Game night + Jules

La maison de Léo était silencieuse, là où, quelques minutes plus tôt il y avait encore des rires d'enfant et des discussions animées. Quelques Lego traînaient encore ça et là dans le salon, mais plus de petit garçon pour les rendre vivants. Jonah était parti chez sa maman le temps de quelques jours, une semaine chez l'un, une semaine chez l'autre. C'était un concept que Léo avait de plus en plus de mal à supporter, surtout depuis qu'Alba et Jon avaient élu domicile à Bowen voilà un peu plus d'un an, encore plus maintenant que les deux ex s'étaient remis ensemble. Il trouvait ça stupide de les laisser partir tous les deux alors qu'ils pourraient simplement être trois, tous les trois, une famille. Ca lui foutait la trouille, de passer ce cap, alors il n'en parlait pas, pourtant, au fond de lui c'était ce qu'il voulait. Alors, régulièrement, pour combler la solitude et le manque qui lui pesait, mais aussi pour profiter de ses moments en célibataire, il faisait des soirées. Parfois chez d'autres, parfois au bar, parfois chez lui, il aimait la compagnie, il profitait de ses amis. Ce soir il attendait Jules, depuis quelques semaines c'était presque devenu un rituel, ils se rejoignaient chez Léo pour jouer à la console, comme deux ados. C'était un prétexte comme un autre pour se retrouver, une façon de discuter, de renouer ce lien qu'ils avaient perdu un temps alors qu'ils avaient toujours été très bons amis. Le dérapage d'Emerson avec Charlie lorsqu'ils étaient gamins aurait pu avoir raison de leur amitié, il les avait clairement éloigné, un temps, mais heureusement les années avaient fait leur œuvre et à présent c'était oublié. On frappa à la porte et Léo posa son téléphone sur la table du salon pour aller ouvrir. Il accueillit Keynes avec un grand sourire et une accolade chaleureuse. Comment tu vas Jules ? Prêt à souffrir ? Léo avait acheté quelques jeux pour sa PS5, ils pourraient jouer en réseau, comme ça se faisait maintenant, mais il détestait l'idée, après tout, lui, enfant des années 80, il jouait à la console pour être avec ses potes, dans la même pièce, pas par écrans interposés. Il ne jouait pas pour la gagne, même s'il adorait défier Jules, tous les deux se moquaient bien de qui allait remporter la partie, du moment qu'ils passaient un bon moment.

@Jules Keynes

Cette soirée était dédié à ton vieil ami Léo, ce soir. Une bonne soirée jeux vidéos à l’ancienne. On croirait en vous regardant que vous n’aviez pas grandi depuis votre adolescence et pourtant, des choses s’étaient passés. Quand ton ami d’enfance avait flirté avec ta soeur, ça t’avait pas trop plus sans mentir. T’en avais même voulu au jeune Emerson. Mais le temps était passé, l’eau avait coulé sous les ponts. T’avais passé plusieurs jours chez ta soeur jumelle, après la perte de son bébé. Tu ne voulais surtout pas qu’elle reste seule après ce traumatisme. Alors quand Léo t’avait proposé de passer la soirée avec lui, tu avais accepté sans hésitation. Sur la route pour aller chez lui, t’avais acheté quelques cochonneries pour passer un bon moment. Pas d’alcool pour toi, mais une bonne bouteille de soda et quelques petits trucs à grignoter. Rapidement, tu te trouvais chez ton ami et tu frappais à la porte. Non longtemps plus tard, il venait t’accueillir à la porte. « Ça va et toi mon vieux ? » demandas-tu en répondant à son accolade. « Prêt à souffrir ? C’est toi qui va manger la poussière, ouais ! » dis-tu avec un rire et un petit regard de challenge. Tu rentrais dans la maison et tu posais ton sac sur la table. Dans ce dernier, il y avait tes petits achats que tu avais fais à l’épicerie quelques minutes avant d’arriver chez lui. « J’ai emmené de quoi nous sustenter, c’est pas de la grande cuisine, certes, mais ça se mange » dis-tu en sortant le paquet de chips et quelques cochonneries en plus.

Charlie avait perdu son bébé, ça avait ébranlé son ami à bien des égards, même s’il ne disait trop rien, elle avait suffisamment à faire de sa peine pour qu’il y rajoute la sienne. Mais Léo aussi avait perdu un enfant, quelques années plus tôt, avec une femme qu’il avait aimée plus que tout et cette fausse couche avait brisé leur couple. Et au-delà de cette histoire qui lui était propre, il se sentait si mal pour son amie, pour ses amis, puisqu’il comptait aussi Woody dans l’équation. Deux personnes qui avaient eu leur lot d’emmerdes dans la vie pour ne pas subir ce deuil en plus, comme si le destin s’acharnait. On était dans une période un peu morose et il savait bien que Jules, même s’il en parlait peu, vivait aussi assez mal cette épreuve, après tout, il était le jumeau de Charlie, son double, sa moitié, la moitié d’un cœur meurtri. Alors cette soirée jeux vidéo c’était la belle échappée, leur moment de légèreté à tous les deux. Ça va pas mal, entre ! Il leva les yeux au ciel face à la répartie du jeune Keynes, il n’y en avait décidément pas un pour rattraper l’autre ! Léo le laissa entrer, Jules connaissait bien la maison. Il le regarda déposer son petit bazar, en effet, pas de la grande cuisine, ça manquait de bière au goût de l’australien, mais au pire il en avait bien dans son frigo. Et puis il savait que le régime du français était strict. J’ai commandé des pizzas pour dans une heure, ça complètera notre soirée gastronomique. Léo aimait la bonne cuisine, il n’était d’ailleurs pas mauvais derrière les fourneaux, mais pour ce genre de soirée il transigeait volontiers à ses habitudes. J’ai quelques canettes de soda au frais pour commencer si tu veux. Et ils allaient pouvoir se mettre devant l’écran pour commencer à s’amuser.

C’était un moment difficile en ce moment chez les Keynes. Enfin surtout chez Charlie. Mais tu avais été là pour elle, autant que tu pouvais l’être. Elle avait besoin de toi, et tu donnerai ta vie pour elle. Et tu lui avais montré ces quelques jours où tu avais passé ton temps chez elle à l’aider. Vous n’aviez pas forcément parler de l’évènement fâcheux mais tu avais été là pour elle et la soutenir. Léo t’avait proposé une soirée et bien sûr que tu avais accepté. Ça te permettait de te changer les idées et surtout de faire autre chose que de penser à la fausse couche de ta soeur. T’avais besoin d’un copain et Emerson était là, comme à son habitude. Il arrivait à pic quand tu en avais besoin. Tu entrais dans la maison du jeune homme et tu posais ton butin sur la table du salon. Des pop-corn, des bonbons, des chips, des sodas, il n’y avait que des trucs gras et sucrés pour vous faire une soirée comme quand vous étiez adolescents. Et c’était exactement ce qu’il te fallait. « C’est parfait ! » dis-tu avec un grand sourire quand il te dit qu’il avait commandé des pizzas. C’était exactement ce qu’il manquait à votre soirée jeux vidéos. « J’vais nous en chercher, en mettant celles-là au frais » dis-tu en allant vers la cuisine avec ton pack de canette. Tu en prenais deux dans le frigo après avoir déposé les tiennes et tu retournais dans le salon. Il était bien sympa de boire du soda avec toi, mais tu n’en voudrais pas au français s’il buvait une bière. « Bon, j’t’éclate à quel jeu ce soir ? » demandas-tu en lui tendant la canette que tu lui avais prise. Tu prenais place sur le canapé en t’affalant dessus.

Léo connaissait les Keynes depuis toujours, leurs parents qui s'étaient fréquentés à une époque, puis les enfants qui étaient restés amis avec le temps. Même lorsqu'ils s'étaient éloignés quelques années, le photographe avait toujours plus ou moins de nouvelles des jumeaux et depuis leur retour à Bowen ils avaient renoué un lien fort, comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Plus avec Charlie qu'avec Jules, il fallait l'admettre, Léo se confiait plus à la blonde qu'à son frère, il se sentait plus proche d'elle, sans trop savoir pourquoi, il ne cherchait pas forcément à comprendre, il savait d'expérience que les affinités évoluaient avec le temps, en même temps que nous changions tous un peu. Du moment qu'il n'y avait plus aucune ambiguïté entre les deux français, ça ne faisait pas de mal qu'ils passent du temps ensemble. Quant à Jules, Emerson avait l'impression de retrouver sa jeunesse et son insouciance auprès de lui, comme deux gamins ils ne se prenaient pas la tête, ils ne parlaient que très peu de la maladie de Keynes, jamais trop de contrariétés, préférant largement chiller ensemble, comme si les emmerdes du quotidien n'existaient plus quand ils étaient tous les deux. Ce qui était faux, évidemment, mais ça leur faisait du bien. Et ce soir c'était le programme, jeux vidéos et malbouffe ! Léo laissa son ami gérer les boissons, il connaissait la maison. Tandis que lui allumait déjà la télé et la console en ouvrant les paquets de chips. Le photographe n'était pas tellement passionné par la technologie, mis à part son matériel photo, qu'il voulait toujours récent, il n'avait pas grand chose chez lui. Il avait deux consoles, une PS5 et une autre plus ancienne, vintage qu'il disait, qui lui rappelait son adolescence et les heures qu'il passait à jouer avec ses potes. Il avait donc tout un tas de jeux, sportifs, de stratégie, même des Mario, ceux-là il avait hâte d'y jouer avec son fils ! Ne rêve pas trop, Keynes, j'me suis entraîné depuis la dernière fois ! Fais toi plaisir. Il fallait avouer que le dernier soir il s'était fait battre lamentablement par Jules. Mais ce soir il le sentait bien, ce serait sa soirée ! Alors comment tu vas en ce moment ? Qu'il demandait alors que l'autre choisissait un jeu dans la collection.

Léo c’était le gars qui te rappelait ton adolescence, ton insouciance. Même si tu avais ta maladie depuis toujours, quand tu étais avec le français, tu oubliais toujours que tu étais malade. C’était parce que vous passiez des moments agréables, hors du temps et que vous ne parliez pas de mucoviscidose à tout bout de champs. Tu étais ta soeur, mais elle se faisait beaucoup trop de soucis là dessus, sur ta maladie, tes médicaments et tes visites à l’hôpital. Ton amitié avec Léo avait été en dent de scie quand il avait fréquenté ta soeur, en France. Mais depuis que vous vous étiez retrouvé ensemble à Bowen, c’est comme si vous étiez redevenu les mêmes ados insouciants de l’époque. Et puis c’est même grâce à lui que tu avais trouvé un job au journal , à l’époque. Tu allais te servir dans la cuisine, des boissons que ton ami avait mis au frais avant que tu arrives. Tu connaissais cette maison comme ta poche maintenant. « Entraîné ou pas, j’te bats à plaaaaaat de couture » dis-tu sur un air un peu trop sûr de toi. Tu passais ton temps à jouer au jeux vidéos avec tes colocataires, en même temps. Alors c’est peut-être pour ça que la dernière soirée, tu avais gagné. Mais bon, tout peut arriver et tu peux te faire surprendre par le photographe. Tu lui tendais une cannette et tu te posais à côté de lui sur le canapé. « Ça va, j’étais au festival y’a quelques semaines, pour le journal c’était trop bien ! » dis-tu totalement enjoué. T’avais passé un bon moment là-bas, à couvrir l’évènement. Tu n’avais pas été pris pour aller à Chamonix et parler de ce qu’il se passait là-bas pendant les fêtes mais ça t’allait très bien. « Et toi alors, quoi de neuf ? » demandas-tu simplement à ton ami de toujours.

La maladie, au sens large, c’était un véritable tabou pour Léo. Il avait toujours du mal à accepter le diagnostic de Woody, il avait tenu bon, sans savoir comment, durant quelques années quand sa petite amie était malade, mais quand la leucémie l’avait emporté il avait simplement fui, durant une année entière, refusant de l’accepter. Lui restait borné sur l’idée qu’on ne pouvait pas mourir jeune, qu’on avait toute une vie à vivre et que la maladie c’était pour les vieux. Il avait ce sentiment d’injustice lorsqu’il y pensait et c’était plus simple, pour lui, de refuser d’admettre que ça puisse exister. Pourtant la maladie de Jules était bien réelle, il était né avec et elle finirait par l’emporter, il le savait, mais il ne voulait simplement pas y penser. Comme si ça pouvait simplifier les choses. Evidemment, sa plus grande peur serait que son fils tombe malade, mais ça, c’était tout bonnement impossible. Ce soir, donc, comme à son habitude, il n’aborderait pas le sujet, ils passeraient un moment agréable, comme ils savaient le faire et ça leur ferait du bien. Joue donc, avant de fanfaronner, on verra bien qui gagnera ! Léo s’en moquait bien, de se faire encore descendre par son pote, ce n’était pas le but de la rencontre. Même s’il serait tout de même bien content de le battre cette fois, ça flatterait son égo. Mais il savait que Jules s’entraînait bien plus que lui alors rien n’était encore gagné pour le photographe. Ah ouais, le festival avait l’air plutôt sympa ! Je n’ai pas eu le temps de m’y rendre, je suis parti dix jours en Thaïlande, ça tombait à ce moment-là. Mais à choisir, entre un festival de musique et dix jours en tête à tête avec Alba, il savait qu’il n’aurait pas à regretter son choix. Et il ne le regrettait pas ! L’ambiance était bonne ? Les groupes ? Il avait vu l’article sur le journal de Bowen, sans faire attention que c’était Jules qui l’avait écrit. Rien de très neuf tu sais. Après notre petit Noël à Brisbane on va s’envoler pour la France avec Alba et Jon, elle m’a convaincu de participer au séjour organisé par la ville. Ca ne l’enchantait pas plus que ça, mais si ça pouvait faire plaisir à sa copine, alors il avait dit oui. Tu y vas aussi ? Qui sait, avec quelques potes dans le cortège, ça pourrait être plus attrayant.

Ces moments détente avec Léo te faisaient du bien. Votre amitié avait évolué avec le temps, et elle était tellement bénéfique maintenant. Pas de conversation sur les hôpitaux, les médicaments et les traitements innovants contrairement aux conversations avec ta soeur jumelle ou avec certains de tes amis. Les gens s’inquiétaient pour toi, d’accord, mais t’en avais marre. Tu voulais juste être un humain comme les autres. Les soirées jeux vidéos et malbouffe c’était parfait. Tu riais à la phrase de ton ami et tu attrapais une manette en te posant sur le canapé. Avant de commencer à jouer, tu prenais une gorgée de ton soda que tu posais sur la table basse ensuite. Tu expliquais à Léo que tu avais couvert le festival pour le journal de la ville, il y a quelques semaines. « En même temps, quand est-ce que tu es vraiment là, Emerson ? » dis-tu avec un léger rire. Tu savais que ton ami avait la maladie du voyage et qu’il ne pouvait pas tenir en place à Bowen. Même si Jonah était ici, il avait besoin de bouger et tu le comprenais totalement. « J’suis pas un grand connaisseur de musique mais c’était sympa, il y avait des groupes locaux qui étaient vraiment chouette en tout cas ! » dis-tu en hochant la tête à ton ami. T’en avais même fais un vlog pour ta chaîne youtube, qui avait fait pas mal de vue. C’était un moment sympa, et tu avais eu la chance de voir le festival depuis les coulisses en plus de ça. Ensuite, tu demandais à ton ami comment ça se passait pour lui dans sa vie. « J’ai trop hâte de faire Noël avec vous » dis-tu avec un petit sourire en coin. Noël c’est toujours compliqué chez les Keynes. Mais avec Alba et Léo, vous aviez trouvé une nouvelle famille qui vous accueillait à bras ouvert. « Ohhh c’est super ça, que vous partiez tous les trois à Chamonix ! Jon a déjà skié ? » demandas-tu à Léo, presque excité alors que tu ne partais pas avec eux. « Non, je reste à Bowen, j’ai du mal avec le froid, je préfère rester au soleil pour le Nouvel An et puis… j’veux pas laisser Charlie seule » avouas-tu au photographe.

Peut-être que Léo avait tort d’agir ainsi, de se mettre des œillères pour ne pas voir la vérité en face. Mais visiblement Jules ne s’en plaignait pas, peut-être qu’il trouvait ça juste sympa d’avoir un pote qui ne le traitait pas comme un malade, mais simplement comme un homme parmi tant d’autres. Evidemment il n’allait pas le faire boire ou fumer, il allait respecter son traitement et tout le reste. Mais pour le photographe, son ami était tel qu’il était, avec sa particularité. Et ce soir ils allaient passer une soirée banale, à se gaver de gras et de sucre en s’abrutissant devant l’écran. Manettes en main, ils commençaient leur partie, clairement ils ne jouaient pas pour la gagne, aucun d’eux n’était réellement concentré sur le jeu. T’exagère, ça fait un moment que je me suis calmé sur les voyages ! Il n’acceptait plus les longs contrats, les séjours interminables. Ça lui manquait, il ne pouvait pas le nier, mais il avait un fils qui comptait sur lui à présent, alors partir des mois entiers ce n’était plus aussi simple qu’avant. Il composait donc avec cette nouvelle vie. Au moins tu t’es amusé et il y avait un truc sympa à Bowen, autre que les habituels soirées dansantes soporifiques proposées par monsieur le maire. J’imagine que ça a bien marché sur les réseaux ! Léo connaissait l’influence que Jules avait sur YouTube, il ne suivait pas vraiment tout, parce qu’il ne prenait pas le temps de se perdre sur ce média-là, lui il alimentait son site internet et son compte Instagram, c’était déjà assez chronophage, mais en tant que photographe il devait lui aussi montrer un peu son travail par ce biais-là, c’était comme ça que la communication fonctionnait aujourd’hui. Il sourit, Noël promettait d’être animé avec les Keynes chez les Jensen. Léo espérait être moins maladroit qu’au réveillon de l’an passé, même s’ils en avaient bien rigolé au final, ça restait un bon souvenir. J’appréhende un peu, un Noël chez les Jensen, ça sonne comme une présentation en bonne et due forme du gendre idéal. Sauf que, jusque-là, je n’ai clairement pas les pères dans ma poche avec notre passé, à Alba et moi… j’ai peur de tout faire foirer, comme d’habitude. Généralement il fuyait les réunions familiales avec les belles familles, ça arrangeait tout le monde, de toute façon Léo n’était pas le gendre idéal, il s’était fait à l’idée. Non je ne crois pas qu’il ait déjà skié. Il ne connait pas la France non plus, ce sera une première. Il tentait vraiment de se convaincre que ce voyage serait bénéfique pour tous les trois, mais au fond de lui il n’était pas plus enthousiaste que ça. Tu as raison, elle ne doit pas rester seule. Comment elle va ? Emerson prenait régulièrement des nouvelles de son amie, il était même allé jusqu’à tenter de secouer lui-même Woody pour les beaux yeux de Charlie, mais un avis extérieur, celui de son frère, ce ne serait pas de trop, il s’inquiétait pour elle.

Il était bien un des seuls à ne pas t’emmerder à cause de la maladie. Tout le monde te couvait et des fois un peu trop. Ta soeur, ta meilleure amie, Alba, tous tes proches. Tu savais qu’ils s’inquiétaient pour toi mais ils n’avaient pas à s’en faire, tu n’en avais pas encore fini dans cette vie, pas encore fini de les faire chier. Il comprenait que tu en avais marre qu’on te gave avec ça, ou simplement faisait-il abstraction de cette information. C’était aussi une chose possible. « Oui, c’est vrai que tu t’es calmé, j’te l’accorde » dis-tu avec un léger rire. Tu avais connu un Léo qui voyageait tous les quatre matins, qui partait d’aventure en aventure pour prendre de nouvelles photos, voir de nouvelles choses. Et tu l’enviais pour ça. Il avait presque fait le tour du monde, et tu trouvais ça extraordinaire. De ton côté, tu ne pouvais pas aller trop longtemps quelque part, il fallait qu’il y ait un hôpital à proximité et qui connaisse ton dossier. Seuls ceux de Paris, Sydney et Bowen te connaissaient bien. « J’avoue oui ! Et puis j’ai fais un vlog qui a fait pas mal de vue alors j’suis content. Pas mal de gens m’ont posé des questions après sur Bowen, ils pensaient pas qu’un festival comme ça ai pu avoir lieu en ville » avouas-tu à ton ami. Il avait raison, le photographe, rares étaient les soirées bien organisées en ville. Surtout qu’un évènement comme celui du festival, il n’y en avait pas eu beaucoup. C’était surement une grande première, même. Vous parliez ensuite de Noël et tu ne pouvais pas t’empêcher de montrer ton excitation à Léo. C’était pas la première fois que vous passiez Noël ensemble, et puis c’était ta famille. Et tu ne voulais le faire avec personne d’autre qu’avec Léo, Alba, Jonah et Charlie. « Arrête d’être aussi pessimiste, mon pote ! Tu les as déjà rencontrés ses papas ? » demandas-tu ensuite. Tu aimais beaucoup le français, et tu savais qu’il assurerai à son poste de gendre. Mais ça, c’est parce que tu n’étais pas très objectif. « Sinon je vais devoir te remplacer en tant que genre idéal, j’sais pas si ça leur plairait ça » ajoutas-tu avec un léger rire. Tu demandais ensuite si le fils de tes amis avait déjà fait du ski auparavant. Mais apparemment non. C’était une première pour le petit Emerson. « Oh super, j’espère qu’il va aimer » dis-tu avec un petit sourire en coin. De ton côté, tu confiais au jeune homme que tu préférais rester à Bowen pour prendre soin de ta soeur. Tu soufflais à la question de ton ami. « Elle persiste à dire qu’elle va bien, mais je sais, je sens même, qu’au fond elle est en miettes » dis-tu en passant une main sur ton front. Ça te faisait tellement de mal, tu te sentais tellement désemparé face à la situation.

Si Léo s’était écouté, il l’aurait fait, le tour du monde, il aurait pris son sac sur son dos, attrapé son appareil photo et aurait tout photographié, il serait allé dans les contrés les plus reculées, dans les plus grandes villes, dans les steppes désertes où le vent frappait la poussière et sur l’immensité blanche de la banquise, il se serait extasié devant des animaux rares à observer, il aurait rêvé devant la beauté du monde et pleuré devant la bêtise des hommes, souvent. Il aurait vécu ce voyage intensément et qu’importe le temps que ça lui aurait pris. Mais la vie était bien différente des rêves fous du jeune homme qu’il était, elle était joueuse et blagueuse, elle l’avait mené bien loin de ses idéaux. Son plus beau voyage restera toujours celui en Thaïlande, il l’avait changé, il en était ressorti grandi et brisé à la fois. Et même s’il en gardait un goût étrange, il n’aurait de cesse de regretter d’y avoir mis un terme, jusqu’à la fin de sa vie. La paternité ça change un homme, que veux-tu ! Il n’en voulait pas à Jonah, avoir un enfant c’était un voyage en soi, un allé simple vers l’inconnu, mais il était si fier que ce petit garçon ait chamboulé sa vie. Bowen restait une ville calme qui faisait peu de vagues, alors il était persuadé qu’un Youtubeur un peu connu qui en parlait, ça remuerait un peu et c’était tant mieux. Et puis Jules faisait toujours un très bon travail. Tu m’étonnes, c’est pas tous les jours qu’on dépasse le nombre décibels autorisés ! Qui sait, Bowen sera peut-être le nouveau Coachella. Il exagérait un peu, mais sait-on jamais. En attendant que la ville devienne la nouvelle capitale hippie, ils allaient fêter Noël ensemble, Léo s’en réjouissait, même s’il se mettait trop la pression sur sa rencontre avec la famille d’Alba. Jules se moquait gentiment de lui, à juste titre. Non, jamais. Je les fuis depuis le départ. Même lorsque Jensen et leur fils habitaient encore à Brisbane, il s’était toujours débrouillé pour les éviter, il avait trop peur de lire le jugement dans leurs regards ou encore d’entendre à quel point ils étaient déçus qu’elle ait un jour eu un faible pour un garçon comme lui. Fais gaffe à toi, l’un des deux est vraiment coriace à priori ! Il rit à son tour, ça faisait redescendre un peu son stress à l’idée de les voir. Ensuite, après Noël, il était prévu qu’ils s’envolent tous les trois, Alba, Jon et lui pour les Alpes, la blonde y tenait beaucoup. Oui, je pense qu’il aimera, on lui fera prendre des cours de ski pour que ce soit plus facile. Même si Léo doutait que ça lui serve beaucoup, ce ne serait pas ici qu’il allait pratiquer. Le photographe se sentait tellement mal pour son amie, il savait que le pire n’était pas la perte de son bébé mais sa rupture brutale avec Woody. Et quelque part il savait que ça finirait comme ça, d’une façon ou d’une autre. Il va lui falloir du temps et beaucoup de soutien. Ils seraient là pour l’aider, Jules et lui. Et toutes les personnes formidables qui l’entouraient.

Tu savais que Léo avait fait beaucoup de sacrifices depuis la naissance de Jonah et qu’il aurait très bien pu passer sa vie à faire le tour du monde avec son appareil photo. Pour ça, tu le respectais énormément et tu l’admirais beaucoup. Il était un bon père, Emerson. « J’ai pas hâte que ça m’arrive, enfin… si ça m’arrive un jour » dis-tu avec un léger rire. Fonder une famille ce n’est pas trop dans tes plans vu que tu es malade et que tu as peur de faire du mal autour de toi. Tu sais qu’un jour tu ne sera plus là pour les gens que tu aimes et qui t’aiment et ça t’effraie énormément. Alors c’est pour ça que tu ne t’attaches pas, que tu ne cherches pas à avoir une relation stable avec une femme et que tu passes ton temps à t’amuser avec la gente féminine. Ce n’est pas pour te déplaire. Mais dans un coin de ta tête, reste une photo de toi et d’une potentielle famille un jour, qui pourrait se créer si seulement tu allais bien. Vous restiez sur des sujets plus léger comme le festival qui avait eu lieu à Bowen ces derniers temps et que tu avais couvert pour le journal mais aussi pour ta chaîne youtube. « C’est clair ! Et je pensais pas qu’un jour ça arriverai » dis-tu avec un rire à ton ami. Bowen était une ville très calme et quand tu avais vu le festival qui était en ville, ça t’avait un peu interloqué. Il ne se passe jamais rien normalement dans cette ville. Mais du coup, ce n’était pas pour te déplaire. Bientôt, c’était Noël et comme tous les ans, vous passiez les vacances ensemble avec Léo mais aussi Alba et Jonah. Pour Charlie et toi, ils étaient devenus une famille, une vraie. D’ailleurs le français n’avait encore jamais rencontré les parents d’Alba et tu trouvais ça un peu étonnant. « Pourquoi tu les fuis ? » demandas-tu innocemment à Léo. Tu te doutais pourquoi mais bon, tu voulais en être sur. Après tout, tu le connaissais bien Emerson, depuis le temps que vous vous connaissiez. « Héé, moi aussi j’suis coriace, tu vas voir j’vais les épater » dis-tu avec un faux sourire charmeur avant de rire. Non, tu ne voulais pas charmer les papas de ton amie, mais tu voulais que Léo se sente en confiance là-bas. Après Noël, ils partaient en famille à Chamonix, avec l’échange de la ville. De ton côté, tu préférais rester en ville pour prendre soin de ta soeur jumelle. « C’est le mieux » dis-tu avec un sourire. Jonah était bien un des seuls enfants que tu aimais énormément, parce qu’on sait que les enfants c’est pas trop ton truc. Puis quand vous veniez à parler de Charlie, tu t’enfonçais dans le canapé, rabattant tes jambes contre ton torse. « Je sais mais… » commenças-tu en laissant quelques secondes de suspens. « Mais je sais pas quoi faire pour la soutenir à part être près d’elle. Ça me tue de la voir mal comme ça, j’ai l’impression qu’il y a un trou dans mon coeur alors que je ne sais même pas à quel point ça lui fait mal… » dis-tu à Léo en te confiant. Tu étais mal, pas autant que ta soeur, et tu étais perdu dans ce que tu pouvais faire pour l’aider.

Avant Jonah, Léo s’était déjà retrouvé une fois dans une situation délicate face à la paternité. Personne ne le savait, ou presque, même lui avait mis des années avant d’être sûr de qu’il s’était vraiment passé. Il se souvenait de Blanche, cet été-là, ils venaient de rompre, encore, et lui avait pris le premier avion pour la France où il avait passé un été parfait. Mais à son retour la jeune Cambridge n’était plus la même et ce n’était pas juste à cause de la rupture, quelque chose s’était brisé en elle, sans qu’il comprenne quoi. Son père aussi, Peter, avait agit de façon étrange envers lui, il s’était montré odieux durant des jours. L’idée lui avait traversé l’esprit, quelques signes, un sentiment… elle était tombée enceinte, mais elle ne l’était plus. C’était une idée stupide, on ne tombait pas enceinte à seize ans… il avait balayé ses doutes et n’en avait jamais parlé. Il n’avait appris que bien des années plus tard qu’elle avait effectivement été enceinte de lui et que Peter l’avait obligé à avorter. Léo avait haï son père ce jour-là. Mais le mal était fait. Et à seize ans, comment aurait-il pu devenir papa ? Les femmes de sa vie étaient toutes tombées enceintes de lui par accident, Blanche, Grace, Alba, un avortement, une fausse couche et un bébé qui était devenu l’amour de sa vie. Léo n’avait jamais idéalisé ou rêvé a paternité mais quelque part, fatalement, elle le rattrapait toujours. A présent, la trentaine bien assumée, sa jeunesse derrière lui et avec Jonah et Alba dans sa vie, il songeait, rêveur, que si elle lui demandait un deuxième enfant il ne dirait sûrement pas non. Et cette fois il prendrait soin d’elle et de ce futur bébé. Il sourit en fixant l’écran sur lequel se jouait leur soirée. Il savait que le sujet des relations sérieuses était délicat pour Jules, que, plus que quiconque, il ne savait pas de quoi son avenir serait fait. On n’a pas forcément besoin d’enfant pour avoir une vie épanouie. Il s’était toujours dit ça, même s’il serait incapable, aujourd’hui, d’imaginer sa vie sans son fils. C’était drôle, pour Léo, d’imaginer sa ville se transformer tous les ans en festival géant, mais effectivement, il y avait peu de chances pour que ça arrive vraiment. Par contre, ce qui allait arriver et ce qui lui foutait vraiment la trouille, c’était la rencontre avec ses beaux-parents, il n’allait pas pouvoir y échapper. Parce qu’ils ne m’aiment pas, j’ai abandonné leur fille enceinte à Bangkok. Et puis après je l’ai trompée ! Il passa la main qui ne tenait pas sa manette dans ses cheveux, tic nerveux. Je suis le pire beau fils qui existe. Il en faisait des tonnes tellement ça l’angoissait. Il rit à la réflexion de Jules. Au pire tu te fais passer pour moi juste le soir de Noël, comme ça tu les charme et ils finiront par adorer le Léo qu’ils auront face à eux. Ça lui paraissait être un bon plan. Léo savait à quel point Jules aimait Jon, le petit garçon avait de la chance d’avoir des tontons et tatas comme Jules et Charlie. Même si Charlie n’était pas au mieux de sa forme actuellement. En étant près d’elle tu prends un peu de sa douleur, ça la rend peut-être plus supportable. Il faut surtout qu’on soit présents et le temps fera son œuvre, à force. Léo n’osait pas lui dire qu’il était allé confronter Woody pour Charlie et que ça avait été un échec cuisant, l’australien était au moins autant détruit qu’elle et ça faisait beaucoup de mal à Léo de faire ce constat.

L’avenir, c’était bien un truc qui te faisait peur. Jamais tu n’as pu répondre à la question : tu te vois où dans 10 ans ? parce que la réponse aurait été odieuse et surement mal prise par les gens. J’me vois enterré six pieds sous terre, près de ma mère est la seule réponse que tu pourrai donner. Alors avoir un enfant, tu n’y pensais même pas. Déjà, survivre à la maladie à ton âge, c’était quelque chose d’extraordinaire. Et tu te doutais que tes jours étaient comptés depuis quelques années. Malheureusement, tu ne pouvais pas savoir quand ça allait se terminer et si un jour tu serai guérie. « Je sais, la seule chose qui me faudrait pour être épanoui, c’est être débarrassé de cette putain de maladie » dis-tu, les yeux fixé sur l’écran de la télévision. Tu en avais assez pleuré de cette maladie, mais ça faisait du bien de mettre des mots sur ton ressenti aujourd’hui. Léo était quelqu’un sur qui tu pouvais compter quoi qu’il arrive, et te confier à lui était bien plus facile que te confier à n’importe qui d’autre. Charlie te ferait un sermon, ou bien elle essayerait de te rassurer au plus possible. Et c’était pas ce que tu voulais. Tu voulais juste parler librement de ton ressenti. La conversation basculait sur Noël avec les Jensen. Et quand Léo t’expliquait pourquoi les pères d’Alba n’étaient pas leur plus grand fan, tu faisais la moue. « Ouais d’accord, j’vois » dis-tu simplement. Tu pouvais comprendre le point de vue des Jensen du coup. Mais tu voulais que ton ami soit bien pendant cet évènement. Il le fallait, pour son couple avec Alba, pour son fils Jonah. « Mais naaaan, t’es pas le pire » dis-tu avec un léger sourire pour rassurer le brun. « Impossible, j’ai pas le charisme de Léo Emerson, tu peux pas me demander de faire ça » ajoutas-tu en riant de bon coeur. Tu seras là pour l’épauler, en tout cas, pendant cette soirée. Et tu feras tout pour qu’il se fasse aimer des papas de ton amie. Charlie, quant à elle, allait surement ne pas être dans son assiette pour le repas de Noël. Et tu ne savais pas comment l’aider à remonter la pente. « Le problème c’est que ça prendra trop de temps, et que ça va la détruire » dis-tu dans un souffle. Cette histoire te minait, tu ne savais pas comment réagir à la perte du bébé de ta soeur jumelle. « Si seulement l’autre pouvait l’aider à remonter la pente » ajoutas-tu en appuyant nerveusement sur ta manette comme si ça allait changer quelque chose à ton moral.

Léo aurait tout donné pour qu’il en soit débarrasser, de sa foutue maladie, Jules. Tout comme Woody aussi. Ils faisaient tous les deux partis des personnes les plus importantes de sa vie et tous les deux se battaient contre un démon qui, un jour, allait gagner. C’était insupportable pour le photographe qui n’était pas habitué à ça. Depuis toujours son père, avec son éducation discutable, lui avaient fait comprendre que l’argent pouvait tout acheter, qu’il faisait le bonheur si on savait bien l’investir. Et même si à l’âge adulte il ne partageait plus cette vision de la vie, Léo avait gardé ce réflexe de sortir sa carte gold lorsqu’il rencontrait une difficulté, pour offrir un cadeau trop cher à une femme qu’il aurait blessé, pour faire briller les yeux de son fils, pour s’envoler à l’autre bout du monde lorsqu’il voulait disparaitre ou même pour payer les yeux de la tête un spécialiste privé quand lui on sa famille en avait besoin. Il était persuadé que l’argent ne faisait pas le bonheur, mais il était ok avec le fait qu’il pouvait rendre la vie plus confortable. Seulement dans le cas de Jules, ou de Woody, même les meilleurs spécialistes du monde, payé au prix fort, en viendraient à cette conclusion, leurs maladies étaient incurables et ça, l’argent ne pouvait rien y faire. Je sais. Il avait répondu d’une voix éteinte, Léo ne parlait pas beaucoup de ce sujet avec Jules, il voulait bien l’écouter, c’était d’ailleurs la seule chose qu’il pouvait faire, mais que répondre à ça ? Ils connaissaient tous les deux l’issue. Alors Léo tendit le menton vers l’écran. Pour ce soir ce qui t’épanouirait ce serait de me battre à ce jeu, Keynes, mais pour l’instant t’en es encore loin ! Il le narguait, c’était la solution de facilité, mais c’était aussi pour ça que Jules passait la soirée chez Léo, pour la légèreté. Parce qu’il savait bien qu’avec son ami il n’était pas juste un mec malade, ce n’était pas important. D’ailleurs ils changeaient naturellement de sujet, ça ne faisait pas disparaitre la maladie, mais ça faisait du bien au moral. Enfin pas forcément pour Léo qui était lui aussi en proie à un démon tenace. Jules le connaissait bien, il l’avait pratiqué, ce Léo séducteur qui se foutait des conséquences, ça avait même failli leur couter leur amitié. Ouais, quand tu vois où il a mené mon foutu charisme ! Il ferait mieux de se taire un peu parfois. Ils savaient tous les deux que le naturel revenait pourtant toujours au galop. Et ils en riaient, parce qu’il valait mieux en rire, de toute façon ils verraient bien comment ça allait se passer à Noël. En tout cas Léo ne pourrait pas compter sur les bourdes de Charlie ou ses regards désapprobateurs, il savait que ces fêtes de fin d’année seraient difficiles pour la pâtissière. Le temps c’est tout ce qu’il lui reste, ça semble toujours trop long, je sais. Mais comme pour chaque deuil il faut en passer les étapes. Léo jeta un regard un peu plus nerveux à Jules qui s’énervait sur sa manette. S’il fallait choisir un camp il serait évidemment dans celui de Charlie, mais il ne pouvait être insensible à la peine de Woody. Il porte son chagrin lui aussi… ne l’accable pas trop. Il le défendait sans trop en avoir l’air, après tout, fut une époque où les deux australiens étaient les meilleurs amis du monde.