'Till the end, you're my very best friend ı Penelope

Penelope s'extirpe difficilement de son lit. Elle a encore des douleurs, dues à l'intervention qu'elle vient de subir. Un long soupir s'échappe d'entre ses fines lèvres. Si ce n'était pas pour Valentina, elle n'aurait pas fait l'effort de se lever pour prendre un taxi aller-retour jusqu'à l'aéroport. Tout est un peu embrouillé, pour Penelope, depuis qu'elle est arrivée à Brisbane, mais elle sait que son amitié pour Val' est indéfectible. Même douloureuse à s'en taper la tête contre les murs, elle se démènera pour sa meilleure amie. C'est pourquoi Penny se prépare tant bien que mal, après avoir pris des anti-douleurs comme on le lui a conseillé à la clinique. Elle est restée en observation pendant une journée supplémentaire, elle a eu un saignement inhabituel et a dû être surveillée un peu plus longtemps que prévu. On a fini par la renvoyer chez elle le surlendemain de son intervention, en lui promettant que tout irait pour le mieux. Et en lui précisant qu'elle ne devait pas hésiter à rappeler la clinique, si le moindre problème survenait. Valentina était censée arriver deux jours après ; une aubaine pour la blonde, désireuse d'avoir un peu d'aide psychologique et physique également. Elle est la seule à qui elle a pu avouer tout ce qui l'avait poussée à partir, et la réaction de son amie ne l'a pas étonnée. Du soutien et de l'amour, toujours. Enormément d'amour.
Penelope ferme à clefs la porte du petit meublé qu'elle a loué, et prend l'ascenseur jusqu'au hall d'entrée de l'immeuble. Son taxi l'attend déjà, le long du trottoir. Elle marche un peu mieux qu'à son réveil, aussi se permet-elle de se presser un peu, afin de ne pas le faire attendre davantage. La route jusqu'à l'aéroport est semée d'embouteillages. C'est quelque chose qui a vraiment fait prendre conscience à Penelope qu'elle ne se trouvait plus du tout à Bowen. Même Townsville était bien touchée par une telle densité de circulation.
Depuis trois semaines que Penelope a quitté Bowen, elle ressent déjà bien le manque de sa ville natale. Surtout des personnes auprès de qui elle évoluait. Elle se rassure en se répétant que c'est mieux comme ça, mieux pour elle, et mieux pour Marcus. Leur mariage était voué à l'échec, ils auraient fini par se séparer, lorsque Marcus aurait appris pour les réels désirs de vie de sa Penny. Si elle avait pu s'en rendre compte plus tôt...
Une fois à l'aéroport, Penelope sort du taxi et reste plantée là, les fesses appuyées sur la carrosserie. Valentina devrait tout juste avoir atterri, d'après la carte de vol qu'elle lui a transmise avant d'embarquer. Au bout d'une quinzaine de minutes, durant lesquelles Penny s'est tout de même rassise à l'intérieur du taxi pour ne pas trop se fatiguer, la brune finit par apparaître. Directement, Penelope se sent comme revigorée. Rien que de la voir est déjà une énorme bouffée d'oxygène. "Ma Val'..." souffle Penny une fois que son amie l'a prise dans ses bras et serrée presque plus fort qu'elle ne l'a jamais fait. "Trois semaines, c'est déjà trop !" commente-t-elle une fois qu'elle se sont séparées. "Je sais pas si je vais pouvoir te laisser repartir, hein..." déclare Penelope sur un ton taquin. Elle fait lentement le tour de l'arrière du taxi pour ouvrir le coffre à Valentina. "Tiens, pour ta valise... Leila n'était pas trop triste que sa maman s'en aille pour quelques jours ?" s'enquiert-elle alors que la brune est en train de mettre sa valise dans le coffre du taxi. Cela fait, elles peuvent toutes deux s'installer sur la banquette arrière et repartir pour l'appartement de Penelope, où du café est déjà prêt. "Je suis vraiment contente que tu aies pris du temps pour venir me voir..." souffle Penny, tout en attrapant les mains de sa meilleure amie de l'autre côté de l'habitacle. Elle grimace quelque peu, car cette position tire quelque peu sur son bas-ventre, lieu où le chaos de ces derniers jours s'est principalement joué.

"Remarque, ça vous donnera l'occasion de prendre quelques jours de vacances chez tata Penny ! Si tant est que ton cher et tendre promet de garder le secret sur ce que je suis devenue..." souligne Penelope, non sans une pensée pour Marcus, qui doit tout de même s'inquiéter plus que de raison pour sa femme. Elle est partie sans un mot, et ça ne l'étonnerait pas d'entendre parler de lui dans quelques jours par le biais d'un de leurs amis communs, ou par Joaquim. Penelope hoche la tête. Elle a beau ne pas vouloir enfanter, la progéniture de sa meilleure amie compte beaucoup à ses yeux, malgré les apparences. Rassurée sur ce point, la blonde prend à nouveau place dans le taxi avec, cette fois, Valentina de l'autre côté de la banquette. En proie aux hormones qui causent littéralement une guerre en elle en ce moment, Penelope est forcée de retenir les larmes qu'elle sent poindre au bord de ses yeux, tout en serrant davantage les mains de son amie dont elle vient de se saisir. "Et c'est pareil pour moi..." D'avoir ouvert la bouche a fait couler l'une de ses larmes, que Penelope essuie en riant d'une voix rauque. Il lui faut impérativement changer de sujet, et vite ! Assez de larmes... "Tu as adorer le meublé que je loue. C'est en attendant que je trouve un boulot, et que je lance mon entreprise à côté... Tu sais que j'ai toujours rêvé de voler de mes propres ailes et de ne dépendre de personne !" déclare la blonde. Le taxi s'est engagé dans le chemin retour, et la circulation semble bien moins dense qu'à l'aller. Parfait, car Penelope ne rêve que de retourner sous son plaid sur le canapé avec une tasse de café bien chaude...

"Je vous fais confiance, de toute manière." S'il y a bien des personnes en ce monde en qui Penelope peut avoir entière confiance, c'est Valentina et son mari. Il y a bien Joaquim, aussi, c'est sûr, mais Penny sait pertinemment qu'il la jugera sur son choix, et qu'il risque de la faire culpabiliser... Elle ne lui a rien dit pour le moment sur son avortement, elle lui a seulement fait promettre de ne pas révéler à Marcus qu'elle se trouvait à Brisbane. Auprès de Joaquim, elle a prétendu une simple sensation d'étouffement, et un gros contrat photo à la clef. Rien de plus. Elle se contentera de cette version, pour ne pas attiser les flammes.
Le changement de sujet relance une conversation un peu plus joyeuse, sur un tout autre ton. C'est ce dont Penelope a besoin : se changer les idées en compagnie de sa meilleure amie, son soutien le plus fidèle. "Tu serais d'accord pour être ma muse ces prochains jours ? J'ai un besoin infini de créer, et j'ai repéré une petite balade très facile qui me permettra de me remettre en selle doucement tout en préservant ma santé... Je risque d'avoir besoin d'un peu d'aide pour mes autoportraits, mais je veux tirer le tien en retour !" demande Penelope, alors que le taxi n'est pas loin d'arriver dans la rue qu'elle habite désormais. Il va lui falloir s'habituer à Brisbane, c'est là qu'est sa vie maintenant. Et commencer par en découvrir les environs plus ou moins sauvages semble tout indiqué à ses yeux. "Ah, nous y voilà..." Le chauffeur de taxi se gare en double file et indique à Penelope le prix de la course. Elle sort son portefeuille et lui donne les quelques billets demandés, avant de s'extirper de la voiture pour aider Valentina avec ses bagages. "Laisse-moi prendre ton sac à main, ça ne sera pas trop lourd et ça ne tirera pas trop sur mon ventre..." indique-t-elle une fois qu'elles sont toutes deux devant le coffre ouvert.

Il est souvent arrivé à Penelope de prendre ses amis les plus chers en photo. Elle a beau s'inspirer majoritairement de la nature, elle estime que les femmes en font partie intégrante, comme les branches d'un gigantesque arbre, qui se disperseraient en tous sens, prenant ses racines au plus profond d'une terre nourricière et fertile. C'est là l'une des thématiques sur laquelle elle voudrait baser son travail, et se développer en tant qu'artiste photographe déclarée comme tel. Travailler dans un studio ne lui déplaisait pas, mais Penelope souhaite avant tout créer sans contrainte aucune. Et surtout, pouvoir voyager à sa guise. Valentina fait partie de ces personnes qu'elle a souvent photographiées, et elle s'apprête à recommencer. C'est la moindre des choses qu'elle peut lui offrir, magnifique et authentique comme elle l'est.
L'heure est venue pour les deux amies de quitter le taxi. Penelope se contente de récupérer le sac de Valentina, qu'elle récupère non sans culpabilité. C'était son choix, de mettre fin à la vie qui commençait à s'installer au fond de son ventre, aussi doit-elle en assumer les conséquences et la convalescence qui en découle. "Et moi je suis curieuse de savoir ce que tu vas en penser !" répond la blonde, en prenant ses clefs pour ouvrir la grande porte de l'immeuble. Elle a quelques difficultés à la pousser étant donné son poids et s'appuie sur sa jambe droite pour réussir à l'ouvrir tout à fait, histoire de permettre à Valentina de passer sans encombres. Cela fait, elles peuvent se diriger vers l'ascenseur. "Je verrai si je reste longtemps ici ou non... Si ça se trouve, je vais tellement me plaire dans le quartier que je vais garder longtemps cet appartement !" déclare Penelope en souriant légèrement. Elle ne s'est pas encore souciée de la décoration et de la personnalisation de ces lieux ; de toute façon ce n'était pas du tout à l'ordre de ces derniers jours. Elle devait surtout penser à sa santé, avant tout. "Et voilà... Mon petit chez moi !" lance la blonde, un peu plus enthousiasmée, une fois que Valentina est arrivée devant la porte de son appartement, tout juste ouverte. Elle la laisse entrer en premier et allume la lumière juste après son passage. En regardant autour d'elle, Penelope se dit que la décoration est vraiment très sommaire. Les murs sont blancs, il n'y a aucune fioriture - pour le moment. En revanche, les meubles lui ont tout de suite plu, dans un esprit nature et apaisant. Tout est en bois clair, des comptoirs de la cuisine à la grande commode qui domine la petite salle à manger à la table en verre. Aux fenêtres, des stores laissent passer la lumière du soleil levé depuis deux petites heures, ce qui inonde la grande pièce à vivre d'une aura chaleureuse et accueillante. "J'ai fait du café..." se souvient la blonde en sentant à nouveau l'odeur qui a embaumé la cuisine alors qu'elle s'habillait tout à l'heure. Elle pose le sac de Valentina sur le comptoir de la cuisine qui fait face à l'entrée et la laisse découvrir son nouvel univers. "Tu peux visiter, si tu veux..." propose Penny.