barefoot in the shallow creek (byron)

Byron était derrière le volant, Isaiah avait proposé de leur préparer l’itinéraire pour se rendre à destination en bus, mais son ami avait insisté pour les reconduire. Généralement, l’artiste privilégiait le transport à vélo ou bien le transport en commun, mais pour le vélo, le Lac Proserpine ça commençait à faire pas mal loin et en transport en commun, il fallait plusieurs transferts et ce n’était pas efficace, fort malheureusement. Que Byron conduise était alors le choix le plus pratique et Isaiah céda, se disant qu’au moins ils covoituraient. C’était un trajet d’une heure, environ, pour se rendre à l’aire de pique-nique du lac où on pouvait également louer des planches à pagaie, canots, kayaks ou autres embarcations du genre. Les deux amis avaient décidé de passer un après-midi un peu plus sportif et, peut-être, passer le reste de la soirée à la ville de Proserpine elle-même, pas trop loin du lac du même nom.

Depuis que la petite Harper était née il y avait de cela six mois, Isaiah n’avait pas pris beaucoup de temps pour lui. Aisling non plus, d’ailleurs. Ils étaient tous les deux une équipe de feu, sans contredit, pour s’occuper de Siobhan (la fille d’Aisling) et de Harper (leur fille à eux deux). Cependant, ils avaient voulu se rappeler qu’il était également important qu’ils pensent à eux et qu’ils ne se perdent pas en tant qu’individus. Isaiah avait alors proposé que de temps en temps, ils s’offrent à l’un et à l’autre des journées libres. Aujourd’hui, c’était au tour de l’ébéniste, et Aisling était restée à Bowen avec les deux petites pendant que lui s’en allait avec Byron profiter de la journée. Ils étaient bien tombés, pour la date et la météo. Il faisait grand soleil.

« Ça t’dérange qu’on s’arrête au prochain service au volant pour un café ? Sinon, tu risques de devoir ramer pas mal seul ou alors de m’attendre constamment. » Ils n’avaient pas encore décidé de l’activité officielle sur le lac. S’ils étaient en canot ensemble, Byron allait forcer tout seul. S’ils étaient en kayak solo ou en paddleboard, Isaiah traînerait de la patte. Être nouveau papa, c’était forcément synonyme de sacrifier des gros bouts de sa nuit. Un peu d’activité physique lui ferait sans doute du bien à ce niveau-là.

Nous sommes en partance pour une virée avec mon ami Isaiah. J’en suis très content, ça fait longtemps que je n’avais pas pris l’air. Je pense que cette journée va nous faire du bien. Le travail, c’est bien, je suis passionné par ce que je fais, mais coincé en train de corriger des devoirs de mes élèves durants des journées et des soirées entières, c’est cuisant. C’est surtout le fait de passer une journée avec mon pote qui me fait plaisir. Une journée entre hommes que demander de plus ? Je m’entends très bien avec lui, il est ouvert d’esprit. Je peux discuter de tout avec lui, parlé, c’est bien, mais se confier, c’est encore mieux. Ce que j’aime chez Isaiah, c’est qu’il n’est jamais dans le jugement, il est toujours prêt à m’aider en cas de problème. Je suis en relation de trouple avec deux femmes une situation un peu étrange aux yeux des gens quand j’en parle à mon entourage,mais Isaiah me comprend. Il a même rencontré les deux jeunes femmes il y a quelques jours. Ça, c’est bien passé, j’avais un peu une boule au ventre, le jeune homme aurais pu changer d’avis sur ma relation, mais heureusement, ce ne fut pas le cas. Je suis attaché à mon amitié avec Isaiah donc si quelque chose ne lui plaît pas de ce que je fais avec les deux jeunes femmes. C’est important pour moi que je le sache. Il ne m’a jamais regardé de travers, ni même fait une réfection. Franchement, Isaiah est top sur ce coup-là. Je suis donc en voiture, avec lui, conduire est un véritable plaisir, surtout avec de la bonne voiture, de préférence un bon son rock en fond de balle, mais là, je suis en bonne compagnie donc je n’ai pas besoin de mettre de musique. Mon ami veut qu’on s’arrête prendre un café, je ne suis pas contre. Je suis sûr que ça va nous faire du bien, puis sa tombe bien, j’avais besoin de me dégourdir les jambes un peu. De plus, je pourrais envoyer des messages à mes deux petites femmes durant cette pause bien méritée. Je sais que j’avais promis de les laisser tranquilles, mais c’est plus fort que moi, j’avais besoin d’avoir de leur nouvelle ou tout simplement leur parlé. Je regarde mon pote Isaiah puis je lui réponds. Oui, c’est une bonne idée surtout que j’en vois une pas loin, heureusement que tu viens de me demander de m’arrêter sinon je serais passé devant. Dis-je en souriant, puis je m’arrête devant la station avant de sortir de la voiture. Franchement, merci pour cette sortie, j’en avais grandement besoin. Dis-je en souriant, protecteur, je sors mon téléphone de ma poche, puis je me rends compte qu’elles avaient déjà téléphoné pour avoir des nouvelles, comme quoi tous les trois, nous sommes vraiment liés.

Isaiah et Byron n’avaient pas forcément besoin de parler, ils n’étaient pas de ceux à ne pas savoir apprécier le silence. Il y aurait toujours de la musique à mettre à fond la caisse si le silence les pesait, tous les deux avaient une préférence pour le bon vieux rock alors ils ne se disputeraient pas sur le choix musical, mais pour le moment ni l’un ni l’autre n’avait envie de briser ce moment. Ils discutaient de temps en temps ou alors laissaient leurs regards se perdre, celui de Byron sur la route devant eux et celui d’Isaiah sur le paysage qui défilait à sa gauche. Après un moment, l’ébéniste proposa de s’arrêter pour un café, parce que sans sa dose de caféine il risquait dangereusement de ne pas pouvoir performer comme il faut lors de leurs activités nautiques de la journée. Il s’endormirait devant la beauté du Lac Proserpine, à la place, et Isaiah se doutait que ce n’était pas le genre de virée à laquelle Byron s’attendait. Son ami accepta donc de s’arrêter à la prochaine station service pour que l’artiste se redonne un peu d’énergie liquide. « J’aurais pu attendre à la prochaine sans souci, mais j’t’avoue que de me savoir si près du but, là, j’veux bien qu’on arrête à celle-ci. » Déclara le jeune papa avec un sourire. Byron se stationna donc face à la station après avoir pris la sortie d’autoroute vers l’établissement. Avant de sortir de la voiture, il remercia Isaiah pour cette proposition de sortie. « J’en avais grandement besoin aussi, ça tombe bien. J’adore les trois femmes de ma vie mais un petit moment pour moi ne fera pas de tort. » Il sourit, baissant ensuite les yeux vers le téléphone de Byron qui avait des appels manqués. « Et toi, pourquoi t’en avais grandement besoin ? Pas de problème avec tes femmes de ta vie à toi, j’espère ? » Demanda-t-il en désignant le téléphone d’un rapide hochement de tête.

Il y a quelques semaines, j’avais eu un accident de moto. Heureusement, ce n’était pas très grave, mais j’avais été idiot ce soir-là, car j’avais bu de l’alcool. J’avais roulé à toute vitesse sur la route, je dois avoir un ange qui me surveillait au-dessus de ma tête cette nuit-là, car il y avais personne sur la route. Je m’étais disputé avec mes deux petites femmes, donc sur le coup de la colère, j’avais pris la moto pour me vider la tête comme à mon habitude quand il y avait une scène de ménage à la maison. Elles ne voulaient pas que je parte, car j’avais bu, mais je suis quelqu’un
de têtu, il est difficile de me faire changer d’avis encore moins quand je suis bourrée. Je leur avais promis de ne plus boire, car c’était dangereux, le mélange alcool est colore ce n’est jamais bon signe. Je ne referais plus jamais ça, elles étaient vachement inquiète pour moi. Je n’avais jamais vue des personnes qui avaient autant peur pour moi, mais tout finissait bien. Elles se sont occupé de moi, la rééducation, c’est bien déroulé, j’avais la chance d’avoir deux petites infirmières à mes côtés, c’était plutôt cool. D’ailleurs, j’en jouais avec mon air coquin. Bien sûr, elles avaient enfilé la tenue d’infirmière pour me prendre en charge du coup, j’en avais presque oublié la douleur. J’avais des calmants à prendre, mais les médicaments, je déteste ça, mais j’ai dû prendre sur moi, sinon je pouvais dire adieu à mes deux petites infirmières. Suite à cet accident, j’ai dû vendre cette moto, sa m’avait fait mal au cœur de le faire, car j’y était attaché, mais pour mes deux chéries, je me devais de le faire. Je regarde mon ami en souriant avant de lui répondre. Tu m’étonnes, dis-je en souriant doucement. Je peux te comprendre, un moment entre hommes, c’est cool aussi. Dis-je en  souriant à nouveau. Non t’en fait pas tout va bien, c’est juste que des fois, j’ai besoin d’un moment avec mon pote, j’adore passer du temps avec elle, mais être avec son pote ce n’est pas du tout la même chose. Dis-je avant de poursuivre, j’ai besoin de me sortir de cette relation de trouple de temps à autre. Dis-je en soufflant, puis il y a eu cette dispute l’autre soir, car j’avais bu et que j’avais un léger accident de moto rien de grave, tout s’est arrangé entre nous.

Si Isaiah avait su pour l’accident de moto et la consommation de boisson de Byron – il ne tarderait pas à l’apprendre -, il aurait filé à l’hôpital mort d’inquiétude, mais dès qu’il aurait constaté que son ami était hors de danger, il l’aurait également grondé. Le jeune homme, sans encore le savoir, se réservait cela pour plus tard, pour maintenant, à vrai dire, lorsque la voiture fut stationnée devant la station service où le café d’Isaiah l’attendait. Avant de pouvoir se faire couler le liquide chaud dans sa tasse réutilisable qu’il avait évidemment apportée avec lui, l’ébéniste avait questionné Byron sur ces messages qu’il recevait sur son téléphone. Soucieux que son ami ne soit pas en train de mettre de côté une conversation importante juste pour ne pas paraître impoli, Isaiah le questionna un peu sur les deux femmes qui étaient restées à Bowen pendant leur escapade entre hommes. Il se doutait qu’il s’agissait d’elles, à l’autre bout du téléphone. «  Ouais, c’est normal. Être en couple ça ne veut pas dire passer 100% de son temps ensemble. C’est juste sain de continuer à voir ses amis. Le contraire ne le serait pas vraiment, sain. » Et pourtant ces derniers mois, Aisling et Isaiah avaient été ensemble presque en permanence. En même temps, avec un nouveau-né, c’était difficile de faire autrement. Ils avaient quand même réalisé la nécessité de passer du temps séparément, d’où cette idée de s’octroyer des « journées de congé », si on veut. Byron expliqua alors à Isaiah la dispute à la suite de l’accident de moto. « T’es ok ? Tu t’es rien cassé ? » Demanda d’abord le jeune homme, les sourcils froncés d’inquiétude, et ensuite de consternation. « T’sais, t’es mon pote et j’t’adore, mais qu’est-ce qui t’as pris de prendre la route en ayant bu ? Non seulement t’aurais pu te tuer toi, mais aussi les autres sur la route … » Une tragédie était si vite arrivée. Raison de plus pour laquelle Isaiah n’aimait pas conduire, en plus de la pollution. Il y avait bien trop d’accidents de la route. Les gens étaient insouciants, inconscients. Il était attristé de constater que Byron avait fait cette erreur-là.