(#5) i've come a long, long way... ∂ rafael&aylin

J’étais clouée à mon lit depuis les derniers jours. Non pas que je sois malade ou juste trop paresseuse pour sortir... C’est juste que je n’avais pas envie de sortir. Je n’avais pas envie de sortir. Je n’avais plus envie de sortir. Vraiment... Évidemment, personne n’était au courant de cette déprime, pas même ma colocataire adorable ou mon tendre chéri. Je suis juste tombée dans une période basse, comme si le sol sous mes pieds s’était affaissé pour me faire tomber dans un gouffre. J’avais juste besoin de retrouver mes repères, de prendre sur moi et de remonter la pente. Comme je l’ai souvent fait auparavant... Heureusement que mon stage et mes cours avaient été suspendus pour la période des fêtes, parce que sinon je sens que je n’aurais pas résisté très longtemps. Comment suis-je sensée aider les gens à mieux aller alors que moi-même, en ce moment, je ne suis pas au meilleur de ma forme ? Le pire c’est que, quand j’y pense, j’ai toutes les raisons du monde pour être heureuse : un copain que j’aime vraiment et ce, depuis très longtemps, un bulletin presque parfait, un stage où je me sens vraiment à l’aise... Pourtant, j’ai comme ce vide en dedans de moi... Ce vide qui s’agrandit, comme un ouragan qui prend de la puissance et qui dévaste tout sur son passage. Je ne saurai pas comment l’expliquer avec des mots clairs et précis, mais je sais, sans grande difficulté, qu’il y a quelque chose au fond de moi qui s’est brisé, qui ne fonctionne plus comme avant. À quel moment ? Je ne pourrais pas le dire. À cause de quoi ? Je l’ignore... On dit souvent qu'un bonheur intense s'accompagne souvent d'une souffrance sournoise qui nous frappe au moment où nous ne le voudrions pas. Comme si chaque personne n'avait pas le droit d'être heureux à plein temps et qu'il fallait forcément que dans leurs joies se cache un malheur jaloux qui n'attend que le bon moment pour se pointer et tout faire planter.

Je me leva difficilement de mon lit, comme si mon corps était un poids tellement lourd à porter, et je me dirigea vers mon ordinateur. J'ouvris l'application Mail, consulta mes derniers messages et referma presque aussitôt la machine. Je tournais en rond dans ma résidence depuis des jours maintenant. Je n'avais pas donné de nouvelle depuis la fête du nouvel an et encore là, j'étais un peu distante. Rafaël voyait bien qu'il se passait quelque chose, mais j'avais tout fait pour qu'encore une fois, il me laisse du temps. Ce n'était pas lui le problème, je le sais très bien. Ce n'est pas lui, mon malheur jaloux qui n'attendait que la bonne occasion pour venir bouleversé mon petit monde heureux. Je soupira longuement, vidant mes poumons de toute l'air qu'ils pouvaient contenir. Je m'apprêtait à faire la seule chose qui pourrait me sauver, m'aider. Parce qu'à force de le repousser, il finirait par inévitablement s'en aller pour de bon. Je me leva de mon poste de travail, rebroussa chemin pour aller jusqu'à ma table de nuit et j'empoignai mon iPhone, gracieuseté de Papa. J'hésitai un bon deux minutes avant de faire ce qui me semblait juste, même si une part de moi avait honte. « S'il te plait, apporte-moi ton aide. Je suis aux résidences. xx » Ne restait plus qu'à attendre mon sauveur. +

De tous les mecs desquels je suis proche, c'est de loin Rafaël qui est le plus attentif à mon égard. Évidemment, Manoé a toujours été présent pour moi et j'ai toujours pu compter sur lui, mais il n'y a jamais eu cette petite étincelle... L'étincelle que je partage avec Rafaël depuis quelques années maintenant, même si je l'ai souvent nié. Je savais donc qu'en lui envoyant ce texto, il viendrait toquer à ma porte dans un temps record. Je pouvais compter sur lui, sur son oreille, sur son coeur tendre et sur son intérêt face à moi. Je savais qu'il était le seul et l'unique à pouvoir m'aider à me sortir de ce petit coup de blues qui me prenait au ventre. C'était le seul. Et même si j'ai mis du temps avant de lui écrire, je savais qu'il viendrait à ma rescousse.

Je ne m'étais pas trompée. À peine vingt minutes plus tard – le temps normal que ça prenait entre son appartement et ma résidence étudiante – il pénétrait dans ma chambre, l'air visiblement très inquiet. Il vint se placer tout près de moi, passant sa main autour de moi pour me rapprocher tout près de lui. J'étais enfin mieux. Sa chaleur humaine me réchauffait déjà bien plus que les dizaines de café que j'avais pu boire depuis deux semaines. « Hey... Qu'est-ce qu'il se passe mon coeur? Je me fais du soucis pour toi... » À ces mots, je ne pus m'empêcher de sourire. Malgré nos débuts assez complexe, j'étais plus qu'heureuse de voir à quel point il tenait à moi et à quel point il pouvait s'inquiéter pour ma propre sécurité. C'était comme si je passais avant tout. Tout comme il passe avant tout dans ma vie, présentement. Je pris une grande respiration perdant, du même coup, mon regard dans le sien. Je me colla davantage à lui, commençant à trouver qu'un vide se créait entre nous. « En fait, je ne sais pas. Je suis juste... un peu déprimée. Je ne sais pas pourquoi, Raf. Ce n'est pas une déprime parce que j'ai eu une mauvaise note ou que mon chandail préféré a un trou dedans. C'est... quelque chose que je n'arrive pas à expliquer. » Le temps des fêtes que nous avions passés cette année avait été vraiment différent de celui des autres années. Premièrement, cette année s'était fêtée en famille. Quand je dis famille, j'entends par là les seuls quatre membres qui constituent la nôtre. Habituellement, on invite parentés et amis à venir fêter la nouvelle année avec nous, mais cette fois – et pour une raison qui m'échappe – nos parents avaient préférés faire différemment. Ensuite, il y avait toute cette histoire entre Rafaël et moi. Nous n'avions pas encore officialisé les choses devant ma mère et mon père. C'était un peu de ma faute, mais je sais que Rafaël comprenait très bien. Ça avait déjà été assez difficile de s'avouer notre amour et de se mettre ensemble que je ne voulais pas gâcher nos festivités en mettant le sujet sur la table. Et peut-être qu'au fond, c'est ça qui a fait que les réveillons de cette année ont été un peu plus difficile à vivre. Raf et moi étions un peu plus distant, pour ne rien laisser paraître. Et nous évitions souvent le fameux sujet des amours qui faisait tant parler ma mère... C'était peut-être ça qui me dérangeait. Le fait de ne pas avoir dit la vérité... Je mis ma tête au creux du cou de mon charmant copain, étant des plus contente qu'il soit enfin avec moi. +

Quelques fois, je me demande si je suis digne d'une personne aussi fantastique que Rafaël. Je me demande si je mérite tout ce bonheur, tout cet amour qu'il éprouve envers moi... Est-ce que ça a raison d'être ? Je ne doute pas de mes sentiments, au contraire, mais est-ce que notre amour mérite de voir le jour ? Est-ce que JE mérite un tel amour, une telle personne à mes côtés ? Je suis toujours là à me sous-estimer, à me questionner et à tout remettre en question, alors que lui est si fort et si déterminé. J'ai tellement à apprendre de lui, c'est incroyable... Moi qui suis là, tellement effrayé de faire la moindre petite erreur qui pourrait ruiner notre vie de couple, alors que pour lui tout semble si simple et si normal. C'est peut-être moi, le problème ? C'est peut-être moi qui devrait arrêter de voir nos actes comme des infractions. Je me pose moi-même des barrières que nous essayons tous les deux de sauter. Si je n'avais pas eu si peur, mes parents seraient déjà au courant de cette liaison. Et probablement qu'elle aurait vu le jour bien plus tôt... C'est le plus tragique dans l'histoire... Lui, il a toujours été sûr et certain alors que moi j'ai toujours été celle qui doute et qui hésite.

Je pris une grande inspiration, très heureuse qu'il soit près de moi pour me supporter dans cette baisse de moral. « Ca ne serait pas parce que le meilleur copain du monde te manque par hasard? ». Sur ces mots, je ne pus m'empêcher de sourire. Il est vrai que je me suis beaucoup ennuyé de lui durant son absence. Et puis ça a été difficile pour moi d'être là, face à mes parents, avec comme seule envie de tout leur dire... Et pourtant, je n'ai rien fait. « Oui, tu m'as manqué Raf. Plus que n'importe quoi, c'est sûr. » dis-je, en relevant la tête pour venir poser mes lèvres sur les siennes. Étrangement, ça faisait longtemps que nous ne nous étions pas embrassés. Il me manquait. Sa présence me manquait. Et le fait de pouvoir faire comme un couple normal me manquait aussi... Il était là, le problème. « J'ai toujours été comme ça, Raf. À penser à quelque chose si fort, mais pourtant ne rien faire pour que cela devienne réalité. Quand il en vient à toi, à nous... Je ne sais pas où donner de la tête. Je ne sais pas quoi faire. J'ai si peur qu'ils n'acceptent pas et pourtant, ça devrait être ma plus petite crainte... » avouais-je soudainement. Je venais de prendre conscience du pourquoi je n'allais pas au mieux de ma forme. J'étais tiraillée entre l'envie de tout avouer à tout le monde et le désir de garder sa secret, comme si c'était notre petit jardin. Malgré que l'envie de le dire était beaucoup plus grande que de profiter égoïstement de cet amour. +

Le savoir tout près de moi me faisait le plus grand bien, même si tout dans mes actes et dans mes paroles porte à croire que je veux l'éloigner. S'il y a bien quelque chose à retenir à mon propos, c'est bien ça : mon insécurité. Autant je peux paraître sûre de moi, confiance et déterminée, autant je peux avoir l'impression que le sol s'écroule sous mes pieds à chacune de mes décisions, comme si je ne me faisais pas assez confiance. Avec Rafaël, c'est exactement la même chose. J'essaie tant bien que de mal d'avoir l'air sûre de moi et d'être convaincante, mais nous savons très bien tous les deux le mal que ça m'a pris à seulement admettre que je l'aimais. Je sais qu'il comprend bien mon malaise face à toute cette situation... Il sait que je l'aime et ça, je le sais parfaitement. Je ne doute pas de mon amour envers lui. Je ne doute pas du sien non plus, puisque je sais qu'il est pur et vrai – depuis le temps qu'il dure –, sauf que... « J'pourrais comprendre que tu ne sois pas prête à assumer notre relation... » À ses mots, mon cœur se noua. Je me recula brusquement, comme si j'étais sur la défensive, et je plongea mon regard dans le sien. « J'assume, Rafaël. Il n'est pas là, le problème. Je veux dire... Oui, peut-être... C'est juste que... Met toi à ma place ! » dis-je, comme si c'était mon seul argument pour me défendre. Je sais que parfois je peux avoir l'air immature et cette dernière phrase en témoigne certainement, mais c'était ce que je pensais. Si ça avait été le contraire : moi qui avait été la fille du défunt mari du père de Rafaël et que, hop, nous étions tombé en amour, je ne pense pas qu'il aurait eut autant de facilité à me présenter comme étant sa petite amie à son père et à sa mère que comme si j'avais été une parfaite étrangère... Je m'approcha à nouveau de Rafaël, comme si j'avais pris conscience des mots que je venais de dire. « Les choses sont ce qu'elles sont et ont ne peut pas les nier. Je pense que si nous arrêtions là maintenant, ce serait bien pire pour nous. Après tout, on dit que l'amour est quelque chose d'égoïste. Je t'aime, tu m'aime. Ça devrait être assez pour braver toutes les tempêtes... » dis-je, dans un soupir. Je sais que Rafaël me trouve sûrement très complexe et très contradictoire, mais s'il m'aime vraiment, il saura me faire confiance. Je n'ai jamais dit que je n'avouerai jamais notre relation à mes parents, non. J'ai juste dit que cela prendrait un certain temps, comme lorsque nous nous sommes mis ensemble. J'ai juste cette crainte grandissante en moi de me faire renier par ceux que j'aime... Mais d'un sens, je suis tirailler entre Rafaël et mes parents. Je ne veux pas le perdre, mais si je ne fais rien, j'ai bien peur que ce soit le cas... Seigneur, dans quoi je me suis embarqué ? « Je t'aime Raf. Je suis désolée. » dis-je avant d'approcher mes lèvres contre les siennes, comme si c'était la seule façon que j'avais trouvé pour le consoler de mon manque de confiance en moi. +

« C'est dommage que tu ne voies pas à quel point tu es bourrée de qualités Aylin. Tu es brillante, un vrai rayon de soleil et tu es naturellement belle... J'aimerais que tu puisses t'aimer autant que je t'aime. ». Rafaël m'avait toujours compris. Il savait mieux que quiconque comment analyser mes regards, comment entendre mes mots, même dans mes périodes de mutisme. Il me connaissait par coeur, comme si j'étais son livre ouvert. Et jamais, je ne l'ai empêché de faire. Oui, j'ai souvent trouver ça agaçant de voir avec quelle facilité il pouvait arriver à me comprendre et à savoir qui je suis malgré le fait que je ne laisse rien paraître, mais dans un moment comme celui-ci, je suis des plus heureuses qu'il me connaisse mieux que n'importe quelle personne que je côtoies. Je pris une grande respiration, lui offrant ensuite un magnifique sourire. Il avait tant raison. Je manque de confiance en moi et c'est de là que tout provient. Si j'avais eu beaucoup plus confiance en moi, peut-être que nous serions un couple depuis plus longtemps ? Et peut-être même que mes parents auraient été au courant avant les fêtes et que nous n'aurions pas été obligé de se voiler la face. Mes mains vinrent s'enrouler autour de son corps, voulant ainsi ressentir sa chaleur humaine. Je l'aimais comme jamais je ne serai capable d'aimer et malgré toutes mes bonnes volontés à faire avancer notre couple, je sais très bien que le problème ne vient que de moi et de mon manque de confiance. « Tu ne voudrais pas enfiler quelque chose pour qu'on aille s'aérer un peu? » me demanda-t-il avec sa voix la plus douce. J'hochai la tête, signe que j'étais prête à faire cet effort pour lui. Je me leva donc, avec un peu de peine de le laisser sur le lit tout seul. J'entrai dans la petite salle de bain, prit un jeans et un chandail plus convenable et les enfila. En moins de deux, j'étais prête. Je n'étais peut-être pas à mon meilleur, mais je sais que Raf m'aimerait quand même. « On peut aller dans le parc du campus, si tu veux. C'est pas bien loin et c'est calme. On pourra parler... » dis-je, en me replaçant sur le lit, tout contre lui, serrant sa main dans la mienne. +

Sortir me ferait évidemment le plus grand bien, je pense. Rester enfermée entre les mêmes quatre murs – huit si on compte la salle de bain – ne me ferait pas du bien, au contraire. Rafaël m'embrassa le dos de la main, chose que j'adorais particulièrement. Nous nous levèrent donc, étant enfin prêt à sortir pour aller dans le parc. J'écoutai Rafaël dire qu'il n'était jamais aller au « square », comme on l'appelait entre étudiants. Ce serait donc la première fois. Et j'étais ravie que ce soit avec moi. Une fois à l'extérieur, je fus éblouis par les quelques rayons de soleil qui restait accrochés dans le ciel. Cela devait faire deux ou même trois jours que je n'avais pas mis le pied dehors. Fallait bien que l'initiative vienne de Raf pour que j'ose enfin sortir. Je pris une grande inspiration, l'air était frais et bon. Nous marchions côte à côte, main dans la main, en silence jusqu'au lieu de prédilection. À cette heure-ci, il était pas mal vide. Le parc est en fait constitué de quelques tables par-ci, par-là, beaucoup de bac – formant un grand cercle – où une fontaine gigantesque faisait le point d'attraction. Tout gravitait autour de cette somptueuse sculpture représentant les ancêtres de Bowen; fondateurs de l'université. J'invitai donc mon charmant amoureux à venir s'installer sur un banc, tout près de la fontaine. Aussitôt qu'il fut installé, je vins me blottir tout contre lui. Une habitude que j'avais tout récemment acquise et que je n'étais pourtant pas prête à abandonner de si tôt. « Tu crois que ça vient de là, tous nos problèmes ? De mon manque de confiance ? » demandais-je d'une voix à peine audible. Comme si d'un sens j'avais peur qu'il ait raison. C'est clairement évident que mon manque de confiance en moi me fait faire bien des choses idiotes – comme de cacher mon amour pour lui depuis tant d'années et comme le fait de ne pas l'avoir avoué à mes parents quand j'en avais l'occasion. – Après tout, il ne doit pas avoir tord. Comment puis-je être pleinement amoureuse de lui si je ne me fais pas confiance à moi-même ? Comment puis-je m'ouvrir, corps et âme, à lui ? À cette pensée, je ferma les yeux. Je ne voulais pas être la source de tous nos problèmes. +

J'écoutai sa plaisanterie, sachant quand même que dans cette blague il pouvait y avoir une part de vérité. Je sais que la confiance en soi peut jouer sur plusieurs facteurs. Ça peut même ruiner la vie de quelqu'un si elle en manque trop et qu'elle n'est aucunement capable d'avoir un minimum de confiance en elle. Pour ma part, je ne pense pas être rendue aussi loin. Je manque un peu de confiance en moi pour certaines choses, oui, mais peut-être pas en ce qui concerne cette relation. Si je suis certaine d'une chose, c'est bien de mon amour envers lui. C'est probablement ça qui me donne confiance, quelques fois. « Disons que je pense pas que ça aide vraiment mais je ne pense pas qu'on ait autant de problèmes non plus. On est ensemble, on s'aime donc le reste ne sont que des détails. » dit-il ensuite. À l'écouter parler, il était la voix de la sagesse, toujours là à trouver exactement ce qui cloche et à le décrire comme si c'était une chose si facile à guérir. J'avais visiblement l'impression que notre relation engendrait énormément de problèmes, mais le pire dans tout ça c'est que ce n'est que moi qui les voit. Pour Rafaël, tout est simple : je l'aime, il m'aime, on est ensemble. Point barre. Pour moi, dans ma psychologie féminine, il y a toujours pleins d'autres facteurs qui s'ajoutent à ça : notre famille, le drame qu'il a vécut, le temps qu'on a mis à se mettre ensemble, le mal que j'ai à l'avouer à nos proches... Pour moi, ce n'est jamais blanc ou noir, c'est toujours gris bleuté tirant sur le brun. « Dans nos cours, ils nous montrent comment réduire un problème à sa plus petite équation. » commençais-je, doucement, toujours blottit contre lui. « Ils disent que la plupart des clients qui consultent ne viennent que pour un seul problème alors que, dans leurs têtes, ils sont convaincu qu'ils font face à une multitude de problèmes... On apprend que c'est souvent qu'une seule chose qui engendre la malade psychologie... » tout en parlant, je m'analysais peu à peu, essayant de comprendre d'où venait le réel problème. Je leva la tête pour regarder Rafaël dans les yeux. « J'ai peur de ne pas être acceptée. Par mes parents ou par toi, peu importe. J'ai peur de me faire dévisagée dans la rue, d'entendre les gens chuchoter dans mon dos... L'image que les gens ont de moi est tellement importante que je ne voudrais les décevoir. Et pourtant, ça devrait être la moindre des mes préoccupations. » avouais-je finalement. Ce n'était pas tant un manque de confiance, mais bien plus la peur grandissante que mes parents ne m'acceptent plus et qu'ils me voient différemment... +

À cet instant présent, l'un contre l'autre, tout me semblait si parfait. Et pourtant j'étais bien loin de rendre la chose simple et facile comme elle l'est présentement. J'écoutai attentivement Rafaël parler, sachant très bien qu'il était le plus sage de nous deux. Il avait toujours eut les bons mots, les bonnes décisions. Encore une fois, en l'écoutant, je me rendais compte qu'il n'y avait aucun problème dans notre relation, ni même dans la façon dont mes parents me perçoivent. Quand c'est lui qui le dit, tout semble si simple. Il sait exactement quoi dire pour que je cesse de me torturer l'esprit et encore cette fois, il sut trouver les bonnes paroles.

« Je sais que tu as raison, Raf. Mais tu sais comment je suis. Incapable de dédramatiser et de rendre les choses simples... » dis-je sur un ton de confession. Oui, c'est vrai, j'ai toujours été celle qui complique tout et c'est exactement ce que je suis en train de faire présentement. Même si je sais que les choses pourraient être si simples, je me donne toujours un mal de chien à les rendre plus complexes. C'est probablement du à la fatigue de toujours trouver des problèmes où il n'y en a pas que j'ai cette baisse de moral, présentement. Je pris une grande respiration avant de poursuivre. « Je ne veux pas te perdre, Rafaël. Pas après tout ce temps. Et si pour te garder près de moi je dois enfin affronter mes peurs, je le ferai. En autant que tu sois près de moi à ce moment là... ». Je sais très bien qu'il ne me laissera pas tomber et qu'il m'aidera à traverser les prochaines étapes, mais j'ai quand même besoin de l'entendre me le dire. « Tu seras présent, hein ? » demandais-je, juste pour me rassurer un peu plus.