romantic walks down the wine aisle. (beckett)

T’étais devant la porte, Alexis. Tu hésitais à sonner ou frapper, tu n’osais pas le déranger. Pourtant, tu avais les clés. Est-ce que t’aurais été mieux de rentrer directement? Non, ça allait sans doute le perturber et le rendre de mauvais poil… Après une dizaine de minutes sur le paillasson de l’entrée, t’avais décider d’entrer avec ta clé. Tu mets le bouquet de fleurs sur la table, la bouteille de vin rouge avec le carton pour Beckett. Il n’y avait pas que les femmes qui avaient droit à des fleurs. T’avais envie de lui offrir une boîte de chocolats, mais tu trouvais que c’était trop. Dans la petite carte, il pouvait y lire un court message. « Merci pour votre aide. Alexis. » Une fois que tu avais mis les fleurs dans l’eau et bien disposé la petite carte près de la bouteille de vin rouge, tu allais ressortir de la maison, ni vue ni connue. Tu ouvrais la porte de sortie et tu faillis faire une crise cardiaque. « Doux Jésus, vous m’avez fait peur. » Et la proximité était déjà très… présente. Ouais, mais Alexis, t’étais chez lui…

La journée ne s'était pas déroulée comme je l'aurais aimé. Une petite fille du service était décédée après de long mois d'hospitalisation et ça nous avait tous dévasté. Sa bouille ne nous ferait plus jamais de beaux sourires, nous ne l'entendrons plus jamais chanter les plus grands classiques de Disney... J'avais pris les parents en entretien dans mon bureau, pour les accompagner, pour les écouter et après ça je m'étais senti vidé. C'était mon boulot, le plus beau job du monde, je rendais la santé à des petits bouts, mais parfois, malgré tous nos efforts, ce n'était pas assez.
J'avais quitté le boulot assez tard, passant par le restaurant chinois pour ne pas avoir à cuisiner en rentrant. Le chemin s'était passé sans encombre malgré le fait que mon esprit était ailleurs. Je n'arrêtais pas d'y penser... Je m'attachais bien trop à mes petits patients.
J'étais tellement dans mon monde que je faillis percuter Alexis qui sortait de chez moi alors que je voulais entrer. Elle jura avant que je ne réalise vraiment ce qu'il se passait. « Qu'est ce que vous faites là ? » Demandais-je bien plus froidement que la dernière fois que je l'avais vu. Cette fois je ne lui parlais plus de vouloir la voir nue, j'avais juste envie d'aller ouvrir une bonne bouteille de vin et de me reposer. C'est d'ailleurs à ce moment là que je vis la bouteille et les fleurs sur la table. « C'est pour Josephine ? » Mes affaires avec ma fille n'étaient toujours pas arrangées. Elle continuait à être horrible et je continuais à l'ignorer. Alors l'idée d'avoir des trucs à elle chez moi ne m'enchantait guère. « Vous n'avez plus la clef de chez elle ? »

Il te demandait d’office ce que tu faisais là, mais cette fois, il était froid. Il ne te dénudait plus du regard. Il se demandait clairement ce que tu foutais sur son chemin. Il te prenait au dépourvu : « Je… Je suis venue… » tu n’avais pas eu le temps de terminer ta phrase qu’il questionnait concernant la destination des fleurs et de la bouteille : « Non non… C’était pour vous. » Que tu disais en rougissant. « C’était pour vous remercier du coup de main que vous m’avez prêté... Pour les rubans. » Que tu lui disais en pointant la sortie pour que tu y ailles sans lui créer de problème. Il te questionnait concernant la clé de chez elle : « Oui, je l’ai… Je suis désolée de vous avoir importuner, Docteur Love. » que tu disais en tentant de t’éclipser derrière lui, vos deux corps se frottaient l’un contre l’autre alors que tu cherchais à prendre la fuite.

J'avais été un peu sec avec elle et la pauvre ne savait plus où se mettre. Elle était pourtant venue chez moi avec une bonne intention, me remercier de l'aide que je lui avais apporté la dernière fois avec les rubans de Josie. Je pouvais voir la détresse dans son regard, elle essayait de se justifier, alors qu'elle n'en avait nullement besoin. Alexis voulait se sauver en forçant le passage pour sortir de chez moi, mais je la rattrapais par le poignet. « Merci. C'est gentil, même si vous n'auriez pas du... » Je cogitais intérieurement si je voulais l'inviter ou pas à entrer. J'en avais très envie, je savais qu'elle me ferait penser à autre chose, mais j'avais peur de lui miner le moral avec mon humeur massacrante. « Restez manger, j'ai assez pour deux. » Lui dis-je en montrant le sac que je rapportais du restaurant chinois. « Je n'aurais pas du vous accueillir comme ça. J'ai eu une journée compliquée au travail. » Avouais-je en la libérant. Elle était plus dehors que dedans à présent, mais je la regardais avec un regard qui en disait long sur mon besoin de passer une soirée avec quelqu'un, juste pour ne pas être seul. Avoir de la compagnie était assez rare en ce moment. « En tout bon tout honneur. » Rajoutais-je pour tenter de la convaincre.

Tu ne savais jamais où te mettre, Alexis. Jamais. Tu préférerais avoir un super pouvoir d’invisibilité si c’était possible pour toi, mais actuellement, ce n’était pas le cas. L’homme te rattrapait par le poignet et ce n’était pas doux, plutôt ferme. Tu lui obéissais alors. Il te disait que c’était gentil, mais que tu n’aurais pas dû. Tu haussais les épaules, ton regard vers le sol. « Vous auriez pu me laisser me démerder toute seule, mais vous ne l’aviez pas fait. » Disais-tu à mi-voix. Il te demandait de rester à manger. Tu voyais le sac de restaurant chinois… Ça avait l’air bon et ton ventre gargouillait déjà. T’étais gênée par tout ça… Il s’excusait à sa façon, une journée compliquée au travail. « Oh. » que tu lui disais en hochant la tête, tu pouvais bien comprendre ça, Alexis… Toi aussi, t’en avais de ces journées. Il insistait une nouvelle fois puis tu hochais la tête positivement. T’arrivais pas à dire non… Tu n’y arriverais sans doute jamais. « D’accord. » que tu finis par échapper, le visage tout rouge. T’étais pas du tout habillée pour un diner de ce genre, t’avais limite l’air d’une adolescente.

La pauvre Alexis était de nouveau en train de se faire entrainer dans un traquenard. Je n'étais pas d'humeur pour passez une bonne soirée, mais en la voyant chez moi j'avais juste eu envie de passer du temps avec elle. J'avais clairement un problème avec la jolie blonde, je n'arrivais pas à me la sortir de la tête alors qu'elle était intouchable.

Je l'avais lâché avant de lui faire signe de me suivre à l'intérieur. Il y avait une bonne bouteille de vin qui m'attendait ainsi que des fleurs. Après m'être lavé les mains, je mis le repas au centre du comptoir de la cuisine puis je sortis deux assiettes et des couverts. J'étais silencieux, je ne la regardais que très peu et pourtant sa présence me faisait du bien. La preuve était que je ne m'étais pas jeté sur la bouteille de vin dès le pas de la porte passée. Je ne ressemblais pas du tout à l'homme taquin et provocateur qu'elle avait vu la dernière fois, ce soir j'étais abattu.
Je finis par m'assoir à côté d'elle, elle nous avait servi pendant que je versais le vin dans de grands verres. Mon regard était posé sur elle, je l'observais en me demandant pourquoi je me sentais si bien avec elle alors que je ne la connaissais pas. Alexis m'attirait surement parce qu'elle était intouchable. Mais au moins pour ce soir, elle pouvait être sur que je ne lui ferais aucune avance.

« Comment va Josie ? » Lui demandais-je pour essayer de lancer une discussion.

Il se lavait les mains et toi, tu gardais le silence sans trop t’affairer parce que tu ne savais pas trop ce que tu pouvais et surtout devais faire. Il avait mauvaise mine, il semblait triste et tu ne savais pas trop si tu désirais aborder le sujet ou non. Qu’est-ce qui valait mieux? Tu n’en savais rien, tu le connaissais à peine. Tu décidais finalement de servir les plats dans les assiettes et tu goûtais le vin en douceur. Pas mauvais, t’avais eu du goût sur ce coup. Il demandait comment allait sa fille, ironique comme question, non? Tu déglutissais à sa question. « Dur à dire. Dernièrement, elle a dragué un type qui s’est retrouvé à avoir le béguin pour moi, l’assistante. Elle bouillait de rage. J’ai dû travailler méga dur pour pouvoir retourner sur son bon côté. » Que tu dis d’un trait, peut-être trop rapidement. Tu goûtes le repas et tu t’éparpilles dans les différents mets et accompagnements. « Et vous, l’hôpital? » que tu demandes sans savoir que c’est le sujet du jour à éviter.

Alexis était installée à côté de moi et mangeait ce que j'avais rapporté. Elle semblait tout autant sur la réserve que moi, mais je ne pouvais pas lui en vouloir car je lui avais imposé ce diner pour mon propre confort. Je ne voulais pas être seul ce soir, j'avais besoin de quelqu'un avec moi et elle avait été là. Sa présence me réconfortait et je me lançais à mon tour à l'attaque des plats qu'elle avait mis dans mon assiette.

Sa réponse à ma question me surprit. Non pas parce qu'elle s'était faite draguer, mais parce qu'en l'entendant me raconter ça je m'étais senti piqué à vif. Elle ne me devait rien, je n'étais que le père de sa boss, et pourtant j'aurais aimé ne jamais entendre ce qu'elle venait de me dire. Pourquoi ? Sans la regarder, pour ne pas qu'elle sente mon regard frustré sur elle, je repoussais mon assiette encore à moitié pleine, prenant à la place mon vin qui me tentait bien plus à cet instant là.
« Ça n'a pas été une bonne journée. » Dis-je en ne donnant pas plus de détail. La jolie jeune femme devait se douter que quelque chose n'allait pas de toute façon. Je n'étais pas souriant, pas taquin, je ne lui avait fait aucunes avances... Je n'étais pas l'homme qu'elle voyait lorsqu'elle me croisait d'habitude. « Il y a des jours comme ça ou je n'aime pas mon boulot. » Lui avouais-je en me resservant un grand verre de vin.